Zootechnie CM07 - Le troupeau des vaches allaitantes PDF

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These notes cover the topic of dairy farming, specifically focusing on the management of cows during their lactation period. The document details aspects of cow production cycles, maximizing calf production, reducing costs, and the importance of health management.

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ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF Justin THOMAS S5 ER Lucas GRANDVAUX Zoot Le troupeau des vaches allaitantes Valentine 22/11/2023 CM 07 GEORGEL L. Mounier SIF I. Objectif : Un veau sevré par vache et par an........................................................................ 2 A. Respect du cycle de production.................................................................................................. 2 1. Fécondation..................................................................................................................................................... 3 2. Schéma de production (cf TD01)..................................................................................................................... 3 B. La survie des veaux.................................................................................................................... 4 1. Pendant le vêlage............................................................................................................................................ 4 2. Maladies des jeunes veaux (maladies néonatales).......................................................................................... 4 3. Coexistence jeunes/adultes............................................................................................................................. 6 II. Maximiser le nombre de veaux........................................................................................... 7 A. Reculer l’âge de la réforme : augmenter la période de vie productive.......................................... 7 1. Réforme........................................................................................................................................................... 7 2. Renouvellement du troupeau.......................................................................................................................... 8 B. Abaisser l’âge du premier vêlage : diminuer la période improductive.......................................... 8 1. Jeunes et pré-troupeau................................................................................................................................... 8 2. Conduite des veaux jusqu’au sevrage............................................................................................................. 9 3. Du sevrage à la première mise bas.................................................................................................................. 9 4. Vêlage à 2 ans................................................................................................................................................ 10 5. Conduite du troupeau de vaches nourrices................................................................................................... 11 III. Réduire les coûts et les charges..................................................................................... 11 A. Limiter les frais alimentaires..................................................................................................... 11 B. Limiter les frais de bâtiments (sans augmenter les problèmes sanitaires).................................. 12 C. Réduire les pertes.................................................................................................................... 13 Page 1 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF Introduction L’élevage de bovins allaitants étant peu subventionné, l’éleveur se doit d’accroître sa production sans augmenter ses charges, dans le but d’optimiser ses revenus. Pour cela, l’éleveur peut agir à 3 niveaux : Objectif d’un veau sevré, par vache, et par an Maximiser le nombre de veaux durant la vie de la vache : on doit donc allonger sa longévité, notamment la période de vie productive, et rentabiliser son coût de production. Minimiser les frais : notamment l’alimentation pour les vaches improductives (on va également chercher à limiter cette période improductive), les bâtiments et les frais vétérinaires. I. Objectif : Un veau sevré par vache et par an En élevage allaitant, le veau est LA source de revenus. Ainsi, si une vache est vide ou que le veau décède, on perd la source de revenus. En élevage laitier, même si le veau meurt, l’essentiel du revenu est assuré par le lait produit par la mère. Pour atteindre les objectifs, l’IVV doit être de 365-370 jours en moyenne. S’il est supérieur à 380-390 jours, on parle d’infécondité. Cette infécondité du troupeau peut affecter certaines vaches du troupeau : dans ce cas, il faut réformer ces vaches. On considère qu’un IVV > 400 jours pour 10 % des vaches est un critère d’alerte. Selon les races, on observe une variation de l’IVV sans atteindre l’objectif de 365 jours. Ainsi, si on constate que l’IVV est supérieur à 365 jours, c’est normal. Ceci est d’autant plus vrai chez la Blonde d’Aquitaine qui a un IVV élevé (409 jours). En élevage allaitant, on observe de manière générale une dégradation de l’IVV moyen due à peu de suivi de reproduction et peu de diagnostics de gestation, car les vaches sont aux pâturages (souvent peu accessibles). Néanmoins, cela se développe de plus en plus. A. Respect du cycle de production Objectif : L’IVV dépend de l’intervalle vêlage – insémination fécondante (IV-IF). Pour cela, il est possible d’agir sur le retour en chaleur ainsi que sur la détection de celles-ci (performance de l’éleveur, race de la vache, contrôle des paramètres de l’environnement...) mais aussi sur la réussite de la fécondation. C’est sur ce dernier paramètre que le vétérinaire peut agir. Page 2 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF 1. Fécondation Il existe 2 types de fécondation : L’IA (rare en élevage allaitant). Elle se fait surtout en hiver quand les vaches sont en stabulation. La monte naturelle (dans 60-80 % des cas). Conduite le plus souvent au pâturage, avec un mâle pour 30 femelles en moyenne. Elle implique des dates de vêlages en automne ou au printemps. Avantages et inconvénients de la monte naturelle Avantages Inconvénients Peu de main d’œuvre Préparation* des mâles 2 mois avant la monte Chaleurs détectées par le mâle (naturel) : pas besoin Amélioration génétique faible (peu de potentiel d’observer les animaux pour détecter les chaleurs génétique) Les animaux ne rentrent pas le soir Transmission de maladies (vénériennes, métrites) plus fréquente, risque de blessures (par le taureau) accru. Entretien des taureaux potentiellement dangereux Beaucoup de dystocie si le taureau n’est pas améliorateur : important de sélectionner le taureau. *Il est bon de donner des compléments alimentaires et faire du flushing alimentaire (alimentation boostée) avant la saison de monte pour préparer les taureaux. Remarque : La manipulation d’un taureau allaitant est généralement moins dangereuse que celle d’un taureau laitier car les races de bovins allaitants sont plus dociles. D’un point de vue génétique, ils sont en partie sélectionnés sur le comportement. 2. Schéma de production (cf. TD01) Les vaches sont des animaux cyclés. Les schémas de production sont basés sur les deux dates de vêlage possibles : le vêlage d’automne ou le vêlage de printemps. Vêlage de printemps Il s’agit du schéma classique saisonné. Il nécessite moins de main d’œuvre. - La fécondation s’effectue au pré, par saillie naturelle, aux alentours d’avril (perte cyclicité en hiver + retour en chaleur lors de la mise à l’herbe) - La mise-bas a lieu entre janvier et mars (en bâtiment) - Le sevrage se fait entre septembre et novembre - Le veau est au pâturage de mars à novembre (suivant les régions) Avantages Inconvénients Saillie naturelle au pré Complémentation des veaux au pré parfois nécessaire durant l’été ou diminution du chargement des parcelles Alimentation peu coûteuse, besoins hivernaux faibles (pas de jeunes à nourrir) Veaux souvent légers au sevrage en octobre Problèmes sanitaires des veaux : diarrhées néonatales Avantages et inconvénients des vêlages de printemps Page 3 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF Vêlage d’automne (= « dessaisonné ») - La fécondation s’effectue en fin d’hiver, en stabulation. La détection des chaleurs est alors plus facile puisque les vaches sont en bâtiment. L’IA est possible. - La mise-bas a lieu entre novembre et mi-janvier. - Le sevrage se fait entre juin et juillet. - Le veau est au pâturage de mars à octobre. Avantages Inconvénients Pousse de l’herbe au printemps permet une bonne Alimentation hivernale des mères plus couteuse alimentation du veau et peu coûteuse Problèmes sanitaires des veaux dans le bâtiment En stabulation, la détection des chaleurs est plus facile et (problèmes respiratoires) l’utilisation de l’IA plus facile à réaliser Retour en chaleur parfois plus tardifs Vente de broutards en saison creuse à un prix plus élevé Avantages et inconvénients des vêlages d’automne B. La survie des veaux 1. Pendant le vêlage Pour éviter tout problème et toute perte pendant le vêlage, il est nécessaire d’avoir un box de vêlage : - 4*4 m - Éviter les murs, préférer les barrières amovibles - Litière propre et en quantité suffisante - Box à proximité des congénères /!\ Ce box doit être différent du box d’infirmerie. Ainsi, le box de vêlage est un endroit qui assure la tranquillité et la sécurité du veau et de sa mère. Il est important pour diminuer le risque de maladies néo-natales. On doit pouvoir y accéder facilement en cas de problème. Cependant, pour les éleveurs qui regroupent leurs vêlages c’est plus difficile. En effet, ils se retrouvent avec plusieurs mères qui vêlent en même temps (un à plusieurs vêlages par jour !) donc dans l’idéale il faudrait plusieurs box de vêlage (problèmes en termes de place et de moyens financiers). Remarque : plus le vêlage est difficile, plus le lien d’attachement mère-veau sera difficile à mettre en place. 2. Maladies des jeunes veaux (maladies néonatales) Outre le vêlage en lui-même, il faut surveiller les éventuelles pathologies néonatales. On trouve : Des pathologies digestives (65 % des cas) dites diarrhées de veaux ou diarrhées néonatales (par exemple à ETEC #BMA) : surtout pour les vêlages de printemps avec une concentration dense des contaminants (surtout quand le box de vêlage n’est pas adéquat). Pneumonies (11 %) Gros nombril ou omphalites (10 %) Page 4 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF En tant que vétérinaire suivant un élevage de vaches allaitantes, nous allons travailler sur deux critères afin d’évaluer le bon fonctionnement des élevages : La mortalité : % de veaux morts à un âge donné Au-dessus de 5 % de mortalité, il devient indispensable de déclencher un plan d’audit. La morbidité : % de veaux malades Elle est acceptable tant qu’elle ne dépasse pas 30 %. Il faut toutefois intervenir lorsqu’elle est supérieure à 60 %. On utilise un graphique représentant la relation mortalité/morbidité pour savoir si la quantité de pathologies est acceptable ou non : Il faut s’assurer que l’éleveur tienne régulièrement à jour son relevé de mortalité et sa morbidité. Il existe des causes favorisant l’apparition des pathologies chez le veau : les facteurs influençant la résistance du veau et ceux influençant la multiplication du microbisme. Les règles d’épidémiologie et de biosécurité nous précisent qu’il vaut mieux séparer les animaux d’âges différents mais cela reste complexe en élevage allaitant. La prophylaxie joue un rôle non négligeable. La résistance du veau dépend de : Facteurs héréditaires (souche, famille, race...) La gémellité (jumeaux moins lourds donc moins résistants) Facteurs maternels : - Rang de vêlage : les plus résistants sont les veaux de 3ème, 4ème et 5ème rang de vêlage - Conditions de vêlage - État sanitaire de la mère : par exemple femelle parasitée (le déparasitage est primordial), et de la qualité du colostrum. La multiplication du microbisme dépend essentiellement du bâtiment : l’organisation, la densité, la litière et les paramètres d’ambiance. Application aux systèmes de vêlage : Vêlage de printemps : environnements plus propices aux maladies néonatales, surtout la diarrhée néonatale car le bâtiment est plus contaminé, à cause de la présence du troupeau tout l’hiver. Vêlage d’automne : les veaux prennent peu de place et l’ambiance du bâtiment est encore saine donc les bâtiments sont moins surchargés → moins de maladies néonatales. Mais les veaux sortent à la pâture déjà gros (ils ont le temps de grandir pendant l’hiver) donc la densité dans les bâtiments peut provoquer des maladies respiratoires. Remarque : les vêlages au pâturage présentent moins de risques de maladie mais le manque de surveillance et l’humidité n’en font pas une solution parfaite. Page 5 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF 3. Coexistence jeunes/adultes C’est une problématique spécifique en élevage allaitant (où les veaux restent avec leur mère), car les animaux d’âges différents ont des besoins différents, mais vivent ensemble. D’un point de vue thermique : le veau nouveau-né est très sensible aux pertes calorifiques. D’un point de vue environnemental : le veau est très sensible aux courants d’air, à l’humidité (provenant de la litière : urine, fèces, respiration). Si un veau est mal à l’aise, il fera moins d’efforts de recherche de confort et sera plus probablement couché dans les zones défavorables. Les veaux ont tendance à se mettre contre les murs pour éviter les courants d’air, mais aussi pour trouver une température plus convenable pour eux. D’un point de vue sanitaire : transmission de maladies et écrasement involontaire des veaux par les vaches. Applications aux systèmes de vêlage : En vêlage de printemps, les veaux sortent rapidement au pâturage de manière qu’il n’y ait pas trop de problèmes. Globalement, les veaux sont mieux dehors qu’en bâtiment. A leur retour en automne, ils sont séparés de leur mère et classés par lots. En revanche, en vêlage d’automne, les veaux restent pendant toute la mauvaise saison avec leur mère en stabulation (l’humidité y est importante). Il va donc falloir trouver un compromis pour que les veaux soient dans de bonnes conditions sans pour autant être séparés de leur mère. Une bonne solution est l’aménagement de box à veaux (voir photo), c’est un espace réservé aux jeunes où le microclimat est adapté spécialement pour eux (humidité, température), mais qui permet la cohabitation du veau avec sa mère. Un tel box doit : Avoir une surface de 1-2m2 / veau selon la saison de naissance (+ grand si la naissance a lieu en début d’hiver) Avoir un volume d’air réduit (faux plafond bas sur une partie du box) pour faire remonter la température (peu réalisé en pratique mais important d’essayer d’y mettre en place). Être protégé des courants d’air, du vent mais garder une bonne ventilation pour limiter les contaminations. Avoir une zone d’alimentation (spécifique surtout si les mères mangent des produits fermentés, ou non spécifique) et une zone d’abreuvement : à 55 cm de haut et inaccessible aux vaches (évite la contamination par déjections). Avoir des parois pleines et isolées dans les zones de couchage Avoir une isolation du sol et une hygiène irréprochable (paillage important et fréquent : 1,5 kg à 2 kg de paille par jour et par veau) Page 6 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF Être accessible facilement pour l’éleveur afin de permettre une surveillance régulière des jeunes et assurer un bon nettoyage. Pour permettre la cohabitation entre les veaux et les mères, on utilise des barrières sélectives (assez hautes pour que le veau passe en dessous, mais assez basses et peu larges pour bloquer les mères, voir photo). Exemple de disposition de box à veau : Dans cette configuration, les parois mobiles permettent de transformer les boxes de vêlage de la période des naissances en box à veaux lorsque les mises-bas sont finies, en pensant bien à nettoyer et repailler au moment de la transformation du box. On peut mesurer l’efficacité de l’élevage par : le taux d’avortement, le taux de mortalité et le taux de productivité numérique (nb de produits vendus ou sevrés / nb de femelles mises à la reproduction). Si le taux de productivité numérique est sous 80 % c’est mauvais (l’éleveur ne rentre pas dans ses frais), mais s’il est au-dessus de 90 % c’est bon ! Le vétérinaire joue un rôle indispensable dans ces évaluations. II. Maximiser le nombre de veaux L’objectif de l’éleveur est d’accroître la production sans augmenter les charges. Donc agrandir le cheptel n’est pas forcément la solution. L’objectif est d’augmenter le nombre de vêlages, en faisant vêler ses génisses plus tôt (généralement c’est 3 ans car on ne peut pas baisser plus physiologiquement), ou de réformer ses vaches plus tard pour augmenter leur période productive. A. Reculer l’âge de la réforme : augmenter la période de vie productive 1. Réforme Ainsi, reculer l’âge de la réforme revient à augmenter le nombre de veaux produits par vache (sachant qu’on est pour l’instant à une moyenne de 3 veaux / vache). Il existe différentes causes de réforme : Âge Conformation (vache qui a du mal à reprendre de l’état après le vêlage). Cela concerne plutôt les génisses de renouvellement auxquelles on aura donc fait faire qu’un seul veau. Sous-performances (capacité d’allaitement) en regardant la croissance du veau. Performances de reproduction en général. Page 7 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF Problèmes sanitaires. Infertilité. De plus, les réformes peuvent se faire selon différentes modalités : Involontaire : suite à un accident (patte cassée, maladie...) ou de l’agressivité. Volontaire systématique : décision stricte basée sur des critères choisis par l’éleveur en avance (Ex : vache qui ne revient pas en chaleur après x jours, trop de génisses pour renouveler le troupeau…) Volontaire optionnelle : basée sur des critères plus relatifs, si le taux de réforme n’est pas atteint avec les seuls critères absolus (Ex : IVV trop grand, manque de maternité...), l’éleveur prend la moins bonne parmi celles qu’il avait gardées. Ainsi, plus l’âge de la vache est grand, plus la réforme est systématique. Dans les cas de réforme systématique, l’éleveur met en place une politique de sélection. Il peut être bon pour le vétérinaire d’en discuter avec l’éleveur. 2. Renouvellement du troupeau Le renouvellement du troupeau s’évalue grâce à 2 taux : Taux de réforme : Nb de vaches réformées / Nb total d’animaux mis à la repro. Taux de renouvellement : Nb de génisses mises en saillie / Nb total d’animaux à la repro. Le taux de renouvellement correspond au recrutement des futures génisses reproductrices auxquelles on soustrait le nombre de vaches réformées. Les génisses choisies sont des animaux issus d’accouplements raisonnés généralement sélectionnées pour améliorer la valeur génétique du troupeau. Le taux tourne autour de 15 % à 20 % en allaitant (plus faible qu’en élevage laitier, notamment car il y a moins de réforme). On rencontre 2 types classiques de renouvellement : Taux de renouvellement élevé : les réformes sont systématiques et optionnelles. L’éleveur s’accorde un plus large choix ce qui lui permet de jouer sur le progrès génétique. Cependant, le troupeau coûte cher et il y a beaucoup de primipares à l’instinct maternel peu développé. Taux de renouvellement faible : on a surtout des réformes systématiques. L’amélioration génétique est plus lente et les vaches globalement plus âgées (problèmes de santé) mais le troupeau coûte moins cher, les vaches sont expérimentées et les vieilles vaches socialisent mieux les génisses avec les relations à l'éleveur, et donc souvent elles sont moins folles et ça se passe mieux. Le pré-troupeau est important en élevage allaitant car on garde plus d’animaux que ce qu’on devrait. De plus, le renouvellement s’étale sur 3 ans. Un bon pré-troupeau permettra alors d’augmenter la durée de vie des vaches et de diminuer la réforme. Le pré-troupeau a donc une importance majeure. B. Abaisser l’âge du premier vêlage : diminuer la période improductive 1. Jeunes et pré-troupeau Les jeunes du pré-troupeau représentent ~ 30 % des veaux nés. C’est plus que le taux de renouvellement car on prend en compte les pertes éventuelles (mauvais veaux). Une partie des femelles, les plus intéressantes, est élevée spécifiquement pour le renouvellement : c’est le revenu principal des élevages naisseurs. Les autres femelles et les mâles sont commercialisés en tant que Page 8 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF broutards pour les ateliers d’engraissement. Les animaux des deux orientations sont traités exactement de la même façon jusqu’au sevrage : tous les animaux sont gardés ensemble. 2. Conduite des veaux jusqu’au sevrage Les génisses de renouvellement représentent l’avenir du troupeau ET le revenu capital à long terme : elles sont très importantes ! Les broutards constituent les revenus immédiats. Il faut donc porter une très grande importance aux jeunes et toujours aller les voir, même s’ils sont à l’autre bout du pré et qu’il pleut ! Trop souvent, les vétérinaires négligent ce détail qui est pourtant l’avenir de l’éleveur. Après la naissance, le veau est mis au pré avec sa mère le plus rapidement possible. Puis on sépare les vaches des veaux, qui sont ensuite répartis par lots à la fin de la période d’herbage à 8 mois. Même si le sevrage précoce est aisé, on favorise un sevrage tardif : il permet une meilleure immunité, une meilleure croissance et est bénéfique du point de vue comportemental. L’objectif de croissance est un GMQ de 800-1000 g/j avec un poids de 270-290 kg à l’issue du premier été, avec un allaitement maternel puis de l’herbe et une complémentation. Si les objectifs de croissance ne se tiennent pas, l’éleveur perd de l’argent car il y a un moins bon développement et des problèmes d’infécondité se mettent en place. 3. Du sevrage à la première mise bas Les animaux de races à viande sont dits tardifs : leur puberté arrivent vers 15-18 mois en fonction de : La race (la Limousine est plus précoce que les autres races) L’âge et le poids (50 % du poids adulte) Le mode de logement (plus précoce en stabulation libre et bien éclairée) La date et la saison (naturellement favorisée au printemps : l’idéal est que les jeunes aient 15 mois et un poids suffisant en fin d’hiver) L’alimentation La mise à la reproduction se fait vers 2 ans pour un vêlage à 3 ans, soit entre 33 et 36 mois (plus tard qu’en laitier). Elle se fait soit par monte naturelle, soit par IA et peut faire l’objet d’un groupement des chaleurs. Pour avoir un vêlage à 3 ans, il faut atteindre des objectifs de croissance. Pour la mise à la reproduction il faut que les femelles fassent 60-65 % du poids adulte à la première IA, pour atteindre 85 % à 90 % du poids adulte lors du premier vêlage. Si c’est moins, elles vont utiliser beaucoup d’énergie pour la gestation et la lactation et auront du mal à atteindre leur taille adulte. Si au moment du vêlage la vache a un poids inférieur à 85-90 % de son poids adulte, la fin de la croissance ne se fera pas correctement car la plupart de l’énergie de l’alimentation ira dans la lactation et donc le besoin énergétique de croissance ne sera pas comblé. Exemple : vêlage à 35 mois pour une Charolaise. Objectif de poids au vêlage = 620 kg (560 kg après la mise bas) soit 90 % du poids adulte. Page 9 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF L’âge du vêlage dépend donc des objectifs de croissance, de la date de naissance de la génisse (présence d’herbe ou pas) et du choix de l’éleveur. En général, on évite de trop pousser les animaux avec des compléments qui coûtent cher et on les laisse plutôt profiter de l’herbe. Il est nécessaire de peser les animaux avec une balance ou un ruban barymétrique qui permet de mesurer le tour de poitrine. En effet, le suivi de la croissance est lié au suivi de l’alimentation (pour déterminer s’il y a besoin de complémenter ou non). La première mise à la reproduction se fait soit par monte naturelle, soit par IA (peut faire l’objet d’un groupage de chaleurs). Elle se fait souvent au printemps et il faut : S’assurer que le poids de l’animal est suffisant (2/3 du poids adulte) Déparasiter les animaux Réaliser un flushing alimentaire (éventuellement) : compléments distribués 3 semaines avant et 3 semaines après l’IA afin de procurer l’énergie suffisante à la vache Éviter tout stress 4. Vêlage à 2 ans Ce type de vêlage est quasiment inexistant en élevage allaitant français, car il est hyper technique. Les avantages : Obtenir des veaux supplémentaires, plus de veaux par vache Diminuer le temps improductif d’élevage de la génisse donc les charges des éleveurs Réduire l’effectif de génisses d’un tiers (moins cher en bâtiment et fourrages) Possibilité de sélection plus rapide et plus efficace des femelles destinées à la reproduction Pas plus de difficultés au vêlage, ni de mortalité des veaux (si on a une bonne gestion). Ceci nécessite d’inséminer avec des taureaux « vêlage facile ». Les inconvénients : Moindre production laitière au premier vêlage (la vache utilise déjà ses réserves pour sa croissance) donc nécessité de complémenter les veaux Fertilité et croissance pénalisées chez les primipares si pas d’alimentation soutenue Si la technique est mal maîtrisée cela entraîne de nombreux problèmes : Dégradation du taux de gestation à 24 mois si l’alimentation n’est pas maîtrisée Des difficultés au vêlage si le développement est insuffisant Un ralentissement du développement corporel des femelles d’où une carcasse plus légère à la réforme et donc moins rentable. Le vêlage à 2 ans nécessite donc le respect de certains critères : Animaux au bon potentiel génétique (vache qui grossisse bien avec des facilités au vêlage) Éleveur technique qui contrôle la croissance des vaches Poids au sevrage > 340 kg : il faut complémenter les veaux au pâturage Poids à l’IA 15 mois > 470 kg c’est-à-dire 65 % du poids adulte (maîtrise de l’alimentation hivernale) Poids après vêlage > 590 kg (importance de la maîtrise du dernier tiers de la gestation) Assurer une bonne complémentation et une maîtrise du parasitisme Utiliser un mâle assurant des vêlages faciles Page 10 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF Afin de comparer la rentabilité entre les 2 âges de vêlage (soit 2 et 3 ans), une étude économique et comparative a été réalisée. Les résultats de coût de production sont présentés sur les graphiques suivants. Mais il ne faut pas oublier que ces résultats proviennent de stations d’expérimentation. Finalement, on voit que le coût de production sur un vêlage à 2 ans est moindre par rapport à un vêlage à 3 ans. Cependant, cela nécessite une technique très pointilleuse et une maîtrise parfaite. 5. Conduite du troupeau de vaches nourrices L'enchaînement des vêlages chez une vache doit être bien géré. Pour cela, il faut tenir compte de l’état des animaux (donc de leur état corporel et de leurs réserves), de l’époque de vêlages et de l’âge des animaux. Si cet enchaînement est maîtrisé, le seul point à améliorer ensuite pour optimiser la production c’est la minimisation des frais agricoles, et notamment les frais alimentaires et de bâtiments. III. Réduire les coûts et les charges A. Limiter les frais alimentaires La croissance du veau est optimale peu après la naissance et va dépendre de la production laitière de sa mère (qui dépend entre autres de l’alimentation de la mère), puis de sa propre alimentation. L’aliment le plus rentable pour l’éleveur est l’herbe. Les fourrages et les concentrés coûtent cher. Il faut donc profiter au maximum de la mise à l’herbe à la belle saison et faire en sorte que le début de la production de lait corresponde au moment où l’herbe est la plus riche (printemps). Pour le vêlage de printemps c’est donc surtout la mère qui profite de la mise à l’herbe, le veau commence à se nourrir seul en été (herbe moins riche) et va profiter de l’herbe d’automne. Besoins du couple mère/veau (pour un vêlage de printemps) *les pointillés au mois d’Avril correspondent au vêlage et non à la mise à l’herbe En résumé : en vêlage de printemps, c’est la mère qui profite de l’herbe riche du printemps, pour les vêlages d’automne, c’est le veau. Page 11 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF B. Limiter les frais de bâtiments (sans augmenter les problèmes sanitaires) Les bâtiments coûtent cher en paille, en temps de travail et en frais véto (c’est un lieu de développement des pathologies). L’éleveur va donc essayer de réduire la durée d’hivernage. La sortie des animaux se fait début mars et la rentrée en octobre/novembre (selon les régions et les années). La rentrée sera plus précoce dans le cas du vêlage d’automne, les vaches ne doivent pas vêler dehors. La rentrée dépend également de l’état des pâtures, si elles sont trop humides l’éleveur doit faire des rotations de pâtures ou rentrer ses vaches. Il faut limiter les charges pendant l’hiver pour ne pas avoir trop de mouvements et de transmission de pathogènes. Aujourd’hui, les bâtiments les plus fréquemment rencontrés sont des stabulations libres sur aire paillée. C’est le système qui optimise le plus l’espace quant à l’augmentation de la taille des troupeaux (bâtiment cathédral qui est très haut ce qui garantit un bon renouvellement de l’air, mais attention aux courants d’air). L’espace disponible qu’il faut accorder aux adultes est variable et dépend de leur taille, leur distance de fuite et de leur comportement. C’est pourquoi les valeurs sont des indicateurs, mais les chiffres à appliquer sont ceux qui correspondent le mieux à chaque élevage. L’espace doit être suffisamment grand mais pas trop non plus car sinon le coût en paille sera très élevé. Pour limiter la surconsommation de paille, on peut jouer sur la forme de l’aire paillée. L’utilisation de paille broyée permet de baisser de 15 % la consommation de paille. Ainsi, on préconise : Une surface de 9-10 m2/vache (groupes de 7-14 vaches max sinon on a des problèmes de reconnaissance entre les animaux et donc de hiérarchie) Un volume de 35 m3/couple vache-veau (suffisant pour avoir une bonne ventilation et éviter les pathologies respiratoires). En pratique, il faut surtout être capable de contrôler la ventilation plutôt que le volume d’air. Avec un paillage de 1-1,2 kg/m2 donc environ 10 kg paille/vache/jour. Si le bâtiment est trop petit, on risque une chute de production, l’augmentation des maladies et des comportements agonistiques. La surface au sol est plus importante que le volume d’air. Il a été prouvé que la place disponible à une influence sur les comportements, la santé et la production (phénomène de compétition entre les animaux), il ne faut donc pas la négliger ! Ces problèmes sont accentués en cas de manque de paille propre. On peut également jouer sur la forme de l’espace disponible. Il faut privilégier une forme rectangulaire plus large que profonde, ainsi les animaux n’ont pas à se déplacer beaucoup pour avoir accès à l’auge, la paille sera moins piétinée et moins souillée. Les vaches se croisant moins, elles se battront également moins (les querelles abîment la paille encore plus vite). Il faut que l’aire de couchage soit bien drainée, pente d’environ 2 % pour éviter que la paille ne se souille trop vite. Les génisses de renouvellement sont en stabulation libre le plus souvent, en lot de 7 ou 8 animaux. Il ne faut pas mélanger les classes d’âge (pour éviter la transmission d’agents pathogènes). Page 12 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF Les recommandations pour les équipements sont les suivantes : Accès à l’alimentation : 65-75 cm/vache (largeur du cornadis), peut-être moins si la distribution est à volonté (cela permet à tous les animaux de pouvoir manger correctement, même les dominés) Accès à l’eau : 1 bol pour 10 vaches (grand minimum) ou 1 bac pour 30 vaches (6-10 cm/vache). Il faut toujours au moins 2 abreuvoirs fonctionnels dans une même stabulation pour éviter la compétition. Les lieux d’alimentation et d’abreuvement doivent être proches l’un de l’autre et proches d’une échappatoire (pour ne pas que les dominés se retrouvent coincés si une dominante vient les embêter). Évidemment, tous les équipements doivent être propres et non traumatisants. Quelques chiffres supplémentaires (Pas à connaître mais il faut savoir repérer s’ils sont mal placés) : Hauteur d’auge : 15 cm au-dessus des pieds Hauteur d’abreuvoir : 55-85 cm Débit eau : 10 L/min ; pour évaluer le débit d’un abreuvoir, on place un sceau dont on connaît la contenance sous le bol d’abreuvoir, on fait déborder l’abreuvoir et on regarde combien de temps on met à remplir le seau. C. Réduire les pertes On doit faire très attention aux : Maladies métaboliques (acidose, fièvre vitulaire...) Maladies infectieuses (métrite, boiterie...) Maladies parasitaires (strongle, douve...) La prévention de ces maladies est essentielle. Le rôle du vétérinaire est donc d’intervenir pour la prévention. Conclusion Afin d’atteindre ses objectifs d’élevage, l’éleveur va chercher à augmenter la productivité numérique et la carrière de la vache. Il accorde donc une grande importance à : La génétique | La reproduction |La période de vêlage |L’alimentation |La santé ➔ Rôle du vétérinaire : Aujourd’hui, le vétérinaire a de moins en moins un rôle de « vétérinaire pompier » à ne faire que des césariennes en élevage allaitant. Il joue plutôt un rôle d’audit, de prévention et assure : Le suivi de reproduction, d’alimentation, du parasitisme et l’évaluation du bâtiment. Suppléments (sera vu en TD) : Audit de bâtiment Quand suspecter la qualité du logement ? Quand on va rentrer dans le bâtiment, il faut prêter attention aux signes indirects qui montrent que quelque chose ne va pas dans le bâtiment (répartition des animaux, moisissures,...), cf. TD04 de Mounier, SIF. Le recensement des pathologies (diarrhées néonatales et omphalophlébites, pathologie respiratoire, pathologie traumatique et infectieuse de l’appareil locomoteur, troubles de la reproduction) permet également de suspecter un problème au sein du bâtiment. ➔ Le vétérinaire doit donc utiliser tous ses sens pour trouver ce qui ne va pas dans le bâtiment. Page 13 sur 14 ER_Zoot_CM07_Le troupeau des vaches allaitantes_MOUNIER_SIF Quoi vérifier ? Évaluer le bâtiment en lui-même : Évaluer la circulation (accès à l’auge, abreuvoirs, couchage) Évaluer la ventilation (traces de condensation, fumigène : vidange en 3-5 min, jamais plus de 15) Évaluer le nombre d’animaux présents, par lots (observations comportementales) Évaluer la propreté des animaux et l’hygiène Évaluer les pratiques de paillage/curage (observations et température de litière = 37-40°C) Evaluer les mouvements d’air Les croix représentent les exemples de localisation des mesures dans une stabulation. Merci Valentine pour ta relecture attentive et tes conseils ! Page 14 sur 14

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