La Courbe de Lactation des Vaches Laitières - PDF
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Bourgoin
D. Ledoux
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Ce document présente un cours sur la courbe de lactation des vaches laitières. Il couvre la description de la courbe, les facteurs zootechniques affectant la production et la qualité du lait, ainsi que les enjeux pour l'obtention d'une courbe optimale. Ce cours inclut des aspects de la maîtrise de l'énergie et des aspects de la reproduction des vaches.
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ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF Lucas GRANDVAUX S5 Justin THOMAS ER 16/09/2024 Zoot La courbe de lactation des vaches laitières Valentine GEORGEL Clémence POPELIN CM 01 Alice DENNEBOUY D. Ledoux SIF I. Description de la courbe de lactation....................................................................................................................................... 2 A. Caractéristiques.......................................................................................................................................................................... 2 B. Objectifs zootechniques théoriques............................................................................................................................................ 3 C. Courbes associées : TB et TP....................................................................................................................................................... 4 II. Facteurs zootechniques de variation de la production et de la qualité du lait.......................................................................... 5 A. Liés à l’animal.............................................................................................................................................................................. 5 B. Liés à l’environnement................................................................................................................................................................ 6 III. Enjeux pour l’obtention d’une courbe de lactation optimale.................................................................................................. 7 A. Maitrise de la balance énergétique.................................................................................................................................... 7 1. Quelques postulats................................................................................................................................................................. 7 2. Risques liés à une non-maîtrise de la balance énergétique.................................................................................................... 7 3. Évaluation du déficit énergétique........................................................................................................................................... 8 4. Prévention du déficit énergétique.......................................................................................................................................... 9 B. Maîtrise de la mise à la reproduction................................................................................................................................. 9 1. Quelques postulats................................................................................................................................................................. 9 2. Objectifs de production et importance de la reproduction.................................................................................................... 9 ❤️ = /!\ Ce cours est le plus important des cours de D. Ledoux, il est à bien connaître, Marguerite est là pour vous donner les points essentiels ! Objectifs d’apprentissages - Connaître et savoir décrire la courbe de lactation standard et les courbes de teneur en matière grasse et en matière protéique d’une vache et les paramètres clés. - Comprendre et expliciter l’enjeu de la maîtrise du déficit énergétique des vaches laitières et les conséquences sur la courbe de lactation. - Comprendre et expliciter l’enjeu de la maîtrise de la reproduction de la vache laitière pour la mise en place de la courbe de lactation et sa répétition sur la carrière de la vache - Connaître les facteurs de variation zootechniques influençant la courbe de lactation de la vache. Page 1 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF Introduction et rappels IVV = intervalle vêlage-vêlage | VL = Vache laitière | IAf = insémination artificielle fécondante | Période sèche = tarissement | BEA = Bien-être animal | Primipare = Génisse qui a fait sa première mise bas (contraire : multipare) | CL = contrôle laitier | DENC = Déficit énergétique non contrôlé | BEN = bilan énergétique négatif lors de la gestation Teneur en MG du lait = taux butyrEUX (TB) ≠ Taux Butyrique (qui est relatif aux spores). Teneur en protéines = taux protéique (TP) Durée de gestation d’une vache : 280 j = 9 mois Le lait est le produit animal issu de la traite d’une vache laitière, destiné à la consommation humaine. Il est composé de 90 % d'eau et 10 % de MS (matière sèche) contenant des glucides, notamment le lactose (toujours stable), de la matière azotée totale (95 % de protéines et 5 % d’azote non protéique), de la matière grasse = MG (lipides), des minéraux et des vitamines. La densité du lait se situe entre 1,030 et 1,034, mais on peut se dire que 1 kg de lait est équivalent à 1 L de lait. Son pH varie de 6,6 à 6,8. S’il n’y a pas de précision après le mot « lait », on parle de lait de vache (et non de jument, brebis, chèvre ou autre). I. Description de la courbe de lactation Courbe de lactation : représentation graphique de l’évolution de la production laitière de la vache du vêlage jusqu'au tarissement. Cycle de production : courbe de lactation incluant la période de tarissement. A. Caractéristiques La courbe de lactation présentée ici se place dans un contexte idéal, sans aucun facteur limitant (maladie, environnement). C’est une courbe optimale valable pour toutes les races dont l’allure et la durée seront les objectifs zootechniques théoriques à respecter. Cette courbe en cloche est séparée en 3 phases inégales : 1. Phase ascendante (qui ne commence pas à 0 kg/j !) Elle dure du vêlage jusqu’au pic de lactation (3 à 8 semaines post-vêlage). Elle comprend la phase colostrale (phase théorique de production du colostrum) correspondant aux 7 premiers jours de lactation (durée légale avant de pouvoir livrer le lait). En réalité, la phase colostrale physiologique est plus courte (elle se termine autour de la 5ème traite) mais les 7 jours sont fixés par la réglementation. 2. Phase de plateau = pic de lactation = pic de production dure environ 1 mois. 3. Phase de persistance de la lactation dure 7 à 8 mois. Décroissance progressive physiologique de la production journalière. Tous les mois, le volume de lait produit par vache diminue d’environ 10 % par rapport au mois précèdent (en moyenne 12 % pour les multipare et 8 % pour les primipares). 4. Le tarissement s’écoule entre la fin de lactation n et le vêlage n+1. Diminution naturelle de la lactation suivie de son arrêt principalement provoqué par l’éleveur dans les élevages de vaches laitières, avant le prochain vêlage. Il est dû à la dégradation physiologique des cellules sécrétoires et des canaux galactophores provoquée par les hormones de la gestation qui inhibent la lactation. Elle dure environ 2 mois et au minimum 6 semaines, pour que la vache puisse récupérer de sa lactation et se préparer au vêlage suivant. Page 2 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_D.Ledoux_SIF A savoir refaire et expliquer B. Objectifs zootechniques théoriques Il faut rester conscient que l’éleveur ne va pas systématiquement suivre la théorie car ses objectifs dépendent de son propre système de décision avec une performance se basant sur la rentabilité, le BEA et l’environnement. Un éleveur produisant du fromage privilégiera le TB plutôt que la quantité brute de lait produit. → Pour produire en quantité, il faut augmenter l’aire sous la courbe en : - Favorisant les phases ascendantes → S’assurer que le maximum de production est répété plusieurs fois, favoriser la lactation et donc multiplier les vêlages au cours de la carrière de la VL. En théorie, il en faut donc au moins une lactation par vache et par an en la maximisant. → Augmentation de Pi (= production initiale). - Maximisant le pic de lactation → la production maximale (Pmax) dépend de la moyenne des productions quotidiennes de la 1ère semaine (Pi) donc pour avoir une Pmax élevée, il est impératif de soigner le début de la lactation = la production initiale (Pi). De plus, la phase de persistance va diminuer « de plus haut ». - Maintenant la phase de persistance la plus haute possible → Éviter que la vache perde plus de 10% de sa production d’un mois à l’autre pendant la phase de persistance. Un cycle de production optimal dure 365 jours, avec un IVV de 12 mois, ce qui correspond à une lactation de référence pour une vache standard de 305 jours (10 mois) suivie de 60 j de tarissement. A partir de la production initiale (Pi, en kg) et de la production maximale (Pmax, en kg) d’une lactation, on peut estimer le poids total de lait produit au cours de cette même lactation : Coefficient de persistance CP : évolution de la production entre 2 mois de lactation consécutif (= estimation des pertes de lait). L’optimum est un CP proche de 0,9 (soit une perte d’environ 10 % de la production mensuelle) : CP=Pn/Pn-1 Pn = Production moyenne mensuelle Ces différentes relations permettent de retrouver globalement les performances individuelles des vaches dans un sens ou dans un autre. Ex : une vache à 8000 kg de lait produit environ 40 kg/j au pic donc 28,5 kg/j au vêlage. (Savoir faire !) Page 3 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF C. Courbes associées : TB et TP → Pour produire en qualité, on s’intéresse à la matière utile qui est la somme des TB et TP. Ces deux paramètres influent sur l’utilisation future du lait (yaourt, lait…) et ils font surtout partie intégrante des modalités de paiement du lait (cf CM suivant). Les courbes de TB et TP évoluent de la même manière que la courbe de lactation mais de manière inversée. Le maximum se situe donc en début de lactation et le minimum au moment du pic de lactation (effet de dilution) avant de réaugmenter progressivement jusqu’au tarissement. Le TB normal est compris entre 35 et 50 g/kg et le TP normal est plus faible, entre 30 et 40 g/kg (TP variable entre les races : attention à la génétique !!). Un excès de TP ne sera jamais un souci, au contraire, on sera content pour l’éleveur car la matière protéique est le paramètre le mieux valorisé financièrement notamment pour faire du fromage. En revanche, un excès de TB pourrait refléter un problème nutritionnel (cétose) ou énergétique mais un indicateur n’est jamais suffisant pour conclure ! (Une VL peut avoir 90 en TB !). /!\ La courbe décrite est théorique, c’est une base pour la conduite du troupeau laitier. Toutefois, la réalité du terrain peut être très différente : Ce sera ensuite à nous de trouver les anomalies et d’agir lorsque certaines allures de courbe font penser à un début de maladie. (La courbe 1 a un souci, la 2 peut être possible, la 3 chute trop rapidement et la 4 une bonne persistance (mais attention aux mammites)). Page 4 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_D.Ledoux_SIF II. Facteurs zootechniques de variation de la production et de la qualité du lait A. Liés à l’animal 1. Le stade physiologique de lactation : où en est la VL en est-elle dans sa lactation ? La production laitière varie en fonction de l’avancée dans la lactation (vêlage, début de lactation (100 j), milieu (entre 100 et 200 j), fin, tarissement) et du mois de lactation. Le stade physiologique de lactation fait varier le TB et le TP, dont l’évolution est inverse à la quantité de lait produit. Leurs taux sont maximums lors des premiers jours, minimum au bout de 2 à 3 mois puis augmentent progressivement jusqu’à la fin de la lactation. Mois de lactation : Nombre de mois de lactation en cours pour une vache depuis son dernier vêlage. Mois moyen de lactation : nombre de mois moyens de lactation en cours ou finis pour tout le troupeau depuis le dernier vêlage. Ce paramètre à une importance pour le calcul de la ration à donner à ce groupe moyen de vaches. 2. Parité = rang de lactation : a combien de lactation en est la VL ? Le rang de lactation correspond au nombre de lactations achevées et en cours pour une vache (ce terme peut être utilisé pour des troupeaux via une moyenne, on parle alors de rang moyen de lactation). Si ce rang est égal à 1, la vache est une primipare, s’il est supérieur à 1, c’est une multipare. En moyenne, le rang de lactation des vaches laitières françaises est de 2,5 en France et 1,8 en Allemagne c’est-à-dire qu’elles ont entre 2 et 3 veaux. Le rang de lactation fait varier la courbe de lactation : Chez les primipares, le pic de lactation est inférieur à celui des multipares. La phase de persistance des primipares diminue moins rapidement que celle des multipares (- 8% VS - 12%). Plus le rang de lactation augmente, plus l’aire sous la courbe augmente, donc plus la production laitière augmente. Ceci est valable jusqu’à la 3ème lactation pour toutes les races, ensuite la production laitière diminue : c’est l’effet seuil. En revanche, l’augmentation du rang n’influe pas sur TB et TP. Page 5 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF 3. La race : ai-je du goût en matière de vache ? Les trois premières races productrices en France sont : o La Prim’Holstein avec 9700 L/an o La Montbéliarde avec 7600 L/an o La Normande avec 7000 L/an La production moyenne toutes races confondues sur 346 jours est de 8938 kg de lait (CL, 2023). En fonction des races, le TB varie de +/- 5 g/kg et le TP de +/- 2,5 g/kg. Chez la Jersiaise, le TB est élevé alors qu’elle produit moins de lait que la Prim’Holstein. La Jersiaise produit du lait avec le TB le plus élevé. Il existe également un effet région : une Montbéliarde peut dépasser une Prim dans le Jura. B. Liés à l’environnement 1. Le mois de vêlage et la saison Les vêlages estivaux (entre août et septembre) sont associés à une production laitière globale minimale. Une vache qui vêle en début de printemps aura une production laitière plus faible qu’une vache qui vêle durant la saison automnale ou au milieu de l’hiver. Les TB et TP chutent au printemps/été (de près de 3 g/kg pour le TB) et sont plus élevés en automne/ hiver (effet dilution). Quantité de lait produit en fonction du mois et de la saison Taux butyreux et protéique en fonction du mois et de la saison Rq : Les études ont été menées toutes alimentations confondues (pas d’effet de l’alimentation d’été ou d’hiver sur les vaches). 2. Les facteurs sanitaires La production laitière diminue lors de problèmes sanitaires telle que les mammites, les maladies métaboliques (cétose, hypocalcémie, ARSA = acidose ruminale subaigüe), les maladies locomotrices (affections podales), et les autres maladies infectieuses. 3. Les facteurs alimentaires (cf. cours d’alim) Le TB diminue en cas de ration acidogène. Le TP varie avec la balance énergétique de l’animal, et diminue notamment si elle manque d’énergie. En somme, la production et la qualité du lait sont dépendantes de nombreux facteurs liés à l’animal (stade de la lactation, rang de lactation, race) et de facteurs environnementaux (mois et saison, maladie, alimentation). Page 6 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF III. Enjeux pour l’obtention d’une courbe de lactation optimale Tout l'enjeu de la réussite de la lactation est lié au peripartum. En effet, l’optimisation du maximum de production se joue dans les premières semaines et est corrélé à la production totale. A. Maîtrise de la balance énergétique 1. Quelques postulats On fait le postulat que notre vache est gestante. À partir de 3 semaines avant le vêlage, les besoins de la vache augmentent fortement : → Les besoins de production : le développement fœtal et la mise en place de la lactation sont des activités très énergivores. → Les besoins de croissance à ajouter dans le cas des génisses (qui sont donc particulièrement vulnérables). Or, les capacités d'ingestion diminuent car le fœtus comprime le rumen. À cela s'ajoute le fait que la production laitière est physiologiquement prioritaire (caractéristique des mammifères). Il y aura donc un bilan énergétique négatif (BEN ou NEB) lorsque la vache est gestante. Elle puisera dans ses réserves et aura un déséquilibre entre besoins et apports appelé déficit énergétique physiologique en début de lactation. Lorsque ce déficit se dégrade et cause des problèmes de performance, on s’inquiète. Différence entre une CT d’abdomen de vache non gestante (à gauche) et de vache gestante de 5 mois (à droite) 2. Risques liés à une non-maîtrise de la balance énergétique La faible capacité d'absorption au début de la lactation, conjuguée au bilan énergétique négatif jusqu'au pic de lactation (voire après) cause systématiquement une perte de poids, qui peut être très importante en cas de non-maîtrise (NEC attendue au pic : 2,5). En début de lactation, la priorité est donnée à la production de lait, alors que la capacité d’ingestion est très faible (elle met 10-12 semaines après vêlage pour redevenir maximale). La vache est donc en déficit énergétique et maigrit. Une fois le pic de lactation passé, le bilan énergétique devient positif, la vache refait ses réserves. Lien entre bilan énergétique et poids vif de l'animal Page 7 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF Les conséquences zootechniques du Déficit Énergétique Non Contrôlé (DENC) sont d’abord une baisse de la production laitière (perte pouvant aller jusqu’à 250 kg de lait sur une lactation), ces baisses sont liées à : Des maladies intermédiaires telles que les maladies métaboliques ou nutritionnelles comme la cétose qui correspond à la maladie de l’amaigrissement des vaches laitières. Les cétoses subcliniques atteignent 21 à 25 %, et les cétoses cliniques atteignent 2 à 5 % des vaches en lactation et exacerbent l’amaigrissement. Lors d’une cétose, la vache oriente ses réserves de glucose pour la production du lait (Le glucose se transforme en lactose, il est moins disponible pour le cycle de Krebs. La cétogenèse se met en place pour pallier le manque, tout en produisant des corps cétoniques toxiques = les butyrates (voir poly RHM)). Un déficit énergétique trop important se met en place : on observe une chute de la production laitière seulement quand elle est très malade, car produire du lait reste sa priorité. Elle diminue en production parce qu’elle est malade et non l’inverse, et c’est ce qu’il faut absolument éviter (en sachant que la vache est toujours à la limite de la cétose). Des maladies intercurrentes Elles viennent s’ajouter et aggravent cette diminution de production, comme l’augmentation du risque de déplacement de caillette, une sensibilité infectieuse majoritairement due aux corps cétoniques toxiques en excès lors d’une cétose associée à une lipomobilisation pour la production laitière, ce qui rend la vache immunodépressive. On peut aussi avoir des maladies génitales comme la rétention placentaire, des mammites cliniques, des boiteries, etc. Et une baisse des performances de reproduction, entraînant un retard de la lactation suivante avec : Un retard de reprise de cyclicité post-partum (ex : + 8 j d’IVV en cas de cétose subclinique). Un défaut d’expression des chaleurs qui deviennent plus difficiles à détecter (dû à une mauvaise reprise des vagues folliculaires post-vêlage à cause d’une diminution des pulses de LH). Principalement chez les VL hautes productrices. Une baisse de fertilité L’augmentation de la mortalité embryonnaire due à une qualité ovocytaire et une qualité embryonnaire diminuées. Ceci découle d’une altération de la fonction folliculaire sensible au BEN (action inflammatoire des Ac gras, baisse des IGF-1 etc.) induisant une inhibition de la croissance des follicules primordiaux, une diminution de synthèse d’œstradiol qui impacte la maturation de l’ovocyte ovulatoire. 3. Évaluation du déficit énergétique /!\ Un seul indicateur ne suffit pas pour diagnostiquer un DENC, il faut toujours croiser les preuves pour établir un diagnostic. Un DENC n’est pas physiologique, il est toujours pathologique contrairement au BEN. Évolution de la NEC (Note d’État Corporel) entre le vêlage et le pic de lactation La NEC reflète la quantité de tissu adipeux sous-cutané de la vache. Elle s'évalue grâce à des grilles d’évaluation et en faisant la moyenne de la note arrière et de la note latérale du flanc droit. L’optimum au vêlage est une NEC comprise entre 3,25 et 3,75 pour permettre à la vache d’avoir assez de réserves pour attaquer la lactation, mais pas trop non plus afin de ne pas engendrer une stéatose hépatique (= cétose de type II). La vache ne doit pas perdre plus d'1 point de NEC entre le vêlage et le pic de lactation sinon elle est en DENC.. Page 8 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF Évolution de la NEC au cours de la lactation Le Taux Protéique Le meilleur indicateur d’un DENC est le TP car c’est le plus corrélé au déficit énergétique. En effet, les acides aminés circulants (glucoformateurs) sont captés par les cellules galactopoïétiques au niveau de la mamelle, mais s’il n’y a pas assez d'énergie, les acides aminés transitant dans le sang sont beaucoup moins nombreux puisqu’ils servent à faire de l'acétyl-CoA pour la néoglucogenèse. Ainsi, plus le TP est bas, plus le déficit énergétique est marqué. Rq : Le TP varie en fonction de la race mais varie peu au sein d’une même race sauf en cas de déficit énergétique. → Dans les deux premiers mois de lactation, les indicateurs d’un DENC seront : TP ≤ 28 g/kg (chez la Prim’Holstein ; 29 pour les autres) et/ou Le rapport TB/TP > 1,5 (donc rapport élevé associé à un TP bas) et/ou TB - TP > 12 g/kg Analyse des corps cétoniques Pour analyser le risque de cétose subclinique consécutivement à un BENC, on peut rechercher si le β-hydroxybutyrate (BHB) (β-OH) dans le sang ou le lait a une concentration de BHB > 1,2 mmol/L. Rq : Si le TB et le TP augmentent, cela peut être positif (un excès de TP n’est jamais un souci contrairement à un TB en excès qui peut être un premier indicateur de problème (à toujours croiser avec d’autres indicateurs !)). 4. Prévention du déficit énergétique La prévention se fait en péripartum (étape clé de la vie d’une vache laitière) car c’est à ce moment que se déclarent 75 % des affections métaboliques chez la vache laitière. La conduite des vaches taries pour la préparation au vêlage est donc primordiale et consiste surtout à s’assurer qu’il n’y ait pas de prise de poids lors de la période sèche (sinon cétose !), pas de vache grasse (NEC de 3,75 max) au vêlage et optimiser l’ingestion avant et après vêlage (la NEC doit être la même au vêlage et au tarissement), qui est également un levier très important et représente un des enjeux principaux de la conduite de l’alimentation. B. Maîtrise de la mise à la reproduction 1. Quelques postulats Pour démarrer une production laitière, il faut une gestation (280 jours ± 15 selon la race) et une mise bas. Le redémarrage d’une lactation tous les ans nécessite un vêlage par an. 2. Objectifs de production et importance de la reproduction Le premier enjeu est la réussite de l’insémination artificielle (IA), pour garder l’objectif d’un IVV = 12 mois, avec une durée de lactation de 305 jours et une durée de tarissement de 60 jours. Pour se faire, il faut réaliser une insémination fécondante dans les 3 mois suivant le vêlage mais il est d’abord nécessaire d’attendre la reprise de la cyclicité et que Page 9 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF l’involution utérine (capacité de l’utérus à recevoir un embryon au niveau anatomique et histologique) soit achevée. Cette période dure environ de 45 à 50 jours (soit 2 cycles). Après ce temps d’attente, l’utérus sera revenu à son état physiologique et la vache pourra de nouveau recevoir un conceptus. Elle pourra alors être mise à la reproduction entre le 50ème et le 85-90ème jours post partum. On retiendra que l’insémination se fera entre 50 et 90 j post vêlage. Organisation de l’insémination pour une lactation optimale Cependant, presque 50 % des vaches françaises ne prennent pas à la 1 ère insémination. L’IA est donc tardive, tout comme l’IAf, ce qui décale d’autant plus le vêlage suivant car les vaches sont inséminées au-delà des 90 jours fixés précédemment. Aujourd’hui, la tendance est à un IVV de 14 mois et de nombreuses vaches ne prennent qu’au bout de la 3ème IA voir plus. Dans ces cas d’IVV allongé, la lactation est supérieure à 300 jours. Or, lors de la phase de persistance, on a une diminution de 10 % de la production de lait par mois. Ainsi, le volume de lait qui aurait pu être produit avec un IVV = 12 mois dû à une fécondation précoce n’est jamais récupéré lors de la lactation suivante. D’après la courbe ci-dessous : La première zone hachurée bleue correspond à la période pendant laquelle la vache est tarie si l’IAf est la IA1. La deuxième zone grise hachurée est la période de tarissement en cas d’IAf à l’IA3. On voit que le tarissement se situe à 2 endroits différents de la courbe de lactation, et que, dans le 2ème cas, il y a une forte perte potentielle de production laitière : le volume de lait qui aurait pu être produit dans la zone hachurée en gris ne pourra pas être récupéré plus tard. Ainsi, une IAf tardive entraîne de sérieuses pertes économiques pour l’éleveur. Un écart de plus de 12 mois entre 2 vêlages a pour conséquence moins de veaux et moins de lait au démarrage. Retard d’insémination engendrant une perte de la production Page 10 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF Pour les vaches faibles/moyennes productrices (< 8000 kg lait/an) Une lactation trop longue est peu intéressante car la période très productive sera passée. Il y aura aussi des impacts sur la vente des veaux qui seront moins nombreux par vache et par an, ainsi que sur le coût de l’alimentation, il faudra notamment donner plus de concentrés lors de la lactation (sera plus détaillé en Alim). Il faut essayer de respecter les objectifs zootechniques (1 lactation/vache/an). Pour les vaches produisant plus de 8500 kg de lait par lactation (vache laitière haute productrice = VLHP) La courbe de lactation prolongée est acceptable car la production laitière est très élevée (pic de lactation entre 40 et 60 j et phase persistante élevée) : elle limite les pertes pour l’éleveur. Mais une lactation longue produit moins de veaux pouvant être vendus. Les conséquences sur la conduite du troupeau sont un étalement imposé des vêlages, une difficulté d’avoir des lots en production homogènes et un mélange des âges entre veaux et génisses. Pour les Prim’ Holstein par exemple, l’IVV moyen est de 400-410 j. Leur production laitière étant énorme, le déficit énergétique en lactation est très important, elles maigrissent et ont des problèmes de reproduction. L’objectif zootechnique d’un IVV = 12 mois n’est pas raisonnable et est à oublier pour ces vaches ! Conclusion L’éleveur de vaches laitières aura pour objectif d’avoir des courbes de lactation optimales, ou en tout cas de s’en rapprocher le plus possible ; il devra s’assurer que la reproduction de ses vaches est efficace. Il devra aussi veiller à ce que le déficit énergétique de ses vaches reste physiologique. Le vétérinaire verra des vaches infertiles et des vaches malades (maladies métaboliques, infectieuses, etc.) Son rôle sera de mobiliser ses connaissances pour aider l’éleveur, notamment sur les suivis de reproduction, tout en respectant ses choix et pratiques zootechniques. Ensemble, ils participent à l’amélioration de la gestion et des performances de l’élevage laitier par la maîtrise de la lactation et de la zootechnie. Page 11 sur 12 ER_Zoot_CM01_La courbe de lactation des vaches laitières_Ledoux_SIF → À retenir : Courbe de lactation standard : Évolution de la quantité́ de lait produit Démarre par un vêlage, s’achève par le tarissement Forme en cloche 3 phases inégales (ascendante, pic de lactation, persistance) 10 mois ou 305 jours de lactation de référence ou standard Objectifs zootechniques de production laitière : Une lactation par an P tot = Pmax*200 | P max = 1.4*Pi Une production maximale : Pi, Pmax et CP Facteurs de variation de la production et de la qualité du lait : Stade de lactation Parité Race Mois et saison de vêlage Facteurs sanitaires DENC : Perte de plus d’un point de NEC (lipomobilisation) Tp < 28 g/kg | Rapport TB/TP > 1.5 βOH Baisse des performances repro (retard de cyclicité, baisse de fertilité…) Baisse de la production laitière (cétose, autres maladies) Courbes associées en matière utile (TP/TB) : Évolution inverse de la courbe de lactation standard. Maîtrise de la reproduction : Pour atteindre les objectifs zootechniques de production (production laitière optimale + une lactation par an), il faut (à adapter si faible ou haute productrice): 1. Contrôler le déficit énergétique de début de lactation. 2. Maîtriser la reproduction : mise à la reproduction et réussite précoce IVIA1 : 50 jours Pour IV IAf : 85-90 jours. Un énorme merci à Valentine, Alice et Clémence pour leurs relectures et leurs conseils pour la mise en forme du poly ! 🌼 Page 12 sur 12