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Ce document présente une introduction à la chronique judiciaire, en explorant son histoire, son importance, ainsi que des exemples de procès historiques qui ont influencé le genre.
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CHRONIQUE JUDICIAIRE Introduc)on du cours « Qui pousse un jour la porte d’une salle d’audience dans quelques palais de jus4ce de France sait l’air par4culier que l’on y hume, ce:e atmosphère de papiers, de larmes, d’amour, de haine, d’argent et de sang mêlé. » – Pascale Robert-Diard chroniqueuse...
CHRONIQUE JUDICIAIRE Introduc)on du cours « Qui pousse un jour la porte d’une salle d’audience dans quelques palais de jus4ce de France sait l’air par4culier que l’on y hume, ce:e atmosphère de papiers, de larmes, d’amour, de haine, d’argent et de sang mêlé. » – Pascale Robert-Diard chroniqueuse et journaliste Le Monde (cita:on de 2010). « Dans les salles d’audience c’est là qu’ardentes, étranges, fana4ques ou scep4ques, sournoises ou effrénés, palpitent et s’agitent la moi4é de l’histoire in4me de la France. » – René Benjamin (cita:on de 1919). Le monde de la chronique judiciaire est-il autant feutré qu’il y parait ? La chronique judiciaire est une observa2on qui peut parfois être impudique, in2me ou encore déroutante mais qui reste toujours fascinante. La chose judiciaire fascine et passionne. Par exemple, on ne peut que le constater actuellement avec le nombre de reportages et d’ar:cles qui sont fait sur le procès de Mazan. Au fil du temps, nous retrouvons toujours les mêmes excès, les mêmes ressorts passionnels, les mêmes mystères criminels de ces hommes et de ces femmes qui sont précipités au cœur du drame (certains bien malgré eux). Cela va malgré tout perme@re de nourrir les colonnes de la chronique judiciaire. Pour Jean-Paul La Croix, chroniqueur au Canard Enchainé le procès est « le seul théâtre où le premier rôle est confié à un amateur ». CePe cita:on permet de voir comment la no2on de spectacle et de théâtre à sa place autour de la chronique judiciaire. I – La publicité des débats A) Le principe de publicité des débats La chronique judiciaire est rendue possible par la publicité des débats. Le public, et notamment le journaliste, a le droit de rentrer dans la salle d’audience (ar:cle 6 de la Conv.EDH). Cela va perme@re aux journalistes de rentrer à l’audience, de suivre des procès et d’en faire des comptes-rendus que l’on appellera les comptes-rendus d’audience ou les chroniques judiciaires. Ce@e publicité des débats est une garan2e d’impar2bilité pour les jus:ciables et pour les magistrats de ne pas voir déformer la teneur des débats. On suggère par-là que la cause d’une personne qui est accusé est entendu publiquement et que le jugement est rendu publiquement également. Ce principe est assuré par la présence du public (les journalistes compris), par la possibilité de reproduire les débats dans la presse et par l’archivage de procès filmé pendant 50 ans. Cependant l’u:lisa:on par le public de matériel audiovisuel est interdite. B) L’excep6on au principe : le huis-clos La seule excep2on qui existe à la publicité des débats est le huis-clos. Le huis-clos est une procédure excep2onnelle qui signifie que les débats judiciaires se déroulent hors la présence du public. Seules les par:es intéressées et leurs avocats peuvent se trouver en salle d’audience et suivre les débats. Le huis-clos peut être prononcé en cas de danger pour les mœurs ou l’ordre public à la 2 demande de la par2e civile. Cela ne concerne que les débats : le prononcé de la décision au fond reste public. En ma2ère pénale, le huis-clos peut être ordonné par le juge si l’audience est publique et par un arrêt mo2vé. Le juge constate alors que la publicité serait dangereuse pour l’ordre, pour la sérénité des débats, pour la dignité de la personne ou pour les intérêts d’un 2ers. Cela est rendu possible en vertu de l’ar:cle 400 du Code de procédure pénale. Le juge peut aussi an2ciper un danger pour l’ordre public et les bonnes mœurs (rendu possible par l’ar:cle 306 du Code de procédure pénale). En ma2ère civile, certaines audiences ont lieu en chambre du conseil (ex : divorce, conten:eux lié à la filia:on ou à l’autorité parentale). La loi prévoit alors le huis-clos pour préserver l’in2mité des personnes. Pour les procédures civiles, en revanche, on ne parle pas de huis-clos mais de chambre du conseil. II – L’histoire de la chronique judiciaire Une des premières représenta2ons connues de la chronique judiciaire figure dans la Bible au chapitre 4 : c’est le meurtre d’Abel par Cain. Cet intérêt ne va cesser de se développer et d’être démontré par l’histoire. Au Moyen-Âge, la chronique judiciaire n’existe pas entant que telle. On retrouve cependant des récits d’affaires judiciaires. Par exemple, la chronique du meurtre de Charles Le Bon alors comte de Flandres et qui fut raconté par son secrétaire Galbert De Bruges le 2 mars 1127. Ce récit va rencontrer peu d’audience à l’époque. Il faut dire qu’au XIIème siècle très rare était ceux qui savaient lire et écrire et les grands procès se limitaient à Paris. Pourtant, au Moyen-Âge la li@érature devient peu à peu le témoin de la chose judiciaire. On dénombre de nombreux procès historiques (ex : procès des templiers au XIVème siècle, procès de l’inquisi:on, procès de Jeanne d’Arc au XVème siècle ou encore du procès de Mar:n Guerre au XVIème siècle). Cependant, la chronique judiciaire va se développer bien après ce@e période. Il faut a@endre le 18ème siècle avec notamment la Gaze@e des Tribunaux qui est créé en 1776. Son essor est lié à 2 choses : - La jus2ce est ins2tuée à l’époque révolu:onnaire - Le public s’intéresse aux grandes affaires judiciaires ou criminelles. Un auteur va incarner cet intérêt grandissant et qui ne cesse de se développer au fil des siècles : André Gide. Dans l’ouvrage Souvenirs de la Cour d’assises l’auteur relate son expérience de juré : « De tout temps les tribunaux ont exercé sur moi une fascina4on irrésis4ble. En voyage, quatre choses m’aMrent dans une ville : le jardin public, le marché, le cime4ère et le palais de jus4ce ». III – Le lien entre chronique judiciaire et li8érature La chose judiciaire va avoir une audience grandissante. En effet, elle cons:tue une ma2ère première pour les écrivains. Beaucoup ont trouvé et trouve encore dans d’authen:ques faits divers une source d’inspira2on. Nous allons pouvoir le voir à travers plusieurs exemples : L’affaire Antoine Berthet – Le Rouge et le Noir 3 Stendhal était journaliste, historien mais aussi un lecteur de la GazePe des Tribunaux. Il va alors tomber sur un ar2cle relatant un procès ayant lieu dans sa région natale près de Grenoble. Il parvient à acquérir les carnets d’audience d’un juré. Voilà comment l’affaire d’Antoine Berthet va l’inspirer grandement. La réalité est l’histoire d’Antoine Berthet, pe:t précepteur, qui tentera d’assassiner en pleine église son ancienne amante (Mme Michoud) qu’il soupçonnait d’avoir voulu ruiner sa carrière. CePe affaire est source d’inspira2on pour Stendhal dans l’écriture de son roman Le Rouge et le Noir. La personne d’Antoine Berthet va inspirer le personnage de Julien Sorel. La vraie histoire, la réalité, le fait divers et la chronique judiciaire vont inspirer la verve romanesque de Stendhal. L’affaire Pierre Picaud – Le Comte de Montecristo Un autre roman est nourri du fait divers : le Comte de Montecristo. Le Comte de Montecristo a été écrit par Alexandre Dumas avec la collabora2on d’Auguste Maquet. Le Comte de Montecristo va d’abord être publié en feuilleton dès 1844. Ce roman est inspiré par2ellement de faits réels empruntés à la vie d’un certain Pierre Picaud. L’histoire de Pierre Picaud est celle d’un jeune homme qui, en 1807, doit épouser une jeune femme très riche et très belle du nom de Marguerite. Cependant, un des amis de Pierre Picaud qui :ent un cabaret est très jaloux de la dote dont Picaud va toucher en épousant Marguerite. Il va donc vouloir empêcher le mariage à tout prix. Avec 2 complices il va accuser Picaud d’être un espion de l’Angleterre. Picaud sera donc arrêté le jour de son mariage en pleine messe et mis en prison en secret. Picaud sera enfermé 7 ans dans une forteresse du Piémont sans savoir pourquoi il a été arrêté. Pendant son emprisonnement il va creuser un passage et accéder à une cellule où il va rencontrer un prêtre italien avec qui il devient très ami. Lorsque le prêtre meurt il lègue à Picaud un secret qui va lui permePre d’accéder à un trésor. Après la chute de l’Empire napoléonien en 1814 Picaud est libéré. Cependant, celui-ci a vieilli et est malade. Il va donc prendre un nom d’emprunt pour s’emparer du trésor et commencer à organiser pe:t à pe:t sa vengeance. CePe histoire fait donc écho au célèbre roman d’Alexandre Dumas dans lequel il relate comment Edmond Dantès, jeune marin de 19 ans, débarque à Marseille pour épouser Mercedes avant d’être trahi et dénoncé comme étant un conspirateur Bonapar:ste avant d’être aussi arrêté et enfermé au château d’If pour une cap:vité de 14 ans. Il finira par s’évader pour aller découvrir un trésor caché sur l’île de Montecristo et préparer sa vengeance. L’affaire Delphine Delamare – Madame Bovary Il y a tout un tas d’ouvrages qui s’inspire de l’actualité et de la chose judiciaire pour donner lieu à de grands romans. Pour Madame Bovary Gustave Flaubert s’inspire d’un fait divers : le suicide avec de l’arsenic en 1848 de Delphine Delamare criblée de dePes, délaissée par ses amants. L’affaire Blanche Monier – La Séquestrée de Poi:ers Autre histoire : celle de La Séquestrée de Poi2ers d’André Gide où il s’inspire de l’histoire de Blanche Monier 52 ans découverte en 1901 par la police venue perquisi:onné le domicile de sa mère après une dénoncia:on anonyme. La vraie Blanche Monier fut enfermée 25 ans par sa famille. La version romancée d’André Gide décrit la vie recluse de Mélanie Bas:an qui a été enfermé pendant 24 ans par les siens. L’affaire Canaby – Thérèse Desqueyroux On peut aussi parler de l’œuvre Thérèse Desqueyroux de l’auteur François Mauriac qui s’inspire de l’affaire Canaby. L’affaire Canaby est l’histoire d’HenriePe Blanche Canaby qui fut en 1905 accusait d’avoir empoissonné son mari, cour:er endePé. François Mauriac assiste à son procès devant la Cour 4 d’assises de la Gironde en mai 1906 quand elle est condamnée pour faux et usage de faux (pour les fausses ordonnances avec lesquelles elle se serait procuré auprès de pharmacien le poison pour tuer son mari). L’affaire Claude Roman – L’Adversaire Il y a aussi le roman L’Adversaire d’Emmanuel Carrère. Il s’est inspiré de la vie de Claude Roman qui le 9 janvier 1993 a tué sa femme, ses enfants, ses parents avant de se suicider. Roman n’était pas médecin à l’OMS comme il le prétendait et il mentait depuis 18 ans. Ne supportant pas être confondu il a préféré supprimer sa famille et lui-même. L’affaire Florence Rey et Aubry Maupin – Les cœurs autonomes L’ouvrage Les cœurs autonomes de David Foenkinos s’est appuyé sur l’affaire de Florence Rey et d’Aubry Maupin. CePe affaire est celle de 2 amants qui le 4 octobre 1994 se lancent dans une épopée meurtrière en région parisienne. Cela va couter la vie à un chauffeur de taxi, à 3 policiers et à Audry Maupin. L’auteur ne va pas seulement relater les faits mais analyser comment ces 2 personnes en sont arrivées là. A la différence du chroniqueur judiciaire, l’écrivain est libre. Il peut alors recomposer la scène criminelle puis la scène de jus:ce comme il l’entend. Il s’inspire et se sert de sa licence romanesque pour faire en sorte que la fic2on emporte le réel dans son monde. Il est libre d’écrire comme il l’entend et de modifier, accentuer ou encore enlever certains faits. Ici il est ques2on de roman et non pas de chronique judiciaire. Dans la chronique judiciaire il faut s’en tenir aux faits, à la réalité, à la chose contradictoire et restait un témoin de ce qui s’est véritablement passé. L’affaire Dominici – Notes sur l’Affaire Dominici Pour autant, certains auteurs li@éraires vont délaisser le roman pour relater la réalité d’un fait criminel, d’un procès ou de plusieurs procès. On peut parler de Jean Giono et des notes sur l’affaire Dominici. L’affaire Dominici est une affaire criminelle survenu dans la nuit du 5 aout 1952 à Lurs dans les Alpes-de-Haute-Provence. C’est l’histoire d’un anglais, Sir Jack Drummond, scien:fique de 51 ans qui avec son épouse et leur fille de 10 ans sont assassinés près de leur voiture près de la ferme des Dominici. Le patriarche de la ferme Dominici, Gaston, est accusé de ce triple homicide et est condamné à mort en 1954 sans que sa culpabilité n’ait jamais été prouvé. En 1957, le Président René Coty commue cePe peine capitale et le 14 juillet 1960 le Général de Gaule gracie et libère Gaston Dominici. CePe affaire va être suivit par de très nombreux journalistes. Un journal va demander à Jean Giono de couvrir l’affaire Dominici devant la Cour d’assises. Ce procès se déroule à Digne en 1954. Jean Giono dira « je ne dis pas que Gaston Dominici n’est pas coupable, je dis qu’on ne m’a pas prouvé qu’il l’était » dans l’ouvrage Notes sur l’Affaire Dominici. Dans ce livre Giono va révéler des points très sub:les qui sont restés dans l’ombre : « Nous avons à faire à un procès de mots. En effet l’accusé parle un langage simple, un langage sans syntaxe on va transcrire ses déclara4ons et on l’interroge dans un tout autre langage, le français officiel ». On pense aujourd’hui que ce décalage aurait tout remis en ques:on. De sang-froid Autre auteur qui va s’intéresser à un fait divers et un fait judiciaire réel : Truman Capote, américain, auteur de l’ouvrage De sang-froid. L’histoire se déroule en 1959 au Kansas quand 2 hommes assassinent sans mobile apparent 4 membres d’une même famille. Truman Capote est absolument fasciné de ce fait divers. Il va donc décider de par:r s’installer dans le Kansas pour recueillir les témoignages et raconter cePe histoire. Il va même interroger les assassins qu’il va aller rencontrer dans leurs cellules de prison. Cet ouvrage est devenu un classique de la liPérature américaine classé dans le genre appelé true crime. 5 Pendant très longtemps ce sont surtout des écrivains qui vont incarner la chronique judiciaire. Nous avons pu le voir avec Alexandre Dumas, Stendhal, François Mauriac, Giono, André Gide. Jusque dans les années 1960 les chroniqueurs judiciaires comptent dans leurs rangs énormément de feuilletonistes et d’hommes et femmes de liPérature. Au fil du temps les choses vont évoluées : aujourd’hui ce sont presque exclusivement des journalistes professionnels qui incarnent et animent ce@e chronique judiciaire. IV – Le rôle du chroniqueur judiciaire A) L’importance du chroniqueur judiciaire et son rôle Le chroniqueur est un journaliste et non pas un auteur de liPérature, un romancier ou encore un nouvelliste. Le chroniqueur est un habitué, un familier des palais de jus2ce. Toutes les personnes qui, lors d’un procès, gravitent autour du chroniqueur judiciaire (ex : l’accusé, les magistrats, le public, etc) perme@ent de nourrir le matériau sur lequel va écrire celui-ci. Le chroniqueur judiciaire défend une cause : la vérité de l’audience et la fidélité aux débats. Le principe de la chronique judiciaire est de rester assis sans poser de ques2ons. Le journaliste doit donc aller à l’audience. Évidemment la jus2ce pénale est la jus2ce la plus média2que même si le chroniqueur judiciaire peut couvrir par exemple une audience du tribunal administra:f ou une audience prudhommale. En plus de rester assis et silencieux, le chroniqueur judicaire doit écouter, regarder, consigner les faits, les cita2ons, le pour et le contre (pour le contradictoire), le début et la fin de l’histoire (savoir pourquoi les mises en cause comparaissent devant la juridic:on et savoir s’ils ont été condamné ou bien relaxé ou acquiPé). Ils consignent aussi les anecdotes, ce que dit l’accusa2on, ce que dit la défense, les a_tudes, les émo2ons, ce à quoi peut ressembler tel protagoniste, comment il s’exprime. En bref, tout ce qui va perme@re de donner corps et donner vie à ce@e chronique judiciaire. Ce groupe de journalistes a bien évidemment des par2cularités, ses codes et même une carte spéciale de la presse judiciaire délivrée par l’associa:on de la presse judiciaire. CePe carte permet au chroniqueur judiciaire d’accéder au palais de jus2ce par la même porte que les auxiliaires de jus2ce, les magistrats, les avocats et les greffiers. CePe associa:on de la presse judiciaire (fondée en 1887) est l’une des plus anciennes associa:ons de presse. On compte quelques noms importants au sein de la chronique judiciaire : Pascale Robert-Diard, Florence Aubenas, Stéphane Durand-Souffland, Jean-Philippe Deniau, Sorj Chalandon, Mathieu Delahousse, Patricia Tourancheau, Henri Seckel, Thimotée Boutry, Soren Seelow ou encore Franck Johannès. CePe liste est non-exhaus2ve mais permet de connaître quelques noms de ces journalistes qui animent et font vivre la chronique judiciaire. B) Les médias et le chroniqueur judiciaire Certains médias proposent historiquement une couverture appuyée des procès et de l’actualité judiciaire. C’est le cas notamment du journal Le Monde qui a rédigé un recueil de chronique judiciaire qui est un pilier en la ma:ère : Les Grands procès du Monde. Ce recueil commence par les comptes-rendus d’audience du procès de Philippe Pétain sous le :tre « Le maréchal devant la haute cour ». Ce recueil de chronique judiciaire (disponible dans la bibliographie du cours) consigne des dizaines de chronique judiciaire qui permePent très souvent d’expliquer et de faire revivre la grande histoire à travers des procès. 6 La presse magazine traite elle aussi de la chose judiciaire. Par exemple, le magazine Society a publié en aout 2020 2 volets d’une grande enquête très documentée sur Xavier Dupont de Ligonnès soupçonné d’avoir assassiné sa femme et ses 4 enfants en avril 2011. CePe enquête est le fruit de 4 années d’inves:ga:on par les journalistes de Society. C) Les ouvrages et les chroniqueurs judicaires Les journalistes peuvent 2rer certains ouvrages de faits divers qu’ils ont couverts et qui les ont marqués. On peut parler par exemple de La Méprise de la journaliste Florence Aubenas sur l’affaire d’Outreau, de L’Inconnu de la poste écrit aussi par Florence Aubenas (relate l’immersion qu’elle a faite pendant plusieurs mois dans un pe:t village des Vosges où avait eu lieu le meurtre de la pos:ère suivit de la dispari:on de l’acteur Gérald Thomassin), de La déposi:on de Pascale Robert-Diard sur l’affaire Agnelet. V – Le mode d’emploi de la chronique judiciaire A) La défini6on de la chronique judiciaire De manière générale, la chronique est un ar2cle spécialisé qui rapporte les informa2ons les plus récentes sur un sujet par2culier. Dans le cas de la chronique judiciaire, celle-ci peut être définit comme un ar2cle spécialisé sur des informa2ons du domaine judiciaire. La ma2ère judiciaire, pour les chroniqueurs judiciaires, correspond à la fois aux affaires de gros crimes, qui font les :tres des médias, mais parfois aussi aux pe2tes affaires, qui peuvent paraître terriblement ordinaire mais qui relate pourtant la jus:ce du quo:dien. Ces procès ordinaires offrent un poste d’observa2on sur la vie et la société (ex : le procès de Dominique Pelicot et des violeurs de Mazan). Le procès est une façon d’aborder les pe2ts et les grands maux de la société. L’exercice de la chronique judiciaire est assez unique car il s’agit pour le journaliste d’assister à l’audience et d’en rendre compte à des personnes qui n’y sont pas pour qu’elles aient connaissance des procès presque aussi fidèlement que si elles s’y trouvaient. Cela nécessite de donner les posi2ons de chacun pour être contradictoire, de saisir parfois l’atmosphère qui est toujours l’atmosphère réelle de l’audience pour en faire le compte-rendu le plus fidèle possible. B) La rédac6on de la chronique judiciaire La rédac:on d’un chronique judiciaire est donc un travail en 2 temps : l’observa2on puis l’écriture. Les techniques d’écriture sont celles du journaliste qui doit s’imprégner de l’audience, considérer l’accusé et le prévenu comme innocent tant que le procès n’est pas terminé et ne rien écrire (notamment s’agissant des assises) qui puissent influencer les juges et les jurés. Bref, c’est une incita2on à la prudence. Le chroniqueur est un observateur privilégié qui ne peut pas tout res2tuer et qui doit éviter de se perdre dans les détails (sauf si ceux-ci ont une importance par:culière) et qui doit livrer un récit qui est fidèle à l’audience. C’est un récit où tout le monde doit avoir la parole, c’est-à-dire que toutes les par:es représentées doivent être présentes dans le compte-rendu d’audience sinon le compte-rendu d’audience n’est pas contradictoire. C) Les principes de la chronique judiciaire Les principes de la chronique judiciaire sont la neutralité et l’objec2vité. Cela veut dire que le compte-rendu doit être contradictoire, toutes les thèses doivent être présentées et c’est le moyen de se protéger en faisant preuve de bonne foi. 7 Autre principe, le compte-rendu doit être fidèle et loyale. Le compte-rendu doit donc rester fidèle à l’esprit de l’audience et en respectant les propos de l’audience sans les dénaturer. Troisième principe, l’emprunte personnel du rédacteur ne doit pas apparaitre. Il n’est pas possible de commenter dans un ar:cle une décision de jus:ce même indirectement. Le compte-rendu peut, bien évidemment, écrire l’iden2té des individus SAUF des mineurs. Tous ces principes vont perme@re au compte-rendu d’audience d’être loyal et de pouvoir être publié. D’autres principes sont capitaux au sein de la chronique judiciaire. On peut parler notamment de la présomp2on d’innocence, du secret de l’instruc2on et du fait que la jus2ce française permet des voies de recours qui nécessite parfois à l’issue d’une audience qu’un journaliste écrive que le prévenu va interjeter appel de la condamna:on dont il vient de faire l’objet. VI – L’importance des différents acteurs de la chose judiciaire Les acteurs sont ceux qui incarnent la chronique judiciaire et qu’il faut retrouver dans les ar:cles de celle-ci. A) Le rôle des magistrats du siège et du parquet On peut notamment parler des magistrats du siège et du parquet. Les magistrats du siège tranchent les conflits en rendant des jugements ou des ordonnances. Ce sont aussi eux qui posent les ques2ons à la place du journaliste et qui orchestrent les débats. On peut aussi parler des magistrats du parquet (les procureurs) qui exercent la fonc2on d’accusa2on en représentant la société. CePe magistrature debout va tenir un rôle essen2el puisque c’est elle qui représente l’accusa2on et qui va permePre de s:puler toutes les versions des par:es d’un procès. B) Les avocats de la défense Face à l’accusa:on se :ent la défense avec les avocats. Ces auxiliaires de jus:ce peuvent représenter et assister la personne qui comparait (le prévenu ou l’accusé et les par:es civiles). Les ques:ons que posent les avocats, leurs remarques, leurs plaidoiries sont aussi importantes que le réquisitoire du procureur de la République. Cela permet de donner une lecture complémentaire des arguments de l’accusa:on. Ce sont ces différentes posi2ons qui vont perme@re aux comptes-rendus d’être contradictoire. C) Les experts judiciaires et les enquêteurs Lors des procès, on peut aussi assister aux interven2ons des experts. Les experts sont des spécialistes de profession très variés (ex : médecin, psychologue, architecte, graphologue, garagiste etc). Ces experts sont désignés par les tribunaux pour rédiger des rapports qui seront des2nés à éclairer l’opinion des juges sur les aspects très techniques d’une affaire. Sans oublier, les enquêteurs qui peuvent être amené à apporter un éclairage technique, à relater des inves:ga:ons et nourrir d’autant la chronique judiciaire. D) Les mises en cause et les par6es civiles 8 Autres acteurs importants : les mises en cause (ceux qui comparaissent) donc les accusés et les par:es civiles. De ces acteurs, on va consigner les phrases, les déclara:ons, les avtudes mais aussi les silences et parfois les regards. C’est cela qui va perme@re de donner une ambiance du matériau à la chronique judiciaire. Conclusion du cours Le chroniqueur va noter les informa:ons, les éléments, les phrases qui vont nourrir son compte- rendu et qui vont lui permePre d’ensuite écrire cePe chronique judiciaire. La chronique judiciaire est un des genres journalis2ques les plus prisés comme en témoigne par exemple les documentaires célèbres comme « Faites entrer l’accusé » qui ne cesse d’avoir un public grandissant. La chose judiciaire est la façon d’invoquer le public dans les tribunaux où ils ne vont pas. Le chroniqueur judiciaire est donc un témoin dont le travail va permePre au public d’avoir le sen:ment légi:me d’avoir suivi un procès quand bien même il n’a pas mis les pieds à l’audience. L'article "En direct du prétoire" de Pascale Robert-Diard, publié dans Le Monde le 12 janvier 2010, explore le rôle et l'évolution du chroniqueur judiciaire, un métier singulier qui consiste à observer et rapporter les débats judiciaires au public. Le rôle du chroniqueur judiciaire : Assis entre le prétoire et le public, le chroniqueur judiciaire est témoin des rituels judiciaires, des échanges entre l'accusation et la défense, et des émotions qui se dégagent des procès. Son travail est de retranscrire fidèlement ces moments, offrant au public une fenêtre sur la justice en action. Une tradition journalistique : La chronique judiciaire s'inscrit dans une longue tradition de la presse écrite depuis la fin du XIXᵉ siècle. La place accordée à ce genre reflète l'importance de la justice dans la société à différentes époques. Des affaires retentissantes ou des procès historiques ont souvent conduit à une couverture médiatique accrue, mettant en lumière le travail des chroniqueurs judiciaires. L'importance du prétoire : Les salles d'audience sont des lieux où se mêlent émotions humaines et enjeux sociétaux. Le chroniqueur judiciaire capte cette atmosphère particulière, faite de "papiers, de larmes, d'amour, de haine, d'argent et de sang mêlés", selon les mots de l'auteur. Ces récits permettent de conserver la mémoire des débats et des décisions qui façonnent la société. Une fonction de témoignage : En retranscrivant les procès, le chroniqueur judiciaire joue un rôle essentiel de témoin pour le public, surtout lorsque les audiences ne sont pas largement accessibles. Il offre une perspective équilibrée, rapportant à la fois les arguments de l'accusation et de la défense, et contribuant ainsi à une meilleure compréhension du système judiciaire. En somme, l'article met en lumière la richesse et la complexité du métier de chroniqueur judiciaire, tout en soulignant son importance dans la transmission de la justice au grand public. François Picaud, le véritable comte de Monte Cristo Source : 20 Minutes Résumé : L'article explore l'histoire de François Picaud, un cordonnier parisien du début du XIXᵉ siècle, qui aurait inspiré Alexandre Dumas pour son roman Le Comte de Monte-Cristo. Accusé à tort d'espionnage, Picaud est emprisonné pendant sept ans. À sa libération, il découvre que ses anciens amis l'ont trahi. Il hérite d'une fortune d'un codétenu décédé et l'utilise pour se venger méthodiquement de ses traîtres. Cette histoire de vengeance et de justice personnelle présente des similitudes frappantes avec le récit fictif d'Edmond Dantès, le protagoniste du roman de Dumas. 2. Verdict du procès des attentats du 13 novembre : détail, analyses et réactions Source : France Culture Résumé : L'article détaille le verdict rendu lors du procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Salah Abdeslam, principal accusé, est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, la peine la plus sévère du code pénal français. D'autres accusés reçoivent des peines allant de deux ans de prison à la perpétuité. Les réactions des parties civiles et des avocats sont partagées, certains exprimant un soulagement, d'autres une déception quant à la sévérité des peines. Le procès est considéré comme historique, tant par sa durée que par son ampleur, offrant une reconnaissance judiciaire aux victimes et à leurs familles. 3. Attentats du 13 novembre : les 8 dates marquantes du procès Source : Euronews Résumé : L'article retrace huit dates clés du procès des attentats du 13 novembre 2015, qui s'est déroulé sur plusieurs mois. Parmi ces dates, on note l'ouverture du procès, les témoignages poignants des survivants, les interrogatoires des accusés, les réquisitions du parquet, et enfin, le verdict. Chaque étape est marquée par des moments d'émotion intense, des révélations sur le déroulement des attaques, et des débats juridiques complexes. Le procès a permis de mettre en lumière les mécanismes de la cellule terroriste responsable des attentats et d'offrir une tribune aux victimes pour exprimer leur souffrance. 4. L'affaire Dreyfus Source : Ministère de la Justice Résumé : L'article du ministère de la Justice revient sur l'affaire Dreyfus, une crise politique majeure de la Troisième République française. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est accusé à tort de trahison et condamné au bagne. L'affaire divise profondément la société française entre "dreyfusards" et "antidreyfusards" pendant plus de dix ans. Grâce à l'engagement de personnalités comme Émile Zola, qui publie le célèbre "J'accuse...!", et à la mobilisation de l'opinion publique, Dreyfus est finalement réhabilité en 1906. Cette affaire met en lumière les dérives de l'antisémitisme et les dysfonctionnements de la justice militaire de l'époque. 5. Le procès de Louis XVI Source : Ministère de la Justice Résumé : L'article détaille le procès de Louis XVI, jugé par la Convention nationale en décembre 1792. Accusé de haute trahison et de conspiration contre la liberté publique et la sûreté générale de l'État, Louis XVI est reconnu coupable. Après des débats intenses sur la peine à appliquer, il est condamné à mort à une majorité étroite. Le roi est exécuté par guillotine le 21 janvier 1793. Ce procès marque une étape décisive dans la Révolution française, symbolisant la fin de la monarchie absolue et la naissance de la République. 6. L'affaire Berthet, le meurtre en pleine messe qui inspira "Le Rouge et le Noir" Source : 20 Minutes Résumé : L'article relate l'affaire Antoine Berthet, un jeune précepteur qui, en 1827, tente d'assassiner Madame Michoud, l'épouse de son employeur, en pleine messe dominicale. Arrêté, jugé et condamné à mort, Berthet est guillotiné en février 1828. Ce fait divers a inspiré Stendhal pour son roman Le Rouge et le Noir, où le personnage de Julien Sorel partage de nombreuses similitudes avec Berthet, notamment son ambition sociale, sa liaison avec une femme mariée, et sa tentative de meurtre en église. L'affaire illustre les tensions sociales et les aspirations individuelles de l'époque, thèmes centraux du roman de Stendhal. 1. Un désastre judiciaire et un emballement médiatique : l’affaire d’Outreau Source : France Info Lien L’affaire d’Outreau est l’un des plus grands scandales judiciaires français. En 2001, plusieurs enfants témoignent de sévices sexuels dans la ville d’Outreau. L’enquête conduit à la mise en examen de 17 personnes. Cependant, cette affaire devient le symbole des erreurs judiciaires en raison de témoignages inconsistants et de conclusions hâtives des experts. Points clés : Déroulement : Des témoignages d’enfants conduisent à l'inculpation massive, mais les incohérences émergent rapidement. Impact médiatique : La presse s’emballe et condamne publiquement les accusés avant leur jugement. Conséquences : Sur les 17 accusés, 13 sont innocentés après des mois de détention. L’affaire soulève des critiques sur la précipitation des juges et les failles du système judiciaire. Enseignements : Importance de la présomption d’innocence et des vérifications rigoureuses dans les enquêtes judiciaires. 2. Le procès de Pétain Source : France Culture Lien En 1945, Philippe Pétain, chef du régime de Vichy, est jugé pour haute trahison. Ce procès est marqué par sa dimension historique et politique. Points clés : Contexte : Pétain est accusé d'avoir collaboré avec l'Allemagne nazie et d'avoir abandonné la République. Déroulement : Le procès met en lumière son rôle dans la mise en place du régime autoritaire de Vichy et sa responsabilité dans la déportation des Juifs. Verdict : Pétain est condamné à mort, mais sa peine est commuée en réclusion à perpétuité en raison de son âge avancé. Analyse : Ce procès cristallise les tensions sur la responsabilité collective de la France sous l’Occupation. 3. L’affaire Alègre-Baudis : quand la calomnie devient vérité Source : France Inter Lien Cette affaire mêle accusation de meurtres et calomnie contre des figures politiques, notamment Dominique Baudis, ancien maire de Toulouse. Points clés : Origine : Patrice Alègre, un tueur en série, est impliqué dans plusieurs meurtres. Une enquête parallèle s’ouvre sur des soirées libertines impliquant des notables. Calomnies : Des témoins accusent Baudis, mais leurs déclarations se révèlent fausses. Les médias diffusent ces accusations avant vérification. Conséquences : Baudis est innocenté, mais sa réputation est ternie. L’affaire met en lumière le rôle néfaste de la médiatisation incontrôlée. Leçon : Le danger des accusations non vérifiées et de la manipulation médiatique. 4. Le procès de Louis XVI Source : France Culture Lien En 1793, Louis XVI est jugé par la Convention nationale pour trahison. Ce procès marque un tournant dans l’histoire de France. Points clés : Contexte : Accusé d’avoir conspiré contre la Révolution et d’entretenir des relations avec les puissances étrangères. Procès : Louis XVI est jugé sans véritable défense, dans un climat tendu. La majorité des députés votent sa condamnation. Conséquences : Il est exécuté le 21 janvier 1793. Le procès symbolise la rupture définitive avec l’Ancien Régime. Réflexion : Ce procès pose des questions sur la justice en période révolutionnaire et sur l’équilibre entre justice et vengeance. 5. Le pull-over rouge, trente ans après Source : Arte Radio Lien Ce podcast revient sur l’affaire Christian Ranucci, accusé en 1974 du meurtre de Marie-Dolorès Rambla. Condamné à mort et exécuté, son procès reste controversé. Points clés : Preuves : Le pull-over rouge, pièce maîtresse de l’accusation, est remis en question. Plusieurs éléments laissent penser que Ranucci pourrait avoir été innocent. Déroulement : Un procès expéditif, influencé par l’opinion publique. Conséquences : L’affaire relance le débat sur la peine de mort en France, abolie en 1981. Analyse : Les failles du procès soulignent l’importance de garanties pour éviter les erreurs irréversibles.