Acquisition du langage - Cours PDF par Vinciane Bos

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Ce document contient un cours sur l'acquisition du langage. Il aborde des sujets comme les bases biologiques du langage, les organes de la phonation et la perception des sons du langage.

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L1 SDL Vinciane Bos Acquisition du langage 18/09 Introduction De sa naissance à 6 ans un enfant passe de 0 mots à 14.000 mots. Il apprend plusieurs compétences complexes : comment produire les mots et les sons mais aussi comment les combiner entre eux, comment les dire et à qui, comment fabriq...

L1 SDL Vinciane Bos Acquisition du langage 18/09 Introduction De sa naissance à 6 ans un enfant passe de 0 mots à 14.000 mots. Il apprend plusieurs compétences complexes : comment produire les mots et les sons mais aussi comment les combiner entre eux, comment les dire et à qui, comment fabriquer des mots à partir de ceux qui sont déjà connues, former des phrases compréhensibles : Phonologie Lexique Morphologie Syntaxe Pragmatique Normalement un enfant passe par les mêmes étapes quel que soit son langage. 1) Qu’est-ce que c’est le langage ? LES BASES BIOLOGIQUES DU LANGAGE 1.1 Le cerveau Le cerveau est divisé en deux hémisphères qui sont liés à travers le cort calau ?? Chaque hémisphère contrôle les mouvements de l’hémicorps opposé Chaque hémisphère est divisé en lobes : - Lobe frontal - Lobe - Lobe - Lobe La zone du langage se situe généralement dans l'hémisphère cérébral dominant, qui est l'hémisphère gauche pour la majorité des individus, y compris la plupart des droitiers et une grande partie des gauchers. Cette région comprend principalement l'aire de Broca, localisée dans le lobe frontal, et l'aire de Wernicke, située dans le lobe temporal. Ces deux aires sont interconnectées par un faisceau de fibres nerveuses appelé le faisceau arqué. Les découvertes concernant ces zones du langage remontent au XIXᵉ siècle. En 1861, le neurologue français Paul Broca a identifié l'aire qui porte désormais son nom, en observant des patients présentant des troubles de la production du langage. Plus tard, en 1874, le neurologue allemand Carl Wernicke a décrit une autre région impliquée dans la compréhension du langage. Ces découvertes ont été fondamentales pour la compréhension de la localisation des fonctions linguistiques dans le cerveau. Le faisceau arqué est un ensemble de fibres nerveuses reliant l'aire de Broca et l'aire de Wernicke. Cette connexion est essentielle pour la coordination entre la compréhension et la production du langage. Une lésion du faisceau arqué peut entraîner une aphasie de conduction, caractérisée par des difficultés à répéter des mots ou des phrases, malgré une compréhension et une expression relativement préservée. Ainsi, des lésions dans ces zones spécifiques du cerveau entraînent des troubles du langage distincts. Par exemple, une lésion de l'aire de Broca peut provoquer une aphasie de Broca, où la personne comprend le langage mais éprouve des difficultés à parler de manière fluide. Une lésion de l'aire de Wernicke peut causer une aphasie de Wernicke, où la personne parle de manière fluide mais avec un discours souvent incohérent et a des difficultés de compréhension. 1.2 Les organes de la phonation Chacun de ces organes ont premièrement une fonctionne de survie avant qu’une fonctionne langagière - Poumons - Cordes vocales - Langue - Dents - Lèvres - Cavités nasales 1.3 La perception des sons du langage La perception des sons du langage est un processus complexe impliquant plusieurs étapes : - Réception auditive : L'oreille capte les ondes sonores et les convertit en signaux nerveux. - Traitement neuronal : Ces signaux sont transmis au cortex auditif, où ils sont analysés en termes de fréquence, d'intensité et de durée. - Identification phonétique : Le cerveau reconnaît les sons spécifiques de la langue, appelés phonèmes. - Intégration contextuelle : Les phonèmes sont assemblés pour former des mots et des phrases, leur donnant une signification en fonction du contexte. Ce processus fait appel à des représentations auditives, visuelles (comme le mouvement des lèvres) et articulatoires. Ainsi, la perception du langage est une faculté complexe qui repose sur l'interaction de multiples systèmes sensoriels et cognitifs. 1.4 Période critique ou sensible Quel que soit la langue maternelle tous les enfants maitrise la langue au même âge. L’apprentissage d’une deuxième langue est normalement avant l’âge de 10 ans. Ce qu’on observe est que les enfants avant 11 ans ont un apprentissage plus rapide que chez les adultes. Jusqu’à la mort les êtres humaines ont capacité d’apprentissage. Dans le développement du cerveau il y a deux phases - Phase de prolifération neuronale : Cette étape se caractérise par une production massive de neurones et de cellules gliales. Elle se déroule principalement pendant la période prénatale, où des millions de neurones sont générés chaque jour. Ces cellules migrent ensuite vers leur emplacement définitif dans le cerveau, établissant les bases du futur réseau neuronal. - Phase de sélectionne ou de spécialisation synaptique : formation abondante de synapses, les connexions entre neurones. Cette surproduction synaptique est suivie d'un processus d'élagage synaptique, où les connexions les moins utilisées sont éliminées, tandis que celles fréquemment sollicitées sont renforcées. Ce mécanisme est influencé par les expériences et l'environnement de l'individu. Le principe de plasticité célébrable c’est que le cerveau n’est pas figé : il conserve une capacité d'adaptation tout au long de la vie. 1. Modification des connexions neuronales : Le cerveau peut créer de nouvelles synapses (connexions entre neurones) en réponse aux expériences, aux apprentissages ou à des lésions. Il peut également renforcer ou affaiblir des connexions existantes selon leur usage. → Apprentissage d'une langue ou d'une compétence : e cerveau crée de nouveaux circuits neuronaux pour intégrer ces connaissances 2. Neurogenèse : Même à l'âge adulte, certaines régions du cerveau, comme l'hippocampe, peuvent générer de nouveaux neurones. 3. Réorganisation fonctionnelle : En cas de lésion ou de perte de fonction dans une zone, d'autres régions peuvent compenser en prenant partiellement en charge ses fonctions (plasticité compensatoire). ➔ Récupération après un AVC : La rééducation stimule les zones cérébrales intactes pour reprendre des fonctions perdues. ➔ Adaptation sensorielle : Chez les personnes malvoyantes, des zones du cerveau associées à la vision peuvent être réutilisées pour traiter les informations auditives ou tactiles. 25/09 2. Quelques définitions 2.1 Langage = la faculté qui permet à l’être humain de concevoir et d’accueillir des systèmes de communication appelés langues, lesquelles sont caractérisé notamment par la créativité et la dimension abstraite. C’est quelque chose qui caractérise les humaines, pour les animaux on a seulement un langage iconique. Dans le langage humain il y a nécessité d’apprentissage, alors que les animaux savent communiquer a priori. La communication humaine utilise des unités arbitraires : il n’y a pas de lien entre le mot que j’utilise et l’objet que j’appelle avec ce mot. Ces unités sont discrètes, c’est-à- dire qu’on peut les diviser : le phonème, graphème, morphème etc… Dans la communication humaine on a des dialogues et on peut mentir, chez les animaux on n’a pas ça. Les être humaines ont aussi la métacommunication : faire un discours sur les discours → utilise du code pour parler du code Autre caractéristique du langage humaine est la polysémie : un même mot peut avoir plusieurs significations 2.2 Langue : chaque langue, qu’elle soit orale, écrit ou signé, est la concrétisation d’une faculté du langage. Elle est constituée d’un code commun propre à une communauté donnée. La langue repose sur un ensemble de connaissance implicites : cet ensemble constitue la grammaire de la langue avec laquelle on peut construire un nombre infini de concepts. 2.3 Parole : c’est la concrétisation de la faculté du langage et de la connaissance d’une langue donnée. La parole c’est le résultat d’un comportement neuromusculaire volontaire qui permet la production des sons du langage, ce qui implique que si je n’ai pas de connaissance de la langue je ne peux pas produire des paroles. 2.4 Compréhension : c’est la concrétisation d’une partie des connaissances que l’individue a de sa langue, pour décoder le message que j’entends. C’est une capacité individuelle d’attribuer une signification aux éléments du langage. 2.5 Audition : c’est un processus complexe qui implique des mécanismes cérébraux spécialisés. Le système auditif humain est conçu pour détecter, transmettre et interpréter les sons de l'environnement. Le bébé naît avec des capacités auditives déjà en place. Le développement du système auditif commence dès la vie fœtale, autour de la 10ᵉ semaine de grossesse, et se poursuit après la naissance. Cette aptitude précoce à percevoir et différencier les sons constitue la base de l'acquisition du langage. 3. Composantes du langage oral D’une langue à l’autre l’organisation et l’importance de ces composantes peut varier. L’enfant qui apprend le langage apprends en même temps des éléments de plusieurs composantes 3.1 La phonétique C’est l’ensemble des sons qui peuvent être articulés dans une langue. Voyelles : phonèmes sans obstacles. Elles sont classées par le mode d’articulation et le lieu d’articulation (occlusive bilabial, fricative etc…) 3.2 La phonologie La phonologie étudie l’organisation des sons dans la parole. Deux types de phonologie : Phonologie suprasegmentale = Également appelée prosodie, elle étudie les traits qui s'étendent au-delà des phonèmes individuels, tels que l'intonation, l'accentuation et le rythme. Phonologie segmentale = Elle se concentre sur les phonèmes, c'est-à-dire les plus petites unités sonores distinctives d'une langue. Cette discipline analyse les règles qui régissent la combinaison de ces phonèmes pour former des mots. Par exemple, en français, les phonèmes /p/ et /b/ permettent de distinguer les mots "pas" et "bas". Le phonème est l'unité de base de la phonologie segmentale. Il s'agit de la plus petite unité sonore distinctive qui permet de différencier des mots dans une langue donnée. Par exemple, les mots "fou" et "vou" se distinguent uniquement par le phonème initial /f/ et /v/, respectivement → Paires minimales : couples de mots qui se distinguent par un seul phonème. Dans les deux cases on utilise l'Alphabet Phonétique International (API) pour transcrire les sons de manière précise et standardisée. L'API permet de représenter chaque phonème par un symbole unique, facilitant ainsi l'analyse et la comparaison des sons à travers différentes langues. Représentation phonologique : représentation mentale de la suite de phonèmes qui constituent un mot. L’unité intermédiaire entre le mot et le phénomène c’est la syllabe. La connaissance des syllabes est quelque chose d’intuitif. 3.3 Le lexique L’ensemble structuré des modules de langue, une liste de mots organisé en réseaux selon des liens sémantiques, syntaxiques, morphologique et phonologiques. Le lexique mental de l’individue c’est l’ensemble des connaissances d’un individue comprenant : Les mots compris Les mots produits Les informations orthographiques (forme écrite des mots) Les informations phonologiques (sons des mots) Les informations morphologiques (structure interne des mots) Les informations syntaxiques (rôles grammaticaux des mots) Les informations sémantiques (significations des mots) L'organisation du lexique mental en réseaux facilite l'accès aux mots et à leurs associations, permettant une communication fluide et efficace. C’est normal que notre vocabulaire passif c’est plus riche que notre vocabulaire actif. Le vocabulaire passif comprend les mots que nous comprenons lorsque nous les lisons ou les entendons, tandis que le vocabulaire actif englobe les mots que nous utilisons régulièrement dans notre expression orale ou écrite. Le sens peut être véhiculé par le mot ou par un ensemble de mots, ça veut dire que les unités de sens peuvent dépasser les unités lexicales simples. Par exemple, des expressions idiomatiques ou des locutions figées, composées de plusieurs mots, transmettent un sens spécifique qui ne peut être déduit de la simple addition des significations de chaque mot pris isolément. Champs lexicaux : ensemble des mots qui appartiennent à un même thème ou domaine. Ces mots peuvent appartenir à différentes catégories grammaticales (noms, verbes, adjectifs, etc.) et sont liés par une sémantique commune. Par exemple, le champ lexical de la mer inclut des termes tels que "océan", "vague", "bateau", "nager", "marin", etc. Champs sémantiques : mots qui appartiennent aux mêmes catégories grammaticales et qui partagent les mêmes propriétés, des traits sémantiques communs, c'est-à-dire des sens similaires. Exemple : Le champ sémantique du verbe "courir" pourrait inclure des verbes comme sprinter, galoper, trotter, etc. Tous ces verbes expriment une idée de déplacement rapide. En résumé: Champ lexical: Plus large, regroupe des mots autour d'un thème. Champ sémantique: Plus précis, regroupe des mots ayant des sens proches. 02/10 La morphologie La morphologie étudie la structure interne des mots, leur formation et leurs variations. Elle s'intéresse aux morphèmes (les unités minimales de sens) qui composent les mots. C’est une connaissance intuitive. Il y a un ensemble de règles de formation des mots, mais la morphologie n’est pas seulement ça, mais aussi la variation et la formation des mots. Il y a un lien étroit entre la morphologie et la syntaxe. La morphologie étudie la forme des mots, tandis que la syntaxe s'intéresse à la façon dont les mots se combinent pour former des phrases. Il y a différentes structures morphologiques : Simples (ne peuvent pas être décomposés en éléments plus petits : mots de base, racines lexicales…) Complexes (combinaison de plusieurs morphèmes : composés, dérivés, fléchis.) On a aussi différents types de morphèmes Libres (qui ne peuvent pas être décomposés) Liés → Affixes, désinences Les préfixes (avant la racine) et les suffixes (après la racine) ce sont ce qu’on appelle les affixes. Il existe : - Des morphèmes dérivationnels = qui transforment un autre mot quand ils lui sont accolé, ils peuvent changer le son mais aussi la catégorie grammatical), ils ne sont pas entièrement productifs, par exemple : si je prends le préfixe trans- il est productive parce qu’il me permet de créer des nouveaux mots, mais il ne put pas s’appliquer à tous les mots ; les morphèmes dérivationnels forment des mots indépendants, des nouveaux mots. - Des morphèmes flexionnels (ou grammaticaux) = ils ajoutent aux mots les accords et les temps verbaux. Ils ne changent ni le sens ni la catégorie grammaticale du mot. Ils sont entièrement productifs ; au niveau verbal ils s’organisent en paradigmes, l’ensemble des formes conjuguées d’un verbe. Sémantique La sémantique lexicale est le champ de la linguistique qui étudie le sens et l’aspect de la signification véhiculé par le mot, c’est en lien avec ce qu’on appelle « les concepts » → les mots renvoient à des concepts. Un concept est une représentation mentale abstraite d'une catégorie d'objets, d'événements ou d'idées. Ces concepts peuvent être : Concrets : Ils correspondent à des entités tangibles du monde réel (ex : chaise, arbre, pomme). Abstraits : Ils désignent des notions plus complexes et moins tangibles (ex : amour, justice, liberté). Simples : Ils sont faciles à définir et à isoler (ex : rouge, grand). Complexes : Ils regroupent plusieurs caractéristiques et peuvent être difficiles à délimiter (ex : bonheur, intelligence). La maîtrise de la sémantique lexical c’est l’acces à ….qui est reflété dans une langue donnée…….il peuvent en avoir une ou plusieurs, elles peuvent êtres concrètes ou abstraites, simples ou complexes…. Le lexique est organisé selon des liens sémantiques de continuité ou d’appartenance : les mots ne sont pas isolés dans le lexique, mais sont liés entre eux par des relations sémantiques. Parmi les plus importantes, on trouve : L'hyperonymie et l’hyponymie : o Un hyperonyme est un terme plus général qui englobe un terme plus spécifique (hyponyme). o Exemple : "Fleur" est un hyperonyme de "rose", "tulipe" et "marguerite". La synonymie : deux mots sont synonymes s'ils ont le même sens ou presque. L’homonymie : deux mots ou plus qui ont la même forme (graphique ou sonore) mais des significations différentes. Syntaxe Elle concerne les règles des mots dans la phrase, l’organisation des mots entre eux…le bébé…distinguer…les règles syntaxiques ont un caractère qu’on appelle récursive, c’est-à- dire qu’on peut les appliquer à l’infini et ainsi comprendre et formuler un nombre infini de phrases inédites. On a des éléments de base dans la phrase : group nominale = ensemble des mots dont le noyau est un nom, et group verbale. A partir de ces deux éléments de base la structure de la phrase peut se complexifier à l’infini. A mesure que l’enfant allonge ses phrases il peut complexifier le group verbal (ajout de compléments circonstanciels, modificateurs…) ou le groupe nominale (ajout de déterminants, adjectifs qualificatifs, compléments du nom). On peut ajouter aussi d’autres prépositions subordonnées et coordonnées. 2) La période pré-linguistique Ici le bebe va acquérir les bases qui vont être nécessaires pour communiquer avec son entourage. L’être humain est un être social pour lequel la communication est indispensable. Les bébés ont des comportements de communication avant de produire et interpréter du langage. De la naissance, des premiers ans de vie, le bebe va communiquer avec sa mère ou toute personne de façon non verbale. Les premiers échanges se caractérisent par des regards intenses, des mouvements de la tête ou des mains, et des variations de la tonicité du corps. Ces interactions précoces jouent un rôle crucial dans le développement du lien d'attachement et la construction des bases de la communication future. Le dialogue tonico-prosodico-minimo-émotionel est une forme de communication préverbale essentielle entre le bébé et l'adulte. Le bebe a besoin d’informations cohérents et c’est à partir de ça que le bebe peut percevoir et partager les états émotionnels de l'adulte, facilitant ainsi le développement de ses propres compétences émotionnelles et sociales. Nous adultes exprimons nos émotions par le langage verbale mais pas seulement, il y a des composantes physiques aussi. Le bebe est particulièrement sensible aux variations toniques et aux mouvements du corps de l’adulte. Quand tous les signaux vont dans la même direction le bébé peut facilement décoder l'émotion transmise. En revanche, quand les éléments apparaissent de façon mélangée le bebe a du mal à décoder l’émotion à laquelle il doit être sensible. Le bébé s'accorde naturellement avec la personne qui s'occupe de lui, absorbant et reflétant les émotions perçues. Ce processus bidirectionnel, où l'adulte et l'enfant partagent et modulent mutuellement leurs états émotionnels, est fondamental pour le développement affectif et relationnel de l'enfant. Perception de la voix humaine 1.1 Perception intra-utérine Décélération du rythme cardiaque du fœtus à la voix de leur mère, qu’ils entendent de deux manières : de l’intérieur (ce qu’on appelle transmission osseuse) et par l’extérieur (transmission aérienne). Des premiers jours de vie le bebe manifeste une préférence pour la prosodique (musicalité, accent, rythme…) de sa langue maternelle, il a eu deux études : ils ont demandé aux mères de parler une autre langue que la leur et les bébés pleuraient, les fœtus ont donc une perception globale de la langue (dès la fin de la grossesse ??) et elle est basée sur des caractéristiques prosodiques. 1.2 Prosodie de la langue maternelle Rôle dans l'acquisition du langage → - Attirance et attention : La prosodie capte l'attention des bébés et facilite l'interaction avec l'adulte. - Segmentation : Les variations prosodiques aident les nourrissons à diviser le flux de parole en unités significatives (mots ou phrases). - Sens émotionnel : La prosodie transmet des informations émotionnelles, permettant au bébé de comprendre les intentions communicatives avant même de saisir le sens des mots. Exemples d'expériences : Les bébés de quelques jours peuvent distinguer des langues à prosodies différentes (comme le français et le japonais). Ils réagissent davantage à des voix chargées d'intonations mélodiques (comme dans le "parler bébé"). Cette sensibilité à la prosodie joue donc un rôle fondateur dans le développement de la compréhension et de la production langagière. 1.3 La langue adressée à l’enfant (LAE) Le langage adressé à l'enfant (LAE), également appelé "parler bébé" ou "motherese", est une forme de communication adoptée instinctivement par les adultes lorsqu'ils interagissent avec de jeunes enfants. Le LAE se caractérise par des modifications prosodiques et linguistiques spécifiques, notamment : Une intonation plus aiguë : Les adultes utilisent une voix plus haute lorsqu'ils parlent aux bébés. Des variations mélodiques exagérées : Le discours est ponctué de modulations intonatives plus prononcées. Un rythme plus lent : Les énoncés sont articulés plus lentement, avec des pauses fréquentes. Des phrases courtes et simples : Le vocabulaire est simplifié et la syntaxe est moins complexe. Ces caractéristiques rendent le LAE particulièrement attrayant pour les nourrissons, captant leur attention et facilitant leur apprentissage linguistique. Les variations prosodiques du LAE aident les bébés à discerner les structures syntaxiques et à associer des significations aux mots. Il est intéressant de noter que le LAE n'est pas universellement utilisé de la même manière dans toutes les cultures, mais ses caractéristiques prosodiques semblent avoir des effets bénéfiques similaires sur le développement du langage chez les enfants. 09/10 3) La perception des sons du langage 3.1 Caractéristiques et progression de la perception des sons Dès les premiers mois, les bébés sont capables de distinguer des sons proches, comme les syllabes "ba" et "pa". Des études ont montré que lorsqu'un bébé entend de manière répétée la syllabe "ba", son intérêt diminue progressivement, indiquant une habituation. Cependant, lorsqu'une nouvelle syllabe, telle que "pa", est introduite, une augmentation de l'activité est observée, suggérant que le bébé perçoit la différence entre les deux sons. Autres études démontrent que les bébés naissent avec la capacité de distinguer les sons de toutes les langues du monde. Cependant, entre 6 et 12 mois, cette aptitude universelle diminue progressivement à mesure qu'ils se spécialisent dans les sons de leur langue maternelle. 3.2 Début de la reconnaissance des mots Le bebe commence à reconnaitre son prénom comme un signal : quand on s’adresse à lui on utilise ce prénom donc il comprend que quand on le prononce après il se passe quelque chose avec lui, il y a une forme d’anticipation grâce à ces expériences répétées, et il commence aussi à distinguer les différents moments liés au fait de l’appeler. Après il commence à distinguer les autres mots grâce aux gestes associés aux mots. Entre 8 et 12 mois le bebe a encore beaucoup besoin de l’intonation pour comprendre le contexte. 3.3 Début de la segmentation de la phrase Dès 6 mois, les bébés commencent à porter attention à la structure des phrases et à segmenter les éléments du langage. Cette capacité repose sur leur sensibilité à la prosodie et aux indices rythmiques présents dans la parole. À 6 mois, les nourrissons peuvent repérer certaines pauses naturelles et groupes de sons récurrents, ce qui les aide à découper une phrase en unités plus petites (mots ou groupes de mots). Vers 7-8 mois, ils reconnaissent déjà certains mots fréquents et commencent à associer ces mots à des objets ou des actions. Entre 8 et 12 mois, ils utilisent de plus en plus la prosodie et les indices statistiques (fréquence et position des sons) pour affiner la segmentation. Le LAE joue un rôle essentiel dans cette étape de segmentation, grâce à la prosodie exagérée, les pauses fréquentes et la simplification syntaxique. Vers 12-18 mois, la segmentation devient plus fine grâce à une meilleure maîtrise des schémas syntaxiques et à l’élargissement du vocabulaire. Les bébés commencent alors à reconnaître des phrases plus longues et plus complexes. 4) LA PRODUCTION DES SONS Le bebe entre 0 et 1 an il passe de la production de sons à la production des premiers noms. 4.1 Les sons pré-linguistiques Entre naissance et 2 mois les sons ne sont pas intentionnels, ils sont liés à situations tel que la peur, la faim etc…mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas donner un sens à ces sons. Entre 1 et 3 mois on a l’apparition des premiers sons, distingués entre confort ou inconfort, il différencie ses pleurs etc… 4.2 Stade de vocalisation Il combine les voyelles avec des sons et il imite les sons qu’il entend. C’est le premier comportement volontaire de la production de sons. Il commence aussi à réagir aux voix et aux sons environnants : le bébé est très attentif aux stimuli sonores, il tourne la tête vers la source du son et peut même sourire ou gazouiller en réponse. Après il commence à s’apercevoir que ses productions ont un effet sur son entourage : il réalise que ses vocalises suscitent des réactions chez les adultes et cela le motive à continuer. Entre 4 et 7 mois on a une production de sons de plus en plus variés et complexes qui laissent entrevoir l’arrivée du babillage. A la fin du sixième mois le bebe développe une meilleure maîtrise de son appareil vocal. Cette autorégulation lui permet de produire des sons plus variés et plus précis et de produire d’avantage des sons et contrôler la durée et l’intensité de ses vocalises : le bébé apprend à moduler sa voix en fonction de ses émotions et de ses intentions. 4.3 Stade du babillage C’est une suite de sons et de syllabes produit par le bebe entre 6 et 12-18 mois, les caractéristiques sont que les syllabes sont souvent répétitives : le bébé produit des séquences de syllabes identiques (ba-ba-ba, ma-ma-ma), ce qui lui permet de s'exercer à la production de sons. Elles sont aussi variées : même si les répétitions sont fréquentes, le bébé explore également différentes combinaisons de sons. Entre autres ce qui permet au bebe d’accéder à cette étape c’est : la maturation de son système nerveux : le développement du cerveau permet au bébé de coordonner les mouvements nécessaires à la production de sons complexes. la croissance de ses organes de la parole : morphologiquement, le bébé naît avec un larynx beaucoup plus petite et avec la croissance et le développement de la face, la cavité buccale s'agrandit, permettant une plus grande variété de sons. Le babillage est universel, il a lieu dans toutes les cultures. Ce n'est pas parce qu'un bébé babille qu'il va forcément parler la même langue que ses parents. Il y a des stades : - Babillage canonique rédupliqué qui a lieu entre 6 et 9/10 mois : les sons sont en lien avec la langue familiale et le bébé commence à imiter les intonations. Souvent, le babillage a lieu de manière décalée : si un enfant est exposé à la langue des signes, on observe du babillage signé avec des jeux de doigts. - Babillage varié ou non rédupliqué : les syllabes sont variées et surtout avec des contours intonatifs proches des phrases. Le bébé module sa voix et explore la musicalité de sa langue. Les premiers mots apparaissent vers la fin de cette phase. Il va déjà utiliser ces sons à des fins de communication et la fréquence de ses gestes augmente entre 6 et 12 mois. Il y a une corrélation entre le nombre des gestes et la fréquence d'utilisation de ces gestes et l'apparition des premiers mots. Le langage n'émerge pas de rien, il émerge de l'interaction sociale. L'enfant va exercer la fonction symbolique, il va faire des correspondances audio-motrices, il va associer un son à un objet ou une action. Sa production vocale et gestuelle va différer d'un enfant à l'autre et il va progressivement s'adapter à la langue de son environnement. Il y a une transition vers le langage qui se fait de manière progressive et individuelle. 3.4 Fonction du babillage Les proto-mots sont des sons ou des syllabes que le bébé utilise de manière cohérente pour désigner un objet, une personne ou une action. Le bebe peut aussi combiner un proto-mot avec du babillage. Des études ont montré qu’y a une corrélation entre l’inventaire des consonnes que le bebe utilise à 12 mois et le développement logique et lexicale à 3 ans. Plus le babillage est riche, plus le répertoire des mots sera riche. Une hypothèse qu’un bebe auquel on parle beaucoup et bien va posséder un babillage qui va se complexifier et se développer. Il est fondamental pour le développement de langage d’un enfant qu’il soit stimulé de l’âge d’un an. Activités qui aident à augmenter la prosodie avec les enfants : - Les chansons et les comptines : excellent moyen de familiariser l'enfant avec les rythmes et les mélodies de la langue. - Les jeux de voix : varier l’intonation en fonction des émotions (joie, tristesse, colère) et encourager l’enfant à imiter. - Les histoires : lire régulièrement des histoires à votre enfant en modulant votre voix pour donner vie aux personnages et aux événements. - Les jeux de rôle : incarner différents personnages avec des voix et des intonations différentes. - Les jeux de sons : inventer des jeux de sons avec des onomatopées, des rimes et des allitérations. 5) L’ACQUISITION DU LEXIQUE PRECOCE Ce qu’on sait est que l’acquisition lexicale n’est pas linéaire, ça dépende des périodes. Dans ce stade l’enfant produit ses premiers 50 mots, surtout avec l’adulte qui apprend à l’enfant (successivement l’enfant va les apprendre seul de manière implicite.) Dans cette période (11- 18 mois) il a une prépondérance de la compréhension sur l’expression : l’enfant comprend plus qu’il parle. 1. La reconnaissance des mots Entre 5-6 mois le bebe commence à distinguer des mots fréquente si associées aux gestes. Entre 6-8 mois le bebe commence à segmenter et repérer des petits mots-fonction et attribuer un sens approximatif selon contexte et situation. A 9 mois il va comprendre les mots aussi en dors du contexte situationnel. On estime qu’a 12 mois en moyenne les bébés comprennent 110 mots. Comment se passe l’isolation des différents mots ? 1.1 Fréquence et répétition Fréquence et répétition des mots dans les contextes linguistiques. Ce que fait l’enfant est un travail statistique : plus un mot est répété souvent et dans des contextes différents, plus il sera amené à le comprendre. 1.2 Les indices phonologiques - Indices prosodiques : il apprend la prosodique de la mère et se sert de la musicalité de la langue pour identifier le début et la fin des mots dans les phrases. - Indices phonotactiques : les séquences de sons qui sont permis dans une langue donnée vont être utilisés par le bebe. Des études ont démontré qu’ils préfèrent écouter des séquences de mot qui respectes les contraintes phonotactiques de leur langue. 1.3 Perception des mots au stade du lexique précoce L’enfant utilise les caractéristiques prosodiques et il a une approche holistique : il perçoit les mots comme un tout, le mot n’est pas le résultat de l’enchaînement des sons mais il a une impression générale, donc approximative, parce qu’il ne distingue pas les différents phonèmes. La distinction des mots se fait donc graduellement et c’est pour ça qu’il y a un lien important entre l’apprentissage des mots et sa capacité de les distinguer. 2. Aspects quantitatifs de l’acquisition du lexique précoce 2.1 la compréhension On estime que la compréhension d’un mot précède de 5 mois sa production. Un retard dans la compréhension des mots est un indice d’un retard plus général dans le développement du langage, même si le nombre de mots produits est dans la moyenne. 2.2 Les gestes référentiels Les gestes référentiels sont des mouvements des mains ou du corps que l'enfant utilise pour attirer l'attention d'un adulte sur un objet, une personne ou une action. Ils jouent un rôle crucial dans le développement du langage, car ils permettent à l'enfant de communiquer ses besoins et ses désirs avant même de maîtriser les mots. De nombreuses études ont montré que les gestes référentiels sont étroitement liés au développement du langage : Prédicteur du développement lexical : Les enfants qui utilisent fréquemment des gestes référentiels ont tendance à acquérir un vocabulaire plus riche plus tôt. Complément à la parole : Les gestes peuvent compléter la parole en fournissant des informations supplémentaires sur ce que l'enfant veut exprimer. Support à la compréhension : Les gestes peuvent aider l'enfant à comprendre les messages des adultes. Il existe différents types de gestes référentiels : - Le pointage : C'est le geste le plus courant. L'enfant tend le doigt vers un objet pour attirer l'attention de l'adulte. - Les gestes déictiques : Ce sont des gestes qui servent à désigner quelque chose dans l'espace (par exemple, montrer "là-bas"). - Les gestes emblématiques : Ces gestes représentent une action ou un objet (par exemple, faire le geste de boire pour demander un biberon). - Les gestes pantomimiques : Ces gestes imitent une action (par exemple, faire semblant de manger). 2.3 La production La moyenne est entre 12 et 13 mois. On a une augmentation lente pour passer de 1 à 50 mots produits. Les études sur un grand nombre d’enfants (transversales et longitudinales) disent que quelle que soit la langue, la vitesse est la même. Il y a des petites variations en terme individuel mais elles ne sont pas indices de quelque chose. Les filles sont un peu plus rapides et il y a deux motivations possibles : - Hypothèse hormonale : les filles ont plus d’estrogènes qui aident à ça - Hypothèse sociale : on a tendance à parler plus aux filles qu’aux garçons 23/10 3. La prononciation du lexique précoce Il faut coordonner 70 muscles dont 17 seulement pour la langue. Tout ça a besoin d’une maturation physiologique et cognitive. A 12 mois le bebe n’est pas suffisamment mature pour maitriser l’articulation, donc les premiers mots sont sur la base des sons du babillage, avec les mots proposés par les parents qui sont sélectionnés en fonction des sons maitrisés par l’enfant. C’est un vocabulaire restreint avec des mots souvent composé que de deux syllabes. Le fait que l’adulte répète souvent un mot augmente sa capacité de compréhension et reconnaissance du mot, et surtout il tente de la reproduire et il est capable de reconnaitre s’il le dit bien par rapport à comment l’adulte le dit. 3.1 Les sons utilisés Les consonnes privilégiées dans les premiers mots sont généralement celles qui nécessitent le moins d'effort articulatoire. On retrouve souvent : Les occlusives bilabiales p/b et t/d : ces sons sont produits en obstruant complètement le passage de l'air à l'aide des lèvres (p/b) ou de la langue contre les alvéoles (t/d). Elles sont relativement simples à produire pour le bébé. Les voyelles ouvertes : les voyelles [a], [ɑ] et [ɔ] sont également fréquentes car elles nécessitent une position de la langue plus détendue. Pourquoi certaines consonnes sont-elles moins présentes dans les premiers mots ? Difficulté articulatoire : des sons comme [s], [ʃ], [ʒ], ou les consonnes nasales [m], [n], [ɲ] nécessitent une coordination plus fine des organes de la parole et sont donc plus difficiles à maîtriser pour les jeunes enfants. Fréquence dans la langue maternelle : les sons les plus fréquents dans la langue maternelle ont tendance à être acquis en premier. Si un son est peu présent dans l'environnement linguistique de l'enfant, il mettra plus de temps à apparaître dans son langage. L'acquisition des phonèmes du français se fait donc de manière progressive, en fonction de la difficulté articulatoire de chaque son et de l'exposition de l'enfant à ces sons. 3.2 La forme des premiers mots Représentation anticipée du mouvement articulatoire. Volonté de produire qu’il n’y a pas dans le babillage. L’enfant varie ses productions pour le même mot, il n’a pas encore fixé la représentation phonatoire du mot. 4. Contenu du lexique précoce Il s’agit surtout des personnes et des objets qui l’entourent, mots concrètes lié aux événements présents ou habituels dans le temps et l’espace (« ici et maintenant »). 50% du vocabulaire est noms d’objets et 50% est noms de personnes, des fonctions corporelles et de cris d’animaux. Quel que soit la langue, le contenu du lexique précoce est assez similaire. 5. Sens des premiers mots La sémantique se développe graduellement, la signification d’un mot donné par l’enfant peut n’être pas exactement celle donné par les parents (par ex. voiture pour lui peut vouloir dire seulement celle de ses parents au lieu que toutes, même discours avec le mot maison etc…). Dans peu de temps ce phénomène est remplacé par la surextension, il commence à appliquer les mots à plusieurs choses, mais il commet des erreurs (ex. pigeon pour tous les oiseaux, bal pour tout ce qui est rond). 6) L’acquisition de la phonologie Elle permet à l’enfant d’évoluer du point de vue de la perception, prononciation et représentation mentale des mots. Il fait des simplifications qui sont des erreurs appelés « processus de simplification phonologiques » qui sont systématiques et peuvent être expliqués. 1. L’avènement de la composante phonologique Le bebe doit arriver à connaitre l’ensemble des phonèmes de la langue mais aussi leur distribution et comment ils interagissent entre eux. Processus d’assourdissement et de sonorisation. 1.1 Passage de la phonétique à la phonologie Pour distinguer les mots l’enfant a besoin d’infos plus précises au niveau phonologique en lien avec les contrastes entre les mots et les phonèmes. Le bebe apprend peu à peu que c’est le phonème l’unité de base des mots. Il y a un décalage entre la représentation phonologique et ces capacités articulatoires, d’où processus de simplification phonologiques qui servent à adapter les mots à ses capacités. 1.2 Les deux grands volets du développement phonologique A 18 mois l’enfant sors du stade du lexique précoce, il y a « l’explosion du langage ». Cette augmentation est en lien avec le développement phonologique, l’enfant distingue mieux les différents phonèmes et la mémoire phonologique augmente rapidement, la représentation phonologique est plus précise. Le développement phonologique peut être divisé en deux grands volets : 1. Evolution de la représentation phonologique La représentation phonologique est la capacité à coder mentalement les sons de la langue. Elle évolue considérablement durant la petite enfance. Il y a plusieurs stades entre la représentation holistique et celle réelle : - Considération de la syllabe comme unité de base des mots : au début, l'enfant perçoit les mots comme des ensembles de syllabes plutôt que comme des séquences de phonèmes individuels. - Segmentation des mots en syllabes : l'enfant apprend progressivement à segmenter les mots en syllabes, ce qui lui permet de mieux analyser leur structure interne. - Segmentation des syllabes en phonèmes : c'est l'étape la plus complexe. L'enfant parvient à isoler les sons individuels qui composent les mots, mais il a une incapacité à manipuler ces sons de manière flexible (par exemple, pour produire des rimes). 2. Evolution de la maturation neurophysiologique Le développement phonologique est étroitement lié à la maturation du système nerveux central. Plusieurs processus neurophysiologiques sont impliqués : - Myélinisation des fibres nerveuses : la myélinisation permet une transmission plus rapide et plus efficace des signaux nerveux, ce qui améliore la coordination des mouvements nécessaires à l'articulation. - Spécialisation des aires cérébrales impliquées dans le langage : les aires de Broca et de Wernicke, impliquées respectivement dans la production et la compréhension du langage, se développent rapidement pendant la petite enfance. - Affinement des connexions neuronales : les connexions entre les différentes aires cérébrales impliquées dans le langage se renforcent et se spécialisent. Pourquoi l'enfant peut-il produire un son isolé mais pas dans un mot ? Cela s'explique par la complexité de la production de la parole. La production d'un son isolé ne nécessite qu'une coordination limitée des organes de la parole, tandis que la production d'un mot implique une séquence précise et coordonnée de mouvements. L'enfant a besoin de temps pour affiner son articulation et coordonner les différents muscles impliqués dans la production de la parole. 2. Le déroulement de l’acquisition de la phonologie Il y a des erreurs caractéristiques, plus l’enfant est jeune plus la production sera déformée. On considère que l’acquisition de la phonologie est terminée quand l’enfant ne fait pas plus recours aux processus de simplification phonologique. 2.1 Acquisition des voyelles et différenciation progressive On estime que le système vocalique est maitrisé vers 2 ans et que les voyelles sont plus faciles à apprendre que les consonnes parce qu’elles sont assez visibles (bouche ouverte) et au niveau de la perception on les entend plus souvent et elles ont une durée plus longue. Au début il y a une non-distinction des voyelles les plus proches l'une de l'autre sur le plan articulatoire. Par exemple, ils peuvent confondre les voyelles [e] et [ɛ] ou [o] et [ɔ]. Cette non-distinction est tout à fait normale et s'explique par le fait que le système auditif de l'enfant est encore en développement. L'acquisition des voyelles se fait de manière progressive et individuelle. Cependant, on peut observer quelques tendances générales : Premières voyelles acquises : les voyelles les plus ouvertes et les plus centrales sont généralement acquises en premier (par exemple, [a], [ɑ]). Acquisition des voyelles fermées : les voyelles fermées (par exemple, [i], [u]) sont acquises plus tardivement, car elles nécessitent une position plus précise de la langue. Acquisition des voyelles nasales : les voyelles nasales (par exemple, [ɑ̃], [ɔ̃]) sont souvent acquises en dernier, car elles sont plus complexes à produire. 2.3 Acquisition des consonnes et processus de simplification phonologiques L'acquisition des consonnes est un processus plus complexe que celle des voyelles, car elle implique une coordination plus fine des organes de la parole. Les enfants utilisent souvent des stratégies pour simplifier la production des consonnes, ce que l'on appelle les processus phonologiques. Pourquoi l'acquisition des consonnes est-elle plus complexe ? Coordination articulatoire : la production des consonnes nécessite une coordination précise des lèvres, de la langue, du palais et du pharynx. Nombre de consonnes : il existe un plus grand nombre de consonnes que de voyelles dans la plupart des langues. Position de la consonne dans le mot :la difficulté de production d'une consonne peut varier selon sa position dans le mot (début, milieu ou fin). L'ordre d'acquisition des consonnes L'ordre d'acquisition des consonnes varie d'un enfant à l'autre, mais certaines tendances générales peuvent être observées : Consonnes les plus faciles : Les consonnes occlusives bilabiales (p, b) et alvéolaires (t, d) sont généralement acquises en premier, car elles nécessitent une coordination articulatoire relativement simple. Consonnes les plus difficiles : Les consonnes fricatives (s, z, f, v) et les consonnes liquides (l, r) sont généralement acquises plus tardivement, car elles nécessitent une précision articulatoire plus grande. Facteurs influençant l'acquisition des consonnes : La fréquence du son dans la langue : Les sons les plus fréquents dans la langue maternelle sont généralement acquis en premier. La position du son dans le mot : Les sons en position initiale de mot sont souvent acquis avant les sons en position médiane ou finale. Les caractéristiques individuelles de l’enfant : Les différences individuelles en termes de développement moteur et cognitif peuvent influencer l'ordre d'acquisition des consonnes. Les processus phonologiques : des stratégies de simplification Les processus phonologiques sont des modifications systématiques que l'enfant apporte à la structure phonologique des mots pour les rendre plus faciles à produire. Voici quelques exemples courants : - Substitution: L'enfant remplace un son difficile par un son plus facile. Par exemple, il peut dire "tata" au lieu de "château". - Simplification: L'enfant simplifie la structure d'une syllabe en supprimant un son. Par exemple, il peut dire "bou" au lieu de "boule". - Assimilation: Un son influence un autre son voisin en devenant plus semblable. Par exemple, "chat" peut devenir "tat". - Epenthèse: L'enfant ajoute un son à l'intérieur d'un mot pour faciliter la prononciation. Par exemple, "pâté" peut devenir "papâte". Ces processus phonologiques sont normaux et font partie du développement du langage. Ils permettent à l'enfant de s'adapter aux difficultés articulatoires qu'il rencontre. La résistance à la correction Il est fréquent que les enfants résistent aux corrections phonologiques. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène : Automatisation: Les schémas phonologiques mis en place par l'enfant deviennent automatiques et difficiles à modifier. Confiance en soi: L'enfant peut être fier de ses productions, même si elles sont erronées. Fonction de communication: L'objectif principal de l'enfant est de communiquer, et il peut considérer que sa prononciation est suffisante pour se faire comprendre. Comment réagir face à cette résistance ? Être patient: L'acquisition du langage est un processus graduel. Modeler la bonne prononciation: Reproduire le mot correct de manière naturelle, sans insister sur l'erreur. Utiliser des jeux de langage: Les jeux de rimes, de comptines et de chansons peuvent aider l'enfant à prendre conscience des sons de la langue. Consulter un orthophoniste: Si les difficultés persistent, un orthophoniste pourra proposer des exercices adaptés. Autres aspects du développement phonologique : Conscience phonologique: C'est la capacité à manipuler les sons de la langue de manière consciente (segmentation, rimes, etc.). Elle joue un rôle crucial dans l'apprentissage de la lecture. Troubles phonologiques: Certains enfants peuvent présenter des difficultés persistantes dans l'acquisition des sons de la langue, nécessitant une prise en charge spécifique. Bilinguisme: L'acquisition phonologique chez les enfants bilingues présente des spécificités intéressantes, avec des transferts et des interférences entre les deux langues. 6/11 L’acquisition du lexique L’enfant apprend régulièrement des nouveaux mots et évaluer les propriétés morphologiques et syntactiques de ces mots. Le lexique est aussi la nature des liens qui existent entre les mots, ce qui est un processus à part entière et difficile pour l’enfant. On distingue des différentes périodes : Lexique précoce (50 premiers mots) Explosion lexicale (1 an et demi jusqu’à 2 et demi/3 ans) Age préscolaire Age scolaire Le lexique mental est l’ensemble des mots compris et produits organisé en réseaux selon des liens de différente nature : sémantique, phonologique, morphologique, syntaxique. Un mot est d’abord un symbole qui se réfère à une entité, une action, un concept. Le mot remplace et représente ce à quoi elle réfère. Le lien qui existe entre la suite de sons qui forment les mots et la signification est arbitraire (lien signifiant-signifié). L’épreuve est qu’entre les langues ce rapport change. 13/11 *absence* 20/11 2.La période préscolaire La période préscolaire, qui s'étend généralement de 3 à 6 ans, est une période cruciale dans le développement de l'enfant. C'est à cet âge que l'enfant acquiert de nombreuses compétences fondamentales qui lui serviront tout au long de sa vie. Durant la période pré-scolaire, l'enfant : Acquiert un vocabulaire de plus en plus riche: Il apprend de nouveaux mots chaque jour, grâce aux interactions avec son environnement et aux adultes qui l'entourent. Développe des phrases de plus en plus complexes: Il passe des phrases simples aux phrases composées, utilisant des conjonctions et des pronoms. Comprend et utilise les règles grammaticales: Il apprend à conjuguer les verbes, à accorder les adjectifs et à construire des phrases correctes. Les adultes jouent un rôle essentiel dans le développement de l'enfant. Ils doivent : - Créer un environnement stimulant: Proposer à l'enfant des activités variées et adaptées à son âge. - Communiquer avec l'enfant: Lui parler régulièrement, lui poser des questions et lui répondre avec des phrases claires et simples. - Lire des histoires: La lecture est une activité fondamentale pour développer le langage et l'imaginaire de l'enfant. - Encourager l'autonomie: Permettre à l'enfant de découvrir le monde par lui-même et de développer sa confiance en soi. 2.1 Aspects quantitatifs Développement lexical Vocabulaire réceptif (compréhension) : o À 18 mois, environ 50 mots connus. o À 2 ans, environ 200-300 mots. o À 6 ans, entre 6 000 et 10 000 mots. - Explosion lexicale: La période préscolaire est caractérisée par une croissance exponentielle du vocabulaire. Les enfants passent de quelques mots à plusieurs centaines en quelques années. - Augmentation de la longueur des phrases: Les phrases deviennent de plus en plus longues et complexes, avec l'apparition de structures grammaticales de plus en plus élaborées. - Diversification des fonctions du langage: Le langage ne sert plus seulement à communiquer des besoins immédiats, mais aussi à décrire, raconter, questionner, etc. 2.2 Processus l’acquisition des nouveaux mots Plus l’adulte passe du temps à livre plus c’est un facteur d’apprentissage du vocabulaire. Il faut deux ans à un enfant pour apprendre à lire, vers 8-9 ans il a terminé. Entre 6 et 8-9 ans ils apprennent plutôt par le langage oral ; après avoir appris à lire, ils apprennent plutôt à travers le langage écrit. Il y a 4 grandes stratégies qui permettent aux enfants d’acquérir de nouveaux mots : 1. Apprentissage explicite : on lui montre le mot lié à un objet, une situation etc. 2. L’utilisation du dictionnaire : il nécessite un accompagnement et un apprentissage 3. L’extraction contextuelle : l’enfant utilise des indices fournis par le contexte pour déterminer la signification d’un mot qui n’est pas familier. Au fur et à mesure que les mots sont complexes, les mots deviennent plus complexes et il y a plus de probabilité qu’il acquière les mots. 4. L'apprentissage par association : Cette stratégie consiste à lier un nouveau mot à un concept ou à une image déjà connu de l'enfant. Cela peut se faire de différentes manières : - Les associations sémantiques : L'enfant relie le nouveau mot à d'autres mots ayant un sens similaire ou opposé. Par exemple, il associe "grand" à "petit", "chaud" à "froid". - Les associations visuelles : L'enfant associe le nouveau mot à une image mentale ou à un objet concret. Par exemple, il peut associer le mot "chat" à l'image d'un chat. - Les associations auditives : L'enfant associe le nouveau mot à un son, une mélodie ou une rime. Par exemple, il peut apprendre le mot "ballon" en chantant une comptine. Aspects qualitatifs Compréhension du langage: L'enfant comprend de plus en plus de mots et de phrases, même s'il ne les produit pas tous. Production de phrases: L'enfant passe progressivement de mots isolés à des phrases complètes, puis à des énoncés complexes. Utilisation de règles grammaticales: L'enfant intériorise les règles grammaticales de sa langue maternelle et les applique de manière de plus en plus systématique. Emergence de la pragmatique: L'enfant apprend à adapter son langage en fonction de la situation de communication, de son interlocuteur et de son but. Développement du métalangage: L'enfant commence à réfléchir sur le langage lui- même, à jouer avec les mots et à comprendre les différentes fonctions du langage. Phonologie Acquisition des phonèmes de la langue maternelle. Développement progressif de la prononciation correcte : o Sons complexes maîtrisés vers 5-6 ans (comme les consonnes liquides [l] et [r]). o Affinage des rythmes et des intonations. Morphosyntaxe Formation des phrases : o 18-24 mois : phrases télégraphiques (absence d’articles et de conjugaisons). o 3-4 ans : utilisation des prépositions, pluriels, conjugaisons au présent. o 4-5 ans : production de phrases subordonnées et questions complexes. Développement des accords grammaticaux (genre, nombre, temps). Sémantique Expansion des relations sémantiques : o Catégorisation des objets (animaux, aliments). o Relations de cause et d’effet. Développement des concepts abstraits vers 5-6 ans. Enrichissement de la compréhension des mots déjà connus Le caractère polysémique des mots caractérise la langue. Il y a 4 catégories de mots que l’enfants développent le plus : termes spacieux, temporaux, familiaux et les adjectifs polysémiques qui ont à la fois une sens concrète et abstrait. Au niveau spatial, au début l’enfant utilise des mots génériques (par ex. tout est grand ou petit etc.) mais avec le temps il commence à utiliser des termes plus précis et spécifiques (mince, long…etc.). Au niveau du temps, même chose. Par rapport aux prépositions, « dans » veut dire uniquement « dedans » au début, puis ils comprennent que ça peut avoir d’autres significations aussi, par ex. temporel « dans l’après- midi ». Puis l’enfant va avoir accès à tout ce qui est abstrait, par ex. les émotions et les concepts comme l’amour, les mensonges, la liberté… Il y a aussi l’apprentissage des verbes qui représentent activités de métacognition : réfléchir, penser, interpréter etc. Ce vocabulaire s’enrichisse de la primaire jusqu’à aussi le lycée. A partir de 6 ans ils ont aussi accès aux significations abstraites des termes dont ils connaissaient déjà la signification concrète. Divers types de nouvelles acquisitions lexicales De 6 ans, les enfants ont accès à des mots sémantiquement plus complexes et plus abstraites et des mots qui sont caractéristiques de l’usage de matériaux scolaires, comme les connecteurs etc. L’organisation des mots change aussi à l’âge scolaire : l’enfant passe d’une organisation syntagmatique (par association) à une organisation verticale qu’on appelle paradigmatique avec des liens organisés. Cette organisation se fait parce que l’enfant est amené à repenser sa conception du monde. Ce changement dans l’organisation cognitive va peu à peu faire adopter à l’enfant une organisation qui est partagée par son entourage, il ne se base pas plus uniquement sur sa conception personnelle. Tout ça est en lien avec un concept psychologique qui s’appelle la théorie de l’esprit de Bowley. Il s’agit de la capacité de se mettre à la place de l’autre et imaginer ce qu’il peut penser (diffèrent de l’empathie parce que la théorie de l’esprit est plus rationnel-cognitif). Vers 7-8 ans on observe un développement syntaxique aussi des mots. L’acquisition de la morphologie Introduction La composante morphologique de la langue permet au locuteur de reconnaitre que les mots peuvent êtres décomposés en morphèmes → il faut connaitre la liste des morphèmes et les processus de formations des mots, et quels changements ils opèrent aux mots. 1. L’avènement de la composante morphologique Les mots morphologiquement complexes peuvent être de 3 sorts : Fléchis Composés Dérivés Pour l’enfant connaitre les processus morphologiques lui permet de comprendre et reconnaitre des mots qu’il n’a jamais rencontré. Grace aux mots fléchis, il peut comprendre beaucoup de nuances (ex petit vs petite, il dort vs ils dorment). La morphologie flexionnelle est plutôt en lien avec la syntaxe, alors que la morphologie dérivationnelle est en lien avec le lexique. Il y a plusieurs étapes dans l’acquisition des connaissances relatives à la morphologie, de 11 mois à 18 ans. 27/11 1. L’avènement de la composante morphologique L'avènement de la composante morphologique marque une étape cruciale dans le développement du langage de l'enfant. Cette étape correspond au moment où l'enfant commence à manipuler les mots, à les décomposer et à les recomposer pour créer de nouvelles formes. L'acquisition de la morphologie se fait de manière progressive et suit généralement les étapes suivantes : 1. Phase pré-morphologique : L'enfant utilise principalement des mots isolés. Il comprend et produit des phrases simples sans s'attarder sur les variations de forme des mots. 2. Phase d'acquisition des premiers morphèmes: L'enfant commence à utiliser les premiers morphèmes de manière irrégulière. Il peut par exemple dire "chat" et "chats" mais aussi "chatte" pour le pluriel. 3. Phase de généralisation des règles morphologiques: L'enfant généralise les règles morphologiques qu'il a acquises et les applique à de nouveaux mots, même s'il fait parfois des erreurs (ex : "patte" pour "pattes"). 4. Phase de maîtrise: L'enfant maîtrise les règles morphologiques de sa langue et les applique de manière systématique. Les erreurs morphologiques sont fréquentes chez les jeunes enfants et font partie intégrante du processus d'apprentissage. Elles témoignent des efforts de l'enfant pour comprendre et appliquer les règles de sa langue : Surgénéralisation: L'enfant applique une règle de manière trop générale, même dans des cas où elle ne s'applique pas (ex : "patte" pour "pattes"). Sous-généralisation : L'enfant n'applique pas une règle dans tous les cas où elle devrait s'appliquer. 2. Acquisition de la morphologie flexionnelle : la morphologie verbale Les morphèmes flexionnels donnent des précisions grammaticales ; pour les verbes il y a les marques de temps et de mode. Pour l’enfant la compréhension arrive avant la production ; les morphèmes flexionnels arrivent au moment de l’explosion lexicale, entre 14 et 24 mois. Les verbes se classent en : 1er groupe 2eme groupe 3eme groupe Ces groupes varient en homogénéité et régularité. Quand l’enfant acquière la morphologie relative à la conjugaison des verbes il sait reconnaitre les morphèmes flexionnels et leur utilisation. Le degré de difficulté de cette tâche dépend du verbe et du groupe de la conjugaison. Plus on lit des histoires aux enfants, plus ils maitrisent les différents temps et modes rapidement. 3. Acquisition de la morphologie dérivationnelle Il y a des morphèmes libres et des morphèmes liés. Un mot avec un seul morphème est monomorphématique, un mot avec plusieurs est morphologiquement complexe. Les processus morphologiques « transparents » sont acquis plus rapidement par l’enfant, et plus la connaissance des mots est riche, plus c’est facile de distinguer bien les différents types de morphèmes. Qu'est-ce qu'un processus morphologique transparent ? C'est un processus où la signification du mot dérivé est facilement déductible à partir de la signification de la racine et de l'affixe. Par exemple : La dérivation par préfixation: "inutile" (in + utile). Le préfixe "in-" renverse le sens de la racine. La dérivation par suffixation: "bonheur" (bon + eur). Le suffixe "-eur" exprime un état ou une qualité. Ces processus sont plus faciles à comprendre pour l'enfant car il peut établir un lien direct entre la forme du mot et son sen L’acquisition de la sémantique Les aspects de la réalité ne sont pas conceptualisés dans la même manière d’une langue à une autre ; apprendre une langue veut dire accéder à la conceptualisation du monde propre à cette langue. L’enfant doit opérer une organisation sémantique de sa langue→problèmes : Il n’y a pas de correspondances biunivoques entre certains éléments de la réalité (ex en français on a un mot pour définir une certaine partie du bras, mais pas le même mot pour la jambe : c’est un trou lexical) Il n’y a pas de représentations sémantiques universelles dans toutes les langues : certaines choses peuvent être exprimés dans une langue mais pas dans une autre. L’enfant ne sait pas à priori quels concepts peuvent être représentés dans sa langue : il va le comprendre au fur et à mesure de son apprentissage. 1. Le sens et le concept Plus l’enfant va rencontrer le mot dans les contextes linguistiques et situationnels différents, plus il va être capable de distinguer le sens des mots. La construction d'un réseau sémantique: Au fur et à mesure que l'enfant rencontre de nouveaux mots, il établit des liens entre eux, créant ainsi un réseau de concepts. Ces liens peuvent être basés sur des similitudes (synonymie), des oppositions (antonymie), ou des relations plus complexes (hiérarchie, partie-tout). L'influence du contexte socioculturel: Le milieu dans lequel l'enfant grandit, les valeurs transmises, les expériences vécues façonnent sa compréhension du monde et, par conséquent, le sens qu'il attribue aux mots. Le rôle des émotions: Les émotions associées à un mot peuvent influencer sa signification subjective pour l'enfant. Par exemple, le mot "maison" peut évoquer des sentiments de sécurité et de confort. 2. Les facteurs qui influencent la compréhension des mots Outre la diversité des contextes, de nombreux autres facteurs influencent la façon dont un enfant comprend et utilise les mots : La nature du mot: Mots concrets vs. mots abstraits: Les mots concrets, qui désignent des objets ou des actions tangibles, sont généralement plus faciles à comprendre que les mots abstraits qui représentent des concepts plus complexes (e.g., "amour", "justice"). Mots polysémiques: Les mots ayant plusieurs sens peuvent être source de confusion pour les jeunes enfants. Mots spécifiques vs. mots génériques: Les mots spécifiques (e.g., "canari") sont plus faciles à acquérir que les mots génériques (e.g., "oiseau"). Les processus cognitifs: La catégorisation: La capacité à regrouper les objets et les concepts en catégories facilite l'apprentissage des mots. La mémoire: La mémorisation des mots et de leur signification est essentielle pour l'acquisition du vocabulaire. L'attention: La capacité à se concentrer sur les mots clés d'une phrase et à ignorer les informations non pertinentes est importante pour la compréhension. 2. Les facteurs déterminant l’acquisition du sens 2.1 Degré de complexité sémantique La transparence sémantique: Les mots dont le sens est plus transparent, c'est- à-dire qui ont une relation directe avec le concept qu'ils représentent, sont plus facilement acquis. Par exemple, "chat" est plus facile à comprendre qu'un mot abstrait comme "justice". La polysémie: Les mots ayant plusieurs sens peuvent poser des difficultés car l'enfant doit apprendre à distinguer les différents emplois. La synonymie: L'existence de synonymes (mots ayant le même sens) peut aider l'enfant à préciser le sens d'un mot. 2.2 Fréquence d’occurrence L'exposition répétée: Plus un mot est fréquent dans le langage de l'enfant, plus il sera rapidement et solidement acquis. La variété des contextes: Rencontrer un mot dans des contextes variés permet d'en saisir toutes les nuances de sens. 2.3 Contextes dans lesquels le mot est entendu Le contexte linguistique: Les mots qui apparaissent dans des phrases complexes ou dans des structures grammaticales variées sont plus riches en informations et favorisent une meilleure compréhension. Le contexte situationnel: L'association du mot à une situation concrète renforce sa mémorisation et sa compréhension. 3. Les relations de sens 3.1 La polysémie La polysémie désigne le fait qu'un même mot puisse avoir plusieurs sens. Ces sens peuvent être liés par une origine commune ou par des associations d'idées, mais ils ne sont pas toujours évidents à saisir, surtout pour les jeunes apprenants (ex souris, peau) - Les proverbes : ce sont des phrases courtes et mémorables qui expriment une vérité générale ou un conseil. Par exemple : "Qui veut la peau du loup s'y colle" ou "Rome ne s'est pas faite en un jour". (On ne peut pas les interpréter que dans les contextes où ils sont employés) - Les expressions figées : ce sont des groupes de mots dont l'ordre et la forme sont fixes. Leur sens est souvent idiomatique et ne peut pas être déduit du sens littéral des mots qui les composent. Par exemple : "Avoir le cœur sur la main", "Mettre la charrue avant les bœufs". 4. Acquisition de quelques sous-systèmes particuliers Jusqu’à un certain âge, les enfants pensent que certains mots font partie exclusivement de leur entourage (ex. maman et papa c’est que ses parents), mais après il comprend qu’il s’agit de mots pour tout le monde (ex. les parents des autres aussi).

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