Qu'est-ce qu'un geste? PDF

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gestes communication non verbale étude des expressions corporelles langage corporel

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Cet ouvrage explore le monde des gestes comme une forme de communication non verbale. Il analyse l'importance des expressions corporelles et de leur interprétation, soulignant leurs liens avec les émotions et les sentiments humains et leurs significations.

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QU’EST-CE QU’UN GESTE ? C’est une autre histoire, un autre épisode de la guerre inutile que se livrent le corps et l’esprit, auxquels je vous convie dans ce nouvel ouvrage. Les gestes se promènent sous notre nez avec l’impudence des fantômes, invisibles par définition. Combien d’en...

QU’EST-CE QU’UN GESTE ? C’est une autre histoire, un autre épisode de la guerre inutile que se livrent le corps et l’esprit, auxquels je vous convie dans ce nouvel ouvrage. Les gestes se promènent sous notre nez avec l’impudence des fantômes, invisibles par définition. Combien d’entre nous y prêtent seulement attention ? Il est vrai que notre conscience n’est pas habituée à décoder l’information en recourant à deux niveaux de compréhension. Le verbal occulte la dimension gestuelle qui lui sert de décor. Deux registres qui s’ignorent dans la mesure où le premier est géré par la conscience et le second par le préconscient2. Pourquoi se priver d’une partie des informations qu’ils véhiculent ? Le geste a le mérite d’être objectif et peut dès lors être enseigné, au même titre que la parole ou l’écriture. Le message gestuel, pourtant tellement lisible, est largement escamoté par la mise en avant du message verbal, gommant ainsi une dimension primordiale de nos modes de transmission de l’information. Or, les gestes parlent un langage qui leur est propre, un langage qui n’est pas toujours en adéquation avec les mots associés par la conscience qui les prononce. Éternel combat entre le corps et l’esprit, éternelle incompréhension entre deux modes de transmission de l’information qui s’excluent souvent mutuellement et se contredisent presque toujours. « Je suis absolument d’accord avec vous », renchérit le faux-cul qui croise résolument sa jambe gauche sur la droite. La position de ses jambes infirme sa pseudo-adhésion (voir la section consacrée aux jambes croisées). Le vendeur passe sa pince pouce-index de chaque côté de ses lèvres en promettant à son client de livrer la commande dans les délais. Il vient de mentir. Un mensonge confirmé par le langage corporel instinctif mais non décodé par l’acheteur (voir la section de la pince pouce-index). Un discours bien construit crédibilise celui qui sait se servir des mots. Or, nous avons tous recours à des vérités de carnaval, sciemment ou non. « Oh ! Qu’il est beau votre bébé ! » Les mots ne pensent pas ce qu’ils disent. Ils simulent la vérité, dissimulent la réalité. Ils aident le locuteur à reconstruire le monde non pas tel qu’il est mais tel qu’il voudrait qu’il soit. Les gestes ne s’embarrassent pas de ce double langage, ils expriment la vérité ou la réalité que la parole tente d’obscurcir ou d’enjoliver. À l’instar des lieux communs ou des formules stéréotypées, il y a des attitudes gestuelles qu’il vaut mieux éviter de fréquenter, d’autres qu’il est recommandé d’intégrer à son vocabulaire gestuel. Mais est-il possible de prêter une attention soutenue à ces gesticulations expressives qu’il semble impossible d’endiguer et encore moins de contrôler ? Oui et non ! Si on peut gommer certains tics gestuels dévalorisants, il est exclu d’envisager une reconversion gestuelle totale sans tenir compte de la qualité du discours verbal. Car le geste, après tout, n’est jamais que le décor de la parole ou de l’émanation silencieuse de la pensée. Quand le cerveau est mis à contribution, la tête s’alourdit et les coudes en appui viennent automatiquement la soutenir dans son effort de concentration ou de réflexion. La capacité de jugement, aussi, a besoin des coudes pour prendre tout un recul indispensable. Quand vous lisez un message e-mail à l’écran, vous posez presque automatiquement l’un de vos coudes en appui sur votre bureau, menton posé dans la paume et doigts recroquevillés en patte de fauve contre la bouche. Toutes ces observations sont rudimentaires. Pourquoi met-on généralement sa main devant sa bouche pour lire le texte d’un courrier que l’on vient de taper sur l’écran de son PC ? Parce que l’obturation de la bouche renforce la capacité de concentration ou d’évaluation. « Quand je me tais, j’écoute. » Le geste aide à simuler le silence mental et conforte forcément l’attention. Ce qui est étonnant quand on aborde les gestes de cette manière, c’est qu’on réalise très vite que les refrains gestuels que l’on croit détenir en exclusivité appartiennent à tout le monde. Et que la pensée qui produit un réflexe aussi simple que la rupture du contact visuel est suscitée par un sentiment de gêne ou un refus de poursuivre le dialogue, aussi bien chez vous que chez l’autre, sans distinction de sexe, de culture, de religion, etc. Nous fonctionnons tous sur le même voltage, de la pensée aux comportements, des conduites aux motivations, des gestes à la parole. C’est la foule des Chinois qui crée l’effet de clonage, comme c’est la multiplication des gestes qui donne l’impression qu’il ne s’agit là que de gesticulations insignifiantes. Mais les Chinois sont tous différents, et les gestes aussi. Support fondamental de la crédibilité d’une image sociale, l’impact des gestes est largement supérieur à celui du discours ou même à celui que dispense l’apparence vestimentaire. Le message gestuel féconde le discours, offrant un relief particulier aux mots clés de ce dernier. Les sourcils marionnettes qui ponctuent les mots clés, vous connaissez ? Car le corps s’exprime en parallèle des mots mais pas toujours au diapason du discours. C’est pourquoi il est indispensable d’y être attentif. Le langage fantôme Les gestes sont la manifestation de la dimension émotionnelle qui sous-tend toutes les actions humaines. Comme l’explique le psychologue Stephen Nowicki, un spécialiste qui a étudié les aptitudes non verbales des enfants : « Ceux qui sont incapables de déchiffrer ou d’exprimer leurs émotions sont sans cesse frustrés. Au fond, ils ne comprennent pas ce qui se passe. Cette forme de communication est sous-jacente à ce que qu’ils font ; nul ne peut empêcher son visage ou ses gestes d’exprimer ses sentiments, ni dissimuler le ton de sa voix. » Pourquoi la lecture des gestes n’a jamais été l’objet de recherches systématiques de la part de la communauté scientifique ? Pour plusieurs raisons que je vous livre ici. Allumez la télé à l’occasion d’une émission de débats politiques et essayez donc de suivre les débats sur deux niveaux : verbal et non verbal. Malgré une concentration accrue, vous constaterez très vite que vous vous laisserez capter par le discours des intervenants en oubliant complètement de prêter attention à leurs gestes. De temps à autre, un geste récurrent sortira du lot. Vous en retiendrez la chorégraphie à défaut d’en comprendre le sens. Notre mode d’écoute n’est pas entraîné à saisir deux actions simultanées aussi différentes que l’observation visuelle et l’écoute. Le degré d’attention ne peut s’investir de manière équivalente sur deux paliers sensoriels aussi différents. Nous discriminons instinctivement les deux automatismes : « écouter et voir », sans pouvoir les associer dans une écoute globale de l’autre. Dans notre société structurée, le discours a tout naturellement trouvé sa place en tant que mode de communication privilégié. Les essais de compréhension du vocabulaire gestuel ont toujours concerné certains gestes conventionnels. Le pouce levé pour signifier son accord, par exemple. Tout le reste est considéré comme pure spéculation. Mais ne faut-il pas commencer par la spéculation sur un faisceau de traductions possibles, de recoupements entre les contextes et les événements qui suscitent ces séquences gestuelles pour offrir un contenu à ce langage fantôme ? J’utilise cette expression de « langage fantôme » à dessein car il faut bien admettre que le geste n’est, a priori, qu’un contenant sans contenu explicite. Le corps est le sanctuaire de l’esprit L’observation des gestes ou des caractères morphologiques variables est une discipline dont les règles ne sont pas encore institutionnalisées. Ce n’est ni une spécialité anthropologique ni une discipline enseignée aux spécialistes des ressources humaines. Comme si le visible était gommé au profit de l’invisible ! Le psychisme est réduit à ses manifestations comportementales ou psychologiques subjectives. Le corps éminemment objectif est globalement absent du jeu. Un comble ! Le dessin des lèvres est considéré comme un acquis morphologique préprogrammé sans rapport de causalité avec l’évolution existentielle du sujet. L’étude des caractères évolutifs de la morphologie humaine est tenue pour mancie. Terminus ! Tout le monde descend. Je crois que le succès des ouvrages de Desmond Morris, celui de mes livres et des travaux de Paul Eckman aux États-Unis (pour ne pas citer tout le monde) prouvent qu’il y a là un champ de connaissance encore mal défriché qui mérite d’être exploité au- delà des publications destinées au grand public. Le mythe de l’Eldorado n’a pas encore livré tous ses secrets. Pourquoi ce manque de curiosité de la part de la communauté scientifique ? Il en va de certains domaines de la connaissance comme des préservatifs. Le ministère de la Santé communique sur la prévention des risques concernant les MST (maladies sexuellement transmissibles) mais les préservatifs sont hors de prix pour ceux qui en consomment le plus, j’ai cité les ados. Il faut qu’un animateur-producteur, Christophe Dechavanne, en l’occurrence, mouille sa chemise pour que les préservatifs soient vendus à 0,20 centimes en pharmacie. Chapeau, l’artiste ! L’État comme l’Académie n’en sont pas une contradiction près. Les bénéfices de l’État passent avant ceux de la santé publique. Extrapolons ! Comme l’écrit Jean Fourastié, les savants n’ont jamais aimé les continents vierges, ils préfèrent parler de ce qu’ils connaissent plutôt que de s’interroger sur ce qu’ils ignorent. Votre corps, cette chose qui bouge, mérite mieux qu’un « il est beau, moche, gros, maigre, long ou courtaud ». Il mérite un « tu » ou un « toi » affectueux, car il contient plus que les quelques dizaines de kilos de viande ou d’os qui vous constituent. Votre corps n’est pas seulement la vitrine de votre vanité, il est aussi et surtout le sanctuaire de votre âme. C’est une autre histoire, un autre épisode de la guerre que se livrent le corps et l’esprit auxquels je vous convie dans ce nouvel opus. Ceci est mon onzième livre et la quatrième édition des gestes qui vous trahissent. Pour cette quatrième édition, j’ai creusé plus profond, violenté les secrets que me cachaient encore nos gestes. J’y aborde de nouvelles terres encore inviolées. La boucle n’est pas encore bouclée. A COMME… Accolade. Lors d’une accolade très protocolaire entre deux personnes, l’un des deux pose l’une de ses mains sur l’épaule de l’autre. Cette manière d’accueil, souvent conviviale en apparence, est un héritage de l’adoubement des chevaliers du Moyen Âge par leur suzerain. Celui qui pose sa main sur l’épaule de son interlocuteur est celui qui détient le pouvoir ou souhaite faire passer ce message à son vassal supposé. Si votre interlocuteur ne détient pas vraiment le pouvoir et vous impose cette accolade, il tente de vous inférioriser ou de vous inféoder. Les individus victimes d’un complexe de supériorité reproduisent ce geste. La main qui vient se poser sur l’épaule droite est souvent la gauche (chez un droitier). Or, l’épaule droite est le siège de l’ambition. Une main qui s’y cramponne est une manière de décourager l’ambition de celui qui reçoit l’accolade. Accrocher (s’). « Il suffit que je le contrarie pour qu’il accroche ses mains aux accoudoirs de son siège. Comme j’ai remarqué son manège, je m’amuse à le contrarier systématiquement, chaque fois que nos points de vues divergent. » On s’accroche involontairement à son siège, aux accoudoirs, à ses poignets, à son bon droit mais pas à ses devoirs, on se raccroche à ses prérogatives, on se suspend à ses avantages sociaux, on se cramponne à la vie quand la mort se présente, etc. L’accrochage est un ancrage du mental à son domaine de compétences ou à ses préjugés. Accroupir (s’). Une manière singulière de séduire en simulant la grandeur d’un enfant ou de régresser symboliquement. Un individu qui s’accroupit instinctivement face à un enfant ou pour caresser un chien est doué d’une excellente faculté d’adaptation, il sait se mettre au niveau de son interlocuteur. Affaler (s’). On s’affale dans un fauteuil, sur un sofa ou sur un lit. « Je rends les armes » est le sens symbolique de cette conduite. Observez toujours vos hôtes quand ils prennent place dans un fauteuil confortable qui leur tend les bras. Les « affaleurs » sont toujours plus influençables que ceux qui s’installent sur leur siège avec précaution ou d’une manière peu ergonomique (rigide). Agenouiller (s’). S’agenouiller représente un acte de soumission mais procède aussi d’un besoin de transformation ou de re-création, notamment dans un contexte religieux. La génuflexion était et est encore une marque de pseudo- révérence à l’égard d’un personnage de haut rang, au point qu’on fléchit les genoux par déférence envers un interlocuteur sans même s’en rendre compte. Le fléchissement des genoux est associé à une attitude de soumission (impossibilité de fuir) pour la révérence ou l’agenouillement devant les hauts personnages. Mais soyez attentif! Le fléchissement du genou droit est un acte de soumission frauduleuse et agressive, celui du genou gauche, un acte de soumission authentique. La prochaine fois que vous visionnerez un film historique, vous pourrez noter les erreurs de scénario. Observez les génuflexions des acteurs ! Vous décoderez immédiatement les courants de sympathie ou d’antipathie qui les associent ou les dissocient les uns des autres, par-delà les nécessités du scénario. Si vous avez l’occasion d’observer de près l’étiquette d’une famille royale en représentation publique, vous pourrez comptabiliser les hypocrites en vous fondant sur cette règle. Le genou droit est le siège symbolique de l’agressivité, le gauche celui de la soumission. Le genou gauche en terre, genou droit en l’air, marque un respect du haut personnage auquel l’agenouillé se soumet. Le genou droit en terre, genou gauche en l’air, marque une hostilité bridée et un refus de se soumettre non déclaré. Agitation motrice. L’agitation motrice indique toujours un tempérament agressif. Une agitation qui se remarque souvent au niveau des jambes sans repos. Elles dénoncent un individu inadapté socialement. Les jambes sont le siège symbolique de la maîtrise de soi et le plus gros souci du caractériel est justement lié à son incapacité de se contrôler. Ceci explique cela. Agripper (s’). On se sécurise comme on peut. Le fait de s’agripper à une partie corporelle est une manière symbolique de s’empêcher de tomber. Tous les ancrages (voir ce mot) sont des conduites qui procèdent d’un sentiment d’insécurité fondamental, voire néoténique3 (voir aussi « s’accrocher »). Aines. Droite ou gauche ! Elles sont l’un des sièges du doute et du déni, c’est-à- dire de l’attitude oppositionnelle privilégiée par les adolescents. En position assise, on les étrangle volontiers entre la pince pouce-index largement ouverte quand on n’est plus sûr de rien. « Objection, votre Honneur ! » L’attitude est aussi envieuse. On la remarque souvent chez des subalternes qui entretiennent avec leurs supérieurs hiérarchiques des rapports pseudo-amicaux. La communication vers une démarche de progrès, symbolisée par les jambes, est coupée par les mains qui se conduisent en disjoncteurs. La position du Maori Votre interlocuteur est assis, les deux mains garrottent les aines ? C’est aussi la posture générique des rugbymen sud-africains qu’ils reproduisent sur le terrain de leurs rencontres sportives: la posture du Maori. Attitude typique de refus d’un dialogue… avec l’équipe adverse. Aisselles. Les aisselles sont le siège de l’optimisme et de son ennemi juré, le pessimisme. Et tout cela à cause d’un tic gestuel archicou-rant qui consiste à coincer la main sous l’épaule – main droite sous l’épaule gauche et vice versa. La position du Maori. L’optimiste… Quand la main droite se réfugie régulièrement sous l’épaule gauche, paume plaquée sous l’aisselle gauche, l’attitude est prédictive d’une réaction tonique de revendication et/ou de révolte. Le geste est rassurant car la paume entre en contact avec les battements du cœur. L’aisselle gauche est le siège symbolique de l’optimisme. Tant que le cœur bat, tout va. Le pessimiste… La main gauche se réfugie sous l’épaule droite, paume coincée sous l’aisselle droite. Réaction de stress ! Le sujet a le sentiment d’être mal perçu par son entourage. Un sentiment de rejet peut également entraîner la répétition de ce geste particulier. La course à la reconnaissance est essentielle dans le vécu de l’aisselle droite pessimiste. Justement pour se défaire d’un sentiment d’inachèvement qui l’épuise. L’inachèvement est l’essence du véritable échec. Il pousse l’individu à poursuivre un effort constant ou à investir sa motivation dans de mauvais choix. Il croise les bras pouces en érection, paumes collées sous les aisselles. Une bonne façon de se remonter les épaules pour donner l’impression qu’on a de la carrure. Paradoxe ! Cette attitude typique chez les ados est symptomatique chez l’adulte d’un état de dépression, d’épuisement, intitulé burn out. Il s’agit d’une forme particulière de dépression réactionnelle qui survient à la suite d’un surmenage. Une conduite qui apparaît en général chez les individus submergés par des responsabilités qui dépassent leur niveau de compétences. On l’appelle aussi « la maladie des managers ». Très visible dans tous les débriefings de commerciaux ! (Voir aussi la section consacrée aux flancs.) Allumettes. Quel est le rapport entre la manière dont vous craquez une allumette et votre degré de générosité au sens large du terme ? Le feu est un archétype dans la mémoire collective de l’humanité. Il est l’équivalent de l’énergie qui anime l’âme, ou la conscience d’être, si vous préférez. Le feu offert à l’autre est une manière de lui transmettre cette énergie. Toute offrande doit d’abord me satisfaire avant d’être donnée à l’autre, tel est le sens du craquement centripète de l’égocentrique. Celui-ci est évidemment moins solidaire que l’individu allocentrique (ouvert à la société) qui offre son feu centrifuge (vers l’extérieur). Juste un petit détail : on peut être égocentrique et généreux mais on ne peut être égoïste et généreux. Il gratte instinctivement son allumette vers lui… …c’est-à-dire de manière centripète. C’est un individu égocentrique. Son mode d’intégration sociale passe par une reconnaissance et un respect de son individualité (une valeur essentielle à ses yeux) par l’autre ou le groupe. Il gratte instinctivement son allumette vers l’extérieur. C’est le mode centrifuge de l’allocentrique. Son mode d’intégration passe par une reconnaissance du groupe, de son utilité à la collectivité. Il est évidemment doué d’un esprit d’équipe. Dans un couple, la femme qui gratte son allumette vers l’extérieur vit généralement par, pour et à travers son époux et/ou sa famille. Certains délinquants sociables (ça existe : on peut être caractériel et sociable) libérés de prison ne supportent pas l’anonymat que leur impose la société et récidivent pour retourner en prison. Pour l’allocentrique, la liberté, c’est quand il existe dans le cœur des autres. Amygdale du cerveau. Le neurologue américain Joseph Le Doux a été le premier à mettre en évidence le rôle fondamental de l’amygdale dans l’activité du cerveau. La traduction gestuelle de nos émotions fonctionne selon leurs propres règles. Les gestes sont totalement indépendants du néocortex contenant les aires cérébrales cognitive (à gauche) et affective (à droite). Confronté à la peur, le corps réagit instinctivement pour se protéger sans aucune interférence du néocortex. La simple vue d’un serpent, même inoffensif, vous fera faire un bond en arrière (mécanisme de fuite) avant que vous ne puissiez analyser rationnellement la situation. Ce n’était qu’une couleuvre ! Encore une fois, l’amalgame sert de trampoline au raisonnement inductif. Même si certains réflexes dépendent effectivement de l’amygdale, la plupart des gestes que nous reproduisons ne sont pas forcément commandés par cet organe particulier. Au fil de la croissance de l’enfant, les refrains gestuels (voir à refrain) se mettent en place par imitation ou par imprégnation. Ils constitueront la trame de la personnalité gestuelle du futur adulte mais représenteront aussi une traduction gestuelle de ses différentes caractéristiques psychologiques. La reproduction des divers refrains gestuels invariables ou alternatifs ne dépend pas de l’amygdale, à mon sens, mais d’une zone tampon entre la conscience et le subconscient que certains nomment le préconscient ou antichambre de la conscience. Anatomie (quelques détails sans importance). Le corps humain se compose d’un squelette de 208 os représentant un poids total de 9 kg environ. Plus de 600 muscles qui le composent représentent un peu moins de 45 % de son poids total. Le système sanguin contient de 5 à 7 l de sang suivant les individus, actionné par un cœur qui accomplit un effort tout au long d’une vie lui permettant de projeter un poids d’une tonne à une distance de 250 km dans l’espace. Le système nerveux est dominé par un cerveau en comparaison duquel le plus puissant ordinateur au monde est une machine à laver des années cinquante. Les poumons traitent 15 m3 d’air par jour. Le corps dispose en outre d’un système de refroidissement comportant deux à trois millions de glandes sudoripares. Le système d’alimentation dispose d’un canal alimentaire long de 8 m qui permet de convertir plus de 50 tonnes de nourriture en l’espace d’une vie. Un individu de 80 kg ingère 625 fois son poids en nourriture. Les reins sont en mesure de filtrer 2001 de liquide par jour. Reste 1,5 m2 de peau pour recouvrir le tout. Et certains ont le culot de prétendre que ce corps complexe reproduit des milliers de codes gestuels qui n’auraient aucune signification ? Heureusement que le ridicule ne tue plus ! Ancrages. Code gestuel réflexe tellement courant que nul ne le remarque plus, l’ancrage est un rituel « magique » qui vous protège du naufrage de vos illusions. Vos mains s’accrochent à une partie névralgique de votre corps en fonction de la situation vécue ou de votre position : cheville, genoux, poignet, avant-bras, coude, biceps, nuque, etc., sont les points d’ancrage névralgiques. Pourquoi l’inconscient commande-t-il le besoin d’effectuer un ancrage ? L’ancrage est un geste de protection contre une insécurité réelle ou supposée. Refrain gestuel réactionnel, l’ancrage est à l’origine un geste d’autoaffection et d’échange affectif entre les images parentales qui siègent dans le Surmoi, le siège des mécanismes de défense psychiques. Quand la main gauche vient se poser sur la cheville droite, par exemple, c’est l’image maternelle qui vient protéger la conscience paternelle contre sa peur de l’échec. Les ancrages se produisent généralement en alternance : gauche sur droite ou l’inverse, mais pas toujours. A priori, tout ancrage d’une main sur l’autre partie du corps est un signal qui traduit un sentiment d’insécurité. La langue des ancrages Il agrippe son avant-bras droit de sa main gauche qu’il soit assis ou debout. Ce type d’ancrage révèle un bon niveau de superstition. Il agrippe son avant-bras gauche de sa main droite qu’il soit assis ou debout. L’hyperémotivité du sujet devrait se voir à l’œil nu. L’ancrage du biceps gauche… Le biceps gauche est le siège symbolique de l’instinct de survie. L’ancrage du biceps gauche par la main droite est un aveu quand il est reproduit avec constance : « Je suis un perdant » est le sens symbolique de ce geste. Le bras gauche sert à se défendre dans l’hypothèse d’un combat au corps à corps. L’immobilisation de cette défense cruciale, identifiée comme telle dans notre patrimoine héréditaire, est un véritable sabordage de mécanismes de survie. L’ancrage du biceps droit… Le biceps droit est le siège du dynamisme. L’ancrage du biceps droit par la main gauche est une entrave à l’action. Il trahit l’individu conservateur, réactionnaire et immobiliste par vocation. L’ancrage de la cheville droite… il y a clairement un rapport indirect entre la cheville droite et la peur de l’échec. L’ancrage de la cheville gauche… À l’opposé, les individus de sexe masculin souffrant de troubles sexuels ont plutôt tendance à effectuer le même geste en entrecroisant leurs doigts sur la cheville gauche. Cette alternative indique en tous les cas un sentiment d’angoisse qui n’est pas forcément en relation avec les performances libidinales. L’ancrage du coude gauche… Échec affectif redouté ou confirmé quand le geste est reproduit face à d’autres personnes par-devant ou par-derrière. L’ancrage du coude droit… Échec scolaire ou professionnel redouté ! Par-derrière ou par- devant, l’ancrage de la main gauche sur le coude droit est un geste symbolique de réassurance. Les personnes qui reproduisent cette attitude régulièrement privilégient l’inertie à l’action. (Voir aussi les coudes.) L’ancrage des deux coudes: ils sont enveloppés par les mains, bras croisés. Cette variante est révélatrice d’un défaitisme militant et d’une frilosité institutionnalisée. Les ancrages digitaux Votre interlocuteur retient les doigts de sa main gauche dans sa main droite, les bras sont cachés dans le dos. Les doigts des deux mains sont source de créativité. Quand ils sont immobilisés par l’autre main, le message non verbal se traduit par le refus d’un dialogue créatif. Qu’est-ce qu’un dialogue créatif? La polémique, la dialectique, la discussion ou la confrontation des idées sont toutes des formes de dialogues créatifs. Les doigts immobilisés sont généralement l’index, le majeur, l’annulaire et l’auriculaire. Mais il arrive que l’ancrage se fasse sur un ou deux doigts. Voyons brièvement le sens des ancrages digitaux. L’ancrage du majeur droit par la main gauche. Indique une fragilisation de la confiance en soi. L’ancrage du majeur gauche par la main droite. Trahit une perte d’estime de soi ou une peur de déplaire. L’ancrage de l’auriculaire gauche. « Je suis nostalgique. » L’ancrage de l’auriculaire droit. « J’ai peur de ce qui va arriver. »

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