Unité III – Culture et Psychologie PDF

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This document discusses culture and psychology, examining the impact of cultural representations on the understanding of health and illness. It explores how the perspectives of ethnopsychiatry can help analyze various cultural interpretations of suffering.

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Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Unité III – Culture et psychologie Voir : García, Mauricio : « La perte et le deuil déguisés en possession : considérations ethno-psychanalytiques sur la maladie du su...

Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Unité III – Culture et psychologie Voir : García, Mauricio : « La perte et le deuil déguisés en possession : considérations ethno-psychanalytiques sur la maladie du susto au Chili », dans : Mélancolie : entre souffrance et culture, Presses universitaires de Strasbourg, 2000, pp. 141-166. Voir : Lebrun, Jean-Pierre : « Ce que parler implique », dans : La perversion ordinaire. Vivre ensemble sans autrui. Paris, Denoël, 2007, pp.53-95. Voir : Lebrun, Jean-Pierre : « La mutation du lien social », dans : La perversion ordinaire. Vivre ensemble sans autrui. Paris, Denoël, 2007, pp.132-153. Voir : Lipovetsky, Gilles : « Narcisse ou la stratégie du vide », dans : L’ère du vide. Essais sur l’individualisme contemporain, Paris, Gallimard, 1983, pp. 70-113. Voir : Lipovetsky, Giles: Le bonheur paradoxal. Essai sur la société d’hypersconsomation, Paris, Gallimard, 2006, pp.9-20 et 212-231. Voir : Nathan, Tobie : L’influence qui guérit, Paris, Odile Jacob, 1994. Introduction et Chapitres 1 et 2 de la Troisième partie. Voir : Tort, Michel: La fin du dogme paternel, Paris, Aubier, 2005, pp.7-24 Est-ce que les critères descriptifs et structurels sont suffisants pour nous aider à comprendre une patholige ? → Non → Il faut ajouter un minimum d'analyse des représentations culturelles et la manière dont ces représentations agissent dans la vie psychique Dans cette unité, on va au-delà des purs critères psychopathologiques pour fonder le normal et le pathologique. → On introduit la question du « relativisme culturel » du normal et du pathologique → pour montrer que toute culture est porteuse de certaines logiques qui favorisent certains types de représentations de la souffrance et pas d’autres, induisant des modalités spécifiques d’ « expérimenter » et de « vivre » la maladie. Bien qu’on ne soit pas obligé à « croire » aux récits mobilisés par les patients pour rendre compte de leur souffrance et de leur maladie, on peut au moins saisir les logiques de ces discours. → En ce sens, l’anthropologie de la maladie, l’ethnopsychiatrie et l’ethnopsychanalyse mettent à notre disposition des éléments précieux pour approfondir le statut du normal et du pathologique, particulièrement dans le champ de la santé mental 1.Le normal et le pathologique Au-delà des critères descriptifs et structurels propres à la démarche clinique, il existe bien entendu des approches plus statistiques pour tenter de caractériser descriptivement les psychopathologies. → C’est la démarche qu’on retrouve par exemple dans le DSM IV (manuel statistique des désordres mentaux). → La notion de « norme statistique » trouve ici tout un poids. Mais, la prise en considération de la culture des sujets malades introduit des nouvelles complexités pour la démarche de la psychopathologie, car la diversité culturelle oblige à réinterroger les critères classiques du normal et du pathologique. 50 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein 2. Représentations culturelles de la santé et de la maladie Si tout le monde s’accorde à dire que la culture a une influence sur la forme d’être malade ou d’être en bonne santé, il n’y a pas toujours eu des méthodes susceptibles de prendre cette question en charge. → L’anthropologie de la santé et de la maladie, l’ethnopsychiatrie et l’ethnopsychanalyse sont des approches qui ont fait émerger des méthodes pertinentes pour aborder cette question a) Croyances vs représentations culturelles Lorsqu’on dit que des discours culturels, comme la sorcellerie ou la possession, sont des « croyances », on tombe dans un piège ethnocentriste (centré sur sa propre culture) → En effet, si nous disons d’emblée qu’il s’agit des croyances, nous disons implicitement que « ce n’est pas vrai », car le vrai on le connaît, ce n’est pas l’objet d’une croyance. → Nous enlevons ainsi, d’un coup, toute portée de vérité à ces discours. En fait le concept de croyance présente une ambiguïté fondamentale : → d’un côté il signale ce dont nous ne sommes pas surs (« je crois que j’irais au cinéma demain ») et → d’un autre il peut renvoyer à des convictions fermes (« je crois en Dieu »). C’est pourquoi l’anthropologie socioculturelle préfère utiliser le concept de « représentation culturelle », plus neutre axiologiquement et épistémologiquement. La maladie du susto (cf. article du dossier des textes) est un exemple de « maladie traditionnelle » qui exige une approche de la logique culturelle qui dépasse le recours aux nosographies psychiatriques et psychopathologiques. Exemples Immigrants d’Afrique dans un service d’urgence à Paris (années 1980) Il y a un type de trouble psychopathique : le syndrome d’agitation psychomotrice. → Quelqu’un qui, pour des raisons diverses, peut être extrêmement agité voir même agressif Pour les calmer, on décide de leur donner une piqure → 80% des africains sont devenu encore plus agités, ce qui n’avait pas de sens La plupart des personnes qui viennent de ce groupe-là interprètent leur cas : ils considèrent qu’ils sont possédés par une altérité, peu importe laquelle. → Peu importe si on croit ou pas à cette possession, on peut comprendre que si quelqu’un se dit possédé, il éprouve son état comme étant le résultat de quelque chose en plus qui l’habite (= logique additive) → Or, on leur propose une stratégie de soin qui est également additive (piqure), ce qui fait que la personne est doublement possédée → Et donc l’agitation devient encore plus fort Explication : L’effet symbolique de la logique additive dans le vécu du patient peut être plus importante que l’effet chimique → Là où on s’attend que la chimie rende le patient calme, au contraire, cela agite davantage parce que l’effet symbolique est beaucoup plus fort que l’effet chimique Dès lors, au lieu d’injecter une piqure, on va essayer d’extraire quelque chose, par une prise de sang. Dès lors, → alors 75% de ces patients se calment. → Le taux de réussite de la prise de sang était énormément plus grand que la piqure 51 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Conclusion : L’effet symbolique joue un rôle non négligeable dans la manière selon laquelle les individus agissent. Il y a donc un double intérêts à comprendre les représentations culturelles → Pour mieux comprendre la maladie (l’expérience du malade) → Pour mieux choisir stratégie thérapeutique Vagues migratoires en Europe (années 1970-1980) Les personnes travaillant en santé mentale et dans les services sociaux témoignent du fait qu’ils ont l’impression que les immigrants sont des gens qui demandent de l’aide mais qui, en même temps, parlent de manière très télégraphique (ils ne disent pas grand choses) : ils témoignent donc d’une attitude méfiante. De ce fait, on ne comprend pas vraiment pourquoi ils viennent demander de l’aide pourtant ils viennent. → Au fond, est-ce que l’exil et l’immigration mobilisent-ils des effets paranoïaques ? → C’est en réalité à cause d’une structure culturelle inversée Culture traditionnelles : Formation Exercice → la formation de quelqu’un qui exerce l’art de guérir est privée et cette formation reçue qu’il Culture Publique Privé reçoit est hyper secrète occidentale Culture → l’exercice du métier (soigner une personne) est Privée Public traditionnelle publique. Il le fait dans des endroits où peuvent venir des amis, famille,… Si les cultures traditionnelles font cela c’est parce que le pouvoir est considéré à double face. → Autrement dit, la culture dit d’emblée que si quelqu’un a le pouvoir de guérir, il doit avoir nécessairement le pouvoir de rendre malade, par défaut. → De ce fait, de ce point de vue-là, on peut concevoir qu’il serait difficile d’accepter de voir un soignant seul. → Quand on s’expose de manière nécessaire à un danger, on va se faire accompagner et le dispositif devient alors public : ça se passe dans l’espace public pour faire venir le contrôle social sur le désir du soignant Cultures modernes, occidentales → la formation du médecin est publique (à l’université) → L’exercice est extrêmement privé puisqu’on donne une importance centrale au secret de la pratique médicale, on garantit la confidentialité de l’acte Qu’est-ce qui a rendu possible dans l’Occident que l’on pratique la médecine en privée ? → Il y a un élément de culture également à l’œuvre : celui d’avoir investi les médecins comme les chevaliers de la santé : ils rendent serment et on considère comme des acteurs qui ne s’occupent que de la santé et de la préservation de la vie et donc pas pour nous faire du mal. → C’est une organisation symbolique à l’intérieur de l’espace culturel La culture rend naturel un rapport au monde qui justement n’est pas naturel 52 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein b) Modèles anthropologiques de la santé et de la maladie François Laplantine va venir proposé un modèle des logiques étiologiques et thérapeutiques dans son article sur le susto → C’est un modèle qui présente une synthèse de l’approche anthropologique de la santé et de la maladie, et qui est apte à mettre en évidence les différentes logiques culturelles à partir desquelles les groupes sociaux construisent l’expérience de la souffrance et de la maladie → Modèle étiologique : ensemble des causes d’une maladie → Modèle thérapeutique : ensemble des traitements MODELE ETIOLOGIQUE MODELE THERAPEUTIQUE (causes de la maladie) (traitements) Ontologique : On va attribuer comme causalité de la Homéopathique : On choisit un principe/un outil réel ou maladie un être (réel ou imaginaire) rituel, symbolique ou non, qui agit dans le même sens que la maladie. Par Relationnel : Altération de rapports, rupture des relations → Ex : pour faire face au rhume on prend un vaccin, le (homme et la famille, homme et la société, etc.) comme vaccin étant un peu de maladie capable de nous fortifier origine de la maladie face au virus. → ex : SI quelqu’un est enragé, le pousser à bout de sa Maladie du susto? colère pour que ça se finisse Ontologique car il s’agit d’un être maléfique, cet esprit. MAIS discours porteur d’une logique relationnelle : Allopathique : Rapport d’opposition, guerre contre la certains cas minoritaires montraient que les patients maladie. disaient que pas n’importe qui rencontrait la fantasma, → Ex : Antibiotique, Antidépresseur contre la dépression seulement ceux qui trainaient des casseroles (notamment aussi avec la famille, conflits non résolus) Alcool? Va tuer la fantasma → allopathique. → Mais certaine logique homéopathique aussi : rendre plus fort + fait que ce soit un fluide (va guérir un fluide) Exogène : Agent de la maladie extérieur au sujet Additive/Soustractive Maladie de susto ? Endogène : Facteur qui vient de l’intérieur de lui-même → Ici, clairement additif! Pratique spontanée qui consiste à Maladie du susto ? additionner l’alcool dans le corps. → exogène → Mais il y a là un paradoxe! Laplantine nous apprend que → Mais rappelons la non-résolution d’un conflit! De dans toutes les cultures, il y a d’habitude entre ces 2 manière secondaire, sont aussi présents des facteurs plans un rapport de complémentarité. Si le modèle endogènes étiologique est additif, alors le modèle thérapeutique sera soustractif et inversement. On va soustraire ce qu’on a en trop! Ou nous restituer ce qui nous manque. => Ici ce n’est pas comme ça! → Lorsque on peut observer chez les patients une certaine forme de dépression ou de perte, peut-être qu’on peut dire qu’il y a quelque chose comme ça même si pas dit comme tel par les patients. Il y a effectivement une logique de la perte à l’œuvre et serait en fait primaire! On serait face à un discours qui nous raconte une expérience de la perte dans le langage de la possession. → Pourquoi? Quel intérêt de représenter les choses sous cette forme? Lorsqu’on est confronté à la dépression, on est en fait confronté à une difficulté importante : on ne sait pas ce qu’on a perdu. (voir fin) 53 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Additif : Quelque chose qui vient s’additionner à Exorcistique/Adorcistique : par nous-même l’existence de l’individu Soustractif : Perte de quelque chose Maladie du susto ? → Logie additive dominante : Sujet est malade parce que la fantasma le possède. → Pas vraiment de logique soustractive, bien que certains patients ont des difficultés dépressives dans la vie, et la plupart sont des émigrants internes (migrent dans la ville) Maléfique Bénéfique : Souvent les maladies sont maléfiques! MAIS pour certaines cultures ou ce n’est pas comme ça : en Afrique du Sud, la maladie est possibilité pour devenir plus fort. Pensons maintenant aux Ex : crises familiales : la psychologie de la famille laisse penser qu’il y a des crises bénéfiques dans la mesure où elles aident les familles à trouver des manières plus saines de vivre en commun Maladie du susto ? → Logique maléfique, la fantasma c’est un pacte du mal! → Mais aussi des détails secondaires où on dit par exemple dans la langue, quand quelqu’un a une certaine capacité d’affronter l’adversité : il est guéri d’effroi (capable d’affronter chaque problème car a connu pire!) : Fortifie les gens pour les rendre capable d’affronter le pire Explication Ontologique : Logique d’attraper un virus MAIS avec des nuances Endogène : Il y a quelque chose à l’intérieur de moi qui commence à se désagréger et qui me rend malade. → « je suis malade parce que mon foie me lâche ». Exogène : il y a une réalité à l’extérieur de l’individu qui serait la cause de la maladie : virus, esprit, bactérie, radiation, … Bénéfique : la maladie peut être considéré, dans certaines cultures, comme quelque chose de bénéfique Maléfique : la maladie, de manière large, est associée au mal. Il est rare de trouver quelqu’un qui dit que la maladie permet de nous rendre plus fort. Additif : la maladie est considérée comme quelque chose qui s’ajoute à nous : « un esprit me possède » Soustractif : quelque chose nous manque Homéopathique : on choisit un principe qui agit dans le meme sens que la maladie Allopathique : rapport d'opposition contre la maladie 54 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein La maladie de susto (de l’effroi) La maladie du susto (effroi en espagnol) est attrapée par les gens lorsqu’ils croisent la figure de l’esprit d’une vieille femme habillée en noir la nuit = La fantasma → Les patients ici ne vont pas dire « Je ne suis pas malade » mais « je suis victime de l’effroi » → La voir de dos n’aura pas de conséquence → Mais si on voit son visage, elle prendra possession de nous et on sera comme hypnotisé sans pouvoir détourner le regard → Il y a pleins de symptômes parfois très spectaculaires liées à cette possession ((paralysie, cécité, perte de parole, etc On peut légitimement se demander si c’est une hallucination, mais partons du principe que ce n’en est pas une Pourquoi faut-il dire « je l’ai vue » et pas « je pense l’avoir vue » ? → Les personnes vont dire cela parce que c’est important, quand on transmet la culture, de la transmettre comme quelque chose d’évident, qui va de soi, comme quelque chose que l’on ne va pas questionner. → Si on nous dit « je pense … », d’emblée, notre récit rentre dans le domaine de la question, qui mène à une divergence de la pensée. → Par contre, si on dit « j’ai vu », comment peut-on questionner ce que j’ai vu ? (ce que j’ai vu, il faut l’acquiescer comme un fait) → Dire « j’ai vu une femme dans la rue qui m’a fait ceci… » est vivace parce que la quête est que la culture ne soit pas questionnée, qu’elle se transmette comme une évidence La thérapie spontanée Boire de l’alcool est la seule manière de tuer ce quelque chose en trop → Généralement, ils vont boire dans des bistro populaires, en parlant autour des tables, à voix basse, avec les rideaux fermés, de sorte à ce que l’espace soit toujours le même à l’intérieur. → C’est un lieu où il y a des caractéristiques communes avec le temple, qui font circuler le temps autrement. → C’est un espace rituel : les gens essaient de reconstruire, dans le bar, un espace rituel parce qu’il n’y a plus de rite traditionnel qui peut venir en aide à cette pathologie Au fond, c’est le deuil de la perte qui se manifeste par le visage de la possession. → Au lieu de parler lorsqu’ils sont en deuil (« je souffre parce que j’ai perdu ma mère et je n’ai pas été aux funérailles »), ils deviennent possédés. → Dans leur récit, c’est évident qu’il y a un lien entre le deuil non assumé et l’effroi. → Mais le patient ne dit pas qu’il souffre parce qu’il n’a pas fait le deuil de sa mère. → Jamais il ne fera un discours du manque. Il montrera toujours un discours du « trop plein », de la possession → Il y a une tentative culturelle de confronter le sujet au manque Pourquoi la culture nous contraint à nous penser possédé plutôt qu’en deuil ? Car il est plus facile de lutter contre une possession que contre la mélancolie → Quand un deuil ne se fait, les personne vont commencer à devenir mélancolique, mais si la culture nous empêche de nous penser comme cela, cela nous contraint à nous dire possédé par un esprit. « La mélancolie → le sujet ne sait pas ce qu’il a perdu et ne sait pas pourquoi il est triste. → Il parle généralement de pertes insignifiantes. 55 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Le mélancolique sait que la vraie perte est ailleurs et les petites pertes ne sont que des prétextes à travers lesquelles cette ancienne perte plus grande redevient vive. → Dans l’expérience de ne pas pouvoir nommer ce qui me met à mal, le langage finit par ne plus avoir d’intérêt ni de sens. → La mélancolie est un état subjectif où le sujet, ne sachant pas ce qui vient déterminer son état, démissionne de la vie, de l’existence. → Le sujet lutte dans le vide sans savoir contre quoi il lutte La possession : → On sait très bien par qui le sujet est possédé et on sait ce qu’il doit faire et la question de désinvestissement symbolique ne se fait pas. → Si je souffre parce que je sais que j’ai quelque chose en trop, il y a un combat qui se mène contre cette altérité Exemple Dans une étude en Afrique (1970), on a constaté qu’il y avait très peu de mélancolie en Afrique mais pourquoi ? → 1ère hypothèse : à cause du soleil, des fêtes, etc. → 2ème hypothèse : ils ont une construction culturelle différente de la maladie On a pu voir qu’il y avait très peu de mélancolie, parce que justement il y avait beaucoup de possession → Si on met les deux choses ensemble, peut être que l’on peut se dire que ce que nous, on pense parfois traverser la mélancolie, ailleurs, cela est vécu plutôt sous la forme de la possession → S’agit-il de la meme chose sous deux noms différent ? NON Le langage et les représentations culturelle sont performatives ! → Cela signifie que ce sont des situations où parler, c’est faire : La parole produit des réalités. → C’est une idée venant de la philosophie du langage : « DIRE C’EST FAIRE » → Ex : je vous déclare mari et femme » : valeur performative, car au moment où l’on dit ça, la réalité sociale change → Dans certains types de parole, cela est plus évident. Dans des représentations culturelles, quand quelqu’un dit : « j’ai été pris par l’effroi », il construit, ce faisant, une expérience de la maladie tout à fait différente de celui qui se dit mélancolique. → C’est une autre représentation de la maladie c) Contribution de l’ethnopsychiatrie et de l’ethnopsychanalyse au problème Tobie Nathan (à travers son texte « L’influence qui guérit ») montre le problème pratique qu’ont rencontré les professionnels de la santé mentale pour prendre en charge des populations immigrantes → L’échec des pratiques habituelles a été le point de démarrage de la recherche autour des nouveaux dispositifs pour accueillir ces populations. → Au lieu de discréditer leurs représentations de la maladie, présentées à travers des récits ou des mythes très divers, Nathan prend au sérieux ces matériaux comme étant porteurs de deux choses fondamentales : o la logique à travers laquelle les sujets interprètent leur maladie en se référant à leur culture d’origine o des pistes concernant le type d’approche auquel ils sont sensibles pour procéder à une « transformation » ou « mutation » de leur état. Autrement dit, il repère dans ces récits, des indications sur le comment mener la thérapie De manière plus générale, il fait une critique à la psychopathologie → car c’est un système ethnocentrique 56 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → et selon lui, la seule perspective scientifique défendable serait l’influenciologie, à savoir, l’étude systématique des procédures techniques pour influencer, transformer l’autre. De plus le statut de la culture change dans l’œuvre de Nathan → Elle n’est pas simplement « l’habit » qui recouvrirait de manière différentielle une essence humaine commune, car de ce point de vue la culture colore la subjectivité mais ne la constitue pas essentiellement. → Nathan propose, à l’issue de ses recherches, que la culture est constituante du psychique de telle sorte qu’il n’y aurait pas de clôture de l’appareil psychique sans inscription culturelle Nathan va analyser l’effroi (susto) dans son chapitre « Apologie de la frayeur » → mais il va comparer des données linguistiques, anthropologiques et cliniques issues de différents cultures. → Il montre la richesse de la logique de l’effroi, au point de la considérer comme un invariant de tout arsenal thérapeutique. d) Contribution de la socio-anthropologie au problème Mais la signification de la culture dans l’analyse du normal et du pathologique, de la santé mentale, n’est pas quelque chose d’exclusivement pertinent lorsqu’on approche des cultures traditionnelles ou lointaines Alain Ehrenberg Le sociologue Alain Ehrenberg, dans son livre La fatigue d’être soi note que dans les sociétés contemporaines les individus représentent (interprètent) diverses formes de malaise et de souffrance comme une dépression. → L’épidémiologie de la dépression a connu un accroissement inouï les dernières décennies, au point que pour certains chercheurs cela montre bien que la dépression est devenue la maladie de « mode », c’est-à-dire, une notion qui permet de représenter de manière élective le malaise contemporain. → Avant 1970 : la névrose est la référence populaire la plus courante pour nommer toutes sortes des malaises. → 1970 - aujourd’hui : La dépression apparaît comme « la maladie à la mode » Parallèlement, on observe depuis les années 60 une montée très significative de l’épidémiologie de la dépression et l’intérêt de la psychiatrie pour ce spectre de la psychopathologie ne cesse d’augmenter. Le problème est : → est-ce que la dépression a « vraiment » augmenté ? → ou cette évolution illustre un changement dans la culture qui ferait que, pour les individus, la représentation de la dépression apparaît comme plus « pertinente » pour signifier leurs malaises Ehrenberg se penche sur cette deuxième optique. L’utilisation des antidépresseurs Le fait que les antidépresseurs stimulent l’humeur des personnes « vraiment dépressives », alimente l’espoir de dépasser toute souffrance psychique. → C’est ce qu’on a pu repérer avec l’utilisation massive et indiscriminée du Prozac et d’autres substances. → Cet espoir n’est pas pour rien dans le « succès » social de la dépression comme signifiant pour nommer sa souffrance. Mais, est-ce que nous devons supprimer toute souffrance ? N’y a-t-il pas des souffrances « utiles », ou mieux encore, mobilisatrices de transformation ? Dans une dérive culturelle où il paraît absurde de supporter ses souffrances, est-il encore possible de distinguer de la pathologie des malheurs et les frustrations de la vie quotidienne? 57 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein La distinction freudienne entre « souffrances de la vie » et « souffrance névrotique », bien que toujours fondée, paraît perdre socialement sa pertinence dans un contexte où il n’est plus si aisé de distinguer ce qui relève d’une maladie de ce qui relève d’autre chose → « Si la déontologie médicale contraint le médecin à soulager la souffrance quand il ne peut pas guérir une maladie, pourquoi devrait-il procéder autrement en matière de souffrance psychique ? » L’individualisme contemporain Ehrenberg nous montre que le contexte où la dépression devient la maladie qui représente davantage les souffrances est celui de l’individualisme contemporain. → Pas seulement compris comme un processus de perte de références de l’homme moderne noué à la fragilisation (voire au déclin) du lien social o ce qui se rendrait manifeste dans l’affaiblissement de la vie publique et de son investissement, pour renforcer les investissements moïques, voire narcissiques comme le pensait Lipovetsky par exemple → Pour Ehrenberg, cette perspective n’est que le reflet d’« illusions rétrospectives », démunies d’un minimum de sens historique, et qui conduisent juste à avoir pitié des souffrances d’aujourd’hui. Pour Ehrenberg, un des traits forts de l’individualisme démocratique est que nous sommes devenus des « individus purs », qui ont à juger eux-mêmes en construisant leur propres référents. → Aucune loi morale, ni tradition ne viendrait nous indiquer de l’extérieur comment nous devons être ou nous conduire. Au fond, l’équilibre entre le défendu et le permis, qui régulait l’individualité jusqu’aux années 1950-60, a perdu son efficacité, donnant lieu à une recherche d’équilibre entre le possible et l’impossible. → L’équilibre entre le permis et l’interdit, décline en faveur d’un arrachement entre le possible et l’impossible. → Au lieu d’être fondamentalement confrontés à la loi et la culpabilité, nous sommes davantage confrontés à la responsabilité personnelle → Au lieu qu’une personne soit mise en action par des contraintes ou un ordre extérieur, aujourd’hui il faudrait s’appuyer dans ses ressources internes et ses compétences. → Les notions de projet, initiative, motivation, communication et empowerment sont des devenues les normes d’aujourd’hui. Deux hypothèses au sujet de l’ordre normatif de la responsabilité Cet ordre normatif de la responsabilité change le concept psychiatrique et social de la dépression. Ehrenberg travaille 2 hypothèses à ce sujet [1. L’individu affronte une pathologie de l’insuffisance plus qu’une maladie de la faute par rapport à l’ordre de la loi. → Le déprimé est un homme arrêté et par ailleurs le déplacement de la culpabilité à la responsabilité ne se produit pas sans changer « les relations entre le permis et le défendu » [2. Le succès de la dépression repose sur le déclin de la référence au conflit. Mais pas seulement → au niveau psychique et social, car on voit aussi disparaître la notion de conflit comme susceptible de rendre compte du malaise social. → Et peut-être là se trouve la racine du leurre : interpréter toute malaise comme l’expression d’une souffrance du sujet et ne plus l’interpréter comme un signe des conflits sociaux. Conclusion : Dans les sociétés contemporaines la « mutation culturelle » détermine les modalités de souffrance, du normal et du pathologique et favorise l’émergence des discours spécifiques, des logiques historique et culturellement construites, pour représenter les dites souffrances ou pathologies. 58 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Lipovetsky A travers son texte « Narcisse ou la stratégie du vide » (dans : L’ère du vide) Lipovetsky tente d’une manière plus articulée de caractériser le changement culturel, de logique culturelle, dans les sociétés contemporaines, dans lequel Narcisse serait le paradigme de l’homme et non plus Œdipe. La ligne centrale de l’argument est que à partir d’une diversification de l’offre des biens et des services, les sociétés modernes induisent l’illusion d’une « existence à la carte » : ou tout serait possible, tout désir pourrait trouver un objet, une offre pour le satisfaire → et à partir de ca un processus de « personnalisation » s’instaure → opérant graduellement une « mutation anthropologique » qui produit des individus purs. Il décrit donc le changement de logique entre modernité et postmodernité, quant à la relation à l’autorité, aux investissements du public et du privé, l’autre et soi, le corps, etc… Ce portrait, certes discutable, du paysage humain et social contemporain, est une clé pour comprendre que les pathologies, les souffrances contemporaines seront logiquement plus en référence à la « désorientation », au vide, à la perte de sens, etc. « Narcisse ou la stratégie du vide », Lipovetsky (notes complètes) Pour l’homme urbain, il fallait éviter d’avoir une vie vide! → Lipovetsky va nous montrer comment la post-modernité nous mène au vide Proposition générale : → Pour la modernité et la tradition humaine, Œdipe était la figure mythologique fondamentale qui nous permettait de penser la condition humaine, aujourd’hui c’est Narcisse qui serait la figure mythologique fondamentale qui nous permettrait de penser la condition post-moderne. → Narcisse est plus apte à penser l’individualisme humain. Nous sommes face à une mutation anthropologique accomplie. → Mutation anthropologique : Transformation de l’être humain, en plus de la société. L’individualisme propose un profil inédit de l’individu au moment où le capitalisme autoritaire (industriel) cède le pas à un capitalisme permissif (offre tellement de choses!) Dans ce nouveau moment de l’histoire sociale, se un passage de l’homme economicus à l’homme psychologicus. → Il va se produire un hyper investissement de la sphère privée et elle-même va changer de sens. → On peut qualifier cet homme post-moderne comme un homme qui se liquéfie, perd la consistance et devient chaque fois plus flou. => o Homo aequalis (Fait penser à la personnalité borderline!) Narcisse sur mesure Après ce moment de tournure importante et l’agitation politique et culturelle des années 60, se produit une désaffection généralisée dans le social. La sphère personnelle se voit alors capitaliser l’investissement des individus ! → MAIS ce n’est pas le résultat des crises économiques, attention → Dans la même lignée, il propose l’idée que de toutes les grandes questions philosophiques/ politiques, que toutes les hauteurs, s’effondrent parce qu’il y a un processus de neutralisation et banalisation sociale. → Si on se concentre sur la sphère privée, l’humain commence à vivre sans idéal, sans but transcendant et ça apparait comme possible et souhaitable. → C’est la fin de l’homme politicus et le début de l’homme psychologicus : il ne régler plus les grandes questions politiques mais est à l’affut de son bien-être 59 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Il y a également une perte du sens de la continuité historique, une érosion du sentiment d’appartenance : concentration de l’existence dans le présent et perte de la continuité historique. → Contexte d’écriture de Lipovetsky : un ensemble d’évènements historiques produisent cette désertification des valeurs et des institutions sociales (crises, Watergate, défaite du Vietnam, angoisse nucléaire). Tout ce contexte entraine une crise de confiance envers les grands leaders politiques et un climat de méfiance/pessimisme : il y a alors un développement des stratégies narcissiques de survie. o La perte de confiance produisait des conditions favorables à ce repli et cet hyperinvestissement de la vie privée qui va promettre la santé psychologique et physique. – o La Paix mondiale et croissance économique ne sont plus possible, donc on va s’intéresser à soi. o Le futur est menaçant donc repli sur le présent! o Dévaluation du passé vu la perte de la continuité historique aussi! o Implique aussi un moment de rupture avec des ancrages culturels et des traditions : société sans ancrage Si toutes les orientations politiques sont banalisées, perdent dans leur consistence, voudrait-il dire que nous tombons dans nihilisme tragique comme Nietzsche l’avait prévu? → Non, car ce que Lipovetsky décrit c’est que le narcissisme contemporain se déploie dans une absence étonnante de nihilisme tragique. Il n’y a pas de sentiment apocalyptique, au contraire ça se développe dans une existence « cool », détendue, apathie frivole. → Ce repli dans la vie personnelle c’est une forme de repli narcissique, ce n’est pas un repli seulement triste et angoissé, c’est une forme inédite d’apathie faite de sensibilisation épidémique au monde et simultanément d’indifférence profonde à son égard (paradoxe!) → Nous vivons dans un océan d’informations avec laquelle les évènements mass-médiatisés se chassent les uns les autres, empêchant toute émotion durable : nous ne sommes plus en mesure d’investir quoique ce soit! Cette forme narcissique d’organisation humaine, cette culture narcissique est une structure constitutive de la personnalité post-moderne mais résulte d’un processus qui régit le fonctionnement de la société. → Ce processus plus général est le processus de personnalisation. C’est de là que surgit le narcissisme! → Plus on investit le moi, moins on investit les grandes questions de sens Ca entraine une Révolution des besoins amenant une éthique hédoniste et qui va atomiser les rapports inter- individuels, les isoler les uns des autres. Apparaissent alors les discours psy qui vont se greffer sur le social : ils produit un nouvel ethos de masse, une culture centrée sur l’expansion sociale. → Une culture narcissique se développe au croisement d’une logique sociale individualiste hédoniste et d’une logique thérapeutique et psychologique qui vont produire ensemble une nouvelle représentation/culture de l’individualisme. Les chapitres qui suivent vont développer la thèse de la culture narcissique comme croisement de ces 2 logiques Le zombi et le psy Ce chapitre va développer cette question de la manière ou se produit un nouvel investissement de la conscience, du moi, de la passion du moi → Zombie : L’investissement du moi va de pair à se rencontrer vidé de son identité => Paradoxe → Culture psy : implique cet investissement du moi qui fait émerger l’homo psychologicus en tant qu’instrument de la personnalisation. o Des stratégies thérapeutiques émergent comme étant des instruments du processus de personnalisation, dans leur fonction sociale Il y a une chute de la sensibilité politique et une augmentation de la sensibilité thérapeutique 60 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Ceci se passe au moment où la croissance économique s’essouffle : un nouvel engouement (comme tentative où le développement économique ne pouvait perdurer) prend le relai du développement du soi. → La conscience devient alors un produit, on parle de consommation de conscience! Des pratiques sociales vont alimenter la poussée narcissique en cours. De quelle manière? En canalisant les passions sur le Moi → Homo psychologicus : va s’identifier à la figure du narcissisme post moderne → Dans ce dispositif psy, l’inconscient et le refoulement occupent une position stratégique! Ce sont des opérateurs cruciaux du néo-narcissisme car ils alimentent cette question de la reconquête de la vérité du Moi Là où c’était, je dois devenir : instinct à élargir l’espace de la personne en incluant tout dans le champ du sujet. Même les aspects les plus sombres de soi doivent être inclus dans cette tentative de s’assumer. L’auto-absorption narcissique permet alors une radicalisation de la désaffection de la sphère publique qui permet de mieux vivre l’atomisation et l’isolation sociale → L’individualisme n’aurait pas été possible sans qu’il y ait un dispositif psy qui le rende vivable. → Le Moi devient la préoccupation sociale et il lui faut un but : c’est ça l’importance sociale de la culture psy L’investissement du soi : plus le moi est investi, plus le sujet devient à l’affut de lui-même et s’interroge. Le Moi alors devient un miroir vide à force d’informations, à force d’analyses. → Plus on se creuse, au lieu de s’intéresser aux autres et les questions relatives de la collectivité, plus il ferait la découverte d’un vide. → Plus il se remplit de théories, plus il fait une expérience de vide et son identité perd en consistance et commence à se liquéfier Le néo-narcissisme ne s’est pas contenté de neutraliser les institutions sociales, c’est le moi qui se trouve aussi vidé de son identité, paradoxalement, par son excès d’investissement. → Comme si la consistance de l’identité ne pouvait s’éprouver que dans l’entretien d’un rapport fort aux autres et au social. → Le Moi devient un ensemble flou (// borderline) → Il dira qu’au-delà du moi, partout c’est la disparition du réel lourd → Désubstantialisation ultime L’éthique, installée par la culture psy, permissive et hédoniste ne met pas l’effort à la mode et se construit un culte du désir → Des phénomènes révélateurs de cette désubstantialisation : par exemple, par rapport à la question du manque d’attention des élèves, ce fait n’est qu’une des formes de cette nouvelle conscience cool et désinvolte, en tout point semblable à la conscience téléspectatrice (trop d’informations!). → L’humain étant soumis à un flux énorme d’information ne peut plus se donner le luxe d’être figé à quelque chose – → L’Effort n’est plus à la mode : c’est la fin de la volonté comme grande valeur sociale. → Il n’y a plus de sacrifice mais injonction sociale qui pousse au plaisir (« Eclatez-vous! ») : les choses sociales se forment de façon à ce que les individus soient poussés à l’idée de l’éclatement – Question de transformer les codes : les rigidités intro-déterminées seraient incompatible avec un système de flottement : → travaille à la dissolution de l’extrodétermination, faisant place au narcissisme, à une auto-absorption réduisant la dépendance du Moi envers les autres. 61 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Le sujet fait un mode d’existence à la carte : là où la vie était organisée via certaines contraintes et inévitables, aujourd’hui, le sujet peut choisir parce qu’il y a une diversité énorme de bien et de service et donc mener une existence à la carte. → La question de la détermination des contraintes et notre rapport à la contrainte est tout autre : il y a une rupture avec l’ordre et de la standardisation. – C’est une lecture intéressante de la manière où l’individualisme, la culture psy, la montée en puissance de la référence au Moi a un effet évident sur les systèmes normatifs → Le règne de l’égalité a transformé l’appréhension de l’altérité comme le règne hédoniste et psychologique transforme de fond en comble l’appréhension de notre propre identité. L’égalité poussée à l’extrême va changer la manière de comment on comprend le poids de l’autre : la régulation qui pouvait venir de l’autre est vacillante car tout perd en consistance, y compris l’autre. – → L’égalité a permis le surgissement de la question du moi : l’authenticité l’emporte sur la réciprocité, la connaissance de soi sur la reconnaissance. Le corps recyclé : Nouvelle signification du corps et de sa centralité → Le corps est un autre chantier où on peut lire ce processus de personnalisation – → Ce travail sur le corps, hygiène-soin-sport-techniques de massage, produisent une transformation de la signification du corps, de tel sens qu’il n’est pas une machine mais qu’il dessine notre identité profonde dont il n’est plus question d’avoir honte. → Corps = Opérateur de l’identité profonde de l’être humain. → Les angoisses du corps vont dans ce sens : vieillesse prend une autre épaisseur! → Les personnes sont moins aptes à s’affronter à la vieillesse, à la mort et le culte de la jeunesse commence à être important dans les cultes sociaux La dichotomie entre le corps et l’esprit s’estompe : le corps n’est plus un objet mais un objet-sujet. → La psychologisation du corps qui est à l’œuvre ici est la culture de la personnalité sur le plan du corps Des impératifs sociaux vont émerger (impératifs plutôt qu’interdits) → L’impératif de conserver la ligne, la forme : de nouvelles normes sociales qui vont peser sur les individus de manière très forte Sennett dit : Si le narcissisme est bien porté par une vague de désaffection, ce sont les valeurs et finalités « supérieures » qui sont concernées, nullement les rôles et codes sociaux. → La personnalisation ne veut pas dire qu’il n’y a plus de norme social, le narcissisme procède d’un hyper- investissement de codes et fonctionne comme type inédit de contrôle sociale sur les âmes et les corps. → Un hypercontrole social est à l’œuvre derrière cette existence cool, détendue, dans l’éclatement. Il y a des injonctions sociales à incarner des rôles, des formes corporelles/psychiques, très virulents et qui sont des modalités inédites du contrôle sur les âmes et sur les corps. Un théâtre discret Comment ça rebondit dans les relations interpersonnelles, chercher à révéler l’intime/le soi mais qui produit des conflits : Plan du rapport à l’autre, neutralité qui se produit → Il va poursuivre le travail sur cette passion, sur cette révélation du soi mais sous le pdv d’un théâtre intérieur. → Codification de la manière dont le sujet se rapporte à soi : injonction de discrétion → Scruter avec un culte de l’intimité mais que paradoxalement ça produit des distanciations dans les rapports sociaux. → La compulsion d’authenticité est nouée à l’émergence d’incivilités – → Passion de la révélation intime du Moi, dont des phénomènes de société en témoigne tel que l’augmentation de l’intérêt pour les biographies (qui nous donne accès à l’intimité de l’autre) 62 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Média : tv-réalité, avec ingrédient principal : amener les protagonistes à révéler leur intimité. Exploitation de cette affaire qui suscite un intérêt. o Pourquoi ça devient intéressant? Pour les personnes âgées, tv-shows n’ont pas d’intérêt car ils ne sont pas marqués par cette passion de la révélation du Moi. – → La société devient intimiste et certaines valeurs vont changer en conséquence : sincérité et authenticité (être soi-même) deviennent valeurs cardinales plus que la question de la cohérence. → Incapacité grandissante de jouer des rôles sociaux. Narcisse affaiblit la capacité de jouer avec la vie sociale et se produit alors une impossibilité de distance entre ce qu’on ressent et ce qu’on dit. Perdre ce jeu avec le rôle social, la distance entre ce qu’on ressent et ce qu’on exprime produit un vécu problématique dans la tentative que ce qu’émerge en nous correspond à ce que nous sommes et là se trouve un piège : plus les individus se libèrent des codes et coutumes, plus leurs relations devient fratricides et asociales. → Montée des incivilités → Vie privée : problématique parce qu’être à l’affut de voir l’intimité d’autrui produit une certaine incivilité dans les relations sociales, y compris les réseaux sociaux. → Les relations sociales ont besoin de certaines barrières, de règles impersonnelles : s’il y a un règne de l’obscénité, alors la communauté vole en éclat et les rapports humains peuvent devenir destructeurs. – → Compulsion d’authenticité —> Incivilité —> Rejet des relations anonymes. Si le Moi est hyper investi, les autres groupes/classes/cultures, trop distants de sa sphère personnelle, lui semblent des inconnus et il n’y est plus relié socialement. Et donc il y un rapport d’exclusion, de distance, de méfiance qui peut devenir structurel à la société → Les rôles sociaux ne sont plus investis, ça veut dire qu’il n’y a plus de codes? Non, au contraire il y a même une hyper inflation de certaines injonctions : authenticité, la ligne, la forme, l’intimité. → Phénomène culturel a un effet organisateur de la subjectivité elle-même : la personnalisation n’abolit pas les codes mais instaure de nouvelles règles adaptées à l’impératif nouveau que la personne soit pacifiée/cool Et donc de nouvelles normes sociales émergent : on peut dire ce qu’on veut mais pas agir! Pas passer à l’acte, pas être agressif du point de vue physique. → L’injonction au culte de l’intimité est un instrument alors de contrôle dans le sens où son but est produire une pacification sociale. o Evoque un changement des violences : dans la période post-moderne se produit une pacification sociale (diminution des agressions, des hold-up, des affrontements physiques violents dans l’espace public) mais en même temps augmentation des violences privées, dans les sphères personnelles. → Ce qui psychologiquement parlant a du sens : la violence va éclore là où se trouve les investissements des individus! → L’authenticité est une nouvelle mode de codifications des relations sociales : discours trop théâtral n’a pas d’effet d’authenticité, il faut adopter un style cool et chaleureux. – → La discrétion apparait comme la forme moderne de la dignité : la discrétion est le signe et l’instrument du contrôle de soi, manifestation demandée et attendue de la capacité de se contrôler. Ce qui caractérise ce profil narcissique c’est l’intériorisation et pas la figure du révolutionnaire enflammé. – → De ce point de vue, la discrétion liée à l’injonction d’authenticité avec tentative de pacification, de garder le style cool et chaleureux, se produit alors comme résultat de la personnalisation la détente, au désinvestissement du conflit Les relations sont marquées par cette contrainte d’authenticité, de culte de l’intimité, au détriment des rôles sociaux codifiés 63 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Ce nouvel état de chose serait producteur de relations douloureuses, fratricides et asociales → Ce n’est pas possible d’être manichéiste : voir les relations sociales codifiées comme avant comme le fait de porter des masques ce qui entrainerait des relations civiles. → Alors que la culture contemporaine produirait de l’incivilité : Ce serait réducteur! Il dira ici néanmoins qu’il y a un problème concernant la question que nous pensons : la représentation catastrophique qui nous pousse à faire des preuves d’avoir un rapport conflictuel à l’autre, est trop conflictuel à l’autre dans la culture post-moderne. → Une des raisons claires est la suivante : si le repli vers le moi implique un désinvestissement du nous et donc de voir l’autre comme un danger : les ne sont pas relation pas familières mais malaisées. → Je me sens toujours donc dans un rapport conflictuel avec autrui : je me sens exclu, pas intégré et cette épreuve donne lieu à une augmentation du rapport malaisé/conflitctuel à l’autre Apocalypse now Il va poursuivre l’analyse de comment se transforme les relations affectives entre classes sociales entre les sexes → La tolérance est aussi une nouvelle valeur, puisque l’atomisation de identités est maximale et que les individus eux-mêmes s’éprouvent comme étant armés d’aspects hétérogènes, et s’ils cherchaient à être cohérents ils tomberaient malades. → Il y a une nécessité de l’injonction de la tolérance pour qu’individu ait un rapport minimalement pacifié à lui-même L’homme qui se fait lui-même, qui vise à avoir du succès et une réussite économique : quelles est la signification de cela? → Richesse ne veut qu’exciter l’admiration ou l’envie. → La question étant de susciter l’admiration, l’envie de l’autre, ce qui est une manière de produire une concurrence, une lutte des places et donc des rapports pas nécessairement pacifiés. – p.99 : Comment se construit le narcisse → Derrière l’image de l’homme qui a une existence cool, se construit ce narcissisme qui est une structure psychique inédite et qui se retrouve pris dans les filets de l’amour-propre et du désir de reconnaissance. → Les blessures de l’amour-propre sont particulièrement douloureuses : Plus on est concentré dans le moi, plus l’humiliation devient une blessure douloureuse. → Cette quête de reconnaissance devient donc virulente de nos jours : tout le monde cherche à être entendu. o Ce désir est parfaitement hyper-stimulé par le culte de l’intimité. Il y a une transformation de la dimension intersubjective, la manière donc se conçoit l’espace public et l’espace privé → Dans cette pacification sociale, comment régler le conflit? L’indifférence, nouvelle modalité de codification sociale → Paradoxe : tout en étant intéressé à connaitre l’intimité de l’autre mais pour accéder à soi et donc indifférence à l’épaisseur et la réalité de l’autre → P.103 : Propos réducteurs du féminisme. Idée que la différence de sexe se perdrait et donc séduction fondamentale transsexuelle qui serait à l’œuvre 24 000 watts Il y a une nouvelle forme dictatoriale de surmoi, des nouveaux idéaux sociaux très exigeants qui vont susciter chez les individus une tentative de fuir ces nouvelles contraintes, normes sociales pénibles et lourdes (ex : à travers la musique, dans le casque pour produire une auto-suffisance) La fascination exercée par les individus célèbres (stars) peuvent intensifier les rêves narcissique de gloire. On encourage à s’identifier à ses stars, à haïr/mépriser la vie banale. 64 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Qu’est-ce que produit cette injonction de l’identification à ses stars? Il est plus difficile d’accepter la banalité de la vie et cela la rend plus douloureuse : génère des doutes, des souffrances, de l’anxiété, etc. → On favorise le dénigrement et le mépris de soi : société hédoniste n’engendre qu’en surface la tolérance et l’indulgence. Culte de la célébrité qui se manifeste? Pas sûr, car ces étoiles sont promues pour s’éteindre très vites, recyclage très rapide. → Obsolescence des stars et gourous! De plus en plus de vedettes mais de moins en moins d’investissement émotionnels sur elles. → La logique de la personnalisation génère une indifférence aux idoles : engagement passager et désaffection instantanée. → Les choses ne peuvent pas durer et pour être investies, la question de la vitesse est importante. – → Ce qui compte c’est le mouvement, pas où on va, ni ce qu’on fait! La circulation, le recyclage, produit un réel qui devient inhabitable et donc un repli sur soi – o Le réel perd en consistance ce qui fait une nouvelle indifférence au monde et Narcisse se défoule Le vide Comment le narcissisme conduit finalement au fait de rencontrer un vide ? - Les BL ont des sensations de vide - Quête de sentir mais une fuite devant le sentiment, une manière de mettre fin à la culture sentimentale et des rapports cool : à l’abri des passions des autres. - Quête de vivre quelque chose de vertigineux Ce texte nous donne un portrait de l’individualisme post-moderne. Mais est-ce que c’est vrai que se produit un repli? Pas sûr, car on perd de vue que l’individualisme est un phénomène social et non une perte du sociale. - Perspective déclinologique dans le texte de Jean-Pierre Lebrun – on va critiquer cette perspective avec le texte de Lipovetsky Jean-Pierre Hiernaux Dans la même ligné d’études qui montrent le poids de la culture dans la détermination d’être sain ou malade, on peut inscrire les recherches de J-P. Hiernaux sur les symboliques sociales en Belgique. → Dans les années 60-70, il compare les discours des personnes d’origines rurale et urbaine en Belgique, mettant en évidence qu’ils sont porteurs de structures symboliques (culturelles) presque inverses Explications : Rapport à soi : quel type d’être humain on veut devenir dans l’existence. Comment conçoit-on notre vie dans le sens que ce qu’on est appelé à devenir Actions : Quelles actions nous permettent d’être l’homme que l’on veut être ? Moyens : comment identifier les actions + ou - ? Référents : qui nous aide à devenir l’homme que l’on veut être Temps : quand repérer l’agent qui aide à se positionner ? Espace : Ultimités : à quoi ça nous servira ? Contexte rural : 65 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein + - Homme (régulé) Peu importe si tout ce que l’on fait n’a Bête (non régulée) Rapport à pas de sens, on le fait quand même. Ce Si on se laisse aller, en ayant du plaisir, on soi qu’il ne faut surtout pas faire, c’est deviendra juste des animaux qui ne savent pas glander. Il faut avoir une régulation de soi se réguler si on veut être un homme Faire des efforts Se laisser aller Ex : la mamie qui n’arrête pas de nettoyer Actions La logique du laisser-aller nous pousse à devenir alors que c’est déjà propre. Il faut faire une bête des efforts, sinon on se dérégule Liberté Contraintes Ex : les parents de campagne craignaient Moyens Logique du “comme disaient nos aïeux”. d’envoyer leurs enfants à la ville par crainte d’imprégnation d’une liberté trop présente Police Les curés, maires, directeurs d’école, nos Agents de la liberté Référents aînés, ce sont tous des sortes de policier, Ex : artistes des agents de régulation. Ils véhiculent la contrainte Passé Présent et futur Temps Avant c’était mieux, nos ancêtres C’est le temps de la décadence et ca va de pire savaient vraiment travailler en pire Là-bas (extérieur) Ici (intérieur) Inquiétude/crainte par rapport aux autres Espace Les agents de la contrainte se trouvent espaces que celui de l’espace familier. Le « là- “ici” (dans CE village, mais pas à côté) bas » du village d’à côté est craint, mais le « là- bas » désignant les US l’est encore plus Vie (cohésion sociale) Ultimités L’enjeu final consiste à assurer une Mort (décohésion sociale) cohésion sociale Contexte urbain : + - Homme plein Homme vide Recherche d’une plénitude existentielle, Rapport à Rester dans notre routine, reviendrait à accomplisse ment personnel. Pour ce faire, il soi avoir une vie plate, vide, sans intérêt et faut voyager, connaitre le monde et se heurter ainsi, faire de nous un homme vide à d’autres cultures Faire des efforts la routine et le fait de ne pas éprouver de Se laisser aller sentiments équivaut à avoir la vie réduite Ne pas se laisser prendre dans la routine, il faut Actions à son paroxysme se laisser aller Il faut explorer, tenter des On mène une vie inauthentique et vide. choses, prendre des risques, profiter de la vie On se refoule : on s’ignore et on se cache derrière notre travail Moyens Liberté Contraintes 66 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Pour se laisser aller, c’est la liberté qui compte La contrainte émerge comme le pire des moyens car elle nous conduit à faire des efforts et , ainsi, mener une existence vide, sans gout, sans intérêt Agents de la liberté Police Référents Les artistes, musiciens sont des agents Les agents de régulation, véhiculant la inspirateurs de cette liberté pour se laisser aller contrainte freinent notre liberté Passé Présent et futur Le passé est le temps des vieux refoulés, Temps Il faut voir en l’avenir et travailler pour notre ceux qui passent à côté de leur vie avenir (progressiste) (incapable d’hétérogénéité) Là-bas (extérieur) Ici (intérieur) Espace Ce n’est qu’en voyageant, en explorant le “là- Ceux qui restent dans leur petite routine, bas » que l’on atteint notre plénitude qui n’explorent jamais rien Ultimités Vie Mort Récap : Structure condensée de la symbolique Structure condensée de la symbolique sociale en milieu sociale en milieu URBAIN RURAL + - + - Rapport à Homme (régulé) Bête (non-régulé) Homme plein Homme vide soi Actions Faire des efforts Se laisser aller Se laisser aller Faire des efforts Contraintes Moyens Contraintes Liberté Liberté (traditions) Référents Police Agents de la liberté Agents de la liberté Police Temps Passé Présent et futur Présent et futur Passé Espace Ici (intérieur) Là-bas (extérieur) Là-bas (extérieur) Ici (intérieur) Mort (décohésion Ultimités Vie (cohésion sociale) Vie Mort sociale) 67 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Dans le contexte rural, on peut comprendre que la souffrance sera interprétée de manière élective comme une incapacité du sujet à maîtriser la bête qui l’habite, incapacité de maîtriser l’excès d’irégulation qui le constitue. → la souffrance vient d’un excès non contrôlé, non maîtrisé, non domestiqué dans le contexte urbain, la souffrance trouve sa source dans le « vide » qui habite le sujet → La négativité étant un vide que le sujet cherche à remplir, à combler. Nous voyons de nouveau que la culture, dans ce cas la sous-culture, induit de nouveau des modalités spécifiques d’interprétation de la maladie et, partant, instaure la modalité dans laquelle les individus vont « vivre » ou expérimenter leur souffrance → Dans ce sens fondamental, la situation est aussi culturellement construite que dans la culture populaire chilienne et le susto e) L’individualisme et la mutation du lien social : un débat Dans la lignée des travaux de Lipovetsky se déroule un débat actuel quant à la signification des transformations sociales et de la subjectivité. Dans ce contexte on trouve une position forte et contestée soutenue par : Lipovetsky L'individualisme serait un des grand destructeur de la culture contemporaine Lipovetsky (dans l’ère du vide) écrit sur l'individualisme contemporain → Il pose une idée centrale disant que la culture postmoderne implique un hyper investissement de la sphère privée, personnelle (du MOI >< pas le meme sens que Freud) au détriment de l'investissement de la sphère publique (du NOUS) → Cela veut dire plus on avance dans la période postmoderne, plus on va observer selon lui, un hyper investissement des affaires relatives à la sphère personnelle privée Il va proposer que ce glissement se vérifie d'abord du pdv observationnel sur la question de l’investissement politique par exemple qui recueille de moins en moins d'investissement → MAIS de plus ne plus de personnes rentrent dans des associations → Différence entre l'affiliation politique et l'affiliation associative ? o Le parti politique est destiné à s'occuper des questions collectives o Alors que l'associations défend nos intérêts personnels → On peut ainsi observer que la logique sociale change Il va proposer que tout ça repose sur un processus : la personnalisation de l'existence → C’est le fait que tout devient revêt d'intérêt dans la mesure où il se rapproche de la sphère personnelle → Dans ce contexte, les désirs humains peuvent virtuellement trouver un satisfacteur dans cet univers d'offre Ce n’est plus Œdipe qui nous permet de comprendre la référence humaine mais Narcisse. → Œdipe reste lié au « nous », Narcisse pas. → Œdipe révèle un rapport inévitable au social, tandis que Narcisse n’investit pas l’autre. → Narcisse éclipse complètement le social. → Cette figure mythologique nous aide à comprendre la subjectivité temporelle, qui résulte d’un phénomène social (personnaliser notre téléphone, avoir des T-shirts avec notre tête,…) o c’est intéressant à condition que l’on considère que le moi est intéressant. → Pourquoi ? Le « moi » est intéressant, devient un genre important (ex : les autobiographies) parce qu’il y a un changement de donne au niveau de la culture. Il y a une conscience soudaine concernant l’image personnelle. → Il y a un rapport nouveau à l’image qui nous donne de l’espoir par rapport au collectif 68 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein L’individu commence à se scruter, vouloir savoir qui il est., il cherche sa plénitude → Ainsi, l’homme postmoderne trouve que + il verse vers le moi, + il s’occupe de ses sentiments + et il se heurte vers le vide. → La vie s’appauvrit quand on se coupe du social. Les pathologies postmodernes qui se facilitent en fonction de l’état de la culture se traduisent par des dépressions et non pas des névroses. La culture donne une forme particulière à la souffrance → La souffrance prend la forme d’une dépression (ou borderline) et pas de névrose ! → Si le surmoi ne se forme pas, cela donne l’absence de conflit, éventuellement une quête frénétique de la satisfaction Jean-Pierre Lebrun Lebrun, un psychanalyste belge écrit dans La perversion ordinaire que la perversion, c’est-à-dire le fait de se sentir en situation exceptionnelle, s’avère être vue comme une subjectivité ordinaire → La subjectivité contemporaine s’organise de manière plus large en rapport à la perversion → Cette mutation sociale est un contexte qui favorise que les personnes se subjectivisent de manière perverse → MAIS il s’agit d’une thèse très controversée Dans La mutation du lien social (chapitre 3 de La perversion ordinaire), Lebrun développe comme hypothèse générale que la subjectivité contemporaine se fait à l’instar du modèle de la perversion Il y a une crise de repères → La régulation sociale ne fonctionne plus comme avant. → Sont remises en cause (déclin ?) o La référence à la norme spontanément admise et reconnue o L’idéal (idéaux) implicitement partagé o La hiérarchie véhiculée par la tradition (p.132) → Il y a une remise en question générale de l’autorité et de la norme Nous ne savons pas à quoi nous accrocher pour affronter les modifications introduites par le triomphe de la modernité et ses valeurs → Aujourd’hui le collectif se veut pluriel, pluraliste : il veut considérer les différences culturelles et imposer qu’on les respecte, surtout par rapport aux minorités → Donc il n’y a pas un Autre duquel on serait tous obligés. → L’enjeu est donc de construire des normes en fonction de chaque situation, avec les protagonistes, de sorte a, → Dans le but de plus « vivre à plusieurs » plutôt que « vivre ensemble » → C’est ainsi que nous arrivons à la postmodernité Avec la société post-moderne, nous passons d’un gouvernement à une gouvernance → Gouvernement : Composé de représentants et produit des décisions (normes) s’appliquant au social dans logique de pyramide (“société hiérarchique” de Lebrun) → Gouvernance : Pour que la norme fonctionne, il faut que tous les acteurs soient impliqués dans une production en logique de réseau 69 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein o Il ne suffit plus que le parlement rédige des normes, il faut demander aux acteurs de chaque commune de décider des sanctions. Il faut que la population soit impliquée, consultée à la production même de la loi N'ayant plus de référence communes, des problèmes inédits émergent → Consentir au changement de sexe ? → Consentir au mariage homosexuel ? → Autoriser le choix anticipé du sexe d’un enfant, le clonage, l’euthanasie ? → Le choix du nom ? Il s’agit de veiller à continuer la transmission de l’humus humain, sans que cela revienne à vouloir sauver les anciennes modalités de fonctionnement social La mort de la société hiérarchique : L’enjeu est de penser la structure de la mutation du lien social comme une transformation qui aurait des impacts sur le noyau anthropologique de l’humus humain et sur l’ensemble de modes d’organisation et de pratiques qui font « tenir » une société (134) → Une mutation n’est pas une coupure soudaine mais une série de petits changements qui s’additionnent et qui entraînent la transformation complète d’un système. → La mutation peut faire basculer l’ordre social : rien n’est anodin. Identifier la structure de cette mutation anthropologique permettrait d’éviter 2 erreurs : → le mirage des lendemains qui chantent → l’illusion pessimiste de voir dans ce changement le signe de notre décadence. (134) Lebrun dit explicitement que le concept de « mutation » est utilisé en référence à la « théorie des catastrophes » de René Thom « …une mutation procède non pas tellement d’une coupure radicale, même si elle y aboutit, mais surtout d’une série de petits changements qui s’additionnent. Des changements minimaux qui entraîneront subitement, à un certain moment en raison de leur accumulation, la transformation complète de la forme d’une figure, d’un objet, d’un système – en tout cas de leur forme telle qu’on la perçoit » (135) La transformation de l’organisation sociale : Hier – société hiérarchique Aujourd’hui – société post-moderne Vie collective : organisé (explicitement ou L’arrachement à la structure religieuse : c’est un fait implicitement) par la présence légitime d’une acquis, il n’est plus combattu ou débattu position d’extériorité, d’une place d’exception, Nous sommes passés à un fonctionnement collectif d’une transcendance. qui s’est émancipé de toute référence à une place Fiction théologico-politique (Claude Lefort) : d’extériorité. Cette organisation sociale était en accord avec une « Acte de décès de la société hiérarchique ». Place toujours inscrite, meme en période de déclin Incomplétude ou consistance : Dans la foulée, une distinction s'est perdue de vue, mais Lebrun rappelle qu’elle est essentielle → Transcendance transcendante (métaphysique) → Transcendance logique (Russel : théorie des types logiques) : on peut poser une réalité comme logiquement supérieure à une autre sans pour autant accepter qu'il y aurait une réalité métaphysique A partir de cette distinction, il aboutit à cette idée : il y a 2 concepts clefs qui froment un système de choix : 70 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Incomplétude (avec un manque) → Consistance : si on veut une société avec une certaine consistance, il faut accepter que tout le monde ne soit pas traité exactement de la meme manière (malgré le principe d'égalité) Avant, le système social était consistant- Post modernité, le système sociale cherche la complétude- incomplet inconsistance → Car on reconnaissait une place d'exception → pour gouverner il faudrait consulter TOUT le monde) Un ordre ne fessait pas de doute dans la la légitimité d’une décision suppose l’accord des parties en mesure où il venait d’une place d’exception présence, qu’on explore toutes les interactions pouvant être reconnue. affectées par cette décision → même si on contestait sa pertinence, le → Ceci implique que les avis les plus contradictoires conflit éventuel supposait l’existence d’aux s’expriment, puisqu’il faut consulter tous les interlocuteurs moins 2 places : ceux qui commandent et → Au final, personne ne veut prendre le choix final, assurer ceux qui obéissent et/ou contestent. ces responsabilités Ex : le paradoxe d’Epiménide Epiménide dit « tous les crétois sont des menteurs » → Si on l’inclut dans l’ensemble des crétois : c’est un menteur aussi (ses propos n’ont alors pas de sens et n’ont aucune valeurs) o Complet mais inconsistant → Si on l’exclut de l’ensemble des crétois : il est dans une position d’exception o Incomplet mais consistant Donc, pour garantir la consistance il faut mettre Epiménide à une position d’exception logique L’individualisme : « C’est toute la vie collective qui, de ce fait, a basculé. Elle ne se soutient plus d’un ordre préétabli qui transmet des règles, mais d’un ordre qui doit émerger des partenaires eux-mêmes – si tant est qu’on consente à ce qu’il émerge. On voit pourtant l’intérêt de cette mutation : les acteurs sont supposés s’impliquer, ils ne sont plus seulement des assujettis. Ils peuvent davantage s’engager comme sujets, et le savoir propre à chacun peut contribuer à la réalisation du projet collectif. Mais on peut aussi constater d’emblée les difficultés qui surgissent : comment ne pas en conclure que tout ce qui est transmis par la tradition s’avère désormais sans intérêt, est toujours déjà périmé ? Et comment concilier tous les avis singuliers, forcément différents ? Comment faire pour que tous les particularismes marchent de concert ? Dans un tel régime, l’autofondation et l’individualisme sont « naturellement » prévalents, comme des conséquences logiques de cette mutation. Sans qu’aucune volonté délibérée n’ait encouragé ce changement, sans qu’un quelconque choix moral ou éthique n’ait été opéré » (151) Pour Lebrun, l’individualisme serait donc une conséquence logique de cette mutation et non sa cause. → c’est parce que le système commence à devenir inconsistant que cela nourrit davantage la nécessité de se replier sur sa propre auto-fondation (>< Lebrun) → L’approfondissement de l’individualisme conduirait à une logique ou chacun est indispensable au point de ne plus avoir de pôle qui représente le collectif lui-même, → il n’y a que des conflits d’intérêts entre des parties, des particularismes, des individus. → Un tel cas de figure installerait une figure perverse de la démocratie. 71 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein De quel lieu pourrait-on défendre un projet qui vaut pour tous ? → Ceci impliquerait de reconnaître une place d’exception à ceux qui mènent ce projet, → MAIS cette place serait aujourd’hui discréditée et d’emblée suspecte de permettre à celui qui l’occupe de commettre des abus. L’ensemble de nos règles éthiques serait ainsi affecté → Il ne s’agit pas de discréditer des modifications éventuelles de la coutume et de la loi, mais de prendre la mesure du bouleversement anthropologique en cours, qui restructure le lien social et réorganise notre vie collective. → Il faudrait faire émerger de nouveaux critères → mais puisque toute « vectorisation » peut être suspecte de tenter de faire revenir les transcendances substantielles, les contraintes que nous impose la condition humaine sont ignorées et moins visibles → Il en découle une « grande confusion » MAIS cette position est controversée Alain Ehrenberg Le sociologue Alain Ehrenberg considère qu’il ne s’agit pas d’une grande confusion, ni d’une perte de repères « C’est à ce point précis que l’on se méprend d’ordinaire à propos de l’individu. D’aucuns se contentent un peu légèrement de se lamenter sur la trop fameuse perte des repères de l’homme moderne, l’affaiblissement consécutif du lien social, la privatisation de l’existence qui en serait la cause, et le déclin de la vie publique la conséquence. Ces stéréotypes nous ramènent à des pleurnicheries sur le bon vieux temps. Illusions rétrospectives ! Querelles théologiques ! N’avons-nous rien gagné à cette liberté nouvelle ? Nous sommes bien pus confrontés à la confusion entre repères multiples qu’à leur perte (des nouvelles sagesses philosophiques ou religieuses, aux programmes télévisuels destinés à donner du sens). L’offre accrue de repères n’est-elle d’ailleurs pas une condition sans laquelle cette liberté ne pourrait tout simplement pas exister ? Plutôt qu’à un déclin du public, nous avons affaire aux transformations de références politiques et des modes d’action publique qui se cherchent dans le contexte de l’individualisme de masse et de l’ouverture des sociétés nationales. Voulons-nous retourner dans l’étouffoir disciplinaire ? Plus encore, comment ferions-nous ? Il est temps d’aborder avec un minimum de sens historique et pratique la question de l’émancipation au lieu de s’apitoyer sur la souffrance qui désormais exsude de partout » 72 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Michel Tort Tort va donner une autre perspective à cette perspective → Il est historien et psychanalyse donc il aura un regard historique sur la question Unité IV – L’expertise L’expertise consiste en une procédure à laquelle on soumet certains patients à la demande d’une instance juridique (juge, avocat mais en tout cas jamais par le sujet évalué). → Un juge consulte un psychologue afin de rendre compte de si oui ou non tel accusé était conscient du crime qu’il a commis. → L’enjeu est le suivant : l’accusé est-il susceptible ou pas d’être jugé et donc éventuellement d’être considéré coupable ? Objectif de l’expertise : → Responsable ou pas ? → Malade ou pas ? → Traitable ou pas ? → Dangereux ou pas ? = donner un avis raisonné concernant la responsabilité de quelqu’un et de son état psychique lorsqu’il a accompli ses actes Limites de l’expertise : 73

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