Connaître les neuromythes pour mieux enseigner PDF

Connaître les ressources financières considérables dans la fique tire donc la conclusion que, bien que mise en application de ces méthodes sou les élèves puissent avoir des préférences ne...

Connaître les ressources financières considérables dans la fique tire donc la conclusion que, bien que mise en application de ces méthodes sou les élèves puissent avoir des préférences neuromythes pour vent démontrées inefficaces pour améliorer liées à un mode d'apprentissage particulier, le fait d'enseigner en fonction de ces préfé l'apprentissage, pendant que des méthodes mieux enseigner reconnues efficaces par la recherche sont rences ne favorise pas un meilleur apprentis laissées de côté. Ces neuromythes peuvent sage (Landrum & McDuffie, 2010). Jérémie Blanchette Sarrasin et Steve Masson donc contribuer à éloigner la communauté éducative des pratiques appuyées par la re Cependant, cette conclusion ne signifie pas Des études récentes ont montré cherche. qu'il ne faille pas prendre en compte les que les enseignants possèdent différences individuelles - varier et différen souvent des croyances erronées L'objectif de cet article est de fournir un éclai cier l'enseignement reste désirable (Reiner sur le fonctionnement du cerveau rage sur les neuromythes les plus fréquents & Willingham, 2010) -, ni qu'il ne soit pas qui peuvent influencer leurs pra en éducation, leur prévalence dans différents important de varier et multiplier les façons tiques d'enseignement. Cet article pays et leurs liens avec l'enseignement. Ces de présenter les contenus d'apprentissage présente quatre de ces croyances neuromythes concernent les styles d'appren aux élèves. L'idée à retenir est qu'il peut être erronées, que l'on appelle souvent tissage, la dominance hémisphérique, les important d'adapter l'enseignement aux neuromythes: les styles d'appren exercices de coordination et les intelligences besoins des élèves, mais qu'il faut éviter de tissage, la dominance hémisphé multiples. le faire sur la base du style d'apprentissage rique, les exercices de coordination préféré de ces derniers. et les intelligences multiples. Les styles d'apprentissage Le neuromythe qu'on retrouve le plus fré La dominance hémisphérique Bien que relativement récente, la recherche quemment parmi les croyances des en Un autre neuromythe est celui de la domi en éducation révèle aujourd'hui un nombre seignants est sans doute celui des styles nance hémisphérique. Cette croyance stipule grandissant de connaissances pertinentes d'apprentissage (Dekker étal., 2012). Cette que l'hémisphère gauche de certains élèves quant aux pratiques pédagogiques influen théorie soutient qu'adapter l'enseignement serait dominant, tandis que pour d'autres ce çant la réussite des élèves, certaines ayant aux styles d'apprentissage des élèves, le plus serait l'hémisphère droit, d'où l'appellation démontré être plus efficaces que d'autres souvent les styles visuel, auditif ou kinesthé- fréquente de cerveau gauche et cerveau (Hattie, 2009). Comme la médecine et la sique, favorise l'apprentissage (Pashler, Mc- droit (Geake, 2008). Selon cette théorie, psychologie l'ont fait, l'éducation actuelle Daniel, Rohrer & Bjork, 2009). L'idée sous- les élèves « cerveau gauche » auraient une tend vers une éducation basée sur les jacente à cette assertion est que le cerveau personnalité plus rationnelle et analytique, preuves, c'est-à-dire qui s'appuie sur la re de certains individus serait optimisé pour performant davantage dans les tâches logi- cherche scientifique (Slavin, 2002). recevoir l'information selon une certaine mo co-mathématiques (Masson, 2015), tandis dalité (Masson, 2015). Ainsi, pour un élève que les élèves «cerveau droit» seraient Toutefois, certaines fausses croyances cir « visuel », il serait bénéfique de lui enseigner des individus plus intuitifs, créatifs, et qui culant en éducation viennent parfois s'in en mettant l'emphase sur la présentation vi performent mieux dans les tâches visuospa- terposer dans la communication entre la suelle des informations, alors que les enre tiales (Kalbfleisch, 2013). Afin d'assurer une recherche et la pratique. C'est le cas d'une gistrements audio conviendraient davantage meilleure compatibilité avec le cerveau des catégorie particulière de croyances, celles re aux élèves auditifs (Dunn & Dunn, 1979). élèves, il serait donc bénéfique d'adapter latives au cerveau et à son fonctionnement. Cette idée a suscité beaucoup d'intérêt de l'enseignement en fonction de cette domi De récentes études ont mis en évidence la part des enseignants, probablement parce nance hémisphérique (Geake, 2008). que plusieurs de ces croyances erronées, qu'elle propose une piste de solution à la dif souvent appelées neuromythes, sont consi ficulté de différencier et de répondre aux be Mentionnons d'emblée qu'il est évident dérablement répandues en éducation, plus soins de tous les élèves, mais est attrayante que certains individus possèdent des com précisément dans la population enseignante également parce qu'elle appuie l'intuition pétences logico-mathématiques ou ar (Dekker, Lee, Howard-Jones & Jolies, 2012; selon laquelle chaque élève est unique et tistiques plus élevées que d'autres. Mais Howard-Jones, 2014; Tardif, Doudin & Mey a le potentiel d'apprendre, à condition que est-ce que ces différences individuelles lan, 2015). Un exemple de neuromythe bien l'enseignement soit adapté au style qui lui s'expliquent par la présence d'une do connu est de croire que nous n'utilisons que convient (Landrum & McDuffie, 2010). minance hémisphérique? La réponse est 10% de notre cerveau (Geake, 2008). non. D'abord parce que ces compétences Les études effectuées à ce sujet ne contre reposent sur des régions cérébrales qui La présence de ces croyances en éducation disent généralement pas l'idée que les ne sont pas spécifiquement associées à pose problème, parce que non seulement élèves peuvent avoir une préférence pour un hémisphère, mais aussi parce que des elles induisent chez les enseignants une une modalité plutôt qu'une autre. Toutefois, études ayant tenté d'évaluer la validité de mauvaise compréhension du processus les recherches ayant tenté de vérifier l'hypo cette hypothèse arrivent à la conclusion d'apprentissage, mais on sait également thèse selon laquelle les élèves apprendraient qu'il n'est pas possible de classer les indi qu'elles peuvent influencer les pratiques de mieux lorsque l'enseignement est adapté à vidus en deux groupes (cerveau gauche ou plusieurs enseignants (Tardif et al., 2015). leur préférence n'ont pas pu la confirmer, droit) sur la base du fonctionnement et de Ainsi, les écoles et les enseignants inves certaines allant même jusqu'à la contredire la connectivité de leurs hémisphères céré 16 tissent parfois du temps, de l'énergie et des (Pashler et al., 2009). La littérature scienti braux (Kalbfleisch, 2013 ; Nielsen, Zielinski,  dossier thématique les neuromythes Ferguson, Lainhart & Anderson, 2013). formations et du matériel coûteux au per est différent et qu'il est important d'utiliser sonnel enseignant (Spaulding et al., 2010). les « portes d'entrée » adaptées à chacun Certains résultats de recherche ayant été pour le rejoindre (Willingham, 2004). Encore mal interprétés peuvent avoir renforcé, ou Pourtant, des chercheurs ayant révisé la lit une fois, cette théorie est attrayante pour les même fait naître, cette croyance. En effet, térature scientifique au sujet de l'efficacité acteurs du milieu de l'éducation : elle semble des études ont rapporté que certaines fonc de Brain Gym® concluent d'une part que offrir des solutions rapides aux problèmes tions cognitives, comme les compétences les hypothèses sur lesquelles ce programme plutôt complexes rencontrés en éducation et langagières, se situent principalement dans s'appuie, notamment celle de « reprogram favorise une vision plus égalitaire de l'intelli un hémisphère chez la majorité des indivi mation neurologique» , ont été reconnues gence (Furnham, 2009). dus (Masson, 2015; Nielsen et al., 2013). inefficaces par la recherche depuis de nom Mais cette spécialisation hémisphérique breuses années (Spaulding et al., 2010), et S'il est vrai que les compétences associées n'est pas spécifique à un sous-groupe d'in d'autre part que les prétentions de Brain aux huit types d'intelligence se situent dans dividus ayant une dominance hémisphérique Gym® ne sont appuyées par aucune re des régions relativement distinctes du cer gauche ou droite; elle est commune à la ma cherche empirique de qualité (Hyatt, 2007). veau, les études montrent que ces huit com jorité des gens. Il importe toutefois d'être attentif à la dis pétences ne sont pas indépendantes les unes tinction suivante: des recherches ont dé par rapport aux autres (Furnham, 2009; Vis Les exercices de coordination montré que l'activité physique suffisamment ser, Ashton & Vernon, 2006). À ce sujet, Gard L'hypothèse selon laquelle de courts exer soutenue peut améliorer les fonctions cogni ner (2016) lui-même soutient que sa théorie cices de coordination, comme toucher sa tives et cérébrales des individus (Masson, n'est plus à jour sur le plan scientifique. Plu cheville gauche avec sa main droite et 2015), ce qui n'est pas le cas des exercices sieurs chercheurs critiquent également l'uti vice-versa, favorisent la communication proposés par Brain Gym®. Il serait donc peu lisation qu'il fait du terme intelligence, qui entre les deux hémisphères du cerveau judicieux d'investir temps et argent dans les est confondu avec celui de talent. Gardner constitue également un neuromythe (Hyatt, programmes de ce genre. admet d'ailleurs que le terme intelligence a 2007). Brain Gym® International est l'une été sélectionné délibérément et que sa théo des entreprises s'appuyant sur cette idée. Les intelligences multiples rie n'aurait pas eu toute cette attention s'il Elle affirme que son programme d'exer La théorie des intelligences multiples, telle avait choisi les termes talent ou don (Visser cices de coordination motrice est basé sur que présentée par Howard Gardner dans le et al.). Comme d'autres chercheurs, Willin la recherche scientifique et s'inspire no livre Frames of Mind en 1983, est elle aus gham (2004) critique fortement la théorie tamment d'une méthode qui permettrait si une idée non soutenue par nos connais des intelligences multiples et affirme même de « reprogrammer » les réseaux neuronaux sances scientifiques actuelles. Cette théorie que cette théorie n'apporte rien de nouveau pour faciliter l'apprentissage (Hyatt, 2007). soutient qu'il existe huit types indépendants en éducation, si ce n'est de prétendre qu'il L'entreprise promet à ses utilisateurs qu'ils d'intelligence (linguistique, spatiale, lo- s'agit d'«intelligence», puisque les ensei apprendront tout plus rapidement, qu'ils gico-mathématique, interpersonnelle, in- gnants savent déjà que les élèves ont des surmonteront les obstacles à l'apprentissage trapersonnelle, kinesthésique, musicale et profils d'habiletés propres et différents ta et amélioreront leurs fonctions cognitives et naturaliste) qui peuvent servir de base pour lents, forces et intérêts qu'il est important de leurs résultats scolaires (Spaulding, Mostert améliorer les pratiques pédagogiques (Gard prendre en compte dans l'enseignement. & Beam, 2010). Brain Gym® est maintenant ner, 1998). L'idée s'apparente à celle des implanté dans plus de 80 pays et offre des styles d'apprentissage, soit que chaque élève Le tableau ci-dessous fait état des taux de prévalence des neuromythes discutés dans cet article. Prévalence clic/ les enseignants e ~ "* w f. Neuromythe S Si) les d'apprentissage 93% 96% 97 r, 96% 97r; 91 c; 91 '. 94 '. 6; 9 95% Dominance hémisphérique 91 % 86% 79% -4'; 71 % 'C. 73% 78% s5