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MP - C5 - (1.1.2) La politique - 2023-2024.pdf

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pl ai re de Sa br in e TC (1) Les concepts de base = (axes 3,5,6 et 8) BA Ex em (1.1) La culture = penser et organiser la société pl ai re de Sa br in e TC H AT AG (1.1.1) La culture comme arrachement à la nature : les fondements de la société (travail, technique et religion) (1....

pl ai re de Sa br in e TC (1) Les concepts de base = (axes 3,5,6 et 8) BA Ex em (1.1) La culture = penser et organiser la société pl ai re de Sa br in e TC H AT AG (1.1.1) La culture comme arrachement à la nature : les fondements de la société (travail, technique et religion) (1.1.2) L’organisation de la société = l’État, la justice et le droit (1.1.3) L’art : les courants artistiques et le jugement esthétique H AT AG BA Ex em (1.1.2) L’organisation de la société = l’Etat, la justice et le droit Sa br in e TC (i) Définition BA Ex em pl ai re de Etat : société politique, résultat de la fixation, sur un territoire délimité par des frontières, d’un groupe humain présentant des caractéristiques plus ou moins marquées d’homogénéité culturelle, et régie par un pouvoir institutionnel, c’est-à-dire gouvernant par l’intermédiaire des lois. de Sa br in e TC H AT AG Loi : (a) sens scientifique : principe qui décrit des phénomènes de la nature (qui énonce le fonctionnement d’un phénomène naturel). Depuis Descartes et Galilée, les lois s’énoncent sous forme mathématique. La loi renvoie à l’universalité et à la nécessité. (b) sens socio-politique : interdit, ensemble des règles qui précisent ce qui est interdit et permis de faire ; prescriptions établies par l’autorité souveraine de l’État. ai re Justice : (a) sens général : principe qui permet de donner à chacun son dû ; mais renvoie à trois réalités distinctes : (b) disposition, sentiment subjectif. En ce sens, il s’agit d’une vertu. De ce fait, la justice est difficile à définir, il s’agit d’un idéal. Toutefois, on a de bonne raison de penser que ce sentiment existe, dans la mesure où on le découvre en faisant l’expérience de son contraire : l’injustice (sentiment saisi indirectement). (c) institution : renvoie au pouvoir judiciaire (un des trois pouvoirs avec l’exécutif et le législatif). (d) principe de distribution des richesses d’une nation et qui garantit un minimum d’égalité matérielle à chacun. pl em Ex BA AG AT H H AT AG CG – 1A - Chevalier 1 BA Ex em pl ai re de Égalité : (a) on distingue d’abord l’égalité arithmétique (égalité de termes, a=b), et égalité géométrique, proportionnelle (égalité de rapports, a/b = c/d) ; (b) puis trois types d’égalité = formelle (égalité de droits, juridique), de conditions (socio-économique) et réelle (sous tout rapport). (ii) Pb pl ai re de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H AT AG Liberté : on distinguera trois types de liberté : naturelle, politique et morale. La liberté naturelle est l’absence d’obstacles extérieurs à l’action (correspond au fait de pouvoir faire « tout ce qu’on veut », parfois synonyme d’indépendance) ; la liberté politique est définie négativement non comme le fait de pouvoir faire ce qu’on veut, mais comme le fait de ne pas être soumis à la volonté d’autrui (ce pourquoi cette liberté a pour condition l’existence des lois socio-politiques) (t.6) ; enfin la liberté morale désigne l’autonomie, soit la capacité, purement humaine de se donner sa propre loi à soi-même, sans subir les influences externes (milieu, entourage, etc.) et internes (pulsions, passions, etc.) : c’est pourquoi cette liberté morale repose sur l’usage de la raison, qui seule peut s’arracher à ces influences, et qu’elle diffère de la liberté naturelle, qui elle est le plus souvent soumission à l’instinct et aux pulsions (donc au contraire de la liberté). BA Ex em On peut dégager 3 types de pb principaux autour du thème de la politique (pouvoir/société/État) : Quelle est l’origine de l’État et du pouvoir politique ? C’est-à-dire : comment expliquer le phénomène social, l’organisation et l’existence du pouvoir politique ? Comment expliquer cette nécessité qu’ont les hommes à s’organiser en société (t.1) et à se soumettre (t.2) à un pouvoir politique, un État ? Qu’est-ce qui peut donc expliquer qu’ils choisissent d’abandonner leur liberté naturelle au profit d’une soumission / obéissance aux lois ? Quel est le fondement (= sur quoi repose) la légitimité du pouvoir politique ? Est-ce uniquement la garantie de la sécurité ? Y a-t-il d’autres conditions de cette légitimité ? (t.3). Ce qui conduit au 3e type de pb : quelles sont (et y a-t-il) des limites au pouvoir politique ? Comment définir ces éventuelles limites ? Comment les institutionnaliser ? Ce qui oblige à nous questionner sur la place et la valeur de l’individu au sein de la société et par rapport au pouvoir auquel il est soumis : l’État ou la société sont-ils audessus des individus, ou bien la société et l’État ont-ils plutôt pour finalité de servir les - AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H AT AG - AT H AT AG H TC Sa br in e Droit : (a) sens général : ce qui est conforme à une règle. (b) « un » (« des ») droit : ce qui est exigible, dans une société, conformément à une règle, qu’elle soit morale ou sociale. (c) ce qui doit être, par opposition à ce qui est, ie par opposition au fait (de droit / de fait) => renvoie à ce qui est légitime (du point de vue morale et / ou juridique). (d) dans la sphère juridique (/ division principale du droit) : droit objectif (ensemble des règles qui régissent les rapports des hommes entre eux, qui renvoient à des droits « de faire quelque chose », et qui leur permet de coexister = ensemble des lois, décrets, ordonnances, etc) / droits subjectifs (pluriel) : droits individuels reconnus à l’individu par le droit objectif. Ce sont des « droits à quelque chose ». Ils reposent sur le Droit objectif. - 2 Sa br in e TC (iii) Textes pl ai re de t.1 : La naissance de l’Etat (2) : le bien-vivre de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em § 8. L’association de plusieurs villages forme un Etat complet, arrivé, l’on peut dire, à ce point de se suffire absolument à lui-même, né d’abord des besoins de la vie, et subsistant parce qu’il les satisfait tous. Ainsi l’Etat vient toujours de la nature, aussi bien que les premières associations, dont il est la fin dernière ; car la nature de chaque chose est précisément sa fin ; et ce qu'est chacun des êtres quand il est parvenu à son entier développement, on dit que c'est là sa nature propre, qu'il s'agisse d'un homme, d'un cheval, ou d'une famille. On peut ajouter que cette destination et cette fin des êtres est pour eux le premier des biens ; et se suffire à soi-même est à la fois un but et un bonheur. AG BA Ex em pl ai re § 9. De là cette conclusion évidente, que l'Etat est un fait de nature, que naturellement l'homme est un être sociable,et que celui qui reste sauvage par organisation, et non par l'effet du hasard, est certainement, ou un être dégradé, ou un être supérieur à l'espèce humaine. C'est bien à lui qu'on pourrait adresser ce reproche d'Homère : « Sans famille, sans lois, sans foyer...» e TC H AT L'homme qui serait par nature tel que celui du poète ne respirerait que la guerre ; car il serait alors incapable de toute union, comme les oiseaux de proie. H AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in § 10. Si l'homme est infiniment plus sociable que les abeilles et tous les autres animaux qui vivent en troupe, c'est évidemment, comme je l'ai dit souvent, que la nature ne fait rien en vain. Or, elle accorde la parole à l'homme exclusivement. La voix peut bien exprimer la joie et la douleur; aussi ne manque-t-elle pas aux autres animaux, parce que leur organisation va jusqu'à ressentir ces deux affections et à se les communiquer. Mais la parole est faite pour exprimer le bien et le mal, et, par suite aussi, le juste et l’injuste ; et l'homme a ceci de spécial, parmi tous les animaux, que seul il conçoit le bien et le mal, le juste et l'injuste, et tous les sentiments de môme ordre, qui en s'associant constituent précisément la famille et l'État. ai re de Sa br in e TC § 11. On ne peut douter que l'État ne soit naturellement au-dessus de la famille et de chaque individu ; car le tout l'emporte nécessairement sur la partie, puisque, le tout une fois détruit, il n'y a plus de parties, plus de pieds, plus de mains, si ce n'est par une pure analogie de mots, comme on dit une main de pierre ; car la main, séparée du corps, est tout aussi peu une main réelle. Les choses se définissent en général par les actes qu'elles accomplissent et ceux qu'elles peuvent accomplir ; dès que leur aptitude antérieure vient à cesser, on ne peut plus dire qu'elles sont les mêmes; elles sont seulement comprises sous un même nom. pl em Ex BA AG AT H H AT AG individus tout en garantissant la paix (= la coexistence des intérêts individuels) ? (t. 4 et 5). § 12. Ce qui prouve bien la nécessité naturelle de l'Etat et sa supériorité sur l'individu, c'est que, si on ne l'admet pas, l'individu peut alors se suffire à lui-même dans l'isolement du tout, ainsi que du reste des parties ; or, celui qui ne peut vivre en société, et dont l'indépendance n'a pas de besoins, celui-là ne saurait jamais être membre de l'Etat. C'est une brute ou un dieu. 3 em pl ai re de Aristote, Les Politiques (L.I). H AT AG BA Ex t.2 : La naissance de l’État (2) : l’insécurité BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC La Nature a fait les hommes si égaux pour ce qui est des facultés du corps et de l'esprit que, quoiqu'on puisse trouver parfois un homme manifestement plus fort corporellement, ou d'un esprit plus vif, cependant, tout compte fait, globalement, la différence entre un homme et un homme n'est pas si considérable qu'un homme particulier puisse de là revendiquer pour luimême un avantage auquel un autre ne puisse prétendre aussi bien que lui. Car, pour ce qui est de la force du corps, le plus faible a assez de force pour tuer le plus fort, soit par une machination secrète, soit en s'unissant à d'autres qui sont menacés du même danger que lui-même. ai re de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H AT AG Et encore, pour ce qui est des facultés de l'esprit, sans compter les arts fondés sur des mots, et surtout cette compétence qui consiste à procéder selon des règles générales et infaillibles, appelée science, que très peu possèdent, et seulement sur peu de choses, qui n'est ni une faculté innée née avec nous, ni une faculté acquise en s'occupant de quelque chose d'autre, comme la prudence, je trouve une plus grande égalité entre les hommes que l'égalité de force. Car la prudence n'est que de l'expérience qui, en des temps égaux, est également donnée à tous les hommes sur les choses auxquelles ils s'appliquent également. Ce qui, peut-être, fait que les hommes ne croient pas à une telle égalité, ce n'est que la conception vaniteuse que chacun a de sa propre sagesse, [sagesse] que presque tous les hommes se figurent posséder à un degré plus élevé que le vulgaire, c'est-à-dire tous [les autres] sauf eux-mêmes, et une minorité d'autres qu'ils approuvent, soit à cause de leur renommée, soit parce qu'ils partagent leur opinion. Car telle est la nature des hommes que, quoiqu'ils reconnaissent que nombreux sont ceux qui ont plus d'esprit [qu'eux-mêmes], qui sont plus éloquents ou plus savants, pourtant ils ne croiront guère que nombreux sont ceux qui sont aussi sages qu'eux-mêmes ; car ils voient leur propre esprit de près, et celui des autres hommes de loin. Mais cela prouve que les hommes sont plutôt égaux qu'inégaux sur ce point. Car, ordinairement, il n'existe pas un plus grand signe de la distribution égale de quelque chose que le fait que chaque homme soit satisfait de son lot. De cette égalité de capacité résulte une égalité d'espoir d'atteindre nos fins. Et c'est pourquoi si deux hommes désirent la même chose, dont ils ne peuvent cependant jouir tous les deux, ils deviennent ennemis ; et, pour atteindre leur but (principalement leur propre conservation, et quelquefois le seul plaisir qu'ils savourent), ils s'efforcent de se détruire ou de subjuguer l'un l'autre. Et de là vient que, là où un envahisseur n'a plus à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, si quelqu'un plante, sème, construit, ou possède un endroit commode, on peut s'attendre à ce que d'autres, probablement, arrivent, s'étant préparés en unissant leurs pl em Ex BA AG AT H AT AG H TC Sa br in e § 13. La nature pousse donc instinctivement tous les hommes à l'association politique. Le premier qui l'institua rendit un immense service ; car, si l'homme, parvenu à toute sa perfection, est le premier des animaux, il en est bien aussi le dernier quand il vit sans lois et sans justice. Il n'est rien de plus monstrueux, en effet, que l'injustice armée. Mais l'homme a reçu de la nature les armes de la sagesse et de la vertu, qu'il doit surtout employer contre ses passions mauvaises. Sans la vertu, c'est l'être le plus pervers et le plus féroce; il n'a que les emportements brutaux de l'amour et de la faim. La justice est une nécessité sociale ; car le droit est la règle de l'association politique, et la décision du juste est ce qui constitue le droit. 4 BA Ex em pl ai re de pl ai re de Sa br in e TC H AT AG De plus, les hommes n'ont aucun plaisir (mais au contraire, beaucoup de déplaisir) à être ensemble là où n'existe pas de pouvoir capable de les dominer tous par la peur. Car tout homme escompte que son compagnon l'estime au niveau où il se place lui-même, et, au moindre signe de mépris ou de sous-estimation, il s'efforce, pour autant qu'il l'ose (ce qui est largement suffisant pour faire que ceux qui n'ont pas de pouvoir commun qui les garde en paix se détruisent l'un l'autre), d'arracher une plus haute valeur à ceux qui le méprisent, en leur nuisant, et aux autres, par l'exemple. AG BA Ex em De sorte que nous trouvons dans la nature humaine trois principales causes de querelle : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la défiance ; et troisièmement la fierté. pl ai re de Sa br in e TC H AT La première fait que les hommes attaquent pour le gain, la seconde pour la sécurité, et la troisième pour la réputation. Dans le premier cas, ils usent de violence pour se rendre maîtres de la personne d'autres hommes, femmes, enfants, et du bétail ; dans le second cas, pour les défendre ; et dans le troisième cas, pour des bagatelles, comme un mot, un sourire, une opinion différente, et tout autre signe de sous-estimation, [qui atteint] soit directement leur personne, soit, indirectement leurs parents, leurs amis, leur nation, leur profession, ou leur nom. AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em Par là, il est manifeste que pendant le temps où les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les maintienne tous dans la peur, ils sont dans cette condition qu'on appelle guerre, et cette guerre est telle qu'elle est celle de tout homme contre homme. Car la GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille, ou dans l'acte de se battre, mais dans un espace de temps où la volonté de combattre est suffisamment connue ; et c'est pourquoi, pour la nature de la guerre, il faut prendre en considération la notion de temps, comme on le fait pour le temps qu'il fait. Car, tout comme la nature du mauvais temps ne réside pas dans une ou deux averses, mais dans une tendance au mauvais temps durant de nombreux jours, la nature de la guerre ne consiste pas en un combat effectif, mais en une disposition connue au combat, pendant tout le temps où il n'y a aucune assurance du contraire. Tout autre temps est PAIX. AT H H TC Sa br in e Et de cette défiance de l'un envers l'autre, [il résulte qu'] il n'existe aucun moyen pour un homme de se mettre en sécurité aussi raisonnable que d’anticiper, c'est-à-dire de se rendre maître, par la force ou la ruse de la personne du plus grand nombre possible d'hommes, jusqu'à ce qu'il ne voit plus une autre puissance assez importante pour le mettre en danger ; et ce n'est là rien de plus que ce que sa conservation exige, et ce qu'on permet généralement. Aussi, parce qu'il y en a certains qui, prenant plaisir à contempler leur propre puissance dans les actes de conquête, qu'ils poursuivent au-delà de ce que leur sécurité requiert, si d'autres, qui autrement seraient contents d'être tranquilles à l'intérieur de limites modestes, n'augmentaient pas leur puissance par invasion, ils ne pourraient pas subsister longtemps, en se tenant seulement sur la défensive. Et par conséquent, une telle augmentation de la domination sur les hommes étant nécessaire à la conservation de l'homme, elle doit être permise. AT AG forces, pour le déposséder et le priver, non seulement du fruit de son travail, mais aussi de sa vie ou de sa liberté. Et l'envahisseur, à son tour, est exposé au même danger venant d'un autre. Par conséquent, tout ce qui résulte d'un temps de guerre, où tout homme est l'ennemi de tout homme, résulte aussi d'un temps où les hommes vivent sans autre sécurité que celle que leur propre force et leur propre capacité d'invention leur donneront. Dans un tel état, il n'y a aucune place pour un activité laborieuse, parce que son fruit est incertain; et par conséquent aucune culture de la terre, aucune navigation, aucun usage de marchandises importées par mer, aucune construction convenable, aucun engin pour déplacer ou soulever des choses telles qu'elles 5 de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re Peut-être peut-on penser qu'il n'y a jamais eu une telle période, un état de guerre tel que celui-ci ; et je crois aussi que, de manière générale, il n'en a jamais été ainsi dans le monde entier. Mais il y a beaucoup d'endroits où les hommes vivent aujourd'hui ainsi. En effet, en de nombreux endroits de l'Amérique, les sauvages, à l'exception du gouvernement de petites familles, dont la concorde dépend de la concupiscence naturelle, n'ont pas du tout de gouvernement et vivent à ce jour d'une manière animale, comme je l'ai dit plus haut. Quoi qu'il en soit, on peut se rendre compte de ce que serait le genre de vie, s'il n'y avait pas de pouvoir commun à craindre, par celui où tombent ordinairement, lors d'une guerre civile, ceux qui ont précédemment vécu sous un gouvernement pacifique. br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de Mais, bien qu'il n'y ait jamais eu un temps où les particuliers fussent en un état de guerre de chacun contre chacun, cependant, à tout moment, les rois et les personnes qui possèdent l'autorité souveraine, à cause de leur indépendance, se jalousent de façon permanente, et sont dans l'état et la position des gladiateurs, ayant leurs armes pointées, les yeux de chacun fixés sur l'autre, c'est-à-dire avec leurs forts, leurs garnisons, leurs canons aux frontières de leurs royaumes et leurs espions à demeure chez les voisins, ce qui est [là] une attitude de guerre. Mais, parce que, par là, ils protègent l'activité laborieuse de leurs sujets, il n'en découle pas cette misère qui accompagne la liberté des particuliers. ai re de Sa De cette guerre de tout homme contre tout homme résulte aussi que rien ne peut être injuste. Les notions de bien et de mal, justice et injustice, n'ont pas leur place ici. Là où n'existe aucun pouvoir commun, il n'y a pas de loi. Là où n'existe pas de loi, il n'y a aucune injustice. La force et la ruse sont en temps de guerre les deux vertus cardinales. La justice et l'injustice ne sont aucunement des facultés du corps ou de l'esprit. Si elles l'étaient, elles pourraient se trouver en un homme qui serait seul dans le monde, aussi bien que ses sensations et ses passions. Ce sont des qualités relatives aux hommes en société, non dans la solitude. Il résulte aussi de ce même état qu'il ne s'y trouve pas de propriété, de domination, de distinction du mien et du tien, mais qu'il n'y a que ce que chaque homme peut obtenir, et aussi longtemps qu'il peut le conserver. Et en voilà assez pour le malheureux état où l'homme se trouve placé par simple nature, pl em Ex BA AG AT H H TC Sa br in e Il peut sembler étrange, à celui qui n'a pas bien pesé ces choses, que la Nature doive ainsi dissocier les hommes et les porter à s'attaquer et à se détruire les uns les autres ; et il est par conséquent possible que, ne se fiant pas à cette inférence faite à partir des passions, cet homme désire que la même chose soit confirmée par l’expérience. Qu'il s'observe donc lui-même quand, partant en voyage, il s'arme et cherche à être bien accompagné, quand, allant se coucher, il ferme ses portes à clef, quand même dans sa maison, il verrouille ses coffres ; et cela alors qu'il sait qu'il y a des lois et des agents de police armés pour venger tout tort qui lui sera fait. Quelle opinion a-t-il de ces compatriotes, quand il se promène armé, de ses concitoyens, quand il ferme ses portes à clef, de ses enfants et de ses domestiques, quand il verrouille ses coffres ? N'accuse-t-il pas là le genre humain autant que je le fais par des mots ? Mais aucun de nous deux n'accuse la nature de l'homme en cela. Les désirs et les autres passions de l'homme ne sont pas en eux-mêmes des péchés. Pas plus que ne le sont les actions qui procèdent de ces passions, jusqu'à ce qu'ils connaissent une loi qui les interdise, et ils ne peuvent pas connaître les lois tant qu'elles ne sont pas faites, et aucune loi ne peut être faite tant que les hommes ne se sont pas mis d'accord sur la personne qui la fera. AT AG requièrent beaucoup de force; aucune connaissance de la surface de la terre, aucune mesure du temps; pas d'arts, pas de lettres, pas de société, et, ce qui le pire de tout, la crainte permanente, et le danger de mort violente; et la vie de l'homme est solitaire, indigente, dégoûtante, animale et brève. 6 BA Ex em pl ai re Hobbes, Léviathan, ch. 13 (1651). in e TC H AT AG t.3 : La légitimité de l’État Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br 95. Les hommes, ainsi qu'il a été dit, étant tous naturellement libres, égaux et indépendants, nul ne peut être tiré de cet état, et être soumis au pouvoir politique d'autrui, sans son propre consentement, par lequel il peut convenir, avec d'autres hommes, de se joindre et s'unir en société pour leur conservation, pour leur sûreté mutuelle, pour la tranquillité de leur vie, pour jouir paisiblement de ce qui leur appartient en propre, et être mieux à l'abri des insultes de ceux qui voudraient leur nuire et leur faire du mal. Un certain nombre de personnes sont en droit d'en user de la sorte, à cause que cela ne fait nul tort à la liberté du reste des hommes, qui sont laissés dans la liberté de l'état de nature. Quand un certain nombre de personnes sont convenues ainsi de former une communauté et un gouvernement, ils sont par là en même temps incorporés, et composent un seul corps politique, dans lequel le plus grand nombre a droit de conclure et d'agir. ai re de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de 96. Car lorsqu'un certain nombre d'hommes ont, par le consentement de chaque individu, formé une communauté, ils ont par là fait de cette communauté, un corps qui a le pouvoir d'agir comme un corps doit faire, c'est-à-dire, de suivre la volonté et la détermination du plus grand nombre; ainsi une société est bien formée par le consentement de chaque individu; mais cette société étant alors un corps, il faut que ce corps se meuve de quelque manière : or, il est nécessaire qu'il se meuve du côté où le pousse et l'entraîne la plus grande force, qui est le consentement du plus grand nombre; autrement il serait absolument impossible qu'il agit ou continuât à être un corps et une société, comme le consentement de chaque particulier, qui s'y est joint et uni, a voulu qu'il fût : chacun donc est obligé, par ce consentement-là, de se conformer à ce que le plus grand nombre conclut et résout. Aussi voyons-nous que dans les assemblées qui ont été autorisées par des lois positives, et qui ont reçu de ces lois le pouvoir d'agir, quoiqu'il arrive que le nombre ne soit pas déterminé pour conclure un point, ce que fait et conclut le plus grand nombre, est considéré comme étant fait et conclu par tous ; les lois de la nature et de la raison dictant que la chose doit se pratiquer et être regardée de la sorte. pl em Ex BA AG AT H de H TC Sa br in e Les passions qui inclinent les hommes à la paix sont la crainte de la mort, le désir des choses nécessaires à une existence confortable, et un espoir de les obtenir par leur activité. Et la raison suggère les clauses de paix qui conviennent, sur lesquelles on peut amener les hommes à se mettre d'accord. Ces clauses sont celles qu'on appelle d'une autre manière les lois de nature, dont je vais parler plus particulièrement dans les deux chapitres suivants. AT AG quoiqu'avec une possibilité d'en sortir, qui consiste en partie dans les passions, en partie dans sa raison. 97. Ainsi, chaque particulier convenant avec les autres de faire un corps politique, sous un certain gouvernement, s'oblige envers chaque membre de cette société, de se soumettre à ce qui aura été déterminé par le plus grand nombre, et d'y consentir : autrement cet accord original, par lequel il s'est incorporé avec d'autres dans une société, ne signifierait rien; et il n'y aurait 7 TC H AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e 99. Quiconque donc sort de l'état de nature, pour entrer dans une société, doit être regardé comme ayant remis tout le pouvoir nécessaire, aux fins pour lesquelles il y est entré, entre les mains du plus grand nombre des membres, à moins que ceux qui se sont joints pour composer un corps politique, ne soient convenus expressément d'un plus grand nombre. Un homme qui s'est joint à une société, a remis et donné ce pouvoir dont il s'agit, en consentant simplement de s'unir à une société politique, la- quelle contient en elle-même toute la convention, qui est ou qui doit être, entre des particuliers qui se joignent pour former une communauté. Tellement que ce qui a donné naissance à une société politique, et qui l'a établie, n'est autre chose que le consentement d'un certain nombre d'hommes libres, capables d'être représentés par le plus grand nombre d'eux, et c'est cela, et cela seul qui peut avoir donné commencement dans le monde à un gouvernement légitime. AG BA Ex em pl ai re de Sa J. Locke, Traité du gouvernement civil (1690). AT H H TC Sa br in e 98. Car si le consentement du plus grand nombre ne peut raisonnablement être reçu comme un acte de tous, et obliger chaque individu à s'y soumettre, rien autre chose que le consentement de chaque individu ne sera capable de faire regarder un arrêt et une délibération, comme un arrêt et une délibération de tout le corps. Or, si l'on considère les infirmités et les maladies auxquelles les hommes sont exposés, les distractions, les affaires, les différents emplois, qui ne peuvent qu'empêcher, je ne dirai pas seulement, un aussi grand nombre de gens qu'il y en a dans une société politique, mais un beaucoup moins grand nombre de personnes, de se trouver dans les assemblées publiques; et que l'on joigne à tout cela la variété des opinions et la contrariété des intérêts, qui ne peuvent qu'être dans toutes les assemblées : on recon- naîtra qu'il serait presque impossible, que jamais aucun décret fût valable et reçu. En effet, si l'on n'entrait en société que sous telles conditions, cette entrée serait sembla- ble à l'entrée de Caton au théâtre, tantum ut exiret. Il y entrait seulement pour en sortir. Une telle constitution rendrait le plus fort Léviathan, d'une plus courte durée que ne sont les plus faibles créatures, et sa durée ne s'étendait pas au-delà du jour de sa naissance, ce que nous ne saurions supposer devoir être, sans avoir présupposé, ce qui serait ridicule, que des créatures raisonnables désireraient et établiraient des sociétés, uniquement pour les voir se dissoudre. Car, où le plus grand nombre ne peut conclure et obliger le reste à se soumettre à ses décrets; là on ne saurait résoudre et exécuter la moindre chose, là ne saurait se remarquer nul acte, nul mouvement d'un corps; et par conséquent, cette espèce de corps de société se dissoudrait d'abord. AT AG plus de convention, s'il demeurait toujours libre, et n'avait pas des engagements différents de ceux qu'il avait auparavant, dans l'état de nature. Car quelle apparence, quelle marque de convention et de traité y a-t-il en tout cela ? Quel nouvel engagement parait-il, s'il n'est lié par les décrets de la société, qu'autant qu'il le trouvera bon, et qu'il y consentira actuellement ? S'il peut ne se soumettre et consentir aux actes et aux résolutions de sa société, qu'autant et selon qu'il le jugera à propos, il sera toujours dans une aussi grande liberté qu'il était avant l'accord, ou qu'aucune autre personne puisse être dans l'état de nature. t.4 : Les limites du pouvoir de l’État L’appareil moderne de la production implique une hiérarchie, que nous appellerons bureaucratico-technique. A l’échelon supérieur, siège l’organisateur ou le manager plutôt que l’ingénieur ou le technicien proprement dit. Les nationalisations, telles qu’elles ont été pratiquées aussi bien en France qu’en Grande-Bretagne ou en Russie, ne protègent pas le travailleur contre ses chefs, le consommateur contre le trust, elles éliminent les actionnaires, les 8 e TC H AT AG BA Ex Raymond Aron, L’opium du peuple (1955). re de Sa br in t.5 : : la loi et le droit (distinction légal/légitime) ai re de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai Rejeter le droit naturel revient à dire que tout droit est positif, autrement dit que le droit est déterminé exclusivement par les législateurs et les tribunaux des différents pays. Or il est évident qu’il est parfaitement sensé et parfois même nécessaire de parler de lois ou de décisions injustes. En passant de tels jugements, nous impliquons qu’il y a un étalon juste et de l’injuste qui est indépendant du droit positif et lui est supérieur : un étalon grâce auquel nous sommes capables de juger le droit positif. Bien des gens aujourd’hui considèrent que l’étalon en question n’est tout au plus que l’idéal adopté par notre société ou notre « civilisation » tel qu’il a pris corps dans ses façons de vivre ou ses institutions. Mais, d’après cette même opinion, toutes les sociétés ont leur idéal, les sociétés cannibales pas moins que les sociétés policées. Si les principes tirent une justification suffisante du fait qu’ils sont reçus dans une société, les principes du cannibale sont aussi défendables et aussi sains que ceux de l’homme policé. De ce point de vue, les premiers ne peuvent être rejetés comme mauvais purement et simplement. Et puisque tout le monde est d’accord pour reconnaître que l’idéal de notre société est changeant, seule une triste et morne habitude nous empêcherait d’accepter en toute tranquillité une évolution vers l’état cannibale. S’il n’y a pas d’étalon plus élevé que l’idéal de notre société, nous sommes parfaitement incapables de prendre devant lui le recul nécessaire au jugement critique. Mais le simple fait que nous puissions nous demander ce que vaut l’idéal de notre société montre qu’il y a dans l’homme quelque chose qui n’est point totalement asservi à sa pl em Ex BA AG AT H em pl ai re de Sa br in e TC H AT AG BA Ex em pl ai re de AT AG H TC Sa br in e membres des conseils d’administration, les financiers, ceux qui avaient une participation plus théorique que réelle à la propriété ou qui, par manipulation des titres, arriver à influer sur le destin des entreprises. Nous ne cherchons pas à établir ici le bilan, avantages et inconvénients, de telles nationalisations, nous nous bornons à constater que, dans ce cas, les réformes de la gauche aboutissent à modifier la répartition de la puissance entre les privilégiés, elles n’élèvent pas le pauvre ou le faible, elles n’abaissent pas le riche ou le fort. La hiérarchie technico-bureaucratique, dans les sociétés occidentales, est limitée à un secteur de l’appareil productif. Il subsiste une multiplicité d’entreprises, de taille petite ou moyenne, l’agriculture conserve plusieurs statuts (paysan exploitant, fermier, métayer), le système de distribution juxtapose les géants et les nains, les grands magasins et le crémier du coin. La structure des sociétés occidentales est complexe : descendants de l’aristocratie pré-capitaliste, familles riches depuis plusieurs générations, entrepreneurs privés, paysans propriétaires entretiennent une riche variété de relations sociales et de groupes indépendants. Des millions de personnes peuvent vivre en dehors de l’État. La généralisation de la hiérarchie technicobureaucratique signifierait la liquidation de cette complexité, aucun individu ne serait plus soumis à un autre particulier, en tant que tel, tous seraient soumis à l’État. La gauche s’efforce de libérer l’individu des servitudes proches ; elle pourrait finir par le plier à la servitude, lointaine en droit, omniprésente en fait, de l’administration publique. Or, plus est grande la surface de la société que couvre l’État, moins celui-ci a de chances d’être démocratique, c’està-dire objet de compétition pacifique entre groupes relativement autonomes. Le jour où la société entière serait comparable à une seule entreprise gigantesque, la tentation ne deviendraitelle pas irrésistible, pour les hommes au sommet, de se soustraire à l’approbation ou à la désapprobation des foules d’en bas ? 9 Ex em pl ai re de Léo Strauss, Droit naturel et histoire (1953). AT AG BA t.6 : Loi et liberté AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H On a beau vouloir confondre l'indépendance et la liberté. Ces deux choses sont si différentes que même elles s'excluent mutuellement. Quand chacun fait ce qu'il lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d'autres, et cela ne s'appelle pas un État libre. La liberté consiste moins à faire sa volonté qu'à n'être pas soumis à celle d'autrui, elle consiste encore à ne pas soumettre la volonté d'autrui à la nôtre. Quiconque est maître ne peut être libre, et régner c'est obéir (...) Je ne connais de volonté vraiment libre que celle à laquelle nul n'a droit d'opposer de la résistance ; dans la liberté commune nul n'a droit de faire ce que la liberté d'un autre lui interdit, et la vraie liberté n'est jamais destructive d'elle-même. Ainsi la liberté sans la justice est une véritable contradiction ; car comme qu'on s'y prenne tout gêne dans l'exécution d'une volonté désordonnée. AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H Il n'y a donc point de liberté sans lois, ni où quelqu'un est au-dessus des lois : dans l'état même de nature l'homme n'est libre qu'à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous. Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu'on donne dans les républiques au pouvoir des magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l'enceinte sacrée des lois : ils en sont les ministres non les arbitres, ils doivent les garder non les enfreindre. Un peuple est libre, quelque forme qu'ait son gouvernement, quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l'homme, mais l'organe de la loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des lois, elle règne ou périt avec elles ; je ne sache rien de plus certain. H AT AG BA Ex em pl ai re de Sa br in e TC H J.J. Rousseau, Lettres écrites de la montagne, Huitième lettre (1764). 10 AT AG H TC Sa br in e société et par conséquent que nous sommes capables, et par là obligés, de rechercher un étalon qui nous permette de juger de l’idéal de notre société comme de toute autre. Cet étalon ne peut être trouvé dans les besoins des différentes sociétés, car elles ont, ainsi que leurs composants, de nombreux besoins qui s’opposent les uns aux autres : la question de priorité se pose aussitôt. Cette question ne peut être tranchée de façon rationnelle si nous ne disposons pas d’un étalon qui nous permette de distinguer entre besoins véritables et besoins imaginaires et de connaître la hiérarchie des différentes sortes de besoins véritables. Le problème soulevé par le conflit des besoins sociaux ne peut être résolu si nous n’avons pas connaissance du droit naturel. 11 BA AG AT H pl em Ex ai re de e in br Sa BA AG AT H TC pl Ex em ai re de e in br Sa BA AG AT H TC re ai pl em Ex de e in br Sa BA AT AG H TC Ex em pl ai re de Sa br in e AT AG H TC

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