Module 8 - Chasse aux Sorcières complet 2023 PDF

LES CHASSES AUX SORCIÈRES Dans ce cours: surtout France, Angleterre, Salem (États-Unis), Québec 1 La chasse aux sorcières ce n’est pas un épisode qui a lieu durant Moyen-âge, je le souligne ! Parce que le Moyen-âge couvre de 476 ap. J.C. (date de la chute de l’Empire romain d’Occident) jusqu’au XVe...

LES CHASSES AUX SORCIÈRES Dans ce cours: surtout France, Angleterre, Salem (États-Unis), Québec 1 La chasse aux sorcières ce n’est pas un épisode qui a lieu durant Moyen-âge, je le souligne ! Parce que le Moyen-âge couvre de 476 ap. J.C. (date de la chute de l’Empire romain d’Occident) jusqu’au XVe s. Je dis XVe s. parce que le début de la Renaissance c’est soit en 1455 : l’invention de l’imprimerie, ou soit en 1492, date de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Donc les chasses aux sorcières ont eu lieu tout juste au sortir du Moyen-âge, quand la Renaissance a commencé. Comme l’a souligné Julien Bonhomme dans l’article « Magie / sorcellerie », la sorcellerie au Moyen-âge reste une affaire typiquement villageoise alors qu’à la Renaissance, entre le XVe et XVIIIe, la chasse aux sorcières se fait à une échelle beaucoup plus vaste à travers l’Europe (p.10). 2 Introduction Friend’s notes Il y a en eu plusieurs au courant de l’histoire et y en aura probablement dans le futur. ○ Quand la société dérape, les chasses aux sorcières ont lieux. Certaines groupes (généralement ceux dites différents ou marginaux) vont être déshumanisé pour une raison ou une autre, donnant naissance à ces comportements. Les chasses aux sorcières discutés dans le cours concerne celles de la France, de l’Angleterre, des États-Unis, du Canada. 3 Introduction Friend’s notes La chasse aux sorcières ce n’est pas un épisode qui a lieu durant le Moyen-âge mais plutôt à la Renaissance. ○ Le Moyen-âge débute en 467 après J-C avec la chute de l’empire Romain et dure jusqu’au 15ième siècle. Différents évènements marque la fin de cette période: l’invention de l’imprimerie ou la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. ○ La sorcellerie était une affaire villageoise au Moyen-âge et, était plus liée à la divination, mais était à une échelle plus vaste et grande durant la Renaissance. Au Moyen Âge, les paysans, formaient plus des 2/3 de la population. Ils s’intéressaient principalement à la température et au climat, aux récoltes, à la maladie et à la mort (surtout pour éviter d’être malade ou de mourir). Ces éléments formaient leur cadre de vie, leur quotidien. Leur magie reflétait ces préoccupations. Il y avait peu de place pour autre chose 4 ○ Au début de la Renaissance, la société devenait moderne et subissait des bouleversements sociaux. Friend’s notes ○ Il y a un schisme important dans la religion chrétienne entre les catholiques d’un côté et ce qui deviendra les protestants de l’autre. Beaucoup d’accusations ont été faites. ○ L’Église à toute le pouvoir et l’argent. La seule façon qu’un Chrétien pauvre pouvait aller aux paradis, il devait être martyrisé. Si on survivait à cet martyrisation, la personne allait à l’enfers. La clergé a commencer à suggérer que la population donne des dons pour construire des cathédrales afin qu’ils aient l’opportunité d’aller au paradis. 5 Sorcier / sorcière XIIe siècle « sorceries » ; VIIIe siècle lat. pop. « sortiarius » « diseurs de sorts » du latin « sors » (PR) Personne qui pratique une magie de caractère primitif, secret et illicite (PR) sortilège (1213) latin médiéval « sortilegium » du latin « sortilegus » « qui lit le sort », devin (PR) Par analogie et familier : Vielle Sorcière : femme vielle, laide ou méchante, bizarrement accoutrée (PR) 6 La définition même de « sorcière » n’est pas simple. On l’a vu au deuxième cours. Si on regarde le Petit Robert, c’est limité comme contenu sémantique. Le 2e et 3e sens (tirés du Petit Robert) sont des réinterprétations plus modernes du sorcier / de la sorcière. Nous ce qui nous intéresse présentement c’est plutôt le 1er sens cité par le Petit Robert. – Sorcier ca vient d’ un mot de latin tardif qui date d’environ le VIIIe s. ap. J.C., le mot sortiarius qui voulait dire « diseur de sorts » – et aussi du mot du XIIe siècle : sorceries. – Le mot sortilège, vient du latin médiéval (répertorié en 1213) sortilegium du latin sortilegus, « qui lit le sort, devin » (PR). Donc la sorcellerie durant l’époque médiévale a un lien avec la divination. Mais pour ce module et la Renaissance, je préfère les définitions qu’on a donnée au 2e cours : sorcellerie = magie agressive contre autrui et sorcière = celle qui fait cette magie agressive. 7 sorcière Sorcière : rappel du module 2 : A) terme souvent péjoratif, femme (souvent vielle et / ou laide) qui fait de la magie noire, associée au satanisme, à la chasse aux sorcières B) sorcière moderne qui pratique des rituels de protection, de la divination, la wicca… Et non pas de la magie noire et du satanisme. Femme qui veut une place pour le féminin sacré dans notre société. 8 Friend’s notes Définition de la sorcière Il n’existe pas une définition simple pour une sorcière. Le terme parvient du mot latin sortiarius voulant dire diseur de sorts et le mot latin sorts. ○ Une personne qui pratique une magie de caractère primitif, secret et illicite. ○ Le terme familier de sorcière, par analogie, une femme veille, laide ou méchante, bizarrement accoutrée. Sortilège, un terme qui ressemble à sorcière à la définition suivante: ○ Provient du latin médiévale sortilegium voulant dire qui lit le sort devin 9 La définition abordé est celle du module 2: Friend’s notes ○ Terme souvent péjoratif, femme (souvent vielle et/ou laide) qui fait de la magie noire, associée au satanisme, à la chasse aux sorcières. ○ La sorcellerie est une magie agressive dirigé vers l’autrui et donc une sorcière est une femme (le sorcier est un homme) qui fait de la magie agressive. ○ La sorcière moderne a une définition différente: Une sorcière moderne est une femme qui pratique des rituels de protection, de la divination, de la wicca, etc… et non de la magie noire. Les sorcières modernes veulent, souvent, que le féminin sacré ait une place dans la société moderne. 10 Friend’s notes La définition abordé est celle du module 2: Pour débaucher le monde (qui ont accusé d’être sorcière), plusieurs éléments sont présents: ○ Accusation de violence physique ou, avec encore plus d’envergure, de la violence sexuelle, spécifiquement envers les enfants. 11 Au Moyen Âge, les paysans, formaient plus des 2/3 de la population. Ils s’intéressaient principalement à la température et au climat, aux récoltes, à la maladie et à la mort (surtout pour éviter d’être malade ou de mourir). Ces éléments formaient leur cadre de vie, leur quotidien. Leur magie reflétait ces préoccupations. Il y avait peu de place pour autre chose. 12 Les traditions autour de la sorcière remontent à un bagage plus ancien. Ces traditions s’inspirent des croyances de l’Antiquité et du Moyen-âge. EXEMPLES : Utilisation de « simples », c’est-à-dire des remèdes faits à base de plantes. Plusieurs de ces remèdes sont basés sur l’expérience accumulée par les guérisseuses et les sages-femmes sur de nombreuses générations. Déesse aux serpents minoenne et IsisThermouthis : elles représentent la fertilité. Et elles tiennent des serpents. Des rituels agraires du Moyen-âge basés sur l’idée qu’on obtient un résultat désiré lorsqu’on agit de manière semblable. Regardez l’exemple suivant : Le serpent ou la vipère permettaient de fertiliser la terre à ce qu’on croyait. On les lançait dans les champs. Pourquoi ? Depuis l’Antiquité la plus ancienne, le serpent est un symbole phallique, i.e. c’est comme un pénis. Et donc le serpent représente le masculin qui pénètre la terre qui est féminine (la Terre est féminine depuis aussi loin que l’époque des Minoens par exemple. Et même à la préhistoire. C’est la Terre-Mère.) 13 Les traditions autour de la sorcière remontent à un bagage plus ancien. Ces traditions s’inspirent des croyances de l’Antiquité et du Moyen-âge. EXEMPLES : Utilisation de « simples », Déesse aux serpents minoenne et IsisThermouthis : elles représentent la fertilité. Et elles tiennent des serpents. c’est-à-dire des remèdes faits à base de plantes. Plusieurs de ces remèdes sont basés sur l’expérience accumulée par les guérisseuses et les sages-femmes sur de nombreuses générations. 14 Les traditions autour de la sorcière remontent à un bagage plus ancien. Ces traditions s’inspirent des croyances de l’Antiquité et du Moyen-âge. EXEMPLES : Des rituels agraires du Moyen-âge basés sur l’idée qu’on obtient un résultat désiré lorsqu’onagit de manière semblable. Regardez l’exemple suivant : Déesse aux serpents minoenne et IsisThermouthis : elles représentent la fertilité. Et elles tiennent des serpents. Le serpent ou la vipère permettaient de fertiliser la terre à ce qu’on croyait. On les lançait dans les champs. Pourquoi ? Depuis l’Antiquité la plus ancienne, le serpent est un symbole phallique, i.e. c’est comme un pénis. Et donc le serpent représente le masculin qui pénètre la terre qui est féminine (la Terre est féminine depuis aussi loin que l’époque des Minoens par exemple. Et même à la préhistoire. C’est la 15 Terre-Mère.) Friend’s notes Les sorcières Les traditions autour de la sorcière remontent à un bagage plus ancien. Ces croyances et traditions s’inspirent de ceux de l’Antiquité et du Moyen-âge. ○ Les femmes étaient reconnues pour faire les remèdes à basses de plantes (exploité les propriétés médicinales), ayant reçu cette information des traditions de l’Antiquité. Il y a eu l’utilisation de simples. Ceux-ci sont basés sur l’expérience accumulés des guérisseuses et les sagefemmes sur des nombreuses générations. Les simples: deux remèdes faites à base de plantes. Des rituels agraires du Moyen-âge 16 Friend’s notes Les sorcières Les traditions autour de la sorcière remontent à un bagage plus ancien. Ces croyances et traditions s’inspirent de ceux de l’Antiquité et du ¸ Moyen-âge. ○ Les pratiques de la classe d’agriculteure furent liées à la météo, à l’agriculture, à la mort et à la survie (parmi d’autre). Ces notions sont la basse de la plupart des rituels et traditions magiques des paissant. Les serpents sont des symboles de la fertilité. Il y a une connotation sexuelle, phallique à cette animale. Il pénètre la terre (qui a souvent une connotation féminine). Il représente le masculin qui pénètre le féminin 17 Le balai : aussi un symbole important en lien avec la sorcière Symbole de purification : C’est un objet qui sert à enlever la saleté, il est donc associé à la purification. Déjà chez les Grecs, les prêtresses d’Hécate utilisaient le balai pour purifier. Mais Hécate est une déesse considérée païenne à l’époque médiévale… Il chasse les mauvais esprits et démons : On l’utilise aussi pour balayer les forces nocives, pour renvoyer les démons. Et donc simplement dressé devant la maison, les poils par en haut, il empêche les démons de la maladie et les esprits malins. Symbole de fertilité : À cause de sa forme : c’est un pieu qui pénètre dans un buisson, donc le balai représente l’union des deux sexes. Ainsi, c’est un symbole qui se retrouve dans les mariages. La tradition voulait qu’on saute au-dessus d’un balai aux mariages (à l’ép. médiévale, chez les Celtes, en Afrique même encore aujourd’hui). Le balai représente l’union du masculin et du féminin. Ou pour assurer la fertilité des récoltes, on chevauche un balai en courant dans les champs. Idéalement, le 1er mai (1er mai = Beltaine chez les Celtes). Mais les chrétiens n’ont pas apprécié la symbolique sexuelle des balais, ils l’ont donc associé à la femme débauchée, la sorcière. Jeux de Quidditch 18 Friend’s notes ○ Les balais étaient un symbole fortement important associés avec les sorcières. Ils furent utilisés par les prêtresses d’Hécate, femmes associées avec la déesse de la magie, à l’époque grecque, pour enlever les souillures et chasser les démons. Symbole de purification: il sert d’enlever la saleté, il est donc associés à la purification. Ils chasse les mauvais esprits et démons: on l’utilise aussi pour balayer les forces nocives, pour renvoyer les démons. Et donc simplement dressé devant la maison, les poils par en haut, il empêche les démons de la maladie et les esprits malins. 19 ○ Les balais étaient un symbole associé avec les sorcières. Friend’s notes Il est aussi symbole de fertilité: dû à sa forme (un pieu qui pénètre dans un buisson, il représente l’union des deux sexes), il a cette association. Il est souvent utilisé dans les mariages. La tradition voulait qu’on saute au-dessus d’un balai aux mariages (à l’époque Médiévale, chez les Celtes, en Afrique). Il représente l’union entre les femmes et les hommes. Pour assurer la fertilité des récoltes, on chevauche un balai en courant dans les champs (le faisant le 1er mai se remonte à la Beltaine chez les Celtes). La symbolique sexuelle des balais, étant très mal apprécier par les chrétiens, ils furent donc associés à la femme débauchée, la sorcière 20 Friend’s notes ○ Les onguents furent dopés de drogues perturbatrices, pour arriver à un état de trance, pour donner l’impression de voler. La belladone fut souvent associés avec des trances. Ces trances, drogués, donnait à leur utilisation l’habileté d’entrer en contact avec un autre monde ou un monde parallèle. Il n'y avait pas de sorcières, durant l’histoire, qui ont volé dans le ciel avec un balais mener des chaudières ou de chats. Ces notions parviennent, cependant, de certaines traditions de l’Antiquité et du Moyen-âge. 21 « chasse aux sorcières » Dans le langage courant, une « chasse aux sorcières » c’ est la poursuite et l’élimination systématique, par le pouvoir en place, des opposants politiques (Larousse illustré 1996). De manière métaphorique, cette expression désigne aujourd’hui la chasse au bouc émissaire (un « bouc émissaire » dans le langage courant c’est une personne sur laquelle on fait retomber les torts des autres). Mais le sens premier, le sens exact de l’expression « bouc émissaire » vient originellement de la religion hébraïque (voir les diapos suivantes). 22 Le bouc émissaire Chez les peuples de l’Antiquité (les Grecs et les juifs notamment) le « bouc émissaire » est une victime sacrificielle sur laquelle on dépose symboliquement les péchés de la communauté. La victime est ensuite envoyée dans un domaine aride pour y mourir, emportant avec elle les péchés de la communauté (c’est pour ça le « émissaire »). Elle est envoyée dans le désert pour les juifs, dans la mer pour les Grecs. C’est une victime expiatoire. 23 Chez les juifs, le jour de la fête des Expiations (la fête du Grand Pardon), le grand prêtre chargeait un bouc noir de tous les péchés de la population et l’envoyait dans le désert en offrande au démon du désert, Azazel. Il brûlait ensuite en sacrifice un bouc blanc à Yahweh. C’est un renouvellement du contrat avec Dieu. C’est pour ça qu’on dit un bouc émissaire. Comme le bouc noir. Alors quand dans notre société on cherche un coupable à tout prix, une tête à couper juste pour satisfaire le besoin d’avoir une victime à sacrifier sur l’autel de la rage publique, on parle de « bouc émissaire ». C’est ce qu’ont été les femmes accusées de sorcellerie à la Renaissance. Elle ont, en un sens, porté le poids de ce qui n’allait pas dans leur société. On les a accusées de plein de choses parce qu’il y avait un malaise à purger dans leur société. 24 « Les chasses aux sorcières » La « découverte d’un maléfice caché » est une stratégie de la société quand elle se sent attaquée de l’intérieur. C’est une stratégie qui sert à purger la non-conformité au moment où la société change. Les épidémies de sorcellerie sont l’indice d’une mutation sociale. Au début de la Renaissance, puisque c’est la période qu’on va regarder, la société devenait moderne et subissait des bouleversements sociaux. Il y a un schisme important dans la religion chrétienne entre les catholiques d’un côté et ce qui deviendra les protestants de l’autre. Beaucoup d’accusations ont été faites entre ces deux groupes. Hypothèse (expliquée dans les diapos suivantes) Pour qu’une chasse aux sorcières (ou l’équivalent) commence, il faut trois éléments : 1- une structure intellectuelle appropriée; 2- la médiation de cette structure de l’élite à la population; 3- et une tension et une peur sociale marquée. 25 La chasse aux sorcières Friend’s notes Les transformations sociales nettes sont souvent le déclenchement des chasses aux sorcières. ○ Il y a une tension entre les groupes qui tentent de faire parvenir le changement et ceux qui le résistent. Ces tensions mènent, généralement aux groupes qui provoque les changements ou la génération la plus jeune (mais pas exclusivement), à devenir le bouc émissaire d’une société. ○ Les épidémies de sorcellerie sont l’indice d’une mutation sociale. ○ La découverte d’un maléfice caché: une stratégie qui sert à purger la non-conformité au moment où la société change rapidement (trop vite) 26 La chasse aux sorcières Friend’s notes La définition de bouc émissaire est la suivante: ○ Chez les peuples de l’Antiquité (les Grecs et les juifs notamment) le bouc émissaire est une victime sacrificielle sur laquelle on dépose symboliquement les péchés de la communauté. La victime est ensuite envoyée dans un domaine aride pour y mourir, emportant avec elle les péchés de la communauté. Elle est envoyée dans le désert pour les juifs, dans la mer pour les Grecs. C’est une victime expiatoire. Dans le langage courant, une chasse aux sorcières c’est la poursuite et l’élimination systématique, par le pouvoir en place, des opposants politiques. ○ De manière métaphorique, cette expression 27 Friend’s notes Les hypothèses pour les débuts de la chasse aux sorcières. Ils ne sont pas exclusivement associés aux chasses aux sorcières mais aussi aux moments de paranoïa ou des crises d’hystéries. Pour qu’une chasse au bouc émissaire à être déclencher, il faut les 3 éléments suivantes: ○ Cette même schème se produit, avec différents groupes et avec différent médium, pour chaque crise d’hystérie. Les exemples ci-dessous concerne l’époque de la Renaissance. 28 1- Structu re intellectuelle en place Du XIIe au XVe siècle, soit l’époque médiévale, seule l’élite avait accès aux connaissances que transmettaient les moines et les écolescathédrales d’abord, puis les maîtres de ce qui allait devenir les universités ensuite. La majorité de la population paysanne était donc illettrée et elle se fiait souvent sur ce que disaient l’Église et le pouvoir en place. Le pouvoir temporel était détenu par le roi Le pouvoir spirituel, par l’Église et le pape. Seuls les membres les plus élevés dans la hiérarchie et quelques prêtres savaient bien lire. Cette élite imposait l’adhésion à une religion et une seule, le christianisme. Le roi, lui, parce que l’existence d’un seul dieu justifiait qu’il n’y ait qu’un seul roi (un dieu = un roi). Dieu avait oint le roi, l’avait choisi pour régner sur la population. 29 ○ Une structure intellectuelle appropriée Friend’s notes Du 12ième aux 15ième siècle, seule l’élite avait accès aux connaissances. Seul le roi et le pape avaient le contrôle de l’influx de l’information ce qui limitait le jugement critique de la population. La plupart des humains étaient illettrés et n’avaient pas accès à des sources continues d’information nécessaire pour exercer un jugement critique. L’information fut transmise par les moines et les écoles-cathédrales d’abord puis les maîtres d’université ensuite. 30 Friend’s notes ○ Une structure intellectuelle appropriée La marque de la sorcière pourrait être n’importe qu’elle signe qui distinguait une personne d’une autre. ○ Handicapes physiques et mentales ○ L’excès de beauté ou de laideur ○ Toute autre caractéristiques physiques ou mentaux 31 À cette époque, il y a aussi une peur de l’étranger, de celui dont l’aspect physique dérangeait, mais ce n’était pas les élites, pas les biens-nés qui étaient visés par la chasse aux sorcières. Ce sont les pauvres, souvent les gens de campagne. 32 Qui était visé par les accusations ? Époque Accusateur Accusé France Angleterre Québec Salem XVe siècle au XVIIe siècle. surtout à la fin du XVIe et début du XVIIe. Voisins et voisines jaloux. XVIe siècle au XVIIe siècle. XVIIe siècle au XIXe siècle. De 1692 à 1693. Riches contre pauvres. La population en général. Jeunes filles du village de Salem, entre 9 et 20 ans. Elles furent considérées les victimes des sorcières de Salem. Ensuite, des parents de ces filles. Quelques hommes, mais surtout des Les pauvres, ceux qui demandent Une femme pour 9 accusés (donc 8 accusés sont des femmes hommes pour 9 accusés: les Types de personnes accusées: femmes. l’aumône. Individus de basses origines, Ceux qui sont opposés au roi. hommes se vantent d’être parfois des victimes de vengeance soupçonnées par Les catholiques. sorciers). personnelle de la part des filles l’entourage. Au niveau des villages, les femmes Types de personnes accusées: ou de leur mère; accusent d’autres femmes: toutes amoureux refusé, sœurs villageois, pauvres autant que Marginaux et personnes âgées. Tout ce qui sort de la norme, y sont suspectes riches; (religieuses), paysans et compris les idées philosophiques: l’ancien pasteur de Salem (Rev. paysannes (colons); immigrants, étrangers, juifs, gitans Burroughs), et ceux qui sont pauvres, mais pas dans la misère; (parce qu’itinérants), partis avec lui; chez les femmes: celle qui commerçants, scientifiques en personnes reconnues et désobéit à son père, à son transit, difformités, talent importantes dans la colonie, mari, au curé, celle qui est extraordinaire, grande beauté et entre autres des propriétaires, têtue ou encore indépendante, laideur, guérisseurs (à partir du surtout quand leur terrain est surtout sexuellement. moment où on a des médecins à désiré par quelqu’un d’autre. l’Université). Tableau produit par Céline Leduc, SRS 1510, Université d’Ottawa, 2018. 33 2- Médiation de cette structure intellectuelle En ce qui concerne la circulation de l’information : l’information était véhiculée de la tête vers la base de la société (top-down). Autrement dit, même s’il devait exister des réseaux de communication informels, le roi et le pape prenaient les décisions les plus importantes pour le royaume et pour l’Église et les transmettaient à la population via leurs émissaires respectifs. Les émissaires spirituels étaient les moines (dominicains surtout) qui avaient pour rôle d’instruire la population. Ils se servaient en particulier des sermons à l’église. Le pape et les moines ont aussi rédigé des démonologies et d’autres ouvrages sur le sujet des sorcières et du diable. C’est ainsi qu’ils transmettaient leurs idées vers les couches les plus basses de la société. Voir les exemples dans la prochaine diapo. 34 Bulle pappale d’Innocent VIII « Summis desirantes affectibus » en 1484 Permet à l’Inquisition , qui devait à la base poursuivre l’hérétisme, d’agir contre la sorcellerie également. Malleus Maleficarum, publié en 1486 Ça veut dire le « Marteau de sorcières ». C’est un guide pour la chasse aux sorcières. paraît en 1486, est directement inspiré par la bulle Summis desiderantes affectibus d'Innocent VIII. Ses auteurs sont les inquisiteurs allemands Henry Institoris et Jacques Sprenger. Ce sera un des premier livre en production de masse. 35 Friend’s notes ○ La médiation de cette structure (d’une élite à la population). Circulation de l’information: véhiculée de la tête vers la base de la société. Les personnes les plus pauvres sont souvent les principales victimes des chasses aux sorcières. Le roi et le pape prenaient les décisions les plus importantes pour le royaume et pour l’Église et les transmettaient à la population via leurs émissaires respectifs. Les émissaires spirituels étaient les moines (dominicains surtout) qui avaient pour rôle d’instruire la population. Sermons à l’église (homélie). Le pape et les moines ont aussi rédigé des démonologies et d’autres ouvrages sur le sujet des sorcières et du diable. 36 Ce que font les sorcières, selon le Malleus Maleficarum C’est LE guide ultime qui explique ce que font les sorcières : - Avoir des relations avec le diable - Voler dans les airs - Se métamorphoser…. Étant donné le type d’accusé(e)s, des femmes qui font de telles choses, la torture est permise pour obtenir des aveux. Petite chansonnette populaire qui illustre ce qu’on croyait que faisaient les sorcières : Sur un bâtonnet s’en allait Voir la synagogue pute. Dis mille vieilles en un fouc Y avait-il communément En fourrure de chat et de bouc Voyant le diable proprement Auquel baisaient franchement Le cul en signe d’obéissance Reniant Dieu tout pleinement En toute sa haute puissance Là faisaient choses diverses Dont plusieurs maux elles faisaient Aux autres les danses plaisaient Et aux plusieurs manger et boire... Et sachez qu’en la départie, Chacun sa chacune prenait Et aucune n’était lotie D’homme, un diable lui survenait. Champion des Dames Maître Martin Le Franc prévot de l’Église de Lausanne. Leutrat 1977: 73. 37 3- Tensions et peurs sociales 38 Le contexte social changea à la Renaissance (par exemple il y a des étrangers en Europe). Les balises (repères) changèrent. Il y a une peur du changement, peur de l’étranger, peur de la différence. Il y a un déséquilibre social causé en partie par les Croisades et en partie par la survivance des femmes aux famines et aux épidémies. – Les hommes meurent plus facilement que les femmes parce qu’ils sont plus sujets aux maladies et qu’ils font la guerre. – De plus, les garçons de moins de 3 ans sont plus fragiles que les filles, tandis que les femmes adultes sont plus fragiles que les hommes pendant le stage de reproduction. – Au XIIe siècle, la population d’âge adulte est de 25% à 30% d’hommes pour 70% à 75% de femmes. – À la fin de la chasse aux sorcières, on a environ autant d’hommes que de femmes. La croissance démographique est lente à remplacer les morts. Friend’s notes ○ Une tension et une peur sociale marquée. Le contexte sociale change à la Renaissance (il y a plusieurs étrangers en Europe). L’arrivée des juifs et des musulmans en principale. Les repères changent. Il y a une peur du changement, peur de l’étranger, peur de la différence 39 ○ Une tension et une peur sociale marquée. Friend’s notes Il y a un déséquilibre social causé en partie par les Croisades et en partie par la survivance des femmes aux famines et aux épidémies. Les hommes meurent plus facilement que les femmes. Ils sont partis à la guerre (combattre dans les croisades) et résistent pas aussi fortement à la maladie et à la famine (en raison de la quantité de gras). Au 14ième, la population d’âge adulte est de 25% à 30% d’hommes pour 70% à 75% de femmes. À la fin de la chasse aux sorcières, on a environ autant d’hommes que de femmes. La croissance démographique est lente à remplacer les morts. 40 Changements (1) et petit historique de la fin de l’époque médiévale Changements climatiques : refroidissement, gel → le climat s’attaque aux récoltes, il y a des famines. C’est la fin des croisades (les guerres du christianisme, voir diapo suivante) → des juifs et musulmans s’installent en Europe. Il y a même des mariages interreligieux. 41 Les croisades 1096- 1291 Les Croisades sont une série de guerres-pèlerinages pour reconquérir la Palestine aux mains des musulmans et redonner l’accès des lieux saints aux pèlerins. Entre le IIIe et le IVe siècle, les chrétiens d’Europe avaient fait des pèlerinages en Palestine. Puis, quand l’islam s’était établi au VIIe s., les chrétiens furent chassés du Moyen-Orient et n’eurent plus accès aux lieux de la fondation de leur religion. Au fur et à mesure des conquêtes arabes, l’Espagne, le Nord de l’Afrique et le Moyen-Orient ne furent plus accessibles aux chrétiens, si bien qu’au XIe siècle, le Pape et les rois européens s’unirent pour les Croisades contre les Arabes. 42 Les croisades 1096- 1291 La première dura de 1096 à 1099, et la 8e et dernière dura de 1270 à 1279 (1291: fin du Royaume franc de Jérusalem), sans pour autant que ça ait changé quoi que ce soit pour les chrétiens au MoyenOrient. Les musulmans avaient pris la Terre Sainte, et les chrétiens ne pouvaient plus faire leur pèlerinage à Jérusalem. Après les croisades, l’Europe s’est ouverte à l’Autre puisque des juifs et des arabes s’installèrent en Europe. Et des chrétiens épousèrent des arabes, malgré la méfiance à l’égard des musulmans. Le judaïsme et l’islam troublèrent les habitudes et les croyances chrétiennes. On se rendit compte qu’il existait autre chose que le christianisme. 43 Changements (2) Crise intellectuelle, sociale, médicale Des technologies furent importées avec les Croisades : les sciences arabes – l’alchimie l’astronomie, – la kabbale et la recherche de la Sophia – la médecine et sa pharmacopée. Des textes, qui avaient été bannis depuis longtemps en Europe (Platon, Archimède, Aristophane, etc.), sont entrés à nouveau en Europe. Les informations ont circulé plus librement, et l’Église ne contrôlait plus les connaissances acquises par la population. 44 La structure sociale éclate avec tous ces changements Des gens s’enrichissent mais les pauvres s’appauvrissent. Des soldats devinrent riches tandis que des nobles s’appauvrirent. Changements (3) Des vagues successives de maladies épidémiques, aussi bien les maladies vénériennes que la rougeole et la peste, sévissent. Au XVe siècle, la peste tua le tiers de la population européenne en 4 ans. Les femmes deviennent propriétaires d’entreprises, sont commerçantes, artisanes, artistes, héritent et se marient plus d’une fois (cf. La Corriveau). ↑ Médecin de peste ← la syphilis, mal ravageur. 45 Friend’s notes Les changements durant la Renaissance Il y a des changements climatiques: le refroidissement, gel. Les récoltes gèlent et pourrissent. Le climat attaque les récoltes nécessaires à la suivie de la population. Il y a eu une crise intellectuelle, sociale et médicale. Des technologies furent importées avec les Croisades. La grande majorité furent les sciences arabes, tel que: ○ L’alchimie ○ L’astrologie 46 Les changements durant la Renaissance Friend’s notes La structure sociale éclate avec tous ces changements. ○ Des gens s’enrichissent mais les pauvres s’appauvrissent. Les soldats partaient à la guerre, qui ont survécue, ont reçu des grandes sommes d’argent. ○ Les femmes ont dû devenir des commerçants, propriétaires, d’entreprise artisanes, artistes, héritières de fortunes et marchandes puisque seulement 25% de la population est masculine. Ils sont obligés de prendre ces rôles/emploies. Elles se marient, dû à ces circonstances, plusieurs fois. ○ Des vagues successives de maladies épidémiques, aussi bien les maladies vénériennes que la rougeole et la peste, sévissent. Les maladies tel que la peste, la syphilis, la varicelle, etc… ont 47 ravagés la population européenne. AINSI, AU DÉBUT DE LA RENAISSANCE, TOUS LES ÉLÉMENTS SONT EN PLACE POUR QUE COMMENCE UNE CHASSE AUX SORCIÈRES. REGARDEZ CE QUI VA SUIVRE AVEC TOUS CES BOULEVERSEMENTS. 48 XIII-XVe s. La Sainte Inquisition C’est une juridiction ecclésiastique d’exception instituée par le pape Grégoire IX en 1233 pour la répression dans toute la Chrétienneté des crimes d’hérésie et d’apostasie. Hérésie: c’est un dogme non conforme à la doctrine de l’Église. Inclut aussi les rites (p. ex. rites de fertilité de la terre) non conformes aux rituels préconisés par l’Église. Aussi les erreurs dans la foi, c’est-à-dire des croyances non approuvées par l’Église. La sorcellerie et l’hérésie sont souvent mêlées parce que les bulles papales en 1318, 1320, 1331 et 1337 mêlent et traitent ensemble la sorcellerie et l’hérésie. En 1274 premier exemple de condamnation d’une sorcière par l’Inquisition. 49 La chasse aux sorcières en Europe Friend’s notes Les chiffres pour la quantité de morts pourraient être gonflés ou diminués. Il y a eu des dizaines de milliers de personnes qui ont été jugés et condamnés. ○ Ces nombres ont été changer pour différents buts. C’est une juridiction ecclésiastique d’exception instituée par le pape Grégoire IX en 1233 pour la répression dans toute la Chrétienneté des crimes d’hérésie et d’apostasie. ○ Hérésie: c’est un dogme non conforme à la doctrine de l’Église. Inclut aussi les rites (p. ex. rites de fertilité de la terre) non conformes aux rituels préconisés par l’Église. Aussi les erreurs dans la foi, c’est-à-dire des croyances non approuvées par l’Église. 5 0 Friend’s notes La chasse aux sorcières en Europe ○ La sorcellerie et l’hérésie sont souvent mêlées parce que les bulles papales en 1318, 1320, 1331 et 1337 mêlent et traitent ensemble la sorcellerie et l’hérésie. ○ En 1274 premier exemple de condamnation d’une sorcière par l’Inquisition 5 1 En Angleterre : James VI roi d’Angleterre et d’Irlande 1566-1625 C’est surtout avec lui que la peur des sortilèges se répand. Une tempête avait fait dériver les navires qui lui amenaient sa futur épouse, Anne du Danemark. Il s’est alors persuadé que c’était un acte de sorcellerie. (NB : Anne n’est pas morte ! Il y a simplement eu une tempête et James est allé la retrouver après). Il engage alors des Witch Finders. Il s’engage dans la chasse aux sorcières. 52 En Angleterre : James VI roi d’Angleterre et d’Irlande 1566-1625 Intéressé par cette chasse aux sorcières, il dirige lui-même des interrogatoires de femmes accusées de sorcellerie. Il fait traduire la Bible en Anglais (LA King James’ Bible) et il exige que toutes les allusions à empoisonneurs, devineresses, etc. soient remplacés par le mot sorcières. La Bible devient donc une justification de la chasse à la sorcellerie ! 53 Aux États-Unis : Il y a un contexte de tensions et de changements aussi à Salem C’est à cette époque que des colons fondent et s’installent à Salem, une ville fermée, prospère, où règne le puritanisme, en 1626. Et il y a également le village de Salem, qui est sous la responsabilité de la ville de Salem, mais le village est mécontent parce que la population veut avoir son propre lieu de rencontre et de prière. Et aussi les deux ou trois derniers hivers ont été difficiles : les récoltes sont pourries et les animaux et les bébés meurent de faim. On se demande ce qu’on a fait pour que Dieu soit fâché contre nous et qu’il nous punisse à ce point. 54 Samuel Parris (16531720) s’installe à Salem avec John et Tituba Indian, deux esclaves qu’il a ramenés de la Barbade ainsi que sa fille Betty et sa nièce Abigail Williams. Salem, Massachussett De 1692 à 1693 142 accusés 55 Friend’s notes La chasse aux sorcières dans les Amériques (le cas de Salem) Les puritains, des chrétiens qui ont voulu ramener la religion à ses concepts fondamentaux, ont partie de l’Angleterre pour s’établir aux États-Unis. La communauté Salem a eu des malheurs ○ Il s’agit d’une société puritaine. ○ Le révérend Samuel Parris (1653- 1720) s’installe à Salem avec John et Tituba Indian, deux esclaves qu’il a ramenés de la Barbade ainsi que sa fille Betty et sa nièce Abigail Williams. 56 57 Tituba s’occupe d’Elizabeth (= Betty, 9 ans, la fille de Parris) et d’Abigail Williams (11 ans, sa nièce), et elle leur raconte des histoires sur la Barbade, y compris des histoires de vaudou, et elle montre aux filles à faire de la divination, et d’autres jeunes villageoises se sont jointes aux deux premières filles. L’histoire se déroule comme suit: Dès 1691Parris ne s’entend plus avec la population. C’est ainsi que ça a commencé. Il y a ensuite une vague d’hystérie parmi des jeunes femmes, en particulier dans l'entourage du révérend Parris. Betty et Abigail commencent à agir bizarrement, à crier, à se dire tourmentées par des esprits. Le docteur déclare qu’elles sont sous l’emprise d’un sort de sorcière. D’autres jeunes filles commencent à faire la même chose. Et elles accusent Tituba de les avoir ensorcelées. En plus de l’esclave Tituba, les jeunes filles donnent deux autres noms : Sarah Good et Mary Osgood. Deux femmes Vielles. Tituba avoue pratiquer la sorcellerie et déclare qu’il y a beaucoup d’autres sorcières aussi… On est dans une société puritaine. Un catholicisme angoissé et dont un des buts premiers est la pureté. C’est une société homogène qui exclut toute marginalité. Les pires craintes des puritains se confirment; le diable est entré dans leur 58 communauté ! ▪ C’est le début d’une crise collective qui ne durera que quelques mois : janvier 1692 et déjà au début de 1693 le mouvement ralentit. Le 22 septembre 1692 il y a eu les dernières exécutions. ▪ Cette crise s’est entretenue pendant 1 année par une série de délations, qui n'épargnent personne : ni les notables, ni les voisins, ni les bourgs voisins… ▪ Les gens s’accusent les uns les autres et témoignent les un contre les autres. Chaque témoignage en cour amène plus de noms, plus de délation et plus d’accusations incroyables. Monument moderne pour les dernières victimes, Salem, https://streetsofsalem.com/2015/09/22/thepardoning-of-ann-pudeator/ 59 Seulement quelques exemples… D’autre accusations délivrées contre la population durant cette épisode sont les suivantes: Ann Greenslit Pudeator a été accusée entre autres de se transformer en oiseau et d’avoir forcé Sarah Churchill à signer le « livre du diable ». Cette vielle dame étant sage-femme et infirmière, elle avait des pots d’onguent et elle a été accusée de les avoir utilisés pour faire de la sorcellerie. Souvent ce sont des femmes pauvres ou qui ont des propriétés (suite à un héritage), mais quand un, ou pire, plusieurs de leurs époux sont morts, on les accuse de les avoir tués. Alice Parker aurait envoyé des animaux pour attaquer des habitants. Margaret Thoothaker avait seulement 10 ans quand elle a été arrêtée pour sorcellerie avec sa mère, Mary Allen Thoothaker. Elles passeront 7 mois en prison et seront relâchées en 1693. L’époux, Roger thoothaker est mort en prison en attendant son procès, seulement quelques jours avant l’arrestation de sa femme et de ses filles. Il était médecin et se disait capable de chasser les sorcières ! 60 Friend’s notes L’épilepsie est souvent dénotée comme une maladie de crises de sorcière. Il ne s’agissait pas seulement des pauvres qui se faisait accuser de sorcellerie; les riches, femmes des gouverneures, des enfants moins de 10 ans, etc… Cette crise n’a duré que quelque mois. Le gouverneur de Massachusetts a dicté que la crise était hors de proportion et il a laissé les prisonniers aller libre. 61 Les sorcières, on pense qu’elles… font des choses étranges, des merveilles (pas des miracles), tourmentent et affligent ceux et celles qu’elles désirent, envoient des maléfices, Utilisent des poupées vaudou, sont illusionnistes, s’allient au diable et aux esprits malfaisants, promettent de servir le diable en échange de son aide, font de la magie noire, essaient de causer du tort à autrui et de détruire l’oeuvre de Dieu, sont capables de décrire des événements qui se déroulent ailleurs. Ce qu’elles font est inspiré par le diable et non par Dieu. 62 Giles Corey, env. 80 ans et sa femme Martha sont accusés de sorcellerie. Abigail Williams, 11 ans, accuse, en pleine messe à l’Église, Martha d’être venu la voir sous forme de spectre. D’autres adolescentes accuseront aussi Giles dans les jours suivants. Il serait apparu sous forme de spectre et aurait forcé une jeune fille à signer le livre du diable. Giles refuse de se défendre. Refusant d’office, le procès tout court. Martha sera pendue. Giles condamné à la peine forte et dure : écrasé sous des pierres. Le Tribunal exécuta 19 pendaisons. Les condamnés n’ont pas eu droit à la sépulture chrétienne. C’est le gouverneur de l’État du Massachusset qui a fait arrêter les procès et libérer les accusés. 63 EN NOUVELLE-FRANCE : XVII-XIXE S. Quelques différences ici : - Phénomène qui n’a pas la même ampleur : la population est extrêmement réduite. C’est le début de la colonie, la Nouvelle-France doit être peuplée. Les colons n’ont donc pas de beaucoup de temps à consacrer à la chasse aux sorcières : ils se battent contre les Anglais, contre les populations autochtones… - Majoritairement des hommes sont accusés. Il y a une seule femme pour 8 hommes dans les proportions des accusations. - En Nouvelle-France, les autorités religieuses bannissent, excommunient; demandent des signes extérieurs de repentir de la part du pénitent; refusent de donner une sépulture chrétienne; refusent ou diffèrent l’absolution. - Ci-dessous voici quelques cas. 64 La chasse aux sorcières en Nouvelle-France Friend’s notes Dû aux différences entre les colonies, les accusations de sorcellerie furent plus rare en Nouvelle-France qu’aux colonies Américaines. ○ Les ratios d’accusations sont les suivantes: 1 femme pour 8 hommes accusés. ○ Les autorités religieuses furent responsable pour ces accusations et les punitions que subissaient les accusés. Ces punitions incluent, mais ne sont pas limités à: Bannissements Excommunications Le refuse du don de la sépulture chrétienne Le refuse ou le diffère de l’absolution 65 Les cas les mieux connues d’accusations de sorcellerie furent les suivantes: Daniel Vuil 7 octobre 1661 fusillé pour avoir vendu de l’alcool aux Autochtones (un crime passible de mort et d’excommunication). Mais on l’accusait aussi d’avoir ensorcelé une jeune fille qui se refusait à lui. Autre accusation : il était protestant et avait feint de se convertir au catholicisme. Il fallait être catholique pour avoir le droit de s’embarquer dans les bateaux pour aller en Nouvelle-France. 66 Anne Lamarque, cabaretière Des témoins racontaient qu’elle avait un livre de sorcellerie. Mais c’était un livre d’herboristerie qui lui servait à préparer des médicaments. Elle a été protégée par des amis et a évité le bannissement. 67 René Besnard, dit Bourjoly 1657, René Besnard dit Bourjoly a été accusé d’avoir jeté un sort de stérilité à une femme qui s’était refusée à lui et à son mari. Le couple ne pouvait pas avoir d’enfants et leur mariage a même été annulé pour des motifs « d’impuissance perpétuelle causée la magie ». Bourjoly a finalement été banni de la colonie. Le sortilège du nouement de l’aiguillette est une pratique qu’on retrouve en France et dans d’autres pays d’Europe. Cette démonstration de diablerie existait depuis des siècles. Il y a plusieurs variantes, tout dépendant des régions et des traditions. L’expression ou la manifestation qui semblait primer en NouvelleFrance est la suivante.: au passage du cortège nuptial ou pendant la messe, le jeteur de sort, dissimulant ses mains à l’intérieur de son chapeau, noue une cordelette autant de fois que l’époux s’efforcera en vain de consommer le mariage. 68 Cas très connu : la Corriveau Marie-Josephte Corriveau (1733-1763) 69 Accusée de complicité pour le meurtre de son 2e mari, Louis-Étienne Dodier, le 27 janvier 1763. D’abord condamnée à 60 coups de fouet et à un marquage au fer rouge pour complicité de meurtre. Son père, Joseph Corriveau, risquait la pendaison pour le meurtre. 2e procès: Marie-Josephte est accusée du meurtre. Elle a été pendue le 18 avril 1763 sur les Buttes à Nepveu, près des Plaines d’Abraham. Son corps a ensuite été suspendu pendant 40 jours à la Pointe-Lévy dans une cage métallique. → Elle n’a pas été condamnée pour sorcellerie, mais pour meurtre. Sauf que le fait que son corps soit resté à décomposer au dessus d’une voie passante a marqué les imaginations et la postérité en a fait une sorcière. La légende lui fait porter le blâme de jusqu’à 7 maris tués. On a dit qu’elle avait eu une vie dissolue et qu’elle a hanté la ville de Québec. Conclusions Il est difficile d’avoir les chiffres exacts parce que les documents des procès étaient souvent brûlés avec la « sorcière ». On compte environ 11 300 procès pour sorcellerie au total en France, en Angleterre, au Québec et à Salem. De ceux-ci, on dénombre seulement 4 600 condamnations. Toutefois, plus de 200 000 personnes ont dû être soupçonnées de sorcellerie, ont été lynchées ou ont été brûlées sans procès. Selon Bechtel, on compte environ 6800 procès pour sorcellerie en France, dont 2725 exécutions. Environ 4 350 accusations et 1 835 condamnations pour l’Irlande, l’Angleterre et l’Écosse réunies. 70 De nos jours : en 2013, PapouasieNouvelle-Guinée, Kepari Leniata, 20 ans, mère d’un jeune enfant, est accusée de sorcellerie sur un enfant de 6 ans. Torturée puis reconnue coupable, elle est conduite au bûcher. 71 La jeune femme a été torturée, puis déshabillée, arrosée d’essence et brûlée sur un tas de pneus. Devant des 100aine de personnes. Certains ont pris des photos. D’autres ont filmé et ont mis leurs images sur les réseaux sociaux. (Je n’ai pas mis de photo ici, parce que ce sont des images dures, mais elles existent.) En 2009, dans la même région, d’autres habitants, hommes et femmes, ont été brûlés, tués et torturés pour sorcellerie. Ce genre de chose arrive encore dans nos sociétés. Par centaines. Ce n’est qu’un exemple. 72 L’ombre de la magie blanche sur le quotidien (Résumé) Stéphane Hug Réflexions sur les pratiques relevant de la magie positive à l’époque moderne La magie dans l’ancienne France ne s’épanouissait pas uniquement: dans le cadre de sabbats débridés, de messes noires ou derrière les murs de cloîtres pervertis par le démon, elle faisait partie du quotidien de l’homme moderne, envahissant son intimité et se nichant au cœur même des héritages familiaux qui se transmettaient de génération en génération. François Lebrun fut finalement le seul moderniste a avoir tenté une approche de la magie blanche au travers de sa finalité première : soulager et soigner les corps malades. La magie blanche était universelle et nécessaire dans cette société post-tridentine où l’Eglise totalisante s’était finalement résignée à accepter l’existence d’un espace entredeux coincé entre le Bien et le Mal. Cette magie était nécessaire car elle palliait la déficience de la médecine et de l’art vétérinaire en offrant une gamme quasi infinie de remèdes empiriques. 73 La magie blanche peut être définie comme : l’ensemble des croyances en l’existence d’association positive (soulager, panser, guérir) de différents éléments venant du règne animal, végétal et minéral. Le processus fusionnel de base, nécessitant ou non l’intervention d’un intermédiaire spécialisé (guérisseur, rebouteux, sorcier), est placé sous le patronage d’une force céleste ou divine. Pour l’homme moderne, la magie blanche, c’est l’état de nature domestiqué. Magdelaine, épouse de Jean Boiveau, sieur de Volesvre, un gentilhomme campagnard assassiné en octobre 1728, était réputée se servir de crapauds et d’araignées afin de réaliser des onguents et des orviétans domestiques. Les procureurs seigneuriaux, royaux ou apostoliques déformaient à satiété la vérité en conférant à quelques éléments relevant de la magie blanche (mais identifiés a contrario comme étant la marque de la magie noire) plus d’importance qu’ils n’en avaient réellement 74 Il suffisait que l’obscurité intervienne à un moment ou à un autre ou, que la lune préside à un processus de macération quelconque pour que les dires du plaignant gagnent en crédibilité. Le solstice d’été (la Saint-Jean-Baptiste) demeure un moment-clé de l’année agraire où le prêtre acquiert ici le statut d’intercesseur recherché. Le livre de raison des Goyards contenait les recettes suivantes: Recepte pour guerir de lomal autremen le mal caducq. (= épilepsie) préparation destinée à lutter contre les effets du mal caducq Livre aux biens de Wallerand Albéric Joseph de Madre, Recette pour faire dormir un mallade atteint du mal chaud. Il faut prendre de l’huile d’olive avec du bon vinaigre et le faire chauffer un peu et après bien les batre ensemble. Faire reposer le tout pendant une nuit et en faire un bandeau sur le front du mallade pour le faire reposer. 75 L’agenda de Jean-Baptiste Carpentier (1731-1788) Recette pour faire un onguent pour une coupure ou blessure et pour le mal de jambes. o Prendre de la cire neuve, de la persine, de l’huile d’olive et de la térébentine de Venise, faire fondre le tout dans un poelon ou une tasse et après, laisser froidir et en faire un emplastre et le mettre sur le mal. Au besoin, utiliser des bandelettes qui auroient pris la rosée du matin. 76 Les procès de sorcellerie (Saint-Blanquat) La grande crise de la sorcellerie, qui a son paroxysme entre le milieu du XVIe et le milieu du XVIIe siècle, représente sans doute un tournant décisif de l’histoire européenne Les pièces des procès sont rares en général : elles étaient le plus souvent brûIées avec le sorcier lui-même, de façon à faire disparaitre toute trace des horribles forfaits. Le Diable fait une première entrée dans l'art occidental aux XIe et XIIe siècles. Il grandit, se multiplie et perd le caractère de séduction et de beauté Au XIIe siècle, au temps des Christ en majesté, il reste contenu. Au XVe siècle, il ne l’est plus. Il envahit l'art comme le catéchisme : tel o catéchisme cite Jésus 63 fois mais Satan 67 fois 77 Cette a montée du satanisme aboutit à une véritable obsession. J. Delumeau parle de « raz de marée » et ajoute : « Cette obsession prend deux formes essentielles, l'une et l'autre reflétées par l'iconographie : une hallucinante imagerie infernale et la hantise des innombrables pièges et tentations que le grand acteur ne cesse d'inventer pour perdre les humains» Démonologie concrète vise à démasquer les agents de Satan sur Terre, à savoir les sorciers. Parmi les plus connus, le « Malleus Maleficarum » ou «Marteau des sorcières » dont 34 éditions sont connues entre 1486 et 1669. Les dénonciateurs se plaignent de bêtes qui sont mortes, de récoltes gâchées, d'accidents survenus à eux-mêmes ou à leurs proches, et rapprochent de ces accidents le comportement de la personne suspectée. 78 Les juges, eux, suggèrent puis affirment un commerce avec le diable, une fréquentation du sabbat, des profanations ; en somme toute cette pratique d'une sorte de religion à l'envers, en négatif, qu'avait peu à peu construite ou théorisée les savants démonologues. Dans huit cas sur dix au moins, les accusés étaient des femmes. Bien souvent des femmes âgées ; souvent veuves : souvent plus pauvres que leurs dénonciateurs. 79