Fiche théorique : Le concept de culture PDF
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This document explores the concept of culture, defining it as a complex set of interconnected thoughts, feelings, perceptions, and actions. It includes various examples, such as greetings, formal and informal norms, beliefs, and priorities. Different cultures reflect various behaviors and ways of relating, demonstrating significant diversity within societies and social constructs.
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ÉLÉMENT THÉORIQUE - FICHE N°1 FICHE ÉLÉMENT THÉORIQUE LE CONCEPT DE CULTURE Le terme culture est défini de nombreuses manières. Ainsi, le langage commun, peut résumer la culture aux connaissances. Ainsi dit-on qu...
ÉLÉMENT THÉORIQUE - FICHE N°1 FICHE ÉLÉMENT THÉORIQUE LE CONCEPT DE CULTURE Le terme culture est défini de nombreuses manières. Ainsi, le langage commun, peut résumer la culture aux connaissances. Ainsi dit-on qu’une personne est « cultivée ». Dans le cadre de cette formation, nous nous appuyons sur les travaux de Guy Rocher1 et de Pierre Bourdieu. 1. La culture est un ensemble lié de dispositions à penser, sentir, percevoir et agir La culture est un ensemble lié de dispositions à penser, sentir, percevoir et agir qui se déclinent dans des comportements, propos, normes formelles (règles, lois...) et informelles2, rites, croyances, jugements spécifiques, priorités, postures corporelles, formes particulières d’expression des émotions et sentiments, modes d’organisations, etc. L’ensemble de ces comportements, normes, etc., nous les appelons « façon d’exister » dans la Formation à l’Intégration Citoyenne. Traductions concrètes des dispositions à penser, sentir, percevoir et agir dans les « salutations » Dans les comportements : par exemple, je salue en se donnant la bise, une poignée de main, par une légère inclinaison des mains, en portant sa main sur le cœur, etc.; Dans des propos : par exemple, on dit « bonjour » ou « comment va votre famille » pour saluer Dans les normes formelles : par exemple, si un règlement ou une loi était édictée afin de définir précisément les façons de saluer ; Dans les normes informelles : par exemple, il est d’usage de saluer les personnes de telle ou telle façon si elle est âgée, d’un rang social élevé, etc. Dans les croyances : par exemple, je salue avec respect les personnes âgées car Dieu l’exige, je n’embrasse pas les femmes pendant le ramadan, etc. ; Dans les priorités : par exemple, je salue d’abord les femmes puis les hommes, les personnes plus âgées avant les plus jeunes, les hôtes avant les invités, etc. ; Dans les jugements : par exemple, il est juste et bien que je salue respectueusement une personne âgée car elle détient un savoir, une expérience de vie...; 1 GUY ROCHER, Extraits du chapitre IV: «Culture, civilisation et idéologie», de Introduction à la SOCIOLOGIE GÉNÉRALE. Première partie: L'ACTION SOCIALE, chapitre IV, pp. 101-127. Montréal: Éditions Hurtubise HMH ltée, 1992, 3ieme édition. 2 Il existe deux types de normes. Des normes formelles qui sont transcrites dans des lois et des règlements. Des normes informelles qui ne sont pas règlementées. Guide de délivrance du programme d’intégration citoyenne aux personnes primo-arrivantes Réalisé par le Dispositif de concertation et d’appui aux Centre régionaux d’intégration - Document évolutif - Mai 2016 Dans les postures corporelles : par exemple, j’incline légèrement la tête en saluant les personnes âgées, etc. ; Dans des formes particulières d'expression des sentiments et émotions : si je rencontre une personne qui m’est très proche, je la salue affectueusement, si je l’aime, mes salutations se traduisent par un contact plus intime des corps, etc. Dans des modes d’organisation : lors de réceptions officielles, un espace spécifique est réservé aux salutations (par exemple, le Président français, salue les invités sur le perron de l’Élysée). Dans la Fiche de « Contenu informatif et explicatif » : Tout ce qui est influencé par la culture nous identifions d’autres « façons d’exister » que les salutations qui sont culturellement déterminées3. Pour consulter cette Fiche se rendre à la séquence formative n°10 du Module 1 dans la Bibliothèque WEB du DISCRI 2. Des « façons d’exister » plus ou moins formalisées» Ces « façons d’exister » sont très formalisées dans les lois, les rites, les cérémonies, les protocoles, les connaissances scientifiques, les technologies et les théologies. Elles le sont moins, et à des degrés divers, dans les arts, dans le droit coutumier, dans certains secteurs des règles de politesse, notamment celles qui régissent les relations interpersonnelles impliquant des personnes qui se connaissent et se fréquentent de longue date. 3. Des « façons d’exister » différentes selon les collectivités Chaque collectivité déploie des « façons d’exister » qui lui sont spécifiques. Les collectivités sont très nombreuses. Elles peuvent être petites (par exemple, la famille), plus larges (par exemple, une communauté de vie, une région, etc.) ou très vastes (par exemple, une classe sociale, un genre, un pays, une ethnie, les adeptes d’une croyance, un ensemble de nations qui partagent une histoire commune, etc.). C’est pourquoi, il n’y a pas une culture mais des cultures. 4. Des « façons d’exister » qui, dans un même mouvement, rassemblent et unissent tout en distinguant et différenciant Si ces « façons d’exister » propres à chaque collectivité rassemblent et unissent les personnes qui en font partie, elles servent aussi, dans un même mouvement, à les distinguer des personnes qui font partie d’autres collectivités. Exemple Je salue mes collègues en leur donnant une bise, je fais partie de la collectivité wallonne qui est différente de la collectivité japonaise où l’on salue les collègues en inclinant sa tête et le buste. Je suis donc semblable aux autres wallons mais différent des japonais. Chaque collectivité transmet ses « façons d’exister » aux personnes qui en font (ou en feront éventuellement) partie. Dès lors qu’elles sont apprises et partagées, elles constituent un dénominateur commun entre les personnes de ladite collectivité. En étant un dénominateur commun, elles favorisent et raffermissent les liens entre ces mêmes personnes. 3 Un certain nombre d’entre elles sont également détaillées dans la Fiche « Élément théorique » n°5 : Réflexions et débats interculturels. Guide de délivrance du programme d’intégration citoyenne aux personnes primo-arrivantes Réalisé par le Dispositif de concertation et d’appui aux Centre régionaux d’intégration - Document évolutif - Mai 2016 5. Des « façons d’exister » qui attribuent également une signification particulière aux actions, sensations, perceptions et pensées Ces « façons d’exister » incluent également les significations particulières qui sont attribuées aux actions, ressentis, perceptions et pensées. EXEMPLES Je berce mon enfant dans les bras pour l’endormir. « Pour l’endormir » est la signification particulière que je donne au fait de le bercer Je salue Coline en lui donnant la bise car c’est une amie : il existe entre nous une relation de confiance et de sympathie. « C’est une amie : il existe entre nous une relation de confiance et de sympathie » est la signification particulière que je donne au fait de lui donner la bise Je salue Jean d’une poignée de la main en inclinant légèrement la tête car il s’agit d’une personne âgée à qui je dois témoigner du respect et de la considération. « Il s’agit d’une personne âgée à qui je dois témoigner du respect et de la considération » est la signification particulière que je donne au fait de lui donner une poignée de la main en inclinant légèrement la tête 6. L’ensemble des significations particulières forment un « cadre de référence » ou un « système de pensée» L’ensemble des significations particulières forment un « cadre de référence » appelé aussi « système de pensée». Ce « cadre de référence » est sous-jacent, caché et très structuré. 7. Un cadre de référence qui génère des contre-sens, a priori, préjugés Nos comportements, propos, postures physiques, formes particulières d’expression de nos émotions et sentiments, etc. et les significations particulières que nous leur attribuons nous permettent d’interagir aisément avec les personnes qui font partie de notre collectivité. Nous nous comprenons aisément car nous recourrons à des façons relativement proches d’agir, penser, percevoir et ressentir. De plus, comme nous partageons un cadre de référence similaire, nous leur attribuons les mêmes significations particulières. La situation est tout autre quand nous sommes confrontés à des personnes qui font partie d’autres collectivités. Non méconnaissons (un peu beaucoup, énormément) leurs façons d’agir, penser, percevoir et ressentir. De surcroît, nous nous exposons à les interpréter erronément. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous nous appuyons sur notre « cadre de référence » pour leur attribuer des significations particulières. Ce faisant, nous ouvrons grand la porte à des contre-sens, a priori, préjugés, surinterprétations, etc. Exemple Une personne qui a intégré un modèle culturel dans lequel la bise entre les hommes traduit un penchant homosexuel pourrait avoir le sentiment d’être entourée de personnes homosexuelles quand elle arrive dans un pays où cette forme de salutations est considérée comme une simple marque de sympathie. Guide de délivrance du programme d’intégration citoyenne aux personnes primo-arrivantes Réalisé par le Dispositif de concertation et d’appui aux Centre régionaux d’intégration - Document évolutif - Mai 2016 Voilà pourquoi, il est si important d’identifier son « cadre de référence ». En prendre conscience nous aide à ne pas interpréter erronément une façon d’exister différente de la nôtre. En prendre conscience, nous amène à nous ouvrir sans arrière-pensées à l’ « Autre » et ainsi, comprendre quelles sont les significations particulières qu’il donne à ses actes, propos et pensées et donc son cadre de référence. 8. Des « façons d’exister » explicites et implicites Bon nombre des « façons d’exister » se traduisent de manière très explicite. Nous pouvons les voir, les constater, les définir. Tel est le cas, quand nous « berçons un enfant », saluons en donnant la bise ou une poignée de main, rions ou pleurons, disons « oui » pour exprimer notre accord, affirmons à haute voix que nous trouvons ce tableau très beau, etc. Par contre, les significations particulières sont, le plus souvent, non verbalisées. Elles font partie du domaine de l’implicite4. « Pour l’endormir », « il existe entre nous une relation de confiance et de sympathie », « Il s’agit d’une personne âgée à qui je dois témoigner du respect et de la considération » sont autant de significations particulières élaborées et transmises par des collectivités. C’est pourquoi, on les désigne aussi comme des implicites culturels. EN SYNTHÈSE Dans cette fiche, nous désignons le terme culture par « façons d’exister ». Ces « façons d’exister » incluent : des comportements, normes formelles (règles, lois...), rites, jugements spécifiques, priorités, postures corporelles, formes particulières d’expression des émotions et sentiments, modes d’organisations qui sont souvent explicites, etc. ; le cadre de référence ou système de pensée formé par l’ensemble des significations particulières généralement implicites qui sont attribuées à ces mêmes comportements, normes formelles, rites, jugements spécifiques, priorités, etc. 9. Des « façons d’exister » méconnues par les personnes parce qu’elles ont été intériorisées, le plus souvent à leur insu. Les « façons d’exister » explicites ainsi que les significations particulières qui leur sont attribuées (« le cadre de référence ») s’acquièrent tout d’abord dans l’enfance et ensuite, pendant la scolarité et la vie professionnelle, dans le cadre de trajectoires sociales telles que l’immigration, dans des engagements divers au sein de la société, etc. Les personnes s’approprient bien des « façons d’exister » à leur insu. Elles les intériorisent de façon inconsciente. Ceci explique pourquoi elles éprouvent des difficultés à les définir de façon précise et pourquoi elles méconnaissent si fortement leur « cadre de référence ». Exemple Petit enfant, en me promenant, j’ai entendu des personnes parler en faisant des grands gestes des deux mains. Je suis rentré à la maison en les imitant. Mes parents m’ont grondé et m’ont dit que c’était impoli. Tout en apprenant à parler avec des grands gestes, je me suis approprié de la signification particulière à donner à ce type de comportement à savoir : un acte impoli. 4 Implicite : Qui, sans être énoncé expressément, est virtuellement contenu dans un raisonnement ou une conduite – Voir http://www.cnrtl.fr/lexicographie/implicite. Guide de délivrance du programme d’intégration citoyenne aux personnes primo-arrivantes Réalisé par le Dispositif de concertation et d’appui aux Centre régionaux d’intégration - Document évolutif - Mai 2016 10. Des « façons d’exister » qui sont reliées aux émotions Comme dit précédemment, bon nombre des « façons d’exister » s’acquièrent lors de l’enfance et la prime jeunesse et, le plus souvent, de manière inconsciente. Ils sont imprégnés de l’histoire intime de chaque personne. Ils sont associés à des émotions agréables ou désagréables, reliés à des attachements ou des abandons, rattachés à des formes sociales de vie en commun et à l’histoire de la communauté, connotés par des jugements esthétiques qui en déterminent la qualité et des normes éthiques qui fixent leur légitimité ou leur caractère transgressif.... Autrement dit, les « façons d’exister » s’ancrent dans la dimension émotive et psychique des personnes tant au niveau individuel (dans leur singularité) que collectif (vécu commun à un groupe). « Ma culture est, en effet, la logique selon laquelle j’ordonne le monde. Et cette logique, je l’ai apprise dès ma naissance, dans les gestes, les paroles et les soins de ceux qui m’entouraient, dans leur regard, dans le ton de leur voix, dans les bruits, dans les couleurs, dans les odeurs, dans les contacts, dans la façon dont on m’a élevée, récompensée, punie, tenue, touchée, lavée, nourrie ; dans les histoires que l’on m’a racontées, dans les livres que j’ai lus, dans les chansons que j’ai chantées ; dans la rue, à l’école, dans les jeux ; dans les rapports des autres dont j’étais témoin, dans les jugements que j’entendais ; dans l’esthétique affirmée, partout, jusque dans mon sommeil et dans les rêves que j’ai appris à rêver et à raconter ». R. CARROLL, Evidences invisibles5 11. Des « façons d’exister » qui tracent une frontière immatérielle entre le « dedans » et le « dehors » En proposant des « façons d’exister » et un cadre de référence pour les interpréter, les cultures érigent des frontières immatérielles entre les personnes qui partagent les mêmes pratiques et interprétations et celles qui ne les partagent pas. Et qui dit frontière, dit l’existence d’un « dedans » et d’un « dehors », d’un « intérieur » et d’un « extérieur ». Les personnes qui sont à l’intérieur de « dedans », de « l’intérieur » voient leurs liens raffermis, ils se ressentent comme proches, en connivence et faisant partie d'une même entité qui les dépasse et qui peut avoir des visages différents : bande, groupe, classe sociale, ethnie, région, nation, société, etc. Les personnes qui sont au dehors, à l’extérieur sont alors considérées, stricto sensu, comme étant les « autres », les « étrangers6 ». 12. Des « façons d’exister » qui « ne tombent pas du ciel ». Ces « façons d’exister « ne tombent pas du ciel ». Elles sont induites par l’évolution des rapports socio- économiques au sein des sociétés et elles inscrivent les personnes dans des configurations spécifiques liées à leur appartenance de classe, de genre, ethnique, etc. La vision de l’art des ouvriers est souvent fondée sur un rejet de l’art abstrait et privilégie l’art réaliste. Bourdieu retrouve cette insistance sur l’utilité dans le type de vêtements portés par les ouvriers, qui sont avant tout fonctionnels. Ce style de vie est donc unifié par un petit nombre de principes, que sont en particulier la fonctionnalité, l’utilité et la nécessité. Pour Bourdieu, le style de vie des ouvriers se fonde ainsi, fondamentalement, sur le privilège accordé à la substance 5 CARROLL, R., Evidences invisibles, Américains et Français au quotidien. Seuil, 1987. 6 Etymologiquement, étranger vient du latin « extraneus » c’est-à-dire « du dehors » de l’ « extérieur ». Guide de délivrance du programme d’intégration citoyenne aux personnes primo-arrivantes Réalisé par le Dispositif de concertation et d’appui aux Centre régionaux d’intégration - Document évolutif - Mai 2016 plutôt qu’à la forme dans l’ensemble des pratiques sociales. Bourdieu voit dans ce style de vie l’effet des dispositions de l’habitus des ouvriers, qui sont elles-mêmes le produit de leur mode de vie. La vie des ouvriers est, en effet, placée sous le mode de la nécessité, en l’absence de ressources économiques : elle engendre ainsi des dispositions où dominent la recherche de l’utile et du nécessaire. Étant un « construit » des hommes, ces « façons d’exister « évoluent et se transforment sous l’influence de changements socio-économiques et politiques et de mouvements sociaux et culturels portés par des classes sociales, des communautés, des groupes, etc. Ainsi le mouvement féministe couplé aux changements structurels de la société dans les années 70 a contribué à modifier la place, le rôle et la fonction de l’homme et de la femme et donc les rapports de domination dans les divers champs.7 7 « Le changement majeur est sans doute que la domination masculine ne s’impose plus avec l’évidence de ce qui va de soi... En raison, notamment de l’immense travail critique du mouvement féministe qui, au moins dans certaines régions de l’espace social, a réussi à rompre le cercle du renforcement généralisé (…) la mise en question des évidences va de pair avec les profondes transformations qu’a connues la condition féminine, surtout dans les classes sociales les plus favorisées ; c’est par exemple, l’accroissement de l’accès à l’enseignement secondaire et supérieur et au travail salarié et, par-là, à la sphère publique ; c’est aussi la prise 7 de distance à l’égard des tâches domestiques y inclus les soins des enfants (même si comme nous l’avons vu elle continue en s’en occuper davantage que les hommes) et des fonctions de reproduction (…) avec notamment le retardement de l’âge du moment du mariage et de la procréation, le raccourcissement de l’interruption de l’activité professionnelle lors de la naissance d’un enfant et aussi l’élévation du taux de divorce et l’abaissement du taux de mariage » - Extrait de « La Domination masculine » - Pierre Bourdieu – page 122- 123 – Essais - Editions du Seuil - 2002. 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