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Université de Ziguinchor

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agroforestry sustainable agriculture natural resources management development studies

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR *********** FACULTE DES SCIENCES ET TECHNIQUES ********** DEPARTEMENT DE BIOLOGIE VEGETALE Master Agroforesterie, Ecologie et Adaptation Master 1 Diagnostic des systèmes agroforestiers ...

UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR *********** FACULTE DES SCIENCES ET TECHNIQUES ********** DEPARTEMENT DE BIOLOGIE VEGETALE Master Agroforesterie, Ecologie et Adaptation Master 1 Diagnostic des systèmes agroforestiers Introduction Les ressources naturelles constituent aujourd’hui la principale source de revenue notamment pour les populations rurales. C’est la raison pour laquelle, les projets de développement sont essentiellement orientés vers la gestion de ces ressources. Toutefois, il arrive qu’on assiste à une dégradation de ces ressources conduisant à une baisse drastique des productions agricoles et donc des revenus des producteurs. Introduction (suite) De ce fait, pour restaurer les potentialités de ces systèmes, un bon diagnostic est nécessaire. Ce diagnostic doit tenir compte de toutes les caractéristiques qui vont des aspects biophysiques et socio-économiques jusqu’aux diverses productions, leur gestion et leurs interactions. Il existe diverses méthodes permettant la description des systèmes d’utilisation des terres, dont la méthode D&D et la Méthode Active de Recherche Participative (MARP). 1- Définition de l’agroforesterie Diverses définitions de l’agroforesterie: Les trois définitions les plus représentatives : Selon Nair, l’agroforesterie consiste en l’association délibérée d’arbres et de cultures végétales et ou à des élevages, sur une même parcelle ou sous tout autre forme d’arrangement spatial ou temporel, et dont les interactions (écologiques et/ou économiques) entre les composantes arborées et non arborées sont significatives. 1- Définition de l’agroforesterie (suite) Selon Lundgren et Raintree (1982), cité par Baumer, 1997: « L’agroforesterie est un terme collectif pour les systèmes et techniques d’utilisation des terres où les végétaux ligneux pérennes sont cultivés et maintenus délibérément sur des terrains utilisés par ailleurs pour la culture et/ou l’élevage, dans un arrangement spatial ou temporel, et où sont exploités des interactions à la fois écologiques et économiques, pas forcément stables dans le temps, entre les végétaux ligneux et les autres composantes du système. » 1- Définition de l’agroforesterie (suite)  Enfin selon Leaky (1996), « l’agroforesterie est un système de gestion des ressources qui est dynamique, écologique et naturel et qui, par l’intégration des arbres dans le paysage, permet une production durable et diversifiée, procurant au paysan des bénéfices socio-économiques et environnementaux accrus. » En terme technique, l’agroforesterie a pour objectif l’optimisation des interactions entre composantes ligneuses et non ligneuses de manière à assurer une bonne production. 2- Les systèmes agroforestiers Un système agroforestier est un exemple local spécifique d'une pratique, caractérisé par l'environnement, les espèces et l'arrangement des végétaux, le mode de gestion, et le fonctionnement économique et social. Un système agroforestier peut être défini comme "un ensemble de composantes agroforestières Inter-dépendantes (arbres avec cultures et/ou animaux) représentant un type courant d'utilisation des terres dans une région donnée". II- Le diagnostic agroforestier : la méthode D&D La méthode D & D (Diagnosis and design) a été mise au point par le Conseil International pour la Recherche en Agroforesterie (ICRAF) pour servir d’outil de planification et de formulation de projets de recherche-développement en agroforesterie. Elle consiste à effectuer un diagnostic des problèmes et contraintes d’utilisation des terres et à concevoir des technologies agroforestières appropriées. 1- Echelles d’intervention de la méthode D&D Elles peuvent aller du ménage à la sous-région :  à l’échelle d’une vaste zone (pays, écozone...), on est à un niveau Macro.  à une petite échelle (exploitation, ménage...) on est à un niveau Micro. à une étape intermédiaire (l’échelle d’un bassin versant par exemple) on est à un niveau Méso D&D 2- Le macro D&D Il constitue une méthode rapide d'identification et d'analyse de systèmes d'utilisation des terres d'une zone écologique donnée, afin d'en dégager les potentialités agroforestières. Cette étude peut également aider à identifier des technologies agroforestières pertinentes pour l'ensemble de la zone. L'étude macro D & D se base sur:  des informations secondaires;  sur des observations de terrain;  et sur des contacts informels avec les paysans. 2-1- Planification de l ’étude L'étude macro D & D commence par:  l'identification et la délimitation de l'écozone à étudier. L’identification des institutions susceptibles de collaborer, et de créer un cadre institutionnel qui permettra de coordonner et mettre en œuvre des programmes de recherche-développement en agroforesterie. La formule adoptée par I'ICRAF consiste à mettre en place un comité directeur national constitué de responsables décideurs de toutes les institutions de recherche et de développement concernées, pour permettre une collaboration interdisciplinaire et interinstitutionnelle. 2-2- Etude de l ’écozone Elle se base sur: la littérature et d'autres sources d'informations secondaires disponibles, comme des banques de données et des cartes. la description de la zone (aspects biophysiques et socio-économiques). Cette étude est nécessaire pour la délimitation de systèmes d'utilisation des terres dans l’écozone. 2-3- Définition des systèmes d’utilisation des terres Dans l'optique de l'agroforesterie, un système d'utilisation des terres se définit du point de vue de ses potentialités agroforestières, qui doivent nettement se démarquer par d'importantes différences de celles des autres systèmes de l'écozone. Les potentialités agroforestières se définissent en fonction des rôles, des dispositions, et des modes de gestion des ligneux. 2-3- Définition des systèmes d’utilisation des terres (suite) Facteurs à prendre en compte pour l’identification des systèmes d'utilisation des terres : Les facteurs biophysiques : l'altitude, qui influe sur le choix des cultures; le climat: qui déterminent notamment le choix des cultures et le nombre des saisons de culture; les sols et la géomorphologie, qui déterminent les modes d'utilisation des terres;  La végétation ligneuse existante et ses utilisations; L’hydrographie.  Les facteurs socio-économiques la densité démographique qui joue sur les modes et l'intensité d'utilisation des terres; les revenus des populations rurales ; l'accès au crédit, aux marchés qui influencent le choix des activités agricoles; la part des spéculations commerciales et des activités de subsistance dans les exploitations agricoles; la tenure des terres, notamment en relation avec les ligneux; l'utilisation de la main-d'œuvre; les groupes ethniques; les formes d'organisations des populations rurales; les politiques gouvernementales, qui conditionnent l'évolution du système. 2-4- Description des systèmes d’utilisation des terres La description des systèmes d'utilisation des terres tient compte de toutes leurs caractéristiques, qui vont des aspects biophysiques et socio-économiques jusqu'aux diverses productions, leur gestion et leurs interactions. 2-5- Analyse des problèmes et contraintes, stratégies de développement des systèmes d’utilisation des terres Les systèmes doivent être évalués par rapport aux besoins des exploitations agricoles et aux contraintes de production. Les besoins de base des populations rurales sont essentiellement la nourriture, l'énergie, le revenu monétaire etc. Il est essentiel de bien appréhender les problèmes qui font obstacle à la satisfaction de ces besoins. 2-5- Analyse des problèmes et contraintes, stratégies de développement des systèmes d’utilisation des terres (suite) Les contraintes de production sont de deux types :  Les contraintes biophysiques, comme l’infertilité des sols, l'érosion, la faible capacité de rétention de l'eau et la faible capacité d'échange cationique des sols; une pluviométrie faible, irrégulière et mal répartie; les dégâts causés par les vents etc.  Les contraintes socio-économiques telles que le manque de main d'œuvre, le coût élevé ou le manque d'intrants, les faibles rendements agricoles, les infrastructures déficientes, etc. 2-5- Analyse des problèmes et contraintes, stratégies de développement des systèmes d’utilisation des terres (suite) L’analyse des problèmes et contraintes consiste à identifier les problèmes et contraintes de production et les facteurs qui les causent. Il est important d’appréhender les contraintes au niveau de toutes les productions (cultures, élevage, ligneux). contraintes biophysiques identifiées 2-5- Analyse des problèmes et contraintes, stratégies de développement des systèmes d’utilisation des terres (suite) L'identification des stratégies de développement des systèmes d'utilisation des terres se base sur l'analyse des problèmes et contraintes actuels et futurs de ces systèmes. Les stratégies de développement doivent être définies sous l'angle de l'évolution des systèmes, qui est déterminée par leur environnement biophysique et socioéconomique, et par les politiques gouvernementales. 2-6- Identification des potentialités agroforestières Trois aspects doivent être pris en compte:  les fonctions des ligneux à introduire;  l'arrangement spatial et/ou temporel des ligneux en association avec les autres A B composantes agricoles; la gestion des associations. 2-6- Identification des potentialités agroforestières (suite) Les fonctions des ligneux sont déterminées par rapport aux problèmes et contraintes identifiés dans les systèmes d'utilisation des terres. Les rôles que peuvent jouer les ligneux sont les suivants:  un rôle de production par l'apport de nourriture, de bois de feu, de service et d'oeuvre, de fourrage etc. un rôle de service, par l'amélioration du microclimat, la maîtrise de l'érosion hydrique et éolienne, l'amélioration de la fertilité des sols, la protection des cultures etc. En ce qui concerne la disposition des ligneux au sein d'un système, il convient d'abord d'identifier les « niches » où les arbres sont à introduire. 2-7- Les besoins de la recherche Les interventions agroforestières possibles identifiées dans une étude de macro D & D peuvent être regroupées en deux grandes catégories :  celles qui existent déjà dans les systèmes d'utilisation des terres pour lesquels elles sont proposées,  et celles qui n'y sont pas connues. 2-7- Les besoins de la recherche (suite) La recherche sur les interventions existantes doit passer par des études détaillées sur ces technologies, leur optimisation, et leur vulgarisation. Ce type de recherche vise à optimiser les technologies déjà connues par l'amélioration des performances et de la gestion des espèces ligneuses existantes. Pour une vulgarisation optimale de ces technologies, la recherche doit être axée sur l'identification et la levée des goulots d'étranglement, pour pouvoir assurer une diffusion à grande échelle dans les exploitations paysannes. 2-7- Les besoins de la recherche (suite) Pour les interventions possibles non connues dans un système d'utilisation des terres: axer la recherche sur la sélection et l'introduction d'espèces ligneuses, leur arrangement et leur gestion, pour permettre la mise au point de technologies prototypes et leur adoption. 2-7- Les besoins de la recherche (suite) L'étude macro D & D ne dégage que d'une manière préliminaire et générale les besoins en recherche : elle permet de cerner les technologies prometteuses et de repérer les espèces ligneuses à considérer ainsi que les fonctions et spécifications de ces ligneux; 2-8- Résumé des résultats attendus de l ’étude macro D&D Les résultats de l'étude macro D & D dans une écozone font l'objet d'un document qui constitue un plan directeur de la recherche agroforestière pour la zone écologique et s'intitule : «Potentialités agroforestières dans les systèmes d'utilisation des terres de l'écozone». Ce document doit : décrire l'écozone; définir et décrire les systèmes d'utilisation des terres; 2-8- Résumé des résultats attendus de l ’étude macro D&D (suite) analyser les problèmes, contraintes et stratégies de développement des systèmes d'utilisation des terres; identifier les potentialités agroforestières; identifier d'une manière préliminaire les besoins de la recherche en agroforesterie. 2-9- Identification des systèmes d’utilisation des terres prioritaires La planification de la recherche en agroforesterie au niveau écozonal débouche sur l'identification de systèmes prioritaires qui feront l'objet d'études plus approfondies (micro D & D). Ces études micro D & D ont pour objectif de formuler des programmes de recherche permettant de mettre au point des technologies appropriées. Le choix de systèmes prioritaires est déterminé par les critères suivants : leurs dimensions (superficie et population); leur importance nationale du point de vue des productions agricoles; les politiques gouvernementales de développement; la gravité des problèmes identifiés et les potentialités agroforestières. 3- Le micro D&D L'étude micro D & D a un triple objectif : le diagnostic des systèmes d'utilisation des terres ; l’identification d'interventions agroforestières vis à vis des problèmes et contraintes des systèmes ; et la formulation de programmes de recherche-développement visant à mettre au point des technologies appropriées pour accroître et stabiliser la productivité des systèmes. 3- Le micro D&D (suite) Une telle étude porte sur un système précis qui a été identifié et dont les problèmes, contraintes et potentialités agroforestières ont été analysés lors de l’étude macro D&D. Ainsi l'étude micro D & D consiste aussi à vérifier les résultats de l'étude macro D & D par une analyse plus approfondie des systèmes. Elle se base sur les résultats d’une enquête portant sur un nombre restreint de ménages paysans (interviews et observations). L'étude micro D & D, comprend plusieurs phases et étapes. 3-1- La phase de Diagnostic Le principe de base de la méthode D & D comporte une analogie avec la médecine, où tout traitement médical doit être précédé d'un diagnostic. La recherche agroforestière ne doit jamais perdre de vue les besoins et potentialités réels des systèmes d'utilisation des terres. En d'autres termes, cela n'aurait aucun sens de mettre au point des technologies performantes en station, mais non adoptables par les utilisateurs cibles. L'exécution de la phase de diagnostic passe par les étapes suivantes: 3-1-1- L’enquête diagnostique o Choix de sites représentatifs dans le système cible et prise de contact avec les services administratifs et techniques. o L'enquête doit être menée par une équipe multidisciplinaire. o Objectif: rassembler, par le biais d'interviews de ménages ruraux et d'observations directes sur le terrain, toutes les informations nécessaires pour diagnostiquer les problèmes et contraintes et d'identifier les potentialités (agroforestières et non agroforestières) d'un système cible. 3-1-1- L’enquête diagnostique (suite) L'interview, outil principal de l'enquête diagnostique, a pour objectif de procurer des informations sur les aspects suivants : L'historique de l'utilisation des terres ; La production agricole L’Elevage L’Exploitation des ligneux Interactions entre les sous-systèmes (cultures, élevage, ligneux) 3-1-1- L’enquête diagnostique (suite) Les contraintes à examiner pendant l'interview dans les secteurs production agricole, élevage, exploitation des ligneux sont:  Contraintes au niveau des ressources  Contraintes de production  Contraintes de gestion  Contraintes de commercialisation L’enquête doit porter aussi sur les besoins de base des populations tels que les besoins en: Nourriture, Eau, Énergie (ex bois de chauffe), Revenu monétaire, Matières premières pour les industries de transformation domestiques 3-1-2- L’analyse diagnostique o Il s’agit d’analyser les informations recueillies lors de l'enquête pour pouvoir décrire d'une manière approfondie le système d'utilisation des terres cible et identifier les problèmes et contraintes affectant la satisfaction des besoins de base des exploitants. o L’analyse débute par l'identification des besoins de base non satisfaits. o Ensuite, la détermination des stratégies mises en oeuvre par les ménages pour satisfaire ces besoins, et les secteurs de production (cultures, élevage, ligneux) mis à contribution. o L'étape suivante consiste à dégager les problèmes et contraintes qui affectent les secteurs de production et d'identifier les facteurs qui les causent. Il est important d'indiquer clairement les relations entre ces facteurs. 3-1-2- L’analyse diagnostique (suite) Les problèmes et contraintes rencontrés ainsi que les facteurs peuvent être illustrés par un diagramme causal qui a l'avantage de favoriser une perception rapide des points d'interventions possibles pour lever les contraintes identifiées. L'exemple de la figure 2 montre un diagramme causal partiel illustrant les causes du déficit alimentaire dans un système d'utilisation des terres de la zone semi-aride du Kenya. La non satisfaction du besoin alimentaire est causée par les faibles rendements des cultures vivrières, qui constituent le principal problème de la production agricole dans les exploitations paysannes. 3-1-2- L’analyse diagnostique (suite) Ces faibles rendements sont dus à un déficit hydrique pour les cultures, à des carences en élément nutritifs et aux dégâts causés par les insectes. Ces facteurs sont à leur tour provoqués par d'autres causes. Par exemple, la faible disponibilité en eau est due à la faible pluviométrie et sa mauvaise distribution, la faible infiltration hydrique, et la concurrence des adventices. 3-1-2- L’analyse diagnostique (suite) Les contraintes identifiées dans ce système où des interventions agroforestières sont possibles sont les suivantes : la faible infiltration de l'eau et le ruissellement; la concurrence des adventices; l'érosion; la faible teneur des sols en matière organique; la faible teneur des sols en éléments nutritifs pour les cultures; les dégâts causés par les insectes. Ces contraintes représentent les points d'interventions pour l'amélioration des rendements des cultures vivrières. Effet Déficit alimentaire Faible rendement des cultures Faible Carence en éléments nutritifs Dégâts causés disponibilité en par les insectes eau Mauvaise répartition Concurrence des Faible niveau de Faible Faible fertilité pluviométrie des pluies infiltration adventices cause Arbre à problèmes: un outil de diagnostic 3-1-3- Définitions des spécifications d’interventions appropriées Les aspects à considérer dans cette étape sont les suivants: les stratégies de développement du système d'utilisation des terres cible; les spécifications « fonctionnelles » d'interventions possibles; Les contraintes générales affectant toute intervention potentielle. Pour élaborer des stratégies de développement d'un système d'utilisation des terres, on part des problèmes et contraintes identifiés dans les exploitations paysannes tout en considérant les objectifs des politiques gouvernementales. Dans le cas du système de la zone semi-aride au Kenya, les faibles rendements des cultures vivrières ont été identifiés comme cause de la non satisfaction des besoins alimentaires. 3-1-3- Définitions des spécifications d’interventions appropriées (suite) Le manque de terres agricoles dans le système représentant aussi une contrainte, l'amélioration des rendements des cultures vivrières (donc l'intensification de la production vivrière) constitue une stratégie clé essentielle de développement du système. Les spécifications «fonctionnelles» d'une intervention sont définies par rapport aux contraintes « manipulables ». Les contraintes «manipulables» sont celles qui sont susceptibles d'être levées par des interventions. Dans le système de la zone semi-aride du Kenya, la faible infiltration de l'eau dans les sols est une contrainte manipulable, alors que la faible pluviométrie et la mauvaise répartition des pluies ne sont pas manipulables. 3-1-3- Définitions des spécifications d’interventions appropriées (suite) Les contraintes manipulables correspondent à des points d'interventions qui peuvent être identifiés au moyen de diagrammes comme celui présenté plus haut. Dans cet exemple, les spécifications fonctionnelles d'interventions possibles pour l'augmentation des rendements sont :  d’améliorer la disponibilité en eau pour les cultures vivrières en :  améliorant l'infiltration de l'eau dans les sols ;  réduisant le ruissellement;  réduisant la compétition des adventices ; 3-1-3- Définitions des spécifications d’interventions appropriées (suite)  d’améliorer la disponibilité en éléments nutritifs pour les cultures vivrières en: luttant contre l’érosion hydrique ; apportant suffisamment de matière organique et/ou d’éléments minéraux; réduisant la concurrence des adventices.  de contrôler les dégâts causés par les insectes 3-1-3- Définitions des spécifications d’interventions appropriées (suite) Dans le processus d'identification d'interventions possibles pour le système cible, il est également important de considérer les contraintes générales qui affectent tout type de technologies agroforestières. Ces contraintes peuvent être d’ordre biophysique comme socio-économique. Exemples: les contraintes climatiques et pédologiques; le manque de terres, de capital et de main d'oeuvre; le manque d'infrastructures adéquates; le niveau d'éducation très bas; la réticence des paysans à associer ligneux et cultures etc; 3-2- La phase de conception des technologies Cette phase est caractérisée par différentes étapes: 3-2-1- Identification des technologies « candidates » Il s’agit dans cette étape d'identifier et de sélectionner des technologies potentielles qui satisfont au mieux les spécifications préalablement définies. Les fonctions des ligneux sont déterminées par ces spécifications. 3-2-1- Identification des technologies « candidates »-suite- Après avoir identifié des technologies agroforestières possibles, il est nécessaire de sélectionner par ordre d'importance les interventions les plus prometteuses sur lesquelles les programmes de recherche et/ou de vulgarisation devront être axés. L’identification de technologies agroforestières potentielles peut être facilitée par un diagramme causal. Prenant l'exemple du diagramme présenté plus haut, la figure 3 montre la culture en couloirs comme technologie envisageable par rapport aux contraintes identifiées. 3-2-1- Identification des technologies « candidates » -suite- La culture en couloirs avec des légumineuses ligneuses associées aux cultures vivrières satisfait les spécifications fonctionnelles mentionnées plus haut. Elle permet notamment : o d’améliorer la disponibilité en eau pour les cultures vivrières en : améliorant l'infiltration de l'eau et en réduisant le ruissellement par le paillage; réduisant la compétition des adventices par le paillage; 3-2-1- Identification des technologies « candidates » -suite- o d’améliorer la disponibilité en éléments nutritifs pour les cultures vivrières en : réduisant la concurrence des adventices par le paillage; améliorant la fertilité des sols par la lutte anti-érosive grâce au paillage et à l’implantation des ligneux, par l'apport de matière organique obtenue par la décomposition du paillis, par la fixation d'azote atmosphérique, et par le recyclage des éléments nutritifs; o de contrôler les dégâts causés par les insectes en utilisant des espèces ligneuses insecticides. 3-2-2-Définition des spécifications des technologies prioritaires Une liste complète de caractéristiques désirables pour l’espèce doit être établie et hiérarchisée pour chacune des technologies sélectionnées. Dans le cas de la culture en couloirs de l'exemple présenté plus haut, des spécifications importantes (non hiérarchisées et non exhaustives) sont : la capacité des espèces ligneuses à pousser en haie; la bonne production de paillis; 3-2-2-Définition des spécifications des technologies prioritaires (suite) l'enracinement profond; la fixation de l'azote atmosphérique; les propriétés insecticides des espèces ligneuses; la compatibilité avec les cultures associées; une croissance rapide; une bonne tolérance à l'aridité. Comme dans notre exemple le système cible est situé dans une zone semi-aride, la bonne adaptation des espèces ligneuses à des conditions arides doit être classée en premier dans le processus de hiérarchisation des spécifications. 3-2-3- Conception des technologies prioritaires Pour la conception de chaque technologie prioritaire, il est important de répondre à différentes questions, de manière aussi détaillée que possible. Ces questions sont les suivantes:  Quelles sont les fonctions de l'intervention? Les fonctions de l'intervention sont liées aux rôles de production ou de service des ligneux, ou à la combinaison des deux.  A quels endroits de l'exploitation ou du terroir ces fonctions doivent-elles être exercées? Il faudrait identifier des sites au niveau des exploitations et du terroir où les fonctions identifiées sont à performer. Les fonctions de service sont liées à certains sites alors que celles de production ne le sont généralement pas. Dans les cas où la technologie agroforestière envisagée ne comporte que des fonctions de production, le choix du ou des site(s) est déterminé par le critère des coûts d'opportunité. Une étude des coûts et profits déterminera donc le choix du site pour les fonctions de production.  Quelles sont les meilleures composantes de l'intervention et/ou, la meilleure combinaison de composantes (espèces et variétés végétales et animales) pour « accomplir » ces fonctions? Une fois les sites choisis pour les différentes fonctions, l'étape suivante consiste à choisir des espèces appropriées pour chaque composante de l'intervention (ligneux, cultures, animaux) ou les combinaisons les plus prometteuses pour performer les fonctions requises.  Combien de composantes sont nécessaires pour atteindre les objectifs de production? Dans la conception d'une technologie agroforestière, il est important d'effectuer une estimation quantitative des différentes composantes nécessaires pour atteindre les objectifs de production et de service fixés.  Quels sont les arrangements spatiaux et/ou temporels envisagés pour chaque composante et association des composantes?  Quelles sont les pratiques de gestion à envisager pour obtenir les performances désirées? Il est donc important dans cette étape d'inventorier toutes les informations et données disponibles sur les technologies agroforestières proposées. Les aspects relatifs à ces questions qui n'auront pas été clarifiés avec satisfaction devront faire l'objet d'études ou recherches ultérieures. 3-2-4-Evaluation ex-ante des technologies agroforestières Après la conception d'une technologie il est important d'évaluer son impact potentiel sur le système d'utilisation des terres. Les critères d'évaluation sont : la productivité (potentiel biologique, efficacité économique et diversité des productions); la durabilité (impact sur l'environnement, conservation des ressources); l'adoptabilité (satisfaction des besoins perçus, compatibilité culturelle) Cette évaluation doit être faite par l'équipe multidisciplinaire chargée de l'étude diagnostique. 3-2-4-Evaluation ex-ante des technologies agroforestière (suite) Une telle évaluation peut conduire à des modifications dans la conception d'une technologie proposée, et même à son rejet. Les résultats de l'évaluation ex-ante sont à considérer comme provisoires tant qu'ils n'ont pas été confirmés par l'expérience de terrain au cours de la phase de mise en œuvre des programmes de recherche et de vulgarisation résultant de l'étude micro D & D. 3-3- Formulation des programmes de recherche-développement La mise au point de technologies agroforestières passe par des séries d'activités de R-D. La formulation d'un programme de recherche-développement consiste à identifier les activités pour la mise au point de chaque technologie agroforestière proposée pour un système d'utilisation des terres, et à préciser leurs objectifs et les méthodes à utiliser. Les activités de R-D pour le développement de technologies agroforestières peuvent être regroupées en trois catégories : (a) l'identification et l'acquisition de matériel de reproduction des ligneux (des semences, par ex.); (b) les expérimentations agroforestières; (c) la recherche sur la vulgarisation. (i) L'identification et l’acquisition de matériel de reproduction des ligneux Les activités à planifier sont les suivantes : recherche bibliographique et introduction de semences de provenances internationales en fonction des conditions environnementales qui prévalent dans le système cible et des caractéristiques des ligneux désirés pour chaque technologie; enquête ethnobotanique dans la zone du système cible afin d'identifier des espèces locales prometteuses pour les technologies proposées; récolte locale de semences des espèces identifiées lors de l'enquête ethnobotanique, en tenant compte des critères standard de qualité de semences; test de germination pour toutes les semences obtenues localement ou de provenances internationales, et production de plants en pépinière pour les expérimentations ultérieures. (ii) Les expérimentations agroforestières Les expérimentations agroforestières comprennent différents types d'essais : Les essais d'élimination Ils sont de deux types : (a) Les essais d'élimination générale ou d'introduction d'espèces ligneuses. L'objectif de ces essais est d'identifier des espèces et des provenances ligneuses adaptées aux conditions écologiques locales.  Les essais d'élimination (suite) (b) Les essais d'élimination correspondant à des technologies spécifiques. Un nombre plus restreint d'espèces ou de provenances ligneuses sont testées du point de vue de leur comportement, en les soumettant aux modes de conduite d'une technologie spécifique. Les essais de gestion Ces essais ont pour but de tester les différentes options de gestion qui affectent les interfaces ligneux, cultures, productions animales.  Les essais de technologies prototypes Ils sont de deux sortes :  les essais conduits par le chercheur et le paysan Leur principal objectif est de découvrir comment les propositions de technologies agroforestières s'adaptent au milieu réel; les résultats obtenus pourront redéfinir certaines recherches en station;  le suivi des essais gérés par le paysan C’est à ce niveau que l'on teste une version plus précise de technologies agroforestières prototypes pour évaluer leur viabilité économique et biologique (adaptabilité). (iii) La recherche sur la vulgarisation Elle vise à identifier les goulots d'étranglement et les solutions possibles pour la dissémination des technologies mises au point. 3-4- Résumé des résultats attendus de l’étude micro D&D Les résultats de l'étude micro D & D appliquée à un système d’utilisation des terres sont présentés sous forme d'un document intitulé : « Propositions de recherche agroforestière pour le système cible» Ce document doit :  décrire le système d'utilisation des terres cible: caractéristiques biophysiques et socio-économiques, modes d'exploitation des terres (agriculture, élevage, foresterie, agroforesterie); analyser les problèmes et contraintes du système; 3-4- Résumé des résultats attendus de l’étude micro D&D (suite)  dégager les spécifications d'interventions appropriées;  identifier et sélectionner des technologies agroforestières « candidates »;  définir par ordre de priorité les spécifications des technologies agroforestières prioritaires ;  concevoir les technologies prioritaires en se basant sur toutes les informations et données disponibles sur les interventions proposées; 3-4- Résumé des résultats attendus de l’étude micro D&D (suite)  formuler des programmes de recherche-développement pour la mise au point et/ou la vulgarisation de technologies prioritaires en : (a) prenant en compte toutes les activités de recherche et de développement menées dans la zone du système cible ou d'autres zones similaires; (b) établissant une liste complète des recherches nécessaires pour les technologies à mettre au point. (c) évaluant si des technologies peuvent être recommandées pour la vulgarisation; 3-5- La phase de mise en œuvre L’application de la méthode D & D ne se limite pas seulement à la planification et la formulation de la recherche en agroforesterie. La méthode est réitérative et doit être appliquée pendant toute la phase de la mise en œuvre de projets de R-D. Le diagramme (figure 4) illustre le processus réitératif de la méthode D & D permettant d'affiner le diagnostic initial et d'améliorer la conception des technologies en fonction de nouvelles informations fournies par la recherche en station, en milieu réel et au stade de vulgarisation. La méthode D & D fait partie intégrante du processus ou cycle de recherche-développement en Agroforesterie dont elle constitue le point de départ. Les technologies prototypes sont testées en station et en milieu réel. Le test en milieu réel pourrait amener à redéfinir les essais en station et contribuer ainsi au développement de technologies prototypes appropriées. L‘étape suivante du cycle de recherche-développement est la vulgarisation des technologies mises au Point. Conclusion La méthode D&D est un outil de planification et de formulation des projets de recherche développement en Agroforesterie qui est appliqué à deux niveaux d’échelle: le niveau macro et le niveau micro. La méthode permet au niveau macro, de définir, de décrire et d’analyser les systèmes d’utilisation des terres en vue d’identifier les contraintes et problèmes mais aussi les potentialités agroforestières. Les résultats de l’étude macro D&D sont ensuite vérifier au niveau micro D&D; Bibliographie Avila, M. et Minae, S. (1989). Diagnosis and design for technology development, Nairobi: ICRAF, 18 P. Bonkoungou E. G, Elias T. A. et Zoungrana I. (1993). Les parcs agroforestiers des zones semi-arides d’Afrique de l’Ouest. Actes du symposium international tenu à Ouagadougou, Burkina Faso, 25-27 octobre 1993. 226p. Baumer M (1997). L’agroforesterie pour les productions animales. ICRAF, 340p. Djimdé, M., ed. (1999). Potentiel agroforestier dans les systèmes d'utilisation des sols des hautes terres d’Afrique de l'est à régime pluviométique bimodal, Rwanda. Rapport AFRENA no. L. Nairobi: ICRAF, I27 p ICRAF (1993a). Guidelines for agroforestry diagnosis and design. no.6. Nairobi: 25 P Louppe, D. et Ouattara, N. 1997. Influence du karité sur les productions agricoles du nord de la Côte d’Ivoire. Mémoire présenté au XIe Congrès forestier mondial, 13-22 octobre, Antalya, Turquie. Ndiaye S. A. N. 1997. Influence de Cordyla pinnata sur la fertilité d’un sol ferrugineux tropical et sur le mil et l’arachide dans un système agroforestier traditionnel au Sénégal. Université Laval, Québec, Canada. CIRAD-Forêt. 1996. Les parcs à Faidherbia. Cahiers scientifiques du CIRAD-Forêt, no 12. CIRAD, ORSTOM, Paris et WECARD. Thiam S. T., 1999. Productivité en bois des parcs agroforestiers à Vitellaria paradoxa et Parkia biglobosa ; suivi de la production fruitière de Vitellaria paradoxa dans le site de Massala-Ségou. Mémoire de fin d’études, Ipr-Isfra, 91 p.

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