Sustainable Development: The Key Questions (OECD 2001) PDF
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2001
OECD
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Summary
This OECD publication explores sustainable development, examining its theoretical foundations, evaluation, and necessary institutional reforms. It analyzes the contribution of international trade and investments, and reviews existing policies in the OECD countries. The report addresses major challenges related to climate change and natural resource management.
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DÉVELOPPEMENT DURABLE Développement durable LES GRANDES QUESTIONS Comment répondre à nos besoins actuels sans nuire à la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ? C'est là le problème crucial que pose le « développement durable ». En 1992, lors de la Conférence de Rio des Nations U...
DÉVELOPPEMENT DURABLE Développement durable LES GRANDES QUESTIONS Comment répondre à nos besoins actuels sans nuire à la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ? C'est là le problème crucial que pose le « développement durable ». En 1992, lors de la Conférence de Rio des Nations Unies sur l'environnement et le développement, les pays Membres de l'OCDE se sont engagés à réunir les conditions nécessaires au développement durable. Néanmoins, presque dix ans plus tard, les progrès accomplis restent insuffisants et inégaux. A partir d'analyses réalisées à la suite d'une demande formulée par les ministres de l'OCDE en 1998, ce rapport souligne la nécessité de surmonter très rapidement certains des obstacles les plus importants qui se dressent sur la voie du développement durable. Il fait le point sur les fondements théoriques du développement durable, sur son évaluation et sur les réformes institutionnelles qui s'imposent pour en faire une réalité. Il examine ensuite la contribution que le commerce et les investissements internationaux, de même que la coopération pour le développement, peuvent apporter au développement durable à l'échelle mondiale. Et il dresse le bilan des politiques fondées sur les règles du marché, qu'elles soient réglementaires ou technologiques, mises en œuvre par les pays de l'OCDE à ce jour dans le but d'atteindre certains objectifs tout en optimisant le rapport coût-efficacité. Cet ouvrage présente en outre une analyse approfondie des politiques conçues pour « Développement durable LES GRANDES QUESTIONS DÉVELOPPEMENT DURABLE Développement durable LES GRANDES QUESTIONS répondre aux principales menaces qui pèsent sur la durabilité dans les domaines du changement climatique et de la gestion des ressources naturelles. De même, on y trouvera un examen détaillé des politiques répondant aux problèmes qui se posent au niveau sectoriel ou infranational. Il en ressort globalement qu'il existe de nombreuses solutions qui permettraient de faire en sorte que la croissance économique, la protection de l'environnement et le développement social se renforcent mutuellement. Toutes les publications de l'OCDE sont disponibles en ligne www.SourceOECD.org www.oecd.org ISBN 92-64-28695-0 03 2001 03 2 P -:HSTCQE=W][^ZZ: COVER_20x27_f.fm Page 1 Wednesday, June 20, 2001 2:46 PM Développement durable Les grandes questions ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES COVER_20x27_f.fm Page 2 Wednesday, June 20, 2001 2:47 PM ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES En vertu de l’article 1er de la Convention signée le 14 décembre 1960, à Paris, et entrée en vigueur le 30 septembre 1961, l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) a pour objectif de promouvoir des politiques visant : – à réaliser la plus forte expansion de l’économie et de l’emploi et une progression du niveau de vie dans les pays Membres, tout en maintenant la stabilité financière, et à contribuer ainsi au développement de l’économie mondiale ; – à contribuer à une saine expansion économique dans les pays Membres, ainsi que les pays non membres, en voie de développement économique ; – à contribuer à l’expansion du commerce mondial sur une base multilatérale et non discriminatoire conformément aux obligations internationales. Les pays Membres originaires de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, les États-Unis, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie. Les pays suivants sont ultérieurement devenus Membres par adhésion aux dates indiquées ci-après : le Japon (28 avril 1964), la Finlande (28 janvier 1969), l’Australie (7 juin 1971), la Nouvelle-Zélande (29 mai 1973), le Mexique (18 mai 1994), la République tchèque (21 décembre 1995), la Hongrie (7 mai 1996), la Pologne (22 novembre 1996), la Corée (12 décembre 1996) et la République slovaque (14 décembre 2000). La Commission des Communautés européennes participe aux travaux de l’OCDE (article 13 de la Convention de l’OCDE). Also available in English under the title: SUSTAINABLE DEVELOPMENT CRITICAL ISSUES © OCDE 2001 Les permissions de reproduction partielle à usage non commercial ou destinée à une formation doivent être adressées au Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, France, tél. (33-1) 44 07 47 70, fax (33-1) 46 34 67 19, pour tous les pays à l’exception des États-Unis. Aux États-Unis, l’autorisation doit être obtenue du Copyright Clearance Center, Service Client, (508)750-8400, 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923 USA, ou CCC Online : www.copyright.com. Toute autre demande d’autorisation de reproduction ou de traduction totale ou partielle de cette publication doit être adressée aux Éditions de l’OCDE, 2, rue André-Pascal, 75775 Paris Cedex 16, France. chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 3 AVANT- PROPOS En novembre 1997, le Groupe consultatif de haut niveau sur l’environnement a noté dans son rapport au Secrétaire général de l’OCDE que « l’avantage comparatif de l’OCDE dans le domaine de l’environnement et du développement durable est son aptitude exceptionnelle à définir, par un processus d’analyse systématique, de comparaison et d’examen par les pairs, un cadre commun d’action stratégique... Aucune autre institution mondiale ou régionale ne possède la capacité de rassembler les équipes pluridisciplinaires de responsables nécessaires à l’intégration réussie des politiques économiques, environnementales et sociales qui constitue la base du développement durable ».1 Le Groupe consultatif de haut niveau a souligné qu’il « convient à présent de comprendre et d’accepter de façon beaucoup plus globale et plus profonde la nécessité de réorienter les travaux de toute l’Organisation de manière à étayer les fondements politiques de la durabilité ». Cette recommandation a été entérinée par les Ministres des pays Membres de l’OCDE en 1998, lorsqu’ils ont demandé à l’Organisation de lancer un projet triennal sur le développement durable et de leur faire rapport en 2001. Cet ouvrage fait suite à cette demande. Il est le fruit des efforts des diverses Directions de l’OCDE et de ses organes autonomes — Agence internationale de l’énergie, Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire, Conférence européenne des ministres des transports et Centre de développement de l’OCDE — pour inscrire leurs travaux dans un cadre de développement durable, dans leurs domaines respectifs de spécialisation. Il s’agissait par cette initiative de donner de la cohérence, de la visibilité et de la pertinence aux travaux réalisés pour répondre à des priorités sectorielles spécifiques et d’examiner — dans la mesure du possible — toute la gamme des incidences (économiques, environnementales et sociales) des politiques dans chaque domaine. Les différents chapitres de cet ouvrage ont été examinés au cours de l’année 2000 et au début de 2001 par divers organes de l’OCDE, et ils ont bénéficié des commentaires des délégués des pays Membres et des membres du Secrétariat. Ensemble, ils définissent l’approche analytique de l’Organisation à l’égard du développement durable — approche qui s’appuie sur sa vocation économique et son expertise pluridisciplinaire. L’ouvrage complète et éclaire un rapport plus succinct intitulé « Développement durable : quelles politiques ? », qui propose des recommandations pratiques pour améliorer l’efficacité des interventions des pouvoirs publics en faveur du développement durable dans les pays Membres. Les principaux auteurs des différents chapitres sont : Marco Mira d’Ercole et Lars Mortensen (chapitre 1); Marco Mira d’Ercole et Jan Keppler (chapitre 2); Carl Obst et Georges Lemaître (chapitre 3); Frédéric Bouder et Jeremy Eppel (chapitre 4); Jean-Philippe Barde et Helen Mountford (chapitre 5); Yukiko Fukasaku et Ki Joon Jung (chapitre 6); Paul O’Brien et Ann Vourc’h (chapitre 7); Maria Maher, Dale Andrew, Fabienne Fortanier et Cristina Tebar Less (chapitre 8); Rémi Paris, Peter Borkey, Brendan Gillespie (chapitre 9); Ola Flaaten et Wilfrid Legg (chapitre 10); Jan Corfee-Morlot et Noreen Beg (chapitre 11); Kristi Varangu, Jonathan Pershing et Jan Keppler (chapitre 12); John White (chapitre 13): Ronald Steenblik et Wilfrid Legg (chapitre 14); Candice Stevens et John Newman (chapitre 15); Josef Konvitz et Liz Mills (chapitre 16). Tom Jones, Judy Lawrence, Marco Mira d’Ercole, Ronald Steenblik, Dorte Dalsgaard et Tracey Strange ont aidé à coordonner le projet, et assuré la mise en forme finale de l’ensemble du manuscrit. 1. « Guider la transition vers le développement durable : un rôle essentiel pour l’OCDE », Rapport du Groupe consultatif de haut niveau sur l’environnement au Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques, novembre 1997, 3 Paris. OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 4 Développement durable : les grandes questions La préparation de cet ouvrage a pu être menée à bien grâce à des contributions extra-budgétaires du Canada, de la Commission européenne, du Danemark et de la Norvège. Celui-ci est publié sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE. Thorvald Moe Deputy Secretary-General Autres publications de l’OCDE diffusées dans le cadre du projet triennal sur le développement durable AEN (2000), L’énergie nucléaire dans une perspective de développement durable, Paris. AIE (1999), World Energy Outlook : Perspectives des subventions à l’énergie : obtenir des justes prix, Paris. OCDE (2001), Développement durable : Quelles politiques ?, Paris. OCDE (2001), Perspectives de l’environnement de l’OCDE, Paris. OCDE (2001), Du bien-être des Nations : le rôle du capital humain et social, Paris. OCDE (2001), International Science and Technology Co-operation. Towards Sustainable Development, Paris. OCDE (2000), Innovation and the Environment, Paris. OCDE (2000), «Numéro spécial : le développement durable», revue STI N°25, Paris. OCDE (2000), Frameworks to Measure Sustainable Development: An OECD Expert Workshop, Paris. OCDE (2000), Towards Sustainable Development: Indicators to Measure Progress: Proceedings of the Rome Conference, Paris. OCDE (2000), Gouvernance en vue du développement durable : Etude de cas au Canada, Allemagne, Japon, Pays- Bas et Royaume-Uni, Paris. OCDE (2000), Pour des pêcheries responsables. Implications économiques et politiques, Paris. OCDE (1999), Contre le changement climatique : Bilan et perspectives du Protocole de Kyoto, Paris. OCDE (1999), Changement climatique : les politiques nationales et le Protocole de Kyoto, Paris. OCDE (1999), Technology and Environment: Towards Policy Integration, Paris. OCDE (1999), Framework to Measure Sustainable Development, Paris. 4 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 5 TABLE DES MATIÈRES Avant-propos.............................................................................................................................................................3 Table des matières...................................................................................................................................................5 SECTION I. COMPRENDRE LE DÉVELOPPEMENT DURABLE.........................................................................7 Chapitre 1. Évolution économique, sociale et envionnementale............................................................11 Chapitre 2. Principales caractéristiques et principes essentiels.............................................................35 Chapitre 3. Mesure.........................................................................................................................................59 SECTION II. MESURES EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LES PAYS DE L'OCDE.....103 Chapitre 4. Institutions et processus décisionnels..................................................................................107 Chapitre 5. Choix des instruments.............................................................................................................137 Chapitre 6. Technologie...............................................................................................................................171 Chapitre 7. L'expérience des pays de l'OCDE.........................................................................................201 SECTION III. MONDIALISATION ET DÉVELOPPEMENT DURABLE...............................................................231 Chapitre 8. Échanges et investissements internationaux.......................................................................235 Chapitre 9. Stratégies pour les pays non membres.................................................................................269 SECTION IV. PRINCIPAUX ENJEUX INTERSECTORIELS..................................................................................299 Chapitre 10. La gestion des ressources naturelles....................................................................................303 Chapitre 11. Changement climatique..........................................................................................................337 SECTION V. APPROCHES SECTORIELLES ET TERRITORIALES....................................................................373 Chapitre 12. Énergie.......................................................................................................................................377 Chapitre 13. Transport...................................................................................................................................411 Chapitre 14. Agriculture.................................................................................................................................447 Chapitre 15. L'industrie manufacturière......................................................................................................485 Chapitre 16. Les dimensions territoriales du développement durable.................................................513 Annexe 1. Glossaire et Acronymes.................................................................................................................541 5 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 6 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 7 Section I COMPRENDRE LE DÉVELOPPEMENT DURABLE chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 8 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 9 Chapitre 1. ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE TABLE DES MATIÈRES Introduction.............................................................................................................................................................11 Croissance économique, technologie et mondialisation..................................................................................11 Pressions environnementales...............................................................................................................................14 Répercussions actuelles de la dégradation de l’environnement..............................................................19 Déterminants des futures pressions.............................................................................................................21 Pressions sociales...................................................................................................................................................23 Conclusions..............................................................................................................................................................28 NOTES......................................................................................................................................................................29 BIBLIOGRAPHIE......................................................................................................................................................31 Tableaux 1.1. Objectifs internationaux de préservation des milieux vitaux................................................................15 1.2. Pressions économiques s’exerçant sur la biodiversité...........................................................................18 1.3. Facteurs environnementaux ayant des effets sur la santé.....................................................................20 Figures 1.1. Évolution à long terme du PIB réel par habitant dans les principales régions du monde................12 1.2. Évolution à long terme de la productivité et des technologies clés....................................................13 1.3. Températures et émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale...........................................16 1.4. Prélèvements annuels d’eau douce, 1997................................................................................................19 1.5. Évolution de certaines ressources environnementales et naturelles dans les pays de l’OCDE......20 1.6. Pertes économiques provoquées par d’importantes catastrophes météorologiques et climatiques...............................................................................................................21 1.7. Projections de la population mondiale....................................................................................................22 1.8. Évolution des écarts de PIB réel par habitant.........................................................................................23 1.9. Taux de dépendance dans les pays de l’OCDE......................................................................................27 1.10. Évolution de l’inégalité des revenus dans les pays de l’OCDE............................................................28 Encadré 1.1. Objectifs internationaux de développement............…………………………………………………..25 9 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 10 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 11 Chapitre 1. ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE, SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE Introduction Au cours des deux dernières décennies, le concept de développement durable s’est imposé dans la réflexion des pouvoirs publics. Le bien-être matériel a apporté aux sociétés non seulement la possibilité de répondre à une variété de préoccupations sociales et environnementales non satisfaites mais aussi la capacité de s’adapter aux évolutions défavorables. Pourtant, sans pratiques durables, la croissance économique peut aussi entraîner une dégradation excessive des ressources naturelles et sociales. Les pouvoirs publics sont donc mis au défi de concilier des pressions contradictoires sur les ressources naturelles et sociales sans sacrifier le progrès économique. Comme on s’accorde de plus en plus à le reconnaître, il s’agit d’un défi qui ne saurait être relevé sur un plan exclusivement national. Sous l’effet de l’intégration économique croissante, les priorités de l’action publique se déplacent du plan local et national au plan régional et mondial. Les liens entre les économies et les sociétés étant plus étroits, il devient de plus en plus difficile, voire impossible, de circonscrire les conséquences des décisions des pouvoirs publics à l’intérieur des frontières nationales. Comment adapter les institutions et le processus de décision à un nouveau contexte d’interactions plus intenses et comment amener les pays à conjuguer leurs efforts afin de traiter les problèmes d’intérêt commun sont autant de défis essentiels pour les gouvernements. Bien que les pays diffèrent quant aux priorités qu’ils assignent au développement économique et humain, une série d’objectifs définis par la communauté internationale offre un ensemble de références en fonction desquelles il est possible d’évaluer la durabilité du processus de développement. Même dans les domaines où le consensus fait défaut, un certain nombre de tendances communes modèlent profondément les capacités des pays de poursuivre leurs propres objectifs de développement. On trouvera dans le présent chapitre une vue d’ensemble de quelques-unes des principales tendances économiques, sociales et environnementales et des enjeux qu’elles impliquent pour le bien-être des générations présentes et futures. Les politiques permettant de traiter les problèmes évoqués dans ce chapitre sont examinées de façon plus approfondie dans les chapitres ultérieurs. Croissance économique, technologie et mondialisation Le siècle qui vient de s’achever aura été marqué par une forte croissance économique résultant des progrès technologiques et d’une intégration croissante des pays. La Figure 1.1 (qui illustre l’évolution à long terme du PIB réel par habitant des principales régions du monde) met en lumière les vigoureux progrès réalisés tant au plan mondial que régional. Ces progrès sont particulièrement prononcés depuis 1950, avec un PIB réel par habitant qui a pour ainsi dire quadruplé dans les pays de l’OCDE, voire plus en Asie. Même en Afrique, l’augmentation a été proche de 70 %, bien que la croissance du PIB par habitant se soit arrêtée en 1980 et le niveau atteint en l’an 2000 demeure inférieur à celui de l’Europe occidentale au milieu du 19ème siècle. Le bien-être matériel a contribué directement au bien-être humain, mais il a aussi fourni les moyens de répondre à un éventail de préoccupations sociales telles que la santé et l’éducation. En conséquence, les évolutions à long terme qui ressortent des mesures plus élargies du bien-être humain telles que l’Indicateur du développement humain (IDH), mettent en 11 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 12 Développement durable : les grandes questions Figure 1.1. Evolution à long terme du PIB réel par habitant dans les principales régions du monde Monde Europe de l’Ouest Nouveau monde Europe du Sud Europe de l’Est Amérique Latine Asie Afrique 30000 30000 25000 25000 20000 20000 15000 15000 10000 10000 5000 5000 0 0 1820 1840 1860 1880 1820 1900 1920 1940 1960 1980 2000 Note: USD de 1990 Source: Maddison (1995), L'économie mondiale, 1820-1992, Centre de développement de l'OCDE, Paris. Estimations prolongées jusqu’en 2000 à l’aide des projections tirées des «Perspectives de l’économie mondiale» du FMI. évidence un progression plus forte du bien-être à l’échelon mondial que celle du PIB par habitant (Craft, 2000).1 Le progrès technologique a été le principal moteur de l’amélioration mondiale du bien-être matériel. Il a entraîné une augmentation de l’efficience de la production, dans les pays à la pointe de la technologie (figure 1.2. cadre A), et a permis à d’autres pays de rattraper leur retard éventuel par des transferts de technologies. Ces avancées technologiques se sont en général produites par vagues séparées de longue durée, chaque technologie passant successivement par différents stades : introduction, diffusion et saturation. Elles sont aussi associées au développement de biens et secteurs d’activité économique spécifiques, dotés chacun de modes de gestion et de pratiques industrielles qui lui sont propres (figure 1.2, cadre B). Ces vagues de progrès technologique se sont traduites par une nette amélioration du bien-être économique, mais certaines ont eu un effet défavorable sur l’environnement. Certaines ont aussi bouleversé les modes établis d’organisation sociale, sonnant le glas de certaines professions et compétences et en créant de nouvelles. Aujourd’hui, les technologies de diffusion de l’information et de la communication et les sciences du vivant sont porteuses de nouvelles promesses de profits économiques élevés (OCDE, 2001b). Toutefois, la réflexion collective sur ces nouvelles technologies a aussi évolué, et l’on s’interroge aujourd’hui sur l’orientation et les répercussions du progrès technologique. Les pouvoirs publics et la communauté scientifique se trouvent de plus en plus souvent confrontés aux risques potentiels du progrès technologique (chapitre 6). L’intégration des économies nationales a également favorisé le bien-être matériel. En élargissant les 12 marchés, elle a permis une plus grande spécialisation de la production et des économies d’échelle accrues. OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 13 Évolution économique, sociale et environnementale Figure 1.2. Evolution à long terme de la productivité et des technologies clés Cadre A. Productivité totale des facteurs aux États-Unis, croissance annuelle moyenne en pourcentage 2.25 2.25 1.75 1.75 1.25 1.25 0.75 0.75 0.25 0.25 -0.25 -0.25 1820-1870 1870-1913 1913-1950 1950-1973 1973-1992 1992-1999 Cadre B. Secteurs et technologies clés à l’origine des améliorations de la productivité 1820-1890 1880-1945 1935-1995 1985-2050 Secteurs clés Charbon, Automobile, Énergie électrique, Gaz, nucléaire, TIC, chemins de fer, industrie chimique, pétrole, aviation, radio communications vapeur, mécanique métallurgie et télévision, instrumentation par satellites et laser et contrôle-commande Technologies Électricité, Électronique, Nucléaire, informatique, Biotechnologies, clés combustion interne, moteurs à réaction, gaz, télécommunications intelligence artificielle, télégraphie, transport aérien espace, communications machine à vapeur et transports Sources: Maddison (1995), L'économie mondiale, 1820-1992, Centre de développement de l'OCDE, Paris ; National Research Council (1999), Our Common Journey : A Transition Toward Sustainability, National Academy Press, Washington D.C.; et autres données OCDE. La croissance du volume des échanges internationaux depuis 1950 représente plus du double de celle du PIB réel, et le niveau d’intégration des échanges (rapport des importations au PIB) entre les pays de l’OCDE a maintenant atteint des sommets sans précédent (Craft, 2000). Cette intégration des échanges s’est aussi accompagnée d’une montée en puissance des entreprises multinationales, qui jouent désormais un rôle crucial dans les transferts de technologies entre pays et la sous-traitance. Cependant, le développement des flux d’échanges internationaux de biens et de services pose de nouvelles questions liées à la sécurité pour la santé humaine et l’environnement d’importations particulières et à leurs effets sur les habitats naturels dans les pays étrangers (le tourisme en est un exemple). La mondialisation a aussi été induite par les flux financiers internationaux, qui ont augmenté encore plus vite que les échanges commerciaux. S’ils concernent essentiellement les pays de l’OCDE, ces flux se sont aussi étendus à d’autres pays. Parmi ces transactions, les flux financiers privés de la zone de l’OCDE en direction des pays en développement ont représenté en 1996 près du quadruple des flux publics, et — quoique depuis lors en perte de vitesse — ils sont encore presque deux fois plus importants que les flux publics. Même si ces flux financiers internationaux peuvent favoriser grandement le développement durable, bon nombre des pays les plus pauvres et certains des secteurs les plus susceptibles de contribuer à la réduction de la 13 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 14 Développement durable : les grandes questions pauvreté et à la protection de l’environnement n’ont pas pu en profiter. En outre, les pays qui en sont dépendants ont été particulièrement exposés à d’amples fluctuations à court terme (chapitre 8). Aussi multiformes que soient ces liens économiques entre pays et agents économiques, l’interaction croissante entre individus — par les voyages, les migrations, l’information et la communication — a accéléré la diffusion des idées et des modes de consommation, modelant les attitudes à l’égard des problèmes sociaux et environnementaux de la planète. Ces contacts présentent aussi de nouveaux risques, tels que la transmission de maladies infectieuses et l’introduction accidentelle d’espèces exotiques (NRC, 2000). Dans ces conditions, les politiques nationales sont perçues comme moins aptes à satisfaire les préférences des sociétés, d’où des appels à de nouveaux modes de gouvernance au plan international afin de régler les questions d’intérêt commun. Pour répondre à ces préoccupations, il faut toutefois établir de nouvelles règles et procédures de négociation internationale. Il faut aussi que des pays à divers niveaux de développement s’entendent sur les objectifs prioritaires (Tubiana, 2000). La croissance économique est un moteur fondamental du bien-être humain et une composante essentielle du développement durable. Cependant, à cause d’incitations inopportunes, l’environnement et les ressources naturelles ont payé un lourd tribu aux activités économiques, aux niveaux national et mondial. Avec l’augmentation de l’activité économique mondiale, l’importance d’améliorer l’efficacité d’utilisation de ces ressources, de façon à découpler la croissance économique de la dégradation de l’environnement, a grandi. Par ailleurs, le progrès du bien-être matériel n’a pas été équitablement réparti entre pays et individus, ce qui constitue une menace pour le développement durable et rend plus difficile la résolution des problèmes environnementaux urgents de même que la mise en place des changements structurels qu’ils exigent. Certaines des principales pressions environnementales et sociales qui risquent de compromettre la durabilité du développement économique sont examinées ci-dessous. Pressions environnementales La diligence avec laquelle la communauté internationale s’est attaquée à plusieurs problèmes environnementaux ressort de plusieurs traités et conventions adoptés au plan international (tableau 1.1). Les objectifs internationaux en matière d’émissions de gaz à effets de serre, de protection de la biodiversité et de prévention de la désertification ont été définis depuis le Sommet de Rio de 1992. Au niveau régional, des conventions et protocoles fixent les limites d’émission d’un éventail de polluants.2 Malheureusement, ce n’est pas parce que ces conventions et traités existent que des actions concrètes ont été prises en vue de leur réalisation, et le décalage entre objectifs et résultats s’est accentué avec les retards accumulés. Certains des défis environnementaux les plus importants que doit relever la communauté internationale sont mondiaux, exigeant des actions coordonnées des différents pays. Etablir la coopération nécessaire à la mise en œuvre de politiques pour résoudre ces problèmes — lorsque les préférences, les ressources et la responsabilité des dommages passés diffèrent selon les pays — constitue un défi majeur pour la communauté internationale. Certain de ces défis ont toutefois été relevés avec succès dans le passé. Par exemple, d’important progrès ont été réalisés dans la lutte contre les risques d’appauvrissement de la couche d’ozone stratosphérique imputable aux émissions dans l’air de composés chimiques industriels (chlorofluorocarbones, hydrocarbures halogénés utilisés dans les réfrigérateurs et les extincteurs, pour la climatisation et comme solvants) dont la réaction avec le rayonnement solaire détruit la couche d’ozone. Les objectifs de réduction des substances nocives pour l’ozone, initialement fixés dans le Protocole de Montréal de 1987, ont progressivement été durcis et étendus à d’autres substances, et les dates assignées pour leur élimination progressive ont été avancées. Les faibles coûts de dépollution du fait de la disponibilité immédiate de substituts, et les effets bénéfiques obtenus en évitant le rayonnement solaire nocif pour la vie humaine et animale3 se sont conjointement révélés de puissantes incitations à prendre des mesures énergiques.4 En conséquence, pour nombre de ces composés, les quantités observées sont aujourd’hui en baisse, même si leur grande persistance dans l’atmosphère signifie que la couche d’ozone va encore diminuer pendant une vingtaine d’années avant de revenir (vers 2050) aux niveaux d’avant 1970 (Watson 14 et al., 1998). OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 15 Évolution économique, sociale et environnementale Tableau 1.1. Objectifs internationaux de préservation des milieux vitaux Systèmes Objectif et année d’adoption Source Eau Satisfaire les besoins fondamentaux et préserver les écosystèmes. Activités nationales de conservation des ressources en eau afin CNUED (1992), Action 21 chapitre 12 d’empêcher la pollution des eaux et de protéger les eaux souterraines Atmosphère et climat Soufre Ramener les dépôts d’oxydes de soufre en Protocole relatif à une nouvelle réduction dessous des charges critiques des émissions de soufre (1994) Oxydes d’azote (NOx) Ramener d’ici à 1994 les émissions au moins à Protocole sur les techniques de lutte contre leur niveau de 1987 les émissions d’oxydes d’azote (1988) Composés organiques D’ici à 1999, réduire les émissions de 30 à 100 % Protocole concernant les mesures de réduction volatils (COV) par rapport aux niveaux de 1988 des émissions de COV (1991) Chlorofluorocarbones Élimination complète d’ici à 1992 de formes Protocole de Montréal (1987, modifié en 1990, (CFC) spécifiées de CFC et d’hydrocarbures halogénés 1992, 1997 et 1998) Empêcher toute interférence humaine dangereuse avec le système climatique Gaz à effet de serre (GES) Réduire d’ici à 2008-2012 les émissions pays Convention-cadre sur les changements industriels de 5 % au moins par rapport climatiques (1992). aux niveaux de 1990 Protocole de Kyoto (1997) Océans Prévenir, réduire et maîtriser la pollution Convention des Nations Unies sur le droit et les autres dangers pour le milieu marin de la mer (1982) Espèces et écosystèmes Biodiversité Préserver la diversité biologique Convention sur la diversité biologique (1992) Baleines Interdiction de la chasse commerciale, Commission baleinière internationale à partir de 1986 Poissons Assurer une exploitation optimale durable des Convention des Nations Unies sur le droit poissons et autres ressources vivantes de la mer de la mer (1982) Oiseaux Empêcher la destruction des espèces indigènes Convention internationale pour la protection ou migratoires des oiseaux (1950) Source : D'après National Research Council (1999), Our Common Journey: A Transition Toward Sustainability, National Academy Press, Washington D.C. L’interférence humaine avec le système climatique est l’une des menaces les plus graves pour l’environnement auxquelles est aujourd’hui confrontée la communauté internationale. Depuis la fin des années 80, et notamment grâce à l’action du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIE) un consensus s’est peu à peu dégagé sur la nécessité de s’attaquer aux risques associées aux changement climatique. Des concentrations croissantes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère — de dioxyde de carbone, de méthane, d’oxyde nitreux et d’une variété de composés chimiques — piègent des quantités de plus en plus grandes de chaleur dans l’atmosphère terrestre, accentuant l’effet de serre naturel. La persistance de ces gaz dans l’atmosphère implique aussi que leur concentration augmentera même après la stabilisation des nouvelles émissions. Les activités économiques contribuent aux émissions de gaz à effet de serre, principalement la combustion de combustibles fossiles, mais aussi la déforestation et la mise en valeur des terres, l’élevage, la riziculture, les rejets de gaz naturel dans l’atmosphère, l’élimination des déchets municipaux et les fuites de composés chimiques utilisés comme réfrigérants et dans la fabrication d’aluminium et de magnésium (OCDE, 2000). Au siècle dernier, les concentrations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de près de 30 %, tandis que les températures moyennes progressaient de 0,6°C sur toute la période pour laquelle on possède des statistiques c’est-à- dire depuis 1860 (Figure 1.3, cadre A). Ces tendances sont conformes aux prévisions tirées des modèles climatiques, selon lesquelles la poursuite des tendances récentes des émissions au cours du siècle actuel — avec un doublement éventuel des concentrations d’ici à 2100 — pourrait provoquer une hausse des températures moyennes de 1,4 à 5,8°C (Watson, 2000). Cette évolution devrait entraîner des modifications 15 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 16 Développement durable : les grandes questions du régime des précipitations,5 une élévation du niveau des mers,6 une perturbation de la circulation atmosphérique et océanique, et une plus grande variabilité climatique. Parmi ces éventuels effets figurent la disparition de zones côtières, de forêts et d’espèces menacées, et de petits États insulaires, des baisses de rendement des cultures, des incidences sur les réseaux hydrographiques et l’irrigation, une plus forte pollution atmosphérique, des vagues de chaleur ayant des répercussions sanitaires et la propagation de maladies infectieuses.7 Bien que les estimations des dommages économiques soient incertaines,8 ces changements risquent de frapper de façon disproportionnée les pays moins développés, avec pour conséquence la multiplication des demandes d’assistance financière pour indemniser ceux qui sont le plus touchés. Figure 1.3. Températures et émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale Cadre A. Températures et concentrations Cadre B. Émissions de gaz à effet de serre dans de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale les pays de l’OCDE dans deux scénarios différents Températures mondiales (axe de gauche) Scénario au fil de l'eau Concentration de GES (axe de droite) Objectifs de Kyoto Températures (en °C) Concentration de GES (parties par million) Millions tons of Ceq 370 18000 18000 360 16,0 16000 16000 340 14000 14000 320 12000 12000 300 15,5 280 10000 10000 1854 1874 1894 1914 1934 1954 1974 1994 1990 1995 2000 2005 2010 Note: Les données relatives aux concentrations de GES se fondent sur des enregistrements provenant de carottes glaciaires jusqu’en 1960, et des observations effectuées à l’Observatoire de Mona Loa, Hawaii, à partir de 1960. Sources: Cadre A) Concentrations de GES : C.D. Keeling et T.P. Whorf, Scripps Institution of Oceanography, Université de Californie, États-Unis, pour les mesures effectuée à l’Observatoire de Mauna Loa, Hawaii ; et Service de l'environnement atmosphérique, Environnement Canada, pour les enregistrements provenant de Alert, Territoire du Nord-Ouest, Canada. Températures à l’échelle mondiale : Jones et al., (1999) et Parker et al., (1995). Cadre B) Les émissions de GES recouvrent les émissions de CO2, de CH4 et de N02 selon les estimations du modèle GREEN de l’OCDE. Par le Protocole de Kyoto les pays industrialisés et les pays en transition se sont engagés à procéder à des réductions différenciées de leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 au cours de la période 2008-2012. Toutefois, les émissions enregistrées récemment dans les pays de l’OCDE sont encore loin de ces objectifs (Figure 1.3, cadre B) et l’entrée en vigueur du Protocole demeure incertaine. Pourtant, ce Protocole n’est qu’une étape vers des objectifs plus ambitieux de stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre. Il est d’autres cas où les pressions sur l’environnement ont une importance mondiale, car leurs conséquences ne se limitent pas aux territoires nationaux, même si elles peuvent être traitées par des 16 politiques nationales ou régionales. S’il subsiste souvent des incertitudes quant à leur taille et leur OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 17 Évolution économique, sociale et environnementale importance, ces menaces risquent, souvent, d’atteindre et de dépasser des seuils critiques et de compromettre le bien-être des générations présentes et futures. La perte de la biodiversité et des écosystèmes dont elle dépend (eau douce, océans, côtes, sols et forêts) en sont un exemple. Les estimations de ces pertes sont incertaines, mais prévoient que 11 % des oiseaux, 18 % des mammifères, 5 % des poissons et 8 % des plantes sont menacés d’extinction (chapitre 10). Globalement, l’analyse d’espèces particulières de vertébrés vivant dans les forêts, les eaux douces et les mers évalue à un tiers la baisse de leurs effectifs au cours des trente dernières années (FMN et al., 2000). La diminution de la biodiversité résulte de l’extinction des espèces indigènes à la suite d’altérations de leurs habitats naturels — forêts tropicales, récifs coralliens et mangroves — mais aussi de l’introduction d’espèces exotiques dans de nouveaux habitats, à l’occasion de déplacements et de transports. Si la disparition d’espèces est un phénomène qui a toujours existé, elle s’est considérablement accélérée par rapport aux rythmes calculés d’après l’étude des fossiles (Barbault et Sastrapradjia, 1995). Étant donné l’irréversibilité du phénomène, protéger la biodiversité constitue une assurance contre la perte de ressources qui pourraient être précieuses à l’avenir, ainsi qu’une garantie pour le bien-être des communautés dépendantes de ces habitats naturels. Les activités humaines perturbent les habitats naturels de diverses manières (tableau 1.2). Les océans subissent les effets des établissements humains et des activités économiques le long des estuaires et du littoral, ainsi que de la pêche commerciale — un quart environ des stocks halieutiques étaient surexploités en 1996. De même, l’évolution de l’occupation des sols par l’homme a contribué à réduire fortement la couverture forestière dans le monde entier mais surtout dans les régions tropicales.9 Les transports et la construction, mais aussi des pratiques d’élevage et de culture non durables perturbent les terres cultivées entraînant l’érosion et la salinisation des sols. En dehors de l’appauvrissement de la diversité biologique qu’elles provoquent, ces altérations des habitats naturels compromettent leur aptitude à assurer des fonctions indispensables à certaines activités économiques importantes et, en fin de compte, à la vie humaine, tels que le stockage de carbone, l’épuration de l’eau et de l’air, la décomposition et le recyclage des nutriments (PNUD et al., 2000). Des menaces spécifiques sont aussi liées à l’utilisation non durable des ressources en eau douce. Les problèmes liés à l’eau sont en général locaux, touchant des régions particulières et exigeant des politiques nationales. Cependant, certaines des conséquences de la pénurie d’eau douce dépassent les frontières. Les besoins humains en eau douce ne sont pas couverts actuellement dans plusieurs pays à faible revenu, où près de 30 % de la population n’a pas accès à l’eau potable. La satisfaction de ces besoins améliorerait notablement les conditions de vie des plus démunis, mais cela exigerait un arbitrage avec des demandes concurrentes destinées à d’autres utilisations d’une ressource limitée. Les prélèvements d’eau douce varient dans de fortes proportions d’un pays à l’autre (figure 1.4). Des évaluations exhaustives des ressources en eau douce montrent que près de 2 milliards d’individus (un tiers de la population mondiale) vivent actuellement dans 41 pays caractérisé par un stress hydrique important ou moyen, et que ce nombre pourrait, dans divers scénarios, dépasser les 5 milliards (près des deux tiers de la population totale, dans 53 pays) d’ici à 2025.10 Même dans les pays de l’OCDE, la nature des défis environnementaux a évolué. La plupart des menaces environnementales auxquelles étaient confronté ces pays dans les années 60 et 70 étaient liées à des pollutions provenant de sources ponctuelles internes, conduisant à des problèmes de santé publique à court terme et circonscrits localement. Certains de ces défis environnementaux ont maintenant été relevés avec succès, du moins partiellement. A titre d’exemple, on peut citer la pollution industrielle provenant de sources ponctuelles, notamment les rejets de polluants atmosphériques tels que le plomb, les oxydes de soufre, le monoxyde de carbone et certaines particules, et la pollution des eaux de surface. D’autres domaines d’amélioration des conditions environnementales dans la zone de l’OCDE ont été recensés dans les Perspectives de l’environnement de l’OCDE, notamment des extensions de la couverture forestière et des zones protégées, des améliorations de la gestion des déchets, le développement de l’agriculture biologique et d’autres modes de production durables et la diffusion de pratiques d’achat « écologiques » dans le secteur public. Dans d’autres cas, cependant, les conditions environnementales ont continué de se dégrader, mais à un rythme inférieur à l’accroissement de l’activité économique, reflétant les améliorations de l’efficacité d’utilisation de l’énergie et des ressources (figure 1.5, cadre A). Enfin, des pressions environnementales d’origine plus diffuse, par exemple liées aux modes de consommation des ménages, 17 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 18 Développement durable : les grandes questions Tableau 1.2. Pressions économiques s’exerçant sur la biodiversité Secteur Pressions directes Pressions indirectes Positives Négatives Positives Négatives Agriculture et Création d’écosystèmes Conversion Maintien des services Pollution des foresterie variés d’écosystèmes en terres rendus par les écosystèmes par le Entretien du milieu vital agricoles ou forêts écosystèmes, ruissellement des Fragmentation des enrichissement de la produits agrochimiques habitats diversité biologique Homogénéisation Introduction d'espèces génétique due à la non indigènes monoculture Érosion, envasement Pêche Destruction des habitats, Pollution des emploi de pratiques écosystèmes marins et halieutiques d’eau douce par des dommageables déversements d’effluents, Risque de surexploitation de quantités excessives des espèces ciblées et de nutriments et de des captures accessoires produits chimiques Introduction d'espèces (aquaculture) et par le non indigènes bruit, etc. Forêts naturelles Disparition ou Pollution des fragmentation des écosystèmes forestiers habitats par les coupes par les effluents et le forestières et la bruit construction Érosion et effets d’infrastructures connexes Fréquentation des zones naturelles facilitée par la construction d'infrastructures et d'accès Production Pollution des Moindre dépendance à Pollution des pétrolière écosystèmes liée aux l’égard des ressources écosystèmes due à marées noires renouvelables naturelles l'extraction (par ex. Destruction (par ex. bois) effluents, bruit, etc.) d’écosystèmes liée à la Activités d'extraction construction réduites grâce au d’infrastructures recyclage Extraction minière Pollution liée au Pollution des Transports et lessivage, etc. écosystèmes due à infrastructures Destruction d'habitats l'extraction (par ex. liée à la construction effluents, bruit, etc.) d’infrastructures Facilitent l'accès à des Fréquentation accrue des Pollution associée à écosystèmes fragiles, sites protégés, l’utilisation des fragmentation des sensibilisation des transports, y compris les habitats, pollution visiteurs aux questions émission de GES et de Utilisation de terres pour d’environnement polluants la construction atmosphériques d'infrastructures Eau et systèmes Création d’habitats Destruction d’habitats et Conservation des d'assainissement spéciaux d’écosystèmes liée à la ressources en eau, pollution et à la mesures de protection surexploitation des des écosystèmes ressources en eau Industrie Pollution des écosystèmes Destruction d'habitats liée à la construction d'infrastructures Source : OCDE (2001), Perspectives de l’environnement de l'OCDE, Paris. 18 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 19 Évolution économique, sociale et environnementale Figure 1.4. Prélèvements annuels d’eau douce, 1997 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 de E is da ue n e de e ne de tin in po CD Un on iq na In Ch en lan La Ja ex O M Ca s pé Zé at M ue ro Et iq lle Eu ér ve Am n ou io ,N Un lie ra st Au Note : En pourcentage du flux annuel des ressources en eau internes annuellement renouvelables. Ces ressources en eau internes annuellement renouvelables sont égales au débit annuel moyen des rivières et des nappes généré à partir des précipitations endogènes (à savoir les précipitations à l'intérieur des frontières d'un pays). La prudence s'impose lors des comparaisons entre pays, dans la mesure où les sources et dates de ces estimations varient et où les moyennes peuvent en fait occulter des fluctuations saisonnières, annuelles et à long terme importantes. Les prélèvements peuvent en fait dépasser 100 % en raison des prélèvements dans les aquifères et le débit entrant des rivières et de l'exploitation d'usine de dessalement. Source : PNUD, PNUE, Banque mondiale, World Resources Institute (2001), World Resources, 2000-2001, Washington D.C. ont déterminé des effets tels que l’augmentation des volumes d’ordures ménagères, la pollution des réservoirs souterrains par ruissellement des eaux contenant des engrais et la dégradation de la qualité de l’air dans les villes due aux émissions des véhicules à moteur (figure 1.5, cadre B). Les dépôts acides dus aux émissions industrielles, ayant souvent leur origine dans des pays voisins, causent également une acidification des eaux de surface ainsi que la dégradation des forêts et des ressources en eau douce dans une bonne partie de l’Europe, de l’Amérique du Nord et de l’Asie. La complexité, l’incertitude et la persistance de ces défis, et la multitude des parties intéressées par les politiques d’atténuation, ont rendu la mise en œuvre des politiques dans ces domaines plus difficile qu’auparavant. Répercussions actuelles de la dégradation de l’environnement Si nous voulons préserver le bien-être des générations futures, il nous faut absolument endiguer les effets à long terme de la dégradation de l’environnement. Cette dégradation coûte déjà très cher aux générations actuelles. Les estimations de l’impact des affections provoquées par diverses formes de dégradation de l’environnement — mesurées en années de vie potentielle perdues — varient de 5 % du total dans les pays de l’OCDE à revenu élevé, à 15 % dans les pays à faible revenu, voire 22 % dans les régions qui ne font pas partie de l’OCDE (OCDE, 2001a). Si, traditionnellement, les dangers de l’environnement pour la santé humaine étaient associés à la disponibilité d’eau pure, aux réseaux d’assainissement publics (propagation des maladies infectieuses), à l’obstétrique et à l’alimentation, aujourd’hui, ils résultent de la contamination de l’eau, de l’air et de l’alimentation par les activités industrielles et agricoles. Cette contamination provoque, entre autres, des maladies respiratoires et cardio-vasculaires et des cancers. Près de la moitié des affections respiratoires chroniques dans le monde sont liées à la pollution atmosphérique, et la mauvaise qualité de 19 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 20 Développement durable : les grandes questions Figure 1.5. Evolution de certaines ressources environnementales et naturelles dans les pays de l’OCDE Cadre A. Progrès dans certains domaines Cadre B. Pressions dans d’autres domaines PIB réel PIB réel Utilisation d'énergie Déchets municipaux Utilisation d'eau Trafic routier Emissions de CO2 liées à l’énergie 1,8 1,8 1,8 1,8 1,6 1,6 1,6 1,6 1,4 1,4 1,4 1,4 1,2 1,2 1,2 1,2 1,0 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 0,8 1980 1985 1990 1997 1980 1985 1990 1997 Sources : OCDE (2001), Perspectives de l’environnement de l'OCDE, Paris. l’air accentue l’asthme, dont l’incidence a augmenté chez les enfants (tableau 1.3). D’après les estimations, les dépenses de santé imputables à la dégradation de l’environnement (en PPA) représenteraient, dans les pays de l’OCDE, entre 36 et 113 milliards de dollars (de 1.6 à 5.1 % des dépenses totales de santé), voire beaucoup plus, si l’on considère l’altération de la qualité de vie des malades (OCDE, 2001a). Tableau 1.3. Facteurs environnementaux ayant des effets sur la santé Changements Réseaux environ- Pollution d’assainissement Pollution Aliments Habitat nementaux à de l’air et élimination de l’eau pollués insalubre l'échelle des déchets du monde Infections aiguës des voies respiratoires Maladies diarrhéiques Autres infections Paludisme et autres maladies à transmission vectorielle Lésions et intoxications Maladies cardio-vasculaires Cancers Maladies chroniques de l’appareil respiratoire Source: WHO (1998), The World Health Report, Geneva. 20 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 21 Évolution économique, sociale et environnementale Les catastrophes naturelles, avec leurs coûts économiques et humains, sont l’une des conséquences pour le bien-être de la génération actuelle de la dégradation de l’environnement. Souvent, ces catastrophes résultent d’une perturbation des écosystèmes ou de la détérioration de l’environnement par l’homme. Les catastrophes météorologiques et climatiques représentent plus des deux tiers des pires catastrophes naturelles qui se soient produites entre 1970 et 2000 et ont provoqué des pertes économiques réelles en forte progression au cours des dernières décennies (figure 1.6). Si l’ampleur de ces pertes économiques s’explique en partie par la croissance démographique, une richesse matérielle accrue, une meilleure couverture des assurances et un système de réassurance plus développé, l’augmentation de la fréquence des événements naturels catastrophiques reste un facteur essentiel (Munich Ré., 2000).11 Parmi ces catastrophes météorologiques et climatiques, on se souviendra des records de pluviométrie atteints dans la vallée du Yangzi Jiang en 1998 qui, accentués par une forte déforestation et par le développement urbain dans les plaines alluviales du fleuve, ont fait 3 600 morts, 14 millions de sans-abri et des pertes économiques dépassant 30 milliards d’USD. Des recherches récentes ont mis en évidence le lien entre ces conditions météorologiques extrêmes (épisodes de stress thermique, sécheresses, tempêtes et ouragans) et les modifications de la circulation atmosphérique et océanique provoquées par les gaz à effet de serre (Vellinga et al., 2000). Les accidents industriels majeurs survenus dans les années 80 et 90 (l’accident chimique de Bhopal en 1984, l’accident nucléaire de Tchernobyl en 1986, la catastrophe de l’Exxon Valdez en 1989 et d’autres marées noires dans les années 90) ont également eu d’importantes répercussions sociales et environnementales. Figure 1.6. Pertes économiques provoquées par d’importantes catastrophes météorologiques et climatiques Pertes économiques Pertes couvertes par les assurances Milliards de USD Milliards de USD 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 Note : Les valeurs sont données en USD de 2000. On classe parmi les grandes catastrophes météorologiques et climatiques celles qui provoquent la mort de plus de 100 personnes et/ou se soldent par des demandes d'indemnisation de plus de 100 millions d’USD. Les données sur les pertes couvertes par les assurances sont tirées des déclarations effectuées par les assureurs d'origine. Les pertes économiques sont calculées en fonction de la densité d'assurance du pays touché ; elles incluent des estimations des dommages subis par les bâtiments et structures, à leur valeur de remplacement à neuf, et les pertes indirectes comme les surcoûts de transport dus à la destruction des infrastructures de transport. Source : Données fournies par Munich Ré. Déterminants des futures pressions Dans la recherche de solutions aux pressions exercées sur l’environnement par les activités humaines, les pays de l’OCDE ont un rôle de premier plan à jouer. Avec 18 % de la population mondiale, ces pays représentent aujourd’hui plus de la moitié de la consommation d’énergie finale, plus de 60 % de la 21 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 22 Développement durable : les grandes questions consommation de céréales, 31 % de la consommation de poisson et 44 % de la consommation de produits forestiers. Ils sont responsables d’une forte proportion des détériorations cumulées de l’environnement à l’échelle de la planète. Toutefois, les redéploiements économiques majeurs entre régions signifient que l’efficacité des stratégies mises en œuvre pour y remédier dépendra de plus en plus de la participation d’autres pays. En l’absence de stratégies adaptées, les évolutions économiques et démographiques devraient accentuer les pressions sur l’environnement et les ressources naturelles au cours des 20 prochaines années. S’agissant des évolutions économiques, entre 1995 et 2020, le PIB mondial en volume devrait croître de 75 %, les deux tiers de cette progression revenant aux pays de l’OCDE. Les pays non membres de l’OCDE, dont le poids économique devrait augmenter — de 20 % du PIB mondial aujourd’hui à 25 % en 2020 — influeront de plus en plus sur l’environnement. La part de ces pays dans la consommation totale d’énergie pourrait passer de 47 % en 2000 à 58 % en 2020, et leur part dans les distances totales parcourue par les véhicules à moteurs de 36 % à 54 % (OCDE, 2001a). Si la hausse de la demande peut être satisfaite grâce à des améliorations de l’efficience et à une meilleure gestion des techniques existantes, dans d’autres domaines la production pourrait être limitée par la disponibilité des ressources (l’eau et la terre, par exemple). A titre d’illustration, plus de 80 % de la croissance de la production agricole mondiale au cours des vingt prochaines années devraient résulter des gains de productivité liés à l’intensification et, dans une moindre mesure, de la conversion des terres en surfaces agricoles – à raison de 8 % environ dans le cas des pâturages et de 4 % pour les terres cultivées (OCDE, 2001a). L’intensification liée à l’irrigation et à une plus grande consommation d’engrais et de pesticides risque cependant de dégrader ou d’appauvrir un large éventail de systèmes naturels, notamment les habitats de la faune et de la flore sauvages, la Figure 1.7. Projections de la population mondiale Cadre A. Projections par régions, hypothèse médiane Cadre B. Projections de la population mondiale, diverses hypothèses Pays à faible revenu Projection médiane Pays à moyen revenu Projection basse Pays à haut revenu Projection haute 10 10 12 12 10 10 8 8 8 8 6 6 6 6 4 4 4 4 2 2 2 2 0 0 0 0 1950 1970 1990 2010 2030 2050 1950 1970 1990 2010 2030 2050 Note : Milliards 22 Sources : Nations Unies (1998), World Population Prospects, révision de 1998, Publications des Nations Unies, New York. OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 23 Évolution économique, sociale et environnementale biodiversité, des ressources en eau déjà insuffisantes (consommation d’eau pour l’irrigation et pollution des nappes souterraines par infiltration des nutriments, des pesticides et des effluents d’élevage) ainsi que des sols (dégradation et érosion par tassement, salinisation et acidification). S’agissant de la démographie, la population mondiale a triplé au cours des cinquante dernières années, pour atteindre aujourd’hui 6.1 milliards d’individus ; elle devrait se situer entre 7.3 et 10.7 milliards d’ici á 2050. D’après la projection médiane du taux de fécondité de l’Organisation des Nations Unies, la planète devrait compter 8.9 milliards d’habitants en 2050 (figure 1.7), la progression étant essentiellement le fait des pays peu ou moyennement développés. Même si le taux de croissance démographique a diminué, et cela plus vite que ne l’avaient prévu les démographes,12 cette population devrait augmenter l’ampleur des pressions sur l’environnement. Toutefois, les menaces pour la santé publique et la protection de l’environnement ne sont pas liées seulement à la taille de la population, mais aussi à sa répartition. La proportion de la population mondiale qui vit dans les villes devrait passer de 45 % en 1994 à 60 % en 2025, pour finalement approcher le niveau que connaissent aujourd’hui les pays de l’OCDE (80 à 90 %). Avec l’urbanisation, le nombre de mégapoles devrait aussi se multiplier,13 notamment dans les pays en développement. Ce développement exigera d’importants investissements dans l’infrastructure urbaine pour éviter d’exposer la population à divers risques et effets environnementaux.14 Pressions sociales L’existence de priorités contradictoires, et notamment d’importants besoins sociaux non satisfaits sur une bonne partie de notre planète, vient compliquer la mise en œuvre de mesures appropriées pour faire face à ces pressions environnementales. Le dilemme est particulièrement manifeste au niveau international. Malgré une forte progression du bien-être économique et social en moyenne, les disparités de revenus entre pays sont beaucoup plus prononcées aujourd’hui qu’au début du siècle. La figure 1.8, où sont portés les écarts de revenus entre respectivement les cinq pays se classant en bas de l’échelle des revenus par Figure 1.8. Evolution des écarts de PIB réel par habitant 25 000 25 000 20 000 20 000 15 000 15 000 Cinq pays au revenu plus élevés 10 000 10 000 5 000 5 000 Cinq pays au revenu le plus faible 0 0 1820 1840 1860 1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000 Note : USD de 1990. L'inégalité entre pays est donnée par l’écart de revenus entre les cinq pays situés au sommet de l’échelle des revenus dans les années sélectionnées et les cinq pays classés en bas. Source : Maddison (1995), L’économie mondiale, 1820-1992, Centre de développement de l’OCDE, Paris. Statistiques étendues à 2000 à l’aide des projections tirées des « Perspectives de l'économie mondiale » du FMI. 23 OCDE 2001 chapitre 1 28/06/01 12:13 Page 24 Développement durable : les grandes questions habitant une année donnée et les cinq pays situés au sommet, fait état de ces disparités. En 1820, le ratio était de 3 à 1, en 1950 de 35 à 1 et en 2000 de