Cours Amérique du Sud PDF
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Cours 1 traite de Christophe Colomb et la découverte de l'Amérique. Cours 2 explore les civilisations précolombiennes de Mésoamérique et des Andes, Cours 3 présente les spécificités de l'art ibéro-américain, entre autres.
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Cours 1 1. Christophe Colomb et la découverte de l’Amérique (1492-1504) Contexte historique : En 1492, Christophe Colomb, financé par Isabelle la Catholique, entreprend son premier voyage vers l’ouest. Il arrive le 12 octobre sur une île des Caraïbes qu’il nomme San Salvador....
Cours 1 1. Christophe Colomb et la découverte de l’Amérique (1492-1504) Contexte historique : En 1492, Christophe Colomb, financé par Isabelle la Catholique, entreprend son premier voyage vers l’ouest. Il arrive le 12 octobre sur une île des Caraïbes qu’il nomme San Salvador. Les voyages de Colomb : Colomb réalise quatre voyages entre 1492 et 1504, explorant les Caraïbes et les côtes du Venezuela (1498). Son journal de bord, La Découverte de l’Amérique, sert de source historique. Conséquences mondiales : La découverte marque le début d’un monde "planétaire", où la Terre est vue comme un globe que l’on peut parcourir dans toutes les directions. Explication : Colomb pensait avoir atteint l’Asie, mais il ouvre en réalité la voie à la colonisation européenne des Amériques. Cette découverte est un tournant majeur dans l’histoire mondiale. 2. La conquête des Mexicas (Aztèques) par Hernán Cortés Contexte : En 1519, Cortés quitte Cuba pour conquérir l’empire Mexica, situé en Mésoamérique, avec Tenochtitlan comme capitale. L’empire est appelé "Aztèque" par un voyageur allemand au XIXe siècle, mais les habitants se nommaient Mexicas. Processus de conquête : En deux ans, Cortés soumet l’empereur mexica, Moctezuma II, grâce à des alliances avec des tribus ennemies des Mexicas. ○ Les conquérants espagnols utilisent non seulement la force militaire, mais aussi le langage et la religion pour dominer. Ils apprennent le nahuatl pour évangéliser les indigènes. Explication : La conquête n’est pas une simple découverte, mais une colonisation violente, marquée par la soumission et l’évangélisation des populations locales. 3. Les Mexicas : civilisation avancée et organisation religieuse 3.1 Origines et légendes Les Mexicas, nomades jusqu’au XIe siècle, s’installent sur le lac de Tenochtitlan en 1325, guidés par une prophétie selon laquelle un aigle posé sur un cactus indiquerait leur terre promise. Tenochtitlan devient une capitale impressionnante, comparable à Paris en population (~200 000 habitants). 3.2 Organisation religieuse Divinités majeures : ○ Huitzilopochtli : dieu du soleil et de la guerre, protecteur des Mexicas. Il exige des sacrifices humains pour éviter la fin du "Cinquième Soleil". ○ Tlaloc : dieu de la pluie et de l’agriculture, représenté avec des lunettes circulaires. Principe de binarité : ○ Les Mexicas croient en une dualité fondamentale : Soleil/pluie (énergie masculine et féminine). Ciel/terre/inframonde (univers structuré en trois niveaux). 3.3 Les rituels et sacrifices Les sacrifices humains (enfants et adultes) étaient essentiels pour nourrir les dieux et maintenir l’équilibre cosmique. Toute offrande (végétale, minérale, humaine) était un contre-don visant à garantir une prospérité collective. Explication : La religion mexica est profondément liée à la nature et au cycle agricole. Les rituels, bien que violents pour les Européens, sont perçus comme vitaux par les Mexicas. 4. Les découvertes archéologiques et leur impact 4.1 Redécouverte du Templo Mayor (1978) Lors de travaux à Mexico, des ouvriers découvrent une pierre représentant Coyolxauhqui, la déesse de la lune. Cela marque le début d’une redécouverte archéologique majeure du centre cérémoniel des Mexicas. Plus de 200 objets, témoins des rituels et sacrifices, sont retrouvés. 4.2 Significations symboliques L’aigle : Symbole central de la cosmologie mexica, il nourrit le soleil avec des cœurs humains. Le maïs : Aliment de base, il relie toutes les civilisations mésoaméricaines. Explication : Ces découvertes montrent l’importance des rituels et renforcent notre compréhension de la vie religieuse des Mexicas. 5. Héritage et iconoclasme Après la victoire de Cortés, Tenochtitlan est détruite pour construire Mexico, la nouvelle capitale coloniale. L’iconoclasme (destruction des icônes indigènes) est un acte de domination symbolique. Survivance culturelle Aujourd’hui, le nahuatl est encore parlé par une minorité. Les pratiques religieuses ont évolué, mais des éléments symboliques, comme les offrandes végétales, subsistent. Explication : Bien que les structures physiques aient été détruites, des aspects de la culture mexica ont survécu dans les pratiques et croyances modernes. Cours 2 1. Les civilisations précolombiennes : Mésoamérique et Andes Les civilisations précolombiennes se divisent en deux grands ensembles : 1.1 Mésoamérique (Nouvelle-Espagne) S'étend du Mexique jusqu'à l'Amérique centrale, sans inclure la Colombie. Les peuples, comme les Mexicas, passent d’un mode de vie nomade (chasseurs-cueilleurs) à une sédentarisation liée à l’agriculture (notamment grâce au maïs). Ces civilisations sont appelées "civilisations du maïs", car cette plante est au cœur de leur alimentation et de leur culture symbolique. 1.2 Andes (Amérique du Sud) Une civilisation d’altitude qui couvre l’ouest de la Colombie, les Andes, le Pérou, le Chili et l’Argentine. Ces sociétés sont organisées entre la côte et les montagnes, fortement influencées par leur environnement pacifique. Plantes communes aux deux régions : maïs, courge, haricots. Ces végétaux apparaissent souvent dans l’art et les rituels. 2. Religions et rituels dans les civilisations précolombiennes 2.1 Organisation religieuse Les religions de Mésoamérique et des Andes sont liées aux cycles naturels (soleil, pluie, fertilité). Divinités importantes : ○ Tlaloc (Mésoamérique) : dieu de la pluie et de l’agriculture, souvent représenté avec des lunettes. ○ Serpents : symboles universels de l’eau et de l’éclair. ○ Divinités animales : félins, serpents et autres figures aux crocs et griffes symbolisent la puissance et la domination. 2.2 Sacrifices et rituels Les rituels visaient à apaiser les éléments et garantir la fertilité. Sacrifices humains : Présents en Mésoamérique, avec des poteaux d’exposition et des armes retrouvés à Tenochtitlan. Ces sacrifices étaient nécessaires pour nourrir les dieux et préserver l’équilibre cosmique. Les rituels étaient organisés selon un calendrier divisé entre : ○ Rituels extraordinaires (ex. : tous les 52 ans, avec un "nouveau soleil"). ○ Rituels ordinaires (liés aux cycles agricoles). 3. La rencontre des Européens et des civilisations américaines 3.1 Contexte historique de la colonisation En 1492, Colomb découvre l’Amérique sous le financement des Rois Catholiques espagnols. La conquête commence en 1519 avec Hernán Cortés au Mexique et Francisco Pizarro au Pérou en 1531. Les Espagnols s’allient aux ennemis locaux des empires Mexica et Inca pour asseoir leur domination. Effet de la colonisation : Changement des rituels et introduction de l’évangélisation. Remplacement des images religieuses précolombiennes par des images chrétiennes. 3.2 L’évangélisation par les images Les Européens ont utilisé les images comme outils pour évangéliser. Les divinités précolombiennes étaient matérialisées par des figures ou des sculptures, mais dans un contexte catholique, elles furent remplacées par des icônes chrétiennes. 4. Approche anthropologique et historique 4.1 Concept de l’"Autre" Tzvetan Todorov, dans La Conquête de l’Amérique : La question de l’Autre (1982), analyse comment les Européens ont perçu et décrit les indigènes américains. Les Amérindiens étaient souvent représentés comme des "sauvages" : ○ Bons sauvages : Un retour idéal à la nature (selon Rousseau). ○ Sauvages féroces : Une vision négative et barbare. Les mots "primitif" ou "barbare" reflètent un regard européo-centré, qui voit les Européens comme porteurs de progrès. 4.2 Débat sur le multiculturalisme Aujourd’hui, un discours décolonial cherche à valoriser les cultures indigènes sans les réduire à des clichés. Le multiculturalisme tente d’intégrer diverses cultures en reconnaissant leur identité propre et en remettant en question les récits colonisateurs. 5. Histoire de l’art et perspectives postcoloniales 5.1 Terminologie : "Art colonial" ou "Art vice-royal" ? Le terme "art colonial" est critiqué car il reflète une vision centrée sur les colonisateurs. "Art vice-royal" est proposé pour reconnaître les spécificités des créations artistiques dans les territoires administrés par les vice-rois espagnols, comme Lima ou Mexico. 5.2 Intention et anonymat dans l’art précolombien L’art précolombien est souvent anonyme et mal conservé. Les œuvres manquent de titres ou d’attributions claires. Contrairement à l’art européen, centré sur des figures de "génies" comme Michel-Ange, l’art précolombien est collectif et fonctionnel. 5.3 Le concept de beauté dans l’art La notion de beauté varie selon les cultures et les époques. Les objets rituels exposés dans les musées aujourd’hui sont présentés comme de l’art, mais leur finalité initiale était religieuse ou fonctionnelle. 6. Réflexions sur l’histoire globale et l’héritage précolombien 6.1 La pensée cyclique et le choc de 1492 Les civilisations précolombiennes pensaient le temps de manière cyclique (ex. : levée et coucher du soleil, calendriers rituels). L’arrivée des Européens, avec des chevaux et des armes, a brisé cette vision, introduisant une nouvelle perception du temps linéaire (passé, présent, futur). 6.2 Défis de l’exposition postcoloniale Les musées tentent de présenter l’art précolombien sans imposer un point de vue eurocentré. Les conservateurs travaillent pour intégrer une perspective multiculturelle et valoriser les voix indigènes. Conclusion et explication simplifiée Ce cours met en lumière : 1. Les civilisations précolombiennes de Mésoamérique et des Andes, organisées autour de l’agriculture et des rituels religieux. 2. La rencontre avec les Européens, qui ont dominé ces civilisations par la force, la religion et le langage. 3. L’importance de penser l’histoire de manière inclusive, en valorisant les cultures indigènes et en remettant en question les récits eurocentrés. Cours 3 1. Spécificité de l’art ibéro-américain L’art ibéro-américain naît de la rencontre entre les modèles artistiques européens, introduits avec la colonisation, et les traditions indigènes locales. Cela donne lieu à des œuvres uniques marquées par des processus de métissage, d’adaptation et d’innovation. 1.1 Origine et caractéristiques Influence européenne : Les formes artistiques ibéro-américaines s’appuient sur des modèles européens (peinture religieuse, architecture d’église). Originalité locale : Elles intègrent des éléments indigènes, comme des motifs végétaux et animaux propres à la Mésoamérique et aux Andes, visibles dans les décorations religieuses. Chapelles ouvertes : Ces structures, où les cultes se déroulent en plein air, sont un héritage des traditions précolombiennes adaptées au catholicisme. Exemple : Saint Jacques, patron de l’Espagne, est souvent représenté à cheval. En Amérique, les vaincus figurant sous son cheval portent des vêtements incas, illustrant la soumission indigène. Vêtements Incas 2. Terminologies utilisées pour décrire l’art ibéro-américain 2.1 Terme “Tequitqui” Ce mot nahuatl signifie "vassal" ou "sujet" et désigne un art indigène subordonné à des modèles européens. Limitation : Il donne une vision hiérarchique et réductrice de cet art, le considérant comme secondaire. 2.2 Métissage et art métisse Métissage : Utilisé pour décrire l’interaction entre les cultures européennes et indigènes dans l’art. Serge Gruzinski, historien de référence, décrit le métissage comme un phénomène réciproque entre les colonisateurs et les indigènes. Limitation : Le terme peut être trop général et ne pas refléter la diversité des échanges culturels. 3. Concepts clés pour comprendre cet art 3.1 Guerre des images Évangélisation par les images : Les colons utilisent des peintures et sculptures chrétiennes pour remplacer les figures religieuses indigènes. Les images deviennent un outil de persuasion et de domination culturelle. 3.2 Imagerie et imitation Imitation et appropriation : Les colonisateurs utilisent souvent des éléments des ruines précolombiennes dans leurs édifices religieux (exemple : cathédrale de Mexico construite avec des pierres du Templo Mayor). Transculturation : Terme qui souligne une interaction bidirectionnelle, où les indigènes influencent aussi les colons. 3.3 Métissage linguistique et culturel Traduction linguistique : Les missionnaires traduisent les langues locales pour évangéliser les populations indigènes (ex. : dictionnaires en nahuatl). Figures-clés : Marina, première interprète de l’histoire coloniale, est vue comme une figure ambivalente : à la fois traîtresse et première métisse. 4. Art et marché de l’art en Amérique hispanique 4.1 Rôle des villes comme centres artistiques Les grandes villes comme Mexico, Lima et Cuzco deviennent des centres artistiques majeurs, attirant des artistes européens. Artistes européens : Peintres, sculpteurs et architectes espagnols, italiens et flamands viennent s’enrichir en Amérique. 4.2 Importation et adaptation des modèles européens Exemple de Bernardo Bitti : Un jésuite italien arrivé au Pérou en 1575, dont les œuvres religieuses (comme Le Couronnement de la Vierge) suivent le style maniériste européen. Peintres flamands : Maerten de Vos et Simon Pereynes influencent massivement les compositions religieuses en Nouvelle-Espagne grâce à des gravures diffusées localement. 5. Débats historiographiques : Terminologies et concepts 5.1 Anthropologie et histoire de l’art À partir des années 1980, l’anthropologie influence l’histoire de l’art pour mieux comprendre l’agencement des images et leur impact sur les populations. Agency des images : Les œuvres sont étudiées comme des agents culturels ayant une influence sur ceux qui les créent et les contemplent. 5.2 Terminologie contestée Acculturation : Indique une adoption unilatérale de la culture dominante par les indigènes. Transculturation : Met en évidence des échanges réciproques entre les cultures colonisatrices et colonisées. Créolisation : Décrit l’émergence d’une culture hybride, issue de la fusion entre Européens et Amérindiens, notamment dans les arts et les langues. 6. Analyse d’exemple : Le Couronnement de la Vierge (Bernardo Bitti) Description : ○ Peinture religieuse montrant la Vierge Marie couronnée par la Trinité. ○ Utilisation de couleurs dorées (symbole de gloire céleste) et de figures angéliques pour représenter un moment sacré. ○ Style maniériste avec des figures allongées et des couleurs acidulées. Contexte : ○ Œuvre commandée par les Jésuites pour une église à Lima. ○ Exemple d’un artiste européen intégrant des éléments locaux dans un cadre religieux. Conclusion et synthèse simplifiée L’art ibéro-américain est le fruit d’une rencontre complexe entre les traditions européennes et indigènes, marquée par des processus de métissage, de transculturation et d’adaptation. Points à retenir : 1. Terminologie : Les termes comme "tequitqui", "métissage" ou "transculturation" reflètent des visions différentes de cette interaction culturelle. 2. Évangélisation et images : Les images jouent un rôle clé dans la domination culturelle et religieuse. 3. Centres artistiques : Les villes comme Lima et Mexico deviennent des pôles majeurs pour l’art religieux, attirant artistes et œuvres d’Europe. 4. Débats modernes : Les historiens cherchent à dépasser les termes eurocentriques pour mieux comprendre les spécificités de cet art hybride. Cours 4 1. Importation massive d'art en Amérique espagnole 1.1 Origine et motivation Importation artistique : ○ Dès la fin du XVIe siècle, les territoires colonisés manquent d’artistes locaux capables de représenter les sujets religieux du catholicisme. ○ L’importation d’œuvres européennes (peintures, sculptures) devient essentielle pour soutenir l’évangélisation. ○ Exemples d’importations majeures : Gravures flamandes inspirant des artistes locaux. Sculptures napolitaines du XVIIe et XVIIIe siècles. Peintures sur cuivre pour des cathédrales, comme celle de Puebla. Quantité vs qualité : L’accent est mis sur le volume des œuvres (Enfant Jésus, Vierge Marie) plutôt que sur leur raffinement. Plus de 24 000 peintures arrivent en Amérique latine durant la seconde moitié du XVIIe siècle. 1.2 Acteurs et mécanismes Institutionnel : ○ La Casa de Contratación (Chambre de commerce, 1504) à Séville centralise les échanges avec les colonies. ○ Les cours des vice-rois (Mexico, Lima) commandent des portraits royaux et des œuvres religieuses. Privé : ○ Des artistes comme Zurbarán profitent du marché colonial pour exporter des lots d’œuvres. Problèmes logistiques : Les œuvres voyageant par mer arrivent parfois détériorées ou sont revendues à des prix non contrôlés par les artistes. 2. Métissage culturel dans l’art ibéro-américain 2.1 Influence européenne et hybridation Modèles européens : ○ Gravures flamandes (exemple : Pierre Paul Rubens) influencent les représentations religieuses (guirlandes florales, nature morte). ○ Peintures italiennes et espagnoles, souvent copiées localement, dictent les canons esthétiques. Ajouts locaux : ○ L’intégration de motifs indigènes dans l’art religieux (végétation locale, animaux symboliques). ○ Exemple : Les aigles avec des diadèmes mexicas ou des symboles comme l’eau-feu (atl tlachinolli). Exemple d’art hybride : ○ Les fonds baptismaux "tequitqui" allient éléments chrétiens et symboles indigènes. 2.2 Art indigène et transition Tlacuilos : Les peintres-scribes mexicas (gardiens de la mémoire) jouent un rôle clé dans la première génération d’artistes indigènes après la conquête. Déclin : Après 1585, les indigènes sont progressivement exclus des peintures religieuses, remplacés par des Européens et des peintres métis. 3. Peinture sur chevalet et académies artistiques 3.1 Développement de la peinture sur chevalet Au XVIIe siècle, la peinture sur chevalet remplace les fresques murales, avec une production massive de toiles importées ou créées localement. Évolution locale : Les peintres indigènes et métis commencent à adopter des techniques européennes, tout en intégrant des éléments locaux. 3.2 Création d’académies et professionnalisation En 1781, la première académie artistique est fondée en Nouvelle-Espagne (Mexique), permettant aux artistes de structurer leurs formations et revendications. Changement de statut : Les peintres, initialement perçus comme artisans, deviennent des artistes à part entière. 4. Types d’art caractéristiques de l’Amérique ibéro-américaine 4.1 Paravents (biombos) Inspirés des byōbus japonais, ces paravents sont introduits via le commerce avec l’Asie par le port d’Acapulco. Fonction : ○ Objets profanes utilisés dans les demeures aristocratiques pour séparer les espaces. ○ Exemples de représentations : Allégories des arts libéraux (Juan Correa, 1670). Épisodes historiques comme la conquête de Mexico (1690-1692). Signification : Ces paravents illustrent le creuset culturel entre l’Europe, l’Amérique et l’Asie. 4.2 Peintures de castes Description : ○ Séries de 16 tableaux représentant des familles métissées (père, mère, enfant) et les différents mélanges raciaux ou ethniques de la société coloniale. ○ Chaque tableau inclut des inscriptions décrivant les métissages représentés (ex. : Espagnol + Indigène = Métis). Fonction et évolution : ○ 1715-1760 : Destinées à l’exportation vers l’Espagne pour montrer la richesse culturelle de la Nouvelle-Espagne. ○ 1760-1810 : Une hiérarchisation sociale stricte se reflète dans les peintures, distinguant les classes supérieures (bien habillées) des classes inférieures (mal habillées). Contexte sociopolitique : Ces séries montrent une société de ségrégation, où les Espagnols et leurs descendants dominent, tandis que les indigènes sont marginalisés. 5. Identité et symbolisme dans l’art religieux 5.1 Œuvres religieuses majeures Exemple : Le Retable de la Vierge de Guadalupe (Miguel Cabrera) : ○ Représente la légende de la Vierge de Guadalupe, figure unificatrice de l’identité mexicaine. ○ Intègre un Indien (visionnaire de la Vierge) et un évêque, symbolisant la fusion culturelle. Exemple : Vie de saint Ignace de Loyola (Juan de Valdés, 1675) : ○ Série de peintures commandées par l’église San Pedro (Lima), illustrant la vie du fondateur des Jésuites. 5.2 Symboles hybrides Végétation locale : Exemple des cactus intégrés dans les fresques des cloîtres augustins. Glyphes aztèques : Présence de signes d’oralité comme des virgules dans les œuvres religieuses. 6. Conclusion et synthèse simplifiée Ce cours explore l’évolution artistique en Amérique ibéro-coloniale, caractérisée par : 1. L’importation européenne : Gravures flamandes, sculptures italiennes et peintures espagnoles introduisent de nouvelles techniques et thèmes religieux. 2. Le métissage culturel : Intégration des traditions indigènes (symboles, motifs) dans l’art religieux. 3. Développement local : Émergence d’artistes métis et criollos, évolution vers une peinture sur chevalet et la fondation d’académies. 4. Types d’art spécifiques : ○ Paravents combinant influences asiatiques et européennes. ○ Peintures de castes reflétant les hiérarchies raciales et sociales. Cours 5 1. Cuzco : un centre culturel et symbolique 1.1 Contexte historique Cuzco, capitale de l’empire inca, est conquise en 1534 par Francisco Pizarro. ○ Bien que prise militairement, elle n’est pas complètement colonisée. ○ La résistance se poursuit sous les Incas de Vilcabamba, dont la dynastie se termine en 1572 avec l’exécution de Tupac Amaru I. Malgré la fondation de Lima en 1535 comme capitale administrative, Cuzco reste un centre culturel majeur des Andes hispaniques. 1.2 Monuments symboliques Place des Armes : Centre religieux et politique où les Espagnols construisent une cathédrale sur les ruines des palais incas. Sacsayhuamán : Forteresse monumentale inca, difficile à effacer, témoignant de l’architecture inca. 2. Les portraits incas : fusion de traditions 2.1 Hybride culturel Origine des portraits : ○ Les portraits de la noblesse inca apparaissent après la conquête, adoptant les codes des portraits européens tout en conservant des éléments indigènes. ○ Ces œuvres montrent une revendication identitaire, même sous domination espagnole. Éléments typiques : ○ Vêtements : Mélange d’habits espagnols (cols en dentelle, épées) et d’éléments incas comme le uncu (tunique traditionnelle) et la mascapaycha (coiffe royale). ○ Postures : Portraits en pied, souvent inspirés des conventions européennes. 2.2 Fonction des portraits Ces portraits ont une dimension politique : ○ Ils montrent la soumission et l’intégration des nobles incas à la société coloniale. ○ Ils sont aussi une revendication des privilèges et de l’identité inca dans un contexte de domination. Exportation : Certains portraits étaient envoyés en Espagne pour valoriser l’image de la vice-royauté. 3. Portraits féminins et dynasties incas 3.1 Portraits de femmes nobles Coya : Reines ou épouses d’empereurs incas, souvent représentées dans des habits traditionnels brodés ou des vêtements espagnols. Ñusta : Princesses incas de sang royal, parfois mariées à des conquistadors espagnols, incarnant l’union des deux cultures. 3.2 Exemples d’œuvres Mariages symboliques : ○ Peinture représentant le mariage de Martín de Loyola (conquistador et vainqueur de Tupac Amaru) avec Beatriz Ñusta, fille d’un inca. ○ Illustration propagandiste montrant l’alliance entre la noblesse inca et espagnole. Symbolisme : ○ Les portraits féminins incluent souvent des paysages ou des forteresses en arrière-plan, évoquant l’héritage territorial et culturel des Incas. 4. École de Cuzco : un style artistique distinct 4.1 Évolution de l’art religieux Caractéristiques de l’école de Cuzco : ○ Paysages riches en éléments décoratifs (oiseaux, fleurs). ○ Palette de couleurs vives et ornementations dorées (brocateado). ○ Perspective irréaliste, influencée par les gravures flamandes mais adaptée aux traditions locales. Artistes indigènes : ○ Les premiers peintres indigènes travaillaient comme assistants avant de gagner leur autonomie au XVIIe siècle. ○ Diego Quispe Tito (1611-1691) : Noble indien, créateur de cycles religieux comme La Vie de Saint Jean Baptiste. ○ Basilio de Santa Cruz Pumacallao (1635-1710) : Peint des scènes narratives, comme Le Martyre de Saint Laureano, intégrant des commanditaires prestigieux. 4.2 Anges arquebusiers Iconographie typique du Pérou : ○ Les anges armés représentent une milice céleste et symbolisent la protection contre les esprits malins. ○ Vêtus d’habits richement ornés imitant des tissus brodés, ils incarnent une fusion entre le sacré et les traditions militaires espagnoles. 5. Commerce et hybridation avec l’Asie 5.1 Commerce transpacifique Le galion de Manille (route maritime entre l’Asie et l’Amérique via le Mexique) introduit des éléments asiatiques, comme l’incrustation de nacre dans les peintures. Les paravents, inspirés des byōbus japonais, deviennent des objets d’art profane très prisés dans les demeures aristocratiques. 5.2 Influence asiatique sur l’art andin Les motifs asiatiques se mêlent aux traditions locales, créant un style unique d’art religieux et profane. 6. Conclusion et synthèse simplifiée Ce cours explore comment l’art au Pérou, en particulier à Cuzco, reflète une fusion entre les traditions incas et européennes, tout en développant des caractéristiques uniques. Points clés à retenir : 1. Cuzco comme centre culturel : Malgré la domination espagnole, la ville reste un symbole de l’identité inca. 2. Portraits hybrides : Nobles incas représentés avec des codes européens mais revendiquant leur héritage. 3. École de Cuzco : Style distinct combinant éléments décoratifs locaux, gravures européennes et symboles chrétiens. 4. Commerce transpacifique : Influence asiatique sur les paravents et les peintures religieuses. Exemples d’œuvres : Mariages de Martín de Loyola et Beatriz Ñusta. Vie de Saint Jean Baptiste (Diego Quispe Tito). Martyre de Saint Laureano (Basilio de Santa Cruz Pumacallao). 1. Termes Clés 1. Civilisations et lieux Mexica (Aztèques) : Peuple autochtone de Mésoamérique, fondateur de Tenochtitlan. Inca : Empire andin dominant l’ouest de l’Amérique du Sud avant la conquête espagnole. Maya : Civilisation mésoaméricaine avancée, célèbre pour ses temples et son calendrier. Tenochtitlan : Capitale des Mexicas, située sur l’actuelle Mexico. Cuzco : Capitale de l’empire inca, centre culturel et religieux andin. 2. Mythologie et symboles Huitzilopochtli : Dieu mexica du soleil et de la guerre, protecteur de Tenochtitlan. Tlaloc : Dieu mexica de la pluie et de l’agriculture, essentiel pour les récoltes. Dualité (soleil/pluie, terre/ciel) : Concept fondamental chez les Mexicas reliant nature et divin. Symboles : Aigle, maïs, serpent : L’aigle symbolise le soleil, le maïs la vie, et le serpent l’eau ou l’éclair. 3. Art et culture École de Cuzco : Style artistique andin mêlant influences espagnoles et locales. Art Colonial/Art Vice-Royal : Art produit dans les colonies espagnoles, combinant traditions européennes et autochtones. Tequitqui : Art indigène influencé par les modèles espagnols après la conquête. Gravures flamandes : Illustrations religieuses européennes copiées ou adaptées en Amérique. Paravents : Objets décoratifs inspirés de l’art japonais, popularisés dans les colonies. Tlacuilos : Artistes et scribes mexicas qui créaient des codex et des peintures murales. Peinture de castes : Série de tableaux illustrant les mélanges ethniques dans les sociétés coloniales. 4. Rituels et religion Évangélisation : Conversion des peuples autochtones au catholicisme par les missionnaires. Sacrifices, rituels : Pratiques religieuses pour nourrir les dieux ou garantir l’équilibre cosmique. Iconoclasme : Destruction d’images religieuses indigènes pour imposer le christianisme. 5. Société et métissages Coya, Ñusta : Femmes nobles incas, reines ou princesses dans l’empire andin. Appropriation : Adoption d’éléments culturels d’un groupe par un autre. Acculturation : Transformation d’une culture dominée par contact avec une culture dominante. Métissage : Mélange biologique et culturel entre Européens, autochtones et Africains. Multiculturalisme : Coexistence de plusieurs cultures dans une même société. Métisse : Personne issue de l’union de parents de cultures ou origines différentes. Imitation : Reproduction ou adaptation des modèles artistiques européens en Amérique. Transculturation : Échange mutuel entre cultures qui se transforment mutuellement. Créolisation : Fusion des cultures européennes et locales dans les colonies, souvent dans la langue ou l’art.