CM 3-4 - Chapitre 3 - Psychologie du développement PDF
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Ce document présente des informations sur le développement moteur chez l'enfant, abordant différentes perspectives théoriques telles que la neuro-maturation et le conditionnement. Les auteurs principaux et les concepts clés sont présentés.
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Psychologie du développement Chapitre 3 : La motricité Séance 1 : I / Développement moteur : Le développement de la motricité chez l’enfant est un processus progressif qui se déroule de la naissance à l’â...
Psychologie du développement Chapitre 3 : La motricité Séance 1 : I / Développement moteur : Le développement de la motricité chez l’enfant est un processus progressif qui se déroule de la naissance à l’âge adulte, avec des étapes clés qui marquent l’acquisition de nouvelles compétences motrices. Ce développement peut être divisé en deux grandes catégories : la motricité globale (grands mouvements du corps) et la motricité fine (mouvements précis et plus petits) : - Motricité globale : elle concerne les mouvements des grands muscles du corps et permet des actions comme marcher, courir, sauter, ou encore se tenir debout. Elle implique des activités qui demandent une coordination importante de tout le corps ou de grandes parties du corps. Par exemple, la capacité de maintenir l’équilibre, la coordination entre les bras et les jambes, ou encore la capacité de grimper ou de lancer un objet. - Motricité fine : elle concerne les mouvements plus précis et coordonnés, impliquant les petits muscles, notamment ceux des mains et des doigts. Les activités liées à la motricité fine incluent l’écriture, la manipulation d’objets fins (comme les boutons), ou encore le dessin et la couture. La motricité est un aspect fondamental du développement humain, intervenant dans de nombreuses sphères de la vie quotidienne. II / Origine du développement moteur Gesell (1880-1961) : Théorie neuro-maturationiste. Le cerveau est programmé (pré-câblé) pour un certain nombre d’étapes motrices (par lesquelles nous passons tous) C’est le Système Nerveux Central (SNC) qui est à l’origine des évolutions motrices. Les réflexes primitifs sont le socle de base pour le développement moteur ultérieur. Illustre le développement par « stades » ou « étapes ». Skinner (1904-1990) : Théorie du conditionnement. C’est l’environnement qui stimule le développement moteur. Le développement moteur résulte : - de l’apprentissage - du renforcement positif. (ex. : l’encouragement des parents) Le cerveau et la biologie ne sont que les effecteurs du mouvement. Ce qui veut dire que sans stimulation de l’environnement, le développement moteur serait limité, car l’apprentissage repose sur l’interaction avec des stimuli externes et sur le renforcement. Les capacités motrices ne se développeraient pas pleinement sans les incitations et encouragements appropriés. Spitz, (1951) : Hospitalisme (après-guerre). Enfants séparés de leur mère dans les trois premiers mois. Les besoins primaires sont satisfaits (nourriture, hygiène, santé). Carence affective importante (une infirmière pour 12 enfants). Tableau clinique : perte d’appétit, de poids, attitude de retrait, insomnie, mobilité peu développée, rigidité faciale, mouvements des doigts atypiques. McGraw (1880-1961) : Jimmy & Johnny. Jimmy a une motricité plus développée que Johnny à la naissance : mais même patrimoine génétique. Johnny fait l’objet d’un programme d’entraînement et de stimulation —> Constat : lors de la première année, pas de modification du développement moteur (species specific) : l’entrainement n’y fait rien ! —> soutient l’approche neuro-maturationniste. Cette étude tend à confirmer l’idée que la maturation biologique est le principal facteur du développement moteur précoce, et que l’environnement ou l’entraînement, dans les premiers mois de vie, a une influence limitée sur la progression des capacités motrices. Les observations au delà de la première année montrent Johnny réussir de mieux en mieux (motricité, agilité, skating, etc.). L’environnement a bien un effet sur son développement moteur. Pour autant Jimmy apprendra ces activités plus tard et le fera plus facilement que Johnny nouveau-né. Bernstein (1896 – 1966) : met en avant le fait que le contrôle du mouvement est lié à la fonction ou à la tâche à accomplir, et résulte de l’interaction entre trois facteurs principaux : Le sujet (l’individu qui réalise l’action), La tâche (ce qui doit être accompli), L’environnement (le contexte dans lequel l’action est effectuée). Exemple : Prenons l’exemple où vous devez écrire votre nom : Avec la main droite, si vous êtes droitier, vous utilisez un ensemble spécifique de muscles et de mouvements que vous maîtrisez bien. Avec la main gauche, les mêmes mots sont écrits, mais l’activation musculaire et la coordination sont différentes, car vous devez utiliser une main moins entraînée. Avec un bâton dans le sable, encore une fois, l’objectif est le même (écrire votre nom), mais l’activation musculaire et le type de mouvement varient considérablement, car l’outil et la surface modifient la tâche. —> met en avant une flexibilité adaptative du contrôle moteur, en montrant que le mouvement n’est pas simplement déterminé par des schémas fixes, mais qu’il s’ajuste aux exigences spécifiques de chaque situation. Thelen (1941 - 2004) : Etude des réflexes primitifs de marche et de la locomotion chez les enfants. Notion « d’interaction dynamique » entre facteurs génétiques et environnementaux permettant le développement. Cette interaction complexe et ordonnée entre cerveau - corps - environnement produisant le mouvement tout au long de la vie. —> Conclusion : La modification d’un seul paramètre (ex. : le tonus musculaire) peut faire perdre l’état stable et pousse l’ensemble des éléments à un nouveau type d’organisation. Théorie des systèmes dynamiques non-linéaires : Dans cette perspective le développement moteur est une succession d’états plus ou moins stables. Le développement émerge de l’interaction entre de multiples composantes elles-même en développement « le tout est plus que la somme des parties ». 40 ans après sa publication l’article de Thelen est considéré comme celui qui a permis un véritable saut conceptuel dans la compréhension du développement moteur. III / Perception : A la naissance, les capacités perceptives sont très développées. Grandes capacités du système sensoriel : renseignent l’enfant sur son environnement (ex. : reconnaissance de la voix de la mère, etc.) En revanche… les capacités motrices sont beaucoup moins impressionnantes à la naissance : impossible de se tenir droit (posture) impossible de se déplacer seul (locomotion) impossible d’attraper des objets (motricité effectrice) Lien perception-motricité Gibson : L’évolution motrice est liée aux capacités perceptives à la naissance, (ex : déficience sensorielle). Lien profond entre perception et action : concept « d’affordance » (Gibson, 1977) Constat : l’individu détecte automatiquement le type d’action motrice que permet un objet (p. ex. : pente ou escalier « montable »). L’affordance générée par un objet dépend : des propriétés physiques de l’objet (pente, texture, etc.) des caractéristiques morphologiques et des possibilités d’action de celui qui la perçoit IV / Motricité Motricité à fonction effectrice : transport du corps (locomotion) et des objets (manipulation, activités constructives, etc.) Motricité à fonction expressive : communication (geste, articulation vocale) et expression d’émotions (mimiques, attitudes) Tonus : c’est le premier mode d’expression chez le bébé (Wallon, 1956) V / Tonus État de tension des muscles : phénomène permanent mais variable dans son intensité : Niveau moteur : le tonus sous-tend la fonction posturale Niveau émotionnel : les émotions s’accompagnent de modification tonique « Les modifications toniques accompagnent normalement non seulement chaque affect, mais aussi chaque fait de conscience » (Ajuriaguerra,1974) Exemple : anxiété et angoisse s’accompagnent toujours de troubles toniques qui vont limiter l’amplitude respiratoire A) Lien tonus-émotions James (1884) : l’expérience émotionnelle fait suite à des modifications corporelles (réactions physiologiques ou mouvements du corps). « on a peur parce qu’on fuit ». Cannon (1929) : c’est dans le cerveau que tout commence. L’interprétation d’une situation crée les émotions qui entrainent le mouvement.« on fuit parce qu’on a peur ». Santibanez-H, G., & Bloch, S : Question : le tonus peut-il influencer les émotions ? Méthode : A. Identifier les caractéristiques corporelles (toniques, posturales et faciales) associées à certaines émotions (joie, tristesse, colère, peur, etc.) B. Demander à des sujets de reproduire ces patterns corporels (respiratoire, faciale, posture) en les interrogeant sur leur ressenti émotionnel Résultats : Les sujets ressentent les émotions correspondantes. Les émotions sont activées par ces « modèles effecteurs » (emotional effector patterns) comportementaux. Agir sur le tonus musculaire a un effet sur les émotions Hypothèse de rétroaction faciale : Ancrée dans les théories de Darwin et James : l'expression du visage d'une personne affecte directement son expérience émotionnelle. L’activation des régions du visage associées à certaines émotions a un effet sur le déclenchement de ces états émotionnels. L’inhibition de l'activation faciale entraîne la suppression (ou l’absence) des états émotionnels correspondants. Strack, F., Martin, L. L., & Stepper, S. (1988) : Pen study Méthode : Les auteurs proposent à leurs sujets de visionner un dessin animé comique La moitié des sujets visionne le film avec un crayon entre les dents (muscles du sourire) L'autre moitié, le tient entre les lèvres (activation de muscles incompatibles avec le sourire) Résultats : Les sujets du premier groupe jugent le dessin animé plus drôle que les sujets du second groupe Conclusion : Lorsque quelqu'un sourit ou fait la moue, même sans le vouloir, cela modifie son état émotionnel. Des mouvements du visage provoquent des mouvements de l’esprit. Les émotions ne se contentent pas de suivre une trajectoire d'extériorisation – de l'esprit au monde – mais peuvent être intériorisées – du monde à l’esprit. Résultats reproduit avec du Botox qui paralyse l’expression de partie du visage impliquées dans les émotions négatives : moins de dépression. B) Dialogue tonique Wallon : souligne l’importance du tonus dans les interactions mère-nourrisson : notion de dialogue tonique Ex. : L’état de manque (nourriture) entraine un état hypertonique avec réactions musculaires et pleurs ; la satisfaction de ce besoin entraine un état hypotonique de détente musculaire. VI / Les rythmies Les rythmies sont des mouvements qui apparaissent de manière répétitive dans un délai temporel de l’ordre de 1 seconde, dès la 1ère semaine de vie (in utero) Ex. : ouverture et fermeture des mains, extension et flexion du bras, balancement, pieds qui pédalent, etc. Fonctions multiples : 1. interactions (manifestation émotionnelle en réponse à l’entourage) 2. recherche d’auto-stimulation (activation des systèmes perceptifs) 3. actes immatures précurseurs des actions motrices ultérieures Ex. : le pédalage des pieds s’accélère juste avant le déplacement à quatre pattes (Thelen, 1989) Motricité spontané : Hadders-Algra, M. (2003) : L’étude de la motricité spontanée normale (et pathologique) du jeune nourrisson est intéressante ! Les mouvements généraux (General Movements, GM’s) mouvements spontanés complexes qui mobilisent tous les segments corporels. Ils existent dès le début de la vie fœtale jusqu’à l’âge de 3-4 mois après la naissance : rôle important dans la survie et l’adaptation. Cette motricité globale spontanée est particulièrement intéressante à étudier : Permet de prédire de façon fiable des risques d’IMC des troubles de l’attention à l’âge scolaire Comment ces mouvements sont-ils étudiés ? Étudier la motricité spontanée : Les changements de qualité des mouvements reflètent de façon fiable, les dysfonctionnements et les pathologies cérébrales (Ferrari, Cioni, & Prechtl, 1990) Evaluation des mouvements selon la perception de la « Gestalt » : on s’intéresse au mouvement dans sa globalité (complexe) car il repose sur des processus cérébraux sous-jacents complexes (Lorentz, 1971) Il s’agit d’étudier le répertoire de mouvements exécutés par toutes les parties du corps sans accorder d’attention particulière à des parties spécifiques du corps. Enfant 3 mois. Né à terme (Durée : 8 sec, avec image toutes les 0,24 sec) mouvements normaux, pieds et jambes sont en mouvement, mouvements complexes : flexion, extension et rotation (jambe gauche, troisième ligne) —> Ces mouvements sont typiques d’un enfant en bonne santé de 3 mois, suggérant une maturation normale du système nerveux central et des muscles. Ils reflètent également la manière dont les enfants commencent à explorer leur corps et à préparer la mise en place de mouvements plus coordonnés, comme le roulement et, plus tard, la marche. Enfant 3 mois. Né à 28 semaines (Durée : 8 sec, avec image toutes les 0,24 sec), mouvements anormaux, manque de variation temporelle (les images sont presque identiques), mouvements simples : limités dans un seul plan —> L’observation de mouvements anormaux, avec manque de variation et mouvements simples, chez un enfant prématuré à 28 semaines est un signe potentiel de retard ou d’immaturité dans le développement moteur. Cela peut nécessiter un suivi attentif pour évaluer si ces limitations motrices se résolvent naturellement avec le temps ou s’il faut envisager des interventions spécifiques comme la physiothérapie pour encourager le développement moteur. General Movements (GMs), est une méthode clé pour identifier les potentiels troubles du développement moteur, comme la paralysie cérébrale. Facteurs d’évaluation des GMs : 1. Variation des mouvements : La variation fait référence à la diversité des mouvements que l’enfant produit de manière spontanée. Un nourrisson en bonne santé montre une grande variété de mouvements impliquant plusieurs parties du corps (bras, jambes, tronc, tête), dans différentes directions et avec des combinaisons variables de flexion, d’extension et de rotation. Une réduction de la variabilité peut être un signe de trouble. 2. Mouvements normaux : Les mouvements normaux sont fluides, variés et montrent une bonne coordination entre les différents segments corporels. Ils reflètent un développement neurologique sain. Les nourrissons qui produisent des GMs normaux ont un développement moteur qui progresse de manière adéquate. 3. Complexité des mouvements : La complexité des GMs fait référence à l’intégration des différentes parties du corps dans les mouvements. Les mouvements complexes impliquent des schémas moteurs variés, avec des transitions fluides entre différentes actions (par exemple, flexion suivie d’extension ou de rotation). La présence de mouvements complexes et bien intégrés est un signe de bon développement moteur. 4. Fluidité des mouvements : Les mouvements fluides se caractérisent par une coordination sans saccades ou interruptions. Les mouvements anormaux sont souvent saccadés, rigides ou manquent de fluidité. Les mouvements fluides sont un bon indicateur du bon fonctionnement du système nerveux central. VII / Les reflexes Les réflexes sont des réactions involontaires déclenchées par des stimulations externes : - innées - rigides dans leur forme et leur déroulement - non intentionnelles Réflexes adaptatifs Ex. : fouissement, automatismes de succion et de déglutition, etc. Réflexes primitifs (résidus archaïques) Ex. : réflexe natatoire, marche automatique, etc. Les réflexes sont d’excellents indices du fonctionnement neurologique nourrisson (Moro et Babinski) Succion : mouvement de succion rythmique lorsque l’on touche les lèvres du bébé : fonction de survie —> Trois composantes : pression à l’avant de la bouche, traction du dos de la langue, et aspiration vers l’œsophage La coordination de ces trois composantes est une mesure de maturité du SNC. Fouissement : Lorsque le nouveau-né est sur le ventre de sa mère immédiatement après l'accouchement, il rampe jusqu'au sein maternel et cherche le mamelon. Les points cardinaux et recherche (rooting) : Stimulation douce de la peau au coin de la bouche. Réaction d’orientation et de recherche en direction de la source de stimulation. Lié à la survie : recherche du sein. Réflexe de pré-atteinte (prereaching) Le nouveau-né : tend simultanément la main vers un objet qui attire son attention puis réalise ensuite des mouvements de prise L'enfant échoue quasi systématiquement : sa main se referme trop tôt ou trop tard sur l’objet. Vers 2-3 mois, le réflexe de pré-atteinte se transforme en atteinte controlée par la vue (coordination visuo-motrice). Réflexe de Babinski Stimulation de la plante du pied : entraine le déploiement des orteils Excellents indices du fonctionnement neurologique normal Disparition vers l’âge de 6 mois Signe de Babinski : extension lente du gros orteil (pas flexion) = lésion de la voie motrice pyramidale Réflexe d’agrippement (grasping) Palmaire : presser le pouce dans la paume du bébé Plantaire : presser le pouce contre la base des orteils Réaction : les orteils fléchissent et les doigts se referment Réflexe de Moro Réponse à un bruit fort ou à une sensation de chute Déploiement et ouverture brusque des bras et des jambes puis renfermement autour du corps : réflexe d’embrassement Réflexe général : permet l’évaluation du système nerveux central Disparition vers l’âge de 3 mois Les enfants anencéphaliques Malformation sévère avec absence de cortex. Quelques minutes de vie seulement Les reflexes archaïques sont tous intacts : - points cardinaux - succion - Moro Possible réapparition dans le vieillissement pathologique Réflexe de marche automatique (stepping) Mouvement alterné des jambes lorsque l’enfant est en position verticale (Zelazo, 1983), Disparition vers 2 mois La marche automatique : Selon la position maturationiste : Discontinuité entre les réflexes et les conduites volontaires (marche) Les activités réflexes sont sous-corticales (cf. enfants anencéphaliques) et sont inhibées lors de la maturation du cortex. La disparition du réflexe serait liée au passage du contrôle sous-cortical au contrôle cortical de la motricité. Selon la théorie des systèmes dynamique (Thelen, 1984) : Importance du changement des caractéristiques du corps La disparition de la marche réflexe serait liée à l’augmentation de la masse adipeuse des membres inférieurs Le bébé semi-immergé dans l’eau se remet à marcher (l’eau annulant les effets de la pesanteur) et limite la force musculaire nécessaire pour bouger les jambes Aujourd’hui, pas de consensus sur l’explication de la disparition de la marche réflexe ! Séance 2 : VIII Tonus et Postures : A) Importance du développement du tonus et de la posture Ajustement corporel face à la gravité : Le développement du tonus est crucial pour se préparer à la bipédie. (capacité de se déplacer sur deux membres, marcher) Orientation et implication du corps dans le mouvement : Cela est essentiel pour interagir efficacement avec les objets. B) Développement de la posture Le développement postural s’articule autour de trois conduites : Flexion Redressement (postures symétriques) Rotation (postures asymétriques) Caractéristique humaine : La posture se développe de haut en bas, avec un besoin de renforcement musculaire au niveau des épaules. Étapes de développement postural : 3-5 mois : Maintien de la tête. 6-8 mois : Acquisition de la station assise (dos droit). 9-12 mois : Acquisition de la station debout. C) Lois de Gesell Deux lois neurologiques gouvernent le développement psychomoteur précoce : Loi céphalo-caudale : Le contrôle musculaire se développe de la tête aux pieds, impliquant d’abord les muscles du visage (expressivité), suivi par le contrôle de la tête avant de s’asseoir. Loi proximo-distale : Le contrôle musculaire s’étend du centre du corps vers les extrémités, d’abord en maîtrisant les bras, puis les mains et enfin les doigts. IX / Répertoire de Postures A) Postures à la naissance À la naissance, le bébé présente un répertoire limité de postures, organisées autour d’états d’équilibre. B) Catégories de postures : Postures symétriques : (Position droite, Position sur le dos) Utilisées pour la défense, elles présentent une hypotonie (Muscle - résistant) du tronc et une hypertonie (muscles + rigide + résistant) des extrémités. Exemples : positions de vigilance, postures anti-gravitaires. Postures asymétriques : (Croiser les jambes, Position sur le côté) Associées à l’exploration et à l’adaptation perceptive. Exemple : posture de l’escrimeur (ATNP), où le bébé étend le bras du côté tourné. C) Répartition tonique Côté tourné : + tonique, avec le bras en extension. Contrôle visuo-moteur : La main doit se trouver dans la zone de vision pour aider à la manipulation d’objets. Les postures asymétriques permettent un meilleur contrôle de la tête, ce qui soulage le bébé. D) Liens entre posture et espace Postures symétriques : Accentuent l’espace oral, où la bouche capte les objets à portée (ex. : succion). Postures asymétriques : Favorisent l’orientation vers les objets, facilitant l’entrée visuelle. Elles distinguent des espaces gauche et droit. La fusion de ces espaces permet un espace de préhension unifié. X / Évolution et Locomotion A) Bipédie La bipédie est une caractéristique essentielle de l’humanité, marquant un redressement évolutif. Avantages de la bipédie : Gain énergétique significatif comparé à la locomotion quadrupède (consommation d’énergie : 1/4 de celle des chimpanzés). Permet l’utilisation des mains pour des tâches complexes (outils). Contrainte sur le squelette : Rétrécissement de l’écart des hanches chez les femmes. Augmentation de la taille du crâne des bébés, entraînant des accouchements précoces. Marche quadrupède constante (ex. : Turquie) : Un phénomène associé à une hypoplasie du cervelet, suggérant une réapparition d’anciennes locomotions. B) Liens entre locomotion et cognition La bipédie libère les mains, favorisant le développement cognitif complexe (homuncules moteurs). Charlotte Wolff souligne que la montée en activité des mains contribue à l’intelligence. C) Effets de l’exercice moteur sur le développement cognitif L’exercice moteur facilite l’automatisation des actions, réduisant le coût cognitif. La pratique régulière améliore les capacités cognitives (intelligence fluide, résolution de problèmes, créativité). Une activité physique régulière réduit les risques de démence sénile (50%) et de maladie d’Alzheimer (60%). D) Développement de la locomotion Acquérir la locomotion (quatre pattes ou bipède) nécessite d’intégrer : Les contraintes posturales et dynamiques. Les contraintes environnementales pour adapter le comportement. E) Quatre pattes : Équilibre dynamique : plusieurs styles de quatre pattes existent. Après 4 semaines, un patron en diagonale est souvent adopté, indiquant une exploration vers une solution énergétique optimale. Les mouvements répétitifs (ex. : battements de jambes) sont un comportement exploratoire conduisant vers le quatre pattes. Importance du quatre pattes : 7 % des enfants ne passent pas par cette étape Enfants avec retards mentaux marchant directement sans ramper peuvent être plus avancés. F) Vers la bipédie : Cabotage : Transition entre quatre pattes et marche, utilisant simultanément bras et jambes. Se déplacer avec moins de rapidité qu’en quatre pattes. XI / Bipédie A) Processus de marche Phase d’intégration (3-5 mois) : L’enfant marche « en tombant » et s’ajuste vers l’avant. Phase d’ajustement (5-6 ans) : À 8 ans, la marche devient semblable à celle d’un adulte. B) Cécité et motricité La cécité retarde la marche autonome (âge médian de 22 mois pour les enfants aveugles). Les enfants aveugles adoptent des stratégies spécifiques pour maintenir leur équilibre, avancent lentement et utilisent le double appui pour se stabiliser. C) Vision et locomotion Les enfants aveugles ont des difficultés à développer une marche autonome, restant souvent en appui sur les deux pieds pour réactiver les afférences sensorielles. Les résultats d’études montrent que le manque de vision peut ralentir la marche, mais l’expérience auditive peut améliorer la vitesse et la fluidité des mouvements. CCL : Le développement du tonus, de la posture et de la locomotion est fondamental pour l’épanouissement cognitif et moteur. La bipédie représente non seulement une adaptation physique, mais aussi une avancée dans l’intelligence humaine, reliant étroitement mouvement et cognition. XII / Préhension La préhension fait référence à la capacité d’un individu, généralement un bébé ou un jeune enfant, à saisir et manipuler des objets avec ses mains. —> habileté motrice fine qui évolue au fil du temps et qui joue un rôle crucial dans le développement cognitif et physique. Vers 1 mois : disparition du « pre-reaching » Vers 3 mois : ré-émergence systématique A 6 mois : saisie volontaire dʼobjet visuellement guidée A 12 mois : accommodations par rapport aux caractéristiques de lʼobjet (ajustement de la prise, utilisation des doigts) XIII / Gestes bi-manuel Les gestes bimanuel désignent l’utilisation coordonnée des deux mains pour accomplir une tâche. —> indicateur important de la maturation motrice et cognitive de l’enfant. La maîtrise des gestes bimanuel passe par plusieurs étapes du développement, et elle est cruciale pour de nombreuses activités quotidiennes et pour l’acquisition de compétences complexes. Utilisation asymétrique des mains (0-6 mois) : 1. Au début, les nourrissons ne coordonnent pas leurs deux mains de manière consciente. Les gestes des mains sont souvent asynchrones, avec peu de coopération entre elles. À ce stade, un bébé peut agiter les bras ou toucher un objet sans véritable coordination entre les deux mains. 2. Début de coordination bimanuel (6-8 mois) : Les enfants commencent à coordonner leurs mains de façon plus consciente. Ils peuvent tenir un objet avec une main et explorer cet objet avec l’autre. Par exemple, un bébé peut tenir un jouet dans une main tout en touchant ou tapotant ce jouet avec l’autre main. Cela montre un début de coordination entre les deux mains, bien que souvent, l’une des mains joue un rôle plus passif. 3. Geste complémentaire (9-12 mois) : L’enfant commence à utiliser ses deux mains de façon complémentaire. Par exemple, il peut tenir un objet dans une main tout en déchirant ou en tirant une partie de cet objet avec l’autre main. Ce type de coordination implique que chaque main remplit une fonction différente mais interconnectée. 4. Actions coordonnées plus complexes (à partir de 12 mois) : Les enfants deviennent capables de réaliser des actions qui nécessitent une coordination plus fine entre les deux mains. Ils peuvent manipuler des objets avec plus de précision et effectuer des tâches nécessitant une synchronisation complexe, comme ouvrir un bocal en tenant le couvercle avec une main et en tournant la base avec l’autre main. 5. Utilisation des outils (18 mois et plus) : À mesure que l’enfant grandit, les gestes bimanuel deviennent plus complexes, notamment avec l’utilisation d’outils. Par exemple, il peut utiliser une cuillère pour manger, où une main tient le bol et l’autre manipule la cuillère. Cela nécessite une coordination précise et une meilleure différenciation des rôles de chaque main. Rôle : Explorer de nouvelles façons de manipuler des objets. Acquérir des compétences pratiques pour l’autonomie (s’habiller, manger, etc.). Renforcer la coordination œil-main. Développer des compétences de résolution de problèmes en manipulant simultanément plusieurs objets. XIV / Latéralité La latéralité désigne la préférence qu’un individu développe pour utiliser un côté de son corps de manière dominante, que ce soit pour les mains, les pieds, les yeux ou les oreilles. Cette préférence, souvent observée dès les premiers mois de la vie, devient plus marquée au fur et à mesure du développement de l’enfant. A) Détection de la Latéralité Manuelle chez le Nourrisson 1. Préférence manuelle in utero Dès la 15e semaine de gestation : Les bébés commencent à montrer une préférence pour la succion du pouce droit (Hepper, Shahidullah & White, 1991). Mouvements spontanés : Des études montrent que les mouvements des fœtus, sans stimulation sensorielle, se produisent plus fréquemment avec la main droite (80%) (McCartney & Hepper, 1999). À la naissance : Le test d’agrippement d’un hochet révèle que l’agrippement est plus puissant du côté droit (Caplan & Kinsbourne, 1976). Dans le test de Moro, le bras droit se déploie plus rapidement dans 80% des cas par rapport au bras gauche (Rönnqvist, 1995). 2. Étude longitudinale sur 75 fœtus Sur les 75 fœtus observés : 60 présentent une latéralité à droite. 15 présentent une latéralité à gauche. À l’âge de 12 ans, un test de latéralité est effectué : Parmi les 60 fœtus droitiers, tous deviennent droitiers. Parmi les 15 fœtus gauchers, 10 deviennent gauchers. Cette étude suggère que la latéralité observée in utero est prédictive de la latéralité à l’âge adulte. —> c’est-à-dire la tendance à utiliser un côté du corps plutôt qu’un autre, se développent chez un fœtus peuvent indiquer comment cette personne utilisera ses membres a l’âge adulte. B) Indicateurs de la Latéralité Manuelle 1. Tâches bimanuelles vs. unimanuelles Fagard et Marks (2000) indiquent que l’utilisation de tâches bimanuelles est le meilleur indicateur de latéralité, car les tâches unimanuelles peuvent être influencées par le positionnement de l’objet. La fréquence d’utilisation de la main droite augmente lorsque des tâches bimanuelles difficiles sont demandées. 2. Dominance chez les primates non-humains Vauclair, Meguerditchian et Hopkins constatent une dominance droite similaire chez certains primates non-humains, tels que les babouins, mais seulement pour les tâches bimanuelles. Güntürkün : sur le comportement des individus lorsqu’ils s’embrassent, menée en observant 124 baisers dans des lieux publics aux États-Unis, en Allemagne, et en Turquie, met en lumière un phénomène fascinant de latéralité dans les interactions humaines. Selon ses observations, environ deux personnes sur trois (soit environ 65 %) tournent la tête à droite lorsqu’elles s’embrassent. —> met en lumière l’impact des processus de latéralisation dans des comportements sociaux aussi simples que le baiser. Cela montre également que des comportements apparemment anodins peuvent être influencés par des mécanismes cérébraux et développementaux profondément ancrés. —> ce phénomène pourrait s’inscrire dans un ensemble de comportements latéralisés, tout comme la dominance manuelle (être droitier ou gaucher), ou la préférence pour utiliser un œil ou une oreille de manière plus dominante. CCL : La latéralité, qui se manifeste par la préférence pour un côté du corps, est un aspect essentiel du développement humain. Les recherches montrent que cette préférence peut être détectée dès la vie fœtale et est souvent un indicateur fiable de la latéralité future. L’utilisation de tâches bimanuelles s’avère être une méthode efficace pour évaluer cette préférence, et des parallèles intéressants peuvent être établis avec la latéralité observée chez certaines espèces de primates. C) Développement des bébés aveugles : Préhension et réorganisation corticale Préhension chez les bébés aveugles Réflexes d’agrippement normaux : Les bébés aveugles naissent avec des réflexes d’agrippement similaires à ceux des bébés voyants. Activité manuelle spontanée faible : Contrairement aux bébés voyants, les bébés aveugles montrent une activité manuelle spontanée très réduite. Absence de perception à distance : Le toucher ne permet pas de percevoir à distance. Ainsi, les bébés aveugles n’ont pas de motivation à atteindre des objets dont ils ignorent l’existence perceptible. “Mains aveugles” (Fraiberg, 1977) Les bébés aveugles ont des mains passives qui restent souvent près des épaules, avec de légers mouvements des doigts sans but apparent. Coordination audition-préhension retardée : Elle apparaît vers 12-13 mois chez les bébés aveugles, tandis que la coordination vision-préhension apparaît beaucoup plus tôt chez les bébés voyants (vers 4-6 mois). Recherche d’un objet tombé : Les bébés aveugles réussissent à retrouver un objet tombé vers 16 mois, comparativement aux bébés voyants qui réussissent cela entre 6 et 7 mois. Réorganisation corticale chez les aveugles Aires sensorielles élargies : Chez les bons lecteurs de braille, les zones corticales liées aux doigts s’élargissent (Pascual-Leone & Torres, 1993). Colonisation des aires visuelles : Chez les aveugles précoces, les aires visuelles du cerveau sont réaffectées au traitement des informations tactiles (Sadato et al., 1997). Capacités auditives et tactiles intactes : Les seuils de détection sensorielle ne sont pas augmentés (Axelrod, 1959 ; Benedetti & Loeb, 1972), évitant une hypersensibilité handicapante. Amélioration de l’attention et du traitement : Ce sont principalement les capacités d’attention et de traitement qui sont améliorées, plutôt que la sensibilité elle-même (Miller, 1992). Approche systémique de la réorganisation corticale Le développement des bébés aveugles implique une réorganisation cérébrale importante, où les aires du cerveau non sollicitées par la vision sont mobilisées pour d’autres fonctions, comme le toucher et l’audition. Motricité Expressive : Jorio (1832) : La gestuelle napolitaine et son origine antique Étude sur la gestuelle napolitaine : Jorio analyse les gestes utilisés dans la culture napolitaine. Continuité historique : Il observe une continuité entre les gestes utilisés dans l’Antiquité grecque et ceux encore présents à l’époque moderne, particulièrement à Naples. Les gestes conventionnels désignent des mouvements ou des actions corporelles qui ont une signification partagée et reconnue par une communauté ou une culture. —> utilisés pour communiquer des idées, des émotions ou des intentions, et leur signification est généralement acquise par apprentissage social. Ils sont un aspect fondamental du développement de la communication non verbale, surtout chez les jeunes enfants avant l’acquisition du langage. —> Exemple : Non (doigt), Oui (tête) Applaudir, Silence, Au revoir Le pointage comme support à la communication Attention conjointe : Capacité à partager un événement avec autrui en alternant l’attention entre un objet et une personne (Bruner, 1975). C’est un aspect clé du développement social et cognitif chez l’enfant. Émotions partagées : Le pointage permet aux enfants de communiquer non seulement des informations, mais aussi des émotions qu’ils ressentent = favorisant les interactions sociales. Empathie : À travers le geste de pointage, les enfants développent une forme d’empathie en apprenant à reconnaître et à partager les états émotionnels d’autrui.