BLOC 1. Les croissances depuis 1945 PDF

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This document analyses economic growth since 1945. It covers definitions, historical context before 1945, the 30 glorious years of growth, the disruptions of the 1970s, and the new growth regime since the 1990s. The document examines various aspects of economic growth and provides examples.

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François Dord HEC Paris BLOC 1 : les croissances depuis 1945 Introduction …………… Définitions …………… Avant 1945: quoi ? …………… Actualité : où est passée la croissance ? I. La croissance des 30 glorieuses A) Une croissance forte et peu cyclique …………… La croissance par pays …………… le contraste Nord-Sud ………...

François Dord HEC Paris BLOC 1 : les croissances depuis 1945 Introduction …………… Définitions …………… Avant 1945: quoi ? …………… Actualité : où est passée la croissance ? I. La croissance des 30 glorieuses A) Une croissance forte et peu cyclique …………… La croissance par pays …………… le contraste Nord-Sud …………… Les déséquilibres …………… SMI de BW B) Une croissance jugée socialement satisfaisante …………… Le chômage faible …………… Les inégalités …………… La hausse des revenus C) Les moteurs de la croissance …………… Les GDP …………… L’auto-renforcement des GDP …………… L’inflation …………… Les politiques publiques …………… Un cadre international favorable II. La rupture des années 70 A) Le ralentissement de la croissance et la montée des déséquilibres réels …………… Les composantes du carré de Kaldor B) Des chocs multiples …………… Des chocs exogènes …………… Des chocs endogènes III. Le nouveau régime de croissance depuis les années 90 A) Une croissance cyclique et entrecoupée de crises …………… Des crises financières de plus en plus nombreuses …………… Qui est responsable ? …………… L’État en défaillance de régulation B) L’effet des politiques publiques : des déséquilibres qui changent …………… Un changement face auquel l’État est inactif …………… Des politiques versatiles depuis les années 70’s …………… L’État comme prêteur en dernier ressort C) Les changements de moteurs de la croissance …………… La mondialisation …………… Le progrès technique D) Une croissance vouée à rester atone : la question de la stagnation séculaire …………… Définition …………… Mise en contexte et actualité Page 1 François Dord HEC Paris …………… Quelles causes ? Ouverture et étude de cas A) La croissance avant 1945 : un aperçu historique ………… Jadis, la croissance ………… Une société des ordres, une société de l’ordre ………… La morale mute ………… Les révolutions industrielles B) Autres analyses de la croissance : les classiques ………… Les analyses classiques C) Le rôle des institutions ………… Les institutions qui régissent le droit de propriété ………… Les institutions de la concurrence ………… Il n’existe pas un seul modèle institutionnel ………… La démocratie D) Croissance et bien-être ………… Le bonheur et la croissance E) Croissance et consommation Page 2 HEC Paris Introduction « Nous sommes engagés dans ce que j’appelle une révolution industrielle sans croissance ». COHEN, Le monde est clos et le désir est infini (2015) « L’humanité doit réussir aujourd’hui le passage du règne de de la quantité industrielle à celui de la qualité postindustrielle ». COHEN, Le monde est clos et le désir est infini (2015) « Si la croissance ne revenait pas, ce serait comme une deuxième mort de Dieu ». COHEN, Le monde est clos et le désir est infini (2015) Définitions. F.PERROUX, l’économie du XXè siècle (1967) : la croissance est une « augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, d’un indicateur de dimensions, le produit global brut ou net, en des termes réel pour nation ». H.GUITTON, les mouvements conjoncturels (1971) : le cycle « est composé par un ensemble d’années séparées par des maxima (date de la crise) et des minima (moment de la reprise) ». RALLE et GELLEC : le progr s technique est un accroissement de la connaissance que les hommes ont des lois de la N appliqu es la production. Il consiste donc dans l’invention de produits et proc d s nouveaux qui augmentent le bientre soit par accroissement // par transformation de la consommation. J.MOKYR, The Lever of Riches (1990) distingue deux types de croissances : 1. La croissance extensive (parfois appelée “Ricardienne”) : c’est une croissance fondée sur l’accroissement des facteurs de production, ou d’échelle dans la vente de la production. 2. La croissance intensive (parfois appelée “Schumpeterienne”) : c’est une croissance qui découle de l’innovation, c’est à dire qu’à facteurs de production et périmètre équivalent, je vais générer davantage de valeur. Avant 1945 : quoi ? Angus MADDISON, L’économie mondiale, une perspective millénaire (2001) : retrace évolution de croissance depuis l’an 1000. 1. Une croissance faible jusque dans les années 1820. Phénomène qui se produit à intervalles réguliers dans les économies au 15ème, mais jusqu’aux années 1820, la croissance reste très faible (environ 0,2% par an). La croissance économique est donc imperceptible par les populations et s’adapte à la croissance démographique, ce qui correspond à la thèse de Thomas MALTHUS, Principe de Population (1798). 2. Années 1820 : Rupture, entrée dans l’ère de la croissance. Croissance devient significativement élevée et persistante. Il dégage deux sous périodes : ★1820 - 1950 : Croissance mondiale moyenne de 1,2% par an. C’est le début de la croissance mondiale, qui est principalement extensive avec le développement des industries du textile, puis des métiers de la sidérurgie, et des chemins de fer : qui enclenchent et entretiennent processus de croissance de révolution industrielle. Entre 1850 et 1913, chemins de fers passent de 350.000 à 1.000.000 kilomètres de quoi tirer la croissance avec effets d’entrainements. Toutefois, cette période est aussi le théâtre de grandes crises : les deux guerres mondiales, ainsi que la crise de 1929. « En Amérique nous sommes plus près de la prospérité, plus près du triomphe final sur la pauvreté qu’aucun autre pays de l’histoire ne l’a jamais été » déclare Herbert HOOVER, président des USA en mars 1929. Trois ans plus tard, 25% des actifs sont au chômage et le PIB a reculé de 45%. Cette crise est déclenchée par un krach boursier qui ruine les épargnants & les banques qui réduisent prêts aux entreprises qui elles-même rapatrient leur capitaux et créent une crise mondiale, d’autant plus accentuée par au protectionnisme. La crise de 1929 est unique par son ampleur et ses conséquences, elle inaugure en Europe, l’ « ère de tyrannies » E.HALÉVY. ★1950 jusqu’à la fin 1990 : Accélération de la croissance, 2,8% en moyenne. é é è à Page 3 é ê François Dord François Dord HEC Paris La croissance ainsi que les gains de productivité, d’après A.SAUVY, La machine et le chômage (1980) : entraînent la transformation de la structure de l’emploi, et le « déversement de l’emploi » : ✗ Primaire (agriculture) : innovations & nouvelles techniques (jachère) en 1870 ont fait chuter la main d’oeuvre agricole. En 1962, la part de l’emploi agricole dans l’emploi est de 20% alors qu’en 2021 elle est de 1,5% (INSEE). ✗ Secondaire (industrie) : avec l’organisation du travail, l’emploi industriel est passé de 30% en 1962 à 18,9% en 2021(INSEE). ✗ Tertiaire (services) : 42% en 1962 contre 79,6% en 2021(INSEE). Actualité : où est passée la croissance ? Depuis les trente glorieuses (48-73) plusieurs périodes de croissance se sont succédées (années 80’s, boom internet des années 2000) mais qui semblent être nettement plus conjoncturelles, erratiques et socialement moins justes. Comment expliquer cela ? Page 4 François Dord HEC Paris I. La croissance des 30 glorieuses A) Une croissance forte et peu cyclique ➔ Les croissances par pays (1945-1973). LA FRANCE Durant les 30 glorieuses, le taux de croissance redouble et se situe autour de 4,9% pour reprendre les travaux de DUBOIS, MALINVAUD & CARRÉ, La croissance Française avec un très fort progrès technique (sans cela la croissance aurait été de 1%). Pendant la période antérieure les taux étaient plus de l’ordre de 2%. De surcroit c’est une croissance extrêmement stable, des oscillations entre 3% et 6%. LA RFA En moyenne la RFA a connu un taux de croissance de 5,1%, allant jusqu’à 8% de croissance. LE JAPON Le pays connait le même phénomène qu’en Europe mais encore en accéléré avec des taux de croissances qui sont entre 6% et 12% qu’on appelle la « haute croissance ». Les taux exceptionnels de croissance du Japon et de l’Allemagne peuvent être en partie expliqués par le fait que ce sont des économies vaincues où les besoins de reconstruction sont majeurs et où la coopération internationale aura été spécialement favorable notamment à travers une sous évaluation du taux de change (« politique généreuse américaine »), de façon à encourager la croissance & décourager les entreprises guerrières possibles. LE ROYAUME-UNI Au RU, les taux sont plus faibles entre 1% et 4%, mais aussi plus cyclique. L’Angleterre est l’ « homme malade de l’Europe » ce qui explique en partie que la révolution libérale se fasse d’abord chez eux avec Margret THATCHER en 1979. LES ÉTATS-UNIS La croissance est certes plus dynamiques qu’en GB (3,6%) mais reste inférieur aux croissances européenne. C’est une croissance qui prolonge les taux normaux américains. Par contre il y a des récessions (en 54 -0,7%, en 58 -0,5% en 70 0% ou en 74 -0,6%). ➔ Le contraste Nord-Sud de cette période est total, l’un prospère, l’autre combat. Au Nord : L’abondance générale emprunte la voie de la social-démocratie & de l’État providence. Le fordisme sera l’occasion d’obtenir taux de croissance inégalés où « les cercles vertueux de la croissance social-démocrate autocentrée » (P.-N. GIRAUD, L’Inégalité du monde, 1996) prennent la forme d’un partage « équilibré » gains de productivité entre hausse des salaires, maintien profits à haut niveau, prélèvements étatiques & baisse des prix réels. Au Sud : Les économie en développement tentent de déterminer des modèles originaux en mesure d’orchestrer leur rattrapage en conciliant « les postulats contradictoires des modèles marxiste et néo-libéral, fondés l’un et l’autre sur la nécessité de la croissance » (G.RIST). Les controverses portent sur fait de savoir quelles industries sont en mesure de maximiser la croissance : développement par industries industrialisantes, industrialisation par substitution d’importations, industrialisation par promotion des exportations … ➔ Les déséquilibres : l’inflation est le phénomène majeur. L’inflation est souvent liée au fait que l’output gap serait faible. L’économie est au taux de chômage naturel, et g (croissance) se rapproche de gn+t (croissance potentielle). De fait le taux de chômage est très faible en France : il faut mener des politiques monétaires restrictives pour éviter de faire grimper l’inflation. Durant les 50’s en France, l’inflation est à 1% et les TI de courts terme sont à 3%, les TI réels sont donc de 2%, ce qui ne correspond ni à des taux de maintient de l’activité ni en somme de lutte forte contre l’inflation qui est un phénomène bien acceptée à l’époque. Ce taux va structurellement monter à mesure que la croissance se rapproche de la frontière technologique. Page 5 François Dord HEC Paris Au Japon, à une croissance plus forte correspond plus d’inflation toujours avec peu de chômage, mais des politiques monétaires plus restrictives donnent un TI réel de 5%. La croissance est forte malgré un crédit coûteux. L’inflation a tendance à être plus structurelle, ce qu’on voit sur les TI anticipées longs sont de 6%, cela fait des taux longs réels qui sont entre 0 et 3% cette faiblesse des TI est aussi du à un nationalisme financier, les Japonais acceptent des TI faibles. En Allemagne la croissance est plus forte mais avec des taux d’inflations plus contrôlés, car : 1. On associe souvent ceci à une forte action des politiques monétaires par peur historique de l’hyper-inflation. En réalité, les TI de CT sont aux mêmes niveaux que la France. 2. L’Allemagne est excédentaire toutes les 30’s glorieuses, donc l’inflation n’est pas du côté de la demande car elle exporte (balance courante excédentaire de 2-3%). Un excédant courant (exporte plus qu’on importe), signifie que l’on produit plus que l’on consomme , c’est donc forcément au détriment de la demande intérieure. 3. Cette maitrise de l’inflation est RFA est liée aux modalités de partage de la valeur ajoutée sur le marché du travail, à présence syndicale, syndicats coopératives et réformistes qui fait que les W augmentent au même rythme que les GDP. Pour avoir un excédent il se peut que l’on comprime D. LES TAUX ÉCONOMIQUES TI à LT : taux obligataires, décidés par les marchés. Ils sont influencés par les agences de notations avec leurs notes, c’est en réalité le taux auquel les marchés se financent. L’État na pas d’influence réelle sur ces taux. Il prend en compte les anticipations d’inflation. TI de CT : taux de la monnaie, décidés par le taux directeur et donc l’État. L’inflation est globalement lié à la masse monétaire, il s’agit de la contrôler, c’est à dire ce qui est réellement utilisé en instrument de payement. ➔ Le SMI de Bretton Woods constitue une force de rappel qui contribue à limiter l’inflation car on ne peut pas durablement avoir une inflation supérieure aux autres. (1) si un pays est en surchauffe et connaît des niveaux d’inflation supérieurs à ses partenaires alors sa monnaie perd de sa valeur par rapport aux autres monnaies (2) le pays devient alors moins compétitif, exporte moins et le déficit commercial augmente (3) ce qui déclenche des ventes de monnaie nationale et l’achat de devise étrangère (4) la devise nationale baisse (5) comme la convertibilité des monnaies par rapport au dollar est encadrée par un cours plancher et un cours plafond, qui interdit à ces monnaies de s'écarter de plus de 1 % de la parité initiale fixé, la BC doit intervenir et injecte ou retire de la monnaie (6) on ne peut pas avoir durablement un taux d’inflation supérieur à ses partenaires. La France connait un pic d’inflation de 15% en 1959 après la mise en plan du plan Pinay-Rueff (dévaluation de 17% du Franc) mais cet écart est résorbé en moins d’un an et retombe à 4% en 1960. B) Une croissance jugée socialement satisfaisante ➔ Les taux de chômage sont très faibles (1% à 2% en Europe) et ce pour plusieurs raisons. La structure des emplois proposés ne suppose pas une forte qualification Les gains de productivités : permettent sans cesse de faire baisser les coûts et de hausser l’emploi Les politiques monétaires : balance courantes plutôt équilibrées, donc pas de réels déséquilibres de compétitivité entre les pays. De plus, le SMI, à CT exerce une force de rappel pour l’inflation. ➔ Un plein-emploi qui se caractérise également par un déclin des inégalités. Revenus réels en France augmentent de 5% par an de 49-70. Le niveau de vie a quintuplé sur la période : un ouvrier des 80’s a le même niveau de vie qu’un cadre des années 50’s. ➡ Cette augmentation du revenu moyen c’est bien sur la hausse des salaires, alimentée par les GDP qui progressivement rapprochent les niveau de productivités européens du niveau USA et permet sans déformation excessive de la valeur ajoutée, une hausse des salaires. En 1950, le niveau de productivité horaire est de 40% du niveau américain et passe à 94% des USA en 1987. ➡ À cette répartition primaire s’ajoute une répartition secondaire des Y par les transferts sociaux qui en 1950 représentent 19% du Y disponible, 25% en 1969 et 33% dans les 90. Page 6 François Dord HEC Paris ➔ Vérification de la hausse des Y. La vérification de la hausse effective des revenus réels peut se vérifier grâce à la Loi d’Engel qui démontre que, le revenu augmentant, la structure de la consommation change. Et durant cette période de forte croissance il y a effectivement un rapprochement des structures de consommation qui est un signe pertinent du rapprochement des niveaux de vie. En 1956, un cadre consacre 25 % de son Y à son alimentation, alors qu’un ouvrier 50,6%, en 1979, l’alimentation pour le cadre passe 18,7% alors que l’ouvrier passe à 28,6%. Toutefois, si la croissance est soutenable économiquement, il semble qu’en d’autres termes, elle pourrait-être partiellement remise en question : Pendant la période, certaines inégalités demeurent : l’extreme pauvreté n’est pas effacée. C’est notamment le cas des retraités qui subissent la pauvreté du fait que les allocations ne sont pas universelles. Persistance « d’un 1/4 monde » selon l’expression de l’ABBÉ PIERRE en 1954 quant à logement, à l’intégration et à l’accès à santé. En plus des critiques sociales qu’on peut faire du taylorisme au niveau écologique elle a été un désastre avec l’avènement du pétrole et des transports. BONNEUIL, PESSIS & TOPÇU, Une autre histoire des 30 Glorieuses (2013), soulignent que la croissance des 30 Glorieuses, tirée par le progrès technique notamment, n’a pas été synonyme de développement (destruction environnementale notamment). C) Les moteurs de la croissance ➔ Le moteur premier de la croissance : les gains de productivité. Les GDP sont moteurs de la croissance. Or ces GDP augmentent de plus de 75% dans la période selon l’économiste Angus MADDISON dans Dynamic Forces in Capitalistic Development (1991). La France rattrape peu à peu le niveau de productivité des USA. La qualité du travail augmente beaucoup durant les 30 glorieuses avec un accès démocratisé à l’éducation, une réforme des systèmes éducatifs et une montée en gamme de savoir faire. De nombreux plans vont voir le jour afin de proposer des améliorations des systèmes éducatifs, à l’instar du Plan Langevin-Wallon qui prévoit par exemple un accès à l’école gratuit, laïque et obligatoire jusqu'à l'âge de 18 ans. La qualité du capital augmente également beaucoup durant les 30 glorieuses, qualité dont le Plan Marshall se veut l’épitomé. Fini le labourage à cheval, la France s’équipe peu à peu en tracteurs ! ➔ L’auto-renforcement de la croissance avec les GDP. 1. D’abord la PGF est facteur de croissance, ce sont les innovations technologiques … qui jouent sur les capacités de production et, en réaction, sur la demande. C’est majoritairement une croissance exogène, transmise par les États Unis à travers le plan Marshall ou par la diffusion de leurs innovations et de leurs manières de produire. 2. Mais la Loi de Verdoorn montre aussi que la croissance donne lieu à du PGF, elle renforce les gains de productivités, analyse qui sera corroborée par les théories de la croissance endogène. C’est une croissance plus endogène puisqu’elle stimule la PGF car elle hausse la taille des marchés, la division du travail, les externalités. En d’autres termes, une croissance plus élevée dans la production augmente la productivité du fait des rendements croissants. ➔ L’inflation comme autre moteur. Durant la période des 30 glorieuses on estime que l’inflation a eu un effet positif, on parle d’inflation « créatrice » : puisqu’elle est mal anticipée par les agents et que les salaires ne lui sont pas indexés, l’inflation a une pression à la baisse sur les coûts. Ceci fait donc baisser le coût marginal (Cm1 ➔ Cm2) et donc : Page 7 François Dord HEC Paris Soit la courbe d’offre qui est la partie croissante du coût marginal peut hausser (O1 ➔ O2), ce qui résulte en une baisse des prix et une hausse des quantités. C’est cette baisse des prix qui fait que l’inflation n’est pas généralisée Soit l’EBE hausse, l’auto-financement aussi mais on retrouve cette même logique puisque cela crée du progrèstechnique et donc fait baisser les prix … Si l’inflation peut être créatrice c’est car elle est mal anticipée, et si elle est anticipée aussi bas c’est que les agents, du fait qu’il y ait une répression financière, estiment que la rentabilité sera moyenne voire faible, donc ancrent leurs anticipations de manière très basse. Inflation mal anticipée par salarié → baisse du salaire réel (car salaire nominal hausse moins vite que l’inflation) → hausse de la croissance car hausse des profits et donc de l’I. Par exemple les taux longs sont à 5% en 1857 alors que l’inflation à 10%. Des politiques publiques qui cherchent à maintenir et stabiliser un haut niveau de croissance. ➔ Les 30 glorieuses sont le théâtre des politiques de l’offre. Parler de l’ « âge d’or des politiques keynésiennes » est trompeur car les trente glorieuses ont bien plus été le théâtres de politiques structurelles (de l’offre) que de fine-tuning keynésien. En effet, l’action la plus importante de l’État durant cette période aura été sa politique de l’offre par la création d’un cadre institutionnel favorable qui stimule la productivité ainsi que la diffusion des innovations américaines. C.ANDRÉ & R.DELORME, L’État et l’économie (1984) précisent que les dépenses de l’État augmentent 2 fois moins vite que celles de la Sécurité Sociale. L’État ne fait que répondre aux tensions mais en aucun cas n’a une action « active » sur l’économie. On peut toutefois retracer l’action des différents canaux de la politique conjoncturelle. Politiques budgétaires : politiques discrétionnaires : politiques conjoncturelles sont à l’origine de la croissance donc de PGF en boostant D intérieur, ce qui favorise I en vertu du multiplicateur keynésien; ces plans seront rares durant la période. Politiques automatiques : les politiques de stabilisateurs automatiques se mettent en places et permettent un contra-cyclisme passif. Politique de répartition qui permettent l’égalisation du taux d’épargne et du taux d’intérêt avec une croissance peu cyclique et forte. La mise en place de stabilisateur automatiques sont la conséquences des travaux de J.M.KEYNES : grâce à une « assez large socialisation de l’investissement » et soutien aux faibles revenus dont la propension marginale à consommer est élevée l’État doit alors « supprimer les dépressions et maintenir en permanence une situation voisine du boom ». En situation de dépression Etat doit s’ajouter aux investissements privés (et n’ont pas s’y substituer) en engageant dépenses d’investissement. En effet, on estime aujourd’hui que la propension marginale à consommer est de 0,99 pour le premier décile contre 0,19 pour le dernier. Politiques monétaires : visent à avoir des TIR faibles voire négatifs (inflation > taux d’intérêt). Cela n’est possible que parce que le cadre financier mondial est un cadre de répression financière : il n’y a pas libre circulation des capitaux. Aujourd’hui, dans une telle situation, il y a aurait une fuite des capitaux. Pendant les 30G, les salaires croissent plus vites que les revenus du capital donc écrasement de l’éventail des revenus. ➔ Un cadre international favorable : les États-Unis au secours économique des vaincus. Le gouvernement de Harry Truman, alors président des USA, décide de venir en aide aux vaincus, notamment en pour contrer la « théorie des dominos » imposée par l’URSS. Ainsi une grande partie de notre croissance va être tirée par les USA qui aide l’Europe par deux canaux : Afin de prévenir l'accession au pouvoir des partis communistes en Europe de l’Ouest, les US mettent en œuvre suite à la conférence de Paris (1947) le Plan Marshall, un programme de prêts accordés aux États pour aider à la reconstruction des villes et des installations bombardées lors de la Seconde Guerre mondiale. En quatre ans, les US versent à l'Europe 16,5 milliards de dollars (l'équivalent de 173 milliards de dollars de 2018). A cela s’ajoute une actualisation de l’organisation du travail, notamment en Europe de l’Ouest, où le paradigme Taylor-Fordiste se répand sur le vieux contient, presque trente ans après les États-Unis, décuplant encore les gains de productivité. → Dans cette période spéciale, l’État a une légitimité très forte et suffisante pour « dire l’avenir » (ORLÉAN) en orientant les anticipations dans un sens favorable à la croissance. Il est vu comme un « Etat bienveillant et omniscient » (BERGSON, 1938) capable de « définir une fonction de bien-être que le marché est incapable de déterminer » (SAMUELSON) et d’augmenter ce bien-être par la production des services publics et par son activité de répartition. Page 8 François Dord II. HEC Paris La rupture des années 70 Dans les années 70’s, après 25 années de croissance forte et stable, le paradigme économique change. Il y a non seulement une baisse de la croissance, mais des déséquilibres réels et monétaires voient également le jour ! Comment expliquer ces phénomènes ? A) Le ralentissement de la croissance et la montée des déséquilibres réels ➔ Les 4 composantes du carré de Kaldor se déséquilibrent. La croissance passe de 5% à 3%, non atone mais ralentie. Cette croissance se fait avec une plus forte inflation (dépasse les 5% en France après 1967). On peut imputer cette hausse d’abord à un rapprochement de la croissance potentielle, mais également à la disparition de l’illusion monétaire mais également au choc pétrolier. Il y a également une montée anormale du U (passe en deçà de 2% en France en 1967 puis 3% en 1970) : on voit apparaitre un phénomène nouveau, la « stagflation » qui vient s’inscrire en faux par rapport aux théories keynésiennes de « fine tunning ». Des déséquilibres extérieurs : avec la fin de la force de rappel de BW. Dès que l’inflation augmente dans les 70’s, alors BW explose aussi (68 la valeur en or baisse → 71 la non convertibilité en or du dollar → 76 accords de Jamaïque). B) ➔ Des Des chocs multiples chocs exogènes qui importent un système à l’équilibre. → Les chocs pétroliers En 73 puis 79 des chocs pétroliers portent atteintes aux modèles de croissances occidentaux. Le marché du pétrole est à l’époque controlé par la demande (par les 7 majors). L’OPEP se crée en 1960 à Bagdad et cherche à remédier à ce déséquilibre de marché monopolaire bilatéral : la guerre du Kippour conduit à un embargo du cartel et fait hausser le prix du baril de 3$ à 15$ le baril. Puis un second choc en 1979 au moment de la crise iranienne le fait passer de 13$ à 34$. Cela constitue un choc d’offre négatif massif sur les économies. Sur plan, on a donc coût marginal qui se délace vers le haut et pour un prix donné, le PIB recule. Alors on hausse les prix pour maintenir le PIB. D’où le fait que l’inflation soit à 15.2% en 1974 et 1975 avec le PIB qui est en récession de 0.1% en 1975. Page 9 François Dord HEC Paris → Le choc monétaire La force de rappel Bretton Woods disparaissant avec la fin des taux de changes fixes, les marges de manœuvre augmentent. La fin de cette fixité des changes, de même que l’ouverture progressive des marchés induit un dysfonctionnement des politiques de la demande qui sont en proie non seulement à une inefficacité (à cause de la propension marginale à importer) mais également à une spirale inflation dévaluation. 1. En 1976, les accords de la Jamaïque institutionnalisent la fin de Bretton Woods libérant les politiques conjoncturelles de la force de rappel que BW représentait. Cette instabilité monétaire internationale est renforcée par les politiques discrétionnaires menées, qui se préoccupent plus d’inflation et de croissance et moins de la parité extérieure de la monnaie. 2. On a donc non seulement un choc pétrolier qui augmente le coût d’importation de pétrole mais aussi un choc monétaire inflationniste : la masse de dollars augmente au niveau mondial et les politiques conjoncturelles ne sont plus soumises à la force de rappel de BW. 3. Dans un premier temps, la baisse du dollar compense pour partie le choc pétrolier mais dans un deuxième temps, il y a choc pétrolier et appréciation du dollar ; il y a donc un double choc. → Voir Bloc 3.B & 5.B. → Le changement de paradigme de la littérature économique Dans les années 70’s, le paradigme économique change et beaucoup vont dénoncer le rôle hypertrophique de l’État dans l’économie. Ci-dessous un résumé des grands reproches effectués : Une critique de la bienveillance de l’État : l’école du Public Choice. L’État n’est ni bienveillant ni omniscient ! Les décisions politiques sont considérées comme le résultat de choix individuels motivés par l'intérêt personnel des décideurs. Le terme « Public Choice », apparu dans les années 1960 trouve son origine dans le livre fondateur The Calculus of Consent (1962) James BUCHANAN et Gordon TULLOCK. Cette approche explique la politique en utilisant les concepts de la microéconomie. Les acteurs politiques et les fonctionnaires sont considérés comme agissant de manière similaire aux consommateurs et producteurs de la théorie économique, mais dans un contexte institutionnel différent. Une distinction notable réside dans le fait que l'argent impliqué dans les décisions politiques n'est généralement pas le leur, introduisant ainsi le problème principal-agent. La motivation des acteurs politiques est de maximiser leur intérêt personnel, englobant l'intérêt collectif selon leur propre conception. Les politiciens cherchent à maximiser leurs chances d'élection ou de réélection, tandis que les fonctionnaires cherchent à maximiser leur utilité (revenu, pouvoir, etc.). En outre, les biais cognitifs et émotionnels observés dans l'économie comportementale sur le marché se manifestent également dans les décisions publiques, bien que ces biais soient moins susceptibles de correction naturelle. L’État ne serait, pour reprendre la formule de BERGSON ni « bienveillant » ni « omniscient ». → Exemple : G7 premier groupe de taxi français, fondé par Joseph ROUSSELET, un proche de MITTERAND a subit de plein fouet la concurrence des VTC dans les années 2010. Aujourd’hui gérée par son fils, l’entreprise a mis en place un lobbying très fort, qui a aboutit sur la Loi Thevenoud qui a très fortement contraint les VTC pour conserver le « privilège taxi ». NORDHAUS, The political Business Cycle (1975) ouvre une autre voie pour le choix public, celle du « cycle electoral ». Il explique que dans le contexte des années 1970 avec l’arbitrage inflation-chômage, à l'approche des élections, gouvernements sont tentés de créer de l'inflation (pour faire baisser le niveau du chômage à court terme, et remporter ainsi les élections) qu'ils combattent ensuite. → Exemple : Une étude, réalisée sur l'ensemble des communes françaises de plus de 10.000 habitants, couvrant les élections de 1989 et de 1995 a montré ainsi que la réduction d'impôt est le premier levier d'action des stratégies électorales municipales françaises. Ces stratégies électorales ont été mises en évidence dans un article de Jean Sébastien PENTECÔTE, Structure de l'impôt et cycle électoral au plan municipal (2006). Arrivés à la frontière technologique, les entreprises étatiques ne sont plus utiles : il faut désormais une croissance schumpeterienne. En reprenant l’analyse de Ronald COASE, The Problem of Social Cost (1960), il existe une taille optimale pour toute organisation, qui s’articule entre ses coûts d’organisation et de transaction. On peut aisément faire l’hypothèse qu’à la fin des 30 glorieuses, les entreprises étatiques, qui étaient légions et qui tiraient la croissance, étaient devenues trop grosses, id est avaient des coûts d’organisation qui étaient devenus bien supérieurs à ses coûts de transaction; créant donc une sousoptimalité. Page 10 François Dord HEC Paris Or, à cette période, et en général lorsque l’État a de trop grandes fonctions économiques, cette situation d’hypertrophie est très souvent atteinte. C’est ce que montre NISKANEN, Reaganomics: An Insider's Account of the Policies and of the People (1988) où il démontre la mesure dans laquelle les gouvernements ont toujours tendance à la sur-optimisation de leurs moyens et de leurs capacités. LEIBENSTEIN avec sa critique de l’ « Inefficience X » démontre que les entreprises les plus grosses, sont celles qui innovent le moins et que les secteurs sans concurrence sont peu innovants et donc peu performants. Par exemple en 1977, l’entreprise publique British Steel avec 230.000 salariés produisait moins que KRUPP avec 90.000 emplois qui était privée, dans le domaine de la sidérurgie. En réponse aux « défaillances de marché », la littérature économique appuie les « défaillances de l’État », sources de déséquilibres. D’abord, de nombreux auteurs remettent au goût du jour les théories libérales selon laquelle l’État est source de déséquilibres dès lors qu’il intervient dans le marché et que la concurrence de marché serte la meilleure solution au regard des rentes qu’engendrent les interventions. C’est notamment ce que STIGLER & POSNER, The theory of Economic Regulation (1971) appellent la théorie de la capture de la rente. Ils prônent alors la dérèglementation des marchés, une « politique qui vise à obtenir les effets recherches de la réglementation économique ou sociale à moindre cout pour la communauté en rétablissant les fonctions de la concurrence comme instrument d’allocation des ressources entre les différents marchés ». C’est finalement la reprise classique de la micro-économie qui déjà énonce qu’en situation monopolistique (/d’intervention de l’État), l’État distord le marché en étant « market-maker ». Elle peut imposer un prix plus élevé (PM>PC) : elle accroit son surplus de producteur au détriment du surplus du consommateur. Il y a une perte de demande (A-E-C), c’est des biens qui seront ni achetés ni vendus, perte de surplus pour la société. Toutes ces théories de distortion inhérentes au soutien de l’État sont non sans rappeler les critiques fondamentales sur la présence de l’État par F.V. HAYEK, Prix et Production (1933) & La Route de la Servitude (1942) : la structure de information rend toute commande l’État impossible et conduit à son paroxysme à l’abolition des libertés et à la servitude. Seul marché est capable de traiter l’information dispersée. Il développe la théorie selon laquelle la crise économique est provoquée par des politique monétaire expansionnistes des banques centrales qui faussent le système de prix relatifs dans la structure de production; l'excès de crédit/ de fonds étatiques développent exagérément les étages de cette structure les plus éloignés de la consommation finale, où les hausses de prix révèleront ensuite que les investissement n'étaient pas rentables. Dans ces conditions, la politique d'ajustement devrait consister à laisser les prix revenir à leur configuration d'équilibre, tout en renonçant à l'excès de crédit et en encourageant l'épargne pour réduire + rapidement l'écart entre l’investissement et son financement, que la crise a révélé. De manière moins systématique, d’autres théories insistent moins sur l’action de l’État que sur le tout nouveau contexte mondial qui rend son action caduque. Tout d’abord car il y a un nouveau facteur : la mondialisation. → voir Bloc 3.A. De plus des auteurs comme FRIEDMAN vont reconnaître qu’à court-terme, l’État va bien pouvoir avoir une action positive et par un certain nombres de biais, influencer la croissance économique. Mais à long-terme cette action est délétère. C’est notamment ce qu’il avance en 1968, dans un article avec PHELPS où ils introduisent la notion de taux de chômage naturel, qui rend La Courbe de Philips caduque. À CT, la politique économique semble efficace car baisse du taux de chômage en dessous du taux naturel par distribution de revenus en plus. La hausse du revenu nominal confondue avec hausse du revenu réel incite les salariés à accepter payement en dessous du salaire équilibre → mais les agents se rendent compte que la hausse des prix compense hausse du salaire → l’ « illusion monétaire » se dissipe. Ainsi les salariés Page 11 François Dord HEC Paris demandent une hausse du salaire ou une baisse de l’offre de travail ce qui incite l’entreprise à baisser leur emploi : la politique économique n’a entrainé … que de l’inflation en plus. Enfin, Pierre ROSANVALLON, La crise de l’Etat-Providence (1981) énonce que l’État-providence est frappé d’une triple crise qui est la conséquence de la pensée que nous sommes encore dans un régime de croissance comme celui des 30 glorieuses : o Crise de financement (dépenses progressent alors que recettes pâtissent de l’atonie de la croissance) o Crise d’efficacité (énoncé plus haut) o Crise de légitimité (protection sociale ne prémunit plus contre la pauvreté et la hausse du chômage). (Annexes) Une fois que l’État prend l’ampleur, il ne se retire plus. C’est la réalisation de la Loi de Wagner, qui montre qu’au fur et à mesure que l’État prend de la place, à travers la situation qui suit il établit une critique de la lourdeur de l’État qui sera reprise par toute la tradition libérale : « plus la société se civilise, plus l’État devient dispendieux ». ✓ En France, dépenses publiques passent de 9,1% du PIB en 1830-1845 à 36,9% en 1955-1969 et représentent 58,3% en 2022. C’est le taux le plus élevé dans pays de l’OCDE. Les dépenses de l’État avancent par pallier mais ne se rétractent pas, c’est ce que montre AT. PEACOCK & J. WISEMAN, The Growth of Public Expenditure in the United Kingdom (1967) : ils expliquent l’essor par présence d’un effet de cliquet qui fait qu’après la hausse des dépenses lors des guerres et des crises l’État ne revient pas au niveau de dépenses qui prévalait avant ces évènements : « des perturbations peuvent créer un effet de déplacement, poussant le revenu & les dépenses publics à niveau plus élevé ». C’est la raison pour laquelle il y a une révolution libérale qui apparaît dans les années 80’s. Cette révolution sera la conséquence de nombreuses politiques keynésiennes qui échouent dans les années 70’s. En France, l’exemple le plus probant est celui des plans de relance Chirac (15 milliard de francs soit 2,2% du PIB parti à l’étranger) et le plan Mauroy (1981) qui échouent lamentablement à relever la croissance : ils n’ont pour conséquence que d’élever l’inflation. La révolution libérale va surtout voir le jour dans les pays anglo-saxons, avec pour point de départ l’Airline Deregulation Act sous la présidence du président CARTER aux USA en 1978. Le congrès américain ouvre le transport aérien (libre entrée et sortie dans le marché), qui fera baisser les prix de marchés d’environ 30% entre 1980 et 2000. Mais la révolution est réellement représentée par THATCHER aux UK et REAGAN aux USA qui fustigent dépenses publiques et prélèvements : il y aura d’importantes baisses des prélèvements & diminution de la progressivité de l’IR 1981 et 1986. Vague de privatisations dans les années Thatcher: entre 80 et 90, les entreprirent publiques passent de 10.8 à 2.9% du PIB. ➔ Des chocs endogènes qui expliquent également la fin d’un Monde. Le ralentissement des GDP lié à l’épuisement du rattrapage (fordisme + saturation marché standardisés) est un choc négatif en terme d’offre (hausse du coût marginal). Il est aussi le résultat de la tertiarisation de l’économie, du déversement à cause des GDP. C’est ce que décrivent BAUMOL et BOWEN dans Performing Arts (1966) : le tertiaire est voué à des GDP beaucoup moins forts or 70% de la main d’oeuvre est désormais dans ce secteur. On est dans une période de déséconomies d’échelles (courbe enveloppe) liée à une économie conglomérale qui ne maximise pas les profits : remis en cause par la théorie de l’agence. Page 12 François Dord HEC Paris III. Le nouveau régime de croissance depuis les années 90 A) Une croissance cyclique et entrecoupée de crises ➔ Des crises, notamment financières, de plus en plus nombreuses. → À partir des années 80’s, la croissance devient plus cyclique mais reprend dans les PDEM. Alors que dans les années 70’s, la croissance s’était peu à peu dégradée, il y a plusieurs phases de croissance qui vont se succéder : D’abord, le contre-choc pétrolier de 1984 : suite aux chocs pétroliers de 1973 et 1979 qui ont provoqué une flambée des prix du pétrole, la surproduction causée par le ralentissement économique a conduit à une chute abrupte des prix du pétrole au cours de la première moitié des années 1980. Cette période, souvent qualifiée de « contre-choc pétrolier », a vu le prix du baril de pétrole chuter à un minimum de 10 dollars en 1986. Cette diminution résulte également d'un accord politique entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, visant à augmenter la production de pétrole pour répondre aux besoins énergétiques occidentaux. Ce renouveau de la croissance après des années de disette conduit Le Monde à titrer en 1984 « Et c’est reparti pour 20 ans ». Mais cette période connaît un stop brutal avec la crise des Savings and Loan (S&L) aux États-Unis à partir de 1987. Cette crise a été déclenchée par la déréglementation financière et des pratiques risquées des institutions de prêt hypothécaire. Les S&L (caisse d’épargnes américaines), confrontées à des taux d'intérêt élevés et à des investissements spéculatifs, ont subi d'importantes pertes, entraînant la faillite de nombreuses institutions. La crise a eu des répercussions économiques significatives, nécessitant une intervention gouvernementale avec le Financial Institutions Reform, Recovery, and Enforcement Act (FIRREA) en 1989. Les coûts énormes du sauvetage financier (plus de 150 milliards de dollars de l’époque) ont pesé sur les contribuables, tandis que la crise a contribué à ralentir la croissance économique, soulignant les risques liés à la déréglementation et aux pratiques imprudentes dans le secteur financier. Ensuite, il y a une nouvelle période de croissance à la fin des années 90’s grâce aux nouvelles technologies de l’Internet. La croissance de la bulle Internet dans les années 1990 a été caractérisée par une frénésie d'investissements dans les entreprises technologiques, alimentée par l'engouement pour l'expansion rapide d'Internet. Les investisseurs ont été séduits par des évaluations spectaculaires, souvent déconnectées des fondamentaux financiers des entreprises. Au sommet de la bulle, en mars 2000, l'indice Nasdaq Composite, largement composé de sociétés technologiques, avait atteint un pic de près de 5 000 points. Cependant, la bulle a éclaté brutalement à la fin de l'année 2000 et au début de 2001. En un an, l'indice Nasdaq a chuté de plus de 60 %, mettant fin à la bulle Internet. Des entreprises emblématiques telles que Pets.com et Webvan ont fait faillite, entraînant d'énormes pertes pour les investisseurs. L'effondrement de la bulle Internet a eu des répercussions économiques majeures, contribuant à une récession aux États-Unis et soulignant les dangers de la spéculation excessive et de l'hyperévaluation des entreprises technologiques. Ici également, la FED a joué un rôle dans la crise puisqu’elle a permis une période spéculation grâce à des taux très bas dans les années 1997-1998 avant de remonte brutalement ses taux lors de la crise. Par la suite, il y a une forte période de croissance aux Etats-Unis au milieu des années 2000’s. La bulle des prêts subprimes aux États-Unis a connu une croissance marquée au début des années 2000, avec le marché immobilier en expansion rapide. Entre 2000 et 2006, les prix de l'immobilier ont augmenté d'environ 86%. Pendant cette période, le volume des prêts subprimes a considérablement augmenté, atteignant son apogée en 2005 avec plus de 600 milliards de dollars de prêts subprimes émis. Cependant, à mesure que les taux d'intérêt ont augmenté et que les emprunteurs à risque ont rencontré des difficultés pour rembourser leurs prêts, les défauts de paiement ont augmenté. En 2007, les saisies immobilières ont augmenté de 75% par rapport à l'année précédente. L'année suivante, en 2008, la crise a atteint son paroxysme avec l'effondrement de Lehman Brothers, déclenchant une crise financière mondiale. Les pertes totales liées à la crise des subprimes sont estimées à plusieurs trillions de dollars, et les conséquences économiques ont été sévères, avec une contraction économique, des pertes d'emplois massives et des répercussions durables sur le système financier mondial. La croissance est donc cyclique et coupée par des crises, globalisées dans un cycle américain précoce et uniforme qui précède de 2 ans les crises européennes. On voit dans chaque crise, un schéma assez précis qui se dessine avec une période de forte croissance, notamment alimentée par des taux très bas et une dérégulation financière puis un krach, avec par la suite des remontées des taux par ces même banques centrales ainsi que des plans de sauvetage des économies. Page 13 François Dord HEC Paris → Dans les PED les crises financières sont également nombreuses, pour la plupart dues à leur intégration à la mondialisation et l’ouverture de leurs marchés : Crise financière au Mexique (1994) - « Crise Tequila ». La crise mexicaine de 1994, souvent appelée « l'effet tequila » en raison de la frénésie, ivresse régionale qu’elle a impulsée, a été déclenchée par la dévaluation du peso mexicain d'environ 50 %. En conséquence, le Mexique a dû suspendre le service de sa dette et a connu une panique financière. Cette crise a eu des répercussions régionales, incitant les investisseurs à retirer massivement leurs capitaux de plusieurs économies émergentes d'Amérique latine. Les effets se sont traduits par une contraction économique et une volatilité financière dans la région. Le Mexique a reçu une aide financière du FMI de près de 17,8 milliards de dollars et a mis en œuvre des réformes économiques pour stabiliser la situation. Crise financière asiatique (1997-1998). La crise asiatique a débuté en juillet 1997, lorsque la Thaïlande a dévalué son baht, provoquant une chute spectaculaire de plus de 60 % de la monnaie en quelques mois. La contagion s'est rapidement propagée à d'autres pays asiatiques, notamment l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines et la Corée du Sud. En 1998, la Corée du Sud a enregistré une contraction économique significative, avec un PIB en baisse de 6,9 %. Face à l'ampleur de la crise, le Fonds monétaire international (FMI) a mis en place des plans de sauvetage, fournissant une aide financière à plusieurs pays, dont un plan de 40 milliards de dollars pour la Thaïlande. Cette crise a d’abord été précédée d’une forte période de croissance, due à la déréglementation des mouvements de capitaux vers la zone qui ont créé des opportunités de profit. Alors que le bath s’apprécie (et que sa compétitivité-prix baisse) notamment en raison de l’arrimage de celui-ci sur le dollar, et que les prêts octroyés sont davantage risqués, les investisseurs sont de plus en plus inquiets et ce système finit par rompre après la tentative évoquée de dévaluation qui va créer un « Fly to Quality/safety » des investisseurs qui, à l’unisson, vont retirer leurs capitaux de la zone et créer une forte crise. Crise économique en Argentine (2001-2002). L'Argentine a connu une crise économique et financière majeure au début des années 2000. En 2001, le pays a fait défaut sur sa dette souveraine, marquant l'un des plus grands défauts de l'histoire avec une dette totale d'environ 82 milliards de dollars. La dévaluation du peso argentin a été significative, et le pays a enregistré une chute brutale de son PIB, avec une contraction de 10.9 % en 2002. Les troubles sociaux ont été exacerbés, conduisant à la démission de plusieurs gouvernements successifs. L'Argentine a négocié avec ses créanciers et a reçu un soutien du FMI, avec un programme d'aide initiale de 13,3 milliards de dollars. La crise a laissé des cicatrices profondes, avec des impacts économiques et sociaux à long terme. De même, on perçoit une recurrence dans les crises de ces pays, qui connaissent des périodes croissance majeures, avant de tomber dans une crise en raison d’une dévaluation du change. Dans le sillage de ces crises, le FMI apporte des aides, en échange de mesures structurelles libérales, afin d’éviter la faillite de ces pays. ➔ Qui est responsable de ces crises financières ? Deux explications. 1. Le marché, comme responsable inhérent de la crise. Le fonctionnement même des marchés semble être déficient. En effet ils ne sont pas efficients (!) - comme le prédit Eugène FAMA - mais sont imparfaits. C’est la thèse de ORLÉAN, De l’euphorie à la panique (2009) : qui parle de « bulle rationnelle ». L’information étant incertaine, alors l’économie se fait des conventions, qui sont bien souvent erronées : elle crée du mimétisme. C’est le mécanisme économique du « concours de beauté », développé par l'économiste John Maynard KEYNES, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936) qui est une métaphore utilisée pour expliquer le comportement des investisseurs sur les marchés financiers. Dans ce concept, il imagine une compétition où les participants ne choisissent pas les visages les plus attrayants selon leurs propres critères, mais en anticipant les choix des autres participants. De manière similaire, sur les marchés financiers, les investisseurs peuvent être incités à suivre les tendances plutôt qu'à évaluer objectivement la valeur intrinsèque des actifs, conduisant parfois à des bulles spéculatives. Le "concours de beauté" souligne ainsi l'influence des perceptions, des anticipations et des comportements grégaires dans la formation des prix sur les marchés, mettant en lumière l'importance des facteurs psychologiques dans les décisions d'investissement. 2. La création monétaire et les banques centrales comme responsables de la crise. Une autre explication sur la hausse des bulles pour ces crises est celle que l’on retrouve chez REINHART et ROGOFF, Cette fois c’est différent (2010) qui rejoint les analyses empiriques de KINDLEBERGER, Histoire Mondiale de la Spéculation Financière (1994) dans une théorie que l’on appelle « la théorie du mal-investissement » : l’endettement — qui est permis par un laxisme des banques centrales — est responsable de la crise car il est facteur de hausse des liquidités et donc de risque en plus. Le soucis est que c’est un cercle vicieux : quand la crise se déclenche, les banques centrales doivent ré-injecter des liquidités dans l’économie et donc relance le même problème. C’est pour cela que Patrick ARTUS & Marie-Paule VIRARD, La Folie des Banques Centrales (2016) décrivent ces institutions comme des « pompiers pyromanes ». Page 14 François Dord HEC Paris Dans les deux cas le défaut de régulation peut être mis au centre des analyses : cause d’instabilité. ➔ 1. Les réformes : même lors de la crise des surprimes, les Réformes OBAMA (Dodd-Franck & Amendement Volcker) prévoyaient un retour à une régulation bancaire, qui n’a jamais réellement eu lieu. La régulation des marchés financiers s’est donc heurtée aux lobbies bancaires. 2. Les politiques : les banques centrales sont soumises à des règles, mais qui sont insuffisantes et laxistes (BCE n’a qu’un seul objectif de l’inflation à 2%, FED, elle, a une grande tolérance pour les inflations financières et immobilières ). Ainsi, Alan GREENSPAN ne remontera pas immédiatement ses taux en 1996 alors qu’il déclare constater une « exubérance irrationnelle ». LES RÉGULATIONS BANCAIRES La Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act est une législation globale visant à réguler le secteur financier et à protéger les consommateurs. Ces mesures ont été mises en place dans le contexte de la crise financière de 2008 pour renforcer la stabilité du système financier et protéger les consommateurs contre des pratiques financières abusives. La Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act, couramment appelée « Dodd-Frank », est une loi fédérale aux États-Unis adoptée en 2010 en réponse à la crise financière mondiale de 2007-2008. Son objectif principal est de réguler le secteur financier et de renforcer la protection des consommateurs. Elle prévoit la création de nouvelles agences de régulation, comme le Bureau de protection financière des consommateurs (Consumer Financial Protection Bureau - CFPB), et introduit des réformes significatives pour surveiller les institutions financières, prévenir les risques systémiques, et limiter les pratiques risquées. L'amendement Volcker, est une partie spécifique de la loi Dodd-Frank qui vise à restreindre les activités de spéculation des grandes banques en limitant leur capacité à effectuer des transactions pour compte propre, c'est-à-dire à utiliser leurs propres fonds pour des opérations spéculatives plutôt que de servir les intérêts des clients. L'objectif est de réduire les risques excessifs pris par les banques et d'éviter les conflits d'intérêts susceptibles de mettre en péril la stabilité financière. LES ACCORDS DE BÂLE Accord de Bâle I (1988). - Objectif : Établir des normes minimales pour les fonds propres des banques afin de renforcer la stabilité financière. - Critères de risque : Introduit une approche de pondération des actifs en fonction de leur risque, classant les actifs en différentes catégories selon leur niveau de risque - Mesure principale : Le ratio Cooke, qui fixait un ratio minimal de fonds propres par rapport aux actifs pondérés en fonction des risques. Accord de Bâle II (2004). - Objectif : Améliorer la gestion des risques et renforcer la régulation bancaire. - Critères de risque : Introduit des approches plus sophistiquées pour évaluer le risque, distinguant le risque de crédit, le risque opérationnel et le risque de marché - Mesures principales : Trois piliers - exigences minimales de fonds propres (Pilier 1), surveillance prudentielle (Pilier 2) et discipline de marché (Pilier 3). Accord de Bâle III (2010). - Objectif : Renforcer la résilience des banques et améliorer la gestion des risques. - Critères de risque : Introduit des exigences plus strictes en matière de fonds propres, en particulier pour le risque de crédit, et introduit un coussin de conservation des fonds propres - Mesures principales : Renforcement des exigences de fonds propres, introduction du coussin de conservation, renforcement de la surveillance du levier et introduction du ratio de liquidité à court terme. Page 15 François Dord B) ➔ Un HEC Paris Des politiques publiques inefficaces : des déséquilibres qui changent changement des déséquilibres face auquel l’État est inefficace. D’abord un rôle à jouer face à une faible inflation (risque déflation!) de 1% environ. Risque déflationniste accompagne une croissance cyclique qui peuvent être expliquées par le non passage à une nouvelle phase A (logique Schumpeterienne), face aux crises qui amène à des crédits crunch ou face aux baisses des prix dans le cadre de la mondialisation. Mais aussi un rôle face à la question de l’emploi. Le chômage reste important dans de nombreux pays, et quand il a baissé c’est souvent face à la baisse de qualité de ces emplois remplacés par des « working poors » qui accroissent encore plus la logique de polarisation du marché du travail de LINDBECK & SNOWER, The insider outsider theory of Employment and Unemployment (1989). L’Allemagne avec les réformes HARTZ de 2000’s a permis de baisser structurellement le chômage en lui substituant une précarité très forte du travail. Aussi face au déséquilibre extérieur. À partir des 90’s, une polarisation des équilibres extérieurs se fait connaitre, certains pays devant structurellement excédentaires (Allemagne, Chine) et d’autres déficitaires. Le problème qui se pose c’est que pour consommer plus que l’on produit (donc épargne faible) il faut recourir au crédit alors les pays excédentaires prêtent aux déficitaires. Mais cette polarisation accélère les mouvements de capitaux et hausse donc l’instabilité financière. Enfin viennent les déséquilibres publics. Ils augmentent également (en plus des déséquilibres structurels et extérieurs) de manière structurelle. Le Japon, les USA, l’Allemagne (notamment dû à la réunification), l’Italie, l’Espagne, la France sont des pays structurellement déficitaires. Selon l’OCDE, la dette des pays riches a explosé depuis la crise : et atteint aujourd’hui 45 000 milliards de $ contre 25 000 milliards de $ en 2008. La versatilité des politiques publiques pointée du doigt, le nouveau credo devient la « crédibilité ». ➔ Dans les années 70’s et 80’s, se sont succédés partout des politiques keynésiennes de relance de la demande, avec des politiques libérales de l’offre. Mais cette versatilité dans les politiques, qui ont rarement été efficaces, se traduit par une méfiance des investisseurs et décourage les flux de capitaux. Pour réellement inciter à l’investissement ou à la consommation, on estime désormais par exemple que la fiscalité doit être crédible, id est « à priori stable pour la suite » (définition d’EICHENGREEN (2006)). La fiscalité doit être stable dans la durée. Sans cette crédibilité, les effets peuvent se mesurer comme avec NORDHAUS, ou BUCHANAN & TULLOCK, l’État ne donnera pas confiance dans le système et incitera à l’attentisme, qui se traduira par manque à gagner en terme de croissance. C’est ainsi qu’est qualifiée de « chef d’oeuvre architectural » par AGHION, Repenser l’État (2012), la fiscalité française, qui est très instable et porte atteinte à la croissance. 46 taxes ont été crées entre 2008 et 2011. ➔ Le renouveau des politiques publiques. → Cf. Bloc 5.B. Un nouvel apprentissage de la crise des subprimes : l’État comme « prêteur en dernier ressort ». ➔ L’État se voit octroyer un nouveau rôle face aux enjeux nouveaux de la croissance : le prêteur en dernier ressort. Cela correspond à une hausse massive des dépenses publiques pour éviter la contraction du PIB. Le plan de relance américain après la crise des subprimes, connu sous le nom de "American Recovery and Reinvestment Act" (ARRA), a été adopté en 2009. Il était d'une valeur d'environ 787 milliards de dollars. P.DEVEDJIAN, Ministre durant la relance française de en 2009 (35 milliards d’euros) disait « quand il y a le feu à la maison, on ne regarde pas la facture d’eau ». De manière général, creusement du d ficit budg taire des tats-Unis (pass de -2,7% du PIB en 2007 -10% en 2010), de l'Allemagne (pass e d'un exc dent budg taire de +0,2% en 2007 un d ficit de -5% en 2010) ou de la France (de -2,7% du PIB en 2007 -7,4% en 2010). Ce même rôle de l’État comme prêteur en dernier ressort s’est vérifié lors de la crise du Covid-19. Adopté en mars 2020, le Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security (CARES) Act était le principal plan de relance américain en réponse à la pandémie. Le montant total du CARES Act s'élevait à environ 2,2 billions de dollars. Ce plan a été complémenté par l’ American Rescue Plan Act é é é é à à é é É à é Page 16 François Dord HEC Paris (2021) : en mars 2021, le président Joe Biden a signé l'American Rescue Plan Act, un plan de relance supplémentaire d'une valeur de 1,9 billion de dollars. Ce plan comprenait des paiements directs aux citoyens, des extensions des allocations chômage, des fonds pour la vaccination, l'éducation, et d'autres mesures pour soutenir l'économie. LES CANAUX DE TRANSMISSION DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE Les canaux de transmission de la politique monétaire décrivent les mécanismes par lesquels les actions de la banque centrale, notamment les variations des taux d'intérêt, influent sur l'économie. Ces canaux affectent divers secteurs de l'économie, et les principaux canaux de transmission comprennent : Canal du taux d’intérêt. La modification des taux directeurs par la banque centrale influence les taux d'intérêt à court terme sur le marché qui affectent les coûts d'emprunt pour les ménages et les entreprises, influençant ainsi les dépenses de consommation, l'investissement et le financement. Ce canal fonctionne grâce à des opérations d’open-market des banques centrales. Canal du crédit. Les changements dans les taux d'intérêt directeurs modifient les conditions de crédit sur les marchés financiers. Ce canal fonctionne grâce aux réserves des banques envers la banque centrale. Canal de l’actif. Les variations des taux d'intérêt affectent la valeur des actifs financiers tels que les actions et les obligations qui influent sur la richesse des ménages et des entreprises, ce qui peut affecter leurs décisions de dépenses et d’investissement. Si TI baisse, la valeur de marché des obligations anciennes augmentent (sous l’effet de la rationalité des spéculateurs) jusqu’à ce que le rendement des anciennes et des nouvelles obligations s’égalise. Canal des anticipations. Les communications de la banque centrale influencent les anticipations des acteurs économiques concernant les futurs taux d'intérêt et les conditions économiques qui influent sur les comportements actuels, stimulant ou freinant la consommation et l'investissement. Canal de l’échange. Les variations des taux d'intérêt affectent les taux de change, influençant les exportations et les importations et peuvent avoir des répercussions sur la compétitivité des biens et services, affectant ainsi les exportations et les importations. Canal du bilan. Les variations des taux d'intérêt influent sur la valeur des bilans des banques et des entreprises. C) Les changement de moteurs de la croissance → La mondialisation. Une des composantes du nouveau régime de croissance réside dans l’ouverture des économies entre elles. En effet, le nouveau régime de croissance, caractérisée jusqu’en 2020 par une faible inflation et un chômage élevé dans les PDEM, peut s’expliquer en partie par le développement de la mondialisation commerciale et productive. En effet, la pression concurrentielle pousse (1) les entreprises à être compétitives, soit en innovant soit en baissant leurs prix, ce qui résulte en une désinflation généralisée (2) à délocaliser leurs activités ce qui accroît la concurrence sur le marché du travail ayant pour conséquence une baisse des coûts (et donc des prix), mais également une montée du chômage pour une partie de la population dans les PDEM. Comme vu précédemment, il faut aussi ajoute à la mondialisation commerciale et productive, la mondialisation financière qui est facteur de cycle et de crise à l’échelle mondiale. → Cf. Bloc 3.A. → Le progrès technique et les nouvelles technologies. La nouvelle économie (fondée sur les NTIC) est alors une structure productive où les rendements d’échelles sont très forts (type monopole naturel), où les CF sont élevés mais Cm sont faibles : la question de la demande redevient centrale, avec la taille des marchés. Cependant, les innovations semblent être de moins en moins édifiantes en des termes quantitatifs. En effet, les innovations d’aujourd’hui ont moins d’effets directs sur la croissance de part leur nature. C’est ce que démontre BRYNJOLFSSON & MC AFEE, Race against the Machine (2011) : les innovations ont changé de nature; on passe plus du cheval à la voiture, mais de la voiture à la voiture sans chauffeur. Page 17 François Dord HEC Paris Ainsi, au centre de notre système repose aujourd’hui l’innovation, qui a permis de faire sauter de nombreuses barrières technologiques au cours des siècles, comme le montre COHEN, La prospérité du Vice (2009). Par exemple, la productivité du L entre 1600 et aujourd’hui a été multipliée par plus de 100. Or, d’après beaucoup de chercheurs, notre économie est en pleine transition dans l’innovation. Cependant, notre système social, en refusant la crise, empêcherait pour tout ou partie à l’économie de se régénérer et d’effectuer sa « destruction créatrice ». C’est ce qu’évoque le titre du livre de Nicolas BOUZOU, On entend l’arbre tomber mais pas la forêt pousser (2013). D) Une croissance vouée à rester atone : la question de la stagnation séculaire ➔ Définition de la stagnation séculaire. La stagnation séculaire est un terme d’Alvin HANSEN dans Economic Progress and Declining Population Growth (1939) qui désigne ralentissement où la croissance du PIB est inférieure à la croissance potentielle. Cette période d’activité anémique serait causée par la fin du progrès technique. La notion décrit un état d’épuisement de la croissance, dans lequel les récessions tendent à s’auto-alimenter et les reprises d’activité à avorter. La lente reprise après la grande récession de 2007-2008 et la baisse du taux d'inflation à des valeurs inférieures à 2 % pendant de nombreuses années sont des rappels de cette crainte, qui pousse Jacques ADDA à titrer : « Stagnation Séculaire : la croissance s’embourbe » (2017). ➔ Mise en contexte et actualité. Début 2000’s : la crainte que les économies avancées basculent dans une stagnation durable comme au Japon quelques années avant amène la FED à réduire ses taux directeurs suite à l’éclatement de la bulle internet et les maintient à un faible niveau, ce qui sera source de la crise de 2008. En conséquence de la crise de 2008 : la Grande Récession a renouvelé ces craintes. Les banquiers centraux ont à nouveau fortement assoupli leur politique monétaire et, une fois les taux directeurs au plus proche de leur borne inférieure zéro (zero lower bound), ils ont également adopté des mesures « non conventionnelles » (quantitative easing en Europe par exemple). Mais les reprises sont particulièrement médiocres. 15 ans après la récession de 2008-2009 : les croissances économiques dans les pays en développement restent relativement faibles, même aux États-Unis, et malgré les plans de relance dans le sillage de la crise du Covid-19. En 2014, le PIB cumulé des 4 plus grandes économies développées (US, zone euro, japon, UK) ne dépasse que de 4% son niveau au pic d'avant-crise. ➔ Stagnation séculaire : quelles causes ? Un problème d’offre ? De nombreux économistes voient dans la stagnation séculaire actuelle un défaut des conditions d’offres des économies avancées. Que ce soit du côté de la croissance extensive, il semble que nos économie sont sujettes à des rendements décroissants, et que les marchés ayant été internationalisés, il reste peu de place pour une hausse ricardienne du capital et du travail; ou du côté de la croissance schumpeterienne où il semble que l’innovation a atteint un « plateau technologique », si bien que la croissance ne peut que durablement ralentir. Le théoricien majeur de cette stagnation séculaire par l’offre est le techno-pessimiste Robert GORDON, Is US economic growth over? (2012) qui met en avant « six vents contraires » à la croissance, qui poussent les taux des économies avancées vers le bas. 1. Le malus démographique. La seconde moitié du XXème siècle a connu la féminisation du marché du travail, la hausse de la population active, de plus en plus d’employés dans le secteur secondaire avec une structure démographique très avantageuse (population jeune, et fort taux de croissance démographique). Cependant, depuis le début des années 2000’s, la croissance de la population ralentit alors que la structure démographique voit le nombre de retraités exploser. En 2021, il y a 17 millions de retraités en France pour 29 millions de cotisations; en 1975 il y a 4 millions de retraités pour 13 millions de cotisants (INSEE). 2. Des performances éducatives qui plafonnent. Les pays occidentaux ont des systèmes éducatifs de moins en moins performants qui diminuent en retour la productivité des économies. Par exemple, en 2023 l'OCDE a dévoilé les résultats du classement PISA, évaluant les compétences des élèves de 15 ans dans des domaines clés tels que les mathématiques et la compréhension écrite. La France enregistre une baisse significative de 21 points dans le domaine des mathématiques, plaçant le pays en dessous de la moyenne de l'OCDE et marquant ainsi une chute historique du score. Page 18 François Dord HEC Paris 3. Des inégalités croissantes. Les inégalités, vues ici sous le prisme de l’offre, sont également un vent contraire à la croissance dans le sens où elles diminuent la productivité générale de la population (c’est en partie le corolaire du point n°2). Selon une étude de la Pew Research Center, environ 15 % des élèves de familles à faible revenu aux États-Unis n'ont pas accès à un ordinateur à la maison, comparé à seulement 1 % des élèves de familles à revenu élevé. 4. Des États-Providence au rabais. Les problèmes susmentionnés font peser sur l’État le coût de nombreuses prérogatives qui, d’années en années, accroissent sont déficit et poussent la dette vers le haut. La hausse de l’endettement des États peut non seulement renforcer les inégalités, mais également diminuer les prérogatives de « croissance endogène » propres à l’État et sensées augmenter la productivité de l’offre. 5. Les coûts de la mondialisation. La montée en puissance des économies émergeantes aboutissent à des délocalisations qui créent des pertes d’emplois et exercent une pression à la baisse sur les salaires des pays développés. Encore un facteur qui entretient les inégalités. 6. Les enjeux environnementaux. Pour les décennies à venir, la lutte contre le réchauffement climatique impose de nouvelles normes de production et donc une hausse des coûts. La transition énergétique notamment, impose pour la première fois une changement de production qui va détériorer la productivité et hausser les coûts. À ces six vents contraires, nous pouvons également ajouter : 7. L’incidence de la montée en puissance de l’économie digitale et des services à la personne, sources faibles de productivité. a. Comme l’observent C.FREY et M.OSBORNE, Technology at Work (2015) : NTIC sont fortement économes en et en emploi. Tandis qu’IBM et Dell employaient quelque 540 000 personnes à eux deux en 2013, la messagerie WhatsApp, créée avec un capital de 250 000 dollars, comptait 55 employés lorsqu’elle a été rachetée en 2014 par Facebook (14 500 emplois) pour 19 milliards de dollars. La baisse drastique du coût du capital et le peu d’emplois générés par technologies contribuent ainsi à la faiblesse de I productif et à celle des revenus, donc de la D → d’où la fin du travail prophétisé par RIFKIN. b. Comme l’observe BARTLETT, « Are we suffering from ‘secular stagnation’ ? » (2013) : il y a une « maladie des coûts » dans le secteur des services qui est désormais dominant. Le taux de croissance de la productivité a désormais retrouvé tendance qu'il suivait avant les années 1990, soit un taux de 1,5 %/an. Une insuffisance de la demande ? LE TAUX D’INTÉRÊT NATUREL Le taux d’intérêt naturel est le taux qui équilibre le niveau d’investissement désiré par les entreprises et le niveau d’épargne désiré par les différentes agents économiques au niveau agrégé. Constat : Lary SUMMERS, « The age of secular stagnation » (2016) : TIN a été particulièrement faible ces décennies, voire même négatif (de l’ordre de -2 % à -3 %). Il est donc inférieur au taux d’intérêt réel de LT dans les PDEM (proche de zéro). Puisque TI nominaux ne peuvent être négatifs, et que l’inflation était jusqu’à présent presque nulle, le TIR courant est trop élevé, ce qui signifie un sous-investissement chronique, avec un PIB qui s’éloigne de sa tendance de LT. Cela fait que la baisse de croissance est à la fois stable et source d’instabilité (hystérèse). Pourquoi le taux naturel est aussi faible ? 1. La première explication réside dans l’inégalité des revenus (les pauvres consomment la totalité de leurs revenus contrairement aux riches, qui en épargnent une partie conséquente). Oxfam, Rapport inégalité et justice sociale affirme que les écarts de rémunération entre les PDG et les salariés d’une même entreprise ont fortement augmenté sur la même période. En France, les écarts de rémunération s’aggravent : rémunération des dirigeants du CAC 40 a augmenté de 45 % depuis 2009, soit plus de deux fois plus vite que la moyenne des salaires de leurs entreprises, et 4 fois plus vite que le SMIC. 2. Cela a donné lieu à un excès mondial d’épargne (« global saving glut ») pour reprendre les termes de Ben BERNANKE dans The global Saving Glut and the U.S. Current Account Deficit (2005) : l’économie mondiale dégage davantage d’épargne qu’elle ne génère d’investissement productifs pour l’utiliser. Les déséquilibres globaux qui se sont accumulés depuis la crise asiatique de 1997 reflètent eux mêmes un excès mondial d’épargne. En offrant davantage de biens et services qu’ils n’en consomment, ces pays ont joué un rôle d’exportateurs nets d’épargne pour le reste du monde. Dans les économies, l’S na alimenté qu’une prise de risque excessive dans le système financier et une bulle sur le marché immobilier. Page 19 François Dord HEC Paris Et le rééquilibrage n’est pas automatique car l’inflation est trop faible. Le fait que le TI des marchés soit trop élevé par rapport au TN a pour effet de déprimer l’I et d’abaisser par conséquent le rythme de croissance de l’économie. Dans un contexte normal, la faiblesse de l’investissement devrait susciter une baisse du TIR. Le problème est qu’avec une basse inflation (1%), le TI nominal devrait tomber en dessous de zéro pour rejoindre le niveau naturel. Contrainte par la barrière des taux zéro, l’économie ne peut s’approcher du plein-emploi que si les gouvernements recyclent l’épargne excédentaire vers la dépense publique - acceptant donc une augmentation des déficits publics - ou si la politique monétaire devient fortement expansive, encourageant le crédit et tolérant un surcroît d’inflation. L’inflation récente, qui est une inflation par l’offre, ne remet pas forcément en jeu cette théorie. En effet, suite aux épisodes d’inflation récents, la BCE a fixé ses taux à 5.25%, alors qu’en 2023 l’inflation française s’élève à … 4.90%, soit un taux d’intérêt réel à 0.35%, toujours bien au dessus du taux naturel. Quelles solutions ? Les enjeux, aujourd'hui, des thèses de la stagnation séculaire se situent au niveau des politiques économiques : savoir si ce nouvel équilibre macroéconomique de stagnation séculaire est stable ou non. En d'autres termes, l'économie estelle piégée dans un équilibre de sous-emploi de façon durable ? Pour les tenants de l’offre : l’équilibre macroéconomique peut être considéré comme transitoire. Dans ce cas, politiques à actionner sont plutôt de nature structurelle : relance de R&D, éducation, formation et ce sont des déterminants de LT : il faudra peut-être attendre pour un regain de croissance. L’État doit intervenir pour générer investissement dont manque l’économie mondiale et l’S excessive peut alors être utilisée pour financier l’I public une relance de l’investissement public dans les infrastructures, le développement durable, le social et le scientifique. Pour les tenants de la demande : en plus d’une action pour hausser l’investissement (hausser le TN), l’on devait mettre en place un retour de l’inflation ou d’une orientation de S : A. Orienter le surplus d'épargne vers l'investissement productif. (1) impôt peut servir à redistribuer Y vers agents ayant les propensions à dépenser les + élevées. Au contraire, politiques de consolidations budgétaires peuvent se révéler néfastes car elles accentueraient le sous-I. Donc une politique de répartition de la VA. (2) Aussi l’État pourrait faire un emprunt d’État pourrait être efficace en ce que l’épargne serait captée pour recréer de l’impulsion. (3) Une solution que T.PIKETTY met en place dans Le capital au 21è siècle : c’est la question de la monnaie hélicoptère mais risque de faire face à la trappe à liquidité. B. Ré-instaurer l’inflation. Ryan AVENT, « The solution that cannot be nammed » (2013) : solution serait politique monétaire. La borne inférieure zéro est un problème nominal : si BC ne peuvent davantage réduire les TI nominaux, il est alors possible de ramener TI réels à leur niveau d’équilibre en stimulant l’inflation. La politique monétaire doit être mobilisée pour créer de l'inflation. Inflation + élevée pourrait ↘ taux d’intérêt réel → encourage activité éco → ↘ épargne (BCE cherche de l’inflation). Conclusion générale Piste libérale : flexibiliser les marchés, de façon à les rendre plus transparents, et faciliter les ajustements des comportements des acteurs. Ça peut passer par des politiques de règles, qui rendent plus transparente l’information (ex : l’inflation ne doit pas dépasser 2%). Politiques conjoncturelles : qui, en soutenant l’activité de CT, et soutiennent la croissance de LT. Il vaut mieux faire dépenses dans le secteur des innovations (R&D). Les facteurs de croissance seraient alors endogènes → si on ne soutient pas la croissance de CT, la croissance va s’éloigner du taux de croissance naturel. Alors, ce qui justifie les politiques conjoncturelles, c’est l’O (et la demande). Les deux approches ne sont pas contradictoires mais complémentaires. Exemple : si on soutient la D, mais que l’offre n’est pas flexible, ça ne marche pas → fuites (inflation et importation). Donc pour une croissance optimale, il faut une flexibilisation de marché conjuguée à une aide de la demande. Page 20 ☑︎ François Dord HEC Paris Ouverture et études de cas A) La croissance avant 1945 : un aperçu historique ➔ Jadis, la croissance. ‣ Paul BAIROCH, Victoire et Débauche : quatre siècle d’histoire économique (1997) : 1000-1700, croissance de 0,1% par an. Il y a des ondes de croissance longues & violentes liées à agriculture et donc au climat. ‣ Emmanuel LE ROY LADURIE, Histoire du Climat (1967) : coïncidence entre pics du « petit âge glacière » (mi-14è et fin 17è) avec les pics périodes de ruine économique. Il existe un optimum démographique déterminé par l’agriculture, la France n’ayant pas dépassé les 20 millions d’habitants car n’a pas su cultiver plus de 10 millions d’ha (un ha étant capable de nourrir 2 personnes). On liste également les épidémies & les guerres comme fléaux économiques. : 1348-1360 : « grande peste » : 1/3 de la population meurt. ➔ Une société des ordres, une société de l’ordre. États généraux (1788) : le monde de la société des ordres disparait (clergé, noblesse, Tiers-état). L’ordre va changer alors qu’il semble immuable car le pouvoir du Roi provenait de Dieu (détermination par la naissance), qui justifie par exemple l’existence du droit d’ainesse. Alors que jusqu’ici le Roi « jure de maintenir l’état de ses sujets », les valeurs s’inversent. Karl POLANYI, la Grande transformation (1944) décrit le « désancastrement » de la société à partir de ce moment. En effet, jusqu’à la RI, tous les comportements sont régis par des lois non-économiques : par exemple le prêt à intérêt est interdit car il est immoral de gagner de l’argent avec l’argent. ➔ La morale mute : de l’honneur à l’intérêt. À cette époque, l’élite connait une mutation qui s’initie à partir de L’ANGLETERRE : n’ayant subit aucune invasion depuis PHILIPPE II et son Armada de 1588, l’élite — qui est censée être militaire — s’investit dans politique et surtout dans la gestion de ses domaines. De plus, dans la société anglaise disparait à cette époque le procédé de dérogeance (le fait qu’un noble faisant du commerce ou travaillant avec ses mains devait renoncer à ses titres). Ainsi, fin 17è l’Angleterre est la première nation à connaître la révolution agricole. Le Vicomte TOWNSHEND est l’épitomé de cette mutation. Il découvre moyen de supprimer l’assolement triennal (jachère) en s’apercevant que l’on peut planter des céréales en alternance avec des légumineuse. D’où son surnom de « Turnip » (=navet), et met fin de la tyrannie des blés : (1) plus besoin de surface extensive car utilisation du sol en permanence (2) peut développer bétail dont la fumure accrue permettra de meilleurs rendements. ➔ Les révolutions industrielles. Révolution agricole (1690-1740) est la première à arriver et est même un préalable nécessaire à la RI (modèle de BAIROCH). Dans cette période initiée, s’ensuit une volonté manifeste de rentabiliser les terres, on adopte le cheval à la place des boeufs et, plus résistant, le fer tend à se substituer au bois. L’attelage à cheval permet à une personne de mettre en semence 0,6 à 0,7 hectares /jour contre 0,4 avec boeufs. Avec la première RI, le produit réel agricole est à multiplié par 11 entre 1780 et 1913. Révolution textile : suivra révolution agraire avec la Navette volante de John KAY en 1733 (qui augmente de 30% la productivité), la Spinning Jenny de HARGREAVES. Cette rupture s'explique par l'apparition de nouvelles techniques dont la plus emblématique est la machine à vapeur de James WATT (1769). Deux secteurs d'activité, le textile et la sidérurgie, deviennent branches motrices des GDP aidé par la transmission avec les chemins de fer et les bateaux à vapeur. Dans Railroads and American Economic Growth : Essays in Econometric History (1964), FOGEL a ainsi réexaminé le rôle des chemins de fer dans la croissance américaine en montrant que leur contribution a été très faible comparée à celle de la garantie de la propriété privée qui, elle, a joué un rôle beaucoup plus important. → À partir de la révolution industrielle, la croissance s'inscrit dans un contexte favorable à l'intégration des marchés nationaux puis mondiaux et à la réorganisation permanente des entreprises. Page 21 François Dord B) ➔ Les HEC Paris Autres analyses de la croissance : les classiques analyses classiques. Adam SMITH, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) : parle de richesse des nations. Cette richesse des nations provient de la DIT : « l’opulence naît de la division du travail ». Montre que DIT a pour but de faire croître productivité du L, d'en augmenter l'efficacité et donc de favoriser la croissance. Il prend l'exemple de l'organisation du travail dans une manufacture d'épingles dans laquelle la production de ce simple objet était divisée en 18 opérations distinctes. Une telle division technique est source de gains de productivité considérables. Pour SMITH, l’épargne et l’accumulation de K est très importante car elles permettent I, créer des manufactures et au sein de ces manufactures, on va pouvoir diviser le travail pour augmenter la productivité. Jean Baptiste SAY, Traité d’économie politique (1817) formule la loi des débouchés. Il l’énonce sous la forme « c’est la production qui ouvre des débouchés aux produits ». Il souligne ainsi que mettre un bien sur le marché c'est, à la fois, exprimer une demande de quelque chose d'autre, et l'occasion pour autrui de proposer autre chose pour obtenir ce que le premier offre. En d'autres termes, selon la loi des débouchés, si les entreprises produisent des biens et des services, elles créeront simultanément une demande pour ces biens et services. L'idée derrière cette loi est que les entreprises, en produisant des biens et services, généreront des revenus qui seront ensuite utilisés pour acheter d'autres biens et services sur le marché. Ainsi, l'offre crée sa propre demande, et il ne peut pas y avoir de surproduction généralisée persistante. Léon WALRAS, Éléments d’économie pure (1874) : la théorie de l'équilibre général étudie l'allocation des ressources dans cadre de CPP. L’équilibre est atteint si 5 conditions sont réalisées. Elle met en lumière la manière dont marchés & prix assurent coordination des activités. Pour lui, les marchés s’auto-régulent grâce au processus de tâtonnement walrasien. La procédure repose sur l'existence d'un commissaire-priseur qui annonce un prix, puis recueille les intentions d'offre et de demande. Si ces intentions ne coïncident pas, il lance un nouveau prix… Le prix, unique, correspond à l’équilibre. B) Le rôle des institutions Selon la définition de Douglass NORTH, Institutional change and US economic growth (1971) une institution est « un ensemble de règles formelles ou informelles, écrites ou non écrites, qui viennent structurer les interactions entre les individus ». ➔ Les institutions qui régissent le droit de propriété. Les droits de PP garantissent la sécurité des échanges D.NORTH, Institutional change and economic performance (1971) : les institutions sont les « règle du jeu dans la société, les contraintes crées par les hommes qui régissent les interactions entre les hommes ». Dans son livre il montre (1) en quoi la généralisation des échanges de marché n’a rien de naturel et nécessite des droits de propriété, notamment pour faire baisser les coûts de transaction. C’est ainsi que la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, en son article 17 garantit le droit absolu de propriété. Il montre aussi (2) en quoi les droits de propriété ont été centraux aux développement des pays et montre que contrairement aux idées reçus, c’est bien plus l’instauration de droits de propriété que la construction de chemin de fer qui a impulsé le développement des USA. Page 22 François Dord HEC Paris Les brevets sont essentiels En plus du droits de PP, il faut des droits de propriétés intellectuels, en créant un monopole temporaire pour inciter à innover. Alors la présence de Brevets très tôt au UK explique son développement, avec le Statutes of Monopolies (1624). Les instituions de la concurrence : quel degré de concurrence pour favoriser l’innovation. ➔ S.NICKELL, Competition and Corporate Performance (1996) : il existerait une corrélation négative entre concentration et innovation, mais une relation avec des seuils. Un tissu trop atomistique réduirait les possibilités d’investissement et de croissance. De même un tissu trop peu atomistique verrait les innovations en baisse de même. Ainsi, en 1977, l’entreprise publique British Steel avec 230.000 salariés produisait moins que Krupp, privée, avec 90.000 employés dans la sidérurgie. → Ainsi il montre que la concurrence est nécessaire pour la frontière technologique, et au contraire un pays en rattrapage, a plutôt intérêt à avoir des structures conglomérales. P.AGHION & P.HOWITT « What do we learn from Schumpeterian theory of growth » (2013) : courbe en cloche entre degré de concentration d’un secteur & croissance qu’elle peut connaitre. La croissance dépend de l’intensité de la recherche dans économique qui est en lien avec le degré de concurrence entre les firmes. Toutefois, les innovations sont issues de découvertes aléatoires. ➔ Mais il n’existe pas un seul modèle institutionnel. D.RODRIK, Nations et Mondialisation (2009) : il existe plusieurs modèles institutionnels favorables à croissance. Il s’oppose aux P.A.S. (Programmes d’Ajustements Structurels) qu’ont subit les pays d’Amérique du Sud qui ont été imposés de manière bien trop dogmatique. Ces « thérapie de choc » ont eu un bilan négatif car la libéralisation financière a conduit à détériorer les situations de ces pays. → Met en place le « Paradoxe du Libre-Échange » : l’ouverture au libre-échange, et à la concurrence conduit a détériorer les conditions de vie des pays. L’exemple de l’argentine est flagrant : alors que le pays avait une protection sociale et sanitaire très forte, les privatisations imposées ont conduit à un rationnement du service et donc à une baisse des conditions sociales. J.STIGLITZ, La Grande Désillusion (2002) : critique le FMI, puisque pour toute société il y a une dépendance de sentier. Il n’y a pas « one best way » pour les institutions il faut de tenir compte de histoire de chaque pays, la convergence des PED vers le modèle USA est absurde. ➔ Les instituions démocratiques sont-elles forcément favorables à la croissance ? RODRIK & SUBRAMANIAN, La primauté des institutions (2003) : la démocratie permet trouver solutions acceptables par tous. Elle est nécessaire au maintient de croissance et au dépassement des crises. Ils mettent en place une typologie des types d’institutions : 1. Créatrices de marché : droit de propriété physiques. 2. Régulatrice de marché : concurrence, brevets, code du travail. 3. Stabilisatrice de marché : actions contra-cycliques, monétaires, budgétaires … 4. Légitimatrice de marché : rend le Kisme acceptable en dépit des risques et inégalités que cela entraine, État providence, redistribution et protection. Page 23 François Dord C) ➔ Le HEC Paris Croissance et bien-être bonheur et la croissance : contradiction ?. Le calcul du PIB s'appuie sur la comptabilité nationale, il ne prend pas en compte : Le travail non rémunéré, celui que l'on fait pour soimême (le travail domestique par exemple) Le bénévolat Le travail « au noir » Les activités illégales (sauf drogues qui sont maintenant comptabilisées) Les dégâts causés à l'environnement Les richesses naturelles ou leur épuisement L'impact d'une catastrophe naturelle, d'une guerre (au contraire) Les créances douteuses (crédit dont on sait que l'emprunteur ne pourra pas le rembourser) Bertrand de JOUVENEL, Essai sur le mieux vivre (1969) montre que « selon notre manière de compter nous nous en enrichissons en faisant des Tuileries un parking payant ». Cette notion très quantitative de PIB (plus le PIB augmente et plus le bien-être global augmente) est tournée en dérision. Richard LAYARD, Le prix du bonheur (2007) : l’occident vit dans le paradoxe d’Easterlin augmentation du revenu n’a pas entrainé la hausse du bonheur dans la même mesure. Au delà d’un certain seuil, augmenter le revenu (PIB), n’entraine plus une augmentation du bonheur. Deux explications : (1) Effet d’accoutumance : ou une adaptation aux conditions de vie meilleures. (2) Effet de démonstration : DUESENBERRY, The social Signification of consomption (2000) le bonheur se fait en fonction de la consommation du groupe de référence et non du revenu en soi. D’autre indicateurs que le PIB sont proposés : Le Bonheur Intérieur Net (BIN) créé en 1980 prend en compte la consommation moyenne par habitant sur une année, l’égalité sociale (pauvreté, inégalités, précarisation de l’emploi), la sécurité économique (chômage, protection sociale, etc.) et le capital humain (effet de serre, niveau éducatif, etc.). L’Indice de développement humain (IDH) théorisé par Amartya SEN qui prend en compte l’espérance de vie, l’alphabétisation des adultes et le niveau de vie (PIB/habitant). D) Croissance et consommation Dans le temps, le rôle de la consommation dans la croissance a évolué. KEYNES, Théorie Générale (1936) : la consommation, composante majeure de la demande, est la source de la croissance, au travers du mécanisme de l’effet multiplicateur. Il estime de surcroit que la consommation est variable en fonction du revenu courant, c’est à dire que les changements de revenus effectifs impliquent un changement de consommation, les agents étant des « court-termistes ». FRIEDMAN, « A theory of the consumption function » (1957) : il s’oppose frontalement aux théories keynésiennes en affirmant que les consommateurs ne consomment pas au regard de leur revenu effectif, mais de leur revenu permanent, id est le revenu qui permet de garder constant sa valeur à long terme. Les agents adaptent leurs anticipations. DUESENBERRY, « Income Consumption, relation and their implication » (1949) : il y aurait un effet de cliquet sur la consommation, ce qui signifie que les ménages souhaitent garder la même consommation dans le temps. Page 24

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