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Faculté de Pharmacie

2023

ACTES

Manon ALLAM and Hestrie OYONO

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hormones food intake physiology nutrition

Summary

This document discusses the hormones involved in food intake behaviour. It covers the temporal organisation of meals, the role of macronutrients and micronutrients, and the different stages in a meal like pre-ingestive, prandial and post- prandial.

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ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES Chapitre VII : Hormones de l’alimenta5on et de la prise alimentaire I. Le comportement alimentaire A. Organisa*on temporelle Le comportement alimentaire désigne l’ensemble des conduites d’un individus vis-à-vis de la consommaGon d’aliments. La princi...

ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES Chapitre VII : Hormones de l’alimenta5on et de la prise alimentaire I. Le comportement alimentaire A. Organisa*on temporelle Le comportement alimentaire désigne l’ensemble des conduites d’un individus vis-à-vis de la consommaGon d’aliments. La principale foncGon physiologique de ce comportement est d’assurer l’apport de substrats énergé3ques sous forme de macronutriments, vecteurs de calories et également de micronutriments, composés non caloriques mais nécessaires à l’ensemble des cellules de l’organisme. Ce comportement est finement régulé. CePe régulaGon entre dans le cadre plus général de la régulaGon de l’homéostasie énergé3que qui vise à assurer une situaGon d’équilibre énergéGque et de maintenir constamment un niveau donné de masse grasse. Il existe une organisa3on temporelle et discon3nue des prises alimentaires selon un rythme circadien : - Période de prise alimentaire pendant la période acGve, de vigilance : le jour pour les espèces diurnes comme l’homme - Période de jeûne pendant la phase de repos et de sommeil Cependant, le nombre, la réparGGon & la composiGon des repas restent influencés par les normes socioculturelles. Le caractère disconGnu de la prise alimentaire s’oppose à l’u3lisa3on con3nue et permanente des substrats énergéGques par les cellules. Ceci implique donc une orientaGon différente des flux énergéGques, du stockage ou de la libéraGon de substrats énergéGques à parGr des réserves pendant ces deux phases. Au cours du repas, à l’étape postprandiale, on observe une captaGon & une uGlisaGon des nutriments, l’anabolisme est favorisé et les substrats énergéGques en excès vont être mis en réserve. Les lipides sont mis en réserve sous forme de triglycérides au sein du 3ssu adipeux. Le glucose en excès sera quant à lui stocké au niveau hépa3que et musculaire. Les AA seront mis en réserve, dans une moindre mesure, sous forme de protéines grâce à la protéosynthèse en parGculier au niveau des muscles striés squeleAques. A l’inverse, à l’état post-absorp3f, au cours du jeune, on observera une mobilisaGon des substrats énergéGques grâce à l’acGvaGon du catabolisme, l’objecGf étant d’épargner le glucose. Au niveau du 3ssu adipeux, la lipolyse entraine la libéraGon d’acides gras, les glycérols… Le glycogène hépa3que sera également mobilisé pour donner du glucose. Les AA seront produits au niveau musculaire par acGvaGon de la protéolyse. La prise alimentaire correspond au versant comportemental de la régulaGon des réserves énergéGques dans l’organisme. CePe prise alimentaire s’opère de façon coordonnée & schémaGquement opposée à la dépense énergé3que. Le comportement alimentaire est finement régulé visant à assurer une situaGon d’équilibre de la balance énergé3que (les entrées Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 1 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES doivent compenser les sorGes). Ainsi on mainGen une certaine stabilité des réserves énergé3ques notamment la masse grasse & du poids corporel. B. Descrip*f d’un épisode alimentaire Chaque épisode alimentaire tel qu’il soit, est composé de 3 phases : - Phase pré-inges3ve : caractérisée par la sensaGon de faim - Phase prandiale : période de prise alimentaire & mise en place du processus progressif de rassasiement - Phase postprandiale : caractérisée par l’état de sa3été, durée variable La régula3on des apports alimentaires se fait sur : - Quan3té d’aliments ingérés au cours d’un épisode de prise alimentaire ce qui met en jeu le processus de rassasiement - Durée de l’intervalle entre deux prises alimentaires qui correspond à la période de sa3été, dépendante des facteurs de saGété de court terme Le comportement alimentaire est également dépendant de la disponibilité alimentaire qui consGtue un facteur environnemental majeur. La faim est un besoin physiologique de manger sans spécificité, il s’agit d’un ensemble de sensaGons secondaires à la privaGon de nourriture (réducGon de la disponibilité cellulaire des nutriments énergéGques au sein de l’organisme). CePe phase de faim amène l’individus à la recherche de nourriture & à la prise alimentaire. Physiologiquement, la sensaGon de faim est liée à une baisse transitoire de la glycémie de 10 à 12% par rapport à son niveau basal. L’appé3t correspond à l’envie de manger un aliment ou un groupe d’aliment défini. Il est raPaché à une no3on de plaisir, l’individus va sélecGonner & consommer des aliments dits plaisir-spécifiques. L’appéGt est également influencé par un certain nombre de facteurs sensoriels déterminants comme l’aspect, goût, odeur & texture. L’appéGt est d’autant plus accru que l’aliment est palatable. Il est également influencé par les précédentes expériences. Le rassasiement définit la sensaGon éprouvée lors de l’établissement de la sa3été, il détermine la fin du repas, contrôle son volume & met fin à la prise alimentaire. En théorie, à ce stade-là, les besoins nutri3onnels de l’organisme sont couverts, cependant nombres de personnes conGnuent de manger au-delà de ce signal. Ceci est favorisé par la consommaGon d’aliments avec une forte charge hédonique (plaisir) &/ou affec3ve. La sa3été est une sensaGon de plénitude gastrique associée à un état de bien-être. C’est un état d’inhibiGon de la prise alimentaire, un état de non-faim qui s’étend sur une durée propor3onnelle à la ra3on énergé3que consommée dans le repas précédent. Métaboliquement, elle correspond à la phase post-absorp3ve de l’absorpGon des nutriments. Sa durée sera prolongée jusqu’à la réappariGon de la sensaGon de faim. La période de saGété détermine la durée de l’intervalle entre deux prises alimentaires. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 2 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES II. Centres de régula6on La régulaGon de la prise alimentaire, met en jeu l’axe intes3ncerveau. En réponse au repas, le système digesGf va émePre un certain nombre de signaux qui seront relayés au niveau cérébral, ce qui induira une inhibiGon de la prise alimentaire. Les signaux émis par le système digesGf, majoritairement des signaux de saGété, sont considérés comme étant des signaux périphériques de régulaGon de la prise alimentaire à court & moyen terme. Il existe également des signaux de régula3on à long terme de la prise alimentaire, les hormones marqueurs de l’état des réserves énergéGques & de la masse grasse. La lep3ne est la principale hormone inhibant la prise alimentaire. A. Hypothalamus 1. Noyaux de l’hypothalamus L’ensemble de ces structures cérébrales sont impliquées dans la prise alimentaire & communiquent entres elles pour la sGmuler ou l’inhiber. Parmi ces noyaux, on retrouve le noyaux arqué, situé de part et d’autre du troisième ventricule. Il est accessible aux signaux périphériques de régulaGon de la prise alimentaire, qui ne peuvent pas traverser la barrière hématoencéphalique, par l’intermédiaire de l’éminence médiane. Ces différents noyaux dont le noyaux centro-médian, l’hypothalamus latéral, peuvent communiquer entre eux grâce à des popula3ons neuronales exprimant des neurotransmeReurs spécifiques qui peuvent médier les effets de la prise alimentaire & de la dépense énergéGque. Ils sont également régulés par les signaux périphériques & des signaux spécifiques de l’état nutriGonnel. Des expériences réalisées dans les années 40 montraient que des s3mula3ons électriques ou des lésions de régions spécifiques de l’hypothalamus modifiaient la prise alimentaire. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 3 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES Ces expériences ont conduit à idenGfier un centre de la faim au niveau du noyau latéral de l’hypothalamus & un centre de la sa3été au niveau du noyau ventro-médian du l’hypothalamus. La s3mula3on du noyau latéral entraine une augmentaGon de la faim & de la prise alimentaire ce qui abouGt à une augmenta3on de la sécré3on d’insuline, une augmenta3on des sécré3ons & des contrac3ons gastriques. La destruc3on des noyaux latéraux entraine une aphagie & une adipsie totale qui conduit à la mort. La s3mula3on des noyaux ventro-médians provoque l’inhibi3on de tous les comportements alimentaires, des sécré3ons diges3ves & endocriniennes associées. La destruc3on des noyaux ventro-médian entraîne l’appariGon de repas plus longs et plus fréquents, la consommaGon sur 24h double voire triple. CePe lésion entraine également une augmenta3on de la sécré3on d’insuline. Ainsi les animaux développent, pendant une première phase dynamique, une hyperphagie qui induit une prise de poids corporel rapide (prise de masse grasse). Par la suite, quand l’obésité est installée, on entre dans la phase sta3que, on observe alors une normophagie (la prise alimentaire se stabilise à nouveau). Principaux noyaux hypothalamiques : • Noyau latéral (= centre de la faim) : Il conGent des récepteurs aux neuropep3des Y (NPY) et des neurones sensibles au glucose. • Noyau ventro-médian (= centre de la sa3été) : Il est très riche en récepteur à la lep3ne (Ob-Rb) dans leur forme longue. • Noyau dorso-médian : Il conGent des récepteurs de l’insuline (InsR) & des récepteurs à la lep3ne (Ob-Rb). Il joue un rôle dans l’ini3a3on de la prise alimentaire. • Noyau paraventriculaire = centre intégrateur : Il reçoit les projec3ons des neurones NPY/AGRP (neuropepGde Y/agouG gene-related protein) & des neurones POMC/CART (pro-opiomélanocorGne/cocain and amphetamine related transcript). Il est riche en terminaisons nerveuses contenant des neurotransmePeurs impliqués dans la modificaGon de l’appéGt. • Noyau arqué : centre clé de la régula3on alimentaire Il joue un rôle fondamental dans la transmission des signaux périphériques circulants (lepGne, insuline, ghréline) qui ne peuvent pas traverser la barrière hématoméningée, aux autres structures. Ces signaux peuvent aPeindre le noyau arqué par l’intermédiaire de l’éminence médiane. C’est la seule zone de l’hypothalamus exprimant la synthase des acides gras, elle sera donc sensible aux différents métabolites intermédiaires des acides gras. Le noyau arqué se caractérise par la coexistence de deux populaGons neuronales exprimant des neurotransmePeurs spécifiques contrôlant la prise alimentaire & la dépense énergéGque. On retrouve des neurones produisant des neuropep3des Y NPY & de l’Agou3-gene related pep3de AgRP qui sont des agents orexigènes (sGmulent la prise alimentaire) & à l’inverse des neurones à proopiomélanocor3ne POMC qui vont être précurseurs d’αMSH (α mélanocyte sGmuling hormone) & de CART (cocain and amphetamine related transcript) qui sont des agents anorexigènes (diminuent la prise alimentaire). Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 4 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES 2. Popula3ons neuronales hypothalamiques Au niveau hypothalamique on retrouve un réseau neuronal parGculièrement dense qui régule la balance énergéGque et in fine la prise alimentaire et le poids. Il comporte un certain nombre de neurones exprimant des neurotransmePeurs qui vont être sGmulés ou inhibés en réponse à des signaux périphériques hormonaux (lepGne, insuline, ghréline…) ou directement par des capteurs de glucose sensibles aux variaGons de la glycémie ou au taux circulant d’acides gras libres circulants. L’ensemble de ces populaGons interagissent entre elles de manière antagoniste ou synergique permePant une adaptaGon à court ou à long terme de la prise alimentaire ce qui module le poids corporel. Les popula3ons neuronales du noyau arqué : Il conGent 2 populaGons neuronales dites de 1er ordre, impliquées dans l’intégraGon des signaux circulants de la faim & de la saGété (comme la lepGne, l’insuline & la ghréline) - Les neurones orexigènes : synthéGsent les neuropep3des Y NPY & l’Agou3-gene related pep3de AgRP - Les neurones anorexigènes à pro-opiomélanocor3ne POMC : produisent & libèrent notamment l’αMSH Ces deux populaGons neuronales expriment les récepteurs à la lep3ne & le récepteur à l’insuline. Elles réagissent entres elles de façon antagoniste. Ces deux populaGons neuronales de 1er ordre projePent des afférences vers les neurones dits de second ordre situés dans d’autres régions de l’hypothalamus dont le noyau paraventriculaire ou le noyau de l’hypothalamus latéral. Les noyaux de second ordre projePent à leurs tours des afférences vers des structures ter3aires comme le noyau du tractus solitaire situé dans le tronc cérébral. Le NPY est un neurotransmePeur de 36 AA. Il est principalement produit au niveau du noyau arqué du site hypothalamique, où 90% des neurones co-expriment l’AgRP. C’est le plus puissant orexigène connu, il augmente la prise alimentaire & réduit la dépense énergéGque. Il agit en se fixant sur les récepteurs spécifiques Y1 à Y5. La synthèse & la libéraGon de NPY sont sGmulées par la ghréline & inhibées par le PYY336 (pep3de Y3-36), l’insuline & la lep3ne. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 5 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES L’AgRP exerce son acGon orexigène de façon indirecte en se fixant sur les récepteurs MC4- R de l’αMSH, ainsi l’αMSH ne pourra plus exercer son acGon anorexigène. L’αMSH est principalement synthéGsée par les neurones à pro-opiomélanocor3ne POMC situés dans le noyau arqué de l’hypothalamus & dans le noyau du tractus solitaire du tronc cérébral. Elle apparGent à la famille des mélanocor3nes (famille des dérivés de la pro-opiomélanocorGne) tout comme l’ACTH (Adréno corGco trophic hormone) qui est synthéGsée par l’antéhypophyse, elles sont issues de la maturaGon de la POMC. L’αMSH exerce un rôle anorexigène, elle décroit la prise alimentaire & augmente la dépense énergéGque via sa fixaGon au récepteur MC4- R. Elle peut, en cas d’excès de αMSH, rétrocontrôler néga3vement sa propre producGon en se fixant aux récepteurs MC3-R. Sa producGon est sGmulée par des signaux périphériques, en parGculier la lep3ne. B. Régions extra-hypothalamiques Il existe également des régions extra-hypothalamiques impliquées dans la prise alimentaire. Elles sont en connexion avec l’hypothalamus. Le noyau du tractus solitaire joue un rôle fondamental dans la régula3on de ce mécanisme. Au sein de ce noyau, converge l’ensemble des informaGons d’origines vagales issues de la périphérie qui transitent par le nerf vague. Le nerf vague joue donc un rôle majeur dans la prise alimentaire. Le cortex temporal (structure du lobe temporal) joue un rôle dans les émo3ons qui influent la prise alimentaire. Le système limbique est impliqué dans le processus d’apprentissage d’olfaction, de mémoire & de régulation des émotions Le noyau parabrachial du thalamus intervient dans la percepGon hédonique de la prise alimentaire. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 6 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES III. Régula6on hormonale de la prise alimentaire Dès le début du repas le système nerveux reçoit des signaux périphériques afférents interagissant entres eux & désignés collecGvement cascade de la sa3été. Tout d’abord, les signaux sensoriels (l’aspect, le goût, la texture, l’odeur) permePent l’iniGaGon de la phase inges3ve. Puis les signaux diges3fs (distension gastrique, hormones et de pepGdes entéro-digesGve) se mePent en place. Par la suite, la digesGon sera régulée par des hormones telles que l’insuline & la lep3ne. Ces deux hormones sont proporGonnelles à la quan3té de 3ssu adipeux blanc. Les signaux de régula3on à court & moyen termes sont directement liés à la prise alimentaire. Ils incluent des informa3ons sensorielles, neurales, humorales élaborées pendant la prise alimentaire, la digesGon & le métabolisme des nutriments. Leurs durées d’acGon se situent dans l’intervalle interprandial. Ils interviennent sur le volume & la durée de la prise alimentaire qui les génèrent, sur la période de sa3été qui fait suite à la prise alimentaire & la rassasiement lors de la prise alimentaire suivante. Les signaux de régula3on à long terme sont de nature hormonale. L’intensité du signal hormonal est liée à l’adiposité (les réserves énergéGque). Leurs acGons sont retardées par rapport à la prise alimentaire. Ils modulent l’impact des signaux à court terme sur les régions hypothalamiques contrôlant la prise alimentaire. Ils exercent également des effets directs sur les voies hypothalamiques contrôlant l’équilibre énergé3que. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 7 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES A. Régula*on à court & moyen termes Le déficit énergé3que associé à la faim déclenche la prise à alimentaire. Historiquement la prise alimentaire est la réponse comportementale à la percep3on d’un déficit énergé3que. La nature de ce signal est idenGfiée chez l’animal & chez l’homme. En effet, la baisse transitoire de la glycémie de 10-12% sous le niveau basal provoque quelques minutes plus tard, la faim & donc la prise alimentaire. 1. Les signaux sensoriels de la phase inges3ve Pendant la phase inges3ve, la prise alimentaire est modulée par des facteurs sensoriels (aspect, goût, odeur, texture des aliments). La prise alimentaire est accrue si les aliments sont palatables (caractère agréable des aliments au contact palais) et inversement. CePe propriété intervient dans le plaisir alimentaire qui acGve le système de récompense. La régula3on sensorielle de la prise alimentaire est modulée par deux phénomènes : - L’adapta3on an3cipatoire qui découle des expériences antérieures, elle permet d’associer la saveur des aliments aux réac3ons post-inges3ves & ainsi d’associer par anGcipaGon, l’ensemble des caractérisGques sensoriels à la valeur énergé3que & nutri3onnelle d’un aliment. Elle peut dans de rares situa3ons conduire au phénomène d’aversion qui amène à refuser la consommaGon d’un aliment lorsque ces caractérisGques sensorielles sont associées à une expérience antérieure néga3ve. - L’alliesthésie est une adapta3on de la prise alimentaire au besoin de l’organisme, le caractère agréable d’un aliment diminue avec la quanGté ingérée. 2. Les signaux diges3fs La distension gastrique intervient dans l’appariGon de la sa3été. Les mécanorécepteurs présents au niveau de la paroi de l’estomac sont sGmulés par le passage du bol alimentaire. Ils envoient un signal en empruntant la voie vagale, au système nerveux central, notamment via le relais du noyau du tractus solitaire. Cet effet est transitoire, la terminaison effecGve du repas et la régulaGon de la saGété implique de nombreux autres facteurs. L’arrivée du bol alimentaire dans le tube digesGf entraine la sécréGon d’hormones ou de pep3des entérodiges3fs réduisant la prise alimentaire. L’importance physiologique de la plupart de ces pepGdes n’est pas encore établie, cependant certaines jouent un rôle important & démontré chez l’homme comme la cholécystokinine, l’insuline, le PYY 3-36 & le GLP-1. a. Cholécystokinine CCK La CCK est un pep3de sa3étogène (anorexigène) impliqué dans la régulaGon à court terme de la prise alimentaire. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 8 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES Ce pepGde est sécrété dans la circulaGon par les entérocytes de la par3e proximale de l’intes3n grêle (duodénum & jéjunum) en réponse à l’arrivée de lipides et de protéines dans la lumière intesGnale. Une alimentaGon riche en protéine ou en lipide entraine une forte libéraGon de CCK. Sa ½ vie est de 1 à 2 minutes. L’administraGon de CCK chez l’animal et l’homme diminue la prise alimentaire. Cet effet est d’autant plus important lorsque la CCK est administrée par voie intra-péritonéale. La vagotomie (ablaGon du nerf vague) bloque les effets de la CCK injectée en périphérie, sur la saGété. Le signal sa3étogène de la CCK est relié aux noyaux du tractus solitaire via le nerf vague. b. Pep3de Y 3-36 PYY 3-36 Le PYY 3-36 est un pep3de sa3étogène (anorexigène) impliqué dans la régulaGon à court terme de la prise alimentaire. Le PYY 3-36 est sécrété & libéré dans la circulaGon par les cellules iléales & coliques pendant la période postprandiale proporGonnellement à l’apport calorique. Sa durée d’acGon est longue, sa concentraGon plasmaGque reste élevée environ 6h après la fin du repas. La perfusion de PYY 3-36 chez des sujets sains ou obèses induit une sensaGon de sa3été prolongée. Un apport chronique chez l’animal provoque une perte pondérale. L’acGon du PYY 3-36 implique au niveau du noyau arqué, une inhibi3on directe des neurones orexigènes NPY/AgRP via l’acGvaGon des récepteurs présynap3ques Y2 du NPY. Parallèlement, le PYY 3-36 entraine une diminu3on du tonus GABAergique qu’exercent les neurones orexigène NPY/AgRP sur les neurones anorexigènes à POMC. c. Glucagon Like pep3de 1 GLP-1 Le GLP-1 est un pep3de sa3étogène (anorexigène) impliqué dans la régulaGon à court terme de la prise alimentaire. Le GLP-1 est sécrété par les cellules L du jéjunum & de l’iléon dans la veine porte en réponse à l’arrivée dans la lumière intesGnale de glucose & d’acides gras. Il exerce une acGon centrale via les récepteurs GLP-1R pour réduire la prise alimentaire par inhibi3on direct des neurones NPY/AgRP, ce qui entraine une levée d’inhibiGon des neurones POMC. Parallèlement, il a une acGon sur l’estomac en inhibant les sécré3ons acides et en diminuant les mobilités gastriques. Le GLP-1 est majoritairement connu pour ses effets centraux sur l’homéostasie glucidique grâce à son rôle insulinotropique. A la suite de son absorpGon intesGnale, le glucose est détecté par des cellules spécialisées du système digesGf, un signal nerveux afférent est alors envoyé au cerveau. L’intégraGon du signal entérique par le tronc cérébral nécessite l’ac3va3on du récepteur au GLP-1 et/ou la sécré3on de l’hormone par le cerveau luimême. L’hyperglycémie concomitante au repas permet l’acGvaGon des neurones sensibles au GLP-1 qui entraine la sGmulaGon de la sécré3on d’insuline au niveau du pancréas. L’hyperglycémie & l’hyperinsulinisme favorise le stockage hépa3que du glucose sous forme de glycogène. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 9 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES Simultanément, le GLP-1 cérébral limite la captaGon musculaire de glucose, ce qui favorise le flux de glucose vers le foie pour sa mise en réserve dans le but de préparer la période de jeune entre deux repas. d. Ghréline La ghréline est un pepGde impliqué dans la régulaGon à court terme de la prise alimentaire, c’est la seule hormone circulante orexigène connue. La ghréline est un pepGde de 28 AA, sécrété dans la circulaGon en période pré-prandiale par les cellules X de l’estomac et par la par3e supérieure du duodénum. Sa ½ vie est de 30 minutes. Elle est acGve sous forme acylée (ajout d’un acide gras, le n-octanoïque sur un résidus sérine en posiGon 3 par la ghrélineO-acyl transférase). Chez l’homme et le rongeur, l’administraGon de ghréline augmente la sensa3on de faim et la prise alimentaire. Elle est iniGée un peu avant chaque repas. Elle ac3ve directement les neurones NPY/AgRP au niveau hypothalamique via les récepteurs GHS-R (récepteurs sécrétagogue à l’hormone de croissance). Les neurones NPY/AgRP exercent alors un tonus inhibiteur de type GABAergique sur les neurones POMC en libérant l’AgRP. L’AgRP s’oppose à l’acGon de l’αMSH sur les récepteurs à la mélanocor3ne de type 4 situés à la surface des neurones de second ordre. Les neurones NPY/AgRP libèrent également le NPY qui inhibe les neurones POMC via l’acGvaGon des récepteurs NPYYA. L’acGon de la ghréline au niveau central est antagoniste à celle de la lep3ne. La ghréline a une acGon sur le tronc cérébral via le nerf vague. Au niveau gastrique, elle sGmule la sécré3on d’acides & la mo3lité gastrique. Elle régule l’homéostasie du glucose par inhibiGon de la sécréGon d’insuline, et l’homéostasie énergé3que en diminuant la thermogenèse pour réduire les dépenses énergéGques. Elle possède également des acGons cardioprotectrices, & de protecGon de l’atrophie musculaire … e. Insuline L’insuline est une hormone pep3dique sa3étogène (anorexigène) impliquée dans la régulaGon à court & moyen termes de la prise alimentaire. L’insuline est sécrétée rapidement dans la veine porte par les cellules β du pancréas pendant la période postprandiale. Elle est sGmulée par l’arrivée du glucose. Le taux d’insuline à jeun présente une corrélaGon posiGve avec la masse de grasse corporelle, l’insuline est donc considérée comme un marqueur de subs3tu3on de l’adiposité. Les effets sur la prise alimentaire de l’insuline dépendent de la dose et de la voie d’administra3on. Si on injecte l’insuline dans la veine porte hépa3que, elle n’induit aucun effet sur la prise alimentaire, mais si on l’injecte en intracérébro-ventriculaire, elle entraine une diminu3on de la prise alimentaire. Dans le système nerveux central, les récepteurs à l’insuline Ins-R sont exprimés dans les neurones NPY/AgRP & POMC de plusieurs noyaux de l’hypothalamus dont le noyau arqué. Elle exerce son rôle sa3étogène en ac3vant les neurones POMC via la voie IRS2 & en inhibant les neurones NPY/AgRP. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 10 Ne se subsGtue pas au cours ACTES 2023-2024 Réservé aux membres de l’ACTES Des travaux montrent que la suppression de l’adaptateur IRS-2 provoque l’obésité notamment chez les rongeurs. B. Régula*on à long terme 1. Lep3ne La lep3ne est une hormone protéique produite par les adipocytes blancs, elle est codée par le gène Ob. Le taux circulant de lepGne augmente propor3onnellement avec la masse corporelle (masse adipeuse). Ainsi la lep3némie est considérée comme un marqueur de l’adiposité et des variaGons des stocks énergéGques de l’organisme. Elle diminue au cours du jeune & augmente après le repas. L’éléva3on post-prandiale est tardive, 4 à 5h après la prise alimentaire. L’ac3vité physique diminue la lepGne circulante. La lepGne possède un rôle sa3étogène, elle diminue la prise alimentaire & augmente les dépenses énergéGques. Elle pénètre dans le cerveau via la barrière hémato-encéphalique. Les récepteurs de la lep3ne Ob-Rb sont fortement exprimés dans les neurones de l’hypothalamus, en parGculier au niveau du noyau arqué où la lepGne se lie fortement à la forme longue de ces récepteurs. Elle acGve la voie anorexigène (neurones POMC) & elle inhibe la voie orexigène (neurones NPY/AgRP). La liaison de la lepGne à son récepteur acGve la voie de signalisaGon impliquant les protéines JAK-STAT. La phosphoryla3on de STAT3 par JAK2 entraine la translocaGon dans le noyau de facteurs de transcripGon qui régulent la transcripGon de gènes cibles. Elle augmente la transcripGon de l’αMSH (agoniste des récepteurs MC4-R => acGon anorexigène) & induit une sous expression de l’AGRP (antagoniste des récepteurs MC4-R => inhibe l’acGon orexigène de l’AGRP). L’administraGon de lepGne traite efficacement l’hyperphagie et l’obésité chez l’homme & les rongeurs déficients en lepGne. Cependant souvent en cas d’obésité chez l’homme, les taux plasma3ques de lep3ne élevés suggèrent une résistance à la lep3ne au niveau des récepteurs plutôt qu’une déficience en lepGne. Rédigé par Manon ALLAM et Hestrie OYONO 11 Ne se subsGtue pas au cours

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