Infection Génitale Féminine : Leucorrhée (PDF)
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Ce document médical traite des infections génitales féminines, plus précisément de la Leucorrhée. Il couvre les définitions, diagnostics, symptômes et caractéristiques d'une infection génitale féminine, basée sur une approche clinique et complémentaire d'analyses médicales.
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# INFECTION GENITALE DE LA FEMME : LEUCORRHEE ## ITEM 88 ## Module 7 **MOTS CLES** - Leucorrhée physiologique - Vulvo-vaginite à Candida - Infection sexuellement transmissible (IST) - Partenaire **OBJECTIFS ENC: Module 7 - Q88** - Diagnostiquer une infection génitale de la femme - Argumenter l...
# INFECTION GENITALE DE LA FEMME : LEUCORRHEE ## ITEM 88 ## Module 7 **MOTS CLES** - Leucorrhée physiologique - Vulvo-vaginite à Candida - Infection sexuellement transmissible (IST) - Partenaire **OBJECTIFS ENC: Module 7 - Q88** - Diagnostiquer une infection génitale de la femme - Argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi de la patiente ## 1. INTRODUCTION **DEFINITION:** Ecoulement non sanglant provenant de l'appareil génital féminin. Tout le monde dit <<des leucorrhées>>, éthymologiquement il faudrait dire une leucorrhée. Elle peut être : - **Physiologique** par sécrétion endocervicale (glaire cervicale) et desquamation vaginale. - **Pathologique** témoin d'une infection. ## 2. EXAMEN CLINIQUE D'UNE PATIENTE PRESENTANT UNE LEUCORRHEE **INTERROGATOIRE** On précise: - **Les caractéristiques de la leucorrhée:** abondance, aspect, odeur, variations au cours du cycle. - **Les circonstances de survenue:** - Changement récent de partenaire - Traitement médical (antibiotiques, contraceptifs oraux) - Geste invasif endo-utérin (IVG, aspiration endo-utérine, hystéroscopie, hystérosalpingographie...) - **L'existence d'éventuels signes cliniques associés:** fièvre, prurit vulvaire, dyspareunie, douleur pelvienne, signes fonctionnels urinaires... - **L'existence d'éventuels signes cliniques chez le partenaire.** **EXAMEN CLINIQUE** - Mesure de la température - Inspection de la vulve - recherche une inflammation locale (vulvite), une lésion. - Examen vaginal au spéculum: - Visualisation de la leucorrhée - Appréciation de l'aspect de la muqueuse vaginale, recherche de signes inflammatoires locaux (vaginite), de lésions vaginales. - Examen du col utérin (cervicite). - Réalisation de prélèvements vaginaux - Toucher vaginal **EXAMENS COMPLEMENTAIRES** - Prélèvements vaginaux avec: - Examen extemporané des sécrétions vaginales sur lame - mise en évidence de polynucléaires et recherche de trichomonas ou de filaments mycéliens. - Test à la potasse à 10% ou "sniff test" - odeur de poisson pourri caractéristique de l'infection à Gardnerella vaginalis. - Examen bactériologique avec mise en culture et antibiogramme. - Bilan IST ## 3. SAVOIR FAIRE LA DIFFERENCE ENTRE UNE LEUCORRHEE PHYSIOLOGIQUE ET UNE LEUCORRHEE PATHOLOGIQUE | Caractéristiques de l'écoulement | LEUCORRHEE PHYSIOLOGIQUE | LEUCORRHEE PATHOLOGIQUE | |---|---|---| | Leucorrhée | Blanche ou transparente | Leucorrhée d'aspect anormal (en préciser les caractéristiques) | | Inodore | | OUI - Prurit vulvaire, brûlure, dyspareunie, douleur pelvienne, signes fonctionnels urinaires...| | Signes fonctionnels associés | AUCUN | | | Variation au cours du cycle | OUI - Sécrétion essentiellement en phase pré-ovulatoire (milieu de cycle) de la glaire cervicale. | NON | | Signes cliniques chez le partenaire | AUCUN | PARFOIS (uretrite, balanite). | | Résultats du PV | Polynucléaires rares Flore de Döderlein abondante Aucun germe spécifique mis en évidence. | Nombreux polynucléaires altérés Flore de Döderlein rare ou absente Mise en évidence de l'agent pathogène | ## 4. LEUCORRHEE PATHOLOGIQUE Elle est d'origine infectieuse. Il est facile de la différencier de la leucorrhée physiologique à laquelle elle s'oppose point par point: début brutal sans aucun lien avec le cycle, aspect évocateur, existence de signes fonctionnels associés... On différencie la classique vulvo-vaginite à Candida Albicans (Mycose), et la leucorrhée pathologique due à une IST. **ATTENTION REFLEXE** - L'infection à Candida Albicans n'est pas une maladie sexuellement transmissible. Le bilan IST est inutile. Penser à rassurer le couple. ## 4.1. VULVO-VAGINITE A CANDIDA ALBICANS **FACTEURS DE RISQUE** Le candida albicans est un saprophyte humain. Il fait partie de la flore normale de la cavité buccale et du tube digestif. L'infection est le plus souvent d'origine endogène à partir de cette flore saprophyte dont le pouvoir pathogène va être exacerbé par une hyperacidité vaginale et des facteurs locaux et/ou généraux : - **Modifications hormonales:** - Grossesse - l'hyperacidité vaginale due à l'imprégnation œstrogénique de la grossesse favorise les infections mycosiques. - Ménopause - déséquilibre de la flore locale par atrophie vulvo-vaginale (carence œstrogénique). - **Pathologies générales:** diabète, immunodépression, hyperthyroïdie. - **Certains traitements:** antibiothérapie (déséquilibre de la flore de Döderlein, très fréquent +++), pilule œstro-progestative, corticothérapie et anticholinergiques (par sécheresse des muqueuses), traitement progestatif (par atrophie muqueuse). - **Hygiène locale inadaptée:** les toilettes excessives (avec douches vaginales) ou l'utilisation d'antiseptiques locaux altèrent la flore de Döderlein, et favorisent l'infection. - **Causes locales favorisant la macération:** pantalons trop serrés, sous-vêtements en fibres synthétiques, piscine. **CLINIQUE** - Leucorrhée d'aspect blanchâtre et grumeleuse d'aspect de lait caillé, inodore. - Des signes fonctionnels: prurit et brûlures vulvaire, dyspareunie. - Globalement, devant une leucorrhée grumeleuse avec des brûlures et des démangeaisons, vous avez le diagnostic! - Une vulvo-vaginite, avec œdème vulvaire et parfois des lésions de grattage. - Le diagnostic est avant tout clinique: on ne réalisera de prélèvement vaginal avec mise en culture sur milieu de Sabouraud et demande d'un antifongigramme qu'en cas de doute diagnostic ou de mycose récidivante. - L'examen extemporané retrouverait des polynucléaires et des filaments mycéliens. **TRAITEMENT** **TRAITEMENT ANTIFONGIQUE LOCAL:** - Ovule antifongique, par exemple: traitement par Monazol® 1 ovule à libération prolongée intra-vaginal. - Pommade vulvaire antifongique, par exemple: Monazol crème ® 1 application matin et soir 10 j. **MESURES ASSOCIEES:** - Savon alcalin pour toilette intime (ex: Gynhydralin®) ou savon neutre (ex: Monagyn®). **Attention**, pas de toilette vaginale! Cela perturbe la flore de Döderlein et favorise les infections! - Lutte contre les facteurs de risque: éviter les pantalons trop serrés, port de sous-vêtements en coton, pas d'hygiène locale excessive, équilibre d'un diabète éventuel... - Traitement du partenaire non systématique: pommade antifongique au niveau du sillon balanopréputial pendant 10 jours si le partenaire est symptomatique (balanite) ou en cas de mycose récidivante **EN CAS DE MYCOSE RECIDIVANTE (≥ 4 épisodes / an):** - Traitement du partenaire. - Décontamination digestive par antifongique de contact (ex: Amphotericine B) - Traitement systémique minute par voie orale (Beagyn® 1 comprimé) idéalement renouvelé (1cp/mois pendant 3 mois), non remboursé. ## 4.2. INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES | TYPE | INFECTION | INFECTION | |---|---|---| | VULVO-VAGINITES| PARASITAIRE: TRICHOMONAS VAGINALIS | Infection sexuellement transmissible (IST). Trichomonas vaginalis = protozoare flagellé. Facteurs favorisants: Alcalinisation du milieu vaginal (ex: savon de Marseille) Hypoœstrogénie. - Tableau clinique associant: Leucorrhée verdâtre, nauséabonde et bulleuse. Vulvo-vaginite et cervicite avec piqueté hémorragique, col rouge framboisé. - Examen extemporané: présence de polynucléaires et du protozoaire flagellé et mobile. - Traitement: Traitement local: Ovules de Flagyl® 1 par jour pendant 10j. En cas de résistance, traitement per os: Fasigyne® 500 (4cp en une seule prise). Savon acide (ex: Lactacid®). Traitement systématique du partenaire par Fasigyne® 500 4cp en une prise unique. | | | | BACTERIENNE Infection à germes banals, par exemple: Streptocoque, Escherichia Coli, Staphylocoque doré... La symptomatologie est variable. Le diagnostic repose sur le prélèvement vaginal avec mise en culture. | | CERVICITE | | CHLAMYDIÆ TRACHOMATIS Le portage asymptomatique est assez fréquent. Mise en évidence du germe par PCR sur prélèvement de l'endocol ou sur un échantillon urinaire | | | BACTERIENNE | GONOCOQUE Tableau le plus souvent asymptomatique - simple portage au niveau cervical. Mais des leucorrhées purulentes sont également possibles. Le diagnostic repose sur l'identification du germe sur la mise en culture des prélèvements vaginaux. | | INFECTION DU HAUT APPAREIL GENITAL | | Endométrite | Inflammation de la muqueuse utérine, le plus souvent secondaire à un geste invasif endo-utérin. Le tableau clinique associe une fièvre avec des leucorrhées et des douleurs pelviennes. Cf. chapitre. | | | | Salpingite | | **ATTENTION REFLEXE** - Bilan IST pour la patiente mais aussi le ou les partenaire(s): Sérologie HIV, sérologie hépatite B, sérologie syphilis (TPHA-VDRL), PCR Chlamydia. - Rapports protégés jusqu'à la fin du traitement et vérification microbiologique de la guérison. ## 4.3. GARDNERELLA VAGINALIS C'est un Bacille Gram-négatif qui peut être considéré comme un hôte normal de la flore vaginale. Il peut devenir pathogène, on parle alors de vaginose bactérienne. Le diagnostic est facilement évoqué à l'examen clinique: leucorrhée abondante, grisâtre, et nauséabonde. Le diagnostic de certitude repose sur : - Test à la potasse positif (odeur de poisson pourri). - PH vaginal alcalin. - Présence de Clue cells à l'examen extemporané (pathognomonique). Le traitement repose sur le SECNIDAZOLE (Secnol®) per os en traitement monodose (2g). Le traitement du partenaire est discuté car ce n'est pas une IST à proprement parler. **A RETENIR** Savoir différencier une leucorrhée physiologique d'une leucorrhée pathologique. Le diagnostic est avant tout clinique - Principales étiologies: - Vulvo-vaginites à Candida Albicans - Infections sexuellement transmissibles: - Infection parasitaire à trichomonas vaginalis - Infections bactériennes à chlamydiæ, gonocoque, gardnerella vaginalis ou germes banals - Vaginose bactérienne - Pour la prise en charge des vulvo-vaginites à Candida Albicans: - Le diagnostic est avant tout clinique (prurit et brûlures vulvaires). - Un prélèvement vaginal ne sera justifié qu'en cas de mycose récidivante ou résistante à un traitement bien conduit. - Le traitement associe des antifongiques locaux (ovules, crèmes) et des mesures associées (savon alcalin, lutte contre les facteurs de risque). - Le traitement antifongique général par voie orale n'est indiqué qu'en cas de récidive ou de localisation digestive associée. - Mesures hygiéniques associées: pas de toilette vulvo-vaginale excessive, vêtements amples, sous-vêtements en coton. En dehors de la mycose et de la vaginose bactérienne, une leucorrhée pathologique est le témoin d'une infection sexuellement transmissible - Bilan IST et traitement systématique du partenaire.