Réseaux sociaux: "Je ne vois plus trop l'intérêt d'exposer sa vie sur Facebook" PDF
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Paula Pinto Gomes
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Summary
Cet article analyse les tendances en matière de publication sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur Facebook. L'article explore la prise de conscience accrue de la protection des données et l'impact sur la façon dont les gens partagent leur vie personnelle sur ces plateformes. Les jeunes seraient notamment plus attentifs à cette question.
Full Transcript
**Réseaux sociaux: « Je ne vois plus trop l'intérêt d'exposer sa vie sur Facebook »** Par lassitude ou par conscience de protection des données numériques, de plus en plus d'internautes hésitent à publier des contenus très personnels sur les réseaux, bien que le phénomène ne soit pas encore quantif...
**Réseaux sociaux: « Je ne vois plus trop l'intérêt d'exposer sa vie sur Facebook »** Par lassitude ou par conscience de protection des données numériques, de plus en plus d'internautes hésitent à publier des contenus très personnels sur les réseaux, bien que le phénomène ne soit pas encore quantifié. Ils privilégient des groupes de discussion plus restreints. Les internautes hésitent de plus en plus à partager leur vie personnelle sur les réseaux sociaux et privilégient des groupes de discussion plus restreints.**Pao Corazza/** Les campagnes de sensibilisation sur la protection des données et de la vie privée sur les réseaux sociaux commenceraient-elles à porter leurs fruits ? Si les internautes fréquentent toujours autant ces plateformes, ils y publieraient moins de contenus personnels. Hélène, la quarantaine, le constate pour elle : *« Je le fais beaucoup moins qu'avant. Je suis même étonnée de voir le nombre de messages et de photos que je pouvais poster sur Facebook ou Instagram, il y a quelques années*, confie-t-elle. *Aujourd'hui, j'en ressens moins l'envie, moins le besoin, je suis un peu saturée par les réseaux sociaux. Et je trouve que mes amis le font moins aussi, ou alors en postant des *stories *qui laissent moins de traces durables. » *Cette Parisienne publie également moins de photos de sa fille, aujourd'hui ado, parce qu'elle* « la sent moins à l'aise avec son image ».* Elle préfère, désormais, échanger sur la messagerie privée WhatsApp, à l'instar de beaucoup d'internautes :* « Je suis dans pas mal de groupes de cousins, d'amis, de parents d'élèves... »* **Les jeunes publient moins sur TikTok que sur Snapchat** Marie, mère de deux jeunes enfants, se dévoile, elle aussi, beaucoup moins qu'avant, parce qu'elle *« a grandi ». « Je ne vois plus trop l'intérêt d'exposer sa vie sur Facebook », *dit-elle. Cécile, la cinquantaine ne l'a jamais fait, mais il lui arrivait tout de même de publier des photos de ses enfants *« pour donner des nouvelles aux amis qui sont loin »*. Jusqu'au jour où elle s'est fait *« houspiller »* par ses trois grands ados. *« Aujourd'hui, ils veulent reprendre la main*, explique-t-elle. *Eux, ne publient rien de personnel sur les réseaux sociaux. Ils échangent uniquement par messages privés sur Instagram. »* Sophie Jehel, professeure en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 8, confirme l'existence de nouvelles pratiques chez les 15-16 ans. *« Les usages varient selon le réseau social, *précise-t-elle.* Ils publient peu sur TikTok et un peu plus sur Snapchat parce qu'ils peuvent choisir les personnes auxquelles ils s'adressent et ont donc davantage l'impression de maîtriser ce qu'ils font*. *Sur Instagram, on observe surtout une diminution du nombre de contacts. En 2021, 27 % des filles de cet âge avaient plus de 500 contacts et en 2023, elles n'étaient plus que 12 %. Sans doute*, ajoute-t-elle, *y a-t-il une prise de conscience des enjeux de protection de la vie privée. »* Concernant les parents, ils sont encore nombreux à publier des contenus personnels ou sur leur famille : respectivement 44 % et 43 %, selon une étude publiée en 2023 par l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique (Open).* « Plus les parents sont jeunes et plus ils publient des photos de leurs enfants,* analyse Thomas Rohmer, directeur de l'Open. *Ils sont 55 % parmi les moins de 36 ans à le faire, ce qui est assez contradictoire puisque cette génération a connu l'arrivée d'Internet à l'adolescence et a donc été davantage sensibilisée à ses dangers. »* **Plus les parents sont jeunes, plus ils publient des contenus sur leur famille** Cependant, l'anthropologue Pascal Plantard, spécialiste des usages des technologies numériques, constate un début de changement dans le comportement de certains parents. *« Il n'y a pas encore d'études fiables sur les dernières transformations des pratiques numériques familiales, mais on a des retours de recherches qualitatives qui montrent ce que j'appelle un ressaisissement parental*.* Avec la massification d'Internet, *explique-t-il,* on a pensé que des enfants nés avec cette technologie seraient naturellement compétents, ce qui a poussé beaucoup d'adultes à se dessaisir de la question. Or, aujourd'hui, certains commencent à regarder un peu plus ce que font leurs enfants sur les écrans et réfléchissent aussi à leurs propres pratiques, avec les risques de piratage, la protection des données, la saturation des mails, des visios... »* Cette prise de conscience ne toucherait toutefois que les familles avec *« un capital culturel plus important »*, selon le spécialiste. *«Le phénomène concerne surtout des parents des classes moyennes ou aisées qui commencent à avoir un regard critique sur le numérique, alimenté par la panique morale autour des algorithmes addictifs, de TikTok ou de l'intelligence artificielle.»* - Paula Pinto Gomes, - le 23/10/2024 à 10:48