Séminaires-Brochures PDF - Accueil, Asile et Migrations - MENA

Summary

Ce document détaille les activités de la Croix-Rouge de Belgique en matière d'accueil, d'asile et de migration en Belgique. Il présente les domaines d'intervention tels que la santé, la jeunesse et la solidarité nationale et internationale. Des données statistiques, des informations sur les centres d'accueil et les accompagnements individuels sont également fournies.

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Séminaire 1 : « Accueil, asile et migrations - MENA » (Croix-Rouge de Belgique - Département Acceuil des demandeurs d’asile) Dans quel cadre s’inscrit l’accompagnement des demandeurs d’asile par la Croix-Rouge ? Domaine d’activités de la croix-rouge de Belgique SAN...

Séminaire 1 : « Accueil, asile et migrations - MENA » (Croix-Rouge de Belgique - Département Acceuil des demandeurs d’asile) Dans quel cadre s’inscrit l’accompagnement des demandeurs d’asile par la Croix-Rouge ? Domaine d’activités de la croix-rouge de Belgique SANTÉ Interventions en situations d’urgence Collectes de sang Transport urgent et non urgent des patients Location de matériel paramédical Dispositifs préventifs de secours Formations aux premiers secours JEUNESSE Implication des jeunes dans les activités de la CR Éducation à la citoyenneté mondiale Visite d’enfants à leur parent détenu Accueil et accompagnement des mineurs étrangers non accompagnés SOLIDARITÉ NATIONALE Aide alimentaires Boutiques solidaires de vêtements de seconde main Visites à domicile de personnes isolées SOLIDARITÉ INTERNATIONALE O Accueil et accompagnement des demandeurs d’asile Diffusion du droit international humanitaire Soutien et renforcement des communautés vulnérables Opération d’urgence internationales La Croix-Rouge est auxiliaire des pouvoirs publics pour l’accueil des demandeur·se·s d’asile depuis plus de 30 ans Notre mission d’accueil est cadrée par la loi. Accueillir les demandeur·se·s de protection internationale (autrement dit, les demandeur·se·s d’asile) est un mandat que nous a confié l’État fédéral en 1989. L’approche de la Croix-Rouge est Mission d’accueil strictement humanitaire. Elle et d’accompagnement Volonté et expertise n’encourage ni ne décourage la le temps de la - en matière d’inclusion > - migration. Elle agit en fonction des procédure et de « vivre besoins et des vulnérabilités des (en moyenne 1 an) ensemble » migrant.e.s, de manière neutre, quel que soit leur statut juridique, et à chaque étape de leur parcours. Un acteur humanitaire sur le parcours migratoire : L’approche de la Croix-Rouge est strictement humanitaire. Elle n’encourage ni ne décourage la migration. Elle agit en fonction des besoins et des vulnérabilités des migrant.e.s, de manière neutre, quel que soit leur statut juridique, et à chaque étape de leur parcours En chiffre : L’ADA c’est aussi 1160 salariés 816 volontaire 93 nationalités différentes rencontrée dans le centre Au total +- 10 000 personnes accueillies en 2023 Une capacité total de 8538 places Dont + de 500 places MENA + 40 places spécifiques à CARDA 28 centres d’accueil en Wallonie et à Bruxelles 1318 personnes en familles 821 femmes isolées 5811 hommes isolés 439 MENA garçons et 26 MENA filles La vie en centre d’accueil Chaque centre d’accueil fournit les services suivants, conformément à la Loi Accueil (2007): Logement et repas (ou espace et denrées pour cuisine) Produits sanitaires et vêtements à petits prix Suivi social pour la procédure de demande de protection internationale – annexe 26, 9bis, 9ter Suivi medical Accès à l’education (obligatoire jusqu’à 18 ans) et à des formations (FLE – Citoyenneté) Services communautaires Organisation d’activités pour intégrer la structure dans son environnement local (“Initiatives de Quartier”) Un accompagnement individuel Une approche personnalisée, au plus près des besoins de chaque résident·e S’informer et se former Se poser et se sécuriser Se créer un réseau Se projeter Issue de la procédure et après-centre Une fois les différentes possibilités de recours épuisées Statut de séjour en Belgique Statut de réfugié·e Protection subsidiaire Délais pour quitter le centre Parcours d’intégration Retour volontaire au pays ou poursuite du parcours migratoire Retour volontaire activable à tout moment de la procédure Migration dans un autre pays (pas de DPI dans un autre pays de l’UE – Règlement Dublin) Séjour irrégulier en Belgique Malgré l’ordre de quitter le territoire Risque d’être placé·e en centre fermé et expulsé·e Situation précaire, accès limité aux droits et aides 6 grandes raisons de migrer : De tous temps, l'homme sest déplace, que ce soit pour fuir l'insécurité, trouver une vie meilleure ou simplement découvrir le monde. Aujourd'hui encore, les raisons de migrer sont multiples et peuvent se combiner en fonction de chaque situation person-nelle. Ce phénomène doit donc être appréhendé dans toute sa complexité: peu importe la raison qui pousse chaque personne à migrer, quitter son pays est rarement une décision facile à prendre... Les atteintes aux droits de l'homme et les persécutions Le non-respect des droits essentiels proclamés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée en 1948 par les Nations-Unies. La recherche d'un mieux-vivre au niveau économique L'aspiration à fuir la pauvreté et la misère, ou à améliorer ses conditions de vie, généralement par le travail. Les inégalités d'accès à l'éducation et aux soins de santé Le manque d'infrastructures d'éducation et de santé, ou la faible qualité de celles-ci, peuvent pousser des personnes à quitter leur lieu de vie. Ces deux thématiques font partie des priorités des 17 Objectifs pour le Développement identifiés par les Nations-Unies pour la période 2016-2030. Les catastrophes naturelles ou les changements climatiques Les inondations, cyclones, tomades, ouragans, tremblements de terre, sécheresses, etc. Les conflits armés Le droit international humanitaire distingue deux types de conflits armés (les conflits armés non internationaux et les conflits armés internationaux). Il constitue un ensemble de règles visant à limiter les effets de la guerre, notamment en protégeant les personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités et en restreignant les moyens utilisés pour les combats. Les raisons individuelles et familiales Le goût du voyage, de la rencontre, de la découverte, le regroupement familial, l'amour, etc. Qui migre vers la Belgique ? La migration forcée en quelques chiffres Ou trouvent refuge les réfugiée ? 83% accueillis dans des pays à revenu faible ou intermédiaire Près de 9/10 réfugiés dans le monde se trouve dans un pays en développement : les pays industrialisés €0(et européens) n’accueillent pas la majorités des réfugiés 72% des personnes déracinées étaient accueillies dans les pays voisins La proportion de migrants est en augmentation mais reste relativement stable ces dernières années. C’est la proportion parmi eux de réfugiés/déplacés qui a presque doublé en 10 ans ! Conflit en Ukraine, prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan… Rien qu'en 2021, les catastrophes climatiques ont provoqué le déplacement interne de plus de 23,7 millions de personnes. Fin 2021, sur les 89,3 millions de personnes forcées de fuir, 53,2 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays : la plupart des personnes obligées de fuir ne quittent pas leur pays Terminologie : Migrant : une personne qui quitte un lieu A pour aller s’installer et vivre dans un lieu B pour une période longue (minimum 1 an) Immigré/émigré : Migrant venant s’installer à l’intérieur d’un pays /quittant un pays pour s’installer dans un autre Demandeur de protection internationale : une personne qui sollicite une protection internationale (demande d’asile) hors des frontières de son pays, mais qui n’a pas encore été reconnue comme réfugié Réfugié : une personne qui a obtenu la protection dans un autre pays parce qu’on reconnaît qu’elle a dû fuir le sien en raison d’un danger (critères de la Convention de Genève de 1951) MeNA : mineur étranger non accompagné par un tuteur légal reconnu par l’Etat belge, identification et tutelle par le SPF Justice (affaire Tabitha, 2006) Sans-papier : une personne qui ne possède pas les documents permettant de justifier de son identité et, si elle est étrangère, de la régularité de sa situation en Belgique (qui peut être connue des autorités) Clandestin : une personne en situation irrégulière Débouté : une personne qui fait l’objet d’un rejet de sa demande en justice Etranger : Personne dont la nationalité n’est pas celle d’un pays donné Belge : une personne ayant la nationalité belge Comment devient-on « réfugié »? - La fait de demander l’asile est un Droit inscrit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, art.14 - Les conditions d’octroi du statut de réfugié sont fixées par la Convention de Genève de 1951 1946 : OIR - création de l’Organisation Internationale pour les Réfugiés 1949 : HCR - création par l’ONU du Haut Commissariat aux Réfugiés 1951 : Convention de Genève - adoption de la Convention La Convention de Genève : Est considérée comme réfugié, toute personne qui craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa nationalité, de sa religion, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays La protection subsidiaire : Réfugié : statut de réfugié - toujours vérifier avant d’envisager la protection subsidiaire ↓ Risque réel de subir des atteintes graves ? Atteintes graves : Peine de mort ou exécution Torture ou traitements inhumains ou dégradants Menaces contre la vie en raison d’une violence aveugle en cas de conflit armé ↓ Protection subsidiaire : durée - accordé (1 ans puis 2x2 ans) après 5 ans (séjour illimité) La protection temporaire (2022) Personnes fuyant la guerre en Ukraine : QUI : sans distinction de nationalité QUOI : droit de séjour, travail/chômage, hébergement, scolarisation, regroupement familial…. ↓ Directive de l’UE de 2021 : 3 critères Temporaire Personnes déplacées Afflux massifs ↓ Appliquées pour la 1re fois par les États Membres Durée : 1 an Prorogation automatique : 2x6 mois Sur décision du CE : 1 an soit 3 ans max Procédure d’asile en Belgique Les chiffres en Belgique 2020 : très forte diminution 2022 : tendance à la hausse (36871 personnes dont 3615 MENA mais en dessous des arrivées de 2015 (45000) —> Taux de protection (CGRA) : 43% en 2022 (57,7% en 2016) Arriéré actuel : 16415 = 19157 personnes en attente au CGRA et 2811 recours à l’examen au CCE Autre procédure et statut : 63000 bénéficiaires de protection temporaire (Ukraine) en 2022 Au total le nombre de DPI représente moins de 1% de la popu belge Si le taux de protection a augmenté ces 2 dernières années, on peut faire une moyenne de 3/10 personnes qui ont obtenu le statut de réfugié les dernières années Focus sur les MENA Être MENA : - La genèse de la création du statut: cadre légal - Le rôle du tuteur - Les différents profils - Les traumas du parcours La convention internationale des droits de l’enfant La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), ratifiée par la Belgique, stipule dans son article 20 que « tout enfant temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, ou qui dans son propre intérêt ne peut être laissé dans ce milieu, a droit à une protection et une aide spéciale de l’État y compris les enfants demandeurs d’asile, réfugiés ou migrants, sans considération de leur nationalité, de leur statut au regard de l’immigration ou de leur apatridie » La loi Tutelle Loi tutelles du 24/12/02 article 5 entrée en vigueur en 2004 suite à l’affaire Tabitha Définit qui est MENA (4 conditions à rencontrer) : 1) Tout jeune se déclarant comme ayant moins de 18 ans 2) Non accompagné de ses représentants légaux (parents ou tuteur –reconnus en Belgique) 3) Ressortissant d’un pays non-membre de l’Espace Economique Européen (27 pays de l’UE + Norvège, Liechtenstein, Islande)–mais depuis 2007 une circulaire inclut les mineurs européens non accompagnés vulnérables (pas tout à fait la même tutelle > nous y reviendrons) 4) Sans séjour, en séjour précaire ou en DPI Les services tutelles Dépend du SPF Justice Indépendance vis à vis des considérations Forme, agrée, coordonne et contrôle les tuteurs Coordonne contacts avec autorités 1. Recevoir et traiter le signalements 2. Contacter le réseau d’accueil (Fedasil) 3. Identifier les MENA 4. Désigner un tuteur Dès que quelqu’un se déclare MENA ou qu’un signalement est fait (par l’OE, la police, etc. – n’importe qui peut faire un signalement), le Service des Tutelles ouvre un dossier. Pendant la prise en charge le jeune est présumé MENA et donc accueilli en Centre d’Observation et d’Orientation (COO) (ex : NOH, Stenokerzeel, Woluwe-Saint- Pierre, Sugny, etc.) Le service des tutelles vérifie si le jeune remplit les 4 conditions prévues par la loi tutelle (cf. identification des MENA) Test osseux Dès le signalement, si doute sur l’âge : tests osseux Signalements souvent faits par l’OE -> L’OE peut cocher la case « doute sur l’âge » sans justification, sans entretien et sans vérification des documents Fréquent lorsque les jeunes n’ont pas de document d’identité, ou n’ont que des photos, ou que les documents ne sont pas légalisés, ou même lorsque les documents n’ont pas été demandés 3 radios : clavicule, poignet, dents Critiques : Tests créés pour évaluer un retard de croissance (lorsque l’âge de la personne est connu) et non pour déterminer un âge Tables de référence faites sur des populations blanches, nord-américaines, dans les années 50 Beaucoup de scientifiques disent que les tests ne sont pas fiables pour déterminer un âge Marge d’erreur estimée à 4 ans -> en octobre 2022, le SPF Justice a arrêté de soumettre des jeunes à ces tests (“pas prudent d’un point de vue médical, les jeunes étant trop malades et trop fatigués (...) « Après avoir vécu dans la rue, les jeunes sont trop faibles pour de telles radios ») Si plus de 18 ans, ne rentre pas dans les conditions de la loi tutelle = ne peut pas être MENA Si moins de 18 ans = peut être MENA -> Attention, il arrive que le jeune soit déclaré mineur mais avec une date différente que la date déclarée ce qui raccourcit la période de prise en charge (il aura 18 ans plus tôt) La solution durable ou « procédure MENA » Pour obtenir le droit de séjour illimité Demande introduite par le tuteur en cas de profil NDPI ou décision négative Il faut prouver qu’il n’y a plus de conditions d’accueil dignes au pays Parents décédés, maltraitances familiales, pas de perspectives d’avenir, de travail (ne fonctionne pas toujours), enfants en Belgique qui deviennent MENA, etc. Avoir moins de 17,5 ans (car très long) L’OE cherche d’abord la solution dans le pays d’origine, auprès de la famille. La priorité dans la recherche de solution durable est de sauvegarder l’unité familiale et l’intérêt supérieur de l’enfant > Mais ces deux intérêts ne se rencontrent pas toujours ! L’OE réalise une enquête dans le pays d’origine : les déclarations du jeune sont vérifiées En Guinée l’employé de l’ambassade belge va dans les familles pour poser des questions Maroc, Albanie, Guinée, Congo : enquête approfondie sur place Afghanistan : OE admet que ce n’est pas possible de faire des enquêtes, mais le jeune doit donner des informations et souvent la famille est toujours au pays. Souvent les MENA afghans déclarés mineurs sont reconnus en asile. Souci majeur pour solution durable : le passeport (taskara pas acceptée pour solution durable) -> Si solution durable, attention: enquête dans le pays d’origine. Cela pourrait poser problème pour une future DPI (en fonction de ce que l’OE va trouver) pour certains jeunes au profil « en errance » + 18 ANS (ou défaut d’autres conditions) : cessation de prise en charge Plusieurs implications : Pas de tuteur Pas d’accès à l’école garanti Désignation dans un centre adulte Application de tous les critères Dublin Pas de bénéfice du doute plus large en DPI Pas de droit au RF (pour faire venir ses parents) si décision positive Le trajet migratoire et les mobilisations qu’il a sollicité du jeune (notamment la cristallisation des affects) a pour conséquence que, lorsqu’il arrive à destination, le MENA présente des affects qui n’ont pas pu être élaborés et ces derniers peuvent ressurgir sous forme de débordements affectifs ou comportementaux difficiles à comprendre et gérer tant par le jeune que par l’entourage. Cela peut mener à des automutilations, de l’agressivité ou encore un retrait social, de la tristesse, un manque de motivation... En outre, les violences subies renforcent la méfiance à l’égard des adultes et les risques de symptômes post-traumatiques. Plusieurs profils : Mineurs exilés Mineurs mandatés Mineurs exploités Mineurs fugueurs Mineurs errants Séminaire 2 : « Sensibilisation aux transidentités et aux intersexuations (Genres Pluriels) » - Matière à connaître pour l’examen 1. Terminologies 1.1. Notions clés SEXE Ensemble de caractéristiques arbitrairement utilisées pour scinder certaines espèces animales, dont les êtres humains, en deux catégories : les mâles et les femelles. Si des caractéristiques biologiques (génétiques, phénotypiques, endocriniennes, etc.) différenciées existent bel et bien dans la nature, l'importance disproportionnée donnée à la notion de sexe relève d'une idéologie à la fois religieuse et psychiatrique, très présente dans la culture occidentale, selon laquelle la procréation de l’espèce est ce qui prime avant toute chose, y compris sur l’aspiration des individus à la liberté, l'épanouissement et l’autonomie. De plus, certaines personnes présentant des variantes au niveau d'une ou plusieurs caractéristiques, ne peuvent être catégorisées en tant que mâles ou femelles : il s'agit des personnes intersexes, dont l'existence et l'identité sont invisibilisées voire niées par l'idéologie binaire. La focalisation sur les différences réelles ou supposées entre les sexes conduit par ailleurs au sexisme, qui se traduit par la domination d'un groupe social sur l'autre, via l'infériorisation des femmes, comme l'illustre l'expression “le sexe faible”. Enfin, la croyance erronée que le genre est nécessairement congruent au sexe assigné à la naissance constitue la base des mécanismes menant à des représentations et des discours transphobes. INTERSEXE “Les personnes intersexuées présentent à la naissance des caractères sexuels qui, en raison d’une large gamme de variations naturelles, ne correspondent pas à la définition type du masculin et du féminin, notamment en ce qui concerne l’anatomie sexuelle, les organes reproducteurs ou la disposition des chromosomes. La proportion de la population présentant des caractères intersexués à la naissance est estimée à 1,7%. Soumises à des interventions et à des opérations chirurgicales non nécessaires, pratiquées sans leur consentement, les personnes intersexuées sont en outre souvent montrées du doigt et victimes de discriminations » GENRE Le genre est un construit socio-culturel et non pas une donnée naturelle. Contrairement à l'idée reçue qui persiste dans les mentalités et les discours, sexe et genre ne sont pas des notions ni des expressions interchangeables. Pourtant, le postulat arbitraire confondant sexe et genre entraîne, chez les êtres humains, l'assignation automatique, dès la naissance, non seulement du sexe mais aussi du genre (on ne dira pas “c'est un mâle ou une femelle ?” mais bien “c'est un garçon ou une fille ?”). Le genre relève ainsi d'une identité psycho- sociale au départ imposée en vertu de normes binaires, sur base exclusive du sexe biologique : par exemple, un mâle (sexe) sera dès la naissance considéré et éduqué comme un garçon-homme (genre), ce qui se traduit, tout au long de la vie, par une série d'attentes et d'injonctions différenciées, notamment au niveau comportemental, tout écart par rapport à la norme étant plus ou moins lourdement sanctionné. IDENTITÉ DE GENRE L’identité de genre d’une personne se réfère au genre auquel elle s’identifie, celui-ci n'étant pas nécessairement congruent au genre assigné à la naissance. Si la plupart des personnes s’identifient au genre assigné à la naissance, certaines s’identifient plutôt à un autre genre, et d’autres encore ne s’identifient pas à un genre en particulier. Différentes terminologies mettent en évidence la pluralité des identités de genre: cisgenre, transgenre, agenre, genre fluide, genre non binaire,... EXPRESSION DE GENRE L’expression de genre renvoie aux différentes façons (attitudes, langage, vêtements, etc.) dont les personnes expriment leur identité de genre, et à la manière dont celle-ci est perçue par les autres. Elle peut être qualifiée de masculine, féminine, androgyne... ou non binaire. Généralement, l’expression de genre correspond à l'identité de genre de la personne, mais elle peut aussi englober des formes occasionnelles ou temporaires d’expression, que celle-ci corresponde ou non à l’identité de genre de la personne (tra.ns.vesti.e.s, drag kings, drag queens). Tout ou partie de l'expression de genre peut, si elle ne correspond pas au genre assigné à la naissance ou au genre perçu, être considérée comme une transgression des normes de genre binaires régissant l'ordre social occidental, et réprimée, y compris chez les personnes se définissant comme cisgenres. RÔLE SOCIAL DE GENRE En sociologie, le rôle représente la manière dont un individu doit se comporter pour être en adéquation avec son statut et ainsi pouvoir être intégré au sein de son milieu ou groupe social. Le rôle social de genre désigne un ensemble de stéréotypes et d'injonctions différenciées, définissant les comportements socialement prescrits ou proscrits par les normes genrées binaires. Par exemple : une femme n'est pas censée être ambitieuse ; un homme ne doit pas montrer sa fragilité. CISGENRE Qualifie une personne dont l'identité de genre (et par extension l'expression de genre) est relativement en adéquation avec le rôle social attendu en fonction du genre assigné à la naissance. Exemple : dans la culture occidentale, une personne assignée fille à la naissance et se vivant/se définissant librement en tant que femme. TRANSGENRE Qualifie une personne dont l’identité de genre et/ou l’expression de genre diffère de celle habituellement associée au genre qui lui a été assigné à la naissance. Il s'agit d'un terme coupole, incluant une pluralité d'identités de genre, en fonction de l'auto- définition de chaque personne. Être transgenre ne se joue pas nécessairement ou exclusivement sur le terrain du corps : est transgenre toute personne qui, questionnant et/ou ne s'identifiant pas complètement aux rôles sociaux habituellement associés au genre qui lui a été assigné à la naissance, se définit comme tel.le. TRANSIDENTITÉ Terme générique utilisé pour décrire toute identité de genre autre que cisgenre. AGENRE, BIGENRE, GENRE FLUIDE, GENRE. ON BINAIRE,… Les identités de genre se déclinent non pas selon une articulation binaire femme-féminin ou homme-masculin, mais sur un continuum le long duquel les personnes sont libres d'évoluer à tout moment, en fonction de leur point de confort. L'identité de genre ne revient pas à devoir “choisir un camp” ! Certaines personnes se définissent ainsi comme bigenres, de genre fluide ou de genre non binaire, s'appropriant, ignorant ou déconstruisant à leur gré les rôles sociaux ou les expressions habituellement associées à l'un ou l'autre genre binaire. D'autres personnes se définissent comme agenres, c'est-à-dire qu'elles ne s'identifient à aucun genre en particulier. On peut rencontrer encore d'autres terminologies désignant des identités de genre non binaires, par exemple genderqueer, genre non conforme, Ft*, Mt*, etc. Rappelons que l'identité de genre est auto- définie, auto-déclarative et légitime peu importe comment la personne a été assignée à la naissance. TRANSPHOBIE La transphobie est une attitude négative, pouvant mener au rejet et à la discrimination, à l'encontre des personnes transgenres. Les discriminations sont liées aux préjugés et la transphobie peut s’exercer sur des personnes trans* ou supposées comme telles (cisgenres). La transphobie peut se manifester sous forme de violences verbales (moqueries, insultes, propos discriminants), de violences physiques (agressions, viols ou meurtres), ou par un comportement discriminatoire ou intolérant (discrimination à l'embauche, au logement, à l'accès aux soins médicaux), ou encore de façon institutionnalisée (lois, règlements discriminatoires). Les identités de genre n'ont rien à voir avec les préférences sexuelles ou affectives La confusion entre les identités de genre et les préférences sexuelles ou affectives demeure très répandue. Or, tout comme les personnes cisgenres, les personnes transgenres peuvent se définir comme hétérosexuelles, gayes ou lesbiennes, bisexuelles, pansexuelles, asexuelles, polyamoureuses, etc. Ces préférences peuvent demeurer constantes ou bien évoluer selon le parcours de vie de la personne, sans lien direct avec sa transidentité. L'idée reçue que les personnes trans* adoptent un autre genre par refus d'une éventuelle homosexualité est tout simplement un mythe ! La confusion entre identités de genre et préférences sexuelles/affectives est perpétuée par l'usage de terminologies inappropriées telles que “transsexualité”, “transsexuel.le.s” ou bien encore “identité sexuelle”. 1.2. Expressions à proscrire TRANSSEXUEL.LE, TRANSSEXUALITÉ, TRANSSEXUALISME Ces termes sont issus du vocabulaire psychiatrique et sont problématiques à plus d’un titre. D’abord, la psychiatrisation des personnes trans* nuit grandement à leur inclusion dans la société et engendre les autres discriminations à leur encontre (notamment les stérilisations forcées). En effet, elle leur interdit le droit à l’auto- détermination, limite leur autonomie et leurs droits sur leurs corps en les soumettant à l’autorité des psychiatres. Ensuite, la morphologie de ces termes crée une confusion entre identité de genre et sexe ou préférences sexuelles. TRANSGENDÉRISME, DYSPHORIE DE GENRE, TROUBLE DE L’IDENTITÉ DE GENRÉ INCONGRUENCE DE GENRE Autres termes issus de la psychiatrie, ayant servi à “diagnostiquer” les personnes trans*. Leur utilisation ne peut que renforcer l’idée erronée selon laquelle les personnes trans* sont malades mentales et en souffrance. IDENTITÉ SEXUELLE Cette expression en elle-même n’a aucun sens : l’identité (par essence subjective, personnelle, culturelle) ne peut concerner le sexe, qui est un critère biologique objectif. Il y a donc ici confusion entre genres, sexes et rôles sociaux de genre, confusion encore répandue dans la population générale mais aussi chez certain.e.s professionnel.le.s des domaines psycho-médico-sociaux. De plus cette expression est utilisée tantôt à la place d’identité de genre, tantôt à la place de préférences sexuelles ou affectives, si bien que personne ne lui reconnaît vraiment de sens précis. CHANGEMENT DE SEXE Changer de sexe est impossible car le sexe d’une personne est déterminé par de nombreuses caractéristiques biologiques (génétiques, phénotypiques, endocriniennes, etc.) et non pas uniquement par l’apparence des organes génitaux. Or on ne peut pas agir sur toutes. D’autre part, toutes les personnes trans* ne désirent pas forcément modifier leur apparence. Dire que les personnes trans* “changent de sexe” est donc inapproprié dans tous les cas. On préférera dire “changement de rôle social de genre” ou “changement d’expression de genre”. 1.3. A manier avec précaution L’OPÉRATION De nombreuses personnes considèrent que les personnes trans* “deviennent” elles- mêmes après “L’Opération”. Non seulement toutes les personnes trans* ne désirent pas avoir recours à de la chirurgie, mais il existe en plus de nombreuses opérations différentes. Et aucune de ces chirurgies, pas plus celles modifiant les organes génitaux que les autres, ne sépare une personne trans* de son identité. Les démarches médicales éventuellement entreprises visent à atteindre son point de confort et non à valider une identité aux yeux des autres. PASSING, PASSER Le terme-concept de passing est le fait pour un.e membre d’un groupe minoritaire ou oppressé de “passer pour” membre du groupe majoritaire ou dominant. Dans le contexte de l’identité de genre, il s’agit donc de “passer pour” cisgenre. Dans bien des situations, il s’agit pour les membres du groupe minoritaire d’assurer leur sécurité ou leur inclusion dans la société. Le terme est problématique parce qu’il contient une idée de dissimulation – alors que les personnes sont dans la nécessité de se protéger – et parce qu’il renvoie la responsabilité de son inclusion sociale à l’opprimé.e au lieu de l’oppresseu.r.se. En effet, être correctement identifié.e dans son genre n’est pas de la responsabilité d’une personne, c’est à son interlocut.rice.eur d’éviter les conclusions hâtives basées sur des clichés. On évitera donc de dire qu’un.e tel.le “a un bon passing” pour choisir une expression comme “est habituellement reconnu.e dans son genre”. TRANSGENRE : UN ADJECTIF ET NON UN PHÉNOMÈNE Il est incorrect d’utiliser le terme “transgenre” en tant que substantif pour désigner, par raccourci, une notion. Exemple : “Je m’intéresse à la question du transgenre” (préférer “Je m’intéresse aux questions transgenres”). De même, utiliser indifféremment “le transgenre” pour désigner une personne trans* (exemple : “Le transgenre Conchita Wurst remporte l’Eurovision”) peut être perçu comme objectivant et déshumanisant. 2. Accueil 2.1. Les pièges à éviter TRANSIDENTITÉS = SEXUALITÉS Exemple : "J’ai l’habitude de recevoir des personnes homosexuelles." Les transidentités ont à voir avec les identités de genre et non pas avec les sexualités (voir le chapitre précédent, "Terminologies"). Il n’y a pas plus lieu de présupposer des préférences sexuelles d’une personne trans*, que de n’importe quelle autre personne. TRANSIDENTITÉS = MALADIE MENTALE Exemple : "Avez-vous consulté un psychiatre ?" Depuis plus de cent ans que la psychiatrie se penche sur cette question, elle n'a toujours pas pu aller au-delà de l’idéologie, et apporter aucune preuve que les transidentités soient une maladie mentale. Il n'est d'ailleurs pas inutile de rappeler ici que la psychiatrisation est, historiquement, un outil de contrôle et de répression de comportements/d'individus jugés “inadaptés” ou “déviants” par rapport à l'ordre social. Dans cette idéologie, toute variation par rapport à ce qui est considéré comme la norme est stigmatisée comme relevant d'un dysfonctionnement individuel, plutôt que social, et susceptible d'être psychiatrisée, voire même “corrigée”, par exemple par des moyens neuropharmacologiques. Malgré les nombreuses recommandations au niveau international et européen condamnant la psychiatrisation des transidentités, celles-ci figurent toujours, tout comme l’homosexualité autrefois, dans la liste des maladies mentales ("DSM" de l’American Psychiatric Association et "CIM" de l’Organisation Mondiale de la Santé). Leur retrait est l’une des principales revendications des organisations transgenres. TRANSIDENTITÉS = INTERSEXUATIONS Exemple : "Vous êtes des deux sexes ?" Rien ne permet de rattacher les transidentités aux intersexuations (voir le chapitre "Terminologies"). Il s’agit de situations la plupart du temps totalement différentes. TRANSIDENTITÉS = CHIRURGIES GÉNITALES Exemples : "Vous avez changé de sexe ?", "Vous avez l’intention de vous faire opérer ?" Personne ne peut "changer de sexe", c’est scientifiquement impossible (voir le chapitre "Terminologies"). Certaines personnes trans*, et elles ne sont de loin pas les plus nombreuses, modifient, à l’aide d’un traitement hormonal et/ou d’une chirurgie (génitale ou autre), leur apparence corporelle afin de se rapprocher de leur point de confort. Questionner une personne trans* sur sa génitalité est un manque de respect et une intrusion par rapport à la vie privée. Une autre idée reçue, y compris parmi certaines personnes trans*, est que le recours aux chirurgies serait ce qui différencie les personnes "transgenres" des personnes "transsexuelles" (voir le chapitre "Terminologies"). Cette distinction, non seulement ne reflète aucune réalité, mais contribue à perpétuer une vision pathologisante des transidentités reposant sur l’idéologie issue de la psychiatrie. IL N’Y A QUE DEUX GENRES, ET IL FAUT CHOISIR Exemple : "En vrai, vous êtes un homme ou une femme ?" De nombreuses personnes, quel que soit le genre qui leur a été assigné à la naissance, ne se reconnaissent pas dans le modèle binaire « mâle/homme/masculin" ou "femelle/ femme/ féminin". Leur poser cette question revient à nier leur identité profonde en les forçant à se catégoriser elles-mêmes dans des cases qui ne leur conviennent pas. D’autres personnes s’identifient résolument au genre "femme" ou "homme", alors que ce n’est pas le genre qui leur a été assigné à la naissance et/ou figurant sur leurs documents d’identité. Leur poser cette question revient à les forcer à se référer à un état civil qui ne correspond pas à leur réalité. Cela relève également d’une intrusion par rapport à la vie privée. Coming out et outing : le respect de la vie privée avant tout Le "coming-out" est un terme issu de l’expression anglaise "to come out of the closet" (sortir du placard) qui désigne le fait de révéler son homosexualité/sa bisexualité ou sa transidentité. La plupart du temps, il s’agit d’un processus qui se fait par étapes plus ou moins longues, à la fois intérieures (prise de conscience, acceptation de soi) et extérieures (ouverture progressive vers l’entourage). Bien que le coming-out soit considéré comme contribuant à l’épanouissement, les facteurs extérieurs jouent un grand rôle : une personne pourra ainsi avoir fait son coming-out auprès d’un entourage restreint avec lequel elle se sent en confiance, mais pas au travail, par exemple, si elle estime que c’est trop risqué. La décision de faire son coming-out ou non appartient donc entièrement à la personne, et ce choix doit être respecté en toutes circonstances. À la différence de la démarche volontaire qu’est le coming-out, le "outing" consiste à divulguer l’homosexualité/la bisexualité ou la transidentité d’une personne sans son consentement. Il s’agit alors d’une atteinte à la vie privée pouvant avoir des conséquences désastreuses pour la personne, qui se retrouve exposée et fragilisée. Le outing n’est pas seulement un phénomène médiatique affectant des personnalités du spectacle ou de la politique. Les difficultés liées à la reconnaissance légale du genre et à la modification des documents d’identité exposent en effet au quotidien les personnes trans* à une situation de outing permanent, qu’on peut ici qualifier d’institutionnalisé. 2.2. Bonnes pratiques Que ce soit dans le cadre de leur emploi, de leur formation ou de leurs loisirs, quelques aménagements peuvent aider à respecter les personnes trans* dans leur identité et permettre une ambiance sereine pour tous.tes. Voici quelques idées : LANGAGE ORAL Demander aux personnes comment s’adresser à elles plutôt que d’essayer de deviner. Toujours respecter les pronoms et prénoms revendiqués par la personne, sans lui demander de s’en justifier. LANGAGE ÉCRIT Veiller à utiliser des accords inclusifs ou des termes épicènes dans les communications écrites afin que personne ne se sente exclu.e. TITRE DE CIVILITÉ (MADAME, MONSIEUR) A fortiori pour les jeunes mais aussi pour les adultes, éviter les civilités (par écrit, oralement ou sous forme de cases à cocher dans des questionnaires). S’ADRESSER À UN GROUPE Baser la division des groupes (en équipes par exemple) sur d’autres critères que celui du genre. Mentionner tout le monde quelle que soit l’activité proposée (éviter “les dames- filles pourront faire ceci et les messieurs-garçons cela”). S’adresser même à un groupe qui vous semble uniquement constitué de filles- femmes ou de garçons-hommes avec des termes épicènes (“les enfants” plutôt que “les filles”). CONTENUS Bannir tout contenu liant genre, sexe et sexualité (y compris avec les très jeunes enfants). Veiller à utiliser un lexique clair et approprié (mâle, femelle, personne intersexe et non homme, femme si on fait référence aux données anatomiques, par exemple). Voir aussi le chapitre "Terminologies". Bannir les représentations psychiatrisantes et pathologisantes des personnes trans*. Veiller à ce que la bibliothèque ou médiathèque s’il en existe contienne aussi des ouvrages ou médias mettant en scène des personnages trans* de façon positive ou informant de manière correcte sur les transidentités. CRÉER UN LIEU SAFE Afficher clairement une politique d’inclusion envers les personnes trans* (via la visibilisation de campagnes anti- transphobie par exemple). Ne faire apparaître une mention de genre (et non de sexe !) sur des formulaires qu’en cas d’absolue nécessité (rare) et ne pas la limiter à deux cases mais permettre d’y répondre en toutes lettres. Concevoir chaque activité ou cours comme accessible à chacun.e, quel que soit son genre. GESTION DES DONNÉES ET PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE Concevoir ou mettre à jour l’éventuelle base de données afin qu’il soit possible d’enregistrer les personnes avec leur prénom d’usage et leur genre revendiqués et non administratifs. Concevoir ou mettre à jour l’éventuelle base de données afin qu’il soit possible de rendre invisibles lors de la consultation habituelle des données (ou la génération automatique de documents) le prénom et le genre administratifs des personnes trans* s’ils doivent absolument être enregistrés. Rendre disponibles ces options pour tout le monde en les mentionnant explicitement lors de l’enregistrement d’une nouvelle personne. Ne jamais laisser apparaître le prénom ou le genre administratifs des personnes trans* sur un document, a fortiori s’il est accessible à d’autres personnes que celle concernée ou s’il doit servir à son identification (carte de membre, carte d’étudiant.e, abonnement, etc.). Adapter les adresses e-mail, cartes de visite et autres outils professionnels des personnes pour refléter leur prénom d’usage. ACCÈS AUX LIEUX GENRÉS Préférer les séparations individuelles aux séparations collectives non mixtes (par exemple, de petits vestiaires individuels non genrés plutôt qu’un grand vestiaire “femmes” et un autre “hommes”). Discuter avec la personne de ce qui lui permettrait d’être confortable concernant les lieux genrés s’il y en a. Permettre par exemple l’accès à ces lieux à des horaires décalés par rapport aux personnes cisgenres, ou à des lieux habituellement réservés au personnel encadrant (écoles, clubs, etc.) Rendre non-genré au moins un de ces lieux s’il y en a plusieurs (par exemple, indiquer seulement “WC” sur ceux du premier étage). RÈGLES DE VIE, RÈGLEMENTS Mentionner explicitement la transphobie au même titre que (par exemple) le racisme et l’homophobie parmi les comportements inacceptables dans les règlements. Mentionner explicitement l’identité de genre et l’expression de genre parmi les critères ne pouvant faire l’objet de discrimination. Limiter au maximum les obligations et interdits vestimentaires ou de “look”. Ceux-ci ne sont pertinents que si l’activité les nécessite et ne peuvent pas avoir vocation à réguler les expressions de genre. RÉAGIR A LA TRANSPHOBIE ET AU SEXISME Systématiquement et calmement interroger les aut.eur.rice.s de propos transphobes ou sexistes sur leurs conceptions. Aider chacun.e à déconstruire ses a priori. Ne pas laisser s’installer un sentiment d’impunité quant aux actes ou paroles transphobes ou sexistes. S’INTERROGER SOI-MÊME Faire le point sur ses propres conceptions quant aux stéréotypes de genre, à sa façon de s’adresser aux personnes selon leur genre supposé. S’informer sur les réalités des personnes trans* auprès de personnes concernées. Accepter qu’on conserve probablement un fond de préjugés et accepter qu’on doit y travailler calmement et de façon continue. ÊTRE PROACTIF Partir du principe qu’il est probable qu’une personne trans* fréquente l’école, le club, le service, l’entreprise, etc. et ne pas attendre que quelqu’un.e se manifeste pour mettre en place de bonnes pratiques et une politique d’inclusion. Organiser la formation du personnel, des bénévoles, des membres, etc. au sujet des thématiques trans* en partenariat avec une association de personnes concernées. Ne pas se limiter aux solutions déjà balisées mais réclamer de l’aide auprès d’associations pour palier les manques constatés. Proposer d’intervenir auprès de la hiérarchie, de la fédération, etc. si celle-ci ne permet pas une mesure allant dans le sens du respect des personnes trans*. 2.3. Accueil bienveillant, respectueux, engagé A quoi les personnes transgenres peuvent-elles s’attendre en ouvrant pour la première fois la porte de Genres Pluriels ? À rencontrer un.e professionnel.le compétent.e et qualifié.e quant aux questions de genres. À recevoir une écoute bienveillante en toutes circonstances et une écoute active si telle est leur demande. À pouvoir discuter de toutes les questions qu'elles sont amenées à se poser par rapport à leur identité de genre. À ce que leur interlocutrice.teur n'ait qu'un objectif : les aider de façon respectueuse à trouver leur point de confort et/ou à s'en rapprocher le plus possible. À recevoir une information complète sur les différentes possibilités qui s'offrent à elles, tant au niveau psycho-médical, que social, afin de faire un choix éclairé de transition féminisante ou masculinisante, ou pas. À ce que face aux parcours de transition “prêt-à-porter” qui débutent avec un “diagnostic" de leur identité par un psychiatre, on leur propose une alternative où elles ne doivent pas se justifier de quoi que ce soit. À être orienté.e.s sur leur demande vers des professionnel.le.s psycho-médico- sociaux formé.e.s aux transidentités par Genres Pluriels, et donc eux aussi respectueux.ses de leur point de confort. À avoir la possibilité de recevoir un soutien sur le long terme quels que soient leurs choix : ceux-ci n'appartiennent qu'à elles. POINT CONFORT Nous définissons le point de confort comme l'ensemble des caractéristiques mentales, comportementales, vestimentaires ou corporelles qui favorisent le sentiment de bien-être par rapport à son identité de genre. Il peut s'agir par exemple d'avoir (ou pas) une démarche différente, de changer (ou pas) de garde-robe, de prendre (ou pas) des hormones, d'avoir recours (ou pas) à des opérations chirurgicales. On peut se sentir femme et préférer porter des vêtements masculins et une barbe. On peut se sentir non-binaire et vouloir procéder à une torsoplastie. Le point de confort est choisi librement, et toutes les méthodes pour l'atteindre sont légitimes. Il n'y a pas de parcours obligatoire ! A QUI S’ADDRESSE L’ACCEUIL DE GENRES PLURIELS ? L'accueil individuel proposé par Genres Pluriels s'adresse à toutes les personnes qui, à un moment ou l'autre de leur vie, se posent des questions vis-à-vis de leur identité de genre ou de celle de quelqu'un.e de leur entourage. Se poser des questions sur son identité de genre, c'est par exemple ne pas se retrouver dans les cases binaires “femme”-“homme”. Sur le continuum des genres, certaines personnes ne désirent pas se fixer à l'une extrémité ou l'autre, et se reconnaissent mieux sous la notion de “genres fluides” (voir le chapitre "Terminologies"). Il n'est donc absolument pas nécessaire d'avoir soi-même pris de “décision” quant à une éventuelle transition. Genres Pluriels est là pour apporter un espace bienveillant au sein duquel recevoir des informations pertinentes, scientifiques et novatrices sur les différentes identités trans* ou fluides. Notre objectif est de proposer un suivi personnalisé au plus près du point de confort individuel. QUI SONT LES PERSONNES INTERSEXUÉES ? Les personnes intersexes sont des individu·e·s né·e·s avec des caractéristiques sexuelles (telles que les chromosomes, les organes génitaux, ou bien encore la structure hormonale) ne correspondant pas entièrement aux catégories mâle ou femelle, ou appartenant aux deux en même temps. Nos corps et nos caractéristiques sexuelles sont des variations saines et naturelles des sexes humains. Ces variations innées, naturelles peuvent être multiples : les organes génitaux internes et/ou externes, les structures hormonales et/ou chromosomiques peuvent ne pas correspondre aux attentes médicales et sociales, tout comme d’autres caractéristiques sexuelles telles que la masse musculaire, la répartition de la pilosité ou encore la stature, pour ne citer que celles- ci. Les variations des caractéristiques sexuelles ne sont pas toujours visibles à la naissance. Elles peuvent apparaître à différents moments : en période prénatale, durant l’enfance, à la puberté ou à l’âge adulte. Une personne peut s’en apercevoir très tôt ou bien plus tard au cours de sa vie. Suivant les circonstances et les spécificités corporelles, certaines personnes peuvent ne pas savoir qu’elles sont intersexuées. Être intersexe est bien plus répandu qu’on ne le pense. Selon les expert·e·s, il y a autant de personnes intersexes que de personnes rousses. On estime la population intersexe à 1.7% des naissances, la réalité est sans doute supérieure. Les personnes non intersexes sont dites « dyadiques » QUELLES IDENTITÉS DE GENRE POUR LES PERSONNES INTERSEXES ? Les personnes intersexes peuvent s’identifier comme femmes, comme hommes, ou comme non-binaires; elles peuvent être cisgenres ou transgenres. Les identités de genre des personnes intersexuées sont plurielles. QUELLES ORIENTATIONS SEXUELLES POUR LES PERSONNES INTERSEXES ? Les préférences sexuelles des personnes intersexuées sont tout aussi variées que chez les personnes dyadiques. QUELS TERMES UTILISER ? Hermaphrodisme Ambiguïté Le terme hermaphrodisme, employé par la médecine à partir de la fin du XIX° siècle, est biologiquement erroné : les intersexes ne sont pas des êtres mi-mâles, mi-femelles, avec un double appareil génital fonctionnel. Cependant, certain·e·s intersexes se sont réapproprié·e·s la charge stigmatisante et exotisante du terme et en font une identité politique. Attention, si certaines personnes intersexes l’emploient, il est très déplacé pour des personnes dyadiques de le faire. Il est par ailleurs offensant de parler d'une personne intersexe en tant que « ni homme ni femme », d'« ambiguïté » etc si la personne ne s’identifie pas ainsi. Intersexualité Intersexuation Il faut dire « intersexuation » et pas « intersexualité » car l'intersexuation n'a rien à voir avec la sexualité. Inter* Beaucoup de personnes avec une variation refusent la référence au sexe (et à la sexualité) car ce terme est connoté dans notre culture. C'est pourquoi, elles préfèrent s'identifier en tant que personnes inter*, terme inclusif englobant toutes les formes d'intersexuations. Maladies, troubles, anomalies, désordres Les variations intersexes sont pour la plupart sans danger pour la santé. Les intersexuations ne sont pas des maladies. Certaines personnes intersexes sont mutilées et hormonées dès la naissance pour correspondre aux normes, à des critères sociaux; d’autres le seront plus tard dans leur vie. Les mutilations ne sont pas que sur les bébés. Longtemps employés par le corps médical, les termes « troubles, anomalies, désordres » du développement sexuel sont péjoratifs, donc à bannir. Il faut privilégier le terme « intersexe » ou encore « variations des caractéristiques sexuelles », qui est clair, neutre et purement descriptif. QUELLE DIFFÉRENCE ENTRE INTERSEXE ET INTERSEXUÉ ? Intersexe/ Intersexué·e OK Dans le milieu intersexe francophone, les deux termes ont des significations nettement différentes : Personnes intersexuées : désigne l’ensemble des personnes qui dérogent aux définitions normatives « mâle » et « femelle » créées par la médecine, et susceptibles d’être « corrigées » par celle-ci durant la tendre enfance ou à l’adolescence ». Personnes intersexes : désigne les personnes intersexuées ayant conscience de faire partie d’un groupe de personnes ayant subi la même invalidation médicale, adoptant une vision positive et non-pathologisante de leur corps et affirmant une identité politique. Mais dans la pratique, l’anglais s’imposant toujours dans les échanges internationaux et ne comprenant pas cette nuance, il est courant de désigner indifféremment les personnes intersexes et intersexuées sous le terme général « intersexes ». ! Intergenre Se dit d'une personne intersexuée ou non qui refuse la binarité de genre et/ou se vit dans un genre minoritaire (identité de genre non binaire). Ce terme ne concerne pas forcément les personnes intersexuées. Hors contexte, il peut prêter à confusion (voir plus haut les identités de genre plurielles des personnes intersexuées). Néanmoins, certaines personnes intersexuées ou dyadiques peuvent être intergenres. NOS REVENDICATIONS En tant qu’organisation intersexe et représentant de l’OII Belgique, Genres Pluriels s'oppose à la pathologisation des personnes intersexes. Nous demandons à assurer le droit à l’intégrité corporelle, à l’autonomie physique et à l’autodétermination des personnes intersexes. Ce qui implique : la fin des mutilations, stérilisations, traitements hormonaux non consentis sur des personnes intersexes quel que soit leur âge, c'est-à-dire le respect de leur intégrité physique ; la pleine information des personnes intersexes, et pour les mineurEs, de leur entourage, y compris l'accès à une information non pathologisante. Cela implique la création et l'animation de groupes de soutien et d'échanges et le partage de savoirs théoriques et historiques sur les personnes intersexes ; la formation de tout personnel (médical, social, juridique...) en contact avec des personnes intersexes de tous âges et leur entourage ; la suppression de la mention de sexe ou de genre à l'état civil. LES DATES IMPORTANTES ? * LE 26 OCTOBRE : Journée internationale de visibilité intersexe * LE 8 NOVEMBRE : Journée internationale de solidarité intersexe Séminaire 3 : « Promotion de la santé des femmes » (Femmes et Santé) Matière à connaître pour l’examen Brochure « Référentiel Auto-santé des femmes » Piliers sur lesquels se construit notre démarche : L’auto-santé et le travail sur le renforcement de ses ressources immunitaires De tout temps, les femmes ont trouvé le temps et l’énergie pour s’occuper de leurs proches et s’assurer de tous leurs besoins soient comblés ; elles ont pu exiger des réponses et obtenir des services requis. Prendre en main sa propre santé, c’est s’accorder la même importance et pouvoir « exiger » également pour soi. L'auto-santé s'inscrit dans une longue histoire d'échanges et de formations de femme à femme au contact les unes des autres, de voisine à voisine, de mère à fille, de génération à génération. L'auto-santé peut se résumer à « prendre sa santé en main ». Cela signifie que chaque femme peut agir sur elle-même et sur son environnement afin d'améliorer son état de santé et sa qualité de vie. La démarche d'auto-santé est aussi une démarche collective, une démarche de solidarité et de respon-sabilité, car le bien-être de l'Autre me concerne aussi ! Nés dans les années 1970 dans beaucoup de régions du monde, les groupes « self help » ou « auto-santé » au sein du Mouvement pour la Santé des Femmes ont développé une pensée et une pratique dé-professionnaliser la santé. Leur démarche reposait sur le refus de médicaliser les trajectoires de vie des femmes et leurs cycles de vie, sur la volonté de promouvoir l'autonomie et la responsabilité des femmes face au pouvoir médical, et sur la nécessité d'être informées et de trouver des ressources et des modes d'action in- dépendants. Une démarche de prise en charge de sa santé peut susciter toutefois une gamme de réactions, passant de l'étonnement à une grande remise en question. Pour certaines femmes, il pourra être plus difficile, par exemple, de modifier certaines habitudes de vie; pour d'au-tres, les changements souhaités dans les relations avec leurs proches seront source de tension ou de confrontation. Dans les groupes, chaque femme est invitée à prendre le temps nécessaire pour mieux se connaître, faire des choix et expérimenter de nouvelles façons d'être ou de faire, et ce, au profit de sa santé. Cette démarche est la source d'émergence d'une nouvelle culture de femmes, une façon d'être bien ensemble. Les histoires (récits de vie), les paroles de femmes sont entendues, valorisées et mises en dia-logue. A travers ces narrations plurielles, les expériences physiques et émotionnelles des femmes sont recontextualisées et envisagées non seulement à un niveau individuel mais aussi social et environne-mental. L'approche féministe de la santé s'appuie sur une vision globale qui tient compte de la situation physique, psychologique, sociale et environnementale d'une personne. Elle met en question les rapports de domination dans la relation soignant.e.s - soigné.e.s. De la même façon, une démarche d'auto-santé nécessite de s'interroger et de réfléchir sur ces divers aspects. Par cette prise de conscience, les femmes en viennent à reconnaître leurs propres compétences, ce qui favorise leur auto-détermination et au-tonomisation, individuelle et collective, et leur capacité de décision en matière de santé. En somme, elles reprennent du pouvoir sur leur vie. Evidemment, prendre en main sa santé n'exclut pas de recourir à la médecine officielle, qui reste d'une grande importance et même essentielle dans de multiples situations. En revanche, l'auto-santé suppose une attitude critique par rapport à l'autorité médicale, c'est-à-dire le droit de poser des questions et d'obtenir des réponses claires, par exemple concernant les examens et les médicaments proposés ou prescrits. Ensemble, les femmes redéfinissent elles-mêmes les critères de normalité de leurs corps, de leurs comportements et de leurs vies. Elles développent de nouvelles formes de connaissance et d'intervention et créent une approche communautaire, participative et inclusive de la santés. Tout au long des ateliers, une place centrale est accordée au concept biologique d'immunité. Celui-ci fait référence à la capacité du corps à se défendre contre des substances menaçant son bon fonctionne-ment. Dans une approche féministe et globale de la santé, la différence de résistance entre les individus est surtout envisagée au niveau des conditions et habitudes de la vie quotidienne, plutôt que sur des donnés génétiques et héréditaires qu'on ne nie pas par ailleurs. On ne justifie pas une mauvaise immunité par une mauvaise constitution physique innée depuis l'enfance, mais par des conditions et habitudes de vie ina-daptées. Ainsi, la qualité des relations humaines et du réseau social, du logement, du sommeil et de l'alimentation, le fait de vivre des violences conjugales et/ou sexuelles, ainsi que la pratique d'une activité physique sont autant de déterminants de santé qui ont une influence certaine sur les ressources immunitaires de chacun.e. Les impacts des conditions et des habitudes de vie sur la santé sont également analysés sous le prisme du genre et de la promotion de la santé. L'analyse du genre montre que les rôles féminins et masculins ne sont pas définis par le sexe (caractères biologiques) mais évolue différemment suivant les situations sociales, culturelles et économiques. Les relations de genre ont une base culturelle; elles sont définies par la société qui en détermine les activités, les statuts, les caractéristiques psycholo-giques, etc. Le concept de genre est un concept social. Il tient compte des différences biologiques entre les sexes (parfois présentées sur un continuum) et définit plus particulièrement les différences, les inégalités des rôles entre les hommes et les femmes en fonction du contexte socioéco-nomique, historique, politique, culturel et religieux des diverses sociétés. Les différences biologiques ne constituent pas et ne justifient pas les inégalités entre les entres sociaux. Seule la culture intervient en créant les identités pour chaque sexe et en élaborant les systèmes de genre. Nous rendons compte que les rôles sociaux assignés spécifiquement aux femmes et aux hommes sont sources d'inégalités à de nombreux niveaux et ont des conséquences sur la santé physique et mentale des femmes. Par exemple, le stress et la surcharge liés à la répartition inégale des tâches au sein des couples et des familles sont source de fatigue et d'épuisement physique et mental parmi les femmes?. Nous parlons aussi de répartition inégale du Care. L'amélioration des conditions de vie des femmes, et plus spécifiquement celles issues de groupes socialement et psychique-ment vulnérables, l'augmentation de leur bien-être, de leur empowerment individuel et collectif ainsi que de leur visibilité sur la place publique se construisent aussi à partir de ce travail sur le renforcement de ses ressources immunitaires et sur la capacité de résilience. C'est pourquoi, tout au long du référentiel nous insistons sur le renforcement des ressources immunitaires. La pédagogie féministe en terme de santé et de bien être Pour le déroulement des ateliers nous proposons de s'appuyer sur les valeurs pédagogiques féministes. La pédagogie féministe se différencie des pédagogies classiques par des critiques dans leur rapport avec le savoir, qui n'est pas uniquement rationnel, mais recèle une expression de pouvoir. Elle va s'appuyer sur tous les éléments suivants : Le soutien et le respect des femmes dans leurs démarches pour créer des alliances entre elles, établir des liens de confiance et de solidarité, stimuler la reprise du pouvoir sur leur vie, favoriser les rapports égalitaires, valoriser leurs propres ressources des femmes, déconstruire les rapports de pouvoir dans la relation soignant.e/soignée : tels sont les objectifs visés. Une approche participative essentielle. Cela ouvre les possibilités d'implication de chacune en permettant de mettre des mots sur leur propre vécu (ressentis et expériences inclus). Favorise l'intersectionnalité qui tend de façon globale à croiser les inégalités de sexe/ genre, classe, race/ethnicité, âge, handicap et orientation sexuelle Le militantisme comme un moteur important de construction de savoirs collectifs et de mise en application de la pédagogie féministe dans les droits des femmes. La stimulation de la créativité de chacune qui offre la possibilité d'ouvrir les groupes et les participantes à des modes d'expressions variées. En utilisant des supports et outils divers, on valorise le fait que chaque femme est unique et peut utiliser une porte d'entrée spécifique pour s'approprier le pro-cessus. Dans la bibliographie, vous trouverez des pistes et initiatives qui promeuvent la créativité. Edmée Ollagnier définit la pédagogie féministe comme une méthode de formation et l'apprentissage qui utilise un cadre politique, dénonce les discriminations et insiste sur la prise de conscience avec des objectifs de changements dans leurs dimensions individuelles et collectives... Elle vise le développement individuel comme le changement social. La pédagogie féministe insiste sur les apprentissages contextualisés, sur la production de savoir et de sens comme stimulateur de pouvoir en accordant une nouvelle place à la subjectivité qui est ainsi théorisée. Brochure « Notre santé sexuelle et reproductive - Atelier d’auto-santé des femmes » Qu’est-ce que le self-help ? HISTORIQUE ET PRATIQUES Le self-help tel que nous l'abordons ici s'est développé au sein des mouvements féministes des années 70, eux-mêmes nés d'une frange intellectuelle et culturellement favorisée de femmes, militant dans différents mouvements sociaux et politiques où les hommes ne leur laissaient pas la parole. Or leur aide pour distribuer les tracts, assurer l'intendance semblait tomber sous le sens, tout comme leur partenariat... au lit ! C'est de leur révolte que naît la prise de conscience d'un système de domination jusque dans leur corps, leur intimité depuis des siècles. En solidarité avec les luttes des femmes contre les inégalités sociales, cette deuxième vague féministe dite radicale, tend, non plus seulement à réclamer la place des femmes dans toutes les sphères de la société d'égale à égal avec les hommes, mais de changer tout un système d'oppression... capitaliste, raciste et sexiste : les champs d'action se croisent. Et alors que l'accès à l'avortement et à la contraception semble consacrer la libération sexuelle pour l'humanité occidentale, ces femmes militantes osent remettre en question cette libération qui semble leur échapper... L'Histoire telle que nous la connaissons raconte qu'en 1970, un groupe de femmes de la région de Boston a auto-publié Women and Their Bodies : un livret de 193 pages qui a osé aborder la sexualité et la santé génésique", y compris l'avortement. Le self-help, ou l'auto-santé comme le désignent les Québécoises, propose une dynamique qui permet aux femmes, ou à n'importe quel groupe, de se réapproprier leur corps, leur santé et leur sexualité, et ce de manière collective. Elles l'ont distribué. Un an plus tard, elles ont changé le titre en Our Bodies, ourselves (Nos corps, nous-mêmes) et ont révolutionné le Mouvement pour la santé des femmes dans le monde. Le livre américain a été mis à jour en version imprimée jusqu'en 2011, et en ligne jusqu'en 2018, tandis que les adaptations spécifiques à chaque pays sont toujours en développement aujourd'hui?. Traduit et adapté en 20 langues, il s'est révélé être un outil de propagation des idées et des réflexions qui entourent le self-help. Ce qui ne signifie pas bien entendu qu'il n'ait pas existé d'autres pratiques de self-help ailleurs dans le monde et dans l'Histoire. Dans le sillage de Our bodies, ourselves aux États-Unis, des centres de santé pour femmes naissent au Québec, et un dispensaire de femmes autogéré est initié par un collectif en Suisse dont entre autres Rina Nissim faisait partie. Des pratiques d'auto-santé voient le jour également en France13, Les différents groupes fonctionnaient en mixité hommes- femmes ou non, avec parfois la participation de médecins, surtout des militant-es de gauche et d'extrême gauche. Au-delà de la revendication politique du droit à l'avortement, ces groupes ont développé un ensemble de pratiques et de savoirs sur la santé des femmes en dehors des institutions médicales et pratiquaient des avortements et des accouche-ments. Il était important de s'approprier les techniques réservées jusque-là à des spécialistes pour se libérer de la logique des « corps des femmes soignés, manipulés, transformés en objets »14. La technique était ainsi ramenée à sa juste place d'outil pour appréhender, par soi-même et selon les besoins de chacune, chaque étape de sa vie sexuelle. Tout cela dans de bonnes conditions, avec en plus l'accueil, l'amitié, l'empathie et la liberté pour chaque femme de décider seule, mais entourée. Promouvoir la santé des femmes, c'est recon-naitre leurs compétences et les valoriser dans une optique d'autonomisation. C'est aussi identifier les déterminants de santé spécifiques aux femmes selon leur environnement et leurs conditions sociales de vie. Ce processus est lent mais nécessaire pour avoir des effets à terme sur la prise en charge de la santé globale. Agir sur ces déterminants commence par renforcer la solida-rité, facteur essentiel pour une bonne santé, et par proposer des alternatives à la médicalisation, basées sur les savoirs propres des femmes et la transmission de ceux-ci. Le Mouvement pour la santé des femmes, issu des pratiques de self-help, tente depuis 50 ans de tisser un réseau international d'institutions et de collectifs. Cela a d'ailleurs donné lieu à 12 Rencontres Internationales Femmes et Santé (dont la 11ª a eu lieu en Belgique en 2011). LES ENJEUX DU SELF-HELP : POURQUOI CONTINUER À UTILISER CETTE DÉMARCHE AUJOURD'HUI ? S'il a constitué un outil de prise de conscience et de pouvoir politique puissant, le self-help, et dans son sillage, le Mouvement pour la santé des femmes est pourtant resté en marge des mouvements militants féministes. Et pour cause, il remet profondément en question le patriarcat médical, c'est-à-dire l'instrumentalisation du corps médical pour exercer socialement une emprise sur le corps et la santé des femmes. Alors que la médecine restait une alliée incontournable dans le combat pour l'accès à la contraception hormonale et la dépénalisation de l'avortement, elle est néanmoins limitée par des présupposés capitalistes, ra-cistes, validistes, sexistes,... qui la traversent!, Par exemple, lorsque des femmes invalides ou raci-sées! se voient imposer une contraception, voire la stérilisation, alors que d'autres se les voient refusées pour une question d'âge ou de pratiques sexuelles. Ainsi, des revendications pour une santé politique, nous sommes passées à une politique de santé. Les femmes y ont certainement perdu en termes d'autonomie décisionnelle et une nouvelle forme de domination s'est instaurée. Étant donné ce constat, le self-help, cette démarche d'émancipation collective, constitue encore aujourd'hui un outil d'autonomisation : * face aux normes sexuelles, souvent sources de conflits intimes et non sans conséquence sur la santé sexuelle et reproductive. Par exemple, les recherches sexologiques rendent souvent compte que les femmes pratiquant une sexualité hétéro ont plus souvent de troubles du désir sexuel que les hommes. Cela signifie-t-il que les femmes auraient moins de désir sexuel que les hommes ? Ce sont les femmes qui s'en plaignent ou les hommes ? Dans quelle mesure les vécus de violences sexuelles ou la charge du travail du care"' sont-ils pris en compte dans ce diagnostic ? Sans parler d'une conception du plaisir hétéronormée, et axée sur des pratiques pénétratives. * face à la surmédicalisation et ses enjeux économiques : associé à la co-construction de savoirs sur le corps ce que Rina Nissim nomme dans ses livres « le pouvoir des plantes », le self-help permet concrètement une autonomie pour les femmes, premières touchées par l'appauvrissement et le manque d'accès aux soins de santé. Ainsi, si les groupes des années 70 se sont dissous, il y a une forme de renaissance de l'auto-santé, notamment en Belgique mais également ailleurs en Europe. Depuis les années 2000, dans le sillon du Mouvement pour la santé des femmes, l'association Femmes & Santé soutient les femmes dans la réappropriation de leur corps et de leur santé, l'échange de savoirs et d'expériences entre elles. Ont suivi le mouvement certaines associations, telles que Corps écrits et Vie Féminine, parallèlement à diverses démarches informelles, autonomes et moins visibles, comme par exemple Le Pied à l'Étrier à Liège. Sont aussi apparus ces dernières années des cercles de femmes, des tentes rouges, des podcasts, des comptes Instagram, des soirées, des rencontres, des festivals... comme autant de voies qui tentent de répondre à ce désir de revisiter les conceptions du corps des femmes et de soutenir les besoins d'émancipation de toutes. En ne laissant pas le monopole aux profession-nel-les de la santé, nous pouvons espérer sortir nos expériences du domaine privé et réaffirmer la dimension sociale de celles-ci. Car le privé reste une question politique, comme le revendiquent les féministes depuis un demi-siècle, intimement liée à l'économie capitaliste et patriarcale. Brochure "Zones à défendre - Manuel d’autodéfense féministe consultation santé sexuelle et reproductive" LES VIOLENCES GYNÉCOLOGIQUES ET OBSTÉTRICALES TOUT AU LONG DE NOTRE VIE C'EST QUOI LES VIOLENCES GYNÉCOLOGIQUES ET OBSTÉTRICALES ? Les violences gynécologiques et obstétricales (VGO) sont toutes ces petites et grandes misères que nous devons subir lors de nos ren-dez-vous, consultations et procédures chez le/la gynécologue ou dans les services de santé sexuelle et reproductive. Il s'agit, entre autres, de situations où le personnel médical: prend des décisions à notre place Envahit nos corps sans accord Nous fait croire qu’ils/elles savent mieux que nous ce qui est bon pour nous nous maltraite ne nous voit que comme des machines à faire des enfants nous pousse à accepter des interventions pas toujours nécessaires et souvent inconfortables nous considère comme potentiellement malades... alors que nous sommes en bonne santé Etc. Ces sont des comportements tels que des jugements, des réprimandes, des moqueries, des insultes, des menaces, des humiliations, de la manipulation de l'information, des mensonges, des retards et/ou le déni de traitement. L'indifférence face à des demandes, aux plaintes et aux réclamations sont aussi courantes. Les VGO surviennent tout au long de notre vie, lors de la prise en charge de nos besoins en matière de santé sexuelle et repro-ductive: consultations dans le cadre d'une demande de contraception, la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), l'accompagnement d'une grossesse, d'un avortement ou d'un accouchement, le diagnostic et le traitement de maladies. Plus spécifiquement, la violence obstétricale concerne tout mauvais traitement ou toute agression psychologique, physique ou sexuelle, qui se produit lors du suivi de la grossesse, qu'elle soit désirée ou non, de l'accouchement, du postpartum ou de l'avortement. Il s'agit de pratiques telles que : les entraves au mouvement libre durant le travail et l'expulsion l'interdiction de boire ou de manger les déclenchements non consentis l'expression abdominale (le fait d'appuyer sur le ventre pour accélérer l'expulsion du bébé) l'épisiotomie de routine (le fait de couper le périnée pour faciliter l'expulsion du bébé), les visites utérines (le fait d'introduire la main ou éventuellement des instruments jusque dans l'utérus, afin de le nettoyer de tout reste de tissu ou de s'assurer qu'il n'y ait pas de reste de tissu) les sutures sans anesthésie le point du mari (le fait de recoudre une déchirure ou une épisiotomie un peu plus serrée que de normal dans l'idée d'avoir un vagin plus serré pour les relations sexuelles) les césariennes sans justification médicale les stérilisations forcées le refus du choix de la méthode d'avortement, l'imposition de prendre un antidouleur ou pas l'obligation de regarder l'échographie dans le cadre d'une consultation pré-interruption volontaire de grossesse (IVC) la mauvaise orientation des patientes par rapport au délai de la grossesse l'imposition d'un moyen contraceptif à la suite d'un avortement etc. Les violences gynécologiques et obstétricales sont une forme de violation de nos droits humains. Elles se mêlent à d'autres stéréotypes et formes de discri-minations: les stéréotypes racistes, liés au handicap, la grossophobie, la lesbophobie, la psychophobie et d'autres formes de discrimination (femmes porteuses de VIH, migrantes, sans papiers, Rom...). Ces violences nous montrent la méconnaissance et/ ou le mépris des droits des patientes par certain.e s professionel.le.s ou structures de santé, notamment: le droit à des soins basés sur les meilleures pratiques soutenues par leurs preuves scientifiques, le droit à l'information, le droit au refus, le droit au consentement éclairé. CE QUI NOUS REND VULNERABLES: Pourquoi est-ce si difficile d'être entendue et respectée lors des consultations en santé sexuelle et reproductive? Pourquoi le personnel médical ou les structures médicales se permettent-elles de traiter les femmes et les personnes qui ont un vagin ou un utérus de manière violente? NOUS MANQUONS DE CONFIANCE EN NOTRE CORPSET EN NOS EXPÉRIENCES Depuis que nous sommes petites, le monde dans lequel nous vivons nous dit à quoi nos corps et nos sexes doivent ressembler: combien notre corps doit peser, comment nous devons manger, quelle aspect notre peau doit avoir, quelle pilosité est tolérée, quelle taille et quelle forme nous devons avoir, quelle couleur de peau ou de cheveux est jolie, etc. Il est très difficile de se conformer à toutes ces normes. Cela nous donne souvent le sentiment que nos corps et nos sexes sont imparfaits. La médecine alimente aussi nos croyances sur nos corps. Elle impose ses propres normes et recommandations: quand nos regles doivent commencer, combien de temps nos règles doivent durer, quelle humeur nous devons avoir pendant notre cycle ou à la ménopause, quelle contraception nous devons prendre, la position dans laquelle nous devons accoucher, le nombre d'avortements que nous pouvons faire, le nombre d'enfants que nous pouvons / devons avoir, et ce selon notre âge, etc. Confrontées à toutes ces normes, nous apprenons à nous méfier de notre corps et à douter de nos expériences et intuitions. Nous nous habituons à l'idée que nos corps, nos sexes et nos sexualités doivent être surveillés, contrôlés, modifiés et/ou pris en charge. NOUS NE NOUS SENTONS PAS LÉGITIMES FACE AUX PROFESSIONNEL-LE-S DE LA SANTÉ Les professionnel.le.s sont les expert.e.s du corps humain, des maladies et de la santé. Les médecins font de longues études; leurs savoirs et leurs compétences sont très respectés. Parfois, nous pensons qu'ils/elles savent sûrement mieux que nous ce qui nous arrive et ce que nous devons faire pour prendre soin de nous. Leur place dans le système médical leur permet facilement de remettre en doute notre parole ou dévaloriser nos vécus et expériences. Certain.es professionnel.le.s peuvent profiter de leur positionnement et adopter une attitude paternaliste : «faites ceci, faites cela!», «si j'étais vous..», « à votre place», etc. Cependant, les médecins ne sont pas des dieux, mais des humain.e.s. Ils/elles peuvent commettre des erreurs de jugement et/ou de traite-ment, ne pas faire attention à une plainte ou une demande spécifique, minimiser certains symptômes ou, au contraire, réagir dans la précipitation à une anomalie observée. Les médecins peuvent aussi être dépassé e s par leurs propres peurs: peur des maladies, peur d'une grossesse non-désirée, peur de faire une erreur médi-cale, peur de ne rien faire, etc. Ils/elles peuvent alors utiliser des méthodes basées sur la peur pour obtenir notre adhésion à un traitement. NOUS PENSONS QUE LA MEDECINE EST NEUTRE Historiquement, le corps des femmes était vu par les médecins comme un corps qui n'a pas de pénis, qui manque d'hormones, de force, qui est plus fragile et plus douillet. La médecine « pathologise» le corps des femmes: cela veut dire que quelque chose d'a priori « normal » chez une femme devient une maladie parce qu'on compare les manifestations au masculin. La pathologisation amène à la surmédicalisation, c'est-à-dire, le fait de traiter des symptômes alors que cela n'est pas nécessaire a priori. La médecine est le reflet de la société dans laquelle nous vivons. Elle est pleine de stéréotypes de genre, mais aussi de préjugés racistes, grossophobes, lesbophobes, transphobes, etc. La médecine remet complètement en question le rapport des femmes à la douleur? C'est ainsi que: l'endrométriose est souvent sous-diagnostiquée ou diagnostiquée après de nombreuses années la douleur vécue par des femmes racisées lors d'un accouchement va être minimisée sous prétexte du syndrome méditerranéen on peut supposer que cela va faire très mal et donc que la patiente doit prendre un antidouleur même si elle ne le désire pas. ou encore, on peut induire chez la patiente l'idée que telle ou telle chose est douloureuse, alors qu'elle ne l'est pas nécessairement ressentie de cette manière. C'est l'effet nocebo. Dans tous les cas, on ne prend pas compte du vécu des personnes. NOUS MANQUONS D'INFORMATIONS SUR NOS DROITS Aujourd'hui, dans le domaine médical, c'est la loi du 22 août 20025 relative aux droits du patient qui est en application sur tout le territoire belge. Elle impose aux soignant.es de nous informer sur notre santé, nos maladies, les traitements possibles et les conséquences (positives et négatives) des traitements et de l'absence de traitement. Cela nous permet ainsi de choisir l'option qui nous convient le mieux. Les soignant.e.s ont aussi l'obligation de nous transmettre une copie de notre dossier médical lorsqu'on le demande. Cependant, il existe des différences de pratiques propres à chaque hôpital, centre extra- hospitalier ou même au sein d'un service selon la personne qui accueille et suit le dossier. C'est ce qu'on appelle parfois les «pro-tocoles», qui peuvent prendre le pas sur la loi. Par ailleurs, les professionnel.le.s de la santé ne prennent pas toujours le temps de nous informer de nos droits, ni des procédures, ni des alternatives qui existent... Alors que toutes ces informations sont essentielles pour recevoir un consentement éclairé de notre part. «Nulle n'est censé e ignorer la loi!»... Cependant, certains tribunaux affirment aussi qu' «à l'impossible nul-le n'est tenu-e ». Cela veut dire que nous sommes sensées connaître nos droits et nos devoirs. Et en même temps, il n'est pas toujours facile de connaître nos droits dans un pays où de nombreuses lois sont votées chaque jour... Et où les procédures sont différentes selon qu'on vit à Bruxelles, en Wallonie ou en Flandre. CONSULTATIONS POUR LES PERSONNES INTERSEXES Un des premiers actes qui est posé à notre naissance est celui de regarder nos parties génitales pour déterminer si nous sommes une fille ou un garçon. Notre société n'envisage que deux sexes et deux genres : il y a les pénis d'un côté et les vulves de l'autre, il y a des hommes et des femmes. Notre corps, nos parties génitales ou notre taux d'hormones doivent correspondre à cette norme sociétale et médicale. Sinon, la médecine se propose d'adapter notre corps par des opérations chirurgicales ou des traitements hormonaux. Les opérations chirurgicales sont généralement non-nécessaires d'un point de vue de la santé. Au contraire, elles entraînent davantage de désagréments pour la santé physique (douleur, inconfort, perte de sensibilité, dysfonction de certains organes proches) et mentale (trauma-tisme) des personnes concernées. Ces actes sont souvent réalisés quand nous sommes enfants: en ce sens, ils sont non-consentis ou consentis par des parents souvent mal informés. Étant donné qu'il ne s'agit pas d'interventions nécessaires pour la santé, on peut parler de mutilations. Celles-ci correspondent à des violations de nos droits humains et sont condamnées par l'ONU, Amnesty International et Human Rights Watch. Nous n'avons pas à soumettre notre corps à une médecine sexiste et binaire, lorsque nous ne vivons aucun désagrément sur notre santé. De même que nous n'avons pas à nous soumettre à la pression de choisir un genre ou à notre manière de l'exprimer. CONSULTATIONS EN PHASE PUBERTÉ Habituellement, le premier examen gynécologique de routine est recommandé à partir de 25 ans, si nous sommes actives sexuellement. Nous pouvons nous y rendre avant si nous en ressentons le besoin ou avons des questions ou inquiétudes particulières. La consultation doit se centrer sur notre demande et nos symptômes. Dès lors, les trois interventions habituelles d'un examen gynécologique (frottis, toucher vaginal et palpation des seins) ne sont pas obligatoires et pas forcément nécessaires. Pourtant, la société entière semble encourager les jeunes filles à réaliser un examen dès leurs premières règles ou dès les premières relations sexuelles et les femmes à se rendre chez le/la gynécologue minimum une fois par an et tout au long de leur vie. Nous pouvons toujours être accompagnées de la personne de notre choix si cela nous rassure. CONSULTATIONS DE SUIVI, CONTRACEPTION ET PRÉVENTION DES IST Au cours de notre vie, nous pouvons décider de consulter de manière régulière le/la gynécologue, faire des suivis de routine ou alors décider de ne consulter que lorsqu'une demande ou un problème de santé survient. Dans les deux cas, nous nous retrouvons très souvent confrontées aux normes médicales: les normes autour de notre corps: à quoi il doit ressembler, combien il doit peser, comment il doit fonctionner, s'il doit être épilé, etc. les normes autour de notre identité de genre et de notre sexualité: à quoi notre corps de femme doit ressembler, quel type de sexualité nous devons pratiquer ou quel type de sexualité serait considéré comme une vraie sexualité, quelle orientation sexuelle est valorisée ou reconnue, etc. les normes autour des décisions à prendre: quel type de contraception nous devons prendre, à quel examen de dépistage nous pouvons prétendre, etc. Nous mettons un éclairage sur deux aspects: la contraception et le dépistage IST. CONTRACEPTION: En matière de contraception, les médecins proposent généralement les moyens suivants: le préservatif SI la femme n'a pas de partenaire fixe la pilule contraceptive ou un autre moyen de contraception hormonale SI la femme est en couple hétérosexuel voire les deux ensemble car aucun des moyens de contraception n'est infaillible (la double contraception est souvent proposée aux adolescent.es ou aux femmes jeunes) le stérilet hormonal ou au cuivre quand la femme avance en âge (généralement, une fois qu'elle a eu un enfant). Le critère médical est l'efficacité, c'est-à-dire, le taux de réussite du moyen de contraception pour empêcher une grossesse. La contraception hormonale ne convient cependant pas à tout le monde. Nous sommes nombreuses à ne pas vouloir-ou ne plus vouloir- utiliser une contraception hormonale à un moment donné de notre vie. Le choix d'un contraceptif dépend de plusieurs critères (à nous de choisir les critères qui nous sont importants): le type de vie sexuelle que nous avons l'interaction entre notre corps et le moyen de contraception: par exemple le fait de réduire certains symptômes grâce à la contraception (l'acné, les douleurs de règles, etc.) ou le fait de réduire certains effets secondaires du moyen contraception (le manque de libido, la prise de poids, etc.) la facilité d'utilisation si nous voulons un moyen qui dure longtemps si nous sommes à l'aise de devoir y penser tous les jours ou si nous préférons un moyen auquel il ne faut pas trop penser en fonction de l'implication du partenaire si en couple hétérosexuel etc. En définitive, il n'y a qu'un bon moyen de contraception: c'est celui que nous choisissons, car une éventuelle grossesse non-désirée se déroule toujours dans notre corps! Une visite médicale devrait toujours présenter la diversité des moyens existants, répondre à nos questionnements sans vouloir l'orienter et nous soutenir à affiner les critères qui sont importants pour nous. Il se peut également que le/la professionnel le de santé n'informe pas sur certains moyens car il/elle ne les connaît pas suffisamment: par exemple, ne pas être à l'aise de placer un stérilet, ne pas savoir comment accompagner une femme qui désirerait placer un diaphragme, ne pas se sentir assez formé e pour expliquer l'auto-observation des cycles, etc. PRÉVENTION DES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES/MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES (IST/MST): En ce qui concerne la prévention des IST/MST, la norme tient compte généralement des personnes ayant des relations hétérosexuelles ou des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes. Les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes sont souvent mises à l'écart et les rapports sexuels des personnes trans* sont un terrain inconnu pour nombre de professionnel.le.s. La demande d'un test de dépistage ne devrait pas faire l'objet de négociation sur base de notre orientation sexuelle ou de notre identité de genre. Des questions peuvent par contre être posées pour avoir davantage d'informations sur les risques qui ont été pris car peut-être il est nécessaire de prendre en compte d'autres aspects. Par exemple: une femme demande un test de dépistage pour le VIH/SIDA (virus d'immunodéficience humaine) car elle vient d'avoir un rapport sexuel à risque. Dans l'immédiat, c'est plutôt un traitement post-exposition qui pourrait lui être proposé qu'un test de dépistage. En effet, pour dépister le VIH dans le sang, il faut attendre trois mois. Du point de vue juridique, aucun examen n'est obligatoire. Les examens sont seulement conseillés en fonction des antécédents ou de l'âge des patient.e.s. LORS DES CONSULTATIONS PRÉCONCEPTIONNELLES ET PRÉNATALES Porter la vie d'un autre être humain est perçu par certaines personnes comme incompatible avec notre envie d'être libres. On attend de nous de la soumission aux ordres, injonctions et décisions des professionnel le s «pour le bien-être du futur bébé». Or, nous ne rangeons pas nos capacités de réflexion au frigo pendant les neuf mois d'une grossesse! Tout acte médical doit être fait dans le respect, la bienveillance et, dans la mesure du pos- sible, en tenant compte de nos préférences. Les actions des personnes qui nous accom-pagnent, doivent être basées sur les preuves scientifiques. Les actes proposés doivent être expliqués lors des consultations afin que nous puissions prendre des décisions éclairées. Les examens proposés pendant la grossesse sont: les échographies, les touchers vaginaux, les examens gynécologiques, les prises de sang, le test de dépistage du diabète, la pelvimétrie, le stress test, le monitoring, l'amniocentèse. Aucun de ces examens n'est obligatoire durant la grossesse. Un e médecin ne peut pas imposer un examen si la patiente le refuse. Il/elle peut, par contre, refuser de continuer le suivi s'il/elle estime qu'il/elle n'est plus en mesure de l'assurer. Il/elle doit cependant: transmettre les coordonnées d'autres soignant.es si la patiente le demande et transmettre la totalité du dossier médical à la personne qui lui succède pour que les soins puissent être assurés correctement. Durant la grossesse, on peut toujours changer d'avis et donc on peut changer de professionnel le. Si l'on se rend compte que la vision de l'accouchement est différente, si les questions ne sont pas bien accueillies, autant changer avant! Le suivi médical de la grossesse peut être réalisé par différents professionne les de santé: sage-femme, médecin généraliste, gynécologue. Un.e professionne.le peut très bien nous convenir pour le suivi de routine mais pas pour l'accouchement. C'est la même chose pour le choix du lieu de l'accouchement. En Belgique, il en existe plusieurs: l'hôpital, les gîtes intra-hospitaliers, les maisons de naissance et le domicile. Nous avons le choix, il est donc important de se poser les questions: « Avec qui ai-je envie d'accoucher?», «Quel est le lieu qui répond le plus à mes attentes et besoins?». Certaines femmes ne souhaitent plus être accompagnées médicalement pour l'accouchement. Elle font le choix d'un accouchement non-assisté. Elles peuvent se préparer via le suivi médical de grossesse (il n'est pas obligatoire) et des préparations spécifiques (gestion de la douleur, position d'accouchement...). Le jour de l'accouchement, aucun.e professionnel le ne sera présent e au domicile. Aucune loi n'interdit cette démarche. LORS DE LA PRISE EN CHARGE DES AVORTEMENTS L'avortement est le fait d'arrêter une grossesse. Notre grossesse peut s'arrêter naturellement; on appelle cela une fausse couche. Celle-ci se manifeste par des pertes de sang. 80% des fausses couches se déclenchent pendant les trois premiers mois de la grossesse Il est possible d'interrompre volontairement notre grossesse. En Belgique, la loi prévoit des conditions. Cette interruption est possible jusqu'à 12 semaines «de grossesse» à la demande et autorisée au-delà de 12 semaines pour des raisons médicales. Fausses couches, IVG et IMG font partie de la vie des femmes. De nom-breuses femmes le vivent. N'importe où dans le monde, si nous voyons 4 femmes autour de la cinquantaine, au moins une a fait une IVG au cours de sa vie. La parole autour de ces événements est souvent taboue: soit parce que la grossesse désirée n'a pas pu suivre son cours et que cela peut consister en un événement difficile a vivre soit parce qu'interrompre volontairement une grossesse peut être mal vu par la société. Il y a la peur d'être jugée. AU MOMENT DE L'ACCOUCHEMENT Selon un guide publié par l'OMS, «dans le cadre d'une naissance normale, il faut une raison valable pour intervenir dans ce processus naturel ». Les femmes « devraient être libres de choisir la position qu'elles préfèrent pour accoucher (et encouragées à choisir) ». La grossesse et l'accouchement ne sont pas des maladies. Les connaissances et technologies médicales sont positives et améliorent la sécurité à conditions d'être utilisées à bon escient. Tout acte médical nécessite notre accord éclairé". Pour cela, nous devons donc recevoir une information objective concernant l'acte médical: son objectif, sa nature, sa durée, son degré d'ur-gence, ses contre-indications, ses effets secondaires, ses risques à liés à l'intervention, ses soins de suivi, ses alternatives et ses répercussions financières. Nous pouvons retirer notre accord à tout moment! Pendant le travail et l'accouchement, nous avons le droit... de vivre le travail et la naissance de notre bébé à notre rythme et sans intervention que nous ne souhaitons pas d'être accompagnées par une personne de notre choix au minimum pendant toute la durée du travail et de l'accouchement de refuser d'être examinées par des étudiant.e.s d'être informées des motifs et des effets, pour nous et notre bébé, de toutes les interventions (déclenchement, stimulation, forceps, épisiotomie, péridurale, calmant, monitorage continu, sérum, etc.) et de refuser celles qu’on jugent pas pertinente de boire et de manger en tout temps de pousser et d'accoucher dans la position qui nous convient le mieux de limiter le nombre de personnes présentes lors de la naissance de notre enfant (proches et intervenant-e-s) Si on nous dit que nous devons avoir une césarienne, nous avons le droit... de connaître les raisons médicales nécessitant une telle intervention, le degré d'urgence et les alternatives possibles d'être informées sur les différents types d'anesthésie disponibles et de choisir celui qui nous convient d'être accompagnées de notre partenaire ou d'une personne significative et ce, en tout temps. Aucun examen ni aucune intervention ne sont obligatoires durant l'accouchement. Le bébé n'a pas encore de statut juridique tant qu'il n'est pas né. Les parents sont les seul-es à pouvoir décider (et imposer) les actes qui leur conviennent sur leur enfant. Il peut être très utile de poser des questions, durant la gros-sesse, au/à la sage-femme ou au/à la gynécologue choisi e sur les méthodes qu'il/elle utilise, sur les soins apportés au nouveau/nouvelle-né e, les protocoles du lieu de l'accou-chement. Vous pouvez également négocier avec l'équipe soignante les choses importantes pour vous. La loi n'impose rien aux médecins ou aux hôpitaux concernant les protocoles. C'est au libre choix de chaque établissement. CONSULTATIONS AUTOUR DE LA CINQUANTAINE ET AU-DELA La période autour de la cinquantaine est une période physiologique dans la vie d'une femme. Ce n'est ni une maladie qu'il faut traiter, ni une période à risques qu'il faut surveiller. Malheureusement, les changements hormonaux et le vieillissement sont souvent utilisés par les firmes pharmaceutiques, cosmétiques et par un certain lobby médical comme prétexte pour renforcer le contrôle de notre corps et sa surmédicalisation. Dans la perspective d'une certaine pratique médicale, nous devrions être encadrées médicalement à cet âge plus que jamais. Très souvent, la médecine préventive prétend nous protéger en exploitant notre peur de mourir. Elle nous propose, voire impose, des examens préventifs alors que certains d'entre eux se sont avérés abusifs, inutiles voire préjudiciables. La médecine nous fait croire que certains de nos organes ne seraient plus nécessaires; qu'ils peuvent être enlevés alors même qu'il n'y a pas de plainte. Pour les femmes qui avancent en âge, cette médecine du « risque 0» devient une des stratégies pour les ramener dans le giron médical. Autour de la cinquantaine, comme pour le reste de notre vie, nous pouvons donc décider de consulter de manière régulière les médecins ou au contraire de ne les solliciter que lorsque nous ressentons un problème. LE TRAITEMENT HORMONAL DE SUBSTITUTION Depuis plusieurs décennies, la médecine utilise le terme «ménopause» pour parler de la période que les femmes traversent autour de la cinquantaine. Il suggère que cette période est un dysfonctionnement, une maladie: les femmes autour de la cinquantaine manqueraient d'hormones. Ainsi, nous sommes encore nombreuses à consulter et à recevoir un traitement hormonal de substitution par défaut. Lorsqu'on nous propose ces traitements, trop peu d'informations supplémentaires nous sont données: À quoi cela sert-il? comment cela agit-il? Quels avantages et quels inconvénients ? A quel moment nous parle-t-on des bénéfices des bouffées de chaleur pour la santé de notre cœur? Ou au contraire, à quel moment évoque-t-on le lien entre traitement hormonal de substitution et apparition de cancer? Tout est focalisé sur les hormones, les impacts que cela peut avoir sur notre sexualité, sur nos partenaires. Mais quand est-ce que les différentes facettes de notre vie sont- elles prises en compte? Quand fait-on référence à nos conditions de vie souvent bien chargées? Aujourd'hui, de nombreuses études confirment les effets secondaires graves de ce type de traitement"'. Dès lors, la discussion ne devrait plus se résumer en un débat pour ou contre les hormones de substitution. Il s'agit plutôt de réfléchir à la construction sociale qu'est la ménopause. Dès lors que cette maladie n'existe pas, avons-nous réellement besoin d'un suivi et d'un traitement médical au cours de ce passage physiologique. Pouvons-nous nous tourner vers nos propres compétences pour gérer certains signes physiques qui apparaissent autour de cet âge? LE DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN En Belgique, le Mammotest est une radiographie des seins (mammographie) proposée gratuitement tous les deux ans aux femmes entre 50 et 69 ans dans le cadre du Programme de dépistage du cancer du sein mis en place en Belgique conformément aux recommandations européennes. Ce dispositif est questionnable. La tranche d'âge choisie est arbitraire. Souvent, les médecins peuvent nous proposer de faire une mammographie plus tôt sous prétexte d'antécédents familiaux ou d'hérédités. Mais qui n'a pas au moins une femme dans sa famille qui a été diagnostiquée, traitée ou qui est décédée d'un cancer du sein? Les antécédents médicaux et la génétique mettent de côté l'impact de nos conditions de vie sur notre santé, mais aussi que les rayons des mammographies sont également néfastes et que certaines femmes peuvent être particulièrement sensibles à ceux-ci, engendrant un cancer du sein. À nouveau, l'information concernant ce dépistage est incomplète. On nous parle peu des bénéfices réels et des coûts de ce dépistage sur la santé des femmes: le nombre important de faux-positifs: c'est-à-dire qu'une femme va être diagnostiquée positive mais qu'après des examens com-plémentaires, on remarque qu'elle n'a pas de cancer le nombre important de surdiagnostic (le fait qu'un cancer détecté doit être soigné, mais peut-être qu'il se serait résorbé tout seul); etc… Une certaine perspective de la médecine rend invisible le fait qu'il est possible de travailler collectivement sur nos ressources internes et externes pour mieux prendre soin de nous-mêmes: penser et agir sur nos conditions de vie, nos conditions de travail, nos conditions fami-lia

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