Le Changement Climatique et l'Énergie (PDF)
Document Details
Uploaded by CommodiousLagrange7573
Tags
Summary
Ce document aborde le changement climatique et la consommation d'énergie. L'évolution de la température moyenne globale depuis 1850 est analysée, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. L'accent est mis sur les recommandations du GIEC et les impacts des activités humaines.
Full Transcript
RéférenceS juin 2010 L'environnement en France Le changement climatique et l'énergie Les émissions des six gaz à effet de serre (GES) couverts par le protocole de Kyoto ont sensiblement augmenté depuis 1990 au niv...
RéférenceS juin 2010 L'environnement en France Le changement climatique et l'énergie Les émissions des six gaz à effet de serre (GES) couverts par le protocole de Kyoto ont sensiblement augmenté depuis 1990 au niveau mondial. La remise en cause est particulièrement forte dans le domaine de l’énergie, puisque la combustion des énergies fossiles est de loin la première source d’émission de GES. En France, le dernier inventaire des émissions de GES montre un niveau en 2007 de l’ordre de 5,6 % inférieur au plafond fixé par le protocole de Kyoto, mais avec une évolution très L’état de l’environnement contrastée selon les secteurs. En cohérence avec les recommandations du Giec, la France s’est fixé comme objectif la division par quatre de ses émissions de GES entre 1990 et 2050. Dans ce cadre, la réduction de la consommation d’énergie fossile devient la première préoccupation environnementale de la politique énergétique. D ans son quatrième rapport sur le changement climatique, L’effet de serre : un phénomène naturel amplifié publié en 2007, le Groupe d’experts intergouvernemental sur par les activités humaines l’évolution du climat (Giec) dresse un diagnostic alarmant des conséquences des activités humaines sur le climat. Il met en cause nos Les rayonnements du soleil fournissent de l’énergie à la Terre. Celle-ci modes de production et de consommation qui contribuent à l’élé- les absorbe puis réémet la même quantité d’énergie sous forme de vation des températures et à l’augmentation de fréquence des « évé- rayonnements infrarouges, assurant ainsi son équilibre énergétique. nements climatiques extrêmes », avec de lourdes conséquences pour En l’absence de gaz à effet de serre, la température terrestre serait de la vie sur Terre. Empêcher une perturbation humaine dangereuse du -19 °C. Grâce au GES, une partie des rayons infrarouges est renvoyée système climatique suppose un changement profond de notre mode vers le sol. La température de la Terre s’accroît jusqu’à ce que l’énergie de vie. Aussi, le Giec préconise-t-il de parvenir à un accord multila- réémise égale l’énergie reçue. La présence de GES augmente ainsi la téral au-delà du protocole de Kyoto qui s'achèvera en 2012. température au sol qui atteint en moyenne +14 °C. L’effet de serre repose principalement sur les gaz suivants : – la vapeur d’eau : abondante et variable selon le climat, elle est Le changement climatique responsable de près des trois quarts de l’effet de serre total (naturel La température moyenne globale a augmenté d’environ 1 °C sur un et anthropique). L’homme n’a pas beaucoup d’influence sur sa concen- siècle. Cette augmentation s’est accentuée sur les vingt-cinq dernières tration dans l’atmosphère ; années où le taux de croissance de la température a été le plus fort du – le dioxyde de carbone (CO2) : principal gaz à effet de serre anthropique, siècle. Avec des hypothèses raisonnables (développement économi- il représente 20 % de l’effet total en 2007. L’activité humaine contribue que et démographique continu, équilibre entre énergies fossiles et à l’augmentation de ses émissions, notamment à travers la combustion renouvelables), l’augmentation de la température d’ici la fin du siècle de l’énergie et la déforestation ; est estimée à +2,8 °C en moyenne. Elle variera selon la latitude et sera – le méthane (CH4) : l’agriculture en est la principale source via les plus faible aux tropiques qu’aux pôles. fermentations liées à la riziculture, à la digestion des ruminants et au stockage du fumier. Les émissions fugitives (extraction du charbon, acti- vités de l'industrie du pétrole et du gaz naturel) et les décharges d’or- Évolution de la température moyenne globale estimée depuis 1850 dures ménagères émettent respectivement 25 % et 23 % du total en 2007. Environ 5 % sont dus à la combustion de la biomasse ; En °C – le protoxyde d’azote (N2O) : diverses réactions chimiques naturelles peuvent être à l’origine de ce gaz auxquelles s’ajoutent l’utilisation des 14,6 engrais ou certains procédés industriels ; 14,4 – les gaz industriels : ils sont utilisés notamment pour la production de froid, la climatisation, etc. Outre les gaz synthétiques (HFC, PFC et SF6) 14,2 référencés par le protocole de Kyoto, d’autres gaz industriels jouent un 14,0 rôle indirect sur l’effet de serre (dioxyde de soufre, oxydes d’azote, composés organiques volatils et ozone troposphérique). 13,8 Le réchauffement climatique est dû à l’amplification de l’effet de serre naturel par les activités humaines. 13,6 13,4 13,2 1860 1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000 Moyenne annuelle Courbe de tendance Intervalle de confiance à 5 % sur dix ans Source : Giec, 4e rapport du 1er groupe de travail, 2007. Total comprenant les « puits » que constitue l’utilisation des terres, leurs changements et la forêt (UTCF). HFC : hydrofluorocarbures ; PFC : perfluorocarbures ; SF6 : hexafluorure de soufre. Commissariat général au développement durable Service de l'observation et des statistiques 63 Références juin 2010 L'environnement en France Une augmentation des émissions de gaz Le protocole de Kyoto : une étape majeure à effet de serre au niveau mondial de la prise de conscience internationale Les émissions des six GES couverts par le protocole de Kyoto ont La convention-cadre des Nations unies sur les changements cli- augmenté de 70 % depuis 1970 et de 24 % depuis 1990. Ils ont atteint matiques, adoptée en 1992 à Rio de Janeiro, est le premier traité 49 gigatonnes équivalent (Gteq) CO2 dans le monde en 2004. Les émissions international visant à limiter les perturbations anthropiques dan- de CO2, responsables de plus des trois quarts des émissions anthropiques gereuses pour le climat. Pour parvenir à sa mise en œuvre, le pro- totales en 2004, ont crû de 28 % depuis 1990. tocole de Kyoto, adopté en 1997 et devenu légalement Sur la période 1990-2004, la hausse la plus significative est attribuée contraignant en 2005 pour ses signataires, fournit des objectifs et à l’utilisation des terres, leurs changements et la forêt –UTCF– (+48 %), des moyens. Il impose aux 39 pays les plus industrialisés (listés suivie du secteur de l’énergie (+37 %) et des transports (+32 %). en annexe B du protocole) des engagements chiffrés afin que soit S’agissant de l’agriculture et de l’industrie, une hausse de 9 % est réduit d’au moins 5 %, sur la période 2008-2012, le total de leurs observée depuis 1990. Les émissions de GES liées aux secteurs du émissions des six GES par rapport à leur niveau de 1990a. Pour bâtiment et des déchets restent quasiment stables, avec 3 % de faciliter le respect de leurs engagements, le protocole prévoit plu- croissance sur la période. sieurs mécanismes, notamment la mise en place d’un marché En 2004, les pays de l’annexe I de la convention-cadre des Nations international de crédits carbone. La dernière conférence mondiale unies sur les changements climatiques (CCNUCC) représentent 20 % sur le climat, tenue à Copenhague en décembre 2009, a jeté les de la population mondiale, 57 % du produit intérieur brut (PIB) mondial bases de la période post-Kyoto. Ainsi, conformément aux recom- et 46 % des émissions de GES. Pour ces pays, la moyenne des émis- mandations du Giec, les grands pays pollueurs, industrialisés et sions des GES par habitant est de 16,1 teq CO2, soit environ quatre fois émergents, se sont mis d’accord pour limiter la hausse des tem- celle des pays non listés dans l’annexe I. pératures à 2 °C. Par ailleurs, des aides financières seront accor- dées aux pays les plus vulnérables au changement climatique. Mais en l’absence d’objectifs chiffrés sur la baisse des émissions données & méthodologie de GES, le protocole de Kyoto reste, à ce jour, le seul instrument légalement contraignant contre le réchauffement climatique. L'utilisation des terres, leurs changements et la forêt (UTCF) a Les pays hors annexe B n’ont pas d’engagements. L’UTCF est à la fois un puits et une source d’émission de CO2, de CH4 et de N2O. Il concerne les activités liées aux changements d'utilisation des terres ainsi que les émissions/absorptions liées Les émissions de gaz à effet de serre en à la forêt. Sont exclues les émissions liées à l'utilisation énergétique France en sylviculture et en agriculture ainsi que les émissions spécifiques liées à la pratique de l'agriculture (ex. : émissions des sols dues La France, bien placée au sein de l’Union européenne à l'épandage des fertilisants azotés). En 2007, les émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne (UE) ont totalisé 5 045 millions de tonnes équivalent CO2 (Mteq CO2). Quatre pays émettent 53 % de ces émissions : l’Allemagne est le pre- mier émetteur de l’UE (19 %), suivie du Royaume-Uni (13 %) et de l’Italie (11 %). La France est classée au quatrième rang avec 10,5 %. Mesurée selon le périmètre Kyoto, l’énergie contribue à hauteur de CO2, CH4, N2O, HFC, PFC et SF6. 79 % des émissions de l’UE (soit 3 999 Mteq CO2). Pays développés et pays en transition vers une économie de marché. Ils composent la majorité des pays de l'annexe B du protocole de Kyoto, qui a pour but d'énoncer les Pour la France, le périmètre Kyoto comprend les émissions des GES de la métropole et engagements chiffrés auxquels ils doivent se conformer. des départements d’outre-mer, hors UTCF. Émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2004 Répartition par gaz Répartition par secteur Gaz fluorés PFC + HFC + SF6 : 1,1 % Déchets et eaux usées : 2,8 % CH4 : 14,3 % UTCF : 17,4 % Énergie : 25,9 % N2O : 7,9 % Agriculture : 13,5 % CO2 (autres) : 2,8 % CO2 (combustion CO2 (déforestation, d'énergie) : 56,6 % dégradation de Transports : 13,1 % la biomasse, etc.) : 17,3 % Industrie : 19,4 % Résidentiel - Tertiaire : 7,9 % Note : UTCF : Utilisation des terres, leurs changements et la forêt. Source : Giec, 4e rapport du 1er groupe de travail, 2007. 64 Commissariat général au développement durable Service de l'observation et des statistiques RéférenceS juin 2010 L'environnement en France Depuis 1990, l’UE à 27 a vu ses émissions de GES baisser de 9,3 % Une évolution encourageante au niveau national (–4,3 % pour l’UE à 15). Toutefois, des records de hausse ont été enregistrés dans des pays à forte croissance économique (+54 % en Dans le cadre de ses engagements au titre du protocole de Kyoto, Espagne, +38 % au Portugal). À l’inverse, la restructuration de l’industrie, la France a un objectif de stabilisation des émissions de gaz à effet de suite à la réunification, explique l’essentiel de la baisse des émissions serre pour la période 2008-2012 par rapport à 1990. À un an du début de l’Allemagne (-21 %). Il en est de même pour la plupart des douze de la période d’engagement, le dernier inventaire d’émissions de GES derniers pays adhérents à l’UE. portant sur l’année 2007 montrait un niveau d’émissions de l’ordre de Avec seulement 8,4 teq CO2 par habitant en 2007, la France figure parmi –5,6 % en dessous du plafond fixé. Les émissions considérées L’état de l’environnement les pays industrialisés les moins émetteurs de GES. Ce niveau d’émission s’élevaient en 2007 à 531 Mteq CO2. La prise en compte de « puits » est inférieur de 18 % à la moyenne européenne, grâce principalement de carbone grâce à l’UTCF accentue la baisse des émissions des GES à un appareil de production d’électricité sobre en carbone du fait de françaises (-12 % sur la période 1990-2007). Mesurée en émissions l’importance de la production d’origine nucléaire et à un parc de véhicu- par habitant ou par unité de PIB, cette réduction est beaucoup plus les relativement économe, fonctionnant majoritairement au diesel. prononcée, respectivement –14 % et –49 % entre 1990 et 2007. La diminution des émissions de GES est toutefois contrastée : l’ensemble des gaz fluorés, qui compte pour 3 % du pouvoir de réchauffement Émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne global (PRG) du « panier Kyoto », augmente de plus de 63 %, en lien en 2007 avec l’accroissement de leur utilisation dans les systèmes de froid. La chute la plus significative revient aux émissions de N2O (12 % du PRG) : Irlande 16,0 –30 % depuis 1990, du fait de la baisse des émissions des industries Finlande 14,8 chimiques qui ont vu leur part dans le total des émissions de N2O Rép. tchèque 14,7 passer de 27 % à 9 % entre 1990 et 2007. Pour le méthane (10 % du Pays-Bas 12,7 PRG), la tendance est également à la baisse : –18 %, principalement Belgique 12,4 du fait de l’arrêt des mines de charbon, de la valorisation du biogaz Danemark 12,2 provenant des décharges mais aussi de la baisse liée à la fermenta- Grèce 11,8 tion entérique. Enfin, les émissions de CO2, qui constituent environ Allemagne 11,6 75 % des émissions totales de GES, sont restées à un niveau quasi- Autriche 10,6 ment stable (+0,3 %). 95 % d’entre elles sont liées à l’utilisation de Royaume-Uni 10,5 l’énergie. Pologne 10,5 Moyenne UE-27 10,2 Une évolution sectorielle contrastée Espagne 9,9 Bulgarie 9,9 En France, 71 % des émissions de GES proviennent de l’utilisation Italie 9,3 des énergies fossiles en 2007. Ces émissions sont liées à leur extraction, Slovaquie 8,7 leur transport, leur combustion pour produire une « énergie secondaire » France 8,4 (électricité, essence, etc.) et à leurs utilisations finales par les transports, Portugal 7,7 l’industrie, l’habitat, le commerce, l’agriculture, etc. Les 29 % restants Hongrie 7,5 sont à mettre à l’actif de l’agriculture (hors combustion d’énergie), au Suède 7,2 traitement des déchets, aux procédés industriels et à l’utilisation de Roumanie 7,1 gaz fluorés et de solvants. 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Avec près de 27 % des émissions de GES en 2007, les transports sont En tonnes équivalent CO2 par habitant la principale activité émettrice, suivie par l’agriculture et l’industrie Note : 20 premiers émetteurs de l'UE. manufacturière (20 % chacun), le résidentiel-tertiaire (18 %), l’in- dustrie de l’énergie (14 %) et le traitement des déchets (2 %). Source : Agence européenne pour l’environnement, mai 2009. Les transports affichent la plus forte progression données & méthodologie Les émissions de GES des transports sont en hausse de 19 % entre 1990 et 2007. Toutefois, une légère baisse a été observée La mesure des émissions de gaz à effet de serre entre 2005 et 2007, de l’ordre de –1 % par an selon le dernier inven- taire d’émissions du Centre interprofessionnel technique d’études de La contribution à l'effet de serre de chaque gaz se mesure grâce la pollution atmosphérique (Citepa). Dans ce secteur, les transports à son pouvoir de réchauffement global. routiers occupent une part prépondérante (83 % des transports intéri- Pour exprimer les émissions de gaz à effet de serre en tonnes eurs de voyageurs et 82 % des transports intérieurs de marchandises) et équivalent CO2, on pondère les émissions de chaque gaz par un émettent 94 % des émissions de CO2 des transports, du fait de la com- coefficient tenant compte de son pouvoir de réchauffement comparé bustion d’énergie (principalement des produits pétroliers)10. Notons à celui du CO2. Ce coefficient est de 1 pour le CO2, de 21 pour le CH4, de 310 pour le N2O, de 140 à 11 700 pour les HFC, de 6 500 à http://www.citepa.org/publications/Inventaires.htm (méthodologie de l’inventaire des GES). 9 200 pour les PFC et de 23 900 pour le SF6 (Citepa, mai 2009). Processus de digestion, principalement du fait du cheptel bovin. Hors trafic international (maritime et aérien), non pris en compte dans le cadre du protocole de Kyoto. Voir le chapitre « Transports ». 10 Voir le chapitre « Transports ». Commissariat général au développement durable Service de l'observation et des statistiques 65 Références juin 2010 L'environnement en France par ailleurs une pénétration notable des agrocarburants11 au cours de ces données & méthodologie trois dernières années, pour atteindre en 2008, 2,5 millions de tonnes Les inventaires d’émissions de gaz à effet de serre équivalent pétrole (Mtep), soit environ 5 % de l’ensemble des carbu- rants, contre moins de 1 % en 200512. Les inventaires de GES sont réalisés en France par le Citepa, qui s’appuie sur une méthodologie élaborée par le Giec. En ce qui Le résidentiel-tertiaire en hausse concerne les émissions de CO2, dont la source principale est Les émissions de GES du parc de bâtiments du résidentiel - tertiaire la combustion d’énergie, le Citepa utilise le bilan énergétique ont connu une augmentation de 6 % entre 1990 et 2007. La combus- national réalisé par le Service de l’observation et des statistiques tion d’énergie13 représente 92 % des émissions du secteur, avec une (SOeS), complété par d’autres sources d’informations. Les émis- baisse de 1,4 % entre 1990 et 2007. Mais cette évolution est fortement sions de CO2 sont déterminées au moyen de facteurs d’émissions corrélée aux conditions météorologiques qui affectent directement les relatifs à chaque combustible. Dans cette méthode de comptabi- besoins de chauffage. Les 8 % restants sont principalement liés aux lisation, trois points essentiels sont à signaler : (i) les combustibles gaz fluorés, dont l’utilisation croissante explique la forte progression utilisés en tant que matières premières (par exemple pour la du secteur. fabrication de plastiques ou de bitume pour le revêtement des routes, etc.) ne sont pas pris en compte dans le calcul des émissions L’industrie en forte baisse de CO2, dans la mesure où ils n’engendrent pas d’émissions ; (ii) La réduction la plus significative des émissions de GES sur la période les émissions imputables aux combustibles de soutes internationales 1990-2007 provient de l’industrie manufacturière (–26 %). Les émissions maritimes et aériennes sont exclues des émissions nationales ; (iii) liées à la combustion d’énergie dans l’industrie, qui représentent près la biomasse (bois, biocarburants, etc.) utilisée en tant que combus- des trois quarts des émissions totales de GES du secteur, ont diminué tible est supposée être équivalente à la biomasse régénérée. de 12 % sur la période considérée. D’importants efforts d’économies d’énergie conjugués à une pénétration du gaz et de l’électricité au détriment du charbon et du pétrole ont permis cette baisse sensible. La France : un fort potentiel de Les procédés industriels constituent la deuxième source d’émission de GES. Leur niveau a été divisé par deux entre 1990 et 2007. développement des énergies renouvelables Parmi les industries de l’énergie, la production d’électricité et de chaleur explique les deux tiers des émissions de GES du secteur. Cette compo- La part des énergies renouvelables dans la consommation totale sante fluctue d’une année à l’autre en fonction des conditions climati- d'énergie primaire de la France est proche de 7 % en 2008 pour un ques, autour d’une tendance stable. Elle constitue en effet un appoint total avoisinant les 20 Mtep. Cette part, après un lent déclin jusqu’au en complément des productions nucléaire et hydraulique. début des années deux mille, se redresse désormais grâce à l’émer- gence de nouvelles filières, agrocarburants, éolien, pompes à cha- leur et solaire notamment. Les deux grandes filières traditionnelles que Évolution des émissions de gaz à effet de serre par secteur sont le bois et l’hydraulique représentent toutefois encore près des trois en France entre 1990 et 2007 quarts de la consommation d’énergies renouvelables. La fourniture d'électricité hydraulique dépend toutefois des conditions climatiques En millions de tonnes équivalent CO2 sur la ressource en eau : extrêmement faible en 2005, elle s’est redres- 160 (+19 %) (-26 %) sée progressivement pour retrouver un niveau à peu près normal en 140 (-12 %) 2008. Les agrocarburants soutenus par le plan de développement des 120 (+6,0 %) 100 80 (-6,9 %) Répartition de la consommation d’énergie primaire 141,4 145,6 en France métropolitaine en 2008 60 118,8 118,4 107,3 104,7 40 88,9 94,2 79,0 73,5 En millions de tonnes équivalent pétrole 20 (-17 %) Électricité (hors ENR) : 111,0 0 12,0 10,0 Transports Industrie Agriculture et Résidentiel - Industrie Traitement manufacturière sylviculture tertiaire de l'énergie des déchets Bois-énergie : 9,0 Émissions en 1990 Émissions en 2007 Hydraulique : 5,5 ENR : Agrocarburants : 2,4 Champ : Métropole et outre-mer, hors UTCF. 19,7 Note : Les pourcentages indiqués entre parenthèses correspondent à l’évolution des émissions Déchets urbains entre 1990 et 2007. renouvelables : 1,2 Pétrole : 88,9 Autres : 1,6 Source : Citepa, format CCNUCC, décembre 2008. Gaz : 40,7 – Éolien : 0,49 – Pompes à chaleur : 0,48 Déchets urbains Charbon : 12,1 – Biogaz : 0,28 non renouvelables : 1,2 – Résidus de récolte : 0,15 – Géothermie : 0,11 – Solaire : 0,05 11 Voir le chapitre « Agricuture ». Note : Consommation totale d'énergie primaire : 273,6 Mtep en 2008 ; données corri- La combustion des agrocarburants est considérée comme non émettrice de CO2, dans la 12 gées du climat. mesure où le carbone émis dans l’atmosphère est prélevé par la croissance de la plante. ENR : énergies renouvelables. 13 Émissions directes (hors émissions dues à l'électricité, comptabilisées dans le secteur Source : SOeS. de la production d'électricité). 66 Commissariat général au développement durable Service de l'observation et des statistiques RéférenceS juin 2010 L'environnement en France biocarburants de 2006 ont acquis récemment un poids significatif (12 % de la consommation d’énergie renouvelable en 2008). Les autres filières renouvelables, dont certaines connaissent pourtant un essor consi- dérable, n’occupent encore qu’une place limitée (moins de 8 % pour l’ensemble éolien, pompes à chaleur, biogaz, résidus de récolte, géo- thermie et solaire). L’état de l’environnement Le Grenelle de l’environnement dans la lutte contre le changement climatique Le Grenelle de l’environnement a rappelé la nécessité de diviser par quatre les émissions de GES d’ici 2050. Il préconise d’accélérer l'amélioration de l'efficacité énergétique dans le bâtiment, de donner la priorité aux modes de transport peu émetteurs, de remettre en cause l’étalement urbain et de réduire les consomma- tions et le contenu carbone de la production. Dans ce cadre, un plan de développement des énergies renouvelables a été mis en place en novembre 2008. Il a pour objectif de porter à au moins 23 % la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie à l’horizon 2020. Pour en savoir plus – Sites internet Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) : http://www.ademe.fr Agence européenne pour l’environnement (AEE) : http://www.eea.europa.eu Agence internationale de l’énergie (AIE) : http://www.iea.org Caisse des Dépôts / Mission Climat : http://www.caissedesdepots.fr/missionclimat/fr Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) : http://www.citepa.org Commission européenne : – Direction générale Énergie : http://ec.europa.eu/energy/index_en.htm – Direction générale Transports : http://ec.europa.eu/transport/index_en.htm – Direction générale Environnement : http://ec.europa.eu/environment/index_en.htm – Système européen d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre : http://ec.europa.eu/environment/climat/ emission/index_en.htm Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) : http://unfccc.int Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) : http://www.ipcc.ch Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer (MEEDDM) : http://www.developpement-durable.gouv.fr Service de l’observation et des statistiques (SOeS) : http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr Rubrique « Environnement » > « Observation et statistiques de l’environnement » > « Données essentielles » > « Changement climatique ». UNEP Risø Centre on Energy, Climate and Sustainable Development : http://www.uneprisoe.org World Resources Institute (WRI) : http://www.wri.org Commissariat général au développement durable Service de l'observation et des statistiques 67 Références juin 2010 L'environnement en France environnement et territoire La dimension territoriale des énergies renouvelables Si globalement la France bénéficie d’un potentiel remarquable l’importance de leurs ressources naturelles que par le niveau de leur et diversifié de ressources renouvelables (vaste forêt répartie sur exploitation. L’implication des régions, et plus généralement des l’ensemble du territoire, ressources hydrauliques importantes, acteurs locaux, s’avère être un facteur important dans le dévelop- gisements éolien, solaire et géothermique abondants), les régions pement récent des nouvelles formes d’énergie. présentent des situations très diverses, tant par la variété et En 2007, le premier grand trait qui se dégage du paysage régional relatif à la production d’énergies renouvelables (ENR) est la grande Production régionale d’énergies renouvelables en 2007 inégalité des contributions des régions. Les quatre principales régions productrices (Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes- Côte d’Azur et Alsace) totalisent près de 45 % de la production renouvelable en 2007, tandis que les sept dernières en produisent à peine plus de 15 %. En second lieu, la prédominance des deux grandes filières renouvelables traditionnelles (bois-énergie et hydraulique) masque la présence de la plupart des autres filières (géothermie, déchets renouvelables, biogaz, éolien, solaire thermique et photovoltaïque, notamment) dont le poids reste faible malgré l’essor rapide de certaines d’entre elles. Le bois-énergie (bois et coproduits du bois) utilisé depuis très longtemps pour le chauffage ´ des ménages est présent dans toutes les régions françaises et reste souvent la filière renouvelable prédominante. L’hydraulique, dont le potentiel est à peu près totalement exploité, est en revanche concentrée dans les régions dotées de suffisamment de relief. Enfin, certaines énergies ont une spécificité géographique, telles que la géothermie (Île-de-France, Aquitaine) ou les déchets renouvelables près des grandes métropoles (Île-de-France, Rhône-Alpes). L’analyse des évolutions régionales sur 2002-2007 souligne le Production d'énergies 0 50 100 km poids grandissant des régions qui se sont fortement engagées dans renouvelables (Ktep) les nouvelles formes d’énergie : l’arrivée massive des agrocarburants 3 061 Filière principale a permis à des régions agricoles souvent moins bien dotées en Bois-énergie ressources naturelles de prendre leur part dans le développement 500 Hydraulique des ENR. De même, l’éolien devient une composante non négligeable 133 Déchets Autres : géothermie, solaire et agrocarburants pour les régions fortement impliquées. La Haute-Normandie et la Picardie, par exemple, ont vu leurs productions renouvelables doubler Note : Les productions des pompes à chaleur, du biogaz, des résidus de récolte et du bois-énergie dans l’industrie et le tertiaire n’ont pas été prises en compte dans cette répartition régionale (soit près en l’espace de cinq ans. de 20 % du total). Sur le plan territorial, le projet de loi Grenelle II a prévu la mise Source : SOeS. en place de schémas régionaux climat air énergie. 68 Commissariat général au développement durable Service de l'observation et des statistiques RéférenceS juin 2010 L'environnement en France phénomènes émergents Les émissions de gaz à effet de serre de la demande française14 Comparaison entre les émissions intérieures de GES Compte tenu de la mondialisation, l’estimation des émissions de et celles liées à la demande française en 2005 GES associées aux importations et aux exportations françaises revêt une importance accrue afin d’avoir une perception globale de l’im- En millions de tonnes équivalent CO2 pact de notre économie sur le changement climatique. L’état de l’environnement 800 Les « fuites de carbone », résultant d’éventuels transferts d’activités 12 teq CO2/habitant 700 émettrices en dehors du périmètre des pays ayant des engagements contraignants en termes de GES, tendraient à limiter la portée des objec- 600 8,7 teq CO2/habitant tifs de réduction d’émissions actuellement fixés au niveau international. 500 Émissions associées Émissions associées aux exportations aux importations Cette estimation participe également d’une juste appréciation des (hors importations réexportées) (hors importations réexportées) 400 pressions anthropiques sur l’environnement et souligne la nécessaire solidarité de la communauté internationale dans la lutte contre le 300 Émissions de la production Émissions de la production nationale destinée nationale destinée changement climatique. Les émissions de GES des pays sont alors 200 à la demande intérieure à la demande intérieure estimées en fonction du niveau de consommation des populations 100 Émissions directes des ménages Émissions directes des ménages et non à l’échelle de leur territoire.14 (voiture et chauffage individuels) (voiture et chauffage individuels) 0 Territoire français Demande française 14 La demande française est composée de la consommation intérieure des ménages, Note : Pour des raisons liées à la disponibilité des données, l’estimation présentée ici couvre les trois des administrations publiques et organismes à but non lucratif et des investissements principaux gaz à effet de serre du protocole de Kyoto (CO2, CH4 et N2O). En 2005, les trois autres gaz (formation brute de capital fixe, acquisitions/cessions d'objets de valeur et variations du protocole (HFC, PFC et SF6) représentaient 2,7 % du total des GES émis en France, exprimé en de stock). fonction de leur pouvoir de réchauffement global respectif à l’horizon de 100 ans. Source : Citepa – Insee – Douanes – Eurostat – AIE. Traitements : SOeS, 2010. Estimations des principales émissions de gaz à effet de serre associées au commerce extérieur de la France en 2005 317 188 31 13 52 19 25 12 34 4 9 16 5 Émissions de gaz à effet de serre (CO2, CH4 et N2O) associées aux : Exportations Importations 2 Valeur totale en millions de tonnes équivalent CO2 Détails pour le e gn commerce extérieur ta op e re ne ur d -B entre la France e l’E ste ag e e qu de gn lem Re lgi lie l an et l’Europe pa ta Be Ita To Gr Es Al Importations 38 28 58 35 32 126 317 Exportations 24 22 36 23 24 59 188 Source : Douanes - Citepa - Insee - Eurostat - AIE. Traitements : SOeS, 2010. hhh Commissariat général au développement durable Service de l'observation et des statistiques 69 Références juin 2010 L'environnement en France phénomènes émergents (suite) Pour en savoir plus Les premières estimations réalisées pour l’année 2005 15 montrent que l’ensemble des importations de la France générerait Lenglart F., Lesieur C., Pasquier J.-L., 2010. « Les émissions l’émission d’au moins 465 Mteq CO2. Une partie de ces émissions, de CO2 du circuit économique en France », L’économie environ 135 Mteq CO2, qui est associée à la production d’exporta- française, Insee Références, édition 2010. À paraître. tions françaises (importations ré-exportées) n’est pas imputable à Pasquier J.-L., 2010. « Les comptes physiques de l'environ- la demande française. Pour sa part, l’ensemble des exportations nement, une base pour de nouveaux indicateurs sur françaises serait à l’origine de 265 Mteq CO2, dont 130 Mt émises l'interface économie-environnement. Le cas des émissions sur le territoire et 135 Mt émises à l’étranger (importations de CO2 » in Les indicateurs du développement durable. ré-exportées). Il en résulte un solde d’émissions de GES de la Paris : SOeS. pp. 75-83 (coll. La revue du CGDD). balance commerciale de la France de l’ordre de 200 Mteq CO2. Nakano S., et al., 2009. « The Measurement of CO2 Embo- Ajoutées aux 530 Mteq CO2 émises en France (entreprises et diments in International Trade: Evidence from the Harmo- ménages)16, on obtiendrait un total de 730 Mteq CO2. nised Input-Output and Bilateral Trade Database » (STI Dans ces conditions, on passerait de 8,7 teq CO2 par habitant en Working Papers 2009/3 OECD publishing,© OECD. doi: 2005 sur la base des émissions comptabilisées selon le périmètre 10.1787/227026518048). Paris : OCDE. 40 p. territorial national à 12 teq CO2 par habitant pour la demande finale Peters G., 2008. « Reassessing Carbon Leakage » (Eleventh française. Annual Conference on Global Economic Analysis: Future of Les échanges extérieurs de la France se font très majoritairement Global Economy à Helsinki du 12 au 14 juin 2008). 12 p. avec les pays européens. En 2005, plus de 68 % des GES attribués Reinaud J., 2008. « Issues behind Competitiveness and Car- aux biens et services importés par la France auraient été générés bon Leakage: Focus on Heavy Industry » (IEA Information dans d’autres pays européens. Environ 14 % l’auraient été en Asie Paper). Paris : Agence internationale de l’énergie. 120 p. (y compris le Moyen-Orient), 7 % en Afrique et en Amérique du Nord, 3 % en Amérique du Sud et moins de 1 % en Océanie. Les émissions de GES associées aux exportations de la France présentent une répartition géographique entre les pays destinataires relativement similaire17. 15 Ces estimations s’appuient sur les données d’émissions et les comptes nationaux de cinq pays de l’Union européenne (Allemagne, Belgique, Espagne, Royaume-Uni et Italie), d’où provenaient, en 2005, près de la moitié des importations françaises en valeur. Les coefficients obtenus pour l’Allemagne ont été appliqués aux importations provenant des autres pays européens en dehors de la Russie. Pour les autres régions du monde (qui représentaient ensemble 25 % des importations françaises en valeur en 2005), des données d’émissions (intensités en CO2 de la production par branche de pays considérés comme représentatifs ; intensités en CH4 et N2O du PIB par continent) ont été combinées avec des données économiques européennes. 16 Hors émissions de CO2 issues de la biomasse énergétique. Périmètre de l’inventaire pour la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, total hors utilisation des terres, leurs changements et la forêt, pour les trois principaux GES, comme indiqué dans la note de graphique. 17 Résultats obtenus à partir du croisement entre les estimations de CO2 associées aux importations/exportations par produits et les statistiques douanières par produits et pays d’origine/destination. 70 Commissariat général au développement durable Service de l'observation et des statistiques