Le Régime Présidentiel et l'Exemple Américain PDF
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Summary
Ce document traite du régime présidentiel, en se concentrant sur l'exemple américain. Il décrit les éléments clés incluant le contexte historique, la Constitution de 1787, et la séparation des pouvoirs. L'analyse se penche également sur le rôle du président et des différentes institutions législatives.
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**Le régime présidentiel et l'exemple américain** Le **régime présidentiel** ne signifie pas un pouvoir absolu du président, mais repose sur une **séparation stricte des pouvoirs** entre l\'exécutif (le Président) et le législatif (le Congrès). **Contexte historique** - Né de la **révolte des c...
**Le régime présidentiel et l'exemple américain** Le **régime présidentiel** ne signifie pas un pouvoir absolu du président, mais repose sur une **séparation stricte des pouvoirs** entre l\'exécutif (le Président) et le législatif (le Congrès). **Contexte historique** - Né de la **révolte des colonies** contre le Royaume-Uni après 1763, le conflit prend fin en **1783** avec l'aide de figures françaises comme **La Fayette**. - Deux textes fondateurs : - **Déclaration d'Indépendance (4 juillet 1776)** : rédigée par **Jefferson**, influencée par les **Lumières**, proclamant l'égalité des hommes, les droits inaliénables (vie, liberté, bonheur) et le droit de renverser un gouvernement injuste. - Les premières **constitutions écrites** (ex. : Virginie, 1776) introduisent la **séparation des pouvoirs** et une méfiance envers tout pouvoir durable. **La Constitution de 1787** - Rédigée par les **Pères fondateurs** à Philadelphie, elle remplace la **Confédération inefficace** et établit les **États-Unis d'Amérique**. - Elle repose sur : - La **séparation stricte des pouvoirs** : chaque pouvoir (exécutif, législatif, judiciaire) est indépendant et tire sa légitimité directement du peuple. - **Absence d'investiture** : aucun pouvoir n'est subordonné à un autre. - **Spécialisation fonctionnelle** : chaque institution a un rôle précis. **Diffusion et limites** - En dehors des États-Unis, ce modèle a souvent échoué, comme en **Amérique latine** ou en **France (1848)**. - Il reste spécifique aux États-Unis, où il fonctionne grâce à l'équilibre institutionnel et au **contexte fédéral**. **Conclusion** Le régime présidentiel américain, fondé sur l'**équilibre des pouvoirs** et la souveraineté populaire, est une réponse historique aux abus de pouvoir. Il reste un modèle unique, bien adapté au contexte américain. **§ 2. L\'équilibre des pouvoirs dans le régime présidentiel** **Principe général :**\ La Constitution américaine repose sur un **équilibre des pouvoirs**, inspiré par Montesquieu et sa théorie de la **« faculté d\'empêcher »**, où chaque pouvoir agit comme un contre-pouvoir. Cette séparation stricte **force les pouvoirs à s\'entendre** et à négocier. **A. Des pouvoirs séparés** Le régime présidentiel impose une séparation nette entre **exécutif, législatif** et **judiciaire**, autant dans leur origine que dans leurs compétences. **1. Le pouvoir exécutif monocéphale** - Le pouvoir exécutif est confié à **une seule personne**, le **Président des États-Unis** (art. II, section 1 de la Constitution de 1787). - **Cumul des rôles** : - **Chef de l\'État** et **chef du gouvernement**, à la tête des services administratifs fédéraux. - **Chef des armées**, avec des pouvoirs renforcés en temps de guerre. - **Politique étrangère** : il négocie les traités et dirige les relations internationales. - **Exécution des lois** : il veille à l'application des lois fédérales. - **Droit de grâce** au niveau fédéral. **2. Les collaborateurs du Président** - Le Président nomme librement ses **secrétaires** (équivalents des ministres) et peut les révoquer **« ad nutum »**. - Ils ne dépendent pas du Congrès et ne forment pas un **gouvernement parlementaire** : ils agissent sous l'autorité directe du Président. - Exemples : le **Secrétaire d'État** (équivalent du ministre des Affaires étrangères). - Ces collaborateurs peuvent être choisis parmi la **société civile**, l'industrie ou la haute administration. **3. Indépendance et responsabilité** - Le Président est **indépendant du Parlement** grâce à son élection au **suffrage universel indirect**. - Il **ne dispose pas de l\'initiative législative**, par respect de la séparation rigide des pouvoirs. - **Responsabilité limitée** : - Il n'est **pas responsable politiquement** devant le Congrès. - Il peut être destitué uniquement par la procédure d'**impeachment** en cas de **trahison, concussion ou autres crimes et délits** (art. II, section IV). - Cette procédure s\'applique également au **Vice-président** et aux fonctionnaires civils. **Conclusion** Le régime présidentiel américain repose sur une **séparation stricte des pouvoirs**, où le Président, chef de l'exécutif, dispose d'importantes prérogatives tout en étant juridiquement encadré. Cette organisation garantit un équilibre, mais impose également une collaboration constante entre les pouvoirs. **2. Le pouvoir législatif bicaméral (article I de la Constitution)** Le **pouvoir législatif** est confié au **Congrès**, composé de **deux assemblées** pour refléter la structure fédérale des États-Unis. **A. Structure bicamérale du Congrès** 1. **Le Sénat** - Représente les **États** sur une **base égalitaire** : **2 sénateurs par État**, quelle que soit sa taille. - Mandat de **6 ans** : c'est le plus long, mais le Sénat est **renouvelé par tiers** tous les **2 ans**. 2. **La Chambre des représentants** - Représente la **population** : chaque État désigne un nombre de représentants en fonction de sa population (ex. : **52 pour la Californie**, **1 pour le Vermont**). - Composée de **435 membres**, elle est renouvelée **intégralement** tous les **2 ans**. **B. Le rôle du Congrès** - Le Congrès est **un véritable organe délibérant** : - **Maître du pouvoir législatif** : il est **le seul à l'initiative des lois**. - Les deux assemblées disposent de **pouvoirs pratiquement égaux**. - **Indépendance** : - Le Président **ne peut pas dissoudre** le Congrès, ce qui en fait un **contre-pouvoir réel** face à l'exécutif. **Conclusion** La structure bicamérale du Congrès garantit une **représentation équilibrée** des États (Sénat) et de la population (Chambre des représentants). Indépendant et délibérant, il joue un rôle central dans le système de **séparation stricte des pouvoirs**. **3. Le pouvoir judiciaire indépendant** Le pouvoir judiciaire américain est un **véritable pouvoir** à part entière, incarné principalement par la **Cour suprême**, garantissant l'importance du droit aux États-Unis. **A. L\'indépendance du pouvoir judiciaire** - Le pouvoir judiciaire est **légitime** : - En raison du **fédéralisme**, de nombreux **juges sont élus**, contrairement à un corps national de magistrats professionnels. - Absence de **ministère de la Justice** : la carrière des juges n'est pas gérée par une autorité centrale. À la place, il existe un **\"Attorney General\"**, équivalent d'un procureur général au plus haut niveau. **B. Le rôle central de la Cour suprême** 1. **Statut de la Cour suprême** - Définie par l'article **III, section 1** de la Constitution. - **9 membres** appelés **« Justices »**, nommés à **vie** par le Président, assurant leur **inamovibilité**. - Leur nomination doit être **confirmée par le Sénat**, ce qui peut poser des difficultés. - Le **Chief Justice**, désigné par le Président, préside la Cour et joue un rôle symbolique en faisant **prêter serment** au nouveau Président des États-Unis. 2. **Garantie d'indépendance** - L'inamovibilité des juges protège leur indépendance vis-à-vis de toute pression politique, y compris du Président qui les a nommés. - **Longévité exceptionnelle** : certains juges, comme **Douglas** (36 ans de mandat), illustrent cette stabilité. **C. Une stricte séparation mais des relations nécessaires** - Le régime présidentiel repose sur une correspondance stricte entre **fonctions et organes** : - **Tout le pouvoir exécutif** au Président. - **Tout le pouvoir législatif et budgétaire** au Congrès. - Malgré cette séparation, une **collaboration minimale** entre les pouvoirs reste nécessaire pour assurer le fonctionnement du système. **Conclusion** La Cour suprême, pilier du pouvoir judiciaire, garantit son indépendance grâce à l'inamovibilité des juges et joue un rôle clé dans l'équilibre des pouvoirs aux États-Unis. Ce pouvoir judiciaire indépendant incarne l'importance accordée au droit dans le régime présidentiel américain. **B. Les relations entre les pouvoirs publics** Le régime présidentiel américain repose sur l\'**autonomie** des pouvoirs tout en intégrant des **mécanismes de contrôle réciproque** pour éviter les abus, selon la logique des **« checks and balances »** (freins et contrepoids). **1. L\'équilibre entre séparation et collaboration** - La **séparation des pouvoirs** est stricte mais **non absolue** : chaque pouvoir a la capacité d\'**empêcher** les actions des autres, évitant ainsi une domination excessive. - Les pouvoirs sont **indépendants** dans leur nomination, leur durée, et leur fonctionnement : - **Dates fixes** pour les élections. - **Absence de responsabilité politique** entre le Congrès et le Président. - Exemple d'équilibre : - Le **Sénat** possède un **pouvoir d'approbation** sur certains actes présidentiels, comme la ratification des traités (**majorité des deux tiers**, art. II, section 2). - **Pas de dissolution** des assemblées ni de procédure pour renverser l'Exécutif. **2. Les moyens d'action du Congrès sur le Président** Le Congrès détient des outils puissants pour **contrôler** et **influencer** le Président : **A. Pouvoir budgétaire** - En votant ou refusant le budget, le Congrès peut **paralyser** la politique présidentielle. - Exemple : - **Clinton (1995)** : un désaccord budgétaire avec le Congrès républicain a mené au **\"shutdown\"** (arrêt des activités fédérales). - **Obama (2013)** : affrontement avec le Congrès concernant la réforme de l'assurance-maladie. - **Trump (2019)** : le plus long shutdown de l'histoire, lié au financement du mur à la frontière mexicaine. **B. Contrôle législatif** - Le Congrès dispose d'un **pouvoir législatif à l'envers** : il peut refuser de voter les projets du Président. - Exemple : **Wilson (1919)** -- le Sénat refuse de ratifier le Traité de Versailles. - Exemple : **Octobre 1999** -- refus de ratification du traité d'interdiction des essais nucléaires. **C. Contrôle des nominations** - Le Sénat doit **approuver** les nominations présidentielles pour : - Les ambassadeurs. - Les hauts fonctionnaires (ex. : directeur de la CIA, ministres). - Environ **plusieurs dizaines de milliers de personnes** sont concernées. - Exemple : - **Clinton (1993)** : deux candidates au poste d'Attorney General ont été rejetées par le Sénat pour des irrégularités (emploi d'aides ménagères non déclarées). **D. Enquêtes parlementaires** - Le Congrès utilise des **commissions d'enquête** pour surveiller l'administration, souvent avec une grande efficacité. **Conclusion** La séparation des pouvoirs dans le régime présidentiel américain n'exclut pas des **interactions** et des **blocages potentiels**. Chaque pouvoir dispose de moyens pour **contrôler l'autre**, ce qui les force à **négocier** et à trouver des compromis pour éviter les conflits institutionnels prolongés. **Section 2. Le régime parlementaire et l\'exemple du régime britannique** Le **régime parlementaire** ne se définit pas simplement par l\'existence d'un Parlement, ni par sa **prééminence** systématique. Il repose sur une **collaboration des pouvoirs**, marquée par : - Un **bicéphalisme** de l\'Exécutif (partage entre un chef d'État et un chef de gouvernement). - Des mécanismes de **responsabilité** de l\'Exécutif et de **dissolution** du Parlement. **1. Les fondements historiques et constitutionnels britanniques** - Le Royaume-Uni ne possède **pas de Constitution formelle**. Les règles encadrant le pouvoir sont : - **Coutumières** et ancrées dans l'histoire britannique. - Assimilables à des **règles constitutionnelles**. - **L\'histoire britannique** joue un rôle central, car : - Le **parlementarisme** est né au Royaume-Uni. - L'Angleterre est souvent qualifiée de **« mère des Parlements »**, mais elle est aussi la **mère du régime parlementaire**. **2. Le bicéphalisme et la collaboration des pouvoirs** Le régime parlementaire britannique est un système **complexe**, caractérisé par : - **Bicéphalisme** : un Exécutif à deux têtes : - **Chef de l'État** (monarque) : rôle symbolique et constitutionnel. - **Chef du gouvernement** (Premier ministre) : dirige l'action politique. - **Mécanismes de collaboration** : - **Engagement de responsabilité** : - Une partie de l\'Exécutif (gouvernement) peut être **renversée** par le Parlement si elle n'a plus sa confiance. - **Dissolution** : - Le chef de l'Exécutif peut **dissoudre** l'assemblée en cas de crise politique. **3. Variantes du régime parlementaire** Le régime parlementaire peut prendre deux formes principales : - **Parlementarisme moniste** : - Le gouvernement est **responsable uniquement devant le Parlement**. - **Parlementarisme dualiste** : - Le gouvernement est **responsable à la fois devant le chef de l'État** et devant le Parlement. Le **parlementarisme** s'est développé historiquement plutôt qu'à partir de concepts théoriques. C'est pourquoi ses formes varient d'un pays à l'autre. **Conclusion** Le régime parlementaire britannique repose sur des **règles coutumières**, une **collaboration équilibrée** des pouvoirs et un **bicéphalisme exécutif**. Son évolution historique en fait un modèle central pour comprendre les différentes formes de parlementarisme dans le monde. **§ 1. La définition du régime parlementaire** **A. Les origines historiques et britanniques du régime parlementaire** Le **régime parlementaire** est né en **Grande-Bretagne** dans le contexte de la **lutte entre le Parlement et le pouvoir royal** (cf. leçon 4). - À une certaine époque, **l\'équilibre** entre ces deux pouvoirs a été atteint. - Toutefois, le **déclin du pouvoir royal** s\'est ensuite imposé, en raison : - De son inadéquation avec l'**évolution de la société**. - Des **progrès de la démocratie**. **Un organe central : le gouvernement** Le régime parlementaire repose sur l\'existence d'un organe de **liaison** entre le Parlement et le chef de l'État : - Cet organe est appelé **gouvernement**, **cabinet** ou **ministère**. - D'où l'expression **« gouvernement de cabinet »** pour qualifier ce régime. **Une coopération des pouvoirs** Le régime parlementaire assure avant tout une **coopération** des pouvoirs, et non leur stricte séparation. - Il s'agit d'une **séparation souple** des pouvoirs. - On parle donc de **« régime de collaboration des pouvoirs »**. **Résumé** Le régime parlementaire, né en Grande-Bretagne, repose sur un équilibre historique entre le Parlement et le pouvoir royal, avec le **gouvernement** comme organe central de liaison. Il se caractérise par une **collaboration des pouvoirs**, plutôt qu'une séparation rigide. **2. Les relations entre les pouvoirs publics** Selon **Léon Blum**, le régime parlementaire s\'apparente à une **\"vie de ménage\"**, ce qui illustre l'importance de **confiance** et de **collaboration** entre les pouvoirs, **non cloisonnés** mais interdépendants. Cela entraîne deux séries de conséquences : **a) La non-concordance entre les organes et les fonctions** Dans un régime parlementaire, il y a une **non-coïncidence** entre les **fonctions** et les **organes** (contrairement au régime présidentiel). Chaque pouvoir peut s'immiscer dans les compétences de l'autre : 1. **Compétence législative** - Le Parlement a historiquement « **arraché** » au pouvoir royal la participation à la fonction législative. - La **fonction législative** est **partagée** : - **Initiative** de la loi : Gouvernement et Parlement peuvent proposer des projets ou propositions de loi. - **Adoption et sanction** : Le Gouvernement joue un rôle prépondérant pour faire adopter ses projets de loi. Historiquement, le veto royal a évolué vers une simple **promulgation** des lois. 2. **Fonction budgétaire** - Étroitement liée à la fonction législative, elle repose également sur une **collaboration** entre Parlement et Gouvernement. 3. **Autres partages des fonctions** - **Pouvoir exécutif** : - Peut intervenir dans le domaine **juridictionnel** (nomination des juges, autorité sur le Parquet). - **Pouvoir législatif** : - Peut influencer la fonction juridictionnelle via des **lois d'amnistie** ou des **lois de validation**. **b) Les moyens d'action réciproques** En cas de **crise** ou de **désaccord** entre les pouvoirs, des **solutions juridiques typiques** existent, à la différence du régime présidentiel où les solutions sont principalement politiques. 1. **Moyens d'action du Parlement** - Le Parlement, ou l'une de ses chambres, peut **contraindre le Gouvernement à la démission** : il s'agit de la **responsabilité politique**. 2. **Moyens d'action de l'exécutif** - Le **chef de l'État** ou le **Gouvernement** peut dissoudre **l'une des chambres** (ou l'Assemblée dans un système monocaméral). **Remarque** :\ L'équilibre entre ces deux moyens est **essentiel**. Si l'un vient à disparaître, le **déséquilibre** favorise généralement le **Parlement**. Ce fut le cas en France sous la **IIIe** et la **IVe République** où le droit de dissolution était tombé en désuétude, laissant le Parlement contrôler le Gouvernement via la responsabilité politique. **La responsabilité politique** La **responsabilité** suppose l'obligation de **supporter les conséquences** d'actes accomplis. Elle peut prendre plusieurs formes : - **Civile** : obligation d'indemnisation. - **Pénale** : condamnation à une peine. - **Politique** : conduit à une **interruption anticipée** des fonctions. **Caractéristiques de la responsabilité politique** - Elle entraîne l'**obligation de démissionner**, équivalant à un **pouvoir de révocation**. - Elle peut être : - **Individuelle** : concerne un ministre spécifique. - **Collective** : concerne l'ensemble du Gouvernement. L'évolution britannique a fait passer la responsabilité : 1. **De pénale à politique**. 2. **D'individuelle à collective** : en cas de désaveu, **tous les ministres** doivent démissionner. **Procédures pour engager la responsabilité politique** 1. **À l'initiative du Parlement** - **Motion de censure** : - Peut être votée par une ou plusieurs chambres. - Exemples : - France sous la **IIIe République** : le Sénat pouvait engager la responsabilité du Gouvernement. - Italie : le Sénat possède encore ce droit. 2. **À l'initiative du Gouvernement** - **Question de confiance** : le Gouvernement demande au Parlement de renouveler sa confiance. **Conclusion** La **collaboration** entre les pouvoirs est assurée par la possibilité pour : - Le **Parlement** de révoquer le Gouvernement (responsabilité politique). - Le **Gouvernement** de dissoudre une chambre. Ces mécanismes garantissent l'**équilibre** du régime parlementaire tout en permettant des solutions juridiques aux crises politiques. **Le pouvoir de dissolution et ses fonctions** En principe, le **pouvoir de dissolution** appartient au **chef de l\'État**. Cependant, dans certains cas où le chef de l\'État, qu\'il soit roi, président de la République ou autre, perd de facto sa capacité à exercer ce pouvoir, c\'est le **chef du Gouvernement** qui l\'exerce réellement, même s\'il peut être **nominalement exercé** par le chef de l\'État, comme cela se passe en Grande-Bretagne. **Fonctions de la dissolution dans un régime parlementaire** La dissolution peut remplir plusieurs fonctions, souvent **conciliables** : 1. **Éliminer une chambre hostile**\ Le chef de l\'État utilise la dissolution pour **se débarrasser d\'une chambre hostile**, dans l\'espoir que les élections aboutiront à une nouvelle majorité. Exemples : en **1981** et **1988** en France. 2. **Rechercher une majorité différente**\ La dissolution peut être utilisée pour **chercher une majorité sur d\'autres bases**, comme en **1997**. 3. **Arbitrer un conflit entre le cabinet et le Parlement**\ Elle peut aussi servir à **faire arbitrer par le corps électoral un conflit** entre le cabinet et la chambre ou entre le Parlement et le chef de l\'État. Un exemple marquant en France est en **1962**, où les élections ont soit **confirmé la légitimité** de la chambre, soit **désavoué** les députés en soutenant le chef de l\'État ou le gouvernement. 4. **Moyen de pression sur le Parlement**\ La dissolution est aussi un moyen de **pression sur le Parlement** dans le but d\'équilibrer le régime parlementaire, en contrepartie de la responsabilité politique du cabinet. Dans tous les cas, la dissolution entraîne des **élections générales**, où tous les membres de l\'assemblée sont renouvelés. **Les différentes modalités du régime parlementaire** Le régime parlementaire a connu diverses **formes** à travers le monde, évoluant en fonction des **contextes historiques** et des **caractéristiques locales**. Il a été largement influencé par le régime britannique, mais n\'a jamais été complètement reproduit ailleurs. **Exemples d\'adoption du régime parlementaire :** - **Royaume-Uni** : Le régime parlementaire britannique est une référence, notamment dans les anciennes colonies et pays dominés par le Royaume-Uni comme **Australie**, **Canada**, **Inde**, et **Nouvelle-Zélande**. - **Europe** : Il s\'est développé au **XIXe siècle**, dans des monarchies européennes comme en **France**, **Belgique** et **Pays-Bas**. - **Après les guerres mondiales** : En Europe centrale, après 1918, et dans les pays vaincus de la Seconde Guerre mondiale ou les nouvelles démocraties des années 1970 (comme le **Portugal** et **l'Espagne**). - **Afrique et pays post-coloniaux** : Le régime parlementaire a parfois été implanté dans des **nouveaux États indépendants d'Afrique**, mais souvent pour une durée courte, avant l'adoption de régimes **présidentialistes** ou de **dictatures**. - **Ancien Bloc soviétique** : Après **1989**, le régime parlementaire s'est développé avec certaines **variantes** dans les pays de l'ex-bloc soviétique. Le régime parlementaire est souvent plus adapté aux **pays développés** et **en paix**. **Variabilité selon les contextes locaux** Le régime parlementaire a été **adapté** aux **circonstances locales**, influencé par des facteurs comme le **bipartisme** ou le **multipartisme**, mais il ne peut se concevoir dans des pays à **parti unique**. Bien que le suffrage universel direct ne soit **pas absolument obligatoire** pour qu\'un pays ait un régime parlementaire, il existe des régimes parlementaires **libéraux** ou **démocratiques** dans lesquels ce principe n'est pas appliqué. **A. Régime parlementaire dualiste et moniste** 1. **Le régime parlementaire dualiste**\ Le régime **dualiste** est le plus ancien, et il apparaît en **1782** avec la démission du gouvernement de **Lord North** et s'achève avec l'accession au trône de **Victoria** en **1837**. Ce système existe également sous la **Monarchie de Juillet** en **France**, sous **Louis-Philippe d\'Orléans** (1830-1848), et au début de la **IIe République**. - Le **chef de l'État** exerce des **pouvoirs politiques réels**, pas seulement **nominalement**. - Le Gouvernement joue un rôle de **liaison** entre le chef de l'État et le Parlement. - Il est **responsable devant deux autorités** : le **Parlement** et le **chef de l'État**. 2. **Le régime parlementaire moniste**\ Dans le régime **moniste**, le chef de l\'État et le Gouvernement fusionnent davantage en termes de responsabilités et de pouvoirs, avec une **responsabilité plus concentrée** dans le cabinet plutôt que dans deux pouvoirs distincts. **A. Régime parlementaire dualiste et régime parlementaire moniste** **Régime parlementaire dualiste** Le **régime parlementaire dualiste** est le plus ancien, proche des origines du régime parlementaire. Il apparaît réellement en **1782** avec la démission du gouvernement de **Lord North**, et se termine avec l'accession au trône de **la reine Victoria** en **1837**. En **France**, ce régime est appelé **régime parlementaire orléaniste**, car il se développe sous **Louis-Philippe d\'Orléans** (1830-1848) et au début de la **IIIe République**. Le **dualisme** existe lorsque le **chef de l\'État** exerce des **pouvoirs politiques réels** et pas seulement **nominalement**. - Le chef de l\'État reste un acteur politique actif. - Le gouvernement joue un rôle de **liaison** entre le chef de l\'État et le Parlement, représentant deux légitimités concurrentes. - Le gouvernement est responsable devant **deux autorités** : le **Parlement** et le **chef de l\'État**. **Régime parlementaire moniste** Le **régime parlementaire moniste** est l\'opposé du régime dualiste. Dans ce système, le gouvernement ne dépend plus que d\'une seule autorité : **la Chambre**. - **Le roi ou le président de la République** n\'ont plus de pouvoir politique réel, comme l\'indique l\'axiome anglais : **« Le roi ne peut mal faire, puisqu'il ne peut rien faire »**. - Le roi ou le président peuvent exercer une **magistrature morale** ou de **représentation de l\'État**, en particulier dans une monarchie, comme au **Royaume-Uni**. - Dans un régime parlementaire moniste, le dialogue se fait principalement entre le **Parlement** et le **gouvernement**, ce qui peut parfois faire évoluer le régime parlementaire vers un autre type de régime, comme l\'illustre l\'évolution de la **IIIe République** après **1879**. Le régime parlementaire **moniste** est dominant dans la plupart des États parlementaires, sauf dans des pays comme **la Finlande**, **le Portugal** et **la France** sous la **Ve République**. **B. Parlementarisme rationalisé et parlementarisme majoritaire** Ces formes de parlementarisme sont plus **récentes** et se sont développées pour répondre à des besoins spécifiques. **1. Le régime parlementaire rationalisé** Le **régime parlementaire rationalisé** est lié à la volonté de **mettre fin à certains excès du régime parlementaire moniste**. L'objectif est de protéger le gouvernement contre une **absence de majorité stable** au Parlement et prévenir les **crises ministérielles**. - Ce type de régime permet au gouvernement de gouverner ou de prendre des décisions même en l\'absence d\'une majorité claire. - Des techniques comme **la réglementation stricte de la motion de censure**, **la fixation de l\'ordre du jour des assemblées**, ou **le vote bloqué** sont utilisées pour garantir la stabilité gouvernementale (par exemple, en **France sous la Ve République**, articles **49**, **48**, **44**). - **L\'Article 67** de la Loi fondamentale allemande introduit la **motion de défiance constructive**, qui lie le renversement du gouvernement à la **formation immédiate de son successeur** : **« Le Bundestag ne peut exprimer sa défiance envers le chancelier fédéral qu'en élisant un successeur à la majorité de ses membres. »** **2. Le régime parlementarisme majoritaire** Le **régime parlementaire majoritaire** est l'opposé du système rationalisé. Dans ce système, le gouvernement dispose naturellement d'une **majorité forte** ou **disciplinée** au sein du Parlement. - Le gouvernement et le Parlement sont **liés**, le gouvernement domine de facto le Parlement. - La collaboration entre les pouvoirs devient une **fusion des pouvoirs**, où l\'Exécutif (gouvernement) prend l\'ascendant sur le Législatif. - Cette forme de parlementarisme exige une **discipline stricte** des partis et des députés, comme celle exercée par les **whips** dans la **Chambre des communes** au Royaume-Uni, chargés de **faire voter les députés dans le « bon sens »** voulu par le gouvernement. Le parlementarisme majoritaire se rencontre surtout dans un **système bipartite discipliné**, comme au **Royaume-Uni**, où le **Premier ministre** est le **leader du parti majoritaire** et où le Parlement devient principalement une tribune pour l\'opposition. L\'**opposition** est **institutionnalisée**, mais elle est souvent réduite à critiquer sans espérer renverser le gouvernement. Exemples : - **En Grande-Bretagne**, des changements de politique ou de dirigeants peuvent se produire **au sein du même parti au pouvoir**, sans dissolution ni nouvelles élections générales. - L'exemple de **Margaret Thatcher** est marquant : elle a été renversée par une **révolte interne** au sein de son propre parti, notamment à cause de sa politique sur l'**Union européenne**, donnant place à un nouveau Premier ministre, **John Major**. **Le Brexit** illustre aussi ce phénomène, avec la démission de **David Cameron** après le référendum de **2016**, et la succession rapide de **Theresa May** à la tête du gouvernement. Ces deux systèmes, rationalisé et majoritaire, montrent comment les régimes parlementaires peuvent être adaptés pour renforcer la stabilité gouvernementale ou encore, dans certains cas, renforcer le pouvoir de l\'Exécutif.