Exercices de grammaire - La couleur brune - OCR

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Université Hassan 1er

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J. Gardes-Tamine

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grammaire française lexicologie sémantique langue française

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These exercises focus on semantic fields, specifically examining the organization of vocabulary related to rain and the difficulties in creating a systematic description of these fields. The exercises cover how to identify semantic traits to differentiate words and the different components that contribute to a detailed analysis of a semantic field. The examples shown illustrate the complexity of precise vocabulary usage and the systematic approach in lexicological studies.

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Entraînez-vous 1. Le champ sémantique de la pluie But de l'exercice : Mettre en évidence des traits sémantiques, réfléchir sur leur organisation, et sur les limites d'une systématisation du lexique. Soit la liste de termes suivante : averse, bruine, crachin, giboulée, grain, orage,...

Entraînez-vous 1. Le champ sémantique de la pluie But de l'exercice : Mettre en évidence des traits sémantiques, réfléchir sur leur organisation, et sur les limites d'une systématisation du lexique. Soit la liste de termes suivante : averse, bruine, crachin, giboulée, grain, orage, pluie. À partir des définitions relevées dans un dictionnaire, vous mettrez en évidence les traits qui opposent entre eux ces différents termes. Correction Ce qui importe dans cet exercice, c'est le principe de la mise en évidence des traits, des sèmes, et non le détail des définitions. On retiendra donc les définitions minimales suivantes, qui sont choisies de manière à faci­ liter l'exercice et non parce qu'elles sont les meilleures : averse : pluie abondante et subite bruine : pluie fine et froide crachin : pluie fine et persistante giboulée : averse soudaine et violente de pluie, souvent mêlée de grêle ou de neige grain : averse violente amenée par le vent orage : grosse pluie, souvent mêlée de grêle, accompagnée de vent, d'éclairs et de coups de tonnerre Entraînez-vous 241 pluie : eau qui tombe par gouttes de l'atmosphère On constate évidemment que pluie constitue le terme générique, l'hypé- ronyme, pour lequel on n'a pas besoin de retenir de traits car il neutralise tous les traits spécifiques qui caractérisent les autres termes. Ceci ne peut pas dire qu'une pluie ne peut pas être froide, ou accompagnée de vent, mais que le terme de pluie, qui est hypéronyme des autres mots, est indifférent à ces traits particuliers, puisqu'il peut remplacer en contexte n'importe lequel de ses hyponymes. On ne le fera donc pas figurer dans le tableau. Si on l'y intégrait, il faudrait laisser vides toutes les cases. On peut opposer deux séries de termes en fonction de l'abondance de la pluie (averse, orage, auxquels il faut ajouter giboulée et grain donnés On constate que si une partie du tableau présente une taxinomie, il n'en comme des averses, vs bruine et crachin). On peut distinguer bruine en va pas de même de la partie qui dépend du trait non abondant: les traits fonction du trait froid (case en +), auquel les autres termes sont indiffé­ ne s'y opposent pas les uns aux autres sur le mode du plus et du moins, rents (case vide). Les traits ne s'opposent pas tous en effet sur un mode comme on l'a déjà vu à propos du tableau, et ne sont pas hiérarchisés, binaire, sur le mode de la présence ou de l'absence. On retiendra égale­ mais sont organisés paradigmatiquement. On constate également que, si ment le trait violence, que possèdent grain et giboulée, que ne pos­ à certains traits correspondent des termes spécifiques, cela n'est pas général. Ainsi averse, associé au trait abondant, constitue bien un terme sèdent pas bruine et crachin et qui n'est pas pertinent pour les autres. hypéronyme pour grain, giboulée ou orage, mais crachin et bruine se Dans la série de la pluie abondante, il faudra prendre en considération les éléments qui accompagnent éventuellement la pluie. On pourra alors rangent directement sous pluie puisqu'aucun terme ne correspond au dresser le tableau suivant : trait non abondant. On constate donc une fois de plus les lacunes du lexique et les problèmes que pose son organisation. On est loin du modèle abondance froid violence grêle vent éclairs idéal de la phonologie. averse + bruine - + - crachin giboulée - + - + + 2. La couleur brune grain + + + orage + + + + But de l'exercice : Souligner les principaux obstacles à une description Tous les termes se distinguent les uns des autres par leur sémème, leur systématique des champs sémantiques. profil de +, de - et de cases vides. On remarque que crachin est entière­ ment défini par des - ou des cases vides, ce qui poserait problème si on cherchait à définir le terme, mais n'a pas d'importance dans une étude Soit le corpus suivant : de ce type où on cherche seulement à le situer par rapport aux autres brun châtain havane fauve termes. Ces traits sont homogènes, ce sont tous des traits de contenu. bai marron roux hâlé On peut également représenter ces observations sous forme d'un arbre. On retiendra le trait abondant/non abondant comme premier principe noisette puce chocolat alezan d'organisation : brunâtre auburn aubère tabac 242 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 243 chêne La deuxième difficulté est du même type que la première. Elle tient à la bronzé basané roussàtre plus ou moins grande connaissance de la couleur et de ses nuances que bruni rouan rouille kaki peut avoir le locuteur, si bien qu'un grand nombre de termes seront par bistré acajou tanné rubican exemple utilisés par un peintre, alors que le sujet ordinaire en utilisera chamois mastic bis feuille morte un nombre beaucoup plus restreint. Terre de Sienne brûlée, ocre jaune noyer mordoré café au lait terre de Sienne brûlée sont ainsi des termes plus spécialisés que marron ou beige. Ce point est important : il montre que les individus organisent la réalité différemment Vous mettrez en évidence les principales difficultés qui s’opposent à selon leur expérience, leur pratique et leurs connaissances et que notre une description systématique du champ. perception varie, dans certaines limites, selon le système linguistique que nous utilisons. C'est en cela que la langue a une fonction cognitive (cf. Correction La Stylistique, p. 37). Une autre difficulté tient à l'emprunt. Si des termes comme brun ou roux La première difficulté tient à la coexistence de plusieurs groupes de ne s'utilisent que pour les couleurs, un grand nombre des termes courants termes, renvoyant aux mêmes couleurs, mais s'appliquant à des objets du corpus sont utilisés dans d'autres champs notionnels auxquels ils sont différents. C'est ainsi que certains s'utilisent pour la peau, d'autres pour empruntés. Ces emprunts se font par un processus métonymique, les cheveux, d'autres pour les yeux, d'autres pour les meubles, d'autres puisque le nom de l'objet coloré est donné à la couleur elle-même. Dans pour la robe des chevaux, d'autres enfin pour des objets divers. Pour s'en tous les cas, le terme emprunté est un substantif qui devient par conver­ tenir aux termes de la première colonne on aura ainsi le tableau suivant : sion un adjectif, le plus souvent invariable {cf. partie 2). Ces emprunts se peau cheveux yeux meubles chevaux Divers font presque toujours aux mêmes champs notionnels : celui des animaux brun + + + - + + (chamois, fauve, puce), celui des végétaux (arbre, noyer, chêne, plante, bai - - - - + - tabac, feuille morte, ou fruit, noisette, kaki, ou dérivés de fruit, chocolat noisette - - + - - + et café au lait), celui d'une matière {bronzé, bistre, rouille, terre de brunâtre - - - - - + Sienne). Il est intéressant de noter que l'on a ainsi des séries d'emprunts bronzé + - - - - - et non des emprunts isolés. Un cas particulier est offert par havane, bruni + - - - - - couleur d'un cigare de La Havane, puisqu'il s'agit d'une double métony­ bistre + - - - - + mie : cigare de La Havane —> un havane -* havane. Signalons enfin que, chamois - - - - - + si certains de ces emprunts ont des affinités avec des référents particu­ noyer - - - + - liers, ainsi ceux qui sont empruntés au champ des arbres et qui, par et encore faut-il signaler que dire qu'un terme s'emploie pour des objets métonymie, s'emploient exclusivement pour les meubles, d'autres s'emploient pour des objets divers. Ceci veut dire que, pour ces référents, divers ne signifie pas qu'il s'emploie pour n'importe quel terme. Certains termes comme brun ont une très large extension et couvrent la majorité, une couleur pourra être désignée de deux façons différentes, par un terme spécifique et par un terme d'emprunt (un liquide brun et un liquide sinon la totalité du champ, d'autres ont une extension plus restreinte, tabac) et qu'un même terme pourra renvoyer à deux champs notionnels comme noisette, d'autres enfin tout à fait restreinte puisqu'ils ne s'appliquent qu'à un groupe, comme da/qui ne s'emploie que pour la robe différents : des chevaux. On constate donc qu'à un champ notionnel donné ne cor­ respond pas, même chez un seul individu, un champ lexical unique, mais plusieurs qui se répartissent selon les référents. 244 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 245 couleur plante querelle des passereaux. Ajoutez à cela les rumeurs du travail et des machines familières : la scie qui grince dans la bûche, le moteur électrique 7 \Z enterré dans le tréfonds et qui ronronne à tout instant, le long chuintement brun tabac dans les conduites vibrantes. Quoi donc encore ? Le piano sur lequel fla­ Dans cet exemple, tabac est donc un terme polysémique. L'existence de geolent des doigts puérils, lefaisan qui, dans sa volière, semblefrapper deux la polysémie est d'ailleurs d'une manière générale une autre des diffi­ fois sur une casserole de tôle avant de prendre son essor, le vent qui tourne cultés rencontrées dans l'étude des systèmes lexicaux car elle a pour conséquence que les divers champs sont imbriqués et se recouvrent autour de nous, monstre inquiet, la pluie qui trépigne à pas aigus sur les partiellement. Ainsi le champ des végétaux interfère avec celui de la gouttières métalliques. couleur, plusieurs termes se trouvant à leur intersection. (G. Duhamel, Querelle de famillej 1) Relevez dans ce texte tous les termes indiquant un bruit. Classez- les. Mettez en évidence les difficultés que vous rencontrez. 3. Inventaire de mon silence 2) Par quels moyens, dans le contexte, est également suggérée l’idée (G. Duhamel) de bruit ? Correction But de l'exercice : Prendre conscience des différences entre une étude Question 1 de champ sémantique hors contexte et une analyse dans un texte où la On peut relever dans ce texte un champ associatif du bruit, comprenant plupart des termes se trouvent pris dans des réseaux associatifs. des substantifs, des verbes et des adjectifs. La difficulté de cet exercice par rapport aux précédents est qu'ici les termes du champ ne sont pas Soit le texte suivant : donnés et qu'il s'agit donc d'en dresser la liste. Or, si certains expriment J'y trouve d'abord, toutes sortes de choses intérieures, secrètes, essentielles : clairement la notion de bruit, d'autres ne la suggèrent qu'indirectement et on doit décider s'il faut les retenir ou non. On classera les termes rete­ le bruit de mon cœur, de mes artères, de mes jointures. La profonde musique nus par catégorie morphosyntaxique. animale. Ce concert que, souvent, je ne perçois même pas, mais qui, la nuit, Les substantifs suffit à combler l'espace noir de l'univers. Ils accourent, ils s'offrent, ils s'imposent, tous les bruits de la maison. Les On peut d'abord retenir le terme bruit, hypéronyme du champ. On peut voix d'abord, toutes les voix familières : celle de l'aïeule, celles des enfants, ensuite retenir les termes qui ont trait aux productions des humains : voix et appels, et à la musique, musique, concert, chœur. Une autre classe est et des femmes, celles des serviteurs. Elles se mêlent au gré des heures, et leur constituée par les cris d'animaux, aboiement et miaulement. Tous ces gerbe est si bien connue qu'une seule voix étrangère, introduite dans termes-là, hors contexte, appartiennent au champ sémantique du bruit. l'ensemble, suffit à faire bouger les deux oreilles vigilantes : celle du maître On peut cependant noter que, si en contexte ils suggèrent bien également de la maison et celle du chien de garde. Les voix, les rires, les appels : musique le bruit, musique et concert, dans le premier paragraphe, ils sont humaine. Un chœur champêtre y répond : aboiements et miaulements, employés métaphoriquement. plaintes des chèvres laitières et des poules couveuses, romance des ramiers, 246 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 247 La première difficulté rencontrée dans ce recensementtient au fait qu'un adjectifs qui évoquent une matière éventuellement sonore, tôle, métal­ certain nombre des autres termes ne sont pas employés avec leur sens lique ou renvoient à des objets qui produisent des bruits, comme piano. habituel. C'est le cas de romance, que hors contexte, il faudrait classer De proche en proche, le champ associatif s'étend ainsi à des termes qui avec les termes de musique, mais qui, ici, renvoie à un cri d'animal n'ont plus qu'un rapportdetype métonymique avec le champ sémantique comme aussi plaintes, qui, normalement, s'applique à l'humain. C'est du bruit. également le cas de chuintement, qui, ordinairement, désigne soit une façon de prononcer les consonnes, soit le cri de la chouette, et qui, en contexte, renvoie au bruit du moteur. La seconde réside dans l'emploi de termes qui ne sont pas directement 4. Les différentes manières des termes de bruit, comme rire ou querelle. Certes, ces mots comportent le trait sémantique sonore, mais ce n'est qu'un trait parmi d'autres, et non de dire je suis triste le trait définitoire. On peut en effet opposer : voix : ensemble de sons que peut produire le larynx et But de l’exercice : Distinguer des niveaux de langue ; constater l'impor­ querelle : contestation amenant échange de plaintes, de mots vio­ tance des séries ; apprécier la productivité de chaque niveau. lents Dans le premier cas, le trait sonore est fondamental, dans le second, il Soit le corpus : est marginal. On peut donc mesurer sur ces exemples l'importance du Je suis triste, j'ai atteint le fond, je suis au bout du rouleau, je suis abattu, contexte pour la signification. Par exemple, dans rires, inséré entre voix désespéré, je n'ai pas le moral, je ne suis pas en forme, ce n'est pas la joie, et appels, le trait sonore passe au premier plan. De même l'énumération d'aboiements, miaulements, plaintes, romance et querelle met tous ces j'ai le cafard, j'ai des idées noires, je n'ai pas la pêche, j'ai le bourdon, j'ai termes sur le même plan et en fait autant de cris d'animaux. de la peine, je n'ai pas le punch, je n'ai pas la frite, ce n'est pas la (grande) Les verbes : ils sont beaucoup moins nombreux, puisqu'on ne ren­ forme, ce n'est pas le pied, j'ai le spleen, je broie du noir, j'ai le noir, je suis contre que grincer et ronronner, utilisé métaphoriquement pour une déprimé, j'ai le blues, je flippe, j'ai du chagrin, je déprime, je suis au cent machine. septième dessous. Les adjectifs : on ne relève qu'aigu. Toutes ces expressions sont grossièrement synonymes. Tel est donc dans le texte le champ associatif du bruit. Il permet de mesu­ 1) Classez-les par niveau de langue. rer les distorsions que peut faire subir à un champ sémantique donné, 2) Classez-les selon leur construction. constitué dans le système linguistique, son insertion dans une production 3) Classez-les sur la base de composantes sémantiques. individuelle. Question 2 ^Correction À côté de ces moyens directs de suggérer le bruit, existent dans le texte Question 1 toute une série determes qui le suggèrentindirectement. On note d'abord On peut, dans cette liste, distinguer essentiellement trois niveaux : des verbes renvoyant à des mouvements qui peuvent entraîner des bruits : vibrer, flageoler, frapper, tourner, trépigner, puis des substantifs ou des a. Un niveau relativement soutenu, qui comprend les termes triste, terme générique, abattu, désespéré, déprimé ou encore j'ai de la 248 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 249 peine, j'ai du chagrin. On note plusieurs adjectifs ou participes passés peut hésiter à classer telle ou telle expression en b ou en c (avoir le employés comme adjectifs. La série est courte et n'apparaît pas très spleen ? avoir le noir ?). productive. Ces termes sont ceux que l'on trouverait dans un texte écrit, ou dans des conversations soutenues. Question 3 b. Un niveau courant, celui de la conversation ordinaire qui comprend : Un certain nombre de régularités sémantiques se dégagent de l'examen j'ai atteint le fond, je ne suis pas en forme, j'ai des idées noires, je suis de toutes ces expressions. Dans la série a, les adjectifs sont psycholo­ au cent septième dessous, j'ai le cafard, j'ai le spleen, je suis au bout giques, de même que les substantifs de la deuxième construction. du rouleau. Dans la série b, le lexique exprime souvent une limite (fond, bout) ou un c. Un niveau relâché, que l'on peut trouver par exemple dans la degré dans la profondeur du désespoir. conversation d'amis intimes : je flippe, je déprime, j'ai le bourdon, le Dans la série c, un grand nombre de termes sont utilisés métaphorique­ noir, le blues, je n'ai pas le moral, pas le punch, pas la pêche, pas la ment, sans que le plus souvent on puisse comprendre les raisons de la frite, pas la forme, ce n'est pas la joie, pas le pied. figure, comme avoir la pêche ou avoir la frite en face de avoir le punch. On remarque seulement que pêche est un terme utilisé dans de nom­ Cette série apparaît comme très productive. Les séries b et c sont parfois breuses expressions populaires : donner une pêche, recevoir une pêche, difficiles à distinguer, mais il semble que, outre le lexique, les construc­ mettre une pêche, en pleine pêche, etc. Ces termes se retrouvent pour tions diffèrent d'un niveau à l'autre. la plupart dans l'une ou l'autre construction et il est intéressant de signa­ Question 2 ler que la tristesse est suggérée indirectement, à la différence de la série a, par des termes positifs niés. C'est-à-dire qu'existent des expressions Pour le niveau a, on note deux constructions : antonymes qui marquent au contraire la joie, comme avoir la frite. être + adjectif ou participe passé On signalera enfin que la tristesse est souvent associée à la couleur noire, avoir + du (de la) + substantif l'adjectif noir entrant dans bon nombre d'expressions figurées des Pour le niveau b, on note : niveaux b et c. être + (négation) + préposition + groupe nominal On constate donc au total que les différents niveaux dégagés ont une avoir + article défini + groupe nominal cohérence syntaxique et lexicale et que le niveau populaire se caracté­ et une construction isolée : rise par une plus grande inventivité dans le cadre des séries. verbe + complément Dans la deuxième construction du niveau b, on note de surcroît que le groupe nominal se réduit généralement, sauf pour les idées noires, à un substantif singulier (le cafard). 5. Polysémie, synonymie Enfin, pour le niveau c, on note : (négation) avoir + article défini + substantif et antonymie ce n'est pas + article défini + substantif je +verbe Dans ce dernier cas, le verbe est employé de façon intransitive, ce qui But de l’exercice : Mesurer que le sens d'un terme est en partie fonction n'est pas la construction normale de déprimer. de son emploi dans un contexte et que la synonymie et l'antonymie sont On constate ainsi qu'en dehors de la construction avoir + article défini également relatives à un contexte. + substantif, chaque niveau se caractérise par une construction parti­ culière. Et c'est précisément lorsqu'il y a identité de construction que l'on 250 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 251 Soit les adjectifs et syntagmes suivants : intelligible inintelligible un regard clair lumineux sombre curieux un enfant curieux une affaire claire évidente obscure un objet curieux simple complexe un raisonnement curieux Remarquons en premier lieu que la liste des synonymes et des antonymes délicat un enfant délicat proposés n'est pas exhaustive. Ce qui a surtout retenu l'attention, c'est un tissu délicat le fait que, si certains contextes, bien que différents, admettent des syno­ un sentiment délicat nymes et des antonymes identiques, certains en font apparaître de spé­ sérieux un étudiant sérieux cialisés. On a ainsi les situations suivantes : une maladie sérieuse 1 ) Pas de synonyme et pas d'antonyme pour un des contextes, alors que une raison sérieuse les autres en admettent. 2) Synonymes et antonymes différents pour tous les contextes. clair un professeur clair 3) Coexistence de synonymes ou d'antonymes spécialisés avec des un regard clair termes identiques ( un enfant fragile et un tissu fragile, mais seulement une affaire claire un enfant maladif). Vous ferez apparaître la polysémie de ces adjectifs en mettant en évi­ On note de surcroît qu'il n'y a pas nécessairement de parallélisme entre dence les termes antonymes et synonymes qui sont possibles dans les synonymes et les antonymes. Par exemple, à grave, synonyme de chacun des contextes indiqués. sérieux, peuvent correspondre selon les contextes aussi bien futile que bénin. Les exemples étaient à chaque fois formés de la même façon : emploi de Correction l'adjectif avec un humain, avec un nom de chose concrète, avec un nom Les adjectifs utilisés sont, entre autres, les suivants : de chose plus ou moins abstraite. Il n'y a pas de corrélation décelable Adjectif Syntagme Synonyme avec la répartition des synonymes et des antonymes observés. Antonyme curieux un enfant curieux étrange banal Signalons enfin que ce n'est pas parce qu'un terme antonyme est dérivé un objet curieux étrange de l'adjectif, comme c'est le cas pour indélicate partir de dé//catqu'il est normal un raisonnement curieux illogique logique nécessairement polysémique comme celui-ci. délicat un enfant délicat maladif robuste fragile solide un tissu délicat fragile solide un sentiment délicat fin grossier indélicat sérieux un étudiant sérieux travailleur paresseux une maladie sérieuse grave bénigne une raison sérieuse grave futile importante légère clair un professeur clair limpide obscur 252 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 253 6. Les antonymes désobéissant, invraisemblable. désobligeant, impatient, imprévoyant, imprévu, morphologiques Pour tous ces couples, désobéissant/obéissant, impatient/patient, la base est clairement reconnaissable dans le dérivé. et sémantiques Le terme insipide est le contraire formel et sémantique de sapide, mais on constate que la base présente des allomorphes caractérisés par une alternance vocalique, et que le terme sapide est un terme scientifique, alors que le terme ordinaire qui correspond à insipide est goûteux. But de l'exercice : Mesurer la distance qui sépare l'histoire d'une langue 2. L'opposition étymologique, clairement reconnaissable, ne s'accom­ du fonctionnement actuel ; montrer qu'il faut se défier du recours à l'éty­ pagne pas d'une opposition sémantique : mologie, tant peut être grande la séparation entre l'évolution formelle et dévalué, désavoué, désabuser, déplumer, désappointer, déshéri­ l'évolution sémantique. ter, inoffensif, inestimable. À tous ces termes, on peut faire correspondre une base sans préfixe : déshériter/ hériter, inoffe nsif/ offensif ; mais il n'y a pas entre les deux mots 1) Soient les adjectifs et verbes suivants : de relation d'antonymie, et par exemple le contraire d'offensif est défensif désobéissant, désobligeant, désœuvré, dévalué, désavoué, désabuser, et celui d'inoffensif, nuisible. De ce point de vue, le cas de déplumer est déplumer, désappointer, déshériter, inoffensif, impatient, impénétrable, intéressant, car il a un sens très proche de plumer, bien que leurs emplois imprévoyant, imprévu, indolent, inestimable, infâme, infirme, inno­ en contexte soient différents : cent, inquiet, insipide, invraisemblable, irrévérent. 3. L'opposition étymologique n'est plus reconnaissable dans le système Ils sont tous formés étymologiquement avec un préfixe négatif dé- actuel de la langue : ou in-. Peut-on dire qu’ils sont tous les antonymes dun mot ne innocent, inquiet, infâme, infirme. La base nocenf n'existe plus, alors que nocereen latin signifie nuire, quiet, présentant pas ce préfixe comme désobéissant par rapport à obéis­ que l'on retrouve dans quiétude, n'existe pas à l'état libre, famé, qui sant ? apparaît avec une autre orthographe dans diffamer, est le mot latin 2) Soient les mots : fama, qui signifie renommée, et infirme est en fait le contraire de ferme, vrai, décidé, libre, docile, favorable, scrupuleux, collectif, facile. avec alternance vocalique. Dans tous les cas, il est clair que, dans le - Quels en sont les antonymes ? système actuel de la langue, ces quatre mots ne sont plus décomposables - Quelles conclusions pouvez-vous tirer sur la relation entre les et qu'ils entrent en relation sémantique avec des mots qui ne sont pas de la même famille étymologique : innocent/ coupable, inquiet/ tranquille, régularités morphologiques et les régularités sémantiques ? infâme/ honorable, infirme/ intègre par exemple. V Correction Question 2 Question 1 On peut distinguer deux cas dans ce nouveau corpus : 1. L'antonyme est formé par l'adjonction d'un préfixe : On peut distinguer plusieurs cas : d oc ile/indoc ile, favorable/défavorable, f a cile/difficile. 1. L'opposition étymologique s'accompagne d'une opposition séman­ Pour ce dernier couple, on constate la présence d'une alternance voca­ tique : lique ; 254 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 255 2. L'antonyme n'est pas formé par l'adjonction d'un préfixe, mais par un conduit à en voir même dans des groupes qui ne sont pas repris, mot d'une autre famille : comme mon père et ses verres (mon père est sévère). vrai/faux, décidé/irrésolu Les mécanismes sur lesquels ils reposent sont les suivants : ou par différentes expressions de sens négatif : Homonymie : scrupuleux/peu scrupuleux, sans soin, etc. On constate donc une fois de plus qu'il n'y a pas de correspondance mari niais et /nar//7/er [marinje] absolue entre la morphologie et la sémantique, et surtout pas entre l'éty­ péniche et paix niche [penij] mologie, qui est du domaine de l'histoire de la langue, de la diachronie, et ses verres et est sévère [esever]. et ce qui se produit dans le système actuel, en synchronie. En réalité, en français standard, il s'agit plutôt d'une paronymie, à cause de la légère différence qu'introduit la prononciation des e ouverts et fer­ més pour lesquels on a indiqué ici la prononciation méridionale. 7. Le jeu de mots Le jeu de mots consiste à rapprocher des expressions semblables ou proches sur le plan formel et qui n'ont rien à voir sur le plan sémantique. Il faut noter que le jeu change le découpage en mots : marinier, un seul mot, mari niais, deux mots. Lorsque le jeu de mots est comme ici localisé But de l'exercice : Observer comment certaines des relations lexicales à la rime, on parle de rimes équivoquées. présentées hors contexte sont utilisées dans un texte de façon ludique ; Mauvaise segmentation en morphèmes : à partir de est habile [eta- montrerque le jeu de mots repose surdes mécanismes linguistiques très bil], est opéré le découpage ta bile, qui conduit dans le vers suivant précis. à ma bile. A l'inverse, ma mère sera repris par est amère. Contrepèterie : le jeu consiste à intervertir des éléments, et sur ma Soit le texte suivant, extrait de Mon père et ses verres de Bobby mère est habile est fabriqué par permutation ma bile est amère, les Lapointe : seuls éléments qui ne changent pas de place étant [m] et [et] : Mon père est marinier [mameretabil] Dans cette péniche [mabiletamer] Ma mère dit la paix niche La contrepèterie peut intervertir des mots, des syllabes, des morphèmes, des sons. Dans ce mari niais Ma mère est habile Mais ma bile est amère Même exercice à partir de l’extrait suivant de Le tube de toilette de Car mon père et ses verres Bobby Lapointe : Ont les pieds fragiles. Pour faire un tube de toilette Relevez les jeux de mots et analysez leur mécanisme. En chantant sur cet air bête Avec des jeux de mots laids Il faut pondre des couplets Correction Permets que je te réponde La confrontation entre les différents vers du texte fait naître les jeux de C’est sûr, faut que tu les pondes mots, ainsi marinier repris par mari niais, péniche par paix niche, et 256 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 257 Bon, mais que dois-je pondre ? un effet bœuf une raclée maison, aller àfond de train, une patience d'ange, Que ponds-je. Que ponds-je. usé jusqu à la corde, courir comme si on avait le diable à ses trousses, dormir Pot pot pot pot pot pod et pot comme un plomb, bourré jusquà la gueule, une faim de loup, dormir à Le dernier mot qui t'a servi était : « Ponds-je » poings fermés, rougir jusqu'au blanc des yeux, bête à pleurer, bête comme Serviette éponge ! parfait !... chou, bête comme ses pieds, un nez comme une patate, souffrir comme un damné, triste à mourir, perdre jusqu'à sa chemise, des oreilles comme des Correction feuilles de chou, réglé comme du papier musique, un chahut monstre, un mari modèle, des yeux comme des boules de loto, boire le calice jusqu'à la lie, On retrouve certains des mécanismes dégagés pour l'extrait précédent : homonymie, air bête/herbette, mots laids/mollets ; paronymie, que ponds- un intellectuel type, des jambes comme des allumettes, malade à crever. je, éponge, découpage fantaisiste, ré-ponde entraînant les pondes. On note de surcroît un jeu sur la polysémie : ainsi le verbe pondre est pris J Correction dans l'expression pondre des couplets au sens figuré et signifie seule­ On peut classer les expressions selon que l'élément déterminé par ment fabriquer. Le jeu consiste alors à revivifier la métaphore morte, à la l'expression du hautdegré est un adjectif ou participe passé, un substantif prendre au pied de la lettre, ce qui entraîne la mention du cri de la poule. ou un verbe. Dans chacune de ces catégories, on essaiera de distinguer Enfin, dans pour faire un tube de toilette, coexistent plusieurs sens de la des comportements sémantiques. forme homonyme tube : chanson à succès, ce qui sera repris par en Adjectif : chantant sur cet air, tube de dentifrice et baignoire, sens qu'actualise le complément de toilette. beau comme un dieu, fou à lier, nu comme un ver, bête comme tout, généreux jusqu'à la bêtise, usé jusqu'à la corde, bourré jusqu'à la gueule, bête à pleurer, bête comme chou, bête comme ses pieds, 8. L'expression du haut degré triste à mourir, réglé comme du papier musique, malade à crever. Sur la base de la construction de l'expression qui marque l'intensité, on peut distinguer les catégories suivantes : - comparaison : Adj. comme N (beau comme un dieu) But de l'exercice : Observer la variété dans l'expression de l'intensité. - conséquence : Adj. à Inf. (fou à lier). On note dans ce cas que Observer l'importance des séries, et la coexistence de constructions l'infinitif est toujours à la forme active, mais qu'il indique tantôt productives à côté de constructions qui, si elles sonttrès fréquentes, n'en que le substantif auquel se rapporte l'adjectif fait l'action exprimée, sont pas moins figées. tantôt qu'on en exerce une sur lui : malade à crever i/sfou à lier. Toutes les expressions suivantes expriment le haut degré, c’est-à-dire L'expression triste à mourir est de ce point de vue ambiguë lorsqu'elle se le fait qu’une qualité ou une action est à son comble. Vous essaierez rapporte à un substantif humain et signifie aussi bien si triste qu'il va en de les classer. Vous élargirez la liste proposée pour séparer les expres­ mourir que si triste qu'il va faire mourir autrui. sions productives de celles qui ne le sont pas : - limite : Adj. jusqu'à N (généreux jusqu'à la bêtise). beau comme un dieu, fou à lier, un regard de chien battu, nu comme un ver, bête comme tout, généreux jusqu à la bêtise, dormir comme une marmotte, 258 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 259 Sur le plan sémantique, toutes ces locutions ont en commun d'exprimer Ici encore, on peut distinguer différentes catégories selon la construction un comble, soit que la comparaison présente un parangon, un prototype, du verbe : ce qu'expriment le singulier et l'article indéfini, soit que la conséquence - comparaison : V comme un N : soit hyperbolique, soit enfin que la limite soit si extrême qu'elle en est parfois paradoxale comme dans généreux jusqu'à la bêtise. souffrir comme un damné, dormir comme un plomb. Si l'on essaie de penser à d'autres expressions, on constate que c'est la La comparaison ne diffère pas dans sa construction de celles qui appa­ comparaison qui est la plus productive : rouge comme une tomate, fier raissaient avec un adjectif. On note plus rarement une comparaison comme Artaban, agile comme un singe, rusé comme un renard, etc. Il est conditionnelle : intéressant de signaler qu'un petit nombre d'adjectifs fournissent à eux courir comme si on avait le diable à ses trousses seuls un grand nombre de ces expressions : - conséquence : V à Inf. : beau comme un astre, un dieu, le jour, un ange, Apollon applaudir à tout rompre, courir à perdre haleine, pleurer à fendre blanc comme neige, un lys, un linge, un cierge, un cachet d'aspi­ l'âme, bâiller à se décrocher la mâchoire rine - expression de la limite : V jusqu'à N : fort comme un lion, un bœuf, Hercule, la Mort, un Turc Citons encore laid, noir, droit, fin, mou, plein, raide, rond, souple, saoul, rougir jusqu'au blanc des yeux, perdre jusqu'à sa chemise, boire etc. Il est parfois difficile de trouver une justification à la comparaison : le calice jusqu'à la lie bête comme ses pieds. Il s'agit de séries productives et l'usage montre - manière :Và N: qu'il se fabrique en permanence des comparaisons originales telles que belle comme un camion, qui a connu un certain succès ou nu comme le aller à fond de train ; dormir à poings fermés. discours d'un académicien(N\usset) qui estrestée sans lendemain. Parmi On constate que les constructions sont les mêmes que pour l'adjectif, à les termes étalons, figurent un grand nombre de noms d'animaux, l'exception du complément de manière qui n'était pas représenté pour quelques noms de végétaux, quelques termes qui désignent des phéno­ celui-ci. On peut faire les mêmes remarques sur leur productivité. Ce sont, mènes météorologiques ou naturels, des termes qui renvoient à des per­ et de loin, les comparaisons qui sont les plus nombreuses. Elles portent sonnages mythologiques ou de légende, et des termes isolés en moins parfois sur le complément du verbe : fuir comme la peste, mais le plus grand nombre. Enfin il faut signaler l'expression comme tout, vidée de souvent sur le sujet. Elles caractérisent surtout un petit nombre de tout contenu sémantique, où l'indéfini tor/tsemble exprimer l'indicible. verbes : Les expressions qui indiquent la limite ou la conséquence sont infiniment crier comme un putois, un sourd, un possédé courir comme un lièvre, un dératé, un lapin moins nombreuses, et ne sont guère productives. Il est intéressant de noter que la conséquence s'emploie essentiellement de façon péjorative. dormir comme une marmotte, une masse, un toupin En dehors de belle à damner un saint (un mord, joli (mignon) à croquer, s'en moquer comme de l'an quarante, de sa première chemise, etc. c'est le comble d'un défaut qui est présenté (laid à faire peur, ennuyeux Ici encore, on remarque le nombre de noms d'animaux qui figurent comme à mourir, bête à manger du foin, etc.). étalon de la comparaison. Ces comparaisons sont parfois entièrement Verbes : figées et il est difficile de leur donner une justification : râler comme un dormir comme une marmotte, aller à fond de train, courir comme pou. Certaines donnent lieu à des séries : dormir comme une marmotte, si on avait le diable à ses trousses, dormir comme un plomb, dormir dormir comme un loir, d'autres non : dormir comme un plomb vs * dormir à poings fermés, rougir jusqu'au blanc des yeux, souffrir comme comme un bronze. un damné. 260 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 261 Les autres façons d'exprimer le haut degré sont bien moins productives, sont stéréotypées et font apparaître des collocations figées. Étant donné en particulier la dernière qui ne présente guère que des locutions sté­ un terme, on s'attend à ce qui le suit : la raclée sera maison et l'effet bœuf, réotypées : mordre à belles dents, prendre à bras le corps, etc. et non l'inverse. Substantifs : un effet bœuf, une raclée maison, un chahut monstre, un mari modèle, un intellectuel type, un nez comme une patate, des oreilles 9. Les locutions figées comme des feuilles de chou, des yeux comme des boules de loto, des jambes comme des allumettes, une faim de loup, une patience d'ange, un regard de chien battu. But de l'exercice : Analyser le comportement des collocations ; mesurer Ici encore, on retrouve la comparaison, mais elle est infiniment moins la part de motivation et d'arbitraire qui les entraîne ; réfléchir sur le pas­ fréquente et peu productive. Il faut signaler que cet emploi du substantif sage d'un sens propre, restreint, à un sens élargi. accompagné d'une comparaison se rencontre dans certains cadres syn­ taxiques seulement comme avoir des (les) N comme : avoir des jambes comme des poteaux, avoir des cheveux comme 1) Dans les syntagmes suivants, formés dun déterminant, d’un sub­ du crin, stantif et d’un adjectif, l’adjectif n’a pas été indiqué. Dans tous les qu'elle s'emploie quasi exclusivement avec des substantifs désignant les cas, il s’agit d’un terme que pourrait remplacer grand, et qui parties du corps et pratiquement toujours de façon péjorative. Il est exprime donc le haut degré. Vous chercherez quel est l’adjectif qui généralement facile de reconstruire un adjectif se rapportant au sub­ convient. Vous préciserez si ces adjectifs sont interchangeables ; stantif : des yeux ronds comme des boules de loto, des cheveux rêches vous essaierez de les regrouper en séries. comme du crin. La construction N de N présente comme deuxième substantif un terme un démenti.,., une bêtise..., une grossièreté..., un vacarme..., un offrant un étalon. Il s'agit d'expressions nombreuses, surtout dans la nombre..., une violence..., une patience..., une bonté..., une méchan­ langue populaire. N2 est souvent un nom d'animal. ceté..., un soin..., une attention..., une preuve..., une victoire..., un Quant à la dernière construction, où le terme intensif est un substantif succès..., une laideur..., un luxe..., une activité..., un refus..., une sans déterminant qui fonctionne comme un adjectif épithète, un mari nécessité..., une défaite..., un argument..., une chaleur..., un éclat..., modèle, elle est soumise à des restrictions qui en rendent l'emploi assez une erreur..., une grandeur... limité. Le deuxièmeterme est choisi dans une liste restreinte de mots dont 2) Vous couplerez les adjectifs avec d’autres substantifs que ceux du les uns se justifient, comme type, modèle, monstre, et dont les autres sont corpus. Conservent-ils toujours leur sens ? tout à fait obscurs comme bœuf. De surcroît, seuls un petit nombre de termes acceptent d'être ainsi déterminés : un comportement modèle, mais* un comportement bœuf ; une raclée maisonmaïs? un coup de poing i HT Correction maison, etc. Question 1 Pour conclure, on soulignera l'importance de la comparaison qui se retrouve dans chacune des catégories, et qui est de loin le moyen le plus On obtient les associations suivantes : productif. Les termes de référence sonttrès souvent des noms d'animaux. un démenti cinglant ; une grossièreté intolérable ; un vacarme Ces comparaisons, si elles étaient motivées à l'origine, sont fréquemment insupportable ; une bêtise incroyable ; une fortune incalculable ; devenues obscures. La plupart des autres façons d'exprimer l'intensité une violence inouïe, extraordinaire ; une patience infinie, 262 Partie 3. Qu'est -ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 263 angélique ; une bonté inouïe ; une méchanceté effrayante, inouïe ; l'idée de quelque chose d'exceptionnel, d'étranger au comportement un soin scrupuleux ; une attention soutenue ; une preuve indé­ ordinaire des hommes) ; niable ; une victoire éclatante ; un succès énorme ; une laideur b. infini : ce qui présente une quantité très grande, qui excède parfois repoussante ; un luxe inouï; un refus catégorique ; une nécessité les limites de la capacité à compter ; absolue ; une défaite cuisante ; un argument décisif ; une chaleur c. intolérable : ce dont la manifestation ne peut psychologiquement écrasante; un éclat insoutenable; une erreurfatale; une grandeur être acceptée par l'homme ; incommensurable. d. cuisant : ce qui atteint l'individu et le blesse physiquement ; On constate que ces adjectifs ne sont pas interchangeables, à quelques e. fatal : ce qui est irrémédiable ; exceptions près. Ainsi, là où l'adjectif extraordinaire est possible, inouï f. manifeste : ce qui s'impose aux yeux du corps et/ou de l'esprit ; l'est également : un luxe inouï; un luxe extraordinaire. Ces deux adjectifs g. scrupuleux : ce qui exige la mobilisation des facultés de l'individu. paraissent d'ailleurs possibles, même s'ils ne sont pas usuels, pour tous On comprend alors que la répartition des adjectifs ne se fasse pas au les groupes, sauf pour démenti, preuve, refus et argument, pour lesquels hasard, mais soit partiellement fonction du sens des substantifs. S'ils ils ne présentent pas le sens d'intensité, mais expriment l'étonnement. expriment eux-mêmes l'idée de quantité, ils auront des affinités pour la On a donc affaire à des collocations, puisqu'étant donné le substantif, on deuxième série, s'ils renvoient à une action unique, comme refus, erreur, peut prévoir l'adjectif exprimant l'intensité qui va l'accompagner. ils en auront pour la cinquième, etc. Partiellement seulement, car l'atten­ Ces adjectifs peuvent être regroupés en séries : tion pourrait être scrupuleuse et le soin soutenu, la laideur intolérable ou 1. extraordinaire, inouï, incroyable, angélique l'éclat insupportable. 2. infini, incommensurable, incalculable, énorme 3. intolérable, insoutenable, insupportable, repoussant Question 2 4. cuisant, cinglant, écrasant Tous ces adjectifs peuvent bien sûr s'employer avec d'autres substantifs : 5. fatal, catégorique, absolu, décisif un comportement extraordinaire ; une nouvelle inouïe ; un com­ 6. manifeste, éclatant, patent, indéniable portement angélique ; une invention incroyable ; une liste infinie ; 7. scrupuleux, soutenu deux dimensions incommensurables ; un nombre incalculable ; un Il est clair que ces séries sont approximatives et que d'autres regroupe­ tas énorme ; une attitude intolérable ; un enfant insupportable ; ments pourraient être proposés, ne serait-ce qu'un regroupement mor­ une douleur insoutenable ; un animal repoussant ; des paroles phologique, puisqu'un grand nombre de ces adjectifs sont formés avec cuisantes ; des mots cinglants ; une responsabilité écrasante ; le préfixe in- négatif, et parmi eux avec le suffixe -able, et qu'ils peuvent l'heure fatale ; une décision catégorique ; un pouvoir absolu ; une être paraphrasés par que l'on ne peut..., exprimant donc l'idée d'une victoire décisive ; une liaison manifeste ; une joie éclatante ; un quantité qui dépasse les facultés de l'homme (avec d'autres substantifs, délit patent ; un mensonge indéniable ; un esprit scrupuleux ; un on pourrait d'ailleurs voir apparaître les adjectifs inhumain ou surhu­ niveau de langue soutenu. main : un courage surhumain). On constate qu'en général l'adjectif a un sens plus précis, c'est-à-dire Quoi qu'il en soit du caractère approximatif de ces séries, on peut les qu'il ne se borne pas à exprimer le degré, mais que le trait sémantique définir de la façon suivante : qui a servi à définir les séries précédentes est le trait fondamental. a. extraordinaire : ce qui étonne par son caractère hors du commun Ainsi, dans un comportement extraordinaire, l'idée de degré est absente, (on a inséré dans cette série angélique, bien que le terme, à la diffé­ et seul figure le trait hors du commun... On s'en aperçoit entre autres en rence des précédents, soit métaphorique, car il présente bien lui aussi ce que les synonymes possibles ne sont pas les mêmes : un comportement extraordinaire, extravagant 264 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 265 une violence extraordinaire, immense. 3. Jean a fait le pitre En somme, lorsque ces adjectifs expriment le degré, c'est par extension. 4. Jean a fait l'idiot Le trait qui sert à les définir et qui est essentiel dans les emplois ordinaires 5. Jean a fait le malin passe alors au second plan. Il n'est pas supprimé, ce qui explique que les 6. Jean a fait le sourd adjectifs ne soient pas interchangeables, mais il n'est pas actualisé, 7. Jean a fait le mort parce que le substantif qu'ils accompagnent n'est pas neutre : un com­ portement peut être bon ou mauvais mais la violence est un défaut. Il y 8. Jean a fait de l'escalade a donc sélection de certains traits sémantiques de l'adjectif par le sub­ 9. Jean a fait de la course stantif. 10. Jean a fait de la marche Les seuls adjectifs dont le sens ne varie pratiquement pas sont ceux qui 11. Jean a fait du chahut expriment la quantité et donc directement le degré, et ce, quel que soit 12. Jean a fait de la nage le contexte dans lequel ils sont employés : incalculable par exemple. On 13. Jean a fait du saut ne les trouve d'ailleurs qu'avec des termes renvoyant à des objets que 14. Jean a fait du tricot l'on peut compter. On note enfin que les adjectifs verbaux ne s'emploient pas avec un sens 15. Jean a fait du dessin propre. Une insulte peut être cuisante, mais non une gifle, alors même 16. Jean a fait une maison que l'on a effectivement la joue qui cuit. Il s'agit là d'un comportement 17. Jean a fait un gâteau général de verbes que certains ont appelés verbes psychologiques, qui, XQ. Jean a fait une crème au sens propre, désignent une atteinte corporelle, et au sens figuré, psy­ 19. Jean a fait un pâté de sable chique, et pour lesquels le passage du sens propre au sens figuré se 20. Jean a fait une robe marque par des constructions syntaxiques particulières. L'emploi du par­ ticipe présent comme adjectif spécialisé dans le sens figuré en est une 1) Remplacez Jean par Jeanne. Dans quelles phrases cela entraîne-t- (voir p. 233). il un changement supplémentaire ? Remplacez Jean par Jean et Jeanne. Dans quelles phrases cela entraîne-t-il un changement ? 2) Dans quels cas existe-t-il un verbe morphologiquement apparenté 10. Quelques emplois du verbe au complément, comme pour : faire du saut!sauter ? 3) Peut-on faire varier dans tous les cas l’article qui précède le sub­ faire stantif complément, éventuellement en accompagnant ce sub­ stantif d’un adjectif : faire du saut, faire un saut périlleux ? Peut-on le remplacer par un adjectif démonstratif suivi de ce même : de Butde l'exercice : Mettre en évidence les corrélations qui peuvent exister l'escalade!cette même escalade ? entre syntaxe et lexique. 4) Dans quels cas peut-on ajouter un complément au verbe, du type à N ou pour N : Jean fait un pâté de sable pour son fils ? Soient les phrases suivantes : 5) Regroupez ces résultats sous forme de tableau. Sur la base des 1. Jean a fait le clown propriétés syntaxiques testées, combien de types d’emplois du 2. Jean a fait le pantin 266 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 267 verbe faire peut-on distinguer ? Sont-ils à mettre en relation avec Jean a fait une escalade difficile une caractérisation sémantique ? Essayez de préciser cette carac­ Jean a fait le plus beau pâté de sable il n'en va pas de même pour les sept premières : en effet, si l'on remplace térisation en donnant à faire des synonymes. l'article le par un, ou bien c'est impossible, ou bien l'expression change de sens. On peut bien avoir : Correction Jean a fait un clown merveilleux Question 1 Jean a fait un sourd acceptable mais alors le verbe ne signifie plus que Jean s'est conduit comme un Si l'on remplace Jean par Jeanne, cela entraîne une variation dans les clown ou comme un sourd, mais qu'il a tenu le rôle d'un clown ou d'un phrases 4,5,6 et 7, puisque le substantif complément subit une variation sourd. en genre et devient féminin : Cette différence de comportement trouve confirmation lorsqu'on essaie Jeanne a fait l'idiote, la maligne, la sourde, la morte. de remplacer l'article par ce même. Les phrases 1 à 7 ne l'acceptent pas : Si l'on remplace Jean par Jean et Jeanne, cela peut entraîner une varia­ *Jean a fait ce même clown tion dans les phrases 1,2,3,4, 5,6 et 7. Si l'on peut en effet dire : alors que toutes les autres l'acceptent sans difficulté : Jean et Jeanne ont fait le clown Jean a fait cette même escalade il est tout à fait possible de dire également: Jean a fait ce même rêve Jean et Jeanne ont fait les clowns. Jean a fait ce même gâteau Le substantif complément subit donc une variation en nombre. Le fait que les phrases 1,2 et 3 subissent une variation en nombre alors qu'elles ne Question 4 subissaient pas de variation en genre permet de se rendre compte que Enfin, il est impossible d'ajouter un complément prépositionnel dans les c'étaittout simplement dû au fait que les substantifs clown, pantin et pitre phrases 8,9,10,11,12,13,14 et 15 : ne sont pas susceptibles d'une telle variation. C'est une impossibilité *Jean a fait de l'escalade pour son fils lexicale. On peut donc dire que, dans les phrases 1 à 7, lorsque le sujet alors que cela est possible dans toutes les autres : varie en genre ou en nombre, le complément varie parallèlement sous Jean a fait le clown pour son fils réserve que cette variation soit morphologiquement possible pour le Jean a fait un gâteau à son fils. genre. Les phrases 14 et 15 seraient à la rigueur possibles : Question 2 Jean a fait du dessin pour son fils mais infiniment moins naturelles que si l'article était un : Pour les phrases 8, 9,10,11,12,13,14 et 15, il existe un verbe morpholo­ Jean a fait un dessin pour son fils. giquement apparenté au substantif : On ne les a donc pas retenues. escalade/escalader nage/nager Question 5 tricot/tricoter On peut résumer toutes ces observations dans le tableau suivant : Question 3 genre/nombre dérivé article comp. prép. Il n'est pas possible de faire varier librement l'article du complément dans 1 à7 + - - + toutes les phrases du corpus. Si cela est possible pour les phrases de 8 8à 15 - + + - à 20: 16 à 20 - - + + 268 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 269 On distingue ainsi trois classes d'emplois dans le corpus qui sont à mettre en parallèle avec la construction des phrases : 11. L’anaphore méronymique - Phrases 1 à 7 : le complément comporte un article défini, le pitre. Ce complément varie en genre et en nombre avec le sujet, ce qui est une (synecdochique) situation exceptionnelle pour un complément. Il n'existe pas de verbe dérivé du substantif complément, la variation d'article n'est pas pos­ sible sans changement de sens et un complément prépositionnel est But de l'exercice : Mesurer l'influence du lexique sur la syntaxe, mettre en évidence l'importance des relations de partie à tout. possible. Dans ce premier type d'emploi, faire a le sens d'être momentané­ ment, de se comporter comme. Il ne correspond pas à une action ou Soit le schéma de phrase : à une activité, mais plutôt à une attitude ou un état passagers. Mon N s est coincé dans le portillon du métro, mon (son, le, ce) N' s est cassé, - Phrases 8 à 15 : le complément comprend un article partitif, il lui cor­ et les couples N-N’ suivants : respond un verbe dérivé, le changement d'article est possible et il n'y caméra, objectif ; canne à pêche, moulinet ; valise, poignée ; parapluie, a pas de complément prépositionnel. Le verbe faire désigne ici une activité ou une pratique. On peut parfois lui substituer pratiquer : manche ; parapluie, baleines ; pied, cheville ; main, pouce ; fils, cheville ; pratiquer la marche, mais le plus souvent c'est toute l'expression qui teckel, patte ; vélo, roue arrière. peut être remplacée par le verbe dérivé : faire de la marche I mar­ 1) Construire systématiquement les phrases correspondantes en cher. Faire est un verbe support (voir p. 235). indiquant chaque fois si l’anaphore (c’est-à-dire le renvoi du - Phrases 16 à 20 : le complément comprend un article indéfini, il ne lui deuxième terme au premier comme dans ma caméra s est coincée dans correspond pas de verbe dérivé, le changement d'article est possible le portillon du métro, l'objectif est casse) est automatique (A) ou et on peut ajouter un complément prépositionnel. Le verbe faire désigne ici une action qui aboutit à la création d'un objet. On peut, exclue (E) ou interprétable dans certains contextes seulement (I). selon l'objet créé, le remplacer par construire, cuire, coudre, etc. 2) Essayez de dégager une règle de fonctionnement de l’anaphore dans les cadres proposés. On voit donc la corrélation qui existe entre des comportements syn­ taxiques et des valeurs sémantiques. Bien entendu, la situation qui est décrite dans cet exercice a été simplifiée et plusieurs exemples qui ont Correction été laissés en dehors du corpus ne rentrent pas dans ces cadres. Par Question 1 exemple faire un rêve se comporte comme la catégorie b, alors qu'il ne présente pas d'article partitif. On s'est borné à quelques comportements Pour chaque couple, on obtient les phrases suivantes : simples. caméra - objectif ma caméra... mon objectif s'est cassé A son objectif s'est cassé A l'objectif s'est cassé A cet objectif s'est cassé E canne à pêche - moulinet ma canne à pêche... mon moulinet s'est cassé A 270 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 271 son moulinet s'est cassé A cette patte s'est cassée E le moulinet s'est cassé A vélo - roue arrière ce moulinet s'est cassé E mon vélo... ma roue arrière s'est cassée A valise - poignée sa roue arrière s'est cassée A ma valise... ma poignée s'est cassée E la roue arrière s'est cassée A sa poignée s'est cassée A cette roue arrière s'est cassée E la poignée s'est cassée A cette poignée s'est cassée E Question 2 parapluie - manche Comment interpréter les observations précédentes ? On obtient cinq mon parapluie... mon manche s'est cassé E configurations, AAAE, EAAE, EAAI, AEAE, EAEE : son manche s'est cassé A AAAE caméra - objectif le manche s'est cassé A canne à pêche - moulinet ce manche s'est cassé E vélo-roue arrière parapluie - baleines EAAE valise-poignée mon parapluie... mes baleines se sont cassées E parapluie-manche ses baleines se sont cassées A EAAI parapluie - baleines les baleines se sont cassées A AEEE pied-cheville ces baleines se sont cassées I main-pouce pied - cheville EAEE fils-cheville mon pied... ma cheville s'est cassée A teckel-patte sa cheville s'est cassée E la cheville s'est cassée E Dans chaque couple, les termes sont liés par une relation de type méro- cette cheville s'est cassée E nymique (synecdochique), puisque N' désigne à chaque fois une partie de l'objet ou de l'être désigné par N. Les différences de fonctionnement main - pouce mon pouce s'est cassé A de l'anaphore tiennent à la nature de ce à quoi renvoie N' et au type de ma main... son pouce s'est cassé E sa relation avec l'énonciateur, le sujet parlant qui dit je et mon. le pouce s'est cassé E Dans la première configuration AAAE, N renvoie à un objet possédé par ce pouce s'est cassé E l'énonciateur, caméra, canne à pêche ou vélo, et N' à une partie unique fils - cheville de cet objet (il n'y a qu'une roue arrière sur un vélo) mais susceptible d'en mon fils... ma cheville s'est cassée E être séparée : on peut posséder plusieurs objectifs interchangeables, et sa cheville s'est cassée A même plusieurs roues de rechange. Du coup, presque toutes les possi­ la cheville s'est cassée E bilités existent : mon, car l'énonciateur peut posséder un ou plusieurs cette cheville s'est cassée E objectifs indépendamment même de la caméra, son car l'objectif est lié teckel - patte à la caméra par la relation de partie à tout, le car cette même relation fait mon teckel... ma patte s'est cassée E qu'il n'est pas utile de spécifier la relation d'appartenance pour que l'on sa patte s'est cassée A comprenne qu'il s'agit bien de l'objectif de la caméra. Seule la dernière la patte s'est cassée E 272 Partie 3. Qu'est-ce que la lexicologie ? Entraînez-vous 273 phrase est exclue, car l'emploi du démonstratif suppose que l'on sélec­ On constate donc que, dans un même schéma de phrase, le comporte­ tionne pour le montrer un objet au milieu d'autres identiques. Or une ment de l'anaphore varie selon la classe lexicale des termes impliqués caméra ne peut avoir qu'un objectif à la fois. (par exemple celle des parties du corps) et selon la relation qu'ils entre­ La deuxième configuration diffère de la première en ce que l'emploi de tiennent. mon n'est pas possible. C'est que ni la poignée de la valise, ni le manche du parapluie ne sont des objets séparables que l'énonciateur pourrait changer à sa guise : ce ne sont pas des éléments que l'on possède ordi­ nairement indépendamment de l'objet qu'ils servent à définir. 12. Les parties du corps La troisième configuration diffère de la seconde en ce que, si une valise n'a qu'une poignée etun parapluie qu'un seul manche, ce qui rend impos­ sible l'emploi de ce, un parapluie possède plusieurs baleines si bien que But de l'exercice : Donner un exemple des particularités de comporte­ l'on peut vouloir indiquer par le démonstratif lesquelles ont été cassées. ment des termes qui renvoient aux parties du corps (voir t. 2, exercice Dans la quatrième configuration, N ne renvoie plus à un objetquelconque n° 26) ; faire réfléchir sur l'expression des relations d'appartenance, pour susceptible d'être possédé par l'énonciateur,

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