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Université de Rennes 1

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ancient greek philosophy political theory ancient greek history political thought

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These lecture notes cover topics in ancient Greek political theory, including the historical context, the rise of democracy in Athens, and the development of philosophical thought. The notes also cover the philosophical theories regarding political philosophy, and touch upon political structures in ancient Greece.

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HIPA COURS PARTIEL 1. CONTEXTE HISTORIQUE ET NAISSANCE DE LA CITE GRECQUE : 8e et 4e siècle avant JC Invention de la "polis" : La cité comme communauté politique fondée sur la loi. = Athènes est emblématique pour avoir placé le citoyen au centre de la politique. Démocratie...

HIPA COURS PARTIEL 1. CONTEXTE HISTORIQUE ET NAISSANCE DE LA CITE GRECQUE : 8e et 4e siècle avant JC Invention de la "polis" : La cité comme communauté politique fondée sur la loi. = Athènes est emblématique pour avoir placé le citoyen au centre de la politique. Démocratie athénienne : Réformes de Solon et Clisthène. = politique repose sur la participation des citoyens égaux devant la loi (isonomie) dans des institutions comme l’ecclésia (assemblée) et l’héliée (tribunal populaire). = domaine où les affaires doivent être réglées délibérément ensemble Séparation Oikos/Polis : o Oikos : Affaires privées, basées sur les inégalités (genre, statut, esclavage). o Polis : Affaires publiques, repose sur le principe de l’égalité politique devant la loi. 2. AVENEMENT DE LA PHILOSOPHIE ET DE LA RAISON : Rôle du logos : La raison (logos) se libère des mythes/croyances pour établir lois stables et rationnelles, garantissant la stabilité de la cité. = raison s’émancipe du monde sacré/trad°/préjugés/religion = raison philosophique est une activité critique : on soumet à l’examen de la raison = elle trace la voie vers la connaissance/science/savoir + définit les règles de vie sociale = elle justifie la loi par la raison : garantir la stabilité de la cité Interaction entre philosophie et politique : o Philosophie explore les meilleures formes de gouvernement, la justice, et les critères d’égalité/inégalité. o L’objectif est de garantir le bien vivre, c’est-à-dire une vie guidée par la vertu et la moralité. 3. DEMOCRATIE ATHENIENNE ET RHETORIQUE : Politique repose sur débats contradictoires, où l'argumentation raisonnée (inspirée déesse persuasion, Peitho) joue un rôle central. Les sophistes, maîtres de la rhétorique, influencent fortement le processus démocratique. = art rhétorique essentiel au sein démocratie athénienne 4. DIMENSION MORALE ET COLLECTIVE DE LA POLITIQUE GRECQUE : La politique est intrinsèquement liée aux valeurs (Bien, Juste, Vérité) qu’il faut intégrer pour être vertueux. Contrairement à la pensée moderne, où le bonheur est une affaire privée, les Grecs considèrent que le G doit guider les citoyens vers le bonheur. 5. HERITAGE DES GRECS DANS LA PENSEE MODERNE : Modèle de démocratie directe : La démocratie athénienne reste un modèle pour réfléchir sur la légitimité de la démocratie représentative actuelle. Critique de la modernité (Benjamin Constant) : o Opposition entre la liberté des anciens (centrée sur la politique et le collectif) et celle des modernes (axée sur les jouissances privées et l’individualité). o Question centrale : Comment le politique peut-il encore jouer un rôle dans des sociétés modernes où le bonheur est perçu comme individuel ? 6. QUESTIONS FONDAMENTALES SOULEVEES PAR LES GRECS : Comment définir une bonne constitution ? Quelles sont les conditions d’une société juste et du bonheur collectif ? Quelle place pour l’éducation dans la construction morale et politique des citoyens ? CHAP 1 : PLATON : POUVOIR ET VÉRITÉ Ø PLATON : -427 à -347 av. J.-C. (80 ans). Hannah Arendt : Platon est le « père de la philosophie politique ». Ø Théorie des Formes ou Idées – métaphysique : Monde sensible trompeur/instable : connaissance repose idées immuables : Beau, Juste, Vrai. = philosophie transcende le sensible (métaphysique) pour atteindre la vérité. Dualisme : Séparation entre l’âme (raison, monde des Idées) et le corps (sens, monde sensible). Méthode : Débat et examen critique pour dépasser croyances, superstitions et discours d’autorité. Finalité : réfléchir au-delà de la nature pour construire un discours universel et vrai Ø Socrate : Inspirateur de Platon = pensée marque une rupture avec les présocratiques, focalisés sur mystères de l’univers. = “il faut envoyer promener le corps le plus possible pour que l'âme raisonne le plus parfaitement” ́ absolue et non relative, grâce à la raison Ø Objectif politique Platon : recherche de la vérité = découvrir une cité parfaite où règnent justice et bonheur. PARAGRAPHE 1 : LE PROCES DE L’ATHENES DEMOCRATIQUE A. DESORDRE POLITIQUE ET CRISES MORALES Ø Contexte : G athénien tyrannique avec ses alliés (Thucydide) dénonce brutalité d’A pour régler Q° politique = “Une loi de la nature fait que toujours si on est plus fort on commande” Affaiblie après la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.). = crise morale et politique – à l’intérieur et à l’extérieur = équilibre des pouvoirs et entre classe sociale vole en éclat Défaite face à Sparte Þ chute de la démocratie Þ tyrannie des Trente renversée. 1. LA MORT DE SOCRATE – 399 : Ø Accusations contre Socrate : 1. Corruption des jeunes. 2. Rejet des dieux traditionnels d’Athènes. 3. Introduction de nouvelles croyances Ø Jugement : Condamné par l’Héliée (jury tiré au sort). Provoque juges en demandant des honneurs comparables à ceux des champions olympiques. Refuse l’exil et accepte sa peine : boire la ciguë. = « il préfère subir une injustice que de commettre une injustice » Ø Position de Platon : La mort de Socrate symbolise l’obscurantisme de la démocratie athénienne. Athènes refuse la critique et rejette la philosophie, vue comme une menace pour les lois. Socrate incarne la supériorité de la justice et de la vérité sur les lois humaines. 2. CRITIQUES DE LA DEMOCRATIE ATHENIENNE : Ø Faiblesses institutionnelles : Iségorie (liberté de parole) et isonomie (égalité devant la loi) – insuffisantes. Tirage au sort, rotation rapide des charges (mandats courte durée) perçus comme inefficaces. Platon « faiblesse Démo.Ath est de confier le pouvoir à une foule citoyens interchangeables » Ø Critique fondamentale : Démocratie viciée : pouvoir confié à des ignorants ou démagogues = Socrate : réfute la compétence politique universelle =/ il existe un art du gouvernement Égalité arithmétique : Chacun a le même poids en démocratie Égalité géométrique – prônée par Platon : basée sur le mérite et les inégalités naturelles. Conséquences : Démo nourrit l’anarchie + relativisme valeurs + perversion citoyen par le désir B. LA RESPONSABILITE DES SOPHISTES 1. ART RHETORIQUE ET ROLE DES SOPHISTES : Ø SOPHISTES : Enseignants rhétorique/politique + savoir pratique et utile / maîtres de persuasion. Ø Critique de Platon : Oppose Sophistes : imposteur qui imite la savant, motivé par profit, promeut le « dire Bien » Philosophes : amoureux sagesse et vérité, désintéressé, promet le « dire Vrai » Sophistes imposteurs : flattent les passions et enseignent à défendre des thèses immorales. = change de discours au grès du contexte Ø Exemples : Protagoras : "rendre le plus faible des deux arguments le plus fort" Favorable à la démocratie. Gorgias : "ma profession est le savoir" Thrasymaque : "La justice sert les plus forts, société créer lois aventageuses" Platon : sophistes sont "négociants en science", corrompent la jeunesse et détruisent morale. 2. OPPOSITION CLE : NATURE (PHYSIS) VS NOMOS (LOI HUMAINE) : Ø Physis : c’est la nature – le processus dynamique de croissance – ce qui est conforme lois naturelle = l’essence profonde d’une chose, la substance par-delà les variations = inintelligible : pas accessible Ø Nomos : les lois, les coutumes et usages dans société = d’œuvre humaine = accord au sein des sociétés/commu qui va reposer sur l’intérêt public Pour les sophistes, la justice et la religion sont des créations humaines, des artefacts instables. 3. CONTRIBUTIONS ET CONTRADICTIONS DES SOPHISTES : Ø Relativisme : Tout ce qui est communément admis doit être remis en question. Ø Humanisme : L’Homme fonde la société ; la vérité est relative à l’intérêt humain. Paradoxe : Malgré critiques, sophistes introduisent des bases pour réflexion politique et éducative. S2 : L’IDÉAL DE LA KALLIPOLIS DANS LA RÉPUBLIQUE Ø Contexte : Platon hostile à démocratie athénienne : viciée + guidée par imposteurs + sans justice Solution radicale : confier philosophes pouvoir, seuls capables gouverner selon vérité et justice. = philosophe roi A. LA CITE PARFAITE : LA KALLIPOLIS LA RÉPUBLIQUE – PLATON : justice au cœur de l’ouvrage Ø Justice ne doit nuire à personnes SOCRATE/PLATON : analogie entre cité et âme Ø Tripartition = justice pour eux 1. GENESE DE LA CITE : Ø Origine : L’Homme – animal social : il a besoin d’autrui pour satisfaire besoins fondamentaux = vivre en société permet l’apport matériel dont l’humain a besoin Cité naît pour répondre à ces besoins : division travail, spécialisation, progrès technique = aboutissent à une "cité saine", prospère, pacifique et efficace. Ø Limites : "Cité saine" = utopie : nature humaine finit par introduire désirs/jalousies/conflits/violence. 2. LA SOPHOCRATIE ET LE PHILOSOPHE-ROI : Ø Sophocratie : Union de la philosophie et du pouvoir politique. Ø Pourquoi confier le pouvoir aux philosophes ? Caractéristiques idéales : mémoire, aptitude à apprendre, grandeur de vue, amour vérité/ justice courage, vie ascétique et tempérance. Philosophes contemplent la vérité : peuvent déterminer ce qui est juste et bon pour la cité. Ø Allégorie caverne (Livre VII) : métaphore de la condition humaine Hommes sont comme prisonniers dans caverne, percevant ombres qu’ils prennent pour réalité. Sortie de la caverne symbolise l’ascension vers le savoir et la vérité (le soleil). Philosophe, ayant accédé à la vérité, redescend pour guider les autres, malgré le risque d’être rejeté, voire tué (allusion à Socrate). Ø PLATON : Justice : consiste à vivre et mourir en pratiquant le bien. Gouvernement est établi par ceux qui ne veulent pas gouverner : gouvernants désintéressés = "Le bon politique est celui qui ne veut pas gouverner, mais qu’on contraint à le faire. » Ø SOCRATE : se pose en seul maître de l’art politique, du dire Vrai OBJ : faire de nous des citoyens aussi parfaits que possible = Athènes a besoin de vertu =/ grandeur de la cité au détriment de la Justice (périclès) GORGIAS : "la politique est l'art qui s'occupe de l'âme" 3. UNE CITE UNE ET JUSTE : Ø Structure tripartite (analogie avec l’âme) : Nous (rationnel) : Philosophe, gouverne avec sagesse. Thumos (agressif) : Guerrier, agit avec courage. Epithumia (désirant) : Producteur, satisfait les besoins matériels avec tempérance. Âme tiraillée entre ces trois parties : seul philosophe capable de détacher THOMS/EPITHUMIA = donc il doit gouverner. Ø Règle fondamentale : pas de mobilité sociale, chaque classe reste à sa place (Socrate) "Chacun doit faire son office sans empiéter sur celui des autres." Ø Justice : donner à chacun ce qu’il lui convient L’harmonie réside dans l’équilibre entre les classes et dans leur unité. "Il n’y a cité que si elle est une." = unité est majeure pour la symbiose / sinon guerre B. UN IDEAL IRREALISABLE ? 1. UNE SOCIETE CLOSE : Ø Karl Popper (La société ouverte et ses ennemis, 1945) : Critique Kallipolis comme modèle totalitaire : Concentration pouvoir entre mains d’une élite. Abolition propriété privée pour philosophes et guerriers. Communauté femmes et eugénisme (mariages sélectionnés, infanticide enfants difformes). Suppression intimité et des familles (nurseries collectives). Ø Contradictions internes : Platon prône vérité, mais cité idéale repose sur "mensonges nécessaires" (manipul, tirag truq) 2. UNE CITE CONTRE-NATURE : contre la nature humaine Ø Difficultés pratiques : Citoyens : éduqués dans autre régime résisteraient à tel modèle. Philosophes peu enclins à gouverner : rejetés par la cité athénienne,. Mesure concrète proposée : expulser tous citoyens de plus de 10 ans reconstruire cité avec jeunes, sous la direction des philosophes. Ø Limites intrinsèques : Cité idéale = modèle théorique : irréalisable dans monde rempli injustice et maux humains. "Le mal, fatalement, fait sa ronde parmi la nature mortelle." (Le Théétète). SYNTHESE IDEES DE PLATON : Ø La Kallipolis : première utopie de l’histoire Un idéal de justice, d’unité et d’harmonie sociale fondé sur une organisation hiérarchique rigide et une gouvernance philosophique. La vérité et la justice sont les piliers de cette cité, mais leur mise en œuvre implique des sacrifices contraires à la nature humaine et aux valeurs démocratiques. S3 : L’ÉVOLUTION « RÉALISTE » DU POLITIQUE AUX LOIS A. LA LETTRE VII : LA PHILOSOPHIE A L’EPREUVE DE LA REALITE POLITIQUE 1. LES ECHECS EN SICILE : UNE DESILLUSION POLITIQUE Ø Contexte : Platon voyage en Sicile pour convaincre Denys d’appliquer ses thèses philosophiques au G. Ø Détails des voyages : 388 av. J.-C. : Platon expose ses idées au tyran Denys, qui les rejette violemment et fait vendre Platon comme esclave. Libéré, Platon fonde l’Académie. 367 av. J.-C. : Platon revient pour éduquer Denys le Jeune, fils de Denys, mais ce dernier rejette ses enseignements et exile Platon. 361 av. J.-C. : Platon retourne à Syracuse sous contrainte, mais se heurte à nouveau à l’échec et est emprisonné avant de fuir définitivement. Ø Leçon tirée : Platon comprend que changer un homme (le tyran) ne suffit pas à transformer une cité ; Ses échecs marquent l’opposition entre philosophie et politique 2. LE DESENCHANTEMENT DE PLATON Ø Erreur de Platon : Croire qu’un tyran éclairé suffirait à instaurer la justice. Ø Prise de conscience : Politique repose pas que sur un individu, mais sur équilibre complexe d’idées et relations. Importance nouvelle de la loi, jusque-là marginalisée dans son idéal de cité parfaite. Ø Philosophie et politique : Ces deux sphères ne peuvent être parfaitement fusionnées ; = Platon renvoie son projet au "hasard, à la divine chance". Ø Refus de la violence : Platon rejette l’idée d’utiliser la force pour imposer ses idées Ex : refus de soutenir le coup d’État de Dion en Sicile). B. LE POLITIQUE : L’ACCEPTATION D’UN REGIME MIXTE 1. LE TISSERAND ROYAL : UN NOUVEAU MODELE DE DIRIGEANT Ø Métaphore du tisserand : roi idéal est comparé à tisserand qui unit éléments disparates (tempérance, concorde) pour créer un tissu social harmonieux. Ø Rôle du philosophe : Conseiller et éducateur du roi, non plus dirigeant direct. Ø Gouvernance réaliste : Roi doit s’adapter aux spécificités de chaque individu. Lois deviennent un instrument nécessaire pour pallier l’imperfection humaine. 2. REHABILITATION DE LA LOI Ø Changement de perspective : Platon accepte que les lois, bien qu’imparfaites, soient indispensables pour structurer société. Ø Limites de la loi : n’est pas fondement de ma vérité mais reste utile Lois sont générales et abstraites : alors que la réalité est singulière et changeante. Juges : doivent interpréter et adapter les lois aux cas particuliers. = la loi est « présomptueuse » : ne connait pas la réalité (Platon) Ø Typologie des régimes : Régimes sans lois : Tyrannie (pire), oligarchie, démocratie anarchique. Régimes avec lois : Monarchie, aristocratie, démocratie encadrée par des lois Ø Critique mesurée démocratie : toujours "mauvais régime", mais le moins mauvais. C. LES LOIS : UNE CITE DE SECOND RANG 1. UNE CITE PRAGMATIQUE ET IMPARFAITE Ø Contexte : dernier ouvrage Platon, écrit autour 347 av. J.-C., après 20 ans réflexion depuis La Républ… Ø Changement de ton : Platon s’adresse désormais aux Hommes et non aux philosophes, admettant que son idéal de cité parfaite est irréalisable. Ø Réalité humaine : nature humaine est égoïste, cherchant le plaisir et fuyant la douleur. = cité idéale doit s’adapter à ces contraintes 2. LA LOI COMME MOINDRE MAL Ø Rôle de la loi : Garantir la stabilité dans une cité où la philosophie ne peut gouverner. Ø Origine des lois : Elles émergent de la nécessité pour éviter l’anarchie et les conflits. Ø Hiérarchie politique : La loi est au-dessus des gouvernants. Préambules éducatifs pour expliquer les lois aux citoyens. 3. CONSTITUTION MÉDIANE : ENTRE MONARCHIE ET DÉMOCRATIE Ø Mélange : monarchie (autorité) et démocratie (liberté). Ø Institutions envisagées : Gardien des lois : 37 membres élus. Conseil : 360 membres tirés au sort selon un classement censitaire. Assemblée : 5040 citoyens propriétaires. Ø Association entre l’égalité géométrique et l’égalité arithmétique : É.G : calculé selon la valeur du citoyen (rang social, ressources, éducation) É.A : chaque citoyen vaut un autre = Platon : "donnez à chacun son dû" SYNTHESE : Évolution Platon : o La République visait un idéal utopique centré sur la justice et le philosophe-roi. o Les Lois adoptent approche réaliste : reconnaissant imperfection humaine + nécessité cadre légal. Critique moderne : o La cité de Les Lois est accusée de totalitaire (contrôle social, absence de pluralisme). o Platon privilégie la stabilité et la vérité sur les libertés individuelles. Apport philosophique : o Platon souligne l’importance du lien entre morale et politique (hétéronomie). o Son héritage inspire réflexion sur compromis entre idéalisme et pragmatisme en politique. CONCLUSION : La pensée politique de Platon est profondément enracinée dans une conception ancienne où morale et politique sont indissociables. Pour lui, la politique ne peut se légitimer par elle-même (hétéronomie) : sa finalité se trouve à l'extérieur, dans la recherche de la vérité, du bien commun et de la justice. Contrairement à ses critiques, Platon n'envisage pas la toute-puissance de l'État mais la réalisation d’une cité orientée vers la vertu et le bonheur collectif. Cependant, les moyens qu’il propose pour atteindre ces fins – tels que la purification sociale – suscitent des réserves. Ses contemporains, notamment Aristote, critiquent le caractère rigide et potentiellement injuste de la cité platonicienne. Si Platon rejette la démocratie, ce n’est pas par volonté de domination mais parce qu’il considère que le peuple, par manque de sagesse et de raison, ne peut gouverner correctement. Il privilégie une politique fondée sur l'éducation et la transformation morale, visant à améliorer les citoyens sans recours à la violence. Pour Platon, la démocratie, bien qu’elle présente l’avantage de l’hétérogénéité, incarne une instabilité structurelle et une incertitude politique : un « manteau bariolé » où aucune autorité stable ne peut émerger. Il critique l’individualisme démocratique, source de division du lien social, et cherche un régime idéal capable de mettre fin à la corruption politique en réformant la nature humaine elle-même. Enfin, si Platon aspire à figer l’histoire dans un régime parfait, cette conception s’oppose à l’idée moderne de progrès, qui se développera plus tard dans la philosophie des Lumières. Les Grecs, à l’image de Platon, pensent un temps cyclique où le politique doit tendre vers une harmonie immuable, loin des aspirations au changement continu propres aux Modernes. CHAPITRE 2 : ARISTOTE - ÉTHIQUE ET POLITIQUE Ø Origine : de -384 à -322, métèque et non citoyen, élève de Platon à l’Académie. = ne succède pas à Platon, part en voyage avant de revenir enseigner à Athènes. Ø Diffusion : Héritage transmis par pensée chrétienne (St Thomas d’Aquin) et arabe (Avéroès). = redécouverte au XIIe siècle. Ø Spécificité : Conception réaliste, critique des idéaux utopiques de Platon. S’attache aux réalités terrestres, aux régimes politiques existants et leurs réformes possibles. Met en avant l’importance de l’imparfait et de l’inachevé comme cadres d’amélioration. Koinonia politika : communauté politique qui fédère toutes autres associations = s’intéresse à l’intérêt général Loi : décide de tout, fonction suprême Justice : donner à chacun ce qui lui revient Unité : repose sur un ensemble de différences qui doivent s’équilibrer. Philia : l’amitié qu’il faut chercher Homme : animal politique par nature, fait pour vivre en société + =/ Platon : homme est un animal social, qui se regroupe pour survivre Ø Finalité politique : science suprême visant l’action (praxis), pas seulement la connaissance (gnosis) S1 : LA NATURALITE ET LA PRIMAUTE DE LA POLIS A. LE ZOON POLITIKON : L’HOMME, ANIMAL POLITIQUE PAR NATURE 1. LA CITE COMME SEULE ET AUTHENTIQUE COMMUNAUTE POLITIQUE Ø La cité est naturelle : issue d’un processus de création de plusieurs formes de communautés = couple → Famille → Village → Cité. Seule la cité est politique : vise à accomplir le bonheur collectif. Métaphore du corps : les parties (familles, villages) n’ont de sens qu’au sein du tout (la cité). 2. LA CITE DU LOGOS : Ø L’homme est politique : il est rationnel et possède le logos (raison et discours). = différence avec les animaux : l’homme discerne le bien/mal, le juste/injuste. = pour la justice : logos permet de déterminer le vrai du faux = Aristote : il n’y a pas d’universalité de la politique uniforme Ø Tous les hommes ne vivent pas dans une cité : = ceux qui vivent en dehors (tribus, barbares) sont considérés comme "inachevés". Ø Influence du climat : Est – chaud : peuple intelligent mais paresseux Ouest – froid : peuple sauvage, courageux, bête. Grèce : climat tempéré, favorisant équilibre et développement politique. Ø Kallipolis – Platon : construction magnifique mais les citoyens sont malheureux B. LA FINALITE MORALE DU POLITIQUE : LE BIEN VIVRE (EU ZEN) 1. VERTU, JUSTE MESURE ET PRUDENCE Ø Finalité cité : Non pas seulement "vivre", mais "bien vivre". Ø La vertu (arete) : Aristote – Vertu : « habitudes enracinées à perfectionner pour accomplir les fonctions » = elle n’est pas innée : s’acquiert par pratique et apprentissage. Consiste à l’idée de juste mesure/juste milieu entre deux excès ex : courage entre témérité et lâcheté Indispensable pour atteindre le bonheur Ø Prudence – Phronesis : Vertu guidant la raison dans l’action, trouvant réponses adaptées Ø Obstacles : Les désirs humains, illimités et insatiables, empêchent souvent d’atteindre la vertu. 2. LA QUETE DU BONHEUR (EUDAIMONIA) ET DU BIEN COMMUN Ø Bonheur : Relève de la politique, car aucune vertu morale ne peut s’accomplir hors de la cité. Ø Conception collective : La vie individuelle et la vie civile sont intrinsèquement liées. Ø Hiérarchie vertus : La + élevée est la contemplation, mais doit s’accompagner d’action vertueuse = aucune action bonne sans valeur ni prudence Ø Éducation et lois : il faut de bonnes lois pour former des citoyens vertueux. = il faut des législateurs/magistrats vertueux Ø Cité : communauté politique lorsqu’elle devient une communauté morale = il faut la morale vertueuse DIFFERENCES CLES AVEC PLATON 1. Critique de l’unité platonicienne : o Rejette l’uniformité rigide de la Kallipolis. o Défend la diversité harmonieuse (sumphonia), où chaque partie joue un rôle spécifique. o Influence sur le principe de subsidiarité ("uni dans la diversité"). 2. Importance de l’amitié (philia) : o Lien unissant les citoyens, plus important que la justice. o Contraste avec le "communisme" platonicien, qui dilue les relations humaines. 3. Approche réaliste : o Recherche constitution excellente, adaptée circonstances (mélange de normatif et de relatif). o S’oppose au modèle utopique absolu de Platon. SYNTHESE ET PORTEE MODERNE Vision politique : o Aristote se limite pas à modèle idéal : considère contraintes réelles des désirs humains o La cité est un projet collectif, visant le bien commun par l’éducation, les lois, et la vertu. Héritage : o L’importance du bonheur collectif et des institutions dans la pensée politique. o Reflète conception grecque de communauté morale où l’individu est indissociable de la cité. Critiques modernes : o Idée de lois intrusives, contrôle social strict. o Perception des peuples non grecs comme "inachevés". S2- LA POLITEIA COMME MEILLEURE FORME DE GOUVERNEMENT Ø La Politeia : idée d’introduire les responsables politiques sur les moyens d’atteindre la justice Ø Citoyenneté : c’est être actif dans les décisions collectives + processus législatifs et judiciaires Ø Typologie des régimes politiques : Basée sur deux critères : 1. Nombre de ceux qui gouvernent : un, plusieurs, tous. 2. Orientation vers l’avantage commun ou des intérêts particuliers. Double pathologique : tyrannie, anarchie.... A. UN REGIME POLITIQUE MIXTE 1. CLASSIFICATION DES CONSTITUTIONS + PATHOLOGIES DU POLITIQUE + AVANTAGE COMMUN Ø Constitutions droites (justes) : Gouvernements visant l’avantage commun. Ø Cycle des régimes (//P) : Inspiré cycles biologiques, où régime évolue vers sa forme pathologique. Ø Pathologies politiques : Démocratie : Risque d’égalitarisme excessif, conduisant à l’anarchie Oligarchie : Favorise la révolte des plus pauvres. Changements politiques : doivent être progressifs pour éviter des instabilités majeures/violence = idée de juste mesure, de prudence, de sagesse et de savoir pratique 2. LA COMBINAISON DE DEMOCRATIE ET OLIGARCHIE : Ø Théorie du juste milieu : Monarchie vertueuse idéale : irréaliste. Régime mixte = alternative pragmatique : opposition excès va amener à équilibre, ils vont se neutraliser. Ø Avantages de la démocratie : Stabilité : difficulté à corrompre la multitude. Équilibre social : repose sur la rotation des charges et l’alternance. Modération : moins aventureuse et plus stable. Ø Risque démocratie : déviance vers la tyrannie de la majorité 3. IMPORTANCE DES CLASSES MOYENNES Ø Rôle stabilisateur : Classe intermédiaire, entre riches et pauvres, favorise la cohésion sociale. Incarne la raison en politique (juste milieu) Neutralise les conflits extrêmes qui détruisent les régimes. Ø Profil : Commerçants, artisans, cultivateurs, propriétaires modestes. Éduqués à la mesure et à la raison, moteurs de l’équilibre politique. B. UNE CONCEPTION ELITAIRE DE LA SOCIETE 1. JUSTICE ET EQUITE Ø Aristocratie vertueuse pour l’intérêt général : moins pire des régimes Régime où les meilleurs gouvernent : difficile à obtenir. Démocratie est contre nature : prend pas en compte inégalités naturelles Ø Deux types d’égalité : Arithmétique : Une voix par citoyen – conduit à la justice commutative Géométrique/proportionnelle : Répartition selon les mérites, de sa nature, de sa vertu… A : « il n’est pas juste de donner la même quantité de nourriture à un enfant et à un adulte » = préfère l’égalité géométrique Ø Rôle du juge : Loi : flexible, adaptée aux circonstances. Juge intervient comme correctif de la loi, pour l’adapter et l’appliquer : une justice véritable. 2. ESCLAVAGE ET INEGALITES NATURELLES Ø Esclavage comme réalité admise : Esclaves "par nature" : instruments qui produit des biens, richesses et répond à des besoins. = bien précieux : justification par les besoins économiques et domestiques. Ø Rôle économique : libère les citoyens pour qu’ils se consacrent à la politique. Ø Contradictions : esclavage repose sur inégalités naturelles mais est intégré comme moyen pratique dans sociétés antiques. 3. ÉCONOMIE ET DEPOLITISATION Ø Rôle économie : au service du politique car elle menace la cité = la satisfaction des intérêts privés, la partie désirante Ø Critique de l’économie : il faut garder la juste mesure Risque de dérives dues à la spéculation monétaire (chrematistique). Inégalités excessives déstabilisent les régimes et favorisent l’oligarchie. Ø Régime mixte : démo + oli Démo pour encadrer les pauvres. Oligarchie pour limiter les excès des riches. Synthèse / Principes universels de la pensée d’Aristote : 1. Primauté de la loi : Régimes doivent être fondés sur des lois stables et respectées : elle doit gouverner et on doit y obéir Anticipe le légicentrisme des Lumières. 2. Juste milieu : éviter les excès des régimes extrêmes (tyrannie, anarchie) = équilibre des pouvoirs 3. Vertu politique et morale : gouverner, c’est viser l’intérêt général avant tout + SCPO doit être enseignée aux dirigeants 4. Rôle de l’éducation : Clé pour maintenir la stabilité des régimes. Relève d’un enjeu public, centré sur le bien commun. Vocation de la politique aristotélicienne : Pragmatique : Trouver des solutions applicables aux réalités sociales. Pédagogique : Éduquer citoyens et dirigeants à la vertu. Héritage : Influence durable sur la pensée politique occidentale. Base pour systèmes républicains/démocratiques, malgré tensions avec valeurs modernes (esclavage, inégalités naturelles). CHAPITRE 1 : LE RÉPUBLICANISME CICÉRONIEN Ø Héritage grec : Pensée romaine influencée par philosophie grecque : point de rencontre entre deux cultures Philosophes romains marquants : Cicéron, Varron, Lucrèce, Marc-Aurèle. Ø Cicéron – 106 à 43 AV JC : Philosophe, homme d’État, transmetteur de la philosophie grecque en latin. Œuvres majeures : De la République et Des lois, influencées par le dialogue grec. Objectif : Comprendre causes déclin République (509 AV JC) et proposer rénovation durable. Idées : catastrophe triomphe des ambitions personnelles + défense liberté + affaiblismnt vertu Appelle a réorganiser l’État (rénovation revient souvent dans ses écrits). S1 : VITA ACTIVA, VERTU CIVIQUE ET RESPONSABILITÉ DE L’HOMME D’ÉTAT A. UN PENSEUR ENGAGE DANS UNE REPUBLIQUE EN CRISE 1. LE BRILLANT CURSUS HONORUM D’UN HOMO NOVUS Ø Parcours politique : Origine modeste : appartient à l’ordre équestre (entre plèbe et noblesse). Carrière exceptionnelle : Sénateur, Édile, Préteur, Consul (63 av. J.-C.). Ø Rôle de Consul : Déjoue le coup d’État de Catilina (63 av. J.-C.). Discours célèbres : Les Catilinaires. Acte controversé : Exécution de conjurés sans procès (contre l’avis de César), déclenchant critiques et exil en 58 av. J.-C. Ø Insiste sur qualités : connaissance approfondie antiquité, étude des lois et du droit civique. 2. LA TENTATIVE AVORTEE DE SAUVER LA REPUBLIQUE Ø Conflit entre César et Pompée (49-45 av. J.-C.) : Cicéron rejoint Pompée, mais César l’emporte. Après la victoire de César, Cicéron est gracié. Ø Assassinat de César (44 av. J.-C.) : Cicéron célèbre l’événement mais ne participe pas au complot. Opposé à Marc Antoine, Cicéron rédige les Philippiques : entraînent sa condamnation. Ø Fin tragique : Échec de Cicéron de sauver la République romaine Exécuté en 43 av. J.-C. sur ordre de Marc Antoine. Sa tête et ses mains sont exposées au Forum comme représailles. Le démantèlement de la république a été fait par l’immoralité la prévalence des bien publics. B. VERTU POLITIQUE ET AMOUR DE LA PATRIE 1. LA NATURALITE DU POLITIQUE Ø Héritage d’Aristote : L’Homme : animal politique porté vers la collectivité Société : est naturelle, fondée sur le droit et les intérêts communs. Vertu : importance essentielle Ø Vision du peuple : communauté d’intérêt unie par loi commune et objectifs partagés. Ø Politique : exercice du pouvoir en vue du bien commun ou intérêt général = une nécessité inscrite dans la nature humaine. = engagement politique : naturel, noble, désintéressé Cicéron “la réalité de la république est depuis longtemps perdue” 2. L’ESPRIT CIVIQUE COMME DEVOIR MORAL SUPREME Ø Engagement désintéressé : Politique : devoir moral, noble mais exigeant. Cicéron critique les épicuriens pour leur quête de plaisir au détriment de l’engagement public. Ø Modèle de vertu : Caton : symbole de dévouement républicain, opposé aux plaisirs personnels. Rome a su tirer leçons de son histoire grâce à un génie collectif forgé au fil des générations. 3. L’ELOGE DU PATRIOTISME REPUBLICAIN Ø Défense de la patrie : Vertu civique liée à la pietas : amour inconditionnel pour la République. = patrie prime sur tout lien privé. Ø Décadence morale : Chute République attribuée à l’oubli des traditions (mos) et à l’immoralité des citoyens. « Ce n’est pas par malheur, mais par immoralité que nous n’avons plus que le nom de la République » CONCLUSION : LA PENSEE REPUBLICAINE DE CICERON Ø Valeurs clés : La vertu civique, l’amour de la patrie, et le respect des traditions. Importance de réformer la République tout en préservant ses fondements historiques. Ø Héritage : Cicéron symbolise une tentative de concilier philosophie grecque et pragmatisme romain. Malgré échec politique, sa pensée inspire réflexions sur républicanisme et la vertu civique S2 UNE RÉPUBLIQUE ARISTOCRATIQUE FONDÉE SUR LA LOI A. LA LOI NATURELLE AU FONDEMENT DE LA JUSTICE 1. LA PUISSANCE DU DROIT : UN DROIT MORALISE ET RATIONALISE Rénovation du droit romain : Ø Objectif : instruire les législateurs pour structurer un droit rationnel et moral. Ø Deux caractéristiques du droit chez Cicéron : Moralisé : Basé sur principes philosophiques et justice transcendante (droit naturel). Rationnalisé : Codifié, systématisé, conçu comme une science claire et accessible. Ø Conception du droit : le droit dépasse les cas concrets et vise des normes générales universelles. Associé à disciplines comme la musique ou géométrie, il devient un « art d’édifier le droit civil ». Ø Justice et libertas : Le droit doit servir ces deux piliers. = liberté : englobe libertés individuelles + civiques. Ø Exigence morale du juriste : Défendre la vérité et le juste, sans manipulations ni artifices. 2. LA SUPERIORITE DE LA SUMMA LEX : UNE LOI UNIVERSELLE, ETERNELLE ET IMMUABLE Ø Équité : expression de la loi naturelle, de la justice. Ø Droit : indissociable des principes de justice et de liberté, doit respecter le droit naturel Ø Nature de la loi naturelle : Déf : « droite raison tirée de volonté divine », ordonnant le bien / interdisant le mal = antérieure à toute loi écrite, universelle, applicable à toutes les nations et à tous les temps. = raison humaine permet d’accéder à cette loi divine, qui distingue le juste de l’injuste. Permet de distinguer une bonne loi d’une mauvaise loi L’Homme peut atteindre cette loi naturelle SUMA LEX – droite raison : conforme à la nature répandue dans tous les êtres, précèdes toutes lois écrites Ø Cosmopolitisme : tous les Hommes appartiennent à une patrie commune : le monde. Contrairement à Aristote : Cicéron estime que tous peuvent accéder à vertu, indépendamnt de (stoicisme) leur nation ou culture. Consensus naturel : accord implicite entre les Hommes sur les valeurs fondamentales. Universalité : rassemble tout le monde quel que soit les origines sociales, qui s’accorde sur les mêmes principes. = tous les citoyens vont participer aux charges publiques Vertu : commune selon Cicéron = « il n’y a pas d’homme quelle que soit sa nation qui ne puisse pas parvenir à la vertu” 3. AEQUITAS ET CONCORDIA Ø Justice et équité : diffère d’un peuple à l’autre La loi naturelle est le socle de la justice : sa finalité Débat dans De la République : o Philus : Défend vision cynique selon laquelle la justice est invention humaine pour soumettre les faibles. o Lelius : Réfute cette idée, affirmant que justice est conforme à nature humaine et nécessaire pour vivre en société. Équité : Permet de corriger les excès de la loi générale en s’alignant sur l’esprit de la justice. = domine tous les secteurs Ø Justice comme partage juste : consiste à attribuer à chacun ce qui lui revient = au meilleur le meilleur Cicéron rejette une redistribution excessive des richesses, qui serait contraire au bien commun. Le juge doit appliquer la loi avec discernement, en s’inspirant de la loi naturelle. B. LA QUETE DU MEILLEUR REGIME POSSIBLE Il faut garantir l’équité et les libertés individuelles + prendre en considération les distinctions sociales : Ø Chute Rép Rome : résulte d’un conflit entre ces deux classes = optimates et populares Les distinctions ne doivent pas être poussées à l’excès Cicéron : il faut une collaboration harmonieuse des classes = la justice le permet 1. OPTIMUS STATUS CIVITATIS : LA CONSTITUTION MIXTE Ø Critique des régimes d’approbation : Monarchie : G efficace et unifiée – mais instable et susceptible dériver vers tyrannie. Aristocratie : Repose sur les élites, mais risque de creuser les inégalités et d’exclure le peuple. Démocratie : Basée sur l’égalité, mais dérive souvent vers désordre et l’égalitarisme excessif. Ø Préférence pour un régime mixte : pas de régime idéal selon Cicéron Combine les atouts des trois régimes précédents : toujours avec juste mesure = équilibre Consuls : Pouvoir monarchique (unité et efficacité). Sénat : Pouvoir aristocratique (conseil et expertise). Populus : Pouvoir démocratique (assemblée populaire et contrôle). Exemple : La République romaine, avec des institutions équilibrées et complémentaires. Ø Tribuns de la plèbe : Contre-pouvoir essentiel pour modérer les excès des consuls et du sénat. Ø Principe d’égalité des droits entre les citoyens. ́ de citoyens ayant les même droits. = cité : comme une société Ø Juste milieu : il faut rester à sa place dans une fonction définie. 2. OPTIMUS CIVIS : LE PREMIER CITOYEN Ø Rôle du princeps : homme meilleur dont l’action est de guidée par l’intérêt général. Guide moral et politique, incarnant la vertu et servant les intérêts du peuple. Doit maîtriser le droit naturel et positif, et inspirer la confiance (fides) du peuple. Ø Distinction avec le dictateur : Le princeps se distingue par ses obligations morales et sa capacité à apaiser les conflits. Il agit comme un modèle pour les citoyens, représentant l’excellence politique. 3. LA RELIGION CIVIQUE Ø Importance de la religion : Soutien essentiel de la stabilité de l’État, ancrée dans le culte des ancêtres et des traditions. Cicéron rejette les superstitions et prône une religion civique contrôlée par l’État. Cette religion n’est pas dogmatique mais ritualisée, et renforce les liens sociaux et politiques. Cicéron ajoute qu’on ne peut concevoir de vie heureuse pour l’homme en dehors d’une cité heureuse. CONCLUSION : UNE VISION CLASSIQUE ET HUMANISTE DU POLITIQUE Objectif : Une société où citoyens et cité atteignent une vie heureuse et belle, grâce à des institutions équilibrées et une justice basée sur la loi naturelle. Héritage : o Influence durable sur le droit naturel (Renaissance italienne) et la notion anglo-saxonne de rule of law. o Éloge de la compétence et de la vertu : « La meilleure république est celle où dominent les meilleurs ». Limites : o Cicéron échoue à sauver la République romaine face à la montée de personnification du pouvoir. o Sa pensée demeure néanmoins un modèle de réflexion sur le rôle de la morale et de la loi dans la politique. CHAP 2 : SÉNÈQUE ET LE STOÏCISME IMPÉRIAL Ø Sénèque (4 av. J.-C. – 65 apr. J.-C.) : une figure complexe, oscillant entre éthique stoïcienne et complicité avec le pouvoir tyrannique de Néron. Ø Controverses : o Défenseurs : Modèle de vertu stoïcienne, inspirant philosophes comme Montaigne et Diderot. o Détracteurs : Accusé d’hypocrisie pour ses richesses et sa collaboration avec Néron. Ø Philosophie pratique : Sénèque se distingue par son pragmatisme = prône une réflexion personnelle et une action concrète plutôt qu’un dogmatisme stoïcien strict. I) LE PHILOSOPHE STOÏCIEN DANS LA CITE A. L’ETHIQUE STOÏCIENNE 1. L’INFLUENCE DES PENSEES DE ZENON ET DE CHRYSIPPE Ø Sénèque, bien qu’inspiré par Zénon et Chrysippe, n’est pas un stoïcien orthodoxe. Il prône une réflexion personnelle et refuse d’être esclave des idées de ses prédécesseurs. « Je peux tomber d’accord avec eux, mais je ne suis jamais leur esclave » - Sénèque. Ø Idées fondamentales du stoïcisme : Sequere Naturam : Vivre selon la nature, guidé par la raison. La maîtrise des passions, sans les nier : un rapport dialectique où la douleur et les passions servent de tremplin pour atteindre la sagesse. La vertu : résultat d’un apprentissage rigoureux, non d’une disposition naturelle. Ø Sénèque met en avant l’idée d’ataraxie (sérénité de l’âme) + insiste sur nécessité d’un équilibre entre réflexion et pratique. Il critique les sophistes, les accusant de discussions stériles. 2. UN RAPPORT AMBIGU A ÉPICURE Ø Sénèque s’oppose à certains aspects de l’épicurisme : L’épicurisme vise à maximiser les plaisirs stables et à minimiser les douleurs, en définissant la justice comme une convention utilitaire. Sénèque, au contraire, voit la justice comme principe universel inscrit dans la nature humaine. Ø Points de divergence : Épicure juge que le sage doit éviter la politique sauf exception Sénèque défend un engagement actif du sage dans cité. Sénèque valorise vision cosmopolite : chaque individu a responsabilité envers de lhumanité, = dépassant les conventions locales ou culturelles. B. LA NATURE POLITIQUE DU STOÏCISME 1. COSMOPOLITISME ET UNITE DU GENRE HUMAIN Ø Sénèque hérite Zénon : idée que tous Hommes appartiennent à même communauté universelle. « Je suis Homme et rien d’humain ne m’est étranger » - Sénèque. Ø Il va plus loin et affirme que chaque être humain mérite bienveillance et justice = indépendamment de sa position ou condition (esclave, étranger). Ex : maîtres doivent traiter leurs esclaves avec bonté et compassion. Ø Vision d’un empire universel : Sénèque imagine une cité mondiale où règne l’unité du genre humain. Hommes sont liés par une parenté commune et une dignité universelle. 2. LE DEVOIR ENVERS LA CHOSE PUBLIQUE Ø Sénèque promeut l’engagement politique comme devoir naturel = indispensable pour l’Homme en tant qu’être social. Ø Politique considérée comme chose indifférente : ni bonne ni mauvaise en soi = doit être orientée vers le bien commun. = stoïcien doit être conseiller prince : éclairant pouvoir sur responsabilités envers l’ordre universel. Ø Cette vision s’oppose épicurisme : encourage à éviter tumultes de vie publique, privilégiant plaisirs individuels stables. Ø Objectif stoïcisme : Instaurer un régime mixte, où la philosophie éclaire le politique. S’adapter aux circonstances sans renier principes fondamentaux : justice et vertu. CONCLUSION DE LA PARTIE : Sénèque défend une philosophie stoïcienne engagée et pragmatique, où l’Homme, par sa raison et sa vertu, contribue à une société harmonieuse et cosmopolite. Sa vision politique allie responsabilité individuelle et action collective, affirmant que le sage ne peut se désintéresser de la chose publique. II) LA THEORIE DU BONUS PRINCEPS A. SENEQUE, CONSEILLER DES PRINCES 1. L'ASCENSION ET LE ROLE POLITIQUE DE SENEQUE Ø Sénèque connaît une progression rapide dans la vie politique romaine : Prêteur, édile, tribun, il entre au Sénat sous Caligula avant d’être exilé en 41 par Claude pour adultère avec la sœur de l’empereur. Agrippine, épouse de Claude, le fait revenir en 49 et le nomme précepteur de Néron. Ø En 54 – Néron devient empereur à 17 ans : Sénèque accède alors au poste de Consul Suffect = tente d’influencer les débuts du jeune empereur par des écrits comme De la Clémence. = détaillent bases d’un G idéal reposant sur la justice, la clémence et la modération. 2. LA CHUTE ET LES CONTRADICTIONS DE SENEQUE Ø Relations avec Néron se détériorent à partir de 59 après l’assassinat d’Agrippine, que Sénèque justifie devant Sénat Ø Dès lors, Sénèque se retire progressivement de la politique : Il continue symboliquement d’être amicus principis (ami du prince). En 62 – il demande à être relevé de ses fonctions, ce que Néron refuse. Ø En 65 – Sénèque est accusé d’avoir participé à conspiration de Pison = contraint au suicide sur ordre de Néron. B. UN MONARCHISME TEMPERE 1. LES VERTUS DU ROI JUSTE Ø Sénèque – contrairement à Cicéron – privilégie monarchie juste plutôt qu’une république. = restauration de République nécessite une réforme morale collective, ce qu’il juge impossible. Ø De la Clémence et Des Bienfaits : théorise monarchie tempérée reposant sur roi vertueux, garant justice et paix. clémence et mansuétude : vertus essentielles au bon dirigeant. Sénèque cherche à encadrer Néron pour en faire un bonus princeps. 2. LA FIGURE DU TYRAN Ø Sénèque oppose le tyran, défini par la démesure, au roi juste : « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent » l’antithèse de son idéal. dénonce excès de Sylla, qu’il décrit comme un dictateur sanguinaire Caligula qui souhaitait trancher « une seule nuque pour décapiter tout peuple romain » Ø Sénèque admet cependant que les dirigeants peuvent évoluer : Il loue la modération d’Auguste, qui devint clément après un début de règne sanglant. Toutefois, il est critiqué pour avoir encensé Claude de son vivant, avant de le décrier après sa mort pour favoriser Néron. 3. L’AMBIVALENCE DE SENEQUE FACE AU POUVOIR Ø Sénèque justifie parfois des actes violents ou immoraux au nom intérêt supérieur de État = bien qu’il condamne moralement certains comportements de Néron. Ø Dans De l’Oisiveté, il réhabilite le droit au retrait de la politique : Il estime que les stoïciens, même éloignés du pouvoir, peuvent avoir un impact durable sur le monde en cultivant la vertu et en influençant la pensée collective. CONCLUSION Sénèque incarne une tentative de concilier philosophie et pouvoir dans un contexte d’extrême tension politique. Son échec à convertir Néron symbolise les limites du stoïcisme face à la réalité du despotisme. Cependant, il jette les bases du concept de bonus princeps, qui influencera des penseurs postérieurs comme Marc Aurèle. Ce modèle de roi juste, clément et vertueux, reste un idéal politique intemporel. PARTIE 3 – La Théologie-Politique Médiévale A. LE CONTEXTE HISTORIQUE ET IDEOLOGIQUE 1 - UN EMPIRE EN TRANSITION Ø Le déclin de l’Empire romain coïncide avec l’essor du christianisme : En 313, l’Édit de Milan de Constantin instaure la liberté de culte dans l’Empire. Le christianisme devient une religion tolérée. En 380, l’Édit de Thessalonique de Théodose fait du christianisme la religion officielle En 391, les autres cultes sont interdits. 2 – LA DUALITE DU POLITIQUE ET DU SPIRITUEL Ø Christianisme propose nouveau rapport le pouvoir temporel (État) et le pouvoir spirituel (Église). Cette vision s’inspire d’épisodes évangéliques comme celui où Jésus déclare : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » : = pose bases du dualisme entre spirituel et temporel 3 – L’INFLUENCE DES COURANTS ANTIQUES Ø Le christianisme ne naît pas ex nihilo, mais hérite de la pensée stoïcienne et antique : Stoïciens prônaient l’unité du genre humain Christianisme avance l’unité en Christ. Kant souligne convergence entre stoïcisme et christianisme autour droits de l’Homme : = le stoïcisme les fonde sur la raison, le christianisme sur Dieu. 4 – UN SYSTEME DUALISTE BENEFIQUE AUX DEUX POUVOIRS Ø Pour l’Empire : le christianisme unifie les populations sous une religion cohérente avec son autorité. Ø Pour l’Église : l’appui de l’État permet de résoudre les divisions internes. B. LES RELATIONS ENTRE POUVOIR SPIRITUEL ET TEMPOREL : TROIS MODELES 1 – LE CESARO-PAPISME Ø L’autorité temporelle domine l’Église et intervient dans ses affaires. Exemple : Constantin et Théodose appliquent ce modèle en encadrant le christianisme tout en s’en servant pour renforcer l’Empire. Théorisé plus tard par Hobbes dans Le Léviathan, où l’État exerce un contrôle total sur la société. 2 – LA THEOCRATIE Ø Primauté absolue du pouvoir spirituel sur le temporel. L’Église s’affirme comme autorité suprême, régulant les affaires terrestres. Exemple : certaines sociétés islamistes contemporaines fonctionnent sur ce modèle. 3 – LE MILLENARISME Ø Vision radicale prônant l’instauration du Royaume de Dieu sur Terre. Ce courant critique à la fois l’ordre établi et l’Église pour insuffler une révolution spirituelle. CONCLUSION Théologie-politique médiévale marque une étape cruciale dans l’articulation entre spirituel et temporel. En distinguant ces deux sphères, le christianisme crée une dynamique unique entre État et Église. Ce dualisme inspire des relations complémentaires ou conflictuelles entre les pouvoirs, aboutissant à des modèles variés qui influenceront durablement la pensée politique. CHAPITRE 1 : SAINT AUGUSTIN ET LA RES PUBLICA 1. ORIGINES ET PARCOURS INTELLECTUEL Ø Né à Thagaste (Numidie) en 354 d’une mère chrétienne (Monique) et d’un père païen (Patrice). Ø Se détourne des études théologiques pour se consacrer à la rhétorique, influencé par Cicéron. Ø Vie personnelle marquée par des passions (liaison de 16 ans, un fils) et une quête spirituelle. 2. CHEMINEMENT SPIRITUEL Ø 372 – adhère au manichéisme : doctrine selon laquelle Bien et Mal sont principes antagonistes. Il rejette cette vision après 9 ans : considérant que Mal est perversion de volonté humaine, non une création divine. Ø 387 – Conversion influencé par Saint Ambroise : Il retourne à Thagaste comme prêtre et fonde un monastère (391). 3. SYNTHESE DES HERITAGES PHILOSOPHIQUES ET RELIGIEUX Ø Intègre des éléments antiques : Platon (dualisme âme-corps, monde sensible/intelligible), tout en les subordonnant à la grâce divine. Ø Rejet de l’autonomie philosophique des platoniciens qu’il accuse d’orgueil : « Si les platoniciens ont entrevus la patrie, ils ont ignoré la Voix. » Distingue deux formes de conversion : Intérieure : Retour de l’âme vers Dieu par la grâce. Collective : Transformation sociale unifiant les Hommes vers le salut. I. LA THEOLOGIE DE L’HISTOIRE : CITE DE DIEU ET CITE TERRESTRE (CIVITAS DEI/CIVITAS TERRENA) A. DEFENSE ET APOLOGIE DE LA RELIGION CHRETIENNE 1. UNE THEOLOGIE ENRACINEE DANS L’HISTOIRE CONCRETE Ø Oeuvre majeure : La Cité de Dieu, rédigée entre 413 et 426 = réaction aux critiques visant christianisme après le sac de Rome. Ø Opposition aux utopies philosophiques comme la Kallipolis de Platon : La Cité de Dieu s’inscrit dans l’histoire humaine, avec une portée spirituelle concrète. Ø Définition des deux cités : Cité terrestre : Fondée sur les désirs matériels et les péchés humains. Cité de Dieu : Représente la communauté des élus, orientée vers le salut éternel. Ø Le temps terrestre présenté comme un temps d’épreuve, où chaque individu doit choisir entre : Les valeurs éphémères de la cité terrestre. Les aspirations transcendantes de la Cité de Dieu. 2. LE SAC DE ROME DE 410 : LE CHRISTIANISME EN ACCUSATION Ø Contexte historique : Sac de Rome par Wisigoths d'Alaric marque symboliquement la chute de l’Empire romain. = suscite accusations contre christianisme, considéré comme responsable de perte protection des dieux antiques. Ø Réponse de St Augustin : Rome tombée à cause de sa décadence morale et de l’éloignement valeurs spirituelles. Sac Rome n’est pas châtiment divin : une épreuve visant à recentrer chrétiens sur Cité Dieu. Exemple : destruction Temple de Jérusalem est mise en parallèle pour montrer que Dieu ne garantit pas préservation des institutions terrestres. Ø Les martyrs et les justes doivent voir dans cette épreuve une opportunité de renouveler leur foi. B. LA COMPLEXITE DES RAPPORTS ENTRE LES DEUX CITES 1. DEUX CITES ANTAGONISTES Ø Caractérisation des deux cités : Cité terrestre : o Motivations : libido dominandi (désir domination), matérialisme, attache au pouvoir. o Symbolise valeurs égoïstes et ambitions humaines. Cité de Dieu : o Fondée sur l’amour divin et le mépris des aspirations matérielles. o Offrant une finalité transcendante et un chemin vers le salut éternel. Ø Citation clé : « Deux amours ont bâti ces cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu (cité terrestre), et l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi (Cité de Dieu). » Ø Coexistence temporaire : Sur Terre, les deux cités coexistent enchevêtrées. Elles seront pleinement séparées qu’au jugement dernier, où les élus accéderont à Cité Dieu. 2. DEUX CITES « ENTREMELEES » Ø Entrelacement terrestre : L’Église n’est pas la Cité de Dieu mais une institution terrestre. Elle regroupe des justes et des pécheurs, et ne garantit pas automatiquement le salut. « Beaucoup de réprouvés sont mêlés aux justes... au sein de la Cité de Dieu, tant qu'elle poursuit son pèlerinage à travers ce monde. » Ø Rôle de la Cité terrestre : Elle répond à un besoin d’organisation sociale, atténuant les effets du péché originel. Reliée à une conception platonicienne du mal : privation du bien et déviation des valeurs. Ø Vertu politique limitée : Malgré la possibilité d’actes vertueux cité terrestre ne peut jamais atteindre perfection céleste. Elle demeure un lieu d’épreuve et de préparation pour la vie éternelle = où les valeurs chrétiennes peuvent tempérer les ambitions humaines. S2. LA PLACE DU CHRETIEN DANS LA CITE TERRESTRE A. LES FINALITES D’UN ORDRE POLITIQUE LEGITIME 1. PAIX, CONCORDE ET JUSTICE Ø Nature du pouvoir politique : Inscrit dans la condition humaine déchue par le péché originel. Nécessaire pour contenir les effets destructeurs du péché, notamment la libido dominandi (désir de domination). Inspiré de la tradition paulinienne (Non est potestas nisi a Deo - Romain 13:1), le pouvoir est institué par Dieu mais reste imparfait. Ø Finalité pouvoir politique : Encourager vertu, punir vices, et instaurer paix intérieure et extérieure. Paix définie « la concorde bien ordonnée des citoyens dans commandement et l’obéissance ». Ø Différences avec les antiques : St Augustin remplace l'égalité par l’amour (charitas) comme lien fondamental entre individus. Deux types d'amour : o Cité de Dieu : amour pur pour Dieu et les autres. o Cité terrestre : amour égoïste centré sur le pouvoir et la domination. Sans amour désintéressé, justice devient illusoire : « Sans justice, royaumes ne sont que des bandes de brigands ». Ex : Alexandre Grand comparé à pirate, illustrant relativisme moral d’un pouvoir sans justice. 2. LES CONDITIONS D’UN BON GOUVERNEMENT Ø Loi naturelle : Justice véritable basée sur la lex naturalis (raison souveraine divine), supérieure aux lois humaines. Les dirigeants doivent s’y conformer pour instaurer un ordre juste et durable. Ø Typologie des dirigeants : Mauvais dirigeants : agissent sous l’influence de la libido dominandi (ex. Néron, Dioclétien). Bons dirigeants : suivent la loi divine, guidés par la foi chrétienne (ex. Constantin, Théodose) Ø Vertus du bon dirigeant : Humilité, clémence, charité, et capacité à se maîtriser avant de gouverner. « Pour bien commander, il faut d’abord se commander soi-même ». Ø Empire Romain : Reconnu pour sa stabilité (pax romana), vue comme œuvre de la providence divine, bien que son adhésion aux dieux païens le rende imparfait. Ø Justice et adhésion à Dieu : cité est juste lorsqu’elle suit loi divine, indépendamment qualités individuelles de ses dirigeants. 3. RELATIONS ÉGLISE/ÉTAT : INTERDEPENDANCE ET COLLABORATION Ø Autonomie mutuelle : Le pouvoir temporel (État) vise la paix terrestre. Le pouvoir spirituel (Église) s’occupe du salut des âmes. Ø Complémentarité : L’État soutient l’Église contre le paganisme et les schismes. L’Église offre un cadre moral et guide les gouvernants. Ø Rejet théocratie : L’Église doit pas gouverner directement mais influencer pouvoir temporel pour qu’il respecte la loi divine. Ø Force modérée : Usage limité et justifié de la force pour défendre les valeurs chrétiennes Ex : Jésus chassant les marchands du temple B. UNE SOUMISSION CONDITIONNELLE A L’AUTORITE POLITIQUE 1. NECESSITE DE L’OBEISSANCE AU POUVOIR INSTITUE Ø Origine divine pouvoir : Inspirée de St Paul (Romain 13), toute autorité vient de Dieu, même les tyrans. Exemple : Néron, persécuteur chrétiens, considéré comme un instrument de la providence divine. « La puissance souveraine n’est donnée à de tels hommes que par la providence de Dieu. » Ø Accepter l’imperfection : chrétiens doivent supporter la République terrestre et obéir, quelles que soient ses carences. La soumission politique est une épreuve terrestre pour mériter un rôle dans la cité céleste. 2. UNE SOUMISSION CONDITIONNELLE Ø Liberté religieuse comme limite : Désobéissance justifiée si l’autorité politique exige des actes contraires à la foi chrétienne. Exemple : Les martyrs qui préfèrent mourir plutôt que trahir leur foi. Ø Résistance passive : désobéissance doit être non violente, acceptant la persécution pour souligner l’injustice et provoquer une prise de conscience. « L’Église voyage parmi les persécutions du monde et les consolations de Dieu. » 3. LA GUERRE JUSTE Ø Condamnation générale de la violence : La guerre est un mal, mais peut être nécessaire pour préserver la paix et la justice. Ø Critères de la guerre juste : Jus ad bellum (conditions de déclenchement) : Inévitable, ordonnée par une autorité légitime, défensive, et visant une paix durable. Jus in bello (conduite en guerre) : Les dirigeants doivent maîtriser leur violence et agir sans haine, en respectant des contraintes morales. Ø Christianisation de guerre : La violence n’est légitime que lorsqu’elle sert un idéal de justice sous la supervision morale de l’Église. CONCLUSION Synthèse politique et spirituelle : o St Augustin articule une vision politique où le chrétien est loyal envers l’autorité temporelle mais reste soumis avant tout à Dieu. o La foi, l’amour pour Dieu et la charité constituent les fondements d’un ordre politique légitime. Loyalisme et critique : o Tout régime terrestre reste imparfait mais nécessaire à l’ordre humain. o La cité terrestre doit tendre vers les valeurs divines sans jamais prétendre égaler la cité céleste.

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