Histoire des Idées Politiques Anciennes PDF
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Université de Rennes 1
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This document provides a detailed overview of ancient political thoughts, focusing on the Hellenistic foundations. It explores the development of political communities, emphasizing the role of reason and philosophy in shaping political structures and concepts such as democracy and justice. The text also analyses the ideas of key figures like Plato and Socrates, and their contributions to understanding political systems.
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HISTOIRE DES IDÉES POLITIQUES ANCIENNES PARTIE 1 – LES FONDATIONS HELLÉNIQUES Introduction Dans la Grèce classique. Deux actes fondateurs quasi simultanés : Invention de la polis (cité) comme communauté politique...
HISTOIRE DES IDÉES POLITIQUES ANCIENNES PARTIE 1 – LES FONDATIONS HELLÉNIQUES Introduction Dans la Grèce classique. Deux actes fondateurs quasi simultanés : Invention de la polis (cité) comme communauté politique régie par la loi. Vie politique très vivante, des réformes, etc. se succèdent. Athènes en est l’illustration : la Grèce est morcelée en une centaine d’États. La Grèce ne parvient pas à s’unifier : panhellénisme. Expérimentation après les royautés. Progressivement, le citoyen est mis au centre → politique qui se voit reconnaître une place fondamentale. Réformes de Solon et Clisthène. Le domaine des affaires communes se constitue et engage les citoyens. Aussi bien dans l’ecclésia que l’héliée. Les affaires communes doivent être réglées ensemble et les privées = domaine de chaque foyer/maisonnée (oikos). Seule la polis repose sur le principe de l’égalité alors que l’Oikos sur l’inégalité. L’égalité n’est que politique. Nouveau mode de rapport politique autour de la cité comme modèle. Avènement de la philosophie reposant sur la raison. Une raison qui se libère des mythes, récits mythiques, légendes, croyances, etc. La raison est soumise à critique. Elle trace la voie vers la connaissance et définit des règles de la vie sociale, elle aide à rationaliser un corps de loi. Rôle à jouer dans le fonctionnement politique. La cité a besoin de lois stables. La raison va aider à apporter ce corps de législation stable. Interrogations sur la justice, sur quels critères se fonder ? Lorsqu’une cité devient une démocratie, elle repose sur les débats, la nécessité de défendre son point de vue, etc. C’est l’argumentation raisonnée qui va remporter le débat. PEITHO = déesse grecque de la persuasion : seule alternative à la force donc très importante. Toutes les questions d’intérêts général sont tranchées après un débat contradictoire. Art de la rhétorique = essentiel. Élaboration d’une réflexion : Concerne ce que les grecs appellent le « bien vivant ». Bien vivre, ce n’est pas vivre bien, ça a une connotation morale forte. La politique ne peut pas être déconnectée de cet ensemble de valeurs qui touchent au bien, au juste, au vrai ou à la vérité. Faire de la politique = BIEN délibérer. Il s’agit de peser sur la vie elle-même avec un idéal de vertu sous-jacent → un bon politique. Le bonheur est une affaire privé chez nous – chez les grecs c’est une affaire publique qui se joue en politique. Jean-Pierre VERNANT (historien) : « Les grecs sont pour nous en même temps familiers et étrangement lointains ». C’est à cette époque que se créé notre façon de voir le politique. La notion d’individu dans sa singularité, porteur de droit, inaliénable et sacré, n’existe pas en Grèce, ils ne développent pas l’idée du progrès vers le bien → idées importées par les Lumières. Benjamin CONSTANT dans son discours « De la liberté comparée à celle des anciens et des modernes » ou il oppose deux modèles : Porté vers la communauté, société, morale, affaires publiques, etc. = POLITIQUE. La question des jouissances privées, la possibilité pour l’Homme de jouir de libertés totales, etc. = SOCIÉTÉ CIVILE (dans laquelle on souhaite s’épanouir). 1 CHAPITRE 1 – Platon : pouvoir et vérité Platon : 427– 347 av. JC. Hannah ARENDT le considérait comme le père de la philosophie, Léon STRAUSS que sa philo est le fondement de notre communauté politique. Introduction Théorie des idées ou des formes – la connaissance ne peut se fonder sur la réalité, sur les « objets du monde sensible dans lequel nous vivons ». Ces objets sont changeants, trompeurs et relatifs à nos sens/perceptions. Platon lui, imagine une essence qui n’est pas instable mais éternelle, pour lui, il existe un « beau », une « justice », en soit → une anthologie, une réflexion sur l’être au sens de la nature, de l’essence. Il est ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est, « une essence sans laquelle elle ne serait pas une chose » (SPINOZA). PLATON transforme (bcp le lui reproche) en un système métaphysique. Métaphysique = au-delà de la nature, comprendre ce qui y réside. Il existerait des vérités premières, des principes originels que notre raison peut, sous certaines conditions, découvrir et même retranscrire en loi. Dualité qui repose sur une coupure : une distinction entre l’âme et le corps. Pour SOCRATE, il faut « envoyer promener le corps pour que l’âme résonne le plus parfaitement ». Recherche de la vérité absolue. La raison philosophique s’étend dans le milieu du débat afin de balayer les fausses certitudes, écarter les superstitions, etc. C’est à la fois de l’opinion et du discours qu’il faut soumettre à l’examen de la pensée. Une telle démarche fut considérée par bcp comme porteuse d’un certain radicalisme philo. SOCRATE et PLATON ébranlent les valeurs ancestrales. PLATON lui-même prétend faire un discours universel, à portée générale. Un discours reçu comme vrai qui va s’imposer ainsi, en juge. François CHATELET, Platon, estime que « s’est assimilée aux philosophes une ambition démesurée et une responsabilité exorbitante ». Toute une école anglo-saxonne dénonce sa vision et dit qu’on a affaire à la « société close » de Karl POPPER. L’image de SOCRATE est celle d’un sage qui passe par l’idée de la connaissance de « soi » « Connais-toi toi-même » (Gnôtiseauton) et « rien de trop » (Mêdènàgan). SOCRATE nous apprend la mesure. Le philosophe ALAIN insiste sur la relation maître – disciple : « le choc des contraires », la rencontre entre SOCRATE et PLATON. On dit souvent que PLATON est le porte-parole de SOCRATE. C’est vrai que ses textes donnent un accès aux travaux de Socrate (puisque lui n’a pas laissé de traces), comme ceux de HÉNOPHON ; est-ce fidèle ? Il y a le SOCRATE historique et le SOCRATE de PLATON. La pensée de SOCRATE correspond au 1er dialogue de PLATON, on pourrait penser que le reste n’est qu’une instrumentalisation. Toujours avoir cette pensée à l’esprit, c’est PLATON qui écrit donc pas fiable à 100%. L’apport de PLATON nous intéresse car elle s’oriente vers un projet pol → découvrir la cité ou règne la justice. Quelle cité peut accomplir le bonheur à la fois de l’Homme et de la société ? Il met ses idées à l’épreuve de la réalité pol. Question de l’unité de l’Homme. 2 I) Le procès de l’Athènes démocratique PLATON propose un modèle opposé, un système « idéal » qui est accusé d’avoir trahi l’idéal « socratique ». Durant la guerre du Péloponnèse qui oppose Athènes (la démocrate, l’impérialiste, vainqueure des guerres contre le droit barbare, etc.) et Sparte entre – 431 et – 421. Cette guerre se termine avec Athènes qui perd son hégémonie, ses murs sont rasés. THUCYDIDE parle du « caractère tyrannique » du gouvernement athénien à l’égard de ses alliés, ce serait une domination injuste à leur détriment. Le pouvoir d’Athènes est fondé sur la force et non le droit : THUCYDIDE dans le dialogue de Mélos (île) dénonce la brutalité avec laquelle Athènes a réglé un soucis. Les habitants ne veulent pas suivre Athènes → tous les Hommes en âge de combattre sont exécutés et les femmes/enfants esclaves. Que répondent les diplomates ? « Une loi de la nature fait que, toujours, si on est le plus fort, on commande. » Pour les Athéniens, à l’extérieur, la démocratie ne marche que pour les forces égales. Les conflits, guerres civiles, qui éclatent, déchirent Athènes. L’équilibre des pouvoirs et des classes sociales dont SOLON avait rêvé, vole en éclat. La guerre se termine en – 444 et Sparte impose un nouveau régime : une oligarchie (petit nombre cad les + riches) qui a porté le nom de la « tyrannie des 30 ». Dans ces 30, il y a THISIAS qui soutiendra le régime. (PLATON issu d’une grande famille). Cette tyrannie sera renversée et rétablira la « démocratie ». De cette défaite d’Athènes et de cette tentative d’abattre la démocratie, la cité en sort ébranlée et son régime est aux abois. A. Désordre politique et crise morale En – 399, la mort de SOCRATE détermine la philo de PLATON et est à l’origine d’un choc terrible chez lui. C’est l’Homme qui lui a appris la justice. 1. La mort de SOCRATE 3 chefs d’accusation : Corrompre des jeunes gens Ne pas croire au Dieu auquel la cité croit Lui substituer des divinités nouvelles SOCRATE est jugé par l’héliée. Sa peine aurait pu être l’exil mais il provoque les juges en proposant une peine de substitution : être « nourri au prytanée » cad traitement réservé au vainqueur des JO, car il se considère lui- même comme le bienfaiteur de la cité. Il affirme sa confiance en la mort : « Aucun mal ne peut toucher un homme de bien, ni pendant sa vie, ni après sa mort. Les Dieux, ne se désintéressent pas de son sort. » Il est condamné à s’empoisonner par la majorité. Jusqu’au dernier moment, alors qu’il aurait pu s’évader, il refuse car « Il vaut mieux subir une injustice que commettre une injustice. ». Une réaction conservatrice apparaît et elle cherche des coupables. Fragilisation des fondements du régime. SOCRATE est accusé de saper l’attachement des citoyens aux lois et de remettre en cause les lois ancestrales. Il estime que : justice > loi. Aux yeux de PLATON, S. meurt de l’échec de la démocratie qui ne serait pas prête à entendre que la condition de la cité athénienne c’est d’être hostile à la philo car elle est dangereuse. Quelles sont les pathologies de la démocratie ? 2. Un régime politique vicié, une cité décadente 3 Iségorie = liberté/droit de parole des citoyens → débats publics, etc. Iségorie vient de « agora » = parler en public. Donc pas seulement égalité devant la loi mais aussi égalité politique. D’autres mécanismes qui sont enclenchés par Athènes : Le tirage au sort des membres de la Boulée (l’exécutif) et de l’héliée (les tribunaux). Ecclésia = 40 000 citoyens environ (sur 400 000 habitants) La rotation des charges, cad une durée courte des mandats (2-3 ans) pour éviter une classe politique qui monopolise le pouvoir La réédition des comptes, cad que tout titulaire d’une charge public doit rendre des comptes PLATON : Faiblesse de la démocratie serait de confier le pouvoir à une foule qui bouge, aux « premiers venus », cad de la livrer au hasard finalement. SOCRATE réfute l’idée de PROTAGORAS que la vertu politique peut être enseignée et transmise. Pour P. il n’y a pas de compétence universelle, ce qui est au pouvoir c’est la vérité, le savoir. Il existe un « art du gouvernement ». Pour S. on devrait faire appel à ceux qui savent, pas à « n’importe qui » et c’est le vice de la démocratie qui serait confiée à la masse ignorante. Il dénonce également des fausses idées à Athènes : liberté, égalité. Pour lui : Liberté = le refus d’obéir à une autorité non-légitime. « La liberté en démocratie c’est l’absence de contrainte, du commencement à la fin. » Égalité : ▪ Arithmétique : au fondement de la démocratie athénienne : « On distribue aux égaux ainsi qu’aux inégaux une sorte d’inégalité ». Chacun pèse de façon égalitaire. ▪ Géométrique : système qui produit une certaine hiérarchie, on reconnait les supériorités. Système balayé par la démocratie. Pour P. il faut une liberté géométrique, il rejette la loi de la majorité au fondement de la D. athénienne. Elle trouve sa source sur ce qui serait des inégalités naturelles, donc il faut inégalité politique. « Aux uns il convient de déterminer la philosophie et à d’autres de ne pas y toucher et se soumettre à ceux qui commandent ». La D. est un régime non-naturel issu de la guerre ou des conflits. Il envisage une analyse cyclique : oligarchie → démocratie → anarchie → tyrannie → oligarchie… L’Homme chez Platon est perverti, livré à ses désirs démesurés. B. La responsabilité des sophistes HÉRICLÈS a une grande responsabilité. Influence de PLATON est considérée comme une fragilité de la démocratie ; repose sur la parole. Les sophistes ont joué un rôle important car ils ont enseigné la politique. Dans cette cité, la démocratie ouvre un espace public : « un lieu où la parole est la plus libre » car cette parole et son développement s’accompagne de l’émergence de techniques particulières. Pour PLATON, les sophistes ne sont pas de vrais philosophes, ils enseignent la pratique, le savoir utile : Sophistes à connaître : PROTAGORAS, GORGIAS, THRASYMAQUE → 1ers professeurs de métier qui vont enseigner les connaissances, le savoir technique. Par la maîtrise de la rhétorique, pour Platon, le sophiste va flatter les passions du peuple. Tout s’inverse et les valeurs s’inversent au maniement de la rhétorique. Le sophiste soutient des thèses qui sont parfois totalement immorales. On pourrait dire que P. n’est pas le seul à dénoncer les sophistes, à Athènes ils sont attaqués et accusés d’enseigner une « nouvelle morale » et de saper la morale actuelle. Le terme de sophiste revêt tjrs ajrd une 4 connotation péjorative avec P. et ARISTOPHALE, XÉNOPHON. La pensée sophistique semble être condamnée à être connue au travers d’un prisme déformant, partial. À l’époque, leurs œuvres sont célèbres mais ajrd perdues. Jacqueline ROMILY essaye de réhabiliter les sophistes. 1. Art rhétorique et art politique Des écoles d’éloquence ont été créées. Pour PLATON : 3 personnages clés : Le dramatis : enseigner Le sitariste : musique Le pedotri : gymnastique Faire appel aux maitres de rhétorique pour l’art de la parole : les sophistes. Savoir débattre et savoir juger est essentiel à Athènes pour P. La méthode des controverses, PROTAGORAS, il pratique les « discours opposés/doubles » cad enseigner à la fois la thèse et l’antithèse et on peut donc soutenir sur l’un ou l’autre. Ils enseignent la défense, l’accusation, le blâme, etc. PLUTARQUE rapporte de PROTAGORAS et PÉRICLÈS qu’ils auraient passé une journée entière à déterminer la responsabilité d’un homme mort avec un javelot. Sophisme = déterminer la responsabilité. Cad une forme de méthode dialectique, on considère même que ex : la maladie est mauvaise pour le malade mais est bonne pour le médecin, etc. Théories immorales par rapport à Athènes mais développées. Rendre le plus faible des deux arguments le plus fort. Sur le plan politique, l’espèce humaine menacée envoie Hermès à Zeus pour rapporter deux choses aux Hommes : la pudeur et la justice. Aurait été transmise la politique aux Hommes par Zeus afin qu’ils puissent s’unir et vivre ensemble. Sophistes vont être ceux qui vont enseigner cet art transmissible. S. n’était pas d’accord avec cela. On confie l’écriture d’une constitution à PROTAGORAS. Les historiens romains disent que, dedans, il aurait été favorable à la démocratie (contrairement à PLATON) car cela s’inscrit dans la continuité de la théorie : si Zeus a confier art aux Hommes, alors il y a une compétence universelle pour les citoyens à faire de la politique. CM2 2. Une nouvelle morale Les sophistes sont accusés par leurs détracteurs de ce renversement de morale. Pensée sophistique de PROTAGORAS : « L’Homme est la mesure de toute chose. Pour celles qui le sont, mesures de leur être, pour celles qui ne le sont pas, mesures de leur non-être. » La connaissance aurait comme principe la sensation, l’opinion, la subjectivité humaine. Ex avec le « beau ». Le relativisme = chacun a sa vérité (différent de l’empirisme de PLATON). Thèse discutée par PLATON dans le Cratyle : si on suit PROTAGORAS, les objets que nous voyons ne sont que ce qu’ils nous paraissent : ils relèvent du paraître. Comment penser une réalité fixe et stable alors ? Donc, pour PROTAGORAS, au final il n’y a pas de vérité mais des sensations. Cette position « moderne » permet à PLATON, lors de longues discussions, de préciser sa métaphysique. Ici, lutte entre PROTAGORAS et SOCRATE. PROTAGORAS dit « Pour ce qui est des Dieux, je ne peux savoir ni ce qu’ils sont ni ce qu’ils ne sont pas, ni ce qui est leur aspect. » Posture de doute (à ne pas confondre avec l’athéisme) vis-à-vis de l’existence des Dieux. Réaction virulente des athéniens : c’est une position d’impiété car pour eux la religion est indissociable de la cité. PROTAGORAS ne sera pas exécuté mais va devoir quitter Athènes et s’exiler. Autre sophiste : PRODICOS qui considère que les Dieux sortent de l’imagination des Hommes : « Les divinités sont des inventions humaines » car il craint ce qu’il ne parvient pas expliquer et aime ce qui l’aide à vivre. Ainsi, deux pôles s’opposent à cette période. 5 GORGIAS, mouvement de l’anti-ontologisme : « Il n’est rien si c’est inconnaissable. Et si c’est connaissable, ce n’est pourtant pas montrable aux autres. ». Il a écrit le « Non-être ». Il postule qu’il est vain de prouver scientifiquement quelque chose. Les conceptions de PROTAGORAS et GORGIAS ont des incidences sur la justice. Si on reprend PROTAGORAS et, que la mesure des choses, c’est l’Homme, alors il n’y a plus de critère de vérité, chacun peut avoir la sienne. Ce relativisme a un impact sur la définition de la justice. La pensée des sophistes s’articule autour de la distinction : Nature → c’est le fait de droit , le processus dynamique de croissance. Ce qu’il est, ce qu’il advient. C’est aussi l’essence, la substance d’une chose par-delà les variations. C’est également ce qui est caché, le moteur, l’intelligible pas toujours accessible. Sur le plan moral, ce qui est conforme à la loi naturelle. Les sophistes vont s’intéresser au droit positif et définir la justice à partir du droit plutôt qu’à partir du droit naturel comme PLATON. Nomos → à la fois les lois écrites et les loi non-écrites (coutumes, usages, etc.) qui sont des œuvres humaines, ici, on a affaire à des variations d’une société à une autre, d’une époque à une autre. En règle générale, les sophistes considèrent le caractère non-naturel du nomos : la justice est-ce que une société a décrété, jusqu’à ce qu’elle change d’avis, etc. Le nomos, le droit, se raccroche à l’idée d’un accord au sein des sociétés qui repose sur l’intérêt public. Le nomos est une fabrication humaine, donc instable, précaire. Ainsi, la loi est un artefact, elle a un caractère artificiel. Donc si la justice est issue de la loi, elle sera confrontée aux mêmes difficultés. o THRASYMAQUE → considère que le juste est dans l’intérêt des + forts. Chaque société établit les lois qui lui sont le plus avantageuses, elles sont déterminées par les + forts et servent leur autorité, leur domination. Idée selon laquelle la justice, comme les lois, relève d’une décision politique prise par l’autorité détentrice du pouvoir, ainsi, la justice consiste à obéir aux lois, lois qui vont dans le sens des + forts. Il ajoute que l’injustice est plus avantageuse que la justice. Mais, l’injustice témoigne d’un esprit avisé, intelligent, c’est une « bonne politique l’injustice ». La justice est un mauvais calcul pour lui. Double discours présent ici : finalement l’injustice fait le bien de la société tandis que la justice fait du tort à ceux qui la pratiquent. Il considère tout de même la justice comme le plus grand bien, il pousse simplement le vice. Il admet que la bonne justice repose sur l’entente. Même s’il dépend l’importance du nomos, dans certains fragments retrouvés, il parle de la constitution des ancêtres, il aurait rédigé un ouvrage dessus. o CALLICLÈS (pas un sophiste mais un ami des sophistes) → Personnage fictif + radical qui considère que la justice est l’invention des + faibles. On retrouve l’idée que la justice n’est qu’un artefact, une invention humaine qui n’existe pas dans la nature. Elle serait inventée par les + faibles pour se protéger des + forts. CALLICLÈS regrette cette mise en place, il pense que les + forts vont s’en sortir. Pour lui, en vertu de la loi de la nature, les + forts doivent l’emporter donc la justice est une supercherie. Il déteste + que tout la démocratie athénienne puisque ses fondements sont « contre-nature ». Pour PLATON, cet homme incarne l’immoralité la plus forte. o ANTIPHON → 480-411, reprend l’idée que obéir à la justice c’est aller contre son intérêt perso. Il n’est pas avantageux d’obéir aux lois pour l’individu à moins qu’un « témoin ne soit là ». Il estime que la loi est une convention : « Ce qui est de la loi est établi par convention et ne se produit pas de soi-même. » Rappelle l’idée du contrat social (passage de l’état de nature à l’état social) donc les précurseurs sont les sophistes. o HIPPIAS → parle de révolution intellectuelle et morale. Affaires à des thèses relativistes et humanistes. Rien n’est accepté, le seul critère pour décréter la validité de quelque chose c’est la sensation, la raison, mais pas la nature, les dieux, etc. C’est nous, selon nos intérêts. Bouscule les traditions, les préjugés ancestraux, etc. C’est l’humanisme qui est le critère de toute vérité. 6 Complexité des situations donc, plusieurs avis différents. Les sophistes ne font pas que décrire et ébranler les fondements de la société, ils construisent également sur d’autres fondements, une nouvelle morale. Ne plus penser à l’échelle des Dieux mais celle des Hommes, penser que l’Homme n’est pas fait pour la société mais que la société est faite pour lui. Des précurseurs, comme PROTAGORAS, de cette science politique. C’est l’idée apportée par les sophistes : l’ultimité. Leur SP est une SP qui aide à mieux gérer la cité, de mieux former les citoyens. PÉRICLÈS lui demande d’écrire la Constitution d’une nouvelle colonie. Les sophistes sont parmi les 1er philosophes à se livrer à une critique de toutes les croyances, ils ouvrent, sur le plan philo, vers le doute absolu, le scepticisme car penser un monde à la mesure de l’Homme c’est l’inviter à exercer sa raison critique. SOCRATE a été considéré comme un sophiste car il fait reposer son enseignement sur la parole, il manie la dialectique et sa pensée s’est affirmée au contact des sophistes, dans la confrontation avec eux. La dialectique n’entend pas asséner une vérité brute, ce n’est pas dire le bien mais se mettre en situation de réfléchir, de savoir, c’est l’affirmation de la réfutation. Athènes garde une suprématie intellectuelle et peu contestée jusqu’au christianisme (même si lui aussi s’en inspire). 7 II) L’idéal de la Kallipolis dans la République Que redoute PLATON ? Une tyrannie, une oligarchie, etc. mais surtout, un régime où le peuple ignorant est manipulé par des dirigeants démagogues qui foulent au pied le concept de justice et d’égalité. Ici, échec de la démocratie mais aussi de l’oligarchie. PLATON estime une seule issue possible : confier le pouvoir à ceux qui disposent du savoir, ceux qui manipulent une excellence morale. A. La Cité parfaite – les sophocratiques Pourquoi la Justice ? La question de « morale individuelle » de PLATON lui permet de définir la place du politique et ce qu’on en attend. Faire du bien à ses amis et faire du mal à ses ennemis ? Pour PLATON, ce n’est pas ça la justice, on ne fait du mal à personne. THRASYMAQUE intervient dans ce dialogue mais SOCRATE réfute cette thèse. L’injustice pour GLAUCON, c’est une médiane. PLATON répond que il faut considérer la justice dans la cité, une fois définie et appréhendée ainsi. Il établit une analogie entre la cité et l’âme sur une tripartition. 1. La genèse de la cité La forme la + simple, le début de la cité. L’Homme est-il un animal social et politique ? Platon admet que, au départ, l’Homme est fait pour vivre avec autrui en vue d’une chose, la satisfaction des besoins. L’individu se trouve à se suffire à lui-même – autarcie pas possible donc les Hommes s’associent pour combler leurs besoins matériels. Au départ, selon PLATON, il n’est utile que de 4 Hommes. Nourriture – logement – chaussures – vêtements. La cité se constitue à partir d’ici, chacun se voit assigner une tâche et des métiers apparaissent au fur et à mesure. Sur la base d’une économie reposant sur la division du travail et la spécialisation. Au départ, chacun n’exerce qu’un seul art, celle pour laquelle il est doué et, s’opère ensuite un certain équilibre dans la cité. Idée d’abondance, la raison de l’Homme fait que la productivité augmente, on travaille moins et on produit plus. Comment PLATON qualifie-t-il cette cité ? De saine et heureuse. Pas de pauvreté, de violence. La perfection de cette cité heureuse n’est pas de nature morale, ni politique (pas de gouvernement ou de justice, presque la nature ?). GLAUCON : comment une société sans raffinement, plaisir ? Société de pourceau (sale) pour lui qui va tomber en décadence. C’est la dynamique des besoins, des plaisirs, des instincts de jouir/acquérir, etc. La cité va évoluer. Question qui se pose d’agrandir la cité. Guerre pour agrandir. PLATON dit alors la nécessité d’avoir des professionnels de la violence, des pros capables de défendre la cité et l’agrandir. Il parle de gardiens qui auront une éducation rigide. La politique nait d’eux car ils vont progressivement détenir l’autorité. En évoluant, le gardien deviendra magistrat. Passer de société heureuse à société redressée/purifiée. 2. La sophocratie : le sacre du Philosophe-roi Cité de la beauté, cité juste chez PLATON qui se caractérise par l’union de la philosophie et du pouvoir politique. Philosophe doté de certaines qualités intrinsèques selon PLATON : La grandeur de vue La vérité La justice La virilité, cad le courage. 8 « C’est de l’essence toute entière qu’ils sont amoureux. » car ils ont vu la vérité. Le philosophe est amoureux de l’essence et de la vérité, ce n’est pas un calcul rationnel mais qq chose de très fort. Il est donc destiné à gouverner car il a contempler les idées de bien, de juste. Ces idées seront appelées elles-mêmes à déterminer ce qu’est le politique. Selon la théorie des idées de PLATON, la forme/l’idée se montre au philosophe, à la partie divine de l’âme. Même l’esclave « sait ». La tâche du philosophe c’est donc de faire ressurgir des vérités enfouies. Allégorie de la caverne : métaphore de la condition de l’Homme sur Terre. Les prisonniers de la caverne, c’est nous qui vivons dans ce monde esclave de nos sens ; nous évoluons dans un monde obscur qui est celui de la matière, nous pensons savoir, connaître la vérité, mais nous vivons dans l’ignorance. « Les Hommes n’attribuent de la réalité qu’aux ombres des objets fabriqués. » La caverne c’est cet espace où on confond la vérité et la fabrication d’objet. L’Homme doit, selon PLATON, s’élever, ascension de l’âme vers les essences. Métaphore de la cause de l’existence. Fait de quitter la caverne et de monter, de contempler les idées. Puis, on ne voit plus rien. Or, selon PLATON, il faut redescendre et c’est le + compliqué lorsqu’on a contempler le monde d’en haut. Pour lui, c’est un devoir de redescendre pour libérer de leurs chaînes ses semblables. Chez PLATON, le gouvernement est exercé non pas par ceux qui veulent gouverner mais ceux qui n’aiment pas, qui gouvernent car ils sont « redescendus », c’est par devoir. Le vrai Homme politique est un Homme désintéressé qui va gouverner contre son gré, il faudra le contraindre pour l’intérêt général. Le modèle absolu pour PLATON c’est SOCRATE. Texte dans lequel SOCRATE dit : « Je suis un des rares athéniens, pour ne pas dire le seul, qui s’attache au véritable art politique. Il n’y a que moi à Athènes qui le pratique aujourd’hui. Si je suis le seul politique, ce n’est pas pour plaire au Mal, c’est pour convertir au Bien. » car il ne cherche que la vérité. Que nous enseigne cette vérité ? Que la meilleure conduite à suivre c’est de vivre et mourir en pratiquant la justice. Politique et philo sont intiment liées ; tiré du GORGIAS. Faire de nous des citoyens aussi parfaits que possible. SOCRATE demande s’il faut combattre les athéniens (par les mots) pour les rendre meilleurs ou les servir/chercher à les complaire ? Contre-exemple : la figure de la démocratie Athénienne : PÉRICLÈS : « celui qui gouverne c’est le 1er citoyen » lui. C’était un Homme cultivé, ami de PROTAGORAS, qui poursuivait la grandeur comme objectif de la cité athénienne mais au détriment de la justice. SOCRATE : y a-t-il besoin d’autant de murs ? de navires ? etc. Non, de vertu. Ce qu’il reproche à PÉRICLÈS c’est cette débauche de dépenses, cet impérialisme brutal. PÉRICLÈS est un modèle pour les Athéniens car il aurait agrandi l’État, devenu une enflure. SOCRATE n’a jamais été un politique, ni un magistrat. Au cours de son procès on lui reproche même son peu d’intérêt pour la politique. Cette excellence de l’âme dépend de la connaissance qui permet d’être vertueux, moralement autonome. GORGIAS : « L’art politique c’est l’art qui s’occupe de l’âme. » Pas de frontières entre âme et politique. 3. Une cité une et juste Cité organisée autour d’une tripartition hiérarchique sous le commandement de la partie qui dispose du savoir. La cité est considérée comme une âme avec 3 parties : QUOI ? QUI ? NÉGATIF POSITIF ÂME (OR) Raison Philosophes Sagesse TUMOS (ARGENT) Agressive Guerriers Colère Courage EPITHUMIA Désirante Producteurs Intempérance Tempérance (BRONZE) 9 Pourquoi le pouvoir doit revenir au philosophe ? Car, lui seul peut s’arracher du désir pour s’élever. Chacun doit remplir ses fonctions selon PLATON avec la perfection qui lui est propre, en vertu de ses compétences, de son mérite. Donc pas besoin de loi dans la cité, il y a les philosophes. En définitive, la justice, selon eux c’est donner à chacun ce qui lui revient. Si chacun à sa place, c’est la concorde, tournée vers le bien : « Il n’y a cité que si il y a une cité une. » « Il n’est pas de plus grand mal pour une cité que ce qui la divise. » SOCRATE. Mais cette unité à un coût : elle dépend de l’instauration de ce système rigide. B. Un idéal irréalisable ? Exécution difficile mais pas impossible. Risque de détruire la cité des Hommes, à l’échelle humaine. 1. Une société close Karl POPPER, philosophe libéral : réfutabilité. Il écrit l’ouvrage La société ouverte et ses ennemis, 1945, dans lequel il fustige les penseurs et philosophes précurseurs du totalitarisme. Façon de penser de PLATON se rapprocherait du totalitarisme du XXème. La société close s’oppose à la société ouverte. La concentration du pouvoir entre les mains d’une élite qui détient le savoir absolu, le monopole, et censée conduire la société vers sa prétendue perfection. Ce savoir absolu conduit mécaniquement à la souveraineté absolu de celui qui détient ce savoir car il a accès à ce monde inaccessible au commun des mortels. Donc on lui confie un pouvoir qui ne peut être qu’absolu. Ce qui est en cause dans les critiques à PLATON c’est sa métaphysique. POPPER et d’autres considèrent que PLATON instaure une sorte de « communisme » sous la forme de communautés des guerriers, des femmes, etc. Ce communisme repose sur la suppression de la frontière entre vie publique et vie privée. Entre bonheur public et bonheur privé. PLATON détaille dans le livre V de la République. Maître-mot = égalité. « Les gardiens feront tout en commun. » D’où l’idée de « communisme ». Les Gardiens ET Gardiennes → ce qui est très novateur à l’époque. Les femmes sont destinées aux mêmes fonctions que les Hommes, à recevoir la même éducation. Le sexe ne compte pas, le genre non plus. Ce qui compte ce sont les compétences. Exiger d’elles les mêmes services. Elle participe à TOUS les endroits mais bémol : encore qu’en tous elles sont plus faibles que l’Homme. Communauté des biens, cad pas de droit de propriété, tout est commun. Les Guerriers sont nourris par les Producteurs (dévalorisés d’ailleurs). Les Gardiens n’ont pas de corps, le seul qu’ils ont c’est celui avec lequel ils participent à la cité. Donc « semi-communisme » (différent de MARX). Communauté des femmes et enfants : « Les femmes seront communes à tous les gardiens. Aucune femme n’habitera en particulier avec aucun d’eux car tout doit être commun entre amis. » PLATON pense un système de mariage, entre meilleurs sujets pour produire la meilleure descendance. o Femmes enfantent jusqu’à 40 ans, hommes jusqu’à 50 ans. o Pas de famille, à leur naissance les enfants sont portés au grand bercail et ne connaîtront pas leurs parents. Pas de « père », « mère », « frère », « sœur ». La cité idéale repose sur la suppression de l’espace privé, de la communauté privée (à part pour les + faibles, les producteurs). Critique violente du biologisme. PLATON parle de race la + pure donc POPPER 10 considère que la cité est une constitution de meilleures races. Seuls les gardiens et guerriers sont bénéficiaires de privilèges, qui sont naturels. La cité pratique l’infanticide (eugénisme) : aucune pitié pour les enfants difformes « ils disparaîtront dans un endroit secret et dérobé au regard ». SOCRATE, même si on obéit aux lois, l’âme échappe aux lois, le philosophe ne peut accepter que son âme soit altérée. C’est ainsi qu’il accepte la mort, pour la pureté de l’âme, l’autonomie morale. 2. Une cité contre-nature Car se dresse devant elle des obstacles quasiment insurmontables. Avènement d’un vrai philosophe, d’un philosophe authentique qui tient du miracle : où trouver ce type de philosophe ? Le divorce entre la philosophie et le peuple/la démocratie. Pourquoi les philosophes authentiques sont discrédités, rejetés à Athènes ? Pourquoi ne leur fait-on pas confiance alors qu’ils sont les seuls habilités à gouverner ? ARISTOPHALE, ennemi virulent de SOCRATE et des sophistes. Il se moque, dans plusieurs comédies, de SOCRATE : Les nuées, mettant en scène un gueux déambulant nu pied, dans la saleté, se laissant nourrir par des lézards, etc. → SOCRATE. Violent car le héros appelle le peuple à incendier le « pensoir ». Supprimer ces voyous, ces gueux. PLATON met en avant des « emportements et désirs d’un fort animal » dont SOCRATE parle, cad le peuple en démocratie. Il en advient que le philosophe authentique on le balance hors du navire, il n’y a pas sa place. Voici le sort du philosophe dans la démocratie – allégorie du « bateau-ivre », cad qu’il n’est pas gouverné, pas piloté et va finir par se fracasser. Son véritable sort c’est l’impuissance… Les philosophes attendent, lorsqu’ils redescendent dans la caverne, la mort, l’exil, la non-compréhension ? Il doit donc être courageux, et s’il ne l’est pas on doit le forcer à l’être. La caverne, c’est la cité athénienne. L’individu ne pourra pas se libérer seul, par ses propres efforts, « nous avons besoin d’un maître qui va, s’il le faut, nous forcer à nous tourner vers la lumière, pour devenir juste. » SOCRATE. Importance donc de l’éducation ici, le philosophe ne doit pas déserter le champ politique. S’il existe des philosophes prêts à se jeter dans la mêlée, à rentrer dans l’arène, comment va-t-on imposer ce système ? La Kallipolis peut-elle être issue ex-nihilo ou est-elle déjà existante ? Dans la 2ème hypothèse, les citoyens sont déjà inspirés, ils sont habitués à leurs coutumes, etc. PLATON est obligé de revoir donc sa philosophie qui dit qu’il suffit de trouver des philosophes puisqu’ils reposent sur les guerriers. Mesures proposées par PLATON : Si on part d’une cité existante, il faut en expulser tous ceux qui ont plus de dix ans (et les faire aller travailler aux champs). Il restera dans la cité que les guerriers, les philosophes et les enfants. Parce que, le fait d’inculquer des mœurs nouvelles de la cité idéale passe par l’exigence de se couper radicalement de toute sociabilité antérieure. C’est la seule mesure concrète qu’il propose. PLATON a conscience que, on touche à l’instinct, aux âmes, il est contre-nature qu’advienne une cité juste dans un monde injuste. THÉÉTÊTE : « Le mal, fatalement, fait sa ronde parmi la nature mortelle. » Ainsi, jamais le mal ne pourra disparaître. Mesure l’écart qu’il nous reste pour atteindre l’idéal. CM3 11 III) L’évolution « réaliste » : du Politique aux Lois Il serait caricatural d’aborder la pensée de Platon exclusivement de cette manière, il aborde également du réalisme. Échec de Platon : fait le deuil de la cité idéale qu’il avait lui-même développée. Platon comprend que, si on ne peut pas confier le pouvoir aux philosophes, alors il faut se concentrer sur le fonctionnement de la politique. L’expérience de Platon va jouer dans cette idée. A. La Lettre VII : la philosophie à l’épreuve de la réalité politique Cette lettre fait partie d’une recueil. Il faut émettre un doute sur l’authenticité de ces lettres car elles n’auraient pas été écrites par Platon mais par un de ses disciplines. La discours est « platonicien », les fondements philosophiques sont les siens. De ses 3 voyages en Sicile, il ressort un pessimisme sur les perspectives d’améliorer tout régime politique, il abandonne toute carrière politique. 1. Les échecs répétés de l’expérience sicilienne Il s’y est rendu plusieurs fois pour persuader les dirigeants d’adopter ses thèses. Il essaie de convaincre le tyran d’y adhérer. 388, 367 et 361 : 3 voyages de Platon. Il lui apparait qu’il est compliqué de trouver un roi-philosophe. 1er voyage : 388 : « Plus j’avançais en âge, plus je me rendais compte qu’il était compliqué d’administrer les cités, absolument toutes ont un mauvais régime politique. », les États sont dans une maladie incurable. Il ne veut pas mettre fin à ses recherches tant qu’il n’a pas trouvé de roi-philosophe. Il parcourt toute la Grèce, débarque en Égypte puis à Syracuse qui se flatte. À la Cour, il expose sa théorie de l’importance des philosophes, que chacun devrait se consacrer à l’excellence morale et à répandre la justice. Ce résultat est un échec cinglant. PLATON est vendu comme esclave (il était vu comme arrogant) puis racheté par un admirateur. Un homme lui offre un terrain à Athènes et fonde la 1ère école de philosophie : l’Académie. 2ème voyage : 367, il retourne en Sicile. Il s’était lié d’amitié avec DION, et il considère qu’il a les capacités à devenir philosophe. Opportunité de faire valoir ses thèses et de devenir le précepteur du fils de DENYS. L’enseignement des maths est important. PLUTARQUE fait une biographie sur DION et il précise que toute la Cour de Syracuse fait de la géométrie. Il ne veut pas apparaître comme un homme qui parle toujours et qui n’agit jamais. PLATON est fait prisonnier puis expulsé par DENYS II et rentre à Athènes. 3ème voyage : 361, DENYS II l’avertit que si il ne revient pas à Syracuse, son ami DION sera expulsé donc, par amitié, il s’y rend (il a 67 ans) mais la promesse n’est pas tenue. PLATON a nouveau prisonnier donc doit faire un plan. 2. L’amer désenchantement du conseiller du Prince PLATON a pensé qu’il suffisait de convaincre un seul homme pour s’assurer de « l’avènement du bien » : il suffirait de changer la façon de penser du tyran pour que la façon de gouverner change. On retrouve chez PLATON l’obsession du chef tout puissant : il faut convaincre la tête pour que tout aille mieux ensuite. Il utilise la métaphore de la « tête de navire » pour le tyran et le philosophe est le « médecin ». Dans un passage, PLATON décrit les exigences. Il s’est trompé, il se heurte à la complexité du politique : le politique ne s’incarne pas en une seule personne, ce sont des rapports de force, d’équilibre. Certains parlent de 12 l’importance de la Cour. PLATON estime que la cité, si elle ne peut être gouvernée par un philosophe, elle doit être gouvernée par des lois. PLATON a réhabilité la loi et il parle du refus de la violence et de l’importance de la raison. Il a failli faire un 4ème voyage lorsque DION lui demande de revenir parce qu’il prend le pouvoir (avec une armée de 800 hommes) mais il refuse l’invitation. DION finit aussi tyrannique de DENYS et il est aussi renversé. « Il vaut mieux rester tranquille et prier » lorsqu’on est pas capable de faire autrement qu’égorger des hommes. PLATON est fidèle à l’idéologie de SOCRATE : pas question d’utiliser la force. « Le fait d’être la victime de crime est un moindre mal que de commettre ces crimes ». Déboires répétés montrent l’orgueil de PLATON, son entêtement. Cet échec reflète l’opposition entre la philosophie et la politique. Le fait que savoir, vérité et politique doivent être liés. B. Le Politique : l’acceptation du mixte Radicalisation → PLATON dénonce la corruption des « esprits » et des institutions. La réalisation du projet PLATONICIEN est renvoyé au hasard. La science dirigerait la politique « La seule et bonne politique c’est celle qui sera exercée par les épistoménès (cad « ceux qui savent ») en matière politique. » Réflexion sur ce que doit être la SP : s’interroger sur le meilleur régime possible. Si le pouvoir est entre les mains d’eux, nul besoin de lois puisqu’ils savent et qu’ils vont agir pour le bien de la cité. Il faut accepter une nouvelle forme de régime. Le « Bien », quasi personne ne peut le voir selon PLATON. Il parle de l’agathom (le Bien absolu) qui ne peut être vu sauf par une « flamme qui surgit » dans l’esprit. PLATON se résigne a accepter l’entre-deux car « il ne peut y avoir connaissance parfaite des essences ». Il imagine l’âge d’or qui est une sorte de « gouvernement divin » qui fait place à une nouvelle société. Le politique est imparfait mais nécessaire. 1. La figure du tisserand royal Métaphore d’un modèle de gouvernants qui succède au philosophe-roi. PLATON est convaincu que c’est cet homme-royal qui peut gouverner. Le grand roi c’est l’ennemi absolu de la Plèbe. Nous donne la définition de ce qu’est la fonction royale en donnant l’exemple du tissage. Il parle de « l’étoffe » pour dire l’activité politique et décrit la « science royale » comme cette disposition à assembler, unir des caractères humains (fougue, tempérance, énergie, amitié, concorde) pour présenter le plus magnifique de tous les tissus. Tous les organes de la cité sont rassemblés sont rassemblés dans ce tissu : le peuple, les hommes libres, les esclaves, etc. Le roi est un tisserand qui fabrique du « tissu » social, cad la société, disparate. C’est une tâche difficile. On aboutit toujours au maître mot de PLATON : « l’unité » sinon on vole en éclat. Le roi tisserand a besoin d’un philosophe pour l’épauler, l’éduquer, non pas gouverner. C’est une activité complexe qu’elle celle de gouverner car le roi doit être au « chevet de chacun » pour lui assigner son rôle et sa fonction, veiller à sa conduite, etc. 2. Une réhabilitation mesurée de la loi et de la démocratie À défaut de trouver cette figure royale qui acceptera d’être conseillée par le philosophe, on peut, selon PLATON, disposer de lois. C’est la 1ère fois qu’il reconnait l’importance des lois non seulement non-écrits mais aussi écrites (« grammata »). Les lois restent imparfaites, des artefacts, elles ne seront jamais le fondement de la vérité mais elles sont très utiles. Il définit la loi par son caractère abstrait. Elle a ce caractère qui porte vers l’universel. Mais, la réalité ne se décline pas ainsi, elle est changeante. La loi ne connait pas la réalité. Donc en matière politique, on ne pourrait rien imposer d’absolu : dans son ouvrage, PLATON reconnait que raisonner en absolu n’aurait pas de sens. 13 ARISTOTE développera la notion d’équité plus tard à partir de cela. C’est le fait qu’il faut compléter la loi par la JP, l’importance du juge est posée, il va adapter la loi aux circonstances. La loi devient la typologie des régimes. Certains sont anomiques (privés de lois) et d’autres droits (gouvernés par des lois). Quid de la démocratie ? Tjrs un mauvais régime mais le moins mauvais des régimes anomiques, le pire étant la tyrannie. PLATON a compris que la démocratie ne « peut rien faire de grand » mais que c’est pas le pire. Il vaut mieux cela que la tyrannie. Dans cet ouvrage, PLATON insiste sur l’unité et les sacrifices à consentir. Le tisserand choisit sa laine et pareil pour le roi qui fabrique du tissu social, il élimine ce qui ne peut pas convenir. On retrouve le contrôle des mariages, l’endoctrinement, etc. Idée de fabriquer des bons citoyens. Cette fabrication sociale des individus passe avant tout par l’éducation. C. Les Lois : une cité de « second rang » Ouvrage daté de 346-347, soit 20 ans après La République. Ouvrage intéressant car c’est la 1ère fois que SOCRATE disparaît du dialogue, il n’est plus le porte-parole et clame ses propres théories. Dans cet ouvrage, PLATON admet que la « Kallipolis est faite pour les Dieux et les enfants des Dieux ». « Nul ne peut régler en maître toutes les affaires humaines sans se gonfler d’injustice et de démesure ». Donc, PLATON envisage une « cité seconde » dans laquelle la loi a toute sa place : il écrit qu’il faut envisager le point de vue humain. Il reconnait qu’il s’adresse à des Hommes et non pas des philosophes : « C’est à des hommes que nous parlons et non pas à des Dieux. ». PLATON comprend bien que « la nature humaine pousse toujours à vouloir plus, à l’égoïsme, elle fuit la douleur et poursuit le plaisir ». Vision anthropologique plus rationnelle ? Auto-critique de PLATON qu’il compare avec les échecs : le « retrait » d’une ligne sacrée pour assurer un meilleur coup. Dans « La République », il s’adresse aux philosophes, à ceux qui sont susceptibles de former. Même s’il ne renie pas le modèle de la République il dit qu’il faut envisager la cité la plus proche de ce modèle, la cité réalisable. 1. La nécessité de la loi comme moindre mal La législation est un gage de stabilité. Il faut que ce soit les lois qui gouvernent et non les Hommes. Sinon les Hommes se confondraient avec les bêtes. Le désir de domination des Hommes est si puissant que la législation apparait, même si déficiente, comme un « moindre mal ». Si les H. se conformaient aux seules règles de la sagesse et de la raison il n’y en aurait pas besoin. Les lois sont « nécessaires » et doivent servir l’intérêt général, promouvoir la vertu. Rapport des gouvernants aux lois : ils doivent être les serviteurs de la loi. Elle règne en maître sur eux. Le préambule va justifier la loi et a vocation à éduquer les citoyens. PLATON pousse sa réflexion de + en + loin. La « timocratie » concerne les guerriers, c’est le régime qui repose sur l’honneur et le courage. Le meilleur régime devient l’association de la démocratie et de la monarchie : comment, à la fin de sa vie, PLATON estime qu’il faut associer des éléments de chaque. 14 2. Une constitution médiane entre monarchie et démocratie Censée accomplir le point d’équilibre entre liberté et ordre. PLATON s’inspire de deux modèles : Athènes – mais pas celle de PÉRICLÈS ou celle qui a condamné SOCRATE – Athènes et la Constitution ancestrale Perse – l’ennemi oui, mais pas la Perse de DARIUS mais celle de CYRUS Il s’agit à la fois de se prémunir contre un gouvernement despotique et un régime excessivement démocratique. Retour à une certaine tradition, une sorte de compromis. Le régime peut être considéré comme viable s’il se soumet à la loi. PLATON détaille l’agencement du pouvoir des institutions : Gardien des lois – 37 gardiens à élire Conseil – 360 membres désignés selon un classement censitaire – tirage au sort L’Assemblée – ouverte à tous les citoyens – 5040 propriétaires Mélange entre égalité arithmétique (chaque citoyen vaut une voie) et géométrique (de proportion calculée selon la valeur du citoyen). À la fois l’élection et le tirage au sort afin de combiner plusieurs modes de désignation. PLATON préfère égalité géométrique et souhaiterait donner + à celui qui le mérite mais il dit que, cette façon de désigner les représentants du peuple comporte des inconvénients. Il faut donc en user le + rarement possible en invoquant la bonne fortune s’il le faut. Quelle instance est dominante ? Le Conseil. Donc on aurait un système plutôt oligarchique. Mais PLATON appelle a ne pas tomber dans l’excès (du peu ou du trop) cad sans richesse ni basse pauvreté, ou « ni démesure ni injustice ». Se rapprocherait de l’état originel des Hommes. Mythe d’un âge d’or 3. Le spectre de la théocratie Revenir à l’idée que la théorie de « second rang » de PLATON soit une société holiste, il continue de promouvoir une vision absolutiste de la société. « Le précepte le + essentiel c’est que nul Homme ni femme ne reste sans chef. […] il faut vivre constamment les yeux fixés sur le chef et soumis à ses ordres et se laisser diriger par lui jusque dans ses plus simples gestes. » Il fait l’éloge de l’amitié, il estime qu’il ne faut aucun rapport hiérarchique, aucune distinction qui serait infondée entre les citoyens et concitoyens. Une société radicalement et fortement inégalitaire. Il veut éviter la discorde, la guerre civile, mais le travail des esclaves est nécessaire. Les sentiments de fraternité sont limités aux seuls citoyens. Un élément nouveau apparait : pouvoir spirituel. Il envisage la création du Conseil Nocturne qu’il définit comme l’âme, ou la tactique de la cité. Il doit assurer, conformément à la loi, la « garde et, à terme, le salut de la cité. » et participer au processus éducatif pour fabriquer des citoyens. Un organe de surveillance d’une centaine de membres siégeant entre l’aube et le lever du soleil. Fonctions du Conseil : Œuvrer à une bonne compréhension de la loi → un organe qui ne dirige pas, simplement de vigilance et de garde de la loi. C’est + de la cité qu’il est question Participer à l’éducation → avec son autorité morale et spirituelle importante Lutter contre l’impiété → « l’impiété d’où naissent les sévissions, une peste infectant la jeunesse, infestant la vie commune des cités. » C’est de la religion civique dont on fait l’éloge ici. La République imaginait la communauté des biens, Les Lois envisage la communauté de foi, des croyants, nécessaire à l’unité de la cité. Coopérer à cette traction, un 15 véritable champ de force. Il insistait sur les devoirs des Hommes envers les divins. Dans cette cité, on va croire en l’antériorité de l’âme, en l’existence de la providence, au châtiment futur des méchants, à une sorte de paradis. « La société civile n’a d’autre fondement que la morale ». Les Grecs associent bonheur privé et bonheur public. L’insistance finale de PLATON sur la croyance religieuse, sur l’existence du pouvoir spirituel, participe de la dévalorisation de la politique. Elle serait nécessaire mais imparfaite car aurait besoin d’un pouvoir spirituel pour tenir – c’est la lecture de Anna HARENDT. Du fait du lien indéfectible entre la morale et la politique. La politique trouve sa légitimité à l’extérieur d’elle, elle ne peut s’auto-fonder. PLATON veut accéder au bonheur de l’individu mais c’est la même chose que le bonheur de l’État, ils doivent coïncider : aspire à un régime unitaire. On peut comprendre le rejet de PLATON de la démocratie comme régime idéal car le peuple « ne peut exercer le pouvoir de manière raisonnable ». Rendre les citoyens meilleurs en les éduquant au Bien, au Mal, au Juste, mais sans violence comme dans le totalitarisme : on tente de convaincre, par le dialogue. La loi doit avoir une nature éducative. Le régime démocratique n’est pas adéquat, il est instable. Une sorte de bazar. Claude LEFORT définit la démocratie comme un « lieu vide » car on ne sait pas qui en occupe le centre. PLATON nous rappelle cette fragilité et cette indétermination. Sur le plan philo, la pensée de PLATON doit être considérée comme une pensée qui veut arrêter l’histoire, figer l’histoire. Différence avec les modernes qui pensent vers le progrès dans une pensée libérale des Lumières. Les Grecs n’ont pas la pensée de progrès. Il veut trouver le régime qui met fin à la corruption des régimes, au mal politique. 16 HISTOIRE DES IDÉES POLITIQUES ANCIENNES PARTIE 1 – LES FONDATIONS HELLÉNIQUES CHAPITRE 2 – Aristote : éthique et politique 324 né dans le nord est de la Grèce. C’est un métèque, ce n’est pas un citoyen athénien. Il siège pendant 20 ans à l’académie juridique de PLATON, celui-ci est subjugué par son intelligence. Quand PLATON meurt, il est déçu car il voulait lui succéder à la tête de l’académie. Il entame alors un voyage également avant de revenir enseigner à Athènes. École péripatéticienne. Il devient ensuite le précepteur du fils de Philippe de Macédoine. Son œuvre a longtemps été éclipsée. L’héritage d’Aristote s’est fait grâce à la pensée chrétienne et arabe car de grands penseurs la transmettent. Il est redécouvert à partir du XIIème siècle. ARITSTOTE emploie le terme de philosophie politique et il va ensuite développer cette discipline (philosophia politike). S’efforce de délivrer un savoir, des connaissances aux dirigeants qu’il appelle les législateurs, ceux qui doivent « fournir de bonnes lois » à la cité. Le savoir politique a donc un but pratique, il est utile. ARISTOTE critique le livre de la République de PLATON, il le réfute brutalement. On a coutume d’opposer ARISTOTE et PLATON mais pas seulement sur le plan philosophique. ARISTOTE s’intéresse à la réalité du monde alors que PLATON à la métaphysique, pas de théorie d’idée, d’essence suprême chez A. Pour lui, ce sont les réalités, la « région des choses humaines », qui est changeante et instable. Elle doit être expliquée en tant que telle, sans explication métaphysique. Partir du réel et non de l’irréel, par l’expérience. L’éthique d’A. a un but pratique. Il donne + de force au hasard, l’imperfection, la contingence, un espace changeant, etc. S’intéresse à la condition humaine, l’Homme peut trouver sa propre voie, l’imperfection est une sorte de cadre pour une perfection future. La SP va s’évaluer par son côté pratique, elle doit être une science productive, qui produit de bonnes lois au lieu d’être abstraite et obscure. I) La naturalité et la primauté de la Polis Il considère que la SP c’est la science suprême car « c’est une science architectonique », cad qu’elle surplombe l’ensemble des autres sciences. Seule la SP vise le bien général de la cité, donc il est logique qu’elle commande aux autres sciences. A. Le Zôon politikon, l’homme animal politique par nature L’Homme ne peut réaliser sa nature que dans la Cité (la polis). 1. La Cité comme seule et authentique communauté politique 2. La Cité du Logos B. La finalité morale du politique : le « bien vivre » [Eu Zên] 1. Vertu, « juste mesure » et prudence [Phronesis] 2. La quête du bonheur [Eudaimonia] et du Bien commun II) La Politeia comme meilleure forme de gouvernement A. Un régime politique mixte 1. Une classification des constitutions ordonnée autour de l’avantage commun 2. La combinaison de deux régimes déviés : démocratie et oligarchie 3. L’importance des classes moyennes B. Une conception élitaire de la société 1. Justice et équité 2. Esclavage et inégalités naturelles 3. Economie et dépolitisation HISTOIRE DES IDÉES POLITIQUES ANCIENNES PARTIE 2 – L’HÉRITAGE ROMAIN La pensée romaine souffre de comparaisons avec celle de la Grèce. Essoufflement voir appauvrissement. « Un travail de romain » une expression pour un travail de labeur, cette expression étant restée. SÉNÈQUE. Un autre philosophe POLYBE. CHAPITRE 1 – Le républicanisme cicéronien INTRODUCTION 106-43 av. JC. CICÉRON : témoin de l’histoire tumultueuse de l’histoire romaine et notamment de sa décadence. C’est un homme passionné par la philosophie grecque. Il représente une sorte de point de rencontre entre ces deux cultures : - Une pensée romaine qui s’hellénise (s’inspire des grecs) - Une philosophie grecque qui se latinise À partir de là, il va transmettre cet héritage grecs. Mais il écrit en latin et c’est un des premiers à le faire. CICÉRON est un homme d’État, un acteur politique de premier plan ? Il perçoit la chose politique ainsi : partir du réel, de l’expérience et non pas d’utopie ou de systèmes sortis de l’imagination. Il faut suivre une méthode rationnelle pour parvenir à déterminer quel est le meilleur régime possible. Mais il faut comprendre pourquoi la république romaine a échouée. 1. De la République – acteurs majeurs de la société : SIPION et MEYEN. Ennemie de Rome : Carthage. Ces hommes conquièrent Carthage. Conversation rapportée. L’ouvrage fut considéré comme perdu pendant longtemps, jusqu’à ce qu’un clerc MAI, trouve au début du XIXème siècle des manuscrits grattés et réutilisés. Lui-même essaie de savoir ce qui s’y cache, grâce à des produits chimiques il retrouve la République de CICÉRON. Il est sûr que nous ne disposons que de la moitié et sans ordre. L’ouvrage paraît en France en 1823 pour la 1ère fois. CICÉRON, dans cet ouvrage, portera un regard rétrospectif sur cette république romaine : la République des fondations commencerait en 509 av. JC et la république romaine débute avec la chute de la monarchie, de la royauté des TARQUIN dont le 7ème roi était TARQUIN Le Superbe, renversé par une révolte populaire lancée par le Sénat. Lucius BRUTUS : un des héros de la République romaine, un des fondateurs (pas le fils adoptif de César). CICÉRON entend tirer des enseignements de cette histoire légendaire/mythifiée, pour les contemporains, dans le but d’éviter la décomposition de la République de son époque. Il se pose la question de savoir d’où Rome tient sa grandeur ? Il y a urgence car Rome est traversée par une période d’anarchie, de conflits, de guerres civiles avant l’instauration de l’empire qui met fin à la République. ➔ Ex : Les frères GRACQUES : tentative d’instaurer une sorte de république sociale : de 133 à 121 – la réforme agraire. Ce sont des tribains de la plèbe, s’opposant aux classes possédantes. ➔ Ex : Révolte de SPARTACUS Rome traverse un état de guerre civile quasi permanent, les institutions s’ébranlent. Les historiens parlent de pratiquement un siècle de troubles pendant lequel les fondements de la République se délitent. CICÉRON interprète les situations politiques de l’époque en pointant l’importance de la crise de valeur. CICÉRON reproche aux contemporains de négliger les traditions ancestrales, de tourner le dos aux Anciens qui ont contribué au rayonnement de la République : oubli du [mos], la tradition et les coutumes. Cela correspondrait à la perte de l’esprit civique et du bien commun. CICÉRON s’adresse en particulier à la jeunesse, à ceux qui ont reçu cet héritage : les praticiens, les sénateurs, etc. Une tradition ancestrale qui devrait subsister et être protégée. CICÉRON a recours à l’histoire, compte-tenu de la « gravité de la situation », il n’est pas le seul. L’honneur et la liberté doivent être placés au cœur de la vertu romaine. CICÉRON appelle a réorganiser l’État, il ne déplore pas juste les problèmes. Il pense qu’il faut rénover, construire autrement. CICÉRON, ce n’est pas l’homme du passé mais celui de la rénovation. 2. Des Lois I) Vita activa, vertu civique et responsabilité de l’homme d’Etat CICÉRON est un homme engagé qui accomplit une carrière politique brillante au sein d’une République déclinante. A. Un penseur engagé dans une République déclinante Il va composer de nombreux traités sur l’éloquence, notamment [De ora tore] où il insiste sur la façon d’utiliser sa voix, sur les qualités de juriste qu’il faut avoir : Avoir une « connaissance approfondie de l’Antiquité » en s’appuyant sur des exemples Ne « pas négliger les lois » et en particulier l’étude du droit civique. Un bon orateur doit posséder une sorte de savoir universel (droit, lois, philosophie, histoire, etc.) pour avoir un discours maitrisé. CICÉRON appartient à la classe des chevaliers, l’ordre équestre qui se situe entre la noblesse et la plèbe. Cela lui permet de briguer certaines magistratures romaines mais ne le destinait pas à une carrière politique à l’origine. 1. Le brillant cursus honorum d’un [homo novus] Cas un homme nouveau, dépourvu de privilèges. Classe moyenne. Son cursus commence par la fonction de questeur en Sicile, c’est un responsable des finances, de l’encaissement des impôts et des dépenses publiques en 72. Puis, en 67 il devient membre du Sénat, puis édile, cad un magistrat chargé de la police, inspection des édifices, jeux publiques. Il occupe ensuite les fonctions de prêteur en 66, cad magistrat rendant la justice à Rome. Son apogée survient en 63 lorsque Cicéron est élu Consul alors qu’il n’appartient à aucun parti et à très forte majorité. Les Consuls c’est un collège de deux magistrats exerçant l’imperium, cad le pouvoir suprême, civile et militaire. Il est ensuite proconsul en 51. Généralement envoyés dans les provinces pour les gouverner. Son cursus honorum symbolise la méritocratie. C’est lors de son consulat qu’il va déjouer une célèbre tentative de coup d’état : Catimina. Ce coup d’état vise à l’assassiner puisqu’il est Consul, incendier Rome et soulever plusieurs régions d’Italie. Mais l’affaire va s’ébruiter. Ainsi, lorsque la nouvelle d’un soulèvement se répand, les sénateurs interviennent rapidement et brutalement en décrétant un [sénatum consultum ultimum] cad un acte ultime pris par le Sénat puisqu’il donne à CICÉRON quasi tous les pouvoirs pour se défendre. Il écrit les « catilinaires » ce qui montre sa maitrise de l’éloquence. Il lance cette expression « Quelle époque, quels mœurs ». Catimina est chassée du Sénat sous les huées et elle réussit à prendre la fuite mais le sort de ceux qui sont arrêtés sont condamnés à mort le 5 décembre. Le Sénat vote la mort contre l’avis de César. CICÉRON fait procéder le soir même à leur exécution par étranglement. La légende veut que ce soit grâce à un discours que CICÉRON a sauvé Rome sans effusion de sang. 2. La tentative avortée de sauver la République La situation de CICÉRON bascule rapidement car il a procédé à leur exécution sans jugement public, ce qui est illégal. L’écrivain de la plèbe pense qu’il a rejoint les praticiens. En 58, une loi est adoptée pour le contraindre à s’exiler. Le décret qui s’ensuite condamne à la mort civique quiconque aurait fait exécuter de cette manière un citoyen romain. Celui qui n’a pas respecté la loi sera privé « d’eau et de feu », il est exclu de la communauté humaine. Il voit ses biens pillés et confisqués et demeure 18 mois en Grèce. Son influence politique s’amenuise pendant la guerre civile qui oppose CÉSAR et POMPÉ et 49 à 45 av. JC. On se demande quel camp il va rallier. Il prend le parti de POMPÉ mais sans grande conviction. C’est par défaut en réalité qu’il l’a rallié car c’était le clan de la République, du Sénat, CICÉRON est contre la monarchie. Finalement, CÉSAR remporte en 48 et POMPÉ est assassiné. C. accorde (et le regrettera plus tard) la restauration d’une coutume. C. œuvre à concentrer un pouvoir quasi absolu au mépris de la Constitution ancestrale. Donc CICÉRON s’éloigne de la vie politique après son divorce et la mort de sa fille. Il se réfugie dans l’écriture. CÉSAR assassiné par les libera tores en 44 (apparemment 23 coups de couteaux). CICÉRON n’a pas pris part au complot mais accueille la nouvelle avec joie. Il se dit fier que Marcus BRUTUS, en levant le couteau, aurait prononcé son nom car il est le symbole de la liberté. Les insurgés qui s’attendaient à être considérés comme des sauveurs mais sont contraints de quitter la Grèce après que Marc-Antoine, lors des honneurs funèbres de CÉSAR enflamme la foule. CICÉRON décide de s’ériger contre Marc-Antoine en s’en prenant à lui violemment dans une série de discours : Les Philippiques. Il réussi à obtenir du Sénat qu’il est déclaré comme « ennemi du peuple romain » et CICÉRON retrouve les grâces du Sénat. CICÉRON prend le parti du neveu de CÉSAR, OCTAVE. Celui-ci est considéré comme l’héritier, 18 ans, et C. pense pouvoir l’influencer et l’utiliser. Retournement brutal en 43 car OCTAVE se réconcilie avec Marc-Antoine et ils marchent ensemble sur Rome. Il en profite pour faire adopter des lois portant atteinte à la nature républicaine du régime. Il se voit octroyer les pleins pouvoirs pour 5 ans pour venger son oncle. Exécution d’OCTAVE en décembre 43 (à 64 ans) alors qu’il se prépare à embarquer pour la macédoine pour rejoindre BRUTUS. Il est exécuté dans des circonstances tragiques : sa tête et ses mains sont coupées et exposées au forum car Marc-Antoine ne lui pardonne pas d’avoir écrit les Philippiques. Réel échec de CICÉRON. BRUTUS et CASSIUS se donnent la mort lorsqu’ils sont battus par OCTAVE. Marc-Antoine se donnera aussi la mort car s’opposera à OCTAVE. Ce dernier, victorieux, se voit décerner le titre d’Auguste en 27 par le Sénat. À partir d’ici, il n’a plus d’opposant, il est progressivement le seul maître incontesté de Rome, c’est le principa. Cad la marche vers l’Empire. B. Vertu politique et amour de la patrie [amor patria] 1. La naturalité du politique Si le philosophe, le sage, est porté à s’éloigner des affaires publiques puisqu’il est occupé à contempler les essences, CICÉRON fait du politique une vocation consubstantielle. L’engagement citoyen dans les affaires publiques. L’Homme est un animal politique – Pour CICÉRON une sociabilité naturelle porte l’Homme vers la collectivité, ses semblables – s’inspire clairement d’ARISTOTE. Cette association des Hommes en peuple n’est pas liée au hasard, ce n’est pas un contrat non plus. SIPION : « Un peuple n’est pas toute réunion d’Hommes assemblés au hasard mais seulement une société dans l’idée de protéger les lois. » Qu’est-ce qu’un peuple : un peuple, une République n’est pas un troupeau ou un assemblage d’Hommes, c’est + que cela, c’est le rassemblement d’individus associés en vertu d’un accord sur le droit, la loi, d’une communauté d’intérêt. L’apport par rapport à ARISTOTE c’est la communauté d’intérêt. Celle-ci porte vers le droit. Cette idée de loi commune marque, pose, l’idée de consentement ; ce n’est pas un contrat mais un consentement des Hommes. Le politique découle de l’essence même des Hommes, ils ont donc besoin d’être gouvernés. 2. L’esprit civique comme devoir moral suprême Un engagement politique en vertu du bien commun (intérêt général), c’est une activité normale et désintéressée. Elle exige du courage car les « Hommes sont confrontés à bien des périls, des désagréments » mais il estime que c’est une « juste part » due à la politique. Le traitement de la Plèbe est gonflé « d’injustices », il fait le choix de se détourner des épicuriens. CATON est un homme dont s’inspire CICÉRON, c’est un guide, un modèle d’action. Il était considéré comme un insensé car il a voué sa vie à la défense de la République alors qu’il aurait pu gouter à la vie paisible. Il définissait la République et le génie romain ainsi : « Notre état n’a pas été constitué par l’intelligence d’un seul homme mais la domination d’un grand nombre » cad que ce n’est pas le fruit d’un seul génie, il a été formé par plusieurs générations, sur plusieurs siècles. La puissance de Rome grâce à « une expérience que donne une longue durée. » Les romains ont été confrontés à tant d’épreuves et ont su en tirer des enseignements. Se développe le fait qu’il existe un génie commun transmis au cours de siècles, ce qui fait que les romains ont une relation particulière à l’histoire. 3. L’éloge du patriotisme républicain La vertu civique c’est entretenir l’amour de la constitution publique transmise, porter secours à la République quand il le faut. Ainsi, CICÉRON s’inspire de la philosophie stoïcienne dans une certaine mesure : cad accorder à la vertu une importance essentielle. « Il faut tout abandonner et sacrifier au profit de la patrie ». CICÉRON définit la [pietas] comme : « ce qui nous exhorte à remplir nos devoirs envers la patrie », c’est l’idée de piété, le lien spirituel et religieux comme chez les Grecs. « Il faut devoir plus de gratitude à la patrie qu’à notre père. » Lucius BRUTUS apparait dans l’histoire romaine. « On ne tolèrera à Rome plus personne qui soit un danger pour la patrie. » c’est aussi celui qui considère que, lorsque la patrie est en jeu, il n’y a plus d’affaires privées. Il sacrifie ses propres enfants. Le salut de la République repose sur ceux qui ont tout donné pour elle. Immoralité = préférer ses intérêts privés. « Nous n’avons plus que le nom de la République », c’est devenu une coquille vide. Depuis 507, 509, elle se serait vidée de sa substance. Pourquoi ? Car « nous avons oublié le [mos] » cad les traditions et mœurs, c’est un « crime capital ». Les responsables ce sont les romains et en particulier « ma génération » corrompue, dépravée. Pour lui, il ne faut pas imputer la chute de la République à une action extérieure mais aux romains eux-mêmes. II) Une république aristocratique fondée sur la Loi CICÉRON dit à son frère qu’il cherchait à savoir quel est le « meilleur gouvernement » et le « meilleur citoyen ». Si la rénovation de CICÉRON prend racine dans l’histoire romaine, il ne s’agit pas non plus de retourner à l’ère glorieuse du passé. Ce qui est important c’est d’instruire les contemporains et les législateurs autour de l’édification d’une SP. A. La Loi naturelle au fondement de la justice La force et la puissance du droit qui possèdent, chez CICÉRON, deux caractéristiques majeures. 1. La puissance du droit : un droit moralisé et rationalisé Il va plus loin en parlant d’une loi naturelle, conférant au droit une portée universelle et absolue. Rationnalisé cad qu’il est l’expression de la raison et qu’il est codifié et systématisé, il apparait sous la forme d’un corpus cohérent et accessible. Facilite son application concrète. S’érige en véritable science du droit. Signifie que ce droit n’est pas l’accumulation ou la synthèse d’un savoir, de connaissance purement techniques. Concrètement, ce n’est pas une liste de consultations des juristes, de commentaires, de jp, le droit c’est encore + que ça. L’ambition de CICÉRON est de structurer en un seul édifice le droit mais surtout de dépasser l’étude des cas concrets pour accéder aux normes dites supérieures, aux lois générales et universelles. Donc le droit doit se constituer en art, il compare avec la musique. Le droit privé doit se tourner vers ces normes universelles appelées la Justice, l’équité qui en est son fondement. Le droit est ainsi associé à la liberté romaine. [Libertas] est une notion important car c’est l’ensemble des droits civiques et individuels dont tout citoyen jouit. L’égalité devant la loi en fait partie. Le juriste doit donc être guidé par une exigence morale : la vertu. Il faut intégrer la morale dans la pratique du droit. « La loi, le droit sont la juste mesure de la grandeur de Rome », ne repose pas sur la conquête, la violence, etc. 2. La supériorité de la Summa Lex : une loi universelle, éternelle et immuable Remonter à la source, cad essayer de comprendre d’où vient la loi. Il parle de la connaissance de la nature de l’Homme car celui-ci est un être doué de raison, de réflexion, de la faculté de penser, il peut donc atteindre cette loi naturelle. Dans sa philo, la raison et la nature sont liées. CICÉRON n’a cesse d’associer les Hommes aux Dieux : le fait que nous vivons dans un univers commun, et le fait donc qu’il y a une « association entre Dieu et les Hommes », il appelle cela la « première association ». Ce qui fait que l’Homme dispose de la raison, apport divin et il définit donc la loi comme « la droite raison tirée de la volonté divine ordonnant le bien et défendant le concret. » Donc, la nature n’a pas seulement donné à l’Homme la raison mais la droite raison. Nous entrons dans le domaine de cette loi naturelle. CICÉRON la définira comme « la droite raison conforme à la nature, répandue dans tous les êtres ». Qui précède toute loi écrite, seule cette loi naturelle peut constituer la justice. La suma lex s’impose au droit positif, elle est naturelle et est la « seule juste » qui offre le critère de distinction entre le bien et le mal → elle prescrit ce qu’on doit faire et ce qu’il faut « éviter de faire ». Elle est considérée comme « le principe directeur de l’Homme ». La loi naturelle est le « juste et le injuste », elle est déterminée, non pas par une simple convention (puisque nature), cad pas une « invention de l’esprit humain ». Le terme « éternelle » revient souvent : elle est de tout temps, s’applique à tous et gouverne le monde entier. C’est un droit qui peut être porter par les tyrans eux-mêmes. La nature c’est elle qui distingue le juste et l’injuste, le droit doit donc se régler sur elle – elle « n’est pas autre à Athènes et différente à Rome ». Quiconque méconnait la loi naturelle viole la nature humaine. Caractéristique de la pensée stoïcienne. Idée selon laquelle tout le monde appartient au genre humain : cosmopolitisme. CICÉRON postule que nous vivons dans une société/patrie commune à celle des dieux : « L’Homme n’est pas enfermé dans les murailles d’une ville. » Donc l’Homme est un citoyen du monde. C’est une distinction forte entre les romains stoïciens et les grecs (PLATON et ARISTOTE) chez qui on ne trouve pas l’idéal cosmopolite. En effet, ce principe s’accompagne du fait que la vertu peut être dispensée : pas pour ARISTOTE. CICÉRON : « Il n’y a pas d’homme, quelle que soit sa nation, qui ne peut parvenir à la vertu. » La loi naturelle : « Aucun amendement n’est permis et, ni le Sénat, ni le peuple ne peuvent se dispenser d’y obéir. ». Par la loi humaine, la nature parvient à sa perfection. Sur le plan politique, CICÉRON invite, sous le terme de « consensus universorum », au rassemblement de tous ceux qui, quelle que soit leur origine/rang social, s’accorde à ces principes essentiels : du droit naturel, de la justice. 3. Aequitas et concordia Théorie de droit naturel d’ARISTOTE = apport majeur de la pensée de CICÉRON à la philosophie du droit. J. RAWLS qui a écrit La théorie de la justice érige la question de la justice. Comment considérer une société juste ? Comment et peut-on justifier les inégalités ? Ne pas confondre République de PLATON et celle de CICÉRON : celle de C., pour lui la justice dépasse la simple question d’ordre juridique. De quelle justice s’agit-il ? Dans le livre III de la République : confrontation entre PHILUS et LELIUS (porte-parole de C). Thèses de PHILUS : Préférer l’injustice à la justice (se rapproche de thèse de CALLICLÉS) car la justice n’est pas conforme à la raison et la nature. On défend l’idée que la justice est une invention humain à cette période. Il vaut mieux gouverner en étant injuste que être esclave pour avoir respecté la justice. Donc préférer une domination injuste à une juste servitude. o Arguments de PHILUS : Les coutumes varient d’un peuple à l’autre sur le juste et l’injuste. Comment établir une définition de la justice au caractère universel et immuable dans ce cas ? Il répond que c’est notre code : la loi, la norme. En ces termes il parle de « peine instituée » (avec Cpl par ex) qui donne sa force aux lois. Il estime qu’il « n’y a pas de loi naturelle » - position de positivisme juridique. CARNÉADE : ▪ Il cite CARNÉADE en affirmant que, s’il existait une loi naturelle, cette loi reviendrait à se porter préjudice à soi-même au profit de l’intérêt d’autrui. Il prend l’ex des romains « maîtres du monde » : s’ils donnent tant de leçons, s’ils voulaient être juste, ils devraient restituer tout ce qu’ils voler. Donc les romaines devraient trainer une « vie misérable » et abandonner cet « impérialisme brutal qui les portent à dominer notre monde ». Quel intérêt de la patrie pour PHILUS c’est le « dommage d’une autre cité, nation ». Il incite à ne plus faire de guerre donc. ▪ École philosophique des celtiques (cad ceux qui regardent au loin). Fondateur = PYRRHON. D’autres comme CARNÉADE (nouvelle académie) ont défini le scepticisme ainsi : le fait qu’on remette en cause toute affirmation qui prétend atteindre la vérité, posture de doute. PHYRRON dit que nos sensations nous permettent d’appréhender le réel, mais qu’elles ne sont ni vraies ni fausses, comme nos opinions. Il ne faut pas s’y fier mais rester dans une posture de doute. CARNÉADE défend une position positiviste du droit en écrivant qu’il n’a aucun fondement dans la nature et que, sur le plan moral, il est neutre. CICÉRON s’oppose à cette pensée car, selon lui, c’est l’intérêt, l’utile, le moteur de l’action humaine : on ne peut atteindre que le probable. Pas un scepticisme absolu mais modéré. CATON incita le Sénat romain à bannir CARNÉADE de Rome PHILUS va écarter les arguments : depuis que les Hommes se comportent comme tels, ils ont répondu à leur propre nature, cad vivre en société conformément à sa raison, à la justice. « Nous sommes nés pour la justice ». Il faut répondre à l’argument selon lequel la domination romaine est injuste : donc PHILUS explique que c’est une domination légitime qui peut se révéler ainsi aux yeux et dans l’intérêt des asservis. Une fois soumis, ces Hommes seront dans une condition meilleure que avant : « dans l’intérêt suprême des faibles, la nature donne la maitrise aux plus forts. » Sur le modèle de l’âme qui commande au corps, le père à ses enfants : idée de patronage plutôt que de domination, exercé par Rome sur le monde, dans l’intérêt des + faibles. Il existerait une servitude avantageuse pour ceux qui la subissent donc, de l’autre, elle est utile à qquns. Critère de l’utilité : dans l’ouvrage Des Devoirs : o Un sage meurt de faim. Peut-il voler ? Pour CICÉRON, il ne faut pas vouloir ôter à autrui quoi que ce soit, il faut que chacun support son mal, même si ça nous apaiserait. Or, bémol : si c’est un philosophe, il est un homme utile. La déf de la justice s’accommode du fait que « un sage ou un citoyen courageux dont la mort serait pour nos une grande perte peut prendre pour sa subsistance la voix d’un être inutile. » donc intérêt général. Nuance : « il ne faut pas se laisser entraîner et à commettre l’injustice par un amour excessif de soi » il appelle tout de même à la mesure. Laisser sa place au « meilleur d’entre nous » Rejoins le principe de [Aequitas] selon lequel la justice c’est offrir à chacun ce qui lui est dû. Formule d’ULPIEN : « Suum cunique tribuere » la justice est l’équité. Ce qu’il faut atteindre c’est l’utilité commune. CICÉRON cite PHILIPPE qui avait essayé d’imposer l’égalité des fortunes : pour lui c’est « le plus grand fléau du monde ». Loi sur les dettes ne respecte pas les fortunes et honneur, c’est le comble de l’inéquité. Il faut traduire politiquement cette idée d’équité : la théorie de l’équité de CICÉRON repose sur une idée de hiérarchie qui reflète celle naturelle. Comment appliquer cette règle de juste partage ? C’est la justice avec le rôle du magistrat, l’importance de la JP qu’il qualifie comme science du juste et de l’injuste avec le juge qui applique aux circonstances. Passe par une exigence qui est que le juge connaisse la loi naturelle qu’il est chargé d’appliquer. CICÉRON s’intéresse également à la question de l’interprétation du droit : on considère que la loi est trop abstraite et que le rôle du juge est donc de l’appliquer selon les circonstances. Le juge s’attache d’abord à comprendre l’esprit de la loi plutôt que se cantonner à sa lettre. Il s’intéresse à recherche les recommandations : quelle est l’intention du législateur ? En deux mots : il faut que le juge puisse se détacher d’un pur légalisme. Il en fait un promoteur de [dius naturalis anti] : sur le plan politique il faut trouver un régime qui reflète cette conception de l’aequitas. Pour des bases solides et stables et garantir la libertas. Il faut prendre en compte les distinctions sociales et, à Rome, elles se manifestent sous les traités d’une rivalité entre deux grandes parties qui se déchirent : les [optimates] (aristocratie) et la [populares]. Impossibilité de les réconcilier et il faut donc prendre en compte que les distinctions sociales, s’il ne faut pas les anéantir, elles ne doivent pas être poussées à l’excès : idée de juste mesure. Elles ne doivent pas être portées à leur paroxysme : elles doivent être bridées sans être remises en cause : idée d’harmonie, de trouver un régime dans lequel s’opèrerait une sorte de collaboration harmonieuse. B. La quête du meilleur régime possible Pas un régime spécifique qui l’emporterait sur un autre car, l’exigence c’est de trouver un bon gouvernement de l’État qui pratique la justice, qui est attaché au rayonnement du bien commun. Pas de régime idéal, mais possible. Pleine conscience de cette menace. À cette époque, le système pol romain est écartelé par la dimension démocratique. Idée n’est pas qu’une partie l’emporte sur l’autre mais une personnification du pouvoir qui s’affirme au fur et à mesure. Lorsque CÉSAR, puis OCTAVE, prend le pouvoir, ils profitent de ce conflit entre les deux pour au final importer le principat. CICÉRON comprend que c’est un tournant. Dans La République et Les Lois il faut les prendre en compte comme des avertissements « il faut prendre garde à ce que l’État ne tombe pas aux mains d’un seul ». CICÉRON est un pragmatique et il faut donc s’appuyer sur la pratique, la réalité, sur ce qui fonctionne, et non pas partir de théories abstraites comme PLATON, qui seront inapplicables. Le fait de proposer qq chose pas neutre, qui n’émerge pas ex nihilo, mais qui se révèle. 1. L’optimus status civitatis : la constitution mixte Dans le livre 1er de La République, CICÉRON s’attarde sur régimes et leurs dérivés : monarchie, aristocratie, démocratie. La méthode : CICÉRON parle d’enquête historique : les régimes qu’il développe sont le fruit d’une enquête. CICÉRON penche en faveur de la monarchie : SIPION (son porte-parole), c’est le « régime qui l’emporte de bcp » car il a unité de gouvernement, donc efficacité. La monarchie est, historiquement, le 1er régime, elle reflète la puissance paternelle, le commandement militaire. Donc le modèle de C. est celui d’un « roi juste et sage, dévoué à son peuple, bienveillant, qui veille sur son peuple comme un père sur ses enfants. » Il prend l’ex de Numa, un homme de race étrangère, qui est parvenu à pacifier la cité, et le peuple l’a élevé au rang de roi car il « possédait des mérités au plus haut point ». Il joue un rôle important car il est considéré comme le créateur des institutions politiques romaines. Il a doté Rome de ses institutions religieuses, à créer le calendrier. Référence historique. Ce qui guette la royauté c’est la tyrannie → donc pas le meilleur régime. Il s’en rend compte. Peut conduire à un régime arbitraire, de terreur. Il cite DARQUIN et DENIS de Syracuse. L’inconvénient de la monarchie, outre la tyrannie, c’est son instabilité virtuelle, le fait qu’il puisse glisser sur une pente funeste par la corruption d’un seul homme. La monarchie tombe, moins à cause de son caractère propre mais par la faute d’un mauvais roi. Aristocratie : Peut se révéler acceptable mais ce régime repose sur des différences sociales qui se creusent. Passe par écarter le peuple du pouvoir, donc porter atteinte à la libertas. Le peuple n’interviendrait pas dans le processus de délibération. D’où l’idée que, si aristocratie peut être viable, elle doit reposer sur consentement du peuple. On retrouve chez CICÉRON l’importance de l’aequitas. L’aristocratie ne va plus servir de modèle et le peuple va s’en écarter. CICÉRON avertit que si aristocratie s’enfonce, cela va contaminer le peuple qui n’aura plus de modèle. Il écrit : « les habitudes de vie des grands changent les mœurs des cités. » donc si on confie pouvoir à aristocratie elle doit montrer l’exemple et rester vertueuse. Sinon, ce sont les mœurs qui sont ébranlés. La démocratie est considéré comme le cas le moins digne d’approbation pour CICÉRON. Il prend l’ex d’Athènes : décadence s’est enclenchée et la cité a perdu de sa beauté. Le gouvernement du plus grand nombre dérive vers un égalitarisme source de désordre. Tous les régimes ont des dégradations. Donc CICÉRON appréhende le meilleur régime sur un fondement historique. Plus de chose publique. La recherche du bien devient le pire par la faute d’un seul. La deuxième forme de tyrannie est la démocratie illimitée, cad la tyrannie de la majorité. « Il n’est pas d’animal plus monstrueux que règne de la multitude ». Aristocratie → oligarchie. Dans la mesure où aucun de ces trois régimes n’est le meilleur, plutôt que de défendre un régime absolu, il privilégie un régime mixte. Par défaut mais par réalisme ; l’histoire en donne un exemple de ce mélange. On retrouve un juste équilibre gage de paix et de prospérité. Il faut concevoir une autorité royale, concevoir une aristocratie en sollicitant les grands et laisser certaines compétences au peuple. Modèle de la république ancestrale (des Ancêtres). SIPION vante sa supériorité qui incarne un modèle de perpétuité. Monarchie : caritas – Cad l’amour que le souverain doit porter à ses sujets et à la puissance publique. Aristocratie = L’honneur, la vertu – C’est le Sénat qui supervise la stratégie militaire, intervient dans la religion, dans le politique, lorsque la République est en danger, il peut octroyer un pouvoir illimité à certains magistrats. Démocratie = Tout de même nécessaire pour garantir la libertas et tempérer les ardeurs de la plèbe – Des assemblées populaires qui votent la loi, élisent des magistrats, des consuls. Ou les tribains du peuple : 10 tribains institués historiquement ou progressivement pour limiter le pouvoir du sénat et freiner les abus éventuels des Consuls. Il vaut mieux instituer une sorte de catalyseur : si la puissance des tribains est excessive, que dire de la violence populaire ? Instituer un tempérament. En dehors de Rome, il y a aussi Carthage ou Sparte. C’est dans cette mesure que « Res publica est res populi » cad la chose publique est la chose du peuple. Ne signifie pas que meilleur régime = démocratie, mais qu’il faut associer le peuple à la chose publique, que les gouvernements doivent compter sur l’adhésion du peuple pour parvenir à un régime stable. CICÉRON insistait sur l’égalité des droits entre citoyens : une cité c’est des citoyens qui ont les mêmes droits. Chaque pouvoir doit rester à sa place et s’occuper de ses compétences sans empiéter dans le domaine des autres → on parviendra ainsi à l’équilibre et la stabilité recherchée. « Rien de trop » → concept clé de la mesure, à partir de la prudence. Tâche ardue de trouver le meilleur régime : la partie désirante, colérique, agressive de l’âme, prend souvent la place de la raison, vertu, etc. 2. L’optimus civis : le premier citoyen CICÉRON estime que la stabilité de l’État, concorde, dépend de l’intervention d’un princeps, cad pas un prince, mais le 1er citoyen. La République doit confier son salut à ce 1er citoyen. Question abordée par les philosophes politiques. Comme le justifie SIPION ; que peut-on concevoir de meilleur que ce qu’il y a de meilleur ? Ce princeps doit être vidé par le seul intérêt du peuple et doit mettre au service de la République son honorable vertu. Ce n’est pas une fonction qui se transmet selon la position sociale. Celui qui est princeps, qui acquière sa dominance, c’est par sa vertu, sa valeur morale. Cette conception permet aux Hommes nouveaux d’accéder au pouvoir. C’est le pilote de la cité en temps de pleine tempête, un moderator, etc. Ses qualités : Prudence Sagesse Honneur Cet homme devra posséder une excellente connaissance du droit et de la législation, que ce soit le droit naturel ou le droit positif en se rattachant à sa pratique. C’est à ce prix qu’il pourra prendre les « justes décisions ». CICÉRON appuie sur le lien qu’il doit nouer avec le peuple également : la [fides]. Cad la confiance, la fidélité. C’est un lien qui engage le princeps à défendre la patrie. Importance du respect de la parole donnée. Créé des devoirs au profit du peuple. Traduction de l’aequitas. Idée de recours : le princeps est aussi dictator qui veut dire qu’l va défendre la patrie en danger. Il jouit d’une telle autorité que ça le porte au sommet pour aider. Songe de SIPION : Dans ce passage, SIPION insiste sur ce qui distingue le dictator du princeps. Le princeps incarne l’exemple de celui qu’on peut imiter : il parle de miroir. Il doit être un modèle vivant. Conclusion : quels enseig 3. La religion civique Justement, c’est la question de la religion qui est évoquée. CICÉRON définit l’homme de bien comme celui qui est dans la ? des Dieux. C. loue et salue les Dieux à nombreuse reprise de l’avoir fait participé au pouvoir. Les Dieux seraient maîtres de toute chose et gouvernent. Il y a une relation naturelle entre Dieux et nature humaine. CICÉRON parle de parenté. Il y a une part divine dans l’âme et les Dieux composent avec nous. « Il n’y a pas de nation qui sache ce qu’elle doit savoir des Dieux » La religion devient une règle morale qui doit dicter le comportement des individus par rapport aux Dieux et envers la Cité. C’est une religion civique, même politique pour certains. Les liens qui unissent les Hommes à la cité sont sacrés. CICÉRON estime que ceux qui se louent à la patrie seront récompensés par les Dieux, ceux-ci n’abandonneront pas la République. On parle de la religion traditionnelle, mise en avant ici. CICÉRON se méfie de la superstition, des croyances mythiques irrationnelles. Il considère que les cultes doivent relever de l’État et que celui-ci doit les contrôler et mettre de l’ordre. Acceptation du culte étranger mais limitation. L’État doit entretenir les temples, etc. Le Sénat se charge de la police des cultes. La religion c’est « le soutien principal de l’État », c’est donc une religion d’État le gage de stabilité. Ce sera un facteur de concorde, de lien social, de ciment moral. Dans un ouvrage, il considère que la primauté des romains par rapport aux grecs, gaulois, etc., c’est la religion, pas la force, la ruse, etc. mais la piété, cette sagesse unique. Tout est réglé et gouverné par les Dieux : pour cette raisons qu’ils triompheraient de toutes les races et peuples. Selon lui, Rome doit sont salut à la religion romaine. Une religion civique ritualisée mais pas domatique, cad pas porteuse de domme, les rites sont fixés par la tradition et ne souffrent pas de contestat