Fiche de lecture historiographique PDF
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Foucher Tom
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Ce document est une fiche de lecture historiographique sur le roi viking Harald à la dent bleue. L'auteure, Lucie Malbos, analyse sa vie et son rôle dans le contexte historique de la Scandinavie du Haut Moyen Âge. La fiche examine la historiographie entourant le roi, en particulier les sources et les interprétations des historiens.
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Foucher Tom M1 Meef UVSQ Fiche de lecture historiographie 1° Présentation de l’ouvrage Mon choix d’ouvrage dans le cadre de ce travail, c’est fait de manière à mettre en relation cette fiche de l...
Foucher Tom M1 Meef UVSQ Fiche de lecture historiographie 1° Présentation de l’ouvrage Mon choix d’ouvrage dans le cadre de ce travail, c’est fait de manière à mettre en relation cette fiche de lecture avec les attendus du concours. Avec ce choix je peux ainsi me donner un exemple de personnage célèbre pour la question d’histoire médiévale, livre d’ailleurs conseillé par notre professeur sur cette question. Également mon choix a été construit autour d’une préférence pour la période travaillée et la thématique abordé dans le livre. L’ouvrage utilisé pour cette fiche de lecture est donc Harald à la dent bleue, Viking, roi, chrétien, publiés en 2022 par l’éditeur passés composés en collaboration avec l’université de Poitiers. L’auteure de cet ouvrage est Lucie Malbos, maitresse de conférences en histoire médiévale à l’université de Poitiers et membre du CESCM. Elle effectue son doctorat à l’université Paris 1 en 2015 provenant de l’ENS. Son domaine de prédilection est la Scandinavie durant le haut moyen-âge si on peut encore appeler cette période comme ça. Cet intérêt vient d’un été durant lequel Lucie Malbos a pu assister à une université d’été au Danemark peu avant son master. Le livre est publié sous le format 14x22cm ou poche comprenant 288 pages avec vraiment 229 pages de purs textes, le reste étant des notes et des repères pour faciliter la lecture et aiguiller le lecteur. Ce livre est une biographie inédite, avant ce travail il n’existait pas de biographie d’Harald à la dent bleue malgré l’importance de ce personnage dans l’histoire du Danemark et actuelle. Le public visé par cette publication reste majoritairement des étudiants et le grand public intéresser par l’histoire. Le livre reste abordable mais comporte tout de même des prérequis pour saisir pleinement l’entièreté de l’œuvre. 2° Apports et conclusion de l’ouvrage Lucie Malbos commence son ouvrage par une introduction autour de plusieurs points d’encrage. Le premier étant la question que tous les lecteurs se posent, comment ce danois du Xème siècles est sur tous nos téléphones ? Lucie Malbos nous retrace l’origine de son surnom, les questionnements sur la véracité de ce dernier. Avait-il la dent bleue ? Probablement que non ou si oui cela n’est pas une différence fondamentale par rapport à l’ensemble de la population qui ne prenait pas forcément grand soin à sa dentition. Ce surnom vient probablement de son teint ou de ses cheveux noirs et de sa barbe plutôt foncée contrairement aux populations 1 Foucher Tom M1 Meef UVSQ danoises de l’époque. Il existe néanmoins une certitude concernant ce surnom, c’est que personne ne l’a jamais appelée de cette manière, seulement 2 siècles après la mort de ce dernier. De quel Harald parlons-nous ? C’est un des enjeux du sujet car la confusion règne entre Harald à la dent bleue et Harald a la belle chevelure. Les sources ne sont pas très précises sur les différents faits de ces 2 rois danois. Le roi à la dent bleue était connu pour être un roi bâtisseur, les principales sources de ce dernier ne se concentre pas spécifiquement sur lui mais sur son ancrage dans le monde médiéval de l’époque. La principale source le concernant demeure sa plus belle œuvre, le site de Jelling qui donne le nom à sa dynastie pouvant nous tromper sur la réelle importance de ce site. L’enjeu est alors de trouver une part de réalité dans tous les mythes qui entourent la vie d’Harald Gormson ainsi que toutes ses facettes. Harald le bâtisseur du Danemark, fait la cassure entre le monde des païens représentés par son père et lui le « bon ». Le Danemark signifie en marge de l’occident et avec son baptême qui est l’évènement central de sa vie selon la plupart des sources, il réunit le royaume du Danemark autour de sa nouvelle autorité ; nous pouvons voir le parallèle avec le baptême de Clovis à travers cette idée. Harald n’a pas été forcé, nous pouvons alors penser à une réelle conversion mais dans le contexte, l’auteure nous rappelle qu’il ne faut pas dissocier la politique et la religion. Les motivations sont la protection de la frontière entre le saint empire et le Danemark car dès lors ou Harald se convertit la marge de manœuvre de l’empereur Otton Ier est très limité car Harald devient un frère croyant. Ce baptême ne convertit pas tout le Danemark mais marque le début de transition entre le polythéisme et le monothéisme avec l’apparition notamment de syncrétisme marquant le lien entre les 2 cultures/religions. Harald a amorcé la conversion du peuple Danois mais n’en ai pas le responsable principal. Le complexe de Jelling permet de comprendre le tournant que souhaite prendre Harald, en mettant en place une nouvelle capitale avec des constructions hors du communs pour l’époque. Harald souhaite consolider son nouveau statut ainsi que son statut sacré que lui donne sa conversion. La pierre de Jelling nous permet de voir ce qu’Harald a voulu inscrire sur le long terme et ce qu’on se rappelle lui comme étant le responsable de la conversion du royaume or c’est faux. Malgré la volonté d’instaurer Jelling à l’image d’Aix comme une capitale importante, son rayonnement reste bref et ne perdure pas après la mort d’Harald. Harald a unifié le Danemark ? on est amené à se questionner sur qu’est-ce qu’on entend par Danemark et quel est le territoire contrôlé par Harald. Pour l’identifier on se sert de toutes les fortifications que l’on peut dater de la période du roi qui est reconnu pour être un grand roi bâtisseur. On peut repérer les différents lieux ou on trouve des forteresses servant soit de points 2 Foucher Tom M1 Meef UVSQ de contrôle ou jouant un rôle plus défensif. Le Danevirke permet de limiter le royaume et l’ensemble de ses constructions nous renseigne sur les ressources dont dispose Harald, en questionnent leur provenance on peut savoir ce que contrôler Harald ainsi que les hommes qu’il avait à disposition et sur leurs diverses provenances (slaves principalement). On retrouve également une autre facette d’Harald dans le livre, celle d’un roi défensif rompant avec le modèle traditionnel du « bon Viking ». On le remarque avec la construction des forteresses sur les lignes moins sures. On pense naturellement à la frontière avec Otton pourtant il s’agit de la frontière avec les autres nordiques qui inquiétait particulièrement Harald. Il a surtout étendu son influence sur toute la baltique pour commercer et affirmer sa présence dans la mer. Par le commerce nous pouvons également tenter de définir des limites au royaume du Danemark car il a fait graver de nouvelle pièce et l’archéologie permet de définir d’où provienne les pièces et ainsi où s’étendait l’influence d’Harald. Malgré sa conversion, Harald est vu comme un roi étranger comme étant inférieur aux autres grands rois chrétiens. Il joue de mariage et d’inspiration de construction européenne pour construire une identité occidentale au Danemark. On peut également voir un début d’inspiration occidentale dans les arts avec le Christ triomphant sur la pierre de Jelling mais c’est une touche spécifique et l’art reste majoritairement d’influence scandinave, il faut attendre un peu plus avant de voir cette influence s’étendre partout. La fin d’Harald n’est pas très glorieuse, on retrouve au centre de sa chute son fils avec qui les relations sont conflictuelles. La figure de Sven s’oppose avec le bon Harald qui s’est converti à la vérité tandis que ce dernier reste un païen. Harald est envoyé en exil par son fils donc on ne sait pas où est sa dépouille, en ne perpétuant pas l’utilisation de site de jelling, Sven tente de rompre avec la légacy de son père. Pour finir l’ouvrage, nous allons expliquer les raisons pour lesquelles Harald est un mythe aujourd’hui, la première est la tentative par les auteurs d’en faire la figure d’un saint avec la mise en scène d’un baptême rappelant en tout point celui de Clovis avec pour les 2 côtés un évêque charismatique. Popon a-t-il existé ? probablement mais les circonstances miraculeuses que raconte certaines sources sont peu fiables. 3° L’atelier de l’historien Dans cette ouvrage, l’autrice s’encre dans un retour du genre biographique dans l’historiographie française. C’est un ouvrage emblématique d’un retour du style biographique depuis l’ouvrage La Vie de Saint Louis de Jacques le Goff. Etant la première biographie sur Harald, on peut également se questionner sur une forme de nouvelle approche mis en avant car 3 Foucher Tom M1 Meef UVSQ en France, l’étude de la Scandinavie n’est pas aussi avancée que dans les pays anglo-saxons, qui fait plus facilement le lien entre son histoire et celle de la Scandinavie. Cet ouvrage s’inscrit alors dans un phénomène plus large de l’approche globale de l’histoire On parle de retour car avec l’avènement de l’école des annales et du rejet total des biographie fait par le passé nous racontant la vie du personnage d’un point de vue héroïque en narrant le récit. Ce n’est pas du tout le cas dans cet ouvrage qui prend soin de ne pas se focaliser sur sa vie et uniquement sa vie mais à travers sa vie comprendre les évolutions de la période et de la société, en l’occurrence ici on voit bien que l’ouvrage ne s’intéresse pas qu’à Harald mais à l’organisation et la compréhension des interactions entre l’occident et la Scandinavie d’Harald. Il est à la fois modal de part cet aspect mais aussi herméneutique avec son travail de déconstruction du mythe avec principalement le dernier chapitre de l’ouvrage qui porte ce nom. L’ouvrage fait toujours un travail de mise en contexte des sources pour ne pas tomber dans le piège en essayant de comprendre pourquoi cet auteur a voulu dire cela, elle vient critiquer la source primaire en décrivant les intérêts des auteurs à tenir ces propos « Tous ces textes comportent leur lot d’exagération et de réécriture des faits, voire d’affabulation et d’invention. Entre passé païen occulté dans les premiers récits nationaux et reconstructions en partie fantasmées des auteurs occidentaux ou islandais, la voie est étroite. Il est par conséquent indispensable de recouper sources occidentales et danoises, contemporaines et plus tardives, mais aussi de convoquer d’autres matériaux permettant, non pas tant de compléter, mais plutôt d’apporter un éclairage différent sur certains aspects du personnage, de décentrer le regard pour tenter d’en cerner les facettes occultés ou biaisés par les textes. Pour ne pas rester prisonnier du portrait esquissé par les auteurs chrétiens, qu’ils soient occidentaux ou danois, l’historien va ainsi frapper à la porte de l’archéologue ou du runologue. ». Sa thématique en soit est novatrice car elle n’a jamais été faite mais tout ce qui tourne autour de ses personnages sont assez régulièrement travaillés. Nous voyons que dans la bibliographie utilisée l’auteur utilisa un nombre assez important de sources reprenant toutes les thématiques de la période sur l’espace Scandinave. Cet ouvrage est donc une parfaite synthèse de la Scandinavie du Xème siècles. Il explique en effet le fonctionnement politique et diplomatique de la période « cette conversion en contexte militaire cadre en réalité assez mal avec le récit global de la christianisation plutôt pacifique du monde scandinave. D’ailleurs, l’autre source évoquant cet évènement, Widukind de corvey, ne mentionne à aucun moment de défaite face à Otton qui précéderait le baptême. Globalement, il faut bien reconnaitre que le règne de Harald n’intéresse guère les auteurs du monde germanique, sauf s’il touche de près ou de loin les affaires impériales », social, économique et surtout culturel où l’importance de la religion donne sens à la société du Xème siècles. 4 Foucher Tom M1 Meef UVSQ La grande majorité des sources utilisées par l’auteur pour définir son propos, comme évoqué plus haut, sont des sources primaires venant de différents auteurs avec une provenance divers cependant aucun ne sont contemporains directement d’Harald. Il y en a assez peu, montre la difficulté pour l’autrice de construire son propos uniquement sur des sources primaires maigres. Elle utilise également des sources secondaires avec des ouvrages plus généraux traitement pas directement d’Harald mais permettant de le replacer dans le contexte et d’ainsi mieux appréhender sa vie. Les sources sont présentes à la fin de l’ouvrage dans un bibliographie thématiques mais aussi par chapitre. C’est-à-dire qu’à la fin de l’ouvrage on retrouve les notes de bas de pages par chapitre, le petit 1 du chapitre 3 n’est pas le même que celui du chapitre 7. Les sources ne sont pas réellement variées, on retrouve le même type assez régulièrement mais ce n’est pas la faute de l’auteure car elle est simplement bloquée par manque de sources montrant que l’on peut creuser encore d’avantage dans cette Scandinavie de la période médiévale surtout dans l’historiographie française, on retrouve ce type de questionnement majoritairement dans le milieu anglosaxon. Bibliographie : D'Haenens Albert. Sawyer (P. H.). The Age of the Vikings. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 42, fasc. 2, 1964. Histoire (depuis la fin de l'Antiquité) — Geschiedenis (sedert de Oudheid) pp. 627-628. Pierre Bigot. Lucie Malbos, Harald à la Dent bleue : Viking, roi, chrétien, Paris, Passés Composés, 2022, 288 p.. Cahiers de civilisation médiévale, 2024, Ordonner l’Église Communautés cléricales et communautés monastiques dans le monde carolingien (VIIIe-Xe siècle), 265, pp.276. Les Vikings. Les Scandinaves et l’Europe 800-1200, Paris/Oslo, AFAA/conseil nordique des ministres, 1992 Alban Gautier. Conversion et christianisation des Barbares : le cas de l'Europe du Nord. La christianisation à travers l'histoire XIVe Université d'été, Carrefour d'histoire religieuse, Albi, juillet 2007, Maison de la Recherche en Sciences humaines, pp.21-31, 2009. ⟨hal-03312649⟩ Old Norse Religion in Long-Term Perspectives: Origins, Changes & Interactions, ANDERS Andren, kristina Jenbert, 2006, 416p 5