Esprit critique et posture scientifique (LFSM1103) - Q1 2024 PDF
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2024
Flavie Stecker
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Ce document présente le cours "Esprit critique et posture scientifique" (LFSM1103), premier quadrimestre de l'année 2024. Il introduit les concepts d'esprit critique, de pensée critique, de biais cognitifs, de stéréotypes, et de préjugés. Le cours explore comment développer son esprit critique, identifier ses préconceptions et évaluer la qualité des sources d'information.
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LFSM1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Esprit critique et posture scientifique LFSM1103 Professeure Julie Duqué Premier quadrimestre 1 LFMS1103 – STECKER Fla...
LFSM1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Esprit critique et posture scientifique LFSM1103 Professeure Julie Duqué Premier quadrimestre 1 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 2 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Chapitres du cours. Chapitre 1 –Introduction : Pourquoi développer son esprit critique ? Chapitre 2 –Identifier ses préconceptions Chapitre 3 –Décoder un discours Chapitre 4 –Evaluer la qualité des sources Chapitre 5 –Comprendre la démarche scientifique Chapitre 6 –Appréhender les données scientifiques Esprit critique et posture scientifique. 3 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Chapitre 1 – Introduction : Pourquoi développer son esprit critique ? Il n’existe pas de définition unique pour l’esprit critique. L’esprit critique est avant tout une attitude qui consiste à : - Penser par et contre soi même - Accepter de douter et de changer d’avis - Être dans une démarche d’accumulation de la connaissance - Développer une posture scientifique - Faire preuve de bienveillance et d’humilité Afin de : - Juger de la fiabilité des informations - Gérer des problèmes complexes - Prendre des décisions pertinentes - Mieux vivre ensemble Quelle est la différence entre l’esprit critique et la pensée critique ? L'esprit critique est une attitude alors que la pensée critique nécessite à la fois cette attitude, mais aussi la maîtrise des outils d'analyse critique. La pensée critique est un stade plus avancé que l’esprit critique. La pensée critique est la combinaison d’une bonne attitude (être critiquer, douter) et d'une capacité à analyser, comprendre et évaluer des expériences. Ces compétences se développent au fur et à mesure de la vie. -> Connaitre les différences entre esprit critique et pensée critique -> Les définitions ne sont pas à connaitre par cœur 4 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Résumé de la vidéo d’Albert Moukheiber – Notre cerveau face au fake news. Nous sommes plus attentifs aux informations qui viennent nous conforter dans nos opinions et croyances qu’aux informations qui vont à l’encontre de ce que nous pensons. Notre opinion spontanée est rarement basée sur les faits mais plutôt sur nos croyances et nous avons donc tendance à ne pas voir le monde tel qu’il est mais plutôt tel que nous (individus) nous sommes. Nous sommes donc trompés par notre cerveau lorsque nous faisons à face à des informations contraires à ce que l’on pense. Ce processus automatique est appelé dissonance cognitive. Pour en revenir aux fakes news, il faut savoir que c’est n’est pas quelque chose du domaine de l’ignorance mais plutôt du domaine de l’illusion de connaissance. Quelques définitions : - Un développement heuristique est une méthode de résolution de problèmes qui ne repose pas sur l’examen détaillé du problème mais cela consiste plutôt à travailler par des approches successives et des approximations. - Une dissonance cognitive est la résistance face à quelque chose que l’on ne croit pas. - Un billet de confirmation est le fait de chercher en permanence des informations qui nous conforte dans nos idées et/ou croyances. - La zététique est l’art de douter en permanence et donc le besoin de vérifier les informations. “Le penseur critique exerce sa raison pour examiner sa pensée” Il est important que nous puissions développer notre esprit critique dans le but de : - Ne plus croire n’importe quoi. - Comprendre le fonctionnement de base de la science. - Pour apprendre à discerner sciences et pseudo-sciences/ médecine et pseudo- médecine. 5 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Chapitre 2 : Identifier ses préconceptions. 1ère partie - Réfléchir à notre réflexion. Notre cerveau est bombardé d’informations qu’il doit traiter pour raisonner et prendre des décisions. Une analyse approfondie de toutes les informations prendrait trop de temps et serait très couteuse énergétiquement. Notre cerveau a donc mis en place une méthode d’approximations, grâce aux heuristiques. Les heuristiques sont des raccourcis mentaux permettant de répondre de manière simple et rapide à des questions complexes. Le résultat est souvent (mais pas toujours) satisfaisant. Deux autres points positifs concernant les heuristique sont le fait qu’ils nous coutent peu d’énergie et ils peuvent s’améliorer selon le niveau de répétition de certaines activités. Cependant, les heuristiques peuvent donner lieu à des erreurs qui sont influencées par les biais cognitifs. Un biais cognitif est un schéma de pensée trompeur et faussement logique. Cette forme de pensée permet à l’individu de porter un jugement, ou de prendre une décision rapidement. Les biais cognitifs influencent nos choix, en particulier lorsqu’il faut gérer une quantité d’informations importantes ou que le temps est limité. Il se produit ainsi une forme de dysfonctionnement dans le raisonnement. Notre cerveau peut se montrer irrationnel même dans le cadre de décisions délibérées. Il voit ce qu'il croit et cherche constamment à donner du sens et à inventer lorsqu’il ne comprend pas (exemple de la danseuse en rotation ou des visages que l’on peut voir partout). Exemples de biais cognitifs : - Biais de confirmation : notre cerveau traite de manière préférentielle toutes les informations qui vont dans le sens des croyances et de négliger toutes les autres. Limite la dissonance cognitive. - Biais d’excès de confiance en soi/ effet de Dunning-Kruger : peut être dangereux dans certains cas. - Biais d’immédiateté : biais lié à la dopamine et c’est ce biais qui nous permet de faire de nouveaux apprentissages (exemple : rouler à vélo). Lorsqu'on apprend quelque chose de nouveau et qu’on réussit, notre cerveau libère de la dopamine et le retient. Plus tard, lorsque nous refaisons cette tâche, le cerveau se souvient de la dopamine libérée lors du premier succès et cela va nous permettre de nous améliorer. 2.1 Stéréotypes, biais et préconceptions : de quoi parle-t-on ? 6 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Stéréotypes et cultures. La culture est apprise, transmise et universelle (on participe aujourd’hui tous à plusieurs cultures). Le savoir est construit dans un cadre culturel; la culture est donc en constante évolution. La culture n’est jamais neutre en terme de valeurs. Il y a des valeurs qui sont favorisées, des valeurs qui sont défavorisées et cela varie d’une culture à l’autre. Il y a des valeurs qui sont poussées, qui sont jugées comme légitimes, comme bonnes et d’autres qui ne le sont pas. C’est la même chose en termes de savoir, on a des savoirs légitimes, des savoirs qui vont être valorisés et d’autres qui le seront moins. La culture, et comme toutes les cultures, sont complexes. Il n’existe pas de culture simple et c’est la même chose pour la part des savoir qui constituent chacune des culture. La culture peut influencé la biologie et inversement. Il y a une interaction. Toute culture est ethnocentrique : Nous appréhendons les autres cultures à partir de la nôtre et avons tendance, consciemment ou inconsciemment, à prendre notre propre culture comme le point de référence à partir duquel nous allons émettre un jugement sur celles qui en diffèrent. Dans le monde occidental (=monde naturaliste) nous considérons qu’un des savoir légitime est le savoir scientifique. Comme pour les valeurs, nous allons évaluer notre savoir par rapport aux savoir d’autres cultures. En résumé, les stéréotypes et préjugés sont les produits naturels de la culture. Quelques principes de base à retenir : - Toute culture est apprise et transmise, - La culture est universelle à toute société humaine, - Toutes les cultures sont continuellement en changement, - La culture n’est pas neutre en termes de valeurs, - Toutes les cultures sont complexes (mais selon des modalités variables), - La culture peut influencer la biologie (et réciproquement, la biologie peut influencer la culture), 7 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 - Nous appréhendons les autres cultures à partir de la nôtre et avons tendance, consciemment ou inconsciemment, à prendre notre propre culture comme le point de référence à partir duquel nous allons émettre un jugement sur celles qui en diffèrent (c'est ce qu'on appelle l'ethnocentrisme). Différencier stéréotypes, biais et préconceptions (=préjugés). Pour comprendre ce qu’est un stéréotypes il faut d’abords bien comprendre le concept de culture. ➔ Un stéréotypes c’est considérer qu’il s’agit d’une croyance exagérée, une image ou une vérité déformée à propos d’une personne ou d’un groupe. Un stéréotype se construit à partir de préjugés. Un préjugé est une attitude beaucoup plus commune qui découle de l’ethnocentrisme. ➔ Le préjugé consiste à juger l’autre, de manière souvent négative (car hors de notre cadre de référence), à partir de soi. C’est se faire une opinion à l’avance. Les préjugés sont multiples (tous types) et dépendent du sexes,… En amont des préjugés on a les biais. ➔ Un biais c’est un déterminent qui va préorienter le jugement. Il va permettre de « construire » le préjugé. Il existe un tas de biais (d’origine naturelle ou non : chaleur, bruit, sensoriel, visuel, olfactif, social, cognitif, culturel, biais d’autorité, de légitimité, de genre,..). Tous ces biais vont orienter notre jugement. Il faut pouvoir les prendre en compte pour poser le plus justement possible une démarche de savoir. Nous distinguons donc les stéréotypes des biais et des préjugés : - Le stéréotype est une croyance exagérée, une image ou une vérité déformée ou excessivement simplifiée, à propos d’une personne ou d’un groupe. Exemple : "tous les Belges font une grande consommation de bières spéciales". - Le préjugé (ou la préconception) est une opinion sans examen, un jugement à l’avance, ou une attitude marquée, à l’égard de quelqu'un ou de quelque chose. Un préjugé visant un groupe ou ses membres se fonde sur un stéréotype. Exemple : "ce Belge a un comportement bizarre. Je parie qu'il consomme trop d'alcool". - Le biais est un déterminant qui pré-oriente le jugement, et dont les préjugés font partie. Les biais constituent autant de raccourcis que nous appliquons sans 8 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 même nous en rendre compte pour traiter la masse d'informations qui nous parvient. Les biais sont de nature multiple : biais de légitimité, biais d’autorité, biais sensoriels, biais invisibles, biais cognitifs, biais sociaux, biais culturels, biais de genre... Codex des biais cognitifs (la roue des biais). Stéréotypes et discrimination Les stéréotypes peuvent découler d'expériences personnelles ou objectives, ce qui les amplifie et en fait des généralisations. Ils persistent parfois malgré l'évolution de la réalité qui les dément, et à l'inverse, un stéréotype infondé peut créer la réalité qui le justifie , c’est ce qu’on appelle les prophéties auto-réalisatrice. Les stéréotypes remplissent plusieurs fonctions essentielles : - Fonction épistémique : Ils aident à simplifier notre environnement social et à en réduire la complexité en classant les individus et les situations dans des catégories faciles à appréhender. Cela permet d’établir des causalités et des prédictions. - Fonction normative (fondamentale) : Ils aident à établir des règles générales et plus abstraites de comportement, car des règles individuelles seraient ingérables. Par exemple, des normes se basent sur des stéréotypes de l'étudiant moyen. 9 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Ce recours à des stéréotypes parfois s’avérer problématique, car il conduit à des discriminations interdites. ➔ Une discrimination survient lorsqu’une différence de traitement entre personnes pourtant comparables n’a pas de justification objective et raisonnable. Des discriminations surviendront également lorsque le stéréotype s’établit sur « un critère suspect » comme la race, l'origine ethnique, le handicap, l’orientation sexuelle, le sexe, la religion , le fait d’avoir des enfants,.. Le droit des droits de l’Homme et l’interdiction de la discrimination visent à combattre ces stéréotypes pour éviter une simplification excessive ou une déformation de la réalité, en jouant un rôle similaire à celui de l’esprit critique dans le domaine épistémique. En résumé, le stéréotype peut être défini comme une croyance a priori sur des groupes de personnes qui aura tendance à persister même lorsque cette croyance est mise à mal par des données objectivables. Le fait d'avoir des stéréotypes n'est pas en soi une mauvaise chose : c'est ne pas en avoir conscience et ne pas les remettre en question qui nous donne une image biaisée du réel, pouvant aller jusqu'à occasionner des comportements discriminants problématiques voire inacceptables. 2.2 Différents types de biais. La manière de voir et d’interpréter les phénomènes que nous observons est très souvent influencée par ce que nous savons déjà, mais aussi par notre expérience personnelle et notre intuition. Cette intuition (très présente) biaise couramment nos raisonnements et nous conduit régulièrement à tirer de fausses conclusions. En dépit de nos connaissances théoriques, l’intuition prend souvent les commandes de notre cognition. C’est notre expérience quotidienne antérieure qui guide nos réponses. Exemple : sentiment qu’un camion, parce qu’il est lourd et de grande taille, met plus de temps à freiner qu’une voiture légère. Ce référent, appelé aussi "conceptions premières" (ou "spontanées"), ne semble jamais disparaître. Au mieux pouvons-nous être conscients de son existence et être vigilants, et ce quel que soit le domaine : les sciences, la religion, l’éducation... Les biais sensoriels Nos organes sensoriels ne sont pas infaillibles, ce qui entraîne une perception déformée de la réalité, appelée biais de perception. Toute perception est une interprétation et 10 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 une construction de la réalité, influencée par des associations constantes à des formes, couleurs ou goûts. (Exemple : Le gout d’une pomme rouge) Nous sommes sujets à des biais visuels, comme la perception de visages là où il n’y en a pas, un phénomène psychologique appelé paréidolie. Notre attention est sélective, ce qui signifie que notre cerveau se concentre sur ce qui l'intéresse, ce qui fait ou a fait sens dans notre vie. Notre mémoire ne retient que ce qui conforte nos opinions, phénomène connu sous le nom de biais de confirmation. Cela peut nuire à une analyse objective d'une situation. Le biais de halo ou de notoriété renforce l'idée que nous restons souvent attachés à notre première impression, même si elle est démentie par la suite. Notre cerveau crée également des connexions rapides, ce qui peut nous amener à deviner ou anticiper plus que nous ne percevons réellement. En somme, notre perception de la réalité est constamment déformée car nous l’interprétons, ce qui est nécessaire mais peut parfois nous induire en erreur. Quelques définitions : - La capacité à percevoir des images dans des formes aléatoires est appelée paréidolie. - On appelle biais de confirmation la tendance à retenir préférentiellement ce qui nous conforte dans notre opinion. - Nous avons tendance à nous fier spontanément à notre première impression. C'est ce qu'on nomme l'effet de halo (ou "biais de notoriété"). Biais de genre La notion de genre remet en question l'idée que les identités masculines et féminines sont naturelles. Judith Butler (philosophe) déclare qu’il ne pourrait non pas y avoir deux identités (homme et femme) mais bien un infinité et souligne que la performativité – la répétition de gestes et rôles attendus – construit notre identité de genre. Cette répétition stylise nos rôles sociaux et notre perception. Les corps, rôles, les objets sont genrés , avec une supposée complémentarité entre hommes et femmes, illustrée par l'image du couple hétérosexuel comme norme. C’est faire preuve d’esprit critique qui nous permet de voir les choses autrement et éventuellement remettre en question cette complémentarité. 11 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Le corps est modelé par des attentes liées au masculin ou féminin, influençant des aspects comme la manière d'occuper l'espace. Ces préjugés se manifestent également dans la sphère professionnelle et familiale, où des rôles genrés sont souvent assignés. Par exemple, les filles sont souvent perçues comme plus enclines à prendre soin des autres. Dans le sport, les biais de genre sont aussi présents, avec une valorisation des sports masculins jugés plus spectaculaires et agréable à regarder. Chacun intègre un certain nombres de préjugés sociaux et culturels (et donc historique) sur la féminité et la masculinité et de ce que cela implique. Parfois, sans nous en rendre compte, nous discriminons sur la base du sexe d'un individu, l'associant plus volontiers à tel type de profession ou à telles affinités, par exemple. Le genre que l'on associe à quelqu'un peut notamment conditionner la façon dont il/elle se meut dans l'espace public, car nous avons toutes et tous intégré des biais sur la façon dont un homme ou une femme est supposé se comporter en société. Être critique, ce sera d’abord remarquer ces différences et s’en étonner, afin de pouvoir les remettre en question ! Biais de légitimité et d'autorité Le biais d’autorité survient lorsqu’une personne fait appel à son statut social, sa position hiérarchique ou encore sa formation pour valider une affirmation ou donner du poids à une opinion. L’exemple des pub. A la télévision où on met en scène des scientifiques pour valider certains arguments et imposer le label « scientifiquement prouvé ». Parfois, c’est une véritable mise en scène où des « scientifiques » expliquent avec force expériences ou graphiques l’effet de tel ou tel produit. Les propos des individus perçus comme des figures d’autorité sont alors considérés comme légitimes sans vérification. Ce renvoi à l’autorité est cependant tout à fait justifié lorsque l’on fait appel à l’expertise d’un scientifique pour un domaine particulier. ➔ Expérience de Milgram. La soumission à une autorité est bien réelle. Il s’agit donc de rester vigilant et de se demander si les ordres reçus sont justifiés et, en fonction de la situation, si la personne qui possède l’autorité est bien compétente et experte dans le domaine. 12 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Biais de confirmations Le biais de confirmation consiste à privilégier les informations qui confirment nos croyances et à négliger celles qui les contredisent. Plusieurs raisons l'expliquent : 1. Peur de la dissonance cognitive : Nous craignons d’admettre que nous pourrions avoir tort. 2. Réticence au changement : En ne nous exposant qu’à des informations qui confirment nos idées, nous évitons les débats internes. 3. Difficulté à adopter une démarche de réfutation : Nous avons l'habitude de chercher à valider nos croyances plutôt qu'à les remettre en question. Les dangers de ce biais sont nombreux : o Excès de confiance en soi : Il renforce l’idée que nous avons toujours raison. o Domaine scientifique : Les experts risquent de biaiser leurs analyses par leurs opinions. o Domaine de l’investissement : Ce biais peut conduire à de mauvaises décisions financières. o Domaine médiatique : Nous nous limitons aux sources d'information qui partagent nos orientations politiques. Les réseaux sociaux amplifient l’impact de ce phénomène. La clé pour le surmonter est de prendre conscience de ce biais et de développer une pensée critique. Biais de raisonnement naturels 13 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Biais du survivant Le biais des survivants est un biais de sélection qui consiste à surestimer les chances de succès d’un évènement en se concentrant uniquement sur les cas de réussite (les "survivants"), qui sont souvent des exceptions, plutôt que sur un échantillon statistique représentatif. L'effet Barnum (ou effet Forer) est la tendance à accepter des énoncés généraux et positifs sur la personnalité comme s’appliquant spécifiquement à soi. Cet effet est souvent exploité dans des domaines comme l'astrologie ou la voyance, où les descriptions vagues permettent à chacun de s’y reconnaître. Effet en témoignage à Mr. Barnum (cirque) car il parvenait à décrire une personnalité sans forcément connaitre la personne. Biais d’engagement (= escalade de l’engagement) Le biais d’engagement, ou escalade de l’engagement, est la persistance à poursuivre des actions malgré l’échec initial. Cela conduit à des décisions irrationnelles pour éviter la perte perçue comme la peur de la « dépense gâchée » ou « du coup-irrécupérable » Ce biais est fréquent, par exemple, en thérapie où l'on persiste dans un traitement malgré des résultats décevants. Pour y échapper, il est recommandé de se fixer des limites claires ou de solliciter des avis extérieurs non impliqués. 2.3 Mise à distance et déconstruction. Prendre conscience de l'influence du contexte Nous sommes tous contextualisé et nous avons tous un ancrage spécifique (culturel, personnel, professionnel, familial,…). Ces ancrages, qu’ils soient positifs ou négatifs permettent de définir la personne que nous sommes et le regard que nous avons sur le monde extérieur. La culture est la résultante tant de notre histoire personnelle (famille, amis, évènements, trajectoires, réussites, échecs...) que de notre rapport au terrain ou à un objet d’étude, aux objectifs fixés par un cadre professionnel voire bien entendu de ses contraintes humaines, techniques, financières, institutionnelles, réglementaires, ou encore éthiques. Que ce soit en science humaines ou en sciences naturelles, le contexte (ce que Michel de Certeau appelle le "lieu") interfère toujours avec la production du savoir. Il ne s’agit pas de le supprimer – car nous sommes tous contextualisés – mais d’en avoir 14 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 conscience et, quand cela est possible, de le contrôler, ou au moins de déconstruire les préconceptions que nous en avons. Déconstruire ses préconceptions. Les préconceptions induisent un regard sur le réel qui n’est pas celui des sujets observés. Elles peuvent induire une série de biais dans la recherche en sciences humaines : o la modification des comportements des enquêtés o l’encliquage (à savoir la restriction des points de vue à celui d’un groupe particulier) o le monopole des sources : fait d’accorder une place privilégiée à certaines sources o la subjectivité du chercheur. Il est dès lors fondamental de déconstruire ses préconceptions ou avoir conscience de leur existence et de leur impact sur l’observation. D’où la nécessité : o de déployer une auto-analyse de ses préconceptions sur l’objet d’étude, o de multiplier les méthodes pour ce faire : carnet d’enquête ou de terrain, intervision, coaching ou supervision, réunion d’équipe, revue de la littérature scientifique... La déconstruction des préconceptions est un enjeu majeur pour produire un savoir plus objectif. Si elles ne sont pas déconstruites, elles induisent des biais de comportement, des perspectives limitées (encliquage), et une représentation erronée du réel. Reconnaître et analyser ces préjugés permet d'avoir une vision plus précise et juste du monde. A côté de la subjectivité du chercheur toute une série de biais, toute une série de problèmes sont entrainées par ces préconceptions. C’est pourquoi il est capital de les déconstruire ou tout au moins de les mettre à distance via une auto-analyse entre autre. 2.4 Conclusion. Qu'on le veuille ou non, nous sommes contextualisés. 15 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 - Le stéréotype est une croyance exagérée, une image ou une vérité déformée ou excessivement simplifiée, à propos d’une personne ou d’un groupe. Tous les humains élaborent des stéréotypes. Il s’agit d’en avoir conscience pour être capable de les remettre en question et éviter de se construire une image biaisée de la réalité. - Le biais est un déterminant qui pré-oriente le jugement. La manière de voir et d’interpréter les phénomènes que nous observons est très souvent influencée par ce que nous savons déjà, notre expérience personnelle et notre intuition. Malgré nos connaissances théoriques, l’intuition joue un rôle important dans la façon dont nous allons traiter une information. De même, la mémoire est sélective et le cerveau a une tendance naturelle à faire des liens rapides. Pour faire face à la masse d’informations qui nous parvient nous sommes obligés de faire des raccourcis et nous sommes entraînés à associer rapidement des idées (pas toujours de manière pertinente), ce qui a tendance à biaiser nos perceptions. - Les préjugés (ou préconceptions) sont des opinions sans examens et font partie des biais. Chacun intègre un certain nombre de préjugés sociaux et culturels – donc historiques – qui peuvent nous conduire à discriminer l’autre (sur base de son genre, son apparence, ses croyances...). Être critique, ce sera d’abord remarquer ces discriminations, s’en étonner et essayer de comprendre d’où elles viennent pour pouvoir les déconstruire. Les préjugés peuvent induire une série de biais dans la recherche de compréhension des êtres humains (exemple :sciences sociales). Ils induisent un regard sur le réel différent de celui des sujets observés. Il est dès lors fondamental de déployer une auto-analyse de ses préconceptions sur l’objet d’étude et de prendre conscience de leur impact sur l’observation. Pour ce faire plusieurs stratégies existent : a. carnet d’enquête ou de terrain pour prendre du recul et noter les émotions qui nous traversent durant le processus de recherche. b. intervision ou réunion d’équipe pour échanger avec des collègues. c. coaching ou supervision pour bénéficier du regard extérieur d’un professionnel. d. revue de la littérature scientifique sur le sujet traité et les difficultés méthodologiques rencontrées par d’autres chercheurs. - La culture est la résultante de notre histoire personnelle mais se construit également au sein de notre milieu professionnel (rapport au terrain ou à un objet d’étude, aux objectifs et en confrontation avec des contraintes humaines, d’ordre techniques, financières, institutionnelles, réglementaires, ou encore éthiques). 16 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Nous appréhendons les autres cultures à partir de la nôtre et avons tendance, consciemment ou inconsciemment, à prendre notre propre culture comme le point de référence à partir duquel nous allons émettre un jugement sur celles qui en diffèrent. C'est ce qu'on appelle l'ethnocentrisme. Enfin, que ce soit en sciences humaines ou en sciences naturelles, le contexte (économique, politique, social, personnel...) interfère toujours avec la production du savoir. Il ne s’agit pas de l'ignorer ni de vouloir le supprimer, car nous sommes tous contextualisés, mais d’en avoir conscience. Chapitre 2 – Identifier ses préconceptions 2ème partie : Effet barnum, biais de confirmation et pseudoscience 17 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 2.1 L’effet placebo (= traitement factice) La réponse placebo et l’effet placebo sont deux termes différents. Le réponse placebo : désigne un changement positif chez le patient, tel qu'un soulagement de la douleur, de l'anxiété, des nausées et est généralement comparée aux résultats obtenus dans le groupe actifs (groupes qui prend les « vrais médicaments »). L’effet placebo : est l'effet thérapeutique obtenu par l'administration de comprimés, liquides, injections et toutes procédures qui n'ont pas d'effet spécifique sur la maladie à traiter On peut découper les effets de chaque traitement en 3 grandes parties : Les effets non spécifiques, l’effet placebo (ou effets contextuels) et les effets spécifiques liés au traitement. Effet Placebo : aujourd'hui, le terme "effet contextuel" est préféré à effet placebo, car il englobe tous les facteurs environnementaux influençant la réponse d’un individu au traitement, ou au dispositif expérimental dans le cadre d’une étude scientifique. Les facteurs influençant l’effet contextuel : - Contexte thérapeutique - Personnalité du thérapeute - Attentes du patient - Nature de la relation thérapeute-patient - Aspect du médicament (sa forme, couleur, etc) - Coût du traitement - Complexité de l’intervention - Etc… 18 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 L'effet placebo/contextuel n'inclut pas les effets non spécifiques du traitement, comme la guérison naturelle des patients, alors que ces effets non spécifiques sont présents dans la réponse placebo. En résumé : Placebo : Un placebo est un procédé thérapeutique n'ayant pas d'efficacité propre ou spécifique mais qui est administré à un patient en lui faisant croire qu’il pourrait s’agir d'un véritable traitement. Le placebo peut prendre la forme de pilules, d'injections ou d'autres interventions. L'objectif est souvent de comparer son effet avec celui d'un traitement actif dans des études cliniques afin de déterminer l’effet spécifique du traitement. Réponse placebo : La réponse placebo englobe l'ensemble des changements observés chez un patient après l'administration d'un placebo. Cela inclut l'effet placebo, mais aussi l’effet d'autres facteurs, tels que la guérison naturelle ou les fluctuations des symptômes. La réponse placebo est donc plus large et inclut toutes les variables qui peuvent influencer l'état du patient en dehors du traitement actif. Effet placebo : L'effet placebo correspond à l'effet bénéfique d'un traitement qui est attribuable au contexte des soins, au conditionnement qu'il génère, ainsi qu'aux attentes positives du patient envers le traitement. Ces effets contextuels peuvent entraîner des modifications physiologiques mesurables, comme la libération d'endorphines ou de dopamine. Lorsqu’ils ont des conséquences négatives pour le patient, on parle alors d'effet nocebo. Effet nocebo : On parle d'effet nocebo lorsque l'effet psychologique ou physiologique est associé à la prise d'une substance inerte (comme une pilule de sucre ou une solution saline), qui n'a aucun effet pharmacologique documenté, engendre des effets délétères pour l'individu. 2.2 L’effet Barnum Lors d’approches pseudo médicales, l’effet Barnum est souvent utilisé. Dans ce cadre, le praticien fait une description suffisamment vague pour pouvoir s’appliquer à beaucoup de gens. Pourtant, la personne qui l'entend peut la percevoir comme un portrait très précis de sa situation personnelle. Cela renforce alors sa confiance dans le diagnostic du praticien, même si ce dernier n'a pas utilisé de méthode scientifique pour le formuler. Exemple : Vous êtes une personne qui se soucie profondément des autres, mais parfois vous vous sentez incompris ou épuisé par la quantité d'énergie que vous consacrez aux autres. Vous avez souvent l'impression que vous ne recevez pas la reconnaissance que vous méritez, ce qui 19 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 cause un stress latent. Votre corps reflète cette tension accumulée, ce qui explique vos douleurs et votre fatigue. 2.3 Le biais de confirmation en science Trois aspects pervers de la culture scientifique peuvent alimenter le biais de confirmation en recherche : - L’impératif du «Publish or Perish» (vise à dénoncer la pression exercée sur les professionnels du milieu académique, en particulier les chercheurs scientifiques, à travers l'obligation, pour avancer dans la carrière, de publier le plus régulièrement possible les résultats de recherches). - Valorisation des résultats positifs - Les études de reproductibilité n’ont pas la cote Attention aussi aux biais de notoriété, légitimité et autorité qui peuvent influencer le crédit accordé à certains travaux et publications scientifiques (impact sur le «peer reviewing» =la révision d'un travail scientifique – soumis pour publication – par des pairs, c'est-à-dire des experts de la discipline sur laquelle porte l'article). Nous sommes également influencé par notre ancrage culturel qui façonne notre vision du monde. Notre parcours personnel et professionnel, ainsi que nos interactions sociales, influencent nos jugements, créant parfois des biais dans nos recherches ou nos interventions. Dans le domaine des sciences de la santé et du sport, cela peut impacter la manière dont: - Nous interprétons les résultats - Nous concevons les expériences - Nous analysons les comportements humains 2.4 Effet de désinformation Notre mémoire est manipulée et nous manipule. Les chercheurs ont constaté que le choix du verbe (exemple : toucher versus percuter) influençait la manière dont les participants se souvenaient de l'accident. Chapitre 3 – Décoder un discours. 1ère partie 20 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 3.0 Introduction Les risques de la manipulation dans un monde saturé d'informations. o La manipulation est au cœur de l'emprise sectaire. Mais cette manipulation ne se limite pas aux sectes ; elle est également omniprésente dans d'autres domaines. o Dans le domaine des soins thérapeutiques, certaines pratiques comme les pseudomédecines ou les thérapies alternatives recourent à des formes subtiles de manipulation pour convaincre les patients de leur efficacité, souvent sans preuves scientifiques solides. o Ces formes de manipulation s'immiscent également dans le domaine sportif, où des techniques non conventionnelles sont parfois proposées comme des solutions miracles pour améliorer les performances physiques ou récupérer après une blessure. o Des biais cognitifs tels que l'effet placebo, l'effet Barnum, le biais de confirmation ou encore le biais d’autorité renforcent ces manipulations, en amenant les individus à adhérer à des traitements inefficaces ou à des discours pseudoscientifiques. o Dans le contexte actuel d'infobésité (=surabondance d’information), la surcharge d'informations conduit à un traitement superficiel des données, fragilisant notre capacité à distinguer le vrai du faux et à détecter les manipulations omniprésentes dans les discours sur la santé, le sport, la politique et plus largement dans la vie quotidienne. Comprendre les stratégies rhétoriques et les manipulations dans les discours o L'infobésité favorise la prolifération de discours qui simplifient ou déforment la réalité pour captiver l'attention ou manipuler des opinions. o Les frontières entre information, opinion et désinformation se brouillent de plus en plus. o Pour naviguer efficacement dans cet océan d'informations, la simple accumulation d'informations ne suffit plus. o Il devient essentiel de développer un esprit critique… o … capable de décoder les stratégies rhétoriques dans un discours, d'identifier les arguments fallacieux et d'évaluer la crédibilité des sources, … o … afin de détecter et comprendre les manipulations présentes dans les pseudosciences, pseudomédecines, les théories conspirationnistes et les Fakenews. 21 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 3.1 Discours, rhétorique et raisonnement fallacieux La rhétorique c’est: - L'art de bien parler - Mettre des mots sur des idées pour persuader - La rhétorique est partout autour de nous - La rhétorique est une technique - Elle peut être apprise - Elle confère le pouvoir de convaincre efficacement tout en se protégeant des manipulations. Comprendre les grands principe de la rhétorique permet de développer un esprit critique. Savoir décoder un discours dans les domaines de la santé et du sport est d’une grande importance pour plusieurs raisons : o Analyser les communications dans le domaine de la santé et du sport : Vous devrez interpréter des articles scientifiques, des directives des autorités de santé ou sportives, ainsi que des conseils thérapeutiques ou d'entraînement adressés aux patients et aux sportifs. o Se protéger des manipulations : Il est essentiel d’être en mesure de détecter les manipulations présentes dans les discours pseudoscientifiques, les régimes populaires ou les thérapies alternatives sans fondements scientifiques. o Communiquer efficacement : En tant que futurs professionnels de la santé et du sport, vous devrez formuler des discours clairs, convaincants et basés sur des faits scientifiques, que ce soit pour conseiller des patients ou des sportifs, ou pour informer le public. 3.2 La rhétorique : sa structure, figures de styles, modes de persuasion et arguments fallacieux a. La structure du discours Le discours rhétorique se compose de plusieurs « parties » o Exorde : Introduction destinée à capter l'attention et à exposer l'enjeu du discours. o Narration : Présentation des faits pour poser le cadre du discours. o Confirmation : Argumentation principale, avec la thèse, les arguments, et les preuves pour convaincre. o Réfutation : Anticipation et réponse aux objections pour renforcer la solidité de la thèse. 22 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 o Péroraison : Conclusion qui résume le propos, réaffirme la thèse et incite à l'action ou à la réflexion. b. Les figures de style Il existe de nombreuses figures de style qui peuvent être regroupées en cinq catégories principales : o Figures d'analogie: Rapprochent deux éléments pour en faire ressortir les ressemblances (exemple : Métaphore, comparaison, allégorie). Exemple de métaphore : «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs, J. Chirac, 2002 ». o Figures d'opposition: Soulignent les contrastes ou contradictions (exemple : Antithèse, oxymore, paradoxe). Exemple d’oxymore : «Un silence assourdissant ». o Figures d'atténuation ou d'exagération : Modifient l'intensité d'une idée ou d'un propos (Hyperbole, litote, euphémisme). Exemple d’hyperbole : «Je meurs de faim». o Figures de répétition : Jouent sur la redondance pour insister sur une idée (exemple : anaphore, allitération, pléonasme). Exemple d’anaphore : «Moi, président de la République… Moi, président de la République, F. Hollande, 2012». o Figures de substitution: Remplacent un terme par un autre pour créer une nouvelle signification (exemple : métonymie, synecdoque, périphrase). Exemple de métonymie : «Boire un verre». 23 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 De manière générale, les figures de style sont utilisées pour embellir, renforcer, ou donner une dimension particulière au discours ou à l'écriture. c. Les modes de persuasion Les modes de persuasion sont des procédés rhétoriques utilisés pour servent à convaincre, capter l’attention et susciter l’adhésion du public par la crédibilité, les émotions et la logique. o Ethos (Crédibilité et intégrité) : L'orateur gagne la confiance du public en projetant ses valeurs et son engagement moral, au-delà de ses qualifications et sa réputation. Exemple : En 1963, dans son discours «I Have a Dream», Martin Luther King, pasteur respecté, se base sur son autorité morale pour unir son auditoire autour de lui et des droits civiques. o Pathos (Émotion) : L'orateur joue sur les émotions pour toucher et mobiliser le public. L’émotion est centrale dans de nombreux discours. Exemple : En 2020, lors de son discours après la mort de George Floyd, Joe Biden fait appel aux émotions de tristesse et d'indignation pour appeler à une réforme de la justice et lutter contre le racisme. o Logos (Logique) : L'orateur utilise des faits et des raisonnements logiques pour convaincre. Exemple : En 2015, dans son discours sur le changement climatique, Barack Obama utilise des données scientifiques pour justifier l'urgence d'agir contre le réchauffement climatique et renforcer les politiques environnementales. d. Les arguments fallacieux 24 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Les arguments fallacieux sont des procédés rhétoriques trompeurs qui utilisent des raisonnements incorrects pour convaincre ou manipuler l'auditoire, tout en donnant l'apparence de raisonnements valides. Deux types d’arguments fallacieux : o Sophisme : Raisonnement trompeur intentionnellement utilisé pour manipuler ou induire l'auditoire en erreur. Il est délibéré et fréquemment utilisé dans les discours ou les débats politiques pour convaincre de manière malhonnête. o Paralogisme : Raisonnement incorrect, commis de manière involontaire, souvent par méprise ou ignorance. Contrairement au sophisme, il n'a pas l'intention de tromper. Six arguments fallacieux : - Sophisme de la solution parfaite : réduire un problème complexe à seulement deux options extrêmes. Exemple : - Les vaccins sont sans aucun risque, pas vrai ? – Non, mais les bénéfices l’emportent largement sur les inconvénients. – Alors les vaccins sont nuls. - La pente savonneuse : prétendre qu’une action entrainera inévitablement une série de conséquences catastrophiques Exemple : sophisme utiliser par Nicolas Sarkozy en 2016 pour combattre la proposition du paquet de cigarette neutre. - L’inversion de la charge de la preuve : demander à quelqu’un de prouver quelque chose qu’on avance est faux, alors que c’est à celui qui avance une affirmation d’en porter la preuve. - Ad personam : attaquer une personne au lieu de ses arguments Exemple : Interview de Sarah Knafo - L’homme de paille : déformer ou caricaturer l’argument de son adversaire pour le rendre plus facile à attaquer. Exemple : - il faut réarmer le pays face aux menaces étrangères ! - Désargenter l’aide social, donc. Quel mépris pour les nécessiteux. - Non ce n'est pas ce que je dis. – Ah si Exemple : Le débat présidentiel de François Hollande en 2012 - L’appel à la majorité ou argument ad populum : affirmer qu’une idée est valide simplement parce que beaucoup y adhère. 25 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Exemple : Le parti nazi a obtenu la majorité des votes en 1933 lors des élections. 3.3 L’emprise sectaire, aspects et mythes Vidéo de Richard Monvoisin https://www.youtube.com/watch?v=aWfkD5m_3vc&t=1411s https://www.youtube.com/watch?v=SfLSxsPG2xI&t=42s L’emprise sectaire n’a pas de définition juridique. Elle est généralement définie comme : Personne morale à but philosophique, spirituel ou religieux dont les organes ou les représentants commettent, pour son compte, des infractions pénales en tant qu’auteur ou complice. Différents critères de définitions existent (discours antisocial, déstabilisation meurtrière,…). Un seul critère ne suffit pas pour établir l’existence d’une dérive sectaire et tous les critères n’ont pas la même valeur. Il est parfois difficile de différencier religion et dérive sectaire et il n’existe pas de méthode infaillible pour s’en extraire ou en extraire quelqu’un car qui sommes-nous pour juger du bien-être de quelqu’un ? Il ne faut pas être stupide pour tomber dedans ni d’être spécialement suggestible. ➔ Différence entre influence et manipulation : o Influencer : obtenir de quelqu’un un comportement qu'il aurait quand même consenti à faire volontiers. o Manipuler : obtenir de quelqu'un un comportement qu'il n'aurait pas consenti à faire volontiers. Les techniques de manipulations utilisées par les sectes sont les mêmes que celles de tous les jours. 10 techniques de manipulation : 1. La stratégie du pied dans la porte : consiste à demander de réaliser un comportement préparatoire (facile et peu couteux) puis demander de réaliser un comportement (en lien avec le premier) plus couteux. 26 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 2. Technique du « Mais Vous Etes Libre De » (= MVELD) : elle consiste à jouer sur un sentiment de liberté auprès de notre interlocuteur. 3. Technique d’amorçage : consiste à obtenir une décision en cachant des éléments, puis miser sur le fait que la plupart des gens ne seront pas revenir sur leur décision. Amener la personne à décider de réaliser un comportement dont le cout réel est caché. 4. Technique du pied dans la bouche : Introduire un élément empathique placé avant la formation de la requête (la politesse ne joue aucun rôle, on fait ça juste pour atteindre son but). 5. Technique du leurre : revient à faire acheter à quelqu’un ce qu’il ne veut pas. 6. Technique de crainte puis soulagement : revient à faire peur à sa cible, puis la rassurer (technique particulièrement efficace et utilisée en politique). 7. Technique de porte au nez : revient à formuler une requête trop importante pour qu’elle soit acceptée, puis au cours du même échange formuler une demande moins importante, qui porte sur un comportement attendu. 8. Technique de don / contre-don ou réciprocité : si on nous rend service, nous nous sentons plus ou moins obligés d’en offrir un en retour. (règle de réciprocité : tendance à s’efforcer de payer les avantages reçus d’autrui, on se sent redevable) 9. La rareté /l’urgence : revient à effectuer une pression sociale (sur des acheteurs par exemple) et pousser la personne à acheter quelque chose sous prétexte que c’est une chance unique qui se présente. Exemple : les soldes 10. L’élitisme/l’étiquetage (rejoint l’effet Barnum) Autres techniques : o Le geste faussement gratuit o La porte au nez o Le toucher o Le love bombing o Le recours au « paranormal » o.. 3.4 Les médecines alternatives, la cas de l’homéopathie Les médecines alternatives ou aussi appelées médecines douces sont l’ensemble des médecines qui ne relèvent de la médecine traditionnelle et qui emploie d’autres forme de thérapeutiques. 27 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 La pensée magique La pensée magique est un bien cognitif et se définit comme la croyance selon laquelle des événements sans rapport entre eux sont liés de manière causale malgré l'absence de tout lien de causalité plausible entre eux, notamment en raison d'effets surnaturels. Expérience de Paul Rozin : consiste à remplir un verre de lait, plonger une mouche dedans et puis proposer le verre à quelqu’un. Logiquement, personne ne veut boire le verre. Il demande alors au gens pourquoi ils ne veulent pas boire le lait et les gens répondent que les mouches sont des insectes sales. Dans la deuxième partie de l’expérience, il remplace la mouche « normale » par une mouche qui a été bouillie et qui est donc propre. Il repropose le verre aux gens et personne ne veut toujours pas boire le lait. Le problème n’est pas la « propreté » de l’insecte mais plutôt l’image qu’on a d’une mouche dans la nature. - Les deux principes a. le principe de contiguïté (magie contagieuse) Les choses qui ont été en contact mais qui ont cessé de l'être continuent à agir les unes sur les autres, comme si le contact persistait. Ce qui a été en contact avec autre chose en garde une trace, même après la fin du contact. (exemple : en cuisine). b. Le prince de similarité (magie homéopathique) Une chose représente autre chose, et cela nous rappelle la chose o agir sur une représentation agit sur le représenté (exemple : poupée vaudou) o L’image d’une chose est la chose (exemple :les cartes géographiques) o Le symbole d’une chose est la chose (exemple : les drapeaux) o Le semblable produit le semble (exemple : l’homéopathie) L’usage d’une substance (plante) peut être déduite de l’observation de sa présence dans la nature (Théorie de Paracelse). A l’heure actuelle, la pensée magique et le principe de similarité sont encore présents dans les publicités et dans certaines thérapies (réflexologie). 2. Quels sont les quatre grands principes sur lesquels repose l’homéopathie ? L’homéopathie L’homéopathie est apparue fin du 18e siècle et n’a pas de fondements scientifiques. Se base en partie sur la théorie de la mémoire de l’eau (=l’eau qui est en contact avec 28 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 certaines substances conserverait une empreinte de certaines propriétés de celles-ci alors même qu'elles ne s’y trouvent statistiquement plus). Elle repose sur 4 grands principes : a) Principe de hautes dilutions Il arrive un moment où on a tellement dilué la substance initiale qu’elle n’est quasiment plus présente dans la solution. Le solvant garderait une trace, une « mémoire » du principe actif même quand il n’y en a plus. b) Principe de pathogénésie Pathogénésie (= ensemble des signes/symptômes provoquées par une substance sur des personnes en bonne santé) Un principe actif étant capable, à dose importante et sur un sujet sain, de donner des symptômes, serait à dose infinitésimale capable d'éliminer ces mêmes symptômes chez un patient malade. Exemple : si un produit X fait vomir un sujet non malade il fera disparaître des vomissements chez un sujet malade grâce à sa préparation homéopathique. Ce principe pose des problèmes - Les remèdes actuels présents en homéopathie sont différent de ceux qui ont été préparés pour élaborer les pathogénésies. - Les symptômes de l’homéopathie se propose de guérir ne sont pas toujours clairement identifiable, ni évaluables objectivement. c) Principe de la dynamisation (succussion) Consiste à agiter le flacon afin que les molécules encore présentes (ou le message qu’elles ont laissé dans la dilution) expriment leurs effets malgré la dilution. d) Principe d’individualisation Chacun est différent et notre corps ne réagit pas de la même manière que celui des autres face à un médicament/plante pour une même maladie. L’homéopathie ne distingue pas des malades mais des types humains (nux vomica, phosphorus,…) Pour pouvoir mettre sur le marché des médicaments « normaux », il faut prouver leur non-nocivité, leur mode de fabrication et démontrer son efficacité propre. 29 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 L’autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments homéopathiques est dite « légère » car il n’est pas nécessaire d’indiquer sur la boite du médicament son efficacité mais simplement prouver sa non-nocivité. Les médicaments homéopathiques sont remboursés. Les sept raisons pour lesquelles l’homéopathie (ou autre méthode alternative) semble fonctionner sont : - On soigne des maladies spontanément résolutives (8 à 9 pathologies courantes guérissent spontanément). - Les causalités (l’esprit humain ne cerne pas bien les causalités). - Les effets contextuels (effet Placebo) influencés par la personnalité du médecin, son assurance, l’allure du médicament,… - L’intuition. - Le biais de confirmation d’hypothèse. - La rhétorique est convaincante, la méthode est sympathique et à l’ai subversive. - La complaisance médiatique. Il n’est correct d’établir un lien entre vaccin et homéopathie même si à première vue, on le pourrait. prophylaxie vs thérapie - Vaccin = prophylaxie (immunité active) -> entraine le système à se défendre contre un mal futur (sauf antirabique). - Homéopathie = thérapie une fois le mal installé. Nature des produits - Vaccin = produits liées à la cause de la maladie (microbes ou virus désactivés ou partie reconnaissable par le système immunitaire). - Homéopathie = produit se contenant de produire le même type de symptôme sur le patient. Dose - Vaccin = dose importante, calibrée pour une réaction immunitaire chez le plus grand nombre. - Homéopathie = dose infinitésimale (voire nulle) qui influe sur l’efficacité, sans mesure. Mécanisme d’action 30 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 - Vaccin = connu. - Homéopathie = ne correspond à rien de connu (hormis « l’effet placebo ») 3.5 Ere de la désinformation La quantité d’informations disponibles a augmenté de manière exponentielle, notamment avec les réseaux sociaux. On parle d'« infodémie » : une surcharge d'informations, où il devient difficile de distinguer le vrai du faux. L’infodémie (mot-valise fusionnant « information » et « épidémie ») est la propagation rapide et large d'un mélange d'informations à la fois exactes et inexactes sur un sujet (par exemple une maladie). À mesure que les faits, les rumeurs et les craintes se mélangent et se dispersent, il devient alors difficile d'obtenir des informations essentielles sur un problème. La diffusion des fake news est facilitée par les plateformes en ligne, qui favorisent l'engagement (partages, likes,...). Ces informations fausses sont souvent plus virales (car plus sensationnelles) que les informations factuelles, ce qui accentue leur impact. 3.6 Les théories conspirationnistes et fake news Les théories conspirationnistes Les théories conspirationnistes/complotistes sont : des théories qui explique un événement comme résultant majoritairement d'un complot, c'est-à- dire d'une action planifiée et dissimulée d'une ou plusieurs personnes en vue de nuire à une ou plusieurs autres personnes. Elles émergent souvent en période de crise, apportant des explications simples à des phénomènes complexes. La peur et la méfiance envers les institutions (gouvernements, médias, science) alimentent l'attrait pour ces théories. Toutes les théories du complot/conspirationnistes présentes trois grandes caractéristiques : 1. Récurrence de thèmes communs 2. Explication simpliste d’événements complexes 3. Incapacité à être réfutées (à l’inverse des théories scientifiques qui peuvent l’être avec le temps par exemple). I. Récurrence de thèmes communs 1. Groupes puissants et secrets 31 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Les théories du complot mettent en avant l’idée qu'un groupe d’individus ou une organisation élitiste, souvent secret, agit intentionnellement en coulisses pour influencer et manipuler les événements mondiaux à des fins malveillantes. 2. Contrôle des masses et dissimulation La méfiance envers les autorités est un thème clé, souvent accompagné de l’idée que les gouvernements et les institutions cachent délibérément la « vérité » au public. 3. Plan de longue date L’idée d’un plan s'étendant sur de longues périodes est courante, car elle permet d’insérer des événements historiques dans un récit de conspiration continue. 4. Lutte du « héros » contre le système De nombreuses théories conspirationnistes mettent en scène un protagoniste ou un petit groupe qui connaît la « vérité » et lutte pour la révéler au monde. 5. Composante apocalyptique Les théories du complot ont souvent une composante apocalyptique, avec des menaces de catastrophes imminentes qui servent à alimenter la peur et l’urgence. II. Explication simpliste d’événements complexes 1. Satisfaction des besoins cognitifs et émotionnels Les explications simplistes aident à réduire la dissonance cognitive en proposant des causes claires et « rassurantes », contrastant avec l'ambiguïté et le stress généré par des événements complexes. Exemple: Le virus de la du COVID-19 aurait été créé en laboratoire. 2. Réductionnisme extrême et attribution intentionnelle Ces théories simplifient des événements complexes en ignorant les facteurs socio- économiques, culturels et historiques. Tout est perçu comme intentionnel, créant un récit accessible et facile à comprendre. Exemple : Les attentats du 11 septembre 2001 auraient été orchestrés par le gouvernement américain. 3. Etablissement simpliste et inapproprié de relations de cause à effet Les théories conspirationnistes établissent des liens entre des événements sans preuve suffisante. Ce biais de causalité amène les individus à interpréter des événements indépendants comme s’ils étaient liés par un plan commun. 32 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Exemple: La vaccination causerait l’autisme (étude frauduleuse de Andrew Wakefield, The Lancet 1998). 4. Ignorance ou rejet de la complexité scientifique contournent la complexité scientifique en promouvant des récits qui ne nécessitent pas de connaissances techniques. Cela les rend accessibles à un large public, car elles évitent les explications nuancées propres au discours scientifique. Exemple : Le réchauffement climatique serait un « canular » orchestré par les scientifiques pour contrôler les masses. III. Incapacité à être réfutées 1. Biais de confirmation Ce biais amène les adeptes de théories conspirationnistes à se focaliser sur les informations qui confirment leur croyance et ignorer ou minimiser chaque élément de preuve qui pourrait réfuter la théorie. 2. Argument de la conspiration en réponse aux contradictions Lorsque des preuves contredisent une théorie conspirationniste, ses partisans les interprètent souvent comme des éléments du complot lui-même. Ainsi, au lieu de remettre en question la théorie, ils voient les contradictions comme des preuves supplémentaires de l’existence et de la puissance de la conspiration. Exemple : Dans la théorie du complot lunaire, les preuves scientifiques ou les photos qui confirment les alunissages du programme Apollo (1969-1972) sont interprétées comme des fabrications de la NASA destinées à maintenir le mythe de l'alunissage. 3. Récusation des sources officielles Les théories conspirationnistes tendent à délégitimer les sources d’information officielles. Ainsi, tout rapport, étude ou déclaration qui contredit la théorie est considéré comme provenant d'une source compromise. Cela rend la théorie difficilement réfutable, car toute preuve contraire est vue comme suspecte et potentiellement manipulée. Les fake news Les fake news sont : sont des nouvelles mensongères diffusées dans le but de manipuler ou de tromper le public. Les articles contenant des infox emploient souvent des titres accrocheurs ou des informations entièrement fabriquées en vue d'augmenter le nombre de lecteurs et de partages en ligne. Elles peuvent émaner de blogueurs ou de réseaux sociaux, de médias, de personnalités politiques ou d'un gouvernement. 33 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Différence entre théories conspirationnistes et fake news Les théories conspirationnistes relèvent davantage d’une croyance stable et souvent de longue durée dans un système global de manipulation. Les fake news sont souvent plus ponctuelles et circonstancielles, créées pour réagir à un événement particulier ou à une situation immédiate. Elles peuvent se répandre rapidement grâce aux réseaux sociaux. Les théories conspirationnistes et les fake news interagissent souvent, s’amplifiant mutuellement pour renforcer des croyances erronées. Cette désinformation est présente dans les domaines politique, sanitaire, et pseudo- scientifique. Pourquoi ces théories et fake news sont-elles attrayantes ? 1. Attraction naturelle pour les récits : Les théories conspirationnistes et les fake news exploitent notre penchant naturel pour les histoires. Elles offrent des narrations puissantes avec des « méchants » identifiables, des « héros » qui luttent pour la vérité, et des enjeux importants. 2. Prédominance de la pensée intuitive : Ces théories et fake news sollicitent des réponses émotionnelles immédiates en exploitant le « Système 1 » de la pensée, caractérisé par des réactions automatiques et intuitives. 3. Besoin de Compréhension et de Contrôle : Ces théories et fake news offrent des récits qui réduisent l'incertitude, procurant un sentiment de contrôle face à des situations perçues comme menaçantes. 4. Recherche d’Appartenance et de Validation Sociale : Ces théories et fake news permettent de trouver un groupe de personnes partageant des idées similaires, offrant un sentiment d'appartenance. Pourquoi ces théories et fake news sont-elles attrayantes ? 1. Conséquences graves sur la santé publique Les croyances erronées peuvent empêcher les gens de suivre des traitements médicaux, pour soigner leur cancer par exemple, ou de prendre des mesures de prévention essentielles, augmentant ainsi le risque de propagation des maladies. Exemples : Jean-Jacques Crèvecoeur et ses théories conspirationnistes autour de la COVID-19. https://www.arte.tv/fr/videos/110189-001-A/citizen-facts/ 34 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 2. Erosion de la confiance dans les institutions La désinformation mine la confiance dans les institutions. Lorsqu'un grand nombre de personnes commencent à douter de la véracité des informations fournies par les experts, cela affaiblit la cohésion sociale et rend plus difficile la gestion de crises comme celles liées à la santé ou à la sécurité publique. 3. Polarisation et conflits sociaux Les théories conspirationnistes exacerbent la polarisation sociale en alimentant les divisions entre les groupes. En renforçant l'opposition à un "ennemi commun", elles peuvent encourager des comportements violents. Exemple : Assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par des pro-Trump, notamment Qanon avec Jacob Chansley). ➔ Il est important de développer un esprit critique pour être capable d’évaluer la fiabilité » des sources. 35 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Chapitre 4 – Evaluer la qualité des sources 4.1 Sources d’information Il y a une trentaine d’années, l’information n’était accessible que sur des supports écrits (journaux, magazines, livres) ou via les médias audio-visuels (radios et télévisions) essentiellement publiques. Avec le développement d’internet, la très grande majorité de l'information nous arrive maintenant en ligne sur les téléphones, tablettes ou ordinateurs. Ainsi que par un nombre bien plus élevé de médias audio-visuels pilotés par des groupes privés. Identifier la nature et les objectifs des sources d’information reçue est essentiel, car la qualité de l’information reçue est fortement influencée par les intérêts et les objectifs des auteurs qui produisent et diffusent l’information. Les principales sources d'information peuvent être placées dans 8 catégories : 1. Les sites des médias de presse d’informations, généralistes ou spécialisés. Généralement disponible en version imprimée ou radio en plus de leur version numérique. La Libre, Le Monde,… Ces articles sont écrit par des journalistes professionnels qui respectent les règles déontologiques ! Parfois ces sources d’informations ne sont disponibles qu’en ligne. 2. Les blogs d’informations, gérés par une ou plusieurs personnes. Leur qualité est extrêmement variable, car il peuvent être portés par des experts dans un domaine mais aussi par tout citoyen qui peut s’autoproclamer auteur et diffuser des informations, voire faire de « réinformation » (=+/- de la désinformation et qui à pour but de répondre à la soit disant malhonnêteté des médias traditionnels d’informations). 3. Les institutions publiques, nationales et internationales, qui diffusent de l’information vers le public. 4. Les sites d’organisations non-gouvernementales (ONG). Elles produisent de l’information en rapport avec leur raison d’être. WWF, Greenpeace,… 5. Les entreprises privées qui communiquent sur leurs produits et services. 36 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Elles peuvent s’associer dans des associations corporatistes qui défendent leur intérêts. 6. Des éditeurs de publications scientifiques, qui diffusent les travaux des chercheurs. 7. Des encyclopédies, qui peuvent être collaboratives (Wikipédia). Elles informent sur l’ensemble des domaines du savoir. 8. Les réseaux sociaux, devenus progressivement des canaux majeurs par lesquels transitent de nombreuses informations, produites par vos amis, et par tous les médias décrits ci-dessus ! En plus de ces sources d'information, il existe une catégorie très particulière, que l'on ne peut pas réellement considérer comme une source d'information, car son objet est de publier de fausses informations ! Ainsi, à côté de sites d’organes de presse diffusant une information de qualité, des sites parodiques se payent la tête des publications dont ils s’inspirent, en caricaturant soit leurs tendances à publier des faits divers sans intérêt, ou en se moquant de personnalités publiques dont ils accentuent les traits. Cette presse, que l’on qualifie de satirique, n'a pas pour seul but de divertir. Son objectif est aussi de dénoncer les travers observés au sein de la société. Dans ce cas, les informations publiées sont évidemment fausses ! Exemple : Gorafi, parodie du journal français le Figaro. PAN en Belgique. On pourrait croire que de telles publications véhiculent ce que l’on qualifie de fake news, des informations mensongères. Certes, toutes les informations publiées sont fausses, mais à la différence de médias qui tendent à désinformer le public, ces publications annoncent clairement la couleur et ne cachent pas que leurs propos n’ont aucun fondement réel ! Mais il est vrai que cette démarche n’est pas sans risque, car certaines personnes pourraient penser que ces informations sont exactes, ou accréditer la thèse que les journalistes propagent des mensonges. ! Il est important de ne pas relayer les informations parodiques en les considérant comme exactes. La qualité des sourcent est extrêmement variable et il serait impossible d’identifier les bonnes et les mauvaises sources parmi toutes celles que l’on retrouve. Certaines sources peuvent automatiquement se retrouver dans une catégorie rassemblant des sites véhiculant une information partiale, biaisée, fausse tandis que d’autres peuvent sembler fiable au premier abord et finalement s’avérer fausse. Aussi, des médias de presse d’informations « classiques » (=journaux), accueillent sur leur site des contributions de lecteurs, sous forme de blogs, dont le contenu est sous la seule responsabilité des auteurs. 37 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Pour identifier la fiabilité d’une source, il est plus intéressant de développer une méthodologie à appliquer, quelque soit la source d’informations, afin d’évaluer la qualité, la validité, la fiabilité de l’information contenue dans la source. 4.2 Intentionnalité des sources d’information Les algorithmes sont des suites d’instruction qui opèrent des traitement sur des données. Il serait difficile de faire sans eux au vu du nombre d’informations que l’on retrouve sur internet. Les algorithmes ordonnes, sélectionnent l’information, voire la suggèrent ou la recommandent. Lors d’une recherche sur Internet, un tas de pages internet nous est proposé. Ces pages apparaissent dans un certain ordre, selon un algorithme de ranking secret, dont on sait qu’il privilégie un principe de popularité ; plus une page est citée par d’autres, mieux elle sera classée. Dans la plupart des cas, ce sont nos propres choix qui alimentent les algorithmes, qui à leur tour nous renforcent dans nos préférences, comportement et convictions. Ils constituent autour de nous des bulles de filtrage. Au départ d’un nombre d’informations variées, l’algorithme adaptent le nombre de source visible afin d’être le plus proche de nous. Il est important de garder en tête que nos activités sur internet/les réseaux sont en permanence récoltées et nourrissent des algorithmes qui cherchent à anticiper notre comportement et à nous conforter dans nos idées, ce qui progressivement nous enfermer dans une bulle « confortable ». Plus cette bulle est « confortable », plus nous y resteront et plus nous continuons à nourrir les algorithmes. C’est un cercle vicieux. Chacun peut en sortir en ayant conscience des mécanismes à l’œuvre et en agissant en conséquence. Ce phénomène n’est pas nouveau. Même avant l’apparition d’internet, l’être humain avait déjà tendance à s’entourer de personne qui partage les mêmes croyances, idées, humour,… Aujourd’hui, il est attendu des plateforme internet plus de loyauté et de transparence quant à leur fonctionnement. Celles qui utilisent des algorithmes doivent dire ce qu’elles font et faire ce qu’elles disent. Un métamoteur est : un logiciel ou un site Web qui permet d'interroger simultanément plusieurs moteurs de recherche et d'obtenir la synthèse de leurs réponses à une requête donnée. Exemple : Google, Bing, Yahoo ! 38 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 4.3 Fiabilité d’une source d’information Lorsque nous recevons une information, il y a trois questions à se poser. o Qui ? – L’auteur : L'auteur est-il fiable? Son identité est-elle connue, et son expertise sur la thématique est-elle reconnue ? A-t-il écrit d’autres articles sur le sujet ? Est-il affilié à une organisation neutre ou plus apparenté à une organisation d’intérêts particuliers ? s’agit-il d’un expert sur le sujet traité ? (utilisation de Google Scholar, qui répertorie uniquement les publications scientifiques) Un article de qualité est généralement signé par l’auteur. Lorsque peu d'informations seront disponibles sur un auteur, c'est la réputation du support -écrit, audiovisuel- qui pourra nous renseigner sur la fiabilité de cet auteur, car on peut à priori supposer qu'un média de bonne qualité ne publiera que des articles pour lesquels les compétences des auteurs ont été vérifiées. o Pourquoi ? – Son objectif : L'auteur de la publication est-il neutre ou est- il lié à des intérêts particuliers, ce qui pourrait nuire à son objectivité ? Présente-t-il différents points de vue ou, au contraire, ne cite-t-il que des publications qui vont dans le sens de la thèse qu'il défend ? L’argumentation est-elle logique ? La conclusion est-elle en accord avec le texte et les idées ? o Comment ? – Exactitude de l’information : Peut-on vérifier l'exactitude des faits rapportés ? S’agit-il d’un rapport de faits ou d’opinions ? Si l'article cite des informations publiées par d'autres sources, la bibliographie est-elle de qualité, pointant vers des publications récentes, accessibles et pertinentes par rapport à la thématique (source primaire), sans en déformer le propos ? Les liens réalisés vers d’autres publications sont-ils pertinents par rapport à la thématique étudiée ? L’utilisation qui est faite des autres publications est-elle correcte sans déformation du propos de la conclusion de ces autres publications ? Il est aussi important de chercher la date de publication d’une information, car une information ancienne a pu être largement contredite par de nouvelles connaissances. De plus qu’il est important de se méfier des titres accrocheurs. Certains titres ne sont parfois qu'un résumé très éloigné du contenu et de la conclusion réelle de l'article dans le seul but de faire acheter le magazine. Il faut donc vérifier l’exactitude du message véhiculé par le titre. « take home message » est une expression anglaise qui signifie que le titre sera la seule chose que le lecteur se souviendra après avoir lu l’article lorsqu’il sera rentré chez lui. 39 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Enfin, connaitre le lieu d’édition de la publication est utile. Différence entre faits et opinions o Les faits sont des événements réels, qui se sont passés ou sont toujours en cours. Ils doivent être décrits sans aucun jugement de valeur, avec la plus grande objectivité. Ils sont reportés par les journalistes. Si l’on modifie un fait, cela s’apparente aux mensonges. Par contre, les interprétations des faits sont toujours subjectives. Exemple : Le 21 juillet 1969, l’homme a posé le pied sur la lune o Une opinion est une interprétation des faits, toujours subjective, exprimée par un auteur. Un éditorial est un article écrit par un journaliste mais qui reflète la position, ou le point de vue de l’éditeur ou la rédaction sur un thème de l’actualité. Parfois, cette opinion est exprimer par des contributeurs extérieurs à l’équipe rédactionnelle. On parle d carte blanche (droit d’exprimer une opinion donné à une personne extérieure à la publication). Exemple : Le fait d’avoir envoyé l’homme sur la lune a coûté trop cher. Suivant les médias, les opinions et les faits sont soit mélangés soit clairement séparés, ce qui signifie leur identification. Pour distinguer un fait d'une opinion, on peut utiliser un verbe associé à la perception. Si l’on peut ajouter les verbes comme « je vois, j’entends » devant le propos, c’est qu’il s’agit fait. Si pas, c’est une interprétation. Dans un article, si les paroles d’une personne sont rapportées par l’auteur, il est d’usage de les entourer de guillemets. Dans ce cas, le contenu doit être exactement ce qui a été exprimé par la personne, sans aucune modification. Objectivité du contenu Un point des point important pour évaluer la fiabilité d’une publication est l’objectivité des auteurs. L'objectivité des journalistes de presse est souvent remise en question par certains groupes ou individus qui les soupçonne de créer des complots organisés. Certaines personnes soupçonnent les journalistes de ne pas être objectif et les termes de « merdias » ou journalopes » sont apparus. Les médias peuvent également volontairement falsifier la réalité pour qu’elle leur soit plus rentable. C’est le cas de la presse "People" qui n’hésite pas à retoucher des photos pour leur faire dire une relation supposée entre deux personnalités. Mais aussi parfois, simplement pour rendre plus présentable l’image d’un homme ou d’une femme politique en vue. 40 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Dire que les journalistes sont malhonnêtes serait prendre les exceptions de dérapage accidentels pour la règles et méconnaitre la complexité du travail journalistique. Il faut distinguer trois activités constitutives du journalisme : 1. Les journalistes s’engagent à rechercher la vérité d’intérêt général, pas d’intérêts particuliers ou de l’intérêt économique de leur média. 2. Les journalistes exercent la liberté d’expression des opinions, par nature subjectives. 3. Les journalistes racontent le monde tel qu’il est. Raconter, c’est adopter un point de vue de narration, c’est choisir des éléments, en ignorer d’autres, ce qui laisse une place à la subjectivité. Être objectif n’implique donc pas la neutralité, et n’exclut ni les opinions, ni les émotions. Mais cela implique d’appliquer des procédures de vérification de l’information. Publicité et journalisme d’information Des règles déontologiques régulent la manière dont la publicité doit être différenciée des informations indépendantes, afin d’éviter toute confusion pour les lecteurs. Ainsi, les journalistes ne peuvent participer à des contenus publicitaires et les annonceurs ne peuvent participer à des contenus journalistiques. Une distinction formelle doit être faite entre publicité et information. La mention publi-reportage doit accompagner les publicités qui se présentent sous la forme d’un texte. 4.4 Les publications scientifiques Les chercheurs publient leurs résultats et leurs analyses dans des publications scientifiques spécialisées et des monographies (=livre dans lequel le scientifique publie ses recherches). Les publications scientifiques sont publiées sous la responsabilité d'un éditeur chargé de s'assurer de la qualité de la publication via un processus d'évaluation par des pairs (peer review), c'est-à-dire des experts du même domaine que les travaux soumis pour publication. Il n'est pas facile d'avoir accès à ces publications qui peuvent être payantes pour le citoyen. En outre, ces publications sont souvent peu accessibles en raison de leur contenu très pointu et peu compréhensible si on n'est pas formé à la discipline. L’information sur les travaux des chercheurs nous parvient donc par l’intermédiaire d’articles dits de « vulgarisation scientifique » qui ont pour objectif de rendre les travaux scientifique compréhensibles par des non-spécialistes. Les documents scientifiques se classent en article et en livre. 41 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 L’article est publié dans une revue scientifique. Elle est publié par un éditeur scientifique et diffusé de manière périodique et généralement lié à la discipline. L'objectif de la revue scientifique est donc bien de diffuser le savoir sous forme d'articles scientifiques. Ces articles sont écrits par des chercheurs qui appartiennent à des universités ou à des institutions. Une publication scientifique est caractérisée par plusieurs champs d'information comme : o le titre qui précise la thématique o les auteurs et leur affiliation à une institution de recherche o l'année de publication o une introduction qui décrit la problématique et l'hypothèse de recherche située par rapport aux connaissances antérieures o le résumé qui présente les résultats principaux obtenus o la méthodologie suivie qui doit permettre à d'autres chercheurs de reproduire ces expériences en répétant les mêmes protocoles o les résultats obtenus o une discussion qui interprète ces résultats par rapport à l'hypothèse initiale, et en les confrontant aux travaux antérieurs o une conclusion ouvrant sur les perspectives d'études qui pourraient être réalisées o une bibliographie, reprenant toutes les sources citées dans l'article Le processus d'évaluation par les pairs n'est pas infaillible et des erreurs peuvent entacher les publications. Le facteur d'impact de la publication et le nombre de citations de l'article peuvent être des indices de la qualité d'une publication. Pour calculer ce facteur, on divise le nombre de citations d’articles publiés durant les deux années précédentes par le nombre total d’articles publiés durant ces deux années. Ce facteur varie entre 0 pour le plus mauvaises et 50 pour les meilleures revues. Si il est de 1, cela signifie que chaque article publié est cité annuellement par un seul autre article. Cet indicateur est fortement influencé par la discipline de recherche, qui conditionne le nombre de revue disponibles pour publier et du nombre de chercheurs. La langue des publications influence aussi le facteur d’impact. 42 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 ! L’effet de Halo ou biais de notoriété peut être une cause de publication malgré le fait que l’article scientifique soit médiocre. 43 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Une introduction aux usages critiques de L’IA Comment structurer une requête dans ChatGPT ? Une requête, qu’on appelle également prompt doit se structurer d’une certaine manière afin d’avoir le contenu le plus pertinent lorsqu’on discute avec une intelligence artificielle. Il faut : - Indiquer un rôle Préciser le rôle que l’on a lorsqu’on formule notre prompt permet à l’IA de savoir exactement la structure du contenu à produire. Il faut donner à l’IA un « chapeau » à porter (mentor, partenaire de débat, expert, personnages scientifiques,…) Exemple : « Je suis un journaliste avec 20 ans d’expérience, et j’écris un article sur les IA ». - Donner des éléments de contexte Le contexte permet à l’intelligence artificielle de comprendre au mieux la question/le sujet traité(e) et grâce à cela, elle sera en mesure de formater la réponse convenablement. Cela peut inclure des informations de base, des exemples ou des détails pertinents. Attention toutefois à ne pas donner trop de détails superflus qui pourraient surcharger le prompt. - Définir la tâche Il est important de définir la portée et les limites du résultat qui sera généré par l’IA afin d’avoir le résultat le plus en adéquation avec la manière dont on va l’utiliser. - Préciser format de la sortie Lorsque l’on parle avec ChatGPT, il est important de lui dire la forme de la réponse qu’on attend. On peut notamment contrôler le ton, le style, le format, la longueur,… Exemple : « Je souhaite que tu me répondu sous forme d’un article de journal qui sera compréhensible pour des enfants de 6 ans. » - Effectuer des tests Demander à nouveau la même question, (ré)éditer votre prompt pour voir si des différences apparaissent. Les prompt peuvent-être regroupés en différentes catégories selon leur niveau de complexité. - Interaction de base avec l’IA généraliste - Création de prompts sophistiqués. - Développement d’un esprit critique envers les résultats de l’IA généraliste 44 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 ➔ L’intelligence artificielle est capable de générer une réponse correcte malgré des fautes de frappes. Exemple : perdre du point -> compris et corrigé comme perdre du poids. La dernière mise à jour de Copilot permet de conserver les interactions qu’on a eu précédemment avec l’IA. Copilot répond généralement avec les mots qui sont les plus rechercher sur Internet Quels usage des IA en tant qu’étudiant ? Différence entre faits et opinions Un fait est : vrai et peut être vérifié, prouvé. Il est fondamental à l'information car c'est un concept régulateur qui nous permet de constater des choses collectivement. Une opinion est : un point de vue qui est propre à celui ou celle qui l'exprime point. C'est une perception qui peut varier d'une personne à l'autre. Même si beaucoup de gens partagent une opinion, elle ne peut pas être prouvée. Pour distinguer les deux il faut d’abord distinguer la section dans laquelle l’information a été publiée. Ensuite, il faut identifier l’auteur. Un reporter utilise les faits comme matière brute. Il les rapporte sans les transformer, de la manière la plus neutre et la plus objective possible. Lorsqu'il rapporte des opinions, ce sont celles des gens qu'il a interviewées pas les siennes. Il vise alors un équilibre entre les différents points de vue. Un chroniqueur utilise plutôt un regard subjectif. Il parle en « je » et signe des textes qui expriment son opinion personnelle. 45 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Un éditorialiste utilise aussi un regard subjectif. Il écrit des textes qui illustrent le point de vue des propriétaires de la publication pour laquelle il écrit. Un bloggeur sur internet et les réseaux sociaux partagent ses opinions. Internet et les algorithmes Internet nous offre une réalité sur mesure grâce aux algorithmes. Les algorithmes nourrissent le biais de confirmation ce qui nous place dans un état d’isolement intellectuel et culturel. Moins nous passons de temps à lire des informations avec lesquelles nous sommes en désaccord plus nous interagissons sur les plateformes et plus les compagnies font des revenus publicitaires. Une bonne recherche sur internet revient donc à : o vérifier les sources o confronter les informations o lire les articles au complet o prendre du recul o identifier le/les auteurs. ! Pubmed et Bing ne sont pas des sources. Le type de source à privilégier sont les éditeurs de publication scientifiques 46 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Chapitre 5 – Comprendre la démarche scientifique 5.0 Introduction Face à une question précise, les réponses que l’on peut trouver sont fortement influencées par la démarche qui est mise en œuvre : une démarche inappropriée ne peut mener à des réponses fiables. Aussi, pour analyser la réalité avec rigueur, les chercheurs utilisent une démarche qualifiée de scientifique. 5.1 Raisonnements en sciences expérimentales La science établit des connaissances objectives sur une base rationnelle. La connaissance scientifique n’est pas le fait d’opinions : elle porte sur des objets et des faits observables qui sont descriptibles grâce à un langage commun (exemple : les mathématiques). La science établit des relations entre ces faits ou ces objets, typiquement des relations de cause à effet (exemple : si je caresse le chat, il ronronne), des relations fonctionnelles, des relations ensemblistes (exemple, l’organisme est fait d’organes, qui sont fait de cellules,…) ou encore des relations structurelles, ce qui nécessite de tenir des raisonnements. Ces raisonnements, de trois types, doivent répondre à certaines exigences pour constituer de manière valide une connaissance. Ils reposent sur l’existence de régularités dans les observations que l’on peut opérer sur les objets d’étude. Tous ces raisonnements sont objectifs, dès lors qu’ils sont l’œuvre de la raison. L’expérimentation est beaucoup plus difficile à tester en sciences humaines qu’en sciences expérimentales. Si d’un cote on conçoit que selon l’objet qui est étudié en sciences naturelles ou en sciences humaines la méthodologie appliquée pour générer des connaissance peut varier, d’un autre côté, on reconnait des termes communs aux raisonnement élaborer pour y parvenir. Les différents types de raisonnement La déduction Ce raisonnement part de relations connues, hypothétiques ou élaborées sur base de formulations mathématiques : en sciences expérimentales, par exemple, on formule une hypothèse et pour la valider on va concevoir une expérience qui permettra par déduction de la valider… jusqu’à preuve du contraire. 47 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 On peut schématiser ce type de raisonnement comme suit : "Je sais que dans ce sac rempli de billes, toutes les billes sont bleues. Donc si je prends une bille, je déduis qu’elle doit être bleue." L’induction Il repose sur le fait que la réalité comporte des régularités, des constantes, des relations qui se reproduisent, et nous amène à proposer une hypothèse. En sciences expérimentales, ces hypothèses posées sont éprouvées expérimentalement sur un mode hypothético-déductif. On peut schématiser l’induction comme suit : "Je prélève une bille d’un sac dont je ne sais rien d’autre qu’il contient des billes. Oh ! Elle est bleue." On réitère la démarche et l’observation, la nouvelle bille prélevée est à nouveau bleue. Par induction, on propose l’hypothèse qu’en fait dans ce sac toutes les billes sont bleues. L‘abduction Il existe un troisième type de raisonnement que l’on mettra typiquement en œuvre quand il n’est pas possible de réaliser une expérience sur un objet d’étude. La base du raisonnement tient à nouveau à la régularité des phénomènes observés. Ce raisonnement – l’abduction – peut être schématisé comme suit : "Je sais que dans ce sac les billes sont bleues, la bille que j’ai en main est bleue, je propose donc qu’elle vienne de ce sac." 48 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 Déduction, induction, abduction sont des modes de raisonnements déployés dans toutes les sciences, de manière plus ou moins importante, selon la nature des faits, des objets et des relations qu’on étudie. Tous ces raisonnements reposent sur l’existence de régularités dans les observations que l’on peut opérer sur les objets d’étude. Tous ces raisonnements sont objectifs, dès lors qu’ils sont à l’œuvre par raison. Les relations qui sont alors décrites au terme de notre démarche inductive, déductive, ou abductive, doivent également répondre à certaines exigences au-delà de leur adéquation au raisonnement. Exigence de cohérence La démarche scientifique doit amener à des conclusions qui soient cohérentes avec ce qui est connu par ailleurs, éventuellement établi par d’autres sources ou d'autres disciplines scientifiques. Cette exigence de cohérence impose aussi de la prudence, car la connaissance scientifique doit pouvoir se laisser bousculer. La science n’est pas un savoir assis et immuable. Les connaissances évoluent au gré des observations qui ne sont jamais finies, car on invente de nouveaux outils pour voir plus loin, plus petit, plus profond. La science continue à s’enrichir en raison de l’incomplétude des connaissances et des observations. Le souci de cohérence impose de prendre en compte que la connaissance établie sur base d’un raisonnement soit valide, jusqu’à ce qu’on apporte la preuve qu’autre chose que ce que le raisonnement prévoit soit possible. Les raisonnements en sciences humaines En raison de leur objet, les sciences humaines et sociales sont nécessairement ancrées et situées, liées à des valeurs que le discours scientifique ne va pas supprimer mais tenir autant que possible à distance pour tendre vers une forme d’objectivité et de neutralité. Chaque discipline va livrer un type de discours, fournir une vision de la réalité 49 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 sociale étudiée. Chacune va le faire à sa manière, au départ des méthodes propres à son champ disciplinaire et de qualités communément partagées, comme la rigueur scientifique et l’honnêteté intellectuelle. o L’objet de l’anthropologie L’objet de l’anthropologie sociale et culturelle consiste dans la description d’un groupe particulier, une communauté ou une nation (un peuple). La démarche repose sur des interactions multiples entre un chercheur et des interlocuteurs issus d’un groupe donné, via une démarche de type "observation participante". L’anthropologue prend conscience de sa propre subjectivité, de ses catégories de pensée, afin de pouvoir, en meilleure connaissance de cause, approcher d’autres manières de dire et de ressentir le monde, afin de se saisir de catégories différentes des siennes. Sur la base d’une expérience acquise, le chercheur mène un travail de traduction, entre les catégories mobilisées par des personnes d’une culture donnée et celles compréhensibles par ses lecteurs. Il consigne dans des "cahiers de terrain" les données qu’il observe, en fait une description précise, sans jugement de valeur et, sur cette base, il rédige un rapport, mieux connu sous le nom de "monographie". En ce sens, le discours anthropologique est surtout descriptif. o L’objet du droit Le juriste, lui, étudie l'ensemble des règles qui régissent la conduite de l'homme en société et les rapports sociaux : il identifie les règles juridiques en vigueur, il consulte les conventions internationales, les lois nationales... pour décrire le droit applicable, expliquer les choix posés par le législateur ou expliquer les décisions prises par les juges. Il évalue ces choix au départ des principes assurant la cohérence de l’ordre juridique. Il pointe les marges d’appréciation que laisse le droit, il souligne les tensions, voire les contradictions qui opèrent entre les différentes sources du droit et il se prononce, au départ d’arguments juridiques, en faveur de l’une ou l’autre solution. En ce sens, le discours juridique est à la fois descriptif et prescriptif. 50 LFMS1103 – STECKER Flavie – Q1 2024 En droit, comme en anthropologie, c'est la rencontre de qualités similaires (le temps long de l’analyse, la rigueur, la précision, la comparaison ou la confrontation des sources, l’absence de jugement de valeur,...) qui attestent du caractère scientifique de la démarche. Dans toute situation, l’anthropologue et le juriste gagnent à compléter leurs approches de l’apport d’autres disciplines, qui mettent l’accent sur d’autres dimensions, qui leur permettent de voir d’autres choses que ce que leurs lunettes offrent comme vision et qui leur permettent d’aiguiser leur regard critique sur la réalité étudiée. Autrement dit, une démarche critique et interdisciplinaire permet de mieux saisir une problématique et de là, mieux appréhender le réel dans toute sa complexité. 5.2 La démarche scientifique – Qu’entend-on par la ? La méthode scientifique en sciences expérimentales et humaines est un ensemble structuré de pratiques visant à produire des connaissances fiables