Summary

Ce document présente une analyse de l'économie politique des industries de la culture et de la communication. Il détaille les contextes historiques, les approches théoriques et les développements théoriques majeurs des années 1980 et 1990. Les concepts clés, comme l'industrie culturelle, le public-marchandise, la valorisation, sont abordés. Le cours porte sur les problématiques liées aux médias et aux nouvelles formes de valorisation dans ce secteur.

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Economie de la communication Economie politiques des industries de la culture et de la communication Dans quel contexte émerge l’économie politique des industries de la culture et de la communication ?  Après la seconde guerre mondiale : les “30 glorieuses”  Compromis de l’État providenc...

Economie de la communication Economie politiques des industries de la culture et de la communication Dans quel contexte émerge l’économie politique des industries de la culture et de la communication ?  Après la seconde guerre mondiale : les “30 glorieuses”  Compromis de l’État providence + consolidation d’un capitalisme consumériste mené par les Etats-Unis  Essor des grands médias généralistes que sont la presse populaire, la radio, et le cinéma, puis développement de la télévision à partir des années 50-60 ; politiques de « démocratisation culturelle » Dans quel contexte émerge l’économie politique des industries de la culture et de la communication ?  En même temps, à partir de la fin des années 1950 : développement de sous-cultures jeunes  Emergence de médias et de produits culturels propres à ces teenagers : transistor, presse spécialisée, stars anticonformistes ou contestataires...  Fin des années 60 et début des 70s : contre-culture ; “nouveaux mouvements sociaux”; forte remise en cause des politiques culturelles issues de la seconde guerre mondiale ; tournant de « l'action culturelle ». Edgar Morin et la notion de “culture de masse”  Hypothèse d’une uniformisation positive des consommations culturelles (dépassement des barrières générationnelles et socio-économiques).  Pour Morin, l'industrie culturelle est constituée du culte de stars et d’un encouragement à la consommation : « C'est naturellement que la star oriente la mode. C'est pourquoi le formidable système de la publicité moderne, en captant le courant pour ses fins marchandes, l'accroît et le multiplie. »  Usage social de stars comme « désir d’appropriation magique » : un besoin humain ancestral  Ambivalence de ses analyses : « misère du besoin et la vie morne et anonyme qui voudrait s'élargir aux dimensions de la vie du cinéma » ; « l’admirable coïncidence du mythe et du capital, de la déesse et de la marchandise » De nouvelles perspectives de recherche autour de la question des cultures populaires et des industries culturelles Pour les auteurs de Capitalisme et industries culturelles (1978) les thèses de Morin constituent en fait un discours idéologique qui vise à justifier : → l’incorporation de modes de vie et de valeurs bourgeoises et petites bourgeoises au sein des pratiques culturelles des classes populaires ; → des consommations sans usages (“hifi sans oreilles éduquées, livres non-lus, tourne-disques sans disques, appareils photos remisés au fond du placard”). Cette « culture de masse » irait selon eux à l’encontre d’une véritable culture populaire, c’est à dire de pratiques culturelles impulsées par la base de la société. De nouvelles perspectives de recherche autour de la question des cultures populaires et des industries culturelles A cette époque la lutte contre le système capitaliste est conçue à la fois comme une lutte sociale et une lutte culturelle (faire la révolution dans les esprits, révolutionner les mœurs). L’ouvrage Capitalisme et industries culturelles propose une évaluation, dix ans après 1968, des politiques dites de “l’action culturelle” Pour ses auteurs, la démocratisation culturelle est peut-être un objectif louable mais impossible dans le cadre des rapports de production capitalistes. Ces politiques renforceraient les intérêts privés des dirigeants des industries culturelles en fournissant des « viviers » peu coûteux dans lesquels les capitalistes peuvent puiser afin de valoriser le capital investi. La question de la valorisation dans les industries de la culture et de la communication Ces auteurs constatent comment le capital est « mis en valeur » dans le secteur de la culture, dans les industries culturelles, y compris en intégrant :  idéologies des opprimés ;  cultures nationales et minoritaires, régionales ;  idéologies « sauvages » « anticonformistes » (sous-cultures, contestataires) ;  couches populaires ;  jeunes ; petite bourgeoisie intellectuelle ou artistique https://www.youtube.com/watch?v=4RuzVa4W_GA https://www.youtube.com/watch?v=F9mbv_ZFWSU La question de la valorisation dans les industries de la culture et de la communication Les processus / phénomènes permettant de mitiger le caractère aléatoire de la valorisation :  la dialectique du tube et du catalogue  la recherche permanente de nouveaux talents et de nouvelles formes  la généralisation d’une « sous-traitance qualifiée »  le marketing et l’obsolescence programmée  le recours au soutien de l’Etat 3. Key approaches and evolutions in Critical Political Economy of Media (1960-1995) La dialectique du tube et du catalogue Ces industries doivent pouvoir compter à la fois sur des “tubes”, des succès majeurs qui généreront d'énormes profits, mais aussi sur un très large catalogue de produits de base souvent invendus, qui alimenteront hypothétiquement ce marché imprévisible. Ces activités sont donc sous-tendues par des produits « stars » extrêmement rentables, permettant l'existence même de ce vaste catalogue de contenus et de services non rentables. → Lien avec la notion de « longue traîne ». → Rappeler les origines socio-techniques, idéologiques et économiques du star-system et de ses « avantages ». 9 3. Key approaches and evolutions in Critical Political Economy of Media (1960-1995) Une recherche constante de nouveaux talents et de nouvelles formes d'expression Même si les industries culturelles savent très bien utiliser les recettes déjà observées (star system notamment, réutilisation de célébrités, suites d'œuvres, etc.), il est impératif dans ces industries, plus que dans d'autres secteurs économiques, de se prémunir contre ce qui peut être perçu comme un déclin de la créativité, un besoin d'innovation plus important que dans d'autres secteurs économiques. Ces industries doivent rechercher de nouveaux talents, encourager de nouvelles formes artistiques et intégrer des contributions marginales. 10 La question de la valorisation dans les industries de la culture et de la communication La sous-traitance qualifiée Cette thèse aussi appelée “oligopole à franges” propose que les industries culturelles se structurent autour d’une complémentarité entre petits acteurs “indépendants” et oligopole. Il y a un partage de compétences entre les deux et non pas une véritable situation de concurrence. Simultanément, on assiste à l'absorption régulière de “petits” acteurs par des “gros” ; mais, en parallèle, on constate l’émergence continue de nouvelles petites structures, et le caractère durable de la fonction “viviers” R&D de ces petites structures. 3. Key approaches and evolutions in Critical Political Economy of Media (1960-1995) Le marketing et l’obsolescence programmée Historiquement, il s'agit là d'une réussite majeure de la presse, qui génère un besoin constant de renouvellement de la consommation. Cette stratégie est encore particulièrement fréquente aujourd'hui, par exemple avec la succession effrénée de nouvelles « versions » et « mises à jour » des produits médiatiques. Elle renvoie à la question plus générale de la « rotation accélérée du temps de consommation » (Garnham), processus renforcé par les médias électroniques et numériques fonctionnant en temps réel continu. De cette évolution découle l'une des principales contradictions socio- économiques du domaine : la concurrence de plus en plus intense, au sein des médias et avec d'autres industries, pour capter l'attention de plus en plus limitée des consommateurs. C'est là que le marketing prend tout son sens. 12 3. Key approaches and evolutions in Critical Political Economy of Media (1960-1995) Le soutien public Les grandes entreprises privées des industries culturelles profitent directement ou indirectement des subventions de l’État ou des dispositifs de régulation comme les politiques de soutien de créateurs amateurs, les quotas de musique francophone à la radio, la redistribution via le CNC. Les industries culturelles bénéficient également de l'arsenal législatif de soutien à la propriété intellectuelle contre le “pitratage”. Enfin, le rôle clé du financement par l'Etat des infrastructures de communication, depuis les années 70 et encore aujourd'hui : « les contribuables supportent le coût du système de distribution, tandis que les capitaux privés engrangent les bénéfices » (Garnham) 13 La question de la valorisation dans les industries de la culture et de la communication Une nouvelle proposition théorique émerge à la fin des années 1970 : le public-marchandise (audience commodity) Il s'agit du processus de « création, d'emballage et de vente, non pas de biens culturels et informationnels à des consommateurs directs, mais de publics à des annonceurs ». Cette notion d'audience-marchandise a été mise en avant par Dallas Smythe en 1977. Smythe a décrite ce mode de valorisation comme un “angle mort dans l'économie politique des médias”. Il propose de considérer comment la production médiatique et culturelle alimente directement production matérielle (biens et services) et le système capitaliste plus largement. La question de la valorisation dans les industries de la culture et de la communication Et un certain regain de l’ambition de changement social de l’économie politique des industries de la culture et de la communication... « Le développement de l'économie politique dans la sphère culturelle n'est pas une simple question d'intérêt théorique, mais une priorité politique pratique et urgente. (...) Pour comprendre la structure de notre culture, sa production, sa consommation et sa reproduction, ainsi que le rôle des médias de masse dans ce processus, nous devons affronter certaines des questions centrales de l'économie politique en général, le problème du travail productif et non productif, la relation entre les secteurs privé et public, et le rôle de l'État dans l'accumulation capitaliste, le rôle de la publicité dans le capitalisme tardif ». (Nicholas Garnham, 1990). La question de la valorisation dans les industries de la culture et de la communication Quelques développements théoriques majeurs des années 1980 et 1990 Trois évolutions majeures depuis les années 1980 (B. Miège) 1. Individualisation des pratiques (/télévision familiale généraliste ; /pratiques cinématographiques collectives) + stratégies industrielles tendant à l'extension du paiement par l'usager. 2. La dématérialisation a souvent été présentée comme un progrès et un facteur d'amélioration (baisse des coûts de reproduction et personnalisation de l'offre) mais B. Miège tempère et pointe des résistances 3. Une nouvelle étape dans l'industrialisation et la marchandisation de la culture et de la communication. Libéralisation des télécoms, fin des monopoles de l'audiovisuel public, extension de la commercialisation à des domaines jusqu'alors protégés (services publics, éducation et administration). Ceci dans un contexte marqué par un antagonisme croissant entre les industries de contenus et les industries de communication. La question de la valorisation dans les industries de la culture et de la communication Quelques développements théoriques majeurs des années 1980 et 1990 Jean-Guy Lacroix et Gaëtan Tremblay offrent une vision perspicace des développements à venir dans les industries des médias, à la fin des années 1990 :  Persistance de la concentration et du modèle de l'oligopole marginal (i.e. GAFAM)  Montée en puissance du modèle d'intermédiation (plateformes numériques d'intermédiation)  Risques accrus pour la diversité culturelle, les conditions de travail, la diversité politique et la démocratie  Intégration de la quasi-totalité des activités culturelles et de communication dans l'espace commercial et industriel  Dilution de leurs spécificités et extension des caractéristiques du secteur culturel à l'ensemble de la production économique

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