Développement du bébé PDF
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Ce document fournit un aperçu du développement du bébé, de la période prénatale à la naissance. Il couvre la sensorialité et la perception fœtales ainsi que les mécanismes d’apprentissage et d’évolution du bébé.
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I. Sensorialité et perception fœtales 1. Déclinaison de genèses Genèse = génération en latin Phylogenèse : à l’échelle d’une espèce (centaines de milliers d’années pour l’Homme) Ontogenèse : à l’échelle d’une vie (dizaines d’années) Embryogenèse : à l’échelle de la période...
I. Sensorialité et perception fœtales 1. Déclinaison de genèses Genèse = génération en latin Phylogenèse : à l’échelle d’une espèce (centaines de milliers d’années pour l’Homme) Ontogenèse : à l’échelle d’une vie (dizaines d’années) Embryogenèse : à l’échelle de la période embryonnaire (semaines) -> échelles temporelles différentes pour décrire des changements développementaux Repères temporels en période prénatale : Âge gestationnel (AG) : à partir des dernières règles = semaines d’aménorrhée (SA) -> convention clinique Âge embryologique : à partir de la fécondation = nSA - 2 semaines -> date de conception Chez l’humain : durée de gestation est de 42 semaines (SA) o Très variable (37-42 SA) o Prématuré : naissance à moins de 37 SA (moyenne entre 32 et 37 ; grande entre 28 et 32 ; très grande < 28) o Viabilité de l’embryon aux alentours de 22 SA (très peu de décès dus à la prématurité dans les pays développés) (-> donc très grande prématurité entre 22 et 28) 2. Différenciation embryon/fœtus Mise en commun des matériels génétiques L’étape pré-embryonnaire : 1re semaine après fécondation (surtout des divisions cellulaires) Période embryonnaire : 2 mois (2-9 semaines) (mise en place des organes vitaux) Période fœtale : commence à 10 semaines (on devient un fœtus) jusqu’au terme o 12 semaines : date limite pour une IVG (différenciation sexuelle) Au terme du 1er mois, l’embryon mesure 6 mm et pèse 1g. Apparition très vite du système nerveux. 3. Les populations et techniques d’étude du fœtus Modèles animaux non-humains Naissances prématurées (beaucoup de naissances prématurées entraîne des handicaps) Techniques non invasives : échographies (tissus) -> possibilité de voir les mouvements ; Doppler (sang) II. Méthodes d’études du bébé Mise en place d’une sensorialité fœtale : Comment appréhender le fonctionnement psychologique du fœtus ? -> en remontant aux 1res informations traitées par le cerveau Sensorialité : cellules sensorielles Perception différenciée de l’environnement physique : câblage entre les cellules et le cerveau Vers une cognition fœtale ? Sur quelles preuves peut-on s’appuyer ? Indices comportementaux : preuves = mouvements Indices physiologiques : preuves = rythme cardiaque, réponse électrophysiologique Bichat (XIXe) pensait, tout comme les médecins/psychologues de son époque, que les fœtus vivent dans un monde sans stimulus -> alors qu’au XXe, les considérations changent. 1. Réactivité fœtale Motilité : Preyer (1855) : enregistre les mouvements du fœtus avec ses mains et les changements du rythme cardiaque avec un stéthoscope. de Vries (1987) : utilise l’échographie pour décrire dans sa thèse (étude longitudinale) 16 modèles comportementaux entre 9 1/2 - 20 semaines. Au début, de grands mouvements (vers la 8e semaine), puis des mouvements plus fins (car moins de place dans l’utérus) tels que de la succion, des rétroflexion de la tête, des mouvements réflexes. Rythme cardiaque : cœur commence à battre dès le 1er mois, puis il faut attendre la 25e semaine pour observer des variations du rythme -> signe physiologique. Réponses électro-physiologiques : activité électrique du cerveau -> permet de caractériser différents comportements moteurs du fœtus. 2. Une genèse ordonnée Acquisition progressive de différentes sensations au cours du développement intra-utérin. Ordre d’apparition : 1. Système somesthésique (sensibilité au corps propre et proprioception) 2. Système des sens chimiques (olfaction, gustation) 3. Système vestibulaire (orientation dans l’espace : oreille interne) 4. Système auditif 5. Système visuel Le développement des sens continue après la naissance. III. Sensorialité et perception du nourrisson 1. Somesthésie Somesthésie : soma (corps) + aïsthêsis (sensation) = sensibilité générale du corps Mise en place entre 10-20 semaines : le corps se couvre de tous les types de récepteurs (d’abord la bouche). Le câblage avec le cerveau se fait à la 25e semaine par la moelle spinale (voies afférentes) vers le cortex pariétal (d’abord les mains). 3 types de stimulations : Mécanique : dès 7e semaine (Hooker, 1969) -> questionnable sur le plan éthique, par ex : pressions sur l’abdomen. En premier lieu au niveau de la bouche et des mains, puis généralisation au corps. Thermique : 8e mois (Riese, 1998) ; observée chez les prématurés (Timor-Trisch, 1986) Nociceptive : entre 20-30 semaines -> prouvée par des techniques électro-physiologiques (Hauffin Debarge, 2011). Fabrizi & al. (2011) : prématurité et douleur (-> question de conscience) 2. Le système vestibulaire Fonctionnel dès la 25e semaine. Expériences différentes selon les mères : mouvements de la maman (assise, debout, allongée...). Prechtl (1985) : mécanisme d’inhibition centrale du système vestibulaire vers le 8e mois 3. Sensibilités chimiques Gustation : données encore rares chez l’Homme On suppose que les bourgeons gustatifs sont opérationnels dès la 16-20e semaine (Bradley & Stern, 1967). Le fœtus laisse entrevoir sa langue à la 11e SA, et des mouvements de succion et de déglutition entre 12-15 SA. Liley (1972) : moins de déglutitions pour les composés amers (34-39 semaines) contrairement aux autres composés (comme du sucre). Tatzer & al. (1985) : prématuré (4 à 8 semaines avant le terme) ont des mimiques faciales différentes selon la saveur. Cyrulnik : observation de bébés marseillais et parisiens : mères parisiennes ne consomment pas d’aïoli -> les bébés marseillais étaient contents quand on leur donnait des tétines parfumées à l’aïoli contrairement aux bébés parisiens -> imprégnation fœtale. Cognition fœtale ? Pourquoi pas. Olfaction : données surtout apportées pas Shaal Formation entre 7-24e semaine, fonctionnelle au 3e trimestre (29-30e semaine) Prématurés font preuve de capacité à détecter, discriminer et mémoriser des stimuli olfactifs (29-30e) Mémoire des expériences olfactives prénatales qui vont servir de référence au nouveau-né -> milieu connu -> puis association après la naissance entre la sensation et d’autres sensations = création d’un objet multimodal. -> fil d’Ariane entre l’écologie utérine et l’écologie extérieure (aérienne) -> les bébés naissent avec des préférences, ils ne sont pas vierges de sensations. Il existe une trace mnésique à laquelle s’ajoute les évènements de vie après la naissance : maturité des sens se poursuit. Barrière placentaire est de plus en plus perméable au cours de la gestation. 4. Sensibilité auditive Maturation entre la 10 et 20e semaine : formation complète de la cochlée. Fonctionnelle entre 28-30e semaine (Pujol & al., 1991) Sons endogènes : bruits de fond intra-utérins d’origine maternelle (respiration, cœur, voix...), placentaire ou fœtale (cœur...). Bruits intra-utérins : < 500-700 Hz et 30-60 dB -> pas de silence. Sons exogènes : fréquence et intensité font franchir la paroi abdominale et émerger du bruit de fond intra-utérin, les basses fréquences (= sons graves) et les sons forts/intenses (donc les plus proches) émergent mieux. Aux alentours de 33 semaines : préférence pour la voix de sa mère (De Casper, Fifer, 1980) car il y a une double perception (par l’extérieur et par l’intérieur) : voix de la mère est le stimulus le mieux perçu par le fœtus ; il faut attendre 4 mois après la naissance pour que le bébé reconnaisse la voix du père (De Casper & Prescott, 1984). Le fœtus n’est cependant pas protégé des sons très intenses. Il ne doit pas être exposé sur une trop longue période à des sons forts. Exemple : les enfants de femmes travaillant dans des ateliers de coutures présentaient des lésions. 5. Sensibilité visuelle Cellules bâtonnets/cônes visibles dès la 10e semaine jusqu’à la complétion à la 24-26e semaine. Système très immature car peu d’exposition donc il mature pendant longtemps après la naissance (jusqu’à l’âge de 6 ans). On suppose cependant qu’il est fonctionnel pendant la gestation. Le fœtus réagit à des stimuli visuels dès la 20e semaine, de faible intensité cependant. Le câblage est en partie réalisé avant la naissance pour que la vue soit fonctionnelle dès la naissance. Expérience de Smyth (1965) : lampe de 100 W -> accélération du rythme cardiaque, cependant les lampes étaient très chaudes donc on n’est pas sûr de la preuve, il se peut que la réaction du fœtus soit due à la chaleur plutôt qu’à la lumière. Expérience de Reid & al. (2017) : accélération du rythme cardiaque et peut-être des rétro-flexions de la tête. Le fœtus suit du regard + orientation de la tête vers le laser. Grâce à des pointeurs, il simule un visage et d’autres formes (triangles) -> plus de réaction envers la simulation du visage : processus de reconnaissance des visages inné. Vision chez l’enfant prématuré : Chez les prématurés, la vision n’est pas autant maturée. Ils passent d’un environnement avec peu de stimulus visuel à un environnement très stimulant : peut causer des problèmes. Entraînement d’enfants prématurés : programme d’entraînement avec du noir -> amélioration par rapport aux prématurés sans entraînement. IV. De la perception à la cognition Cognition = 3e niveau (après sensation et perception) De manière générale, à la 36e semaine le fœtus traite finement les informations grâce au câblage déjà mis en place : niveau perceptif. Différents indicateurs : rythme cardiaque o Ralentissement = augmentation de la vigilance, orientation o Accélération = défense o Phénomène d’habituation observable = diminution du rythme -> concentration 1. Capacités discriminatives Habituation : Ando et Hattori (1970) : des mères qui se sont installées près d’un aéroport, d’autres qui ont toujours vécu près d’un aéroport et encore d’autres qui n’ont jamais vécu près d’un aéroport. -> certains bébés ne seront ensuite pas sensibles aux bruits des avions alors que ceux qui n’ont pas vécu près d’un aéroport vivront le bruits des avions comme quelque chose de nouveau. Lecanuet & al. (1987) : (35e semaine) montre une discrimination de mots composés de 2 syllabes permutés. Syllabes = bi et ba, répétition de bi, puis changement avec ba -> diminution rythme cardiaque = attention portée par le fœtus = discrimination. Le fœtus est plus sensible aux informations prosodiques de la voix, comme le rythme et l’intonation. Le fœtus est capable de discriminer tous les phonèmes (= sons légèrement différents comme bi et ba) de toutes les langues parlées par les humains, ce dont ne sont pas capables les adultes. 2. Acquisitions non-associatives Sans agent de renforcement = simple exposition au stimulus. Les stimulations peuvent être apprises et montrer une préférence = il y a un encodage + trace qui reste assez longtemps après la naissance -> préférence après la naissance = mémoire pré-natale. Exemples dans la modalité gustative/olfactive : Pedersen et Blas (1982) : injection d’arôme de citron chez une rate. Puis après la naissance, on badigeonnait une mamelle de citron : les ratons cherchaient beaucoup plus cette mamelle. Schall (1998, 2000) : préférence des nourrissons pour des odeurs semblables à leur liquide amniotique. Exemple dans la modalité auditive : Casper et Fifer (années 80-90) : préférence des nourrissons pour la voix de la mère. Ils l’ont montré grâce à des tétines qui captent la fréquence de succions et des enregistrement de voix de la mère ou de d’autres femmes. -> acquisitions ont lieu avant la naissance 3. Apprentissages associatifs ? Lien entre un stimulus et un état. Smootherman (1985) : souriceaux. Provocation d’un état de mal-être combiné à l’injection d’une odeur = conditionnement opérant. Après la naissance : réponse agressive lors de la présentation de l’odeur, réponse qui tient lors des 1ers jours. Kawai (2010) : même chose avec les chimpanzés Feijoo (1981) : passage de Pierre et le loup avec la voix du grand-père (basson). Les mères étaient dans un état de relaxation au moment du passage avec des écouteurs sur le ventre. Le bébé à la naissance arrête ses cris lorsqu’on lui fait écouter le passage, cela fonctionne encore après. Hepper (1988) : série neighbours en Angleterre. Les mères suivent quotidiennement la série et d’autres jamais. Stimulus auditif = générique, quand on passe le générique, les bébés arrêtent de pleurer, sauf pour les bébés dont les mères ne regardaient pas la série. Certains bébés montrent même des signes d’attention accrue (pour le groupe expérimental). Cela s’explique car les mères étaient dans un moment détendu lors du visionnage de la série. (sur les deux dernières expériences, les effectifs étaient faibles) Conclusion Toutes les modalités sont stimulées, fonctionnent mais hétérogénéité Détection de régularités : en termes de présence-absence Traitement avec des réponses qualitativement différentes Sélection = traitement parallèle, peut extraire un stimulus du bruit de fond (pour toutes les modalités) Traitement temporel = mémoire, le bébé se rappelle après la naissance Certaine stabilité des acquisitions fœtales => tout ceci soutient la thèse de la continuité du développement : Conséquences adaptatives Différents environnements -> différences interindividuelles -> pose la question des apprentissages ultérieurs, du stress maternel, et des conséquences post-natales.