Problèmes Économiques Contemporains Cours PDF
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Ce document est un cours sur les problèmes économiques contemporains pour les étudiants de première année de licence. Il expliqueproblèmes économiques contemporains, et aborde les théories classiques et néoclassiques de l'économie, ainsi que les concepts de maximisation et d'incitations.
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er Problèmes Économiques Contemporains, Licence 1 année. Introduction : Qu’est-ce que l’économie ? Il existe différentes définitions de l’économie, expliquées par le caractère évolutif de l’étude économique : L’économie : science des richesses Le but ultime de l’indivi...
er Problèmes Économiques Contemporains, Licence 1 année. Introduction : Qu’est-ce que l’économie ? Il existe différentes définitions de l’économie, expliquées par le caractère évolutif de l’étude économique : L’économie : science des richesses Le but ultime de l’individu et des sociétés est l’enrichissement. Adam Smith et JB Say font partie du courant classique. Ils ne s’intéressent qu’à l’impact matériel des richesses faisant fi des services. Smith considère que le travail consacré aux services est improductif. Hors les économies contemporaines développées sont en grande partie basées sur les services. On parle alors de tertiarisation de l’économie. - L’économie : comme science des prix Est richesse tout ce qui satisfait un besoin. Définition adoptée par les premiers auteurs néo-classiques. Reste alors à évaluer l’utilité. Comme l’utilité est subjective, elle ne peut être mesurée que par l’échange marchand moyennant un prix. Un bien ou un service n’a pas de valeur en soit. Sa valeur se manifeste à travers l’échange marchand (sur un marché où est fixé le prix général). En bref, les prix résultent de l’échange. Cette conception présente néanmoins des limites. Elle ne mesure la valeur des activités et des biens que par leur valeur marchande. Hors il existe des activités utiles (bénévolat) mais qui n’ont pas de valeur marchande. D’autant plus qu’elle occulte les biens collectifs ou publics qui bénéficient à tous gratuitement et n’a donc pas de valeur marchande. L’économie : science de la rareté et des choix efficaces (Définition canonique de Lionel Robbins) Principes fondamentaux de l’analyse économique Principe I : la rareté des biens oblige à faire des choix Les agents économiques ont des besoins illimités mais des ressources limitées. Se pose alors la problématique du choix. On parle alors de maximisation sous contrainte. Par exemple le consommateur va chercher à optimiser ses revenus afin d’en tirer le maximum d’utilité. En d’autres termes il maximise l’utilité sous contraintes budgétaires. Le producteur compte à lui va chercher à maximiser son profit, en utilisant la meilleuretechnique de production en fonction des différents facteurs de production. Le choix est alors qualifié d’arbitrage. ‘’ There Is no free lunch ‘’. Principe II : chaque choix à un coût d’opportunité Puisque chaque individu fait face à des arbitrages. Il se doit alors de comparer le coût et les opportunités des différents choix qui s’offrent à lui. Le coût d’opportunités : sont les opportunités sacrifiées en faisant un choix. En d’autres termes, ce à quoi il faut renoncer pour obtenir quelque chose. Principe III : les individus rationnels raisonnent à la marge Selon Maurice Allais, un individu est réputé rationnel lorsqu’il poursuit des fins cohérentes avec elles-mêmes et qu’il emploie les moyens appropriés aux fins poursuivies. Chaque décision que nous prenons est en fait une décision marginale. On s’intéresse alors aux variations marginales : ajustements de faible ampleur concernant le plan d’action choisi. Un agent économique ne prend alors une décision que si et seulement si l’avantage marginal est supérieur au coût marginal. Principe IV : les individus optimisent leurs choix et ressources Principe V : les individus réagissent aux incitations. Étant donné que les décisions des individus sont prises en fonction des avantages et du coût. On peut alors modifier le comportement de ces derniers en modifiant l’un de ces deux paramètres. On parle alors d’incitation. À titre d’exemple, les politiques publiques font souvent office d’incitation et modifient donc les comportements individuels. D´où l’importance d’une évaluation préalable des effets directs et indirects véhiculés par ces incitations. Les incitations peuvent entrainer des effets pervers, c’est-à-dire qu’elles peuvent avoir un effet contraire à l’effet escompté. Prenons pour exemple l’étude réalisée par RM Titmuss, qui constate que le système de don du sang américain est moins efficace que le système britannique, alors que le système américain rémunère le don du sang. Si l’on part du principe que les individus sont rationnels et intéressés on se retrouverait face à une contradiction. D’où l’importance de distinguer motivations intrinsèques et extrinsèques. Le concept de motivation intrinsèque fait référence aux activités qui ne reçoivent aucune gratification sinon l’activité en elle-même. Alors que les activités motivées extrinsèquement ont en général un but autre que l’activité en elle-même. Ces deux dernières ne se combinent pour ainsi dire jamais, à contrario de ce que pensaient les économistes. On parle alors d’éviction entre les deux types de motivation. Table des matières CHAPITRE PREMIER....................................................................................................................... 6 I. Définition des indicateurs utilisés et leurs limites :.................................................................. 7 1.1 Définitions :..........................................................................................................................................................7 1.2 Comment mesure-t-on la croissance ?.....................................................................................................7 1.3 Quelle est la différence entre PIB et RNB ?.............................................................................................7 1.4 Problématique des comparaisons internationales.............................................................................8 1.5 PIB réel et PIB nominal :.................................................................................................................................8 1.6 Comment calculer le PIB ?.............................................................................................................................8 1.7 Égalités comptables :........................................................................................................................................9 1.8 Les Limites du PIB :..........................................................................................................................................9 1.9 Des alternatives au PIB :.............................................................................................................................. 10 II. L’Économie du Bonheur :................................................................................................................ 12 2.1-Énigme de l’économie du bonheur : Paradoxe Easterlin (1974)............................................... 12 2.2- Les théories explicatives du paradoxe d’Easterlin :....................................................................... 13 2.3- Pourquoi le PIB n’accroît-il pas le bien-être subjectif agrégé ?................................................ 14 DEUXIEME CHAPITRE.................................................................................................................. 15 Les « Trente Glorieuses »........................................................................................................... 15 I- Les « Trente Glorieuses » : une période de croissance exceptionnelle............................ 16 1.1-L’accélération de la croissance................................................................................................................. 16 1.2-Cette croissance exceptionnelle, rapide, a-t-elle été uniforme au niveau des pays ?....... 16 1.3-Régularité de la croissance et maintien du plein-emploi mais une croissance dans l’inflation.................................................................................................................................................................... 16 II- Les changements structurels provoqués par la croissance................................................ 17 2.1-Le calcul des taux des taux de croissance annuels en volume de la valeur ajoutée par branche....................................................................................................................................................................... 17 2.2-Les disparités concernant les évolutions industrielles................................................................. 17 2.3-Le suivi de l’évolution de la population active occupée par secteur ou branche............... 18 2.4-Un petit détour : quelques définitions.................................................................................................. 19 III- Les facteurs et sources de croissance....................................................................................... 20 3.1-Le modèle de croissance de R.Solow..................................................................................................... 20 3.2-La fonction de production agrégée au niveau macroéconomique............................................ 21 3.3-La productivité marginale décroissante (lois des rendements marginaux décroissants)........................................................................................................................................................................................ 21 3.4-Si on augmente le taux d’épargne ou le taux d’investissement, est ce qu’on va avoir une croissance à long terme ?.................................................................................................................................... 24 3.5-La théorie de croissance en prenant en compte la croissance démographique................. 25 3.6-L’état stationnaire avec croissance démographique...................................................................... 26 3.7-La convergence économique des pays.................................................................................................. 27 3.8-L’incorporation du progrès technique.................................................................................................. 29 3.9-L’état stationnaire avec croissance démographique et progrès technique.......................... 30 3.10-Le modèle de Solow complet avec croissance démographique et progrès technique.. 31 3.11-Le résidu de Solow...................................................................................................................................... 33 3.12-Les études empiriques sur les facteurs ou les sources de la croissance............................. 34 3.13-Explications du résidu............................................................................................................................... 38 3.14-Endogénéisation du progrès technique : théories de la croissance endogène................. 40 3.15-Une lecture spécifique des « Trente Glorieuses » : la lecture régulationniste de la croissance d’après-guerre et de ses conditions........................................................................................ 41 3.16-La croissance américaine dans les années 1990 et le rôle des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)..................................................................................... 46 3.17-Les facteurs favorables à la propagation de la troisième révolution industrielle........... 49 CHAPITRE TROISIÈME................................................................................................................ 52 Les crises économiques contemporaines............................................................................. 52 I. What about a little historical reminder ?.................................................................................... 53 1.1-Distinction entre crise financière et crise économique :.............................................................. 53 1.2-Chronologie des crises économiques depuis 1873 :....................................................................... 53 1.3 Comment les crises économiques enfantent-elles de nouveaux mondes ?........................... 54 1.4-Et si l’on revenait un peu en arrière ?................................................................................................... 55 II. Typologie des crises financières :................................................................................................ 55 2.1-Types de crises :.............................................................................................................................................. 55 2.2 Exemples historiques de crises financières :...................................................................................... 56 CHAPITRE QUATRIÈME.............................................................................................................. 57 LES SUBPRIMES : anatomie d’une crise................................................................................. 57 I. Les dessous de la crise des Subprimes :....................................................................................... 58 1.1-Définitions :....................................................................................................................................................... 58 1.2-Faits marquants.............................................................................................................................................. 58 1.3-Les causes de la crise des subprimes.................................................................................................... 60 II- Mécanisme de propagation de la crise des subprimes : LA TITRISATION..................... 62 2.1-Qu’est-ce que la titrisation ?...................................................................................................................... 62 2.2-Typologie des titres issus de la titrisation :........................................................................................ 63 2.3-Avantages de la titrisation.......................................................................................................................... 64 2.4-Les facteurs déclencheurs de la crise des Subprimes.................................................................... 64 2.5-Pourquoi la crise des subprimes s’est-elle propagée à l’ensemble des systèmes financiers ?................................................................................................................................................................ 65 2.6- Les mécanismes de transmission de la crise des subprimes à la sphère réelle................. 69 III- Les politiques pour lutter contre la crise économique suite à la crise des subprimes........................................................................................................................................................................ 72 3.1-L’adoption de politiques monétaires expansionnistes.................................................................. 72 3.2-Des mesures de soutien au secteur financier.................................................................................... 73 3.3-La mise en place des politiques budgétaires expansionnistes : les politiques de relance........................................................................................................................................................................................ 73 3.4-Le multiplicateur keynésien (multiplicateur des dépenses publiques)................................. 74 3.5-Controverse entre Barro et Kugman à propos de la valeur des multiplicateurs et des effets escomptés du plan américain des plans de relance.................................................................... 78 SIXIEME CHAPITRE...................................................................................................................... 81 La mondialisation, un phénomène ancien........................................................................... 81 I- Evolution sémantique du mot « mondialisation »................................................................... 82 1-Traduction............................................................................................................................................................ 82 2-Analyse sémantique.......................................................................................................................................... 82 II- Analyse des ouvrages sur la mondialisation : existence de plusieurs mondialisations....................................................................................................................................................................... 83 2.1) Quand commence la mondialisation ? Combien de mondialisations ?.................................. 83 III- La mondialisation : un phénomène ancien si l’on fait une analyse historique sur une longue période......................................................................................................................................... 85 3.1- Deux vagues de mondialisation : relatif consensus chez les économistes........................... 85 CINQUIEME CHAPITRE..............................................................................................................119 La mondialisation et inégalités de revenus dans les pays développés.............119 I- Les différents types de revenus.................................................................................................. 120 II- Les instruments de mesure des inégalités de revenus...................................................... 120 2.1- Quelques remarques sur les inégalités............................................................................................. 120 2.2- Les instruments traditionnels de mesure des inégalités.......................................................... 121 2.3- Inégalités entre les revenus................................................................................................................... 123 III- L’évolution des inégalités de revenus dans les pays développés................................. 125 3.1-L’évolution des inégalités de revenus dans les autres pays du monde............................... 126 3.2- Hausse des salaires des 1% de salariés à temps complet les mieux rémunérés............ 128 3.3- Quel lien peut-on établir entre inégalité et développement économique dans le temps ?..................................................................................................................................................................................... 128 IV- Les explications de la montée des inégalités de revenus dans les pays développés.................................................................................................................................................................... 130 4.1-Les effets de la mondialisation via le commerce, les délocalisations et la globalisation financière................................................................................................................................................................ 130 4.2-Le rôle du progrès technique : la thèse du « progrès technique biaisé »............................ 144 4.3- La théorie de la « star economy »........................................................................................................ 147 4.4- Changements d’attitudes ou de normes face aux inégalités économiques....................... 151 V- La crise des subprimes, résultat du creusement des inégalités de revenus ?............ 154 VI- Quelles sont les conséquences de la montée des inégalités de revenus ?.................. 156 6.1-Remise en cause de la thèse traditionnelle selon laquelle les inégalités seraient favorables à la croissance et donc source de progrès économique profitable à tout le monde..................................................................................................................................................................................... 156 6.2- D’autres effets pervers du creusement des inégalités............................................................... 159 CHAPITRE PREMIER Une tentative de mesure et d’analyse globale de la croissance I. Définition des indicateurs utilisés et leurs limites : 1.1 Définitions : Croissance économique : c’est une augmentation soutenue, pendant une ou plusieurs périodes longues d’une dimension ; pour la nation : le produit global brut ou net en termes réels. Expansion économique : phase ascendante du cycle économique caractérisée par l’augmentation de la production et de la demande pendant une courte ou moyenne durée. (Peut-être réversible) La croissance se mesure sur le long terme, l’expansion elle se mesure sur le court ou moyen terme. Quant à la récession, elle se traduit par une régression du PIB pendent au moins deux trimestres consécutifs Développement économique : ensemble des transformations structurelles et qualitatives qui permettent l’apparition et la poursuite de la croissance. Le développement économique implique la croissance économique. Le premier constitue en effet un préalable au second. Le progrès économique apparaît comme un aboutissement de la croissance et du développement. Il introduit des considérations éthiques, il incluse une plus grande libéralisation de l’homme et suggère un plus grand épanouissement tout en incitant au recul de la misère 1.2 Comment mesure-t-on la croissance ? - PIB réel, en volume ou à prix constant - Le PNB réel, en volume, ou à prix constant Remarque : depuis 2002, le nouveau système européen des comptes (SEC 95) est appliqué pour établir le PNB est désormais appelé RNB (revenu national brut) 1.3 Quelle est la différence entre PIB et RNB ? La production d’un artisan français sur le territoire allemand sera comptabilisée dans le PIB allemand et dans le RNB français. Pour obtenir le RNB français il faut ajouter tous les salaires perçus par les français à l’étranger et en soustraire les salaires perçus par les étrangers en France. L’augmentation du PIB peut être due à une augmentation des prix ou à une augmentation des volumes produits. Il est nécessaire de neutraliser l’influence de la variation des prix (inflation) pour apprécier correctement l’évolution de la production des biens et services. Pour passer du PIB au RNB il faut ajouter les salaires obtenus par les français à l’étranger et en soustraire tous les salaires et les revenus perçus par les étrangers en France. PIB : Critère de résidence RNB : Critère de nationalité Le PIB par habitant ou le RNB par habitant sont plutôt des indicateurs de niveau de vie. 1.4 Problématique des comparaisons internationales : Chaque pays calcul son PIB en fonction de sa monnaie nationale. On peut donc pour faire des comparaisons internationales, utiliser une monnaie unifiée. Hors en raison de la fluctuation des taux de change, cette comparaison se révèlerait subjective. On doit donc pour comparer les différents PIB à l’international, les convertir en taux parité de pouvoirs d’achat, c’est à dire la quantité de biens et services qu’il est possible d’acheter dans un pays X et dans un pays Y une fois la même quantité de monnaie du pays X converti en monnaie du pays Y et vice versa. En d’autres termes le taux de parité de pouvoir d’achat permet d’acheter avec la même quantité de monnaie la même quantité de biens dans des pays x et y. L’OCDE publie régulièrement les taux de change qui respecte la PPA 1.5 PIB réel et PIB nominal : Le PIB nominal (en valeur, à prix courant) prend en compte l’évolution du prix (valeur) et de la quantité Le PIB réel (en volume, à prix constant) ne prend en compte que la quantité. Le PIB nominal = PIB réel * Indice des prix (déflateur de PIB) PIB= valeur marchande des biens en services finaux produits dans un pays au cours d’une période donnée. 1.6 Comment calculer le PIB ? Il existe trois manières de calculer le PIB : L’optique de la production : PIB = Σ VA VA = valeur de la production – Valeur des CI CI (consommations intermédiaires) sont les biens et services entièrement détruits dans le processus de production durant l’exercice comptable. L’optique des revenus : PIB = sommes des revenus distribués par l’économie lors de la production. -Egalité comptable : la production vendue rémunère quelqu’un, soit 1. L’Etat sous forme d’impôts 2. Les ménages sous forme de salaires 3. Les prêteurs sous forme d’intérêts (obligations) ou de dividendes (actions) L’optique des dépenses : (approche de la demande) PIB= somme des demandes des agents. Les revenus sont dépensés ou investis. 1.7 Égalités comptables : Y + M = C + I + G + variation des stocks + X Y = C + I + G + V des stocks + (X-M) C+I+G : demande intérieur X-M : solde des échanges extérieurs Y : Production C : consommation des ménages I : Investissements G : Dépenses gouvernementales X : exportation M : importation ‘’Y+M’’ correspond à l’offre globale Tandis ‘’C+I+G+X+ΔSt’’ correspond à la demande globale. 1.8 Les Limites du PIB : Le débat sur les limites du PIB est à la fois un débat ancien et récent. (Différentes conférences sur ce sujet à introduire) Le PIB a plusieurs limites : Seuls les biens et services marchands sont pris en compte dans le calcul du PIB. Pour la comptabilité nationale, ni les femmes au foyer ni le bénévolat ne contribuent à la richesse nationale. Le PIB ne prend pas en compte l’économie sous terraine, ou informelle. Ces dernières représentent à titre d’exemple 20% du PIB Grec et plus de 10% du PIB italien. Le PIB inclue des coûts externes négatifs dus à la production et la consommation. Par exemple les embouteillages en villes sont bénéfiques au PIB, en augmentant la consommation de carburant. La forêt amazonienne peut être détruite si elle permet de produire plus. Donc le PIB ne prend pas en compte l’épuisement des ressources naturelles ou la dégradation environnementale due à la production et la consommation. Le PIB peut être étoffé par les dépenses défensives. Les dépenses défensives désignant le fait que le PIB soit gonflé par des activités qui ont pour but de réparer les dégâts causés par d’autres activités qui elles-mêmes gonflent le PIB. ‘’ Les dépenses destinées à réduire la pollution peuvent être des Investissements en capital naturel ‘’ En somme le PIB ne prend pas en compte les conditions socio environnementales dans lesquelles les richesses sont produites. 1.9 Des alternatives au PIB : Deux approches : A. Approche synthétique : résumer en un seul chiffre la qualité de la croissance d’un pays en l’enrichissant de dimensions sociales et environnementales. Il est donc question de remédier aux limites du PIB. EX : - L’indicateur du bonheur national brut en 1972 par le Bhoutan. Remise en cause dès 2012 suite à la crise économique qu’a connu le pays et l’arrivée au pouvoir du leader de l’opposition. Les indicateurs du PNUD : IDH (indice du développement humain) créé en 1990 par l’économiste Indou Amartya Sen. L’idée étant que la production des richesses n’a de sens que si elle est mise au service de la société. Il s’agit d’un indicateur composite. Ayant pour objectif de refléter trois aspects du développement économique et social d’un pays (l’espérance de vie, taux d’alphabétisation, l’accès aux ressources indispensables pour vivre décemment). IDHI (indice de développement humain ajusté aux inégalités). Il ajuste l’IDH en tenant compte des inégalités de la répartition dans la société de 3 dimensions (santé et longévité, accès à l’éducation, le revenu). S’il n’existait aucune inégalité l’IDHI serait égal à l’IDH. L’IDHI décroit en s’éloignant de l IDH à mesure que les inégalités augmentent. L’IDH est donc l’indice potentiel qu’il serait possible d’atteindre en l’absence de toute inégalité. Comme on peut le remarquer sur le tableau suivant les USA sont classés 3è en IDH mais 15è en IDHI, et ce en raison des inégalités sociales dont souffre le pays. IIG (indice d’inégalité de genres) il corrige les résultats de l’IDH en tenant compte des inégalités entre hommes et femmes. Il indique donc les pertes en termes de développement humains causées par les inégalités entre hommes et femmes dans trois dimensions (santé, autonomisation et marché de l’emploi). 0 dividendes, obligations -> intérêts, les marchés financiers constituent un cas particulier des marchés actifs. ü Un actif réel est un actif qui procure un flux de services de consommation (biens immobiliers, matières premières, ressources naturelles. 1.2-Faits marquants Les crédits subprimes se sont abondamment développés aux Etats-Unis au cours de la dernière décennie, notamment en 2003-2006. La crise s’est déclenché en juillet-août 2007. A cette date, on constate que les subprimes représentaient environ 1500 milliards $ soit un peu plus de 14% des crédits totaux accordés aux ménages américains. Ils constituent un segment limité du marché immobilier aux Etats-Unis. En avril 2009, selon une publication du FMI, la crise financière aurait coûté plus de 4000 milliards de dollars au système financier mondial sur la période 2007-2010 Le taux de propriétaire aux Etats-Unis a beaucoup augmenté puis baissé lors de la crise des Subprimes. 2008-2009 est ce que les économistes appellent la « Grande récession » avec une forte contraction du PIB pour les pays développés. C’est la crise économique la plus grave depuis la Seconde Guerre Mondiale, elle n’a épargné aucune région du monde, elle touche plus durement les pays développés et les économies émergentes quant à elles ont été touché par cette crise financière qui est devenue une crise économique dans une moindre propension. On a assisté à une contraction très forte des exportations. On ne peut pas compter sur la demande externe pour remédier à la baisse de la demande interne. La crise des subprimes ne concerne qu’un segment réduit du marché des crédits immobiliers aux Etats-Unis et pourtant elle s’est propagée à l’ensemble des marchés financiers et a affecté la sphère réelle (la production et l’emploi) Comment on en est arrivé là ? Pourquoi la crise a-t-elle pris une telle ampleur ? 1.3-Les causes de la crise des subprimes Cette crise s’explique par la conjonction de trois phénomènes : 1. Les déséquilibres macroéconomiques 2. Les dysfonctionnements microéconomiques (relâchement des conditions d’attributions des prêts) 3. Pratiques financières à risque. 1.3.1-Les déséquilibres macroéconomiques ü Le point de départ semble être l’excès de liquidité au niveau mondial. La base monétaire a beaucoup augmenté de 2002 jusqu’à 2007. Les liquidités ont progressé très rapidement à partir de 2002. Cet excès de liquidité est dû à d’importants excédents commerciaux et un fort taux d’épargne dans les pays émergents (la Chine en particulier) et les pays exportateurs de matières premières. A l’instar de la Chine, les pays exportateurs de matières premières, ont vu leurs réserves de change gonfler suite à la succession des excédents commerciaux réalisés au fil des années. ü Les soldes de balances commerciales : les pays développés vivent au-dessus de leurs moyens et creusent le déficit de leurs balances courantes. À contrario, les pays émergeants vivent en dessous de leurs moyens et dégagent un fort excèdent de leur balance courante, traduit par l’accumulation d’actifs financiers étrangers et de devises (Chine et pays du Moyen-Orient) ü A la suite de l’éclatement la bulle internet intervenu en 2000 et des événements du 11 septembre 2001, la FED a démené une politique monétaire expansionniste accommodante pour lutter contre les risques de récession. Elle s’est traduite par : o La baisse des taux d’intérêts directeurs de la FED jusqu’à 1% favorisant ainsi des comportements optimistes et risqués. Ce qui explique aussi en partie l’excès de liquidité. o Cette politique monétaire expansionniste avait même été maintenue pendant les périodes de croissance, de progression du crédit, et de hausse forte des prix des actifs. Elle a ainsi alimenté un crédit abondant et bon marché : le crédit est peu onéreux. ü Les taux des crédits subprimes sont indexés sur les taux d’intérêt directeurs de la FED. Cela incite les banques à développer ce type de crédit. En effet, lorsque cette dernière baisse ses taux, elle influence directement les politiques des banques qui accordent plus de crédit à la consommation, boostant ainsi la consommation et les investissements au niveau microéconomique. ü La présence d’un excès de liquidité qui alimente initialement la liquidité des banques contribuent à la possibilité d’un excès de crédit, d’achats de titres, de bulles sur le prix des actifs. ü La hausse des cours des actions sur le marché des actions entraine la hausse des prix de l’immobilier. Entre 1995 et 2007, le prix de l’immobilier résidentiel a été multiplié par 2 avec une hausse annuelle moyenne de 5,5% entre 1995 et 2003 et de 7% jusqu’au déclenchement de la crise des subprimes. La valeur du bien immobilier sert de garantie au prêt. Lorsque le prix de l’immobilier augmente, la garantie pour le prêteur augmente également. Les banques sont donc massivement incitées à prêter ce type de crédit car en cas de défaut de paiement, les banques peuvent comptés sur la saisie du bien immobilier, sur la revente et sur la plus-value réaliser sur la vente du bien immobilier (car le marché immobilier était orienté à la hausse) 1.3.2-Des dysfonctionnements microéconomiques (exigence de rentabilité de la part des investisseurs ; relâchement des conditions d’attribution des prêts) Après la chute des valeurs boursières au début de l’année 2000, c’est-à-dire de l’éclatement de la bulle internet, les intermédiaires financiers ont dû pour satisfaire leur client, trouver d’autres placements offrant une meilleure rentabilité. Lorsque les marchés d’action sont en berne (pas rentables d’acheter), les investisseurs se tournent traditionnellement vers les marchés obligataires (d’obligation). Mais en raison des déséquilibres macroéconomiques aux Etats-Unis, le déficit jumeau (déficit extérieur et déficit budgétaire fédéral) et en raison de la politique monétaire expansionniste menée par la FED, le rendement des placements obligataires classique a beaucoup diminué. Il y a une demande de la part des investisseurs pour des produit plus risqués mais rapportant un rendement plus élevé. 1.3.3-Pratiques financières à risque Pour faire face à cette exigence de rentabilité, les banques ont adopté 2 types de stratégie : 1. Elles ont augmenté leur volume d’activité en relâchant les conditions d’attribution des prêts. Elles ont innové. Le comportement des banques en matière d’attribution des prêts est traditionnellement procyclique (va dans le sens su cycle économique) : les critères d’attribution s’assouplissent quand la conjecture économique est favorable et se durcissent en cas de retournement de la conjecture économique, dans le cas de la crise des subprimes. Plusieurs études empiriques ont montré que les institutions financières aux Etats-Unis avaient été laxistes dans leur attribution de prêt immobilier aux ménages. 2. La hausse du volume de crédit immobilier accordé par les banques aux ménages aurait dû s’accompagner d’une augmentation des besoins en fonds propres des banques. En effet, il existe des règles prudentielles qui imposent aux banques de constituer des réserves, des fonds propres supplémentaires au cas où les emprunteurs connaitraient un défaut de paiement. Mais ce mécanisme stabilisateur n’a pas pleinement joué car les institutions financières ont innové pour s’affranchir des règles prudentielles. Il serait donc aisé de conclure que le déclencheur de la crise se situe dans un sous-compartiment du marché immobilier américain (les subprimes). Elle s’est néanmoins propagée aux banques et aux marchés financiers de toute la planète ! II- Mécanisme de propagation de la crise des subprimes : LA TITRISATION SPV : Special Purpose Vehicle Agence de notation :Standard and Poor’s, Moody’s, Fitch Réhausseur de crédit : Etablissements financiers apportant leur garantie (complète ou partielle) à des emprunts émis par les organismes publics ou privés 2.1-Qu’est-ce que la titrisation ? Il faut faire intervenir la titrisation qui consiste pour une banque à se défaire des risques pris sur les crédits immobiliers en revendant les créances pour ses clients à différents fonds crées à cet effet. La banque qui accorde un crédit, prend des risques même après avoir étudié le dossier de l’emprunteur (susceptible de connaître un défaut de paiement). Quand une banque accorde des crédits à différents ménages, elle possède une créance à ses ménages. Il s’agit de transformer des crédits distribués par une banque en titres financiers adossés à ces créances qu’un investisseur peut acheter et vendre à tout moment. La titrisation est une opération financière qui consiste à transformer des prêts bancaires traditionnellement illiquides en titres aisément négociables par l’intermédiaire d’une entité ad hoc (créée à cet effet) La banque à l’origine des prêts les cède à une SVP (special puspose vehicle ou Véhicule ou conduit spécifique) –ces SPV ou ad hoc financent des acquisitions en émettant des titres financiers adossés aux portefeuilles d’actifs sur les marchés Ces investisseurs qui achètent ces titres, perçoivent en contrepartie les revenus issus du prêt qui sont les intérêts versés et les remboursements effectués par les emprunteurs initiaux (intérêt + le remboursement du principal (prêt)). Ces titres peuvent être achetés par des investisseurs courant le risque qui sont des Hedge Funds ou fonds spéculatifs, des fonds de pension ou système de retraite par capitalisation, compagnies d’assurances ou banques, des grandes entreprises …). Les banques possèdent des créances car elles accordent un certain nombre de prêts. Ces créances doivent rester à l’actif des banques. Elle fait notamment intervenir des agences de notation dont les principales sont Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch qui notent sur le court et long terme la qualité des titres émis par les entreprises, organisations et organismes mais aussi les obligations de l’Etat (obligations souveraines) Les premières opérations de titrisation ont vu le jour aux Etats-Unis au début des années 70 sous l’hospice de trois agents spécialisés qui disposent de garantie de l’Etat. Ce n’est que depuis le milieu des années 90 que les opérations de titrisation ont vraiment pris de l’ampleur aux Etats-Unis La titrisation est un phénomène plus récent en Europe. Le marché de la titrisation a enregistré une progression rapide depuis les années 2000. Il concerne surtout le Royaume Unis. La titrisation est la transformation des actifs non cessibles en titres cessibles qui implique un grand nombre d’intervenants. Il faut une banque initiatrice, un émetteur de titres qui est l’entité ad hoc Les banques vendent les actifs peu liquides (les créances détenues à l’occasion des crédits distribués aux entreprises et aux ménages) à des structures financières ad hoc crées à cette occasion. Les entités ad hoc se financent en émettant des titres négociables garantis par les actifs qui ont été cédés. Les titres adossés aux titres cédés se distinguent par le type d’actifs ou de créances lui servant de support. En fonction des actifs auxquels ils sont adossés, on distingue plusieurs types de titres issus de la titrisation. 2.2-Typologie des titres issus de la titrisation : On distingue plusieurs types te titres issus de la titrisation : ABS (Asset Backed Securities) : Valeurs mobilères de placement – soit un titre de propriété (une action), soit un titre de créance (une obligation) -adossées à des actifs (crédit à la consommation, prêts étudiants … ) MBS (Motorage backed securities) : Titre adossés à des portefeuilles constitués de crédits hypothécaires. Distinction en RMBS (Residential motorage backed securities) titres adossés à des crédits hypothécaires qui sont des crédits pour les biens immobiliers résidentiels et CMBS (Commercial MBS) titres adossés à des crédits hypothécaires qui concernent les locaux commerciaux CDO (Collateralized Debt Obligations) : Titres garantis par des créances. Ces titres sont des obligations adossées à un portefeuille d’actif divers : crédits immobiliers ou à la consommation. CDS (Credit Default Swap) *: dérivés de crédits, instruments permettant de transférer par contrat tout ou une partie du risque de crédit portant sur un tiers appelé entité de référence. Ce risque peut être la faillite ou le défaut de payement par exemple. C’est une assurance en quelques sortes. Les titres adossés aux actifs sous-jacents sont découpés en tranches : -La tranche equity : est gardée par la banque initiatrice ou achetée par des fonds spéculatifs. Les détenteurs de cette tranche assument le maximum de risques mais se voient offrir un rendement plus élevé -La tranche mezzanine : moins risquée mais les rendements sont moyens -La tranche senior : à très faibles risques, mais son rendement est moindre. Les agences de notation sont un nouvel intervenant. Elles donnent une note aux titres issus d’une titrisation. La note est censée reflétée la qualité des titres émis. Quand un titre a le triple A (AAA), le titre est de très bonne qualité. D est très risqué et présente un défaut. Le marché de la notation est commandé par trois agences (Moody’s, Standard & Poors, Fitch Ratings). Ils dominent 90% du marché de la notation Très peu de pays ont le triple A. Les agences de notation donnent au travers de la note, une mesure sur la qualité des titres émis. Le rehausseur de crédit ou monoline est une compagnie d’assurance qui use de son expertise de spécialiste de la sphère financière pour garantir des titres émis. En cas de défaut de paiement, ils vont se retourner contre le monoline. Le marché de la titrisation a progressé rapidement au milieu des années 90 et en Europe a progressé rapidement dans les années 2000 La tranche senior est la plus sûre car il y a un principe de subordination. Les détenteurs des titres de cette tranche sont assurés d’être remboursés en priorité du principal (somme qu’ils ont placée). Lorsque le sous-jacent (ex : un portefeuille de prêt immobilier) ne fournit plus de flux de capitaux attendus ; c’est-à-dire le versement des intérêts et le remboursement du capital emprunté, ce sont les détenteurs de la tranche equity qui supportent d’abord les risques (ils ne perçoivent plus d’intérêts et perdent le capital investi). C’est pour cela que la tranche equity prend le maximum de risques et se voit offrir le maximum de bénéfices. On peut construire différents types de CDO (obligations issus de la titrisation) découpés en tranches. Cette opacité du système explique pourquoi la crise de subprime s’est répandue à l’ensemble des systèmes financiers. 2.3-Avantages de la titrisation En théorie, la titrisation présente plusieurs avantages : L’avantage pour les banques qui titrisent une partie des crédits accordés aux ménages ou aux entreprises est de sortir ces crédits de leur bilan. Elles n’ont plus à constituer un capital en réserve ou des fonds propres pour le cas où des difficultés de remboursement se présenteraient. La titrisation permet d’améliorer la structure du bilan des banques et d’alléger leurs obligations en termes de ratios de solvabilité. C’est une façon de contourner les règles prudentielles concernant les crédits accordés aux ménages et aux entreprises. Dès lors, les banques peuvent plus facilement consentir de nouveaux crédits. La titrisation permet à la fois aux banques de donner une nouvelle source de liquidités et de transférer le risque de crédits qu’elles assumaient auparavant vers d’autres acteurs à la recherche de placement offrant des profits de risque varié et des rémunérations différentes selon le risque. Les investisseurs à la recherche de rendement élevé achètent les titres issus des opérations de titrisation car ils peuvent espérer un très bon taux d’intérêt dans la mesure où les actifs sont risqués et donc sont fortement rémunérés (plus que les actions ou les bons du trésor qui à l’époque rapportaient très peu). Les risques pris à l’origine par les banques sont reportés sur un plus grand nombre d’agents, d’investisseurs. En cas de choc, les risques sont mieux absorbés. La titrisation est donc à priori un facteur de meilleure allocation des risques et des capitaux au sein du système financier 2.4-Les facteurs déclencheurs de la crise des Subprimes 2.4.1Hausse des taux d’intérêt directeurs Entre 2004 et 2006, le principal taux d’intérêt directeur de la FED est passé de 1% à 5,25%. Cette hausse du taux d’intérêt s’explique par le désir de la FED de lutter contre les tensions inflationnistes résultant à une hausse des prix des énergies et des matières premières. La FED, après avoir mené une politique monétaire expansionniste ou accommodante, est passée à une politique monétaire restrictive car elle a relevé son principal taux d’intérêt directeur. La caractéristique du crédit subprime est que le taux d’intérêt est indexé sur celui de la FED. Lorsque la FED relève son principal taux d’intérêt directeur, les ménages qui ont contracté un crédit subprime doivent payer davantage d’intérêts. Nombre de ménages emprunteurs voient leurs dettes et les intérêts payés augmenter lourdement. 2.4.2-Retournement du marché immobilier Par ailleurs, le ralentissement du marché immobilier américain commence à se manifester fin 2005-début 2006. Au second semestre 2006, les premiers signes de la crise commencent à être visibles : les défauts de paiement et les procédures de saisie progressent. Tant que le prix de l’immobilier était orienté à la hausse, les ménages qui ne pouvaient plus faire face à leurs échéances parvenaient quand même à honorer leurs dettes grâce à la saisie et à la revente de leur bien immobilier. Dès lors que la tendance s’est retournée, la vente du bien immobilier procurait une somme inférieure à la somme empruntée. On a de plus en plus d’excès d’offres de biens immobiliers par rapport à la demande, ce qui fait chuter le prix de l’immobilier et ce qui aggrave davantage l’insolvabilité des ménages qui ont contracté un prêt subprime. La crise des subprimes ne devaient toucher que les institutions financières, les banques fortement engagées dans ce segment particulier de crédit immobilier. Le choc au lieu d’être amorti, a été amplifié. Pourquoi le choc, au lieu d’être amortie, a été amplifié et s’est propagé à l’ensemble des systèmes financiers ? 2.5-Pourquoi la crise des subprimes s’est-elle propagée à l’ensemble des systèmes financiers ? 2.5.1Opacité du système, spéculation et rôle des agences de notation Démultiplication opaque et spéculative du système : Les banques qui ont organisés la titrisation, ont regroupé des paquets de crédit qui ont été acquis par les SPV. Dans ces paquets il y a des crédits subprimes mais aussi des paquets mixtes mélangeant divers types de crédit (subprimes, primes, crédits automobiles, aux étudiants, à la consommation..). Les risques de défaillance de ces paquets étaient supposés inférieures à ceux des crédits pris un par un. Cela a permis à ces titres issus des opérations de titrisation d’obtenir une très bonne note de la part des agences de notation. Cela n’est vrai que si les risques pris sur chaque crédit mis dans le paquet sont d’indépendants les uns des autres. Or, les risques pris dans les paquets étaient interdépendants car ils sont tous liés au marché immobilier américain. La baisse des prix de l’immobilier américain a entraîné un effondrement de la valeur des actifs des SPV. Ce que l’on croyait être des titres diversifiés ne l’est pas en réalité. Rôle des agences de notation : Dans un premier temps, les agences de notation ont donné de très bonnes notes à ces titres financiers issus de la titrisation. Les agences de notation ont sous-évalué le risque des titres émis par les SPV (titres issus des opérations de titirisation). Les agences de notation travaillent avec les banques dans la structuration du crédit, c’est-à-dire dans le découpage des paquets de crédit et à leur regroupage en tranche. Elles ont la fois un rôle de conseil car elles travaillent avec les banques à l’origine des opérations de titrisation. Elles ont aussi un rôle de sanction via la notation des titres issus des opérations de titrisation. Cela ouvre la voie à des collusions d’intérêts avec les banques. Les commissions tirées de cette activité (découpage et regroupage en tranche des paquets de crédits) sont devenus la première source de revenus des agences de notation. 2.5.2-Crise de liquidités et contagion aux marchés des actions La contagion et l’amplification s’expliquent aussi par la façon dont ont été construits les titres achetés par les investisseurs. Ces paquets ont été découpés en tranches, certaines tranches comportaient des rendements plus élevés mais aussi plus de risques car elles étaient les premières à être pénalisées si des accidents de paiement intervenaient sur les actifs. Il s’agit en l’occurrence des tranches equity, viennent ensuite les tranches intermédiaires dites mezzanine puis les tranches seniors. Les détenteurs de la tranche senior ne sont censés être pénalisés qu’en cas de dépréciation générale des actifs, ce qui en principe ne devait jamais arriver. Or, la crise des subprimes a prouvé le contraire. Les investisseurs qui ont acheté les titres issus de la titrisation n’ont pas tous acheté en payant au comptant. Certains investisseurs ont acheté en s’endettant pour acheter des titres pour bénéficier d’un effet de levier d’endettement à bas taux d’intérêt. Les investisseurs qui se sont endettés doivent payer un taux d’intérêt. Ils s’endettent à des taux d’intérêt débiteurs plus faible que les taux de rémunération des titres issus de la titrisation. Ils offrent un rendement plus élevé que le taux d’intérêt débiteur auxquels ils sont soumis. Par exemple, beaucoup de banques ont acheté des produits titrisés en créant des sociétés ad hoc (les SIV). Les SIV émettent des titres à court terme appelé ABC (Asset Backed Commercial Papers ou billets de trésorerie) pour investir à long terme dans les actifs issus de la titrisation. Opacité : Les achats et ventes de titres issus de la titrisation se font sur le marché « de gré à gré ». Les transactions se font directement entre acheteurs et vendeurs sans qu’aucune information ne soit diffusée sur les prix et les volumes échangés. Il n’existe donc aucun dispositif de surveillance des marchés permettant de retracer et de repérer les positions importantes ou vulnérables. Le rôle des agences de notation a donné une très bonne note aux titres issus des opérations de titrisation. Elles ont dégradé brutalement ces titres notés auparavant AAA. Les opérations de titrisation ont joué le rôle de courroie de transmission de la crise et ont également accru l’opacité des titres. Le risque est donc rendu beaucoup moins maitrisable car il était moins localisable. Le risque était un peu partout sans qu’on puisse réellement identifier où ils se trouvent réellement. Cette découverte a engendré un climat de méfiance. Un des événements marquant va être l’annonce faite le 18 juillet 2007 par la banque BEAR STEARNS. Elle annonce que deux de ces fonds spéculatifs (Hedge Funds) investissent massivement dans les produits titrisés liés aux crédits subprimes qui ne valent plus rien. Les défauts de paiement des ménages stoppent la rémunération des titres adossés aux crédits subprimes. Les SPV sont liquidés. Les détenteurs de titres adossés aux crédits subprimes subissent des pertes. Les banques qui ont acheté des produits titrisés se retrouvent en grande difficulté. Cela est dû au fait que les investisseurs se méfient des produits titrisés adossés au crédit immobilier en particulier au crédit subprime. 2.5.3-Les conséquences de la crise des subprimes sur le couple Banque/SIV : Les investisseurs ne souscrivent plus au CP (Commercial Papers). Les banques, soit elles liquident les SIV comme dans le cas des SPV, soit elles les réintègrent dans leur bilan. Mais, si elles réintègrent les SIV dans leur bilan, la mobilisation en fonds propres réglementaires augmente. On assiste à une crise de confiance et à la généralisation de la méfiance. Le retournement sur les titres adossés aux crédits subprimes se généralise à tous les titres issus de la titrisation. 2.5.4-Des produits titrisés à la suite de l’effondrement du marché Les investisseurs prennent conscience du caractère risqué des produits titrisés à la suite de l’effondrement du marché des titres adossés aux crédits subprimes. Ils veulent se débarrasser de leurs titres qui ne sont plus rentables et ne valent plus rien. On assiste à une chute des cours des titres issus des opérations de titrisation. Personne ne veut prendre le risque de les acheter, d’autant plus que les agences de notation dégradent la note des titres auparavant notés AAA. Le marché des produits titrisés s’effondre et devient illiquide. Les banques impliquées dans la titrisation voient leurs actifs se dépréciés car elles ont aussi acheté des produits titrisés. Elles sont contraintes de trouver des liquidités pour remédier aux défaillances des SPV et/ou des SIV, voire de les réintégrer dans leur bilan. Les banques se retrouvent alors confronter à une crise de liquidités de grande ampleur. Normalement, elles empruntent sur un compartiment du marché monétaire qui est le marché interbancaire. Les banques se prêtent entre elles au jour le jour (celles qui ont un excès de liquidités prêtent à celles qui sont dans le besoin). Lors de la crise des subprimes, les banques moins exposées qui disposaient de liquidités ont refusé de prêter aux banques en difficultés car elles ne connaissaient pas la situation financière, en d’autres termes jusqu’à quel degré ces banques étaient impliquées dans la crise des subprimes. La défiance généralisée a fait que les banques ne se prêtaient plus entre elles. On a assisté à un asséchement de la liquidité sur le marché interbancaire. Les grandes banques centrales des pays développés (FED, BCE) ont dû intervenir sur le marché monétaire pour injecter massivement des liquidités. À savoir : Quelques dates marquantes de la crise des subprimes La première banque qui ne résistera pas à la crise des liquidités est la banque britannique (Northern Rock). Sa chute qui commence en août 2007 s’est accélérée au mois de septembre et médiatisée au travers de la course au guichet entrepris par les déposants. (queue de client qui faisait des kilomètres et qui tentait de retirer de l’argent. En quelques jours, 2 milliards de live sterling ont été retirés). Cette banque a fait l’objet d’une nationalisation temporaire (17 février 2008) ce qui a aggravé les besoins de liquidités des banques. Les règles des normes comptables au niveau international sont pro-cycliques. En effet, l’application des normes comptables internationales imposent la comptabilité en valeur de marché : cette méthode est appelée « mark to market ». C’est une méthode comptable consistant à arrêter la valeur d’un actif par référence à son prix du marché du moment. Les banques doivent respecter les règles prudentielles. Elles sont obligées d’avoir des fonds propres pour être en mesure de faire face : - au risque de crédit lorsque l’emprunteur fait défaut - au risque de marché, c’est-à-dire les risques de perte résultant des fluctuations des prix des actifs qui composent un portefeuille La banque a aussi des actions, des obligations. La valeur des actions peut fluctuer. Les banques sont obligées d’avoir des fonds propres au risque de marché - au risque opérationnel. Cela renvoie de risques de pertes causées par une défaillance de procédures de l’établissement ou de son personnel (ex : Kerviel). L’interaction entre les normes comptables et les règles prudentielles a eu un effet totalement pro-cyclique sur les marchés financiers et les comptes des banques. En effet, si les prix des actifs commencent à baisser, les normes comptables « mark to market » conduisent à des pertes pour les banques qui doivent se recapitaliser pour respecter les règles prudentielles. Si elles ne réussissent pas à lever de nouveaux fonds auprès d’investisseurs, elles vendent des actifs conduisant à une nouvelle baisse du prix des actifs, etc … Les titres issus des opérations de titrisation sont aussi détenus par les Hedge Fund (fonds spéculatifs), par les compagnies d’assurance, les fonds de pension qui gèrent les retraites (dans un système de retraite en capitalisation). Ces acteurs ont aussi besoin de liquidités car les titres issus des opérations de titrisation ne valent plus rien. Par exemple : les fonds de pension ont des retraites à payer. Les compagnies d’assurance ont des capitaux à verser (indemnisation du sinistre). Les Hedge Funds ont des sorties de capitaux importantes. Pour avoir des liquidités, ils vont vendre des actions, des titres des entreprises saines d’où la chute des cours des actions et des marchés boursiers. Les pics montrent que le marché interbancaire a connu une crise de liquidités, car les banques qui disposent de liquidités excédentaires ont refusé aux banques qui ont besoin de liquidités, ou elles prêtent à des taux d’intérêts mais très élevés. En septembre et octobre 2008, la crise s’aggrave avec une série d’événements : - Le 7 septembre 2008, Freddie Mac et Fannie Mae sont mis sous tutelle par le Gouvernement américain. Ce sont deux organismes de refinancement hypothécaire. Ils détiennent 40% de l’encours des crédits immobiliers aux Etats- Unis - Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers (4ème banque d’affaires aux Etats-Unis, l’un des fleurons de Wall Street) annonce sa faillite. Cette annonce déclenche la panique sur les bourses mondiales. Cela va être le tournant de la crise financière. C’est la raison pour laquelle les commentateurs datent la crise des Subprimes le 15 septembre 2008 (elle a commencé réellement juillet-août 2007). De plus, à cette même date, Bank of America annonce le rachat de Merryl Linch pour 50 milliards de dollars. - Le 16 septembre 2008, le numéro un mondial de l’assureur AIG (fait partie des rehausseurs de crédits ou monoline) se retrouve au bord de la faillite mais elle est secourue par le Trésor américain qui lui accorde un prêt de 85 milliards de dollars. - Le 29 septembre 2008, la banque Fortis est sauvée de la faillite par des prises de participation des Etats belges, néerlandais et luxembourgeois - Le 30 septembre 2008, la banque Dexia est sauvée par les gouvernements belges et français L’annonce de la faillite de la banque Lehman Brothers va provoquer un mouvement de panique sur les marchés boursiers. Les cours des actions connaissent de fortes chutes. La globalisation financière (mondialisation des marchés financiers, tous liés entre eux) explique la propagation de la crise des subprimes à l’ensemble des marchés financiers. Elle n’est pas restée cantonner à la crise financière, elle s’est transmise à l’économie réelle. Cette crise financière s’est transformée en crise économique et sociale. Comment la crise financière s’est-t-elle transmise à l’économie réelle ? 2.6- Les mécanismes de transmission de la crise des subprimes à la sphère réelle Cela s’est fait par 4 mécanismes économiques : 1. Par le canal du crédit 2. Par le canal des effets de richesse 3. L’environnement est incertain et le canal des anticipations des agents 4. Le canal du commerce extérieur 2.6.1. Par le canal du crédit. L’accès au crédit tant que pour les entreprises que pour les ménages est rendu plus difficile avec un effet prix (le crédit s’est renchéri) et un effet volume qui renvoie au rationnement de l’offre de crédit (prêtent très peu aux clients, aux ménages et aux entreprises même si ces derniers sont solvables) ou encore dans la littérature économique « crédit crunch ». Les banques ont enregistré des pertes, ont vu leur actif se déprécier et doivent accroitre leur fond propre pour faire face au risque que les emprunteurs puissent faire défaut. Par conséquence, elles prêtent moins ou prêtent à un taux d’intérêt plus élevé ce qui renchérit le coût du crédit. Par exemple, pour les entreprises qui empruntent dans le but de réaliser des projets d’investissement, le renchérissement du coût du crédit augmente le coût du capital. Dans ce cas-là, il faut que le rendement interne du projet d’investissement (ou cout de rentabilité, il faut qu’il dépasse le coût de l’emprunt) soit très élevé pour que ce projet soit mis en œuvre Le crédit est rationné quand aucun prêteur n’accepte de prêter ou lorsque les prêteurs n’acceptent de prêter que des sommes limités aux emprunteurs même si les emprunteurs sont disposés à payer plus que ne l’on fait auparavant des personnes présentant des risques similaires et qui ont obtenu des prêts. Face au rationnement du crédit, des entreprises, en particulier les PME, peuvent rencontrer des difficultés pour couvrir leurs besoins de trésorerie. En effet, il s’écoule du temps entre le moment où les entreprises achètent des consommations intermédiaires (CI), payent des salaires et vendent les marchandises qu’elles ont fabriquées. Il s’écoule du temps entre la vente et le moment où elle est payée surtout que très souvent elles vendent à crédit (en vendant aux autres professionnels). En général, elles couvrent ces besoins de trésorerie par un crédit de trésorerie auprès de sa banque. Si le crédit se raréfie (rationnement du crédit), l’entreprise peut très bien être saine, faire des ventes mais être incapable de financer ses dépenses à court terme. Elle sera en difficulté car elle manque de trésorerie Le phénomène de crédit crunch (rationnement du crédit) est d’autant plus douloureux lorsque le taux d’autofinancement des entreprises est faible (Autofinancement/Investissement). L’autofinancement permet de voir la part des investissements financés par les entreprises grâce à leurs propres épargnes. Cela été le cas en 2007 en Espagne et en France. Le taux d’autofinancement des entreprises (SQS : Société et Quasi Société financière) s’est élevé à 60,7%. 2.6.2.Par le canal des effets de richesse. Les effets de richesse désignent les effets sur les dépenses privées suscitées par un changement de la richesse. Les effets de la richesse sont généralement associés à des changements de la valeur des actions, des obligations et des biens immobiliers. Les entreprises qui sont cotés en bourse ou qui ont dans leur portefeuille des actions, en raison de la chute des marchés boursiers, ont vu leurs actifs se déprécier considérablement. Elles cherchent à réduire leurs dépenses, à comprimer leurs coûts. Elles diffèrent ou renoncent à leur projet d’investissement. Elles revoient donc à la baisse leur perspective d’embauche quand elles ne licencient pas. Les ménages propriétaires de leur logement voient diminuer la valeur de leur patrimoine (bien immobilier) en raison de la chute du crédit immobilier. Les ménages détenteurs de portefeuilles d’action voient la valeur de leurs actions ponctionnées par l’effondrement des marchés boursiers (prélever une somme à quelqu’un) Dans le cas des ménages propriétaires d’un bien immobilier qui voient le prix de l’immobilier diminué, des effets psychologiques interviennent. Les ménages se sentent moins riches, vont moins consommer ou reportent les achats de biens de consommation durable (voitures). La mise en place des mesures « Les primes à la casse » vont inciter les ménages à acheter une voiture pour soutenir le secteur automobile. L’effet négatif sur la consommation des ménages est encore plus accentué aux Etats-Unis, dans la mesure où les ménages américains sont très sensibles aux dépréciations d’actifs du fait de leur épargne placé en bourse et géré par les fonds de pension. Le système de retraite est un système de retraite par capitalisation. Ils placent cette épargne en achetant des actions et des obligations. Les revenus générés par ces actions (dividendes) et obligations (intérêts) constituent la retraite des américains. 2.6.3. L’environnement incertain et le canal des anticipations des agents L’environnement est incertain, les perspectives d’emploi et de croissance étaient régulièrement réévaluées à la baisse. Les ménages et les entreprises prenaient leurs décisions de consommation (ménages) et d’investissement (entreprises) dans un environnement plus incertain. Lorsque les agents sont dans un environnement incertain, ils adoptent des comportements attentistes. Cela veut dire que les entreprises reportent leur projet d’investissement, les ménages reportent leur consommation surtout les achats de biens de consommation durable. En présence d’incertitudes, les ménages accroissent leur épargne pour motif de précaution, c’est-à-dire pour faire face à des dépenses imprévues (ex : risques de se retrouver au chômage). Pour les entreprises, l’argument avancé est lié à l’irréversibilité des dépenses d’investissements. En effet, une fois les dépenses d’investissement engagées, les coûts d’installation du capital peuvent difficilement être récupérés. Comme la décision est irréversible, l’entreprise renonce à l’opportunité d’investir en vue de le faire à un moment plus favorable, plus propice. L’incertitude globale autour de la situation macroéconomique incite les entreprises à reporter leurs décisions d’investissement freinant ainsi les dépenses et la production. On parle de la Grande Récession de 2008 et 2009, car on a assisté à une chute très importante de la production industrielle. Les pays ont été fortement touchés, aucune région du monde n’a été épargnée. Les pays émergents ont aussi enregistré une chute de leur production industrielle. 2.6.4. Par le canal du commerce extérieur Tous les pays ont été affectés de manière plus ou moins importante par la crise financière. Cette crise n’est pas restée cantonner à la sphère financière. Elle a eu des effets négatifs sur la croissance, la production, la consommation des ménages, l’investissement des entreprises. Comme tous les pays ont été touchés par la crise financière, on ne peut pas compter sur la demande étrangère, sur les exportations pour remédier à la faiblesse de la demande interne. L’investissement et la consommation sont deux composantes de la demande globale. En 2009, on a eu une contraction très importante du commerce mondiale à la fois en termes de valeur et de volume. Pourquoi a-t-on eu un recul des échanges mondiaux aussi marqués ? Certains pays ont adopté des mesures protectionnistes, mais la cause première est la forte contraction de la demande mondiale. Ce qui a débuté dans le secteur financier aux Etats- Unis, s’est rapidement propagé à l’économie réelle avec des répercussions au niveau mondial. La faible disponibilité des crédits commerciaux en raison du crédit crunch a aussi joué un rôle. La nette diminution de la richesse provoquée par la Grande récession a amené les ménages et les entreprises à réduire leurs dépenses pour tous les types de crédit. Les entreprises reportent également leurs achats de biens d’équipement tels que les machines industrielles. Les achats de ces produits pouvaient aisément être reportés devant une conjoncture économique plus incertaine, et ils ont peut-être aussi été plus sensibles que d'autres aux conditions du crédit. La réduction de la demande de ces produits s'est répercutée sur les marchés qui fournissent les inputs utilisés dans leur production — notamment le fer et l'acier. La baisse de la demande de fer et d'acier s'explique aussi par le ralentissement de la construction et du bâtiment dans les pays où les marchés immobiliers étaient florissants avant la crise (États Unis, Royaume Uni, Irlande et Espagne, par exemple). Les pays émergents et les pays avancés ont été fortement touchés par la contraction forte des échanges mondiaux. Le licenciement des travailleurs a apporté des effets négatifs sur la croissance et l’emploi. Si on regarde le taux d’inflation, celui de l’Espagne et des Etats-Unis est négatif. Ils sont dans une phase de déflation. La déflation est une baisse générale et durable des prix accompagnée d’une contraction de la production et d’une hausse du chômage. Dans le cas de la désinflation, le taux d’inflation est toujours positif mais progresse moins, il y a un ralentissement de la hausse des prix. Pour tous les pays, le chômage a énormément progressé ; en particulier pour l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Le paradoxe de cette crise financière est qu’elle est partie des Etats-Unis s’est transformée en crise économique et sociale et elle a particulièrement touché l’Europe. En effet, en 2014, les Etats-Unis ont réussi à faire baisser leur taux de chômage alors que le taux de chômage de la zone Euro demeure très élevé et augmentent pour un certain nombre de pays de l’Euro. Durant la crise des Subprimes et de la Grande Récession de 2008-2009, le taux de chômage a peu augmenté. Cela s’explique par le dispositif de chômage partiel (pour inciter les entreprises à garder leurs salariés quand la conjecture économique est faible : les salariés travaillent moins, reçoivent toujours un salaire mais moins élevé°. Le coût est supporté par les pouvoirs publics et les entreprises. Cela permet d’avoir des niveaux de chômage peu élevés). III- Les politiques pour lutter contre la crise économique suite à la crise des subprimes. 3.1-L’adoption de politiques monétaires expansionnistes Les grandes banques centrales (FED, BCE, Banque Centrale d’Angleterre et du Japon) ont mené une politique monétaire expansionniste via la baisse des taux d’intérêts directeurs. Pour lutter contre le crédit crunch ou l’assèchement du crédit, les banques centrales ont mise en place des politiques monétaires expansionniste se traduisant par la baisse des taux d’intérêts directeurs qui sont très faibles (proches de 0%). Elles ont injecté massivement des liquidités sur le marché monétaire pour lutter contre la crise des liquidités auxquelles étaient confrontés les banques commerciales (ou banques de 2nd rang pour les distinguer de la banque centrale) Ces politiques n’ont pas produit les effets escomptés, elles n’ont pas suffi à relancer l’économie, la croissance. Les commentateurs se sont demandés si nous n’étions pas dans une « situation de trappe à liquidité ». C’est un concept keynésien utilisé pour désigner une situation où la demande de monnaie est parfaitement élastique au taux d’intérêt qui est alors à son niveau planché (niveau très bas). Cela veut dire qu’une toute petite variation du taux d’intérêt va entrainer une variation très forte de la demande de monnaie. Dans ce cas-ci, une petite hausse des prix entraîne une baisse conséquente de la demande. Tout l’argent injecté par les banques centrales est retenu par les agents économiques et non dépensé. En situation de trappe de liquidité, la politique monétaire expansionniste est inefficace. 3.2-Des mesures de soutien au secteur financier L’exemple du Japon dans les années 1990 a montré qu’on ne pouvait pas faire repartir durablement la croissance si le secteur financier n’était pas assaini. Dans les années 1990, le Japon a connu une crise immobilière qui s’est transformée en crise bancaire. Elle a eu des répercussions très négatives sur la sphère réelle. 3.2.1-La recapitalisation des banques Les pouvoirs publics ont aidé à la recapitalisation des banques (faire en sorte que les fonds propres ou capitaux augmentent). Il y a l’exemple du plan Paulson aux USA d’un montant de 700M de dollars mais aussi les prises de participation des Etats Belges, Néerlandais, Luxembourgeois dans le capital de la banque Fortis en 2008 pour la sauver de la faillite. Pour le plan Paulson, l’Etat Américain a acheté aux banques les titres invendables, toxiques et en échange, l’Etat Américain est entré dans le capital des banques qui ont bénéficié de ce plan. L’Etat a acquis des titres de propriété dans les banques aidées. L’Etat possède une part du capital des banques aidées. Si les banques aidées se redressent, l’Etat touchera des bénéfices et peut même réaliser des plus-values en revendant les titres des banques aidés. 3.2.2-Les nationalisations partielles ou totales (nationalisations temporaires) Il y a les exemples de la nationalisation de Northern Rcok en septembre 2007 (maintenant elle n’est plus nationalisée) et également la nationalisation de Freddie Mac et Fannie Mae (deux organismes de refinancement du crédit hypothécaire aux Etats-Unis) 3.2.3-Garantie des prêts sur les marchés interbancaires ou monétaires Dans le cas de la crise des subprimes les banques ne se faisaient plus confiance. Cette mesure visait donc à lutter contre la sèche monétaire en garantissant les prêts interbancaires. Les pouvoirs publics ont garanti les prêts sur les marchés interbancaires ou monétaires. Les banques qui disposaient de liquidité excédentaire étaient très réticentes à prêter aux banques qui avaient des besoins de liquidités. 3.3-La mise en place des politiques budgétaires expansionnistes : les politiques de relance Les Etats ont mis en place différents types de politique de relance dont une politique budgétaire expansionniste. Ils ont augmenté les dépenses publiques pour relancer l’économie. C’est une idée keynésienne par excellence Une hausse des dépenses publiques entraine une hausse plus que proportionnelle de la production et du revenu. On parle d’effet multiplicateur. D’où vient cet effet multiplicateur ? Quand les dépenses publiques augmentent, la demande globale augmente car la dépense publique est une composante de la demande globale. Pour répondre à la hausse de la demande globale, les entreprises sont amenées à produire davantage, à embaucher du personnel. Lors de la production, des revenus sont redistribués. Le revenu augmente et cette hausse du revenu entraîne une hausse de la consommation des ménages qui entraîne une hausse de la demande globale et ainsi de suite. Les effets multiplicateurs s’amenuisent au cours du temps car lorsque qu’on a une hausse du revenu, une fraction de la hausse du revenu est consacrée à la consommation et une partie qui est épargnée. Si un $1 dépensé par l’Etat conduit à une hausse de $2 du PIB, on dira que l’effet multiplicateur a été de 2. 3.3.1-Les différents plans de relance ü Plan américain de 787 milliard de dollars, soit 5,5% du PIB - Allégements fiscaux pour les entreprises et les ménages - Mesures de soutien aux bas revenus (retraités et chômeurs). Les pauvres ont une propension marginale à consommer plus élevé que les riches - Investissement en dépenses de santé, en éducation et formation, en infrastructures, dans l’énergie, le logement, la recherche scientifique etc. En période de crise économique, les investissements en capital humain jouent un rôle important car ils évitent aux travailleurs qui restent dans une période de chômage de longue durée de voir leur qualification se détériorer. Au chômage, on est confronté au problème d’obsolescence des qualifications. Des études empiriques ont montré que quand on a des revenus limités, les ménages renoncent à se soigner ce qui détériore leur état de santé. On ne peut pas rechercher un emploi avec une santé dégradée et même si on arrive à retrouver un emploi, on ne peut pas être productif. ü Beaucoup de pays ont mené une politique de relance. En Europe, il n’y a pas eu de relance concertée : chaque pays a mis en place son plan de relance. Les mesures sont très différentes selon les pays. On constate aussi que l’ampleur de ces plans est moindre par rapport à celle des USA. Au royaume uni, le plus gros poste de relance concerne la baisse de la TVA afin de relancer la consommation des ménages. Pour la France, ce sont essentiellement des investissements publics et le soutien à la trésorerie des entreprises. En effet, les PME peuvent se retrouver en difficulté même si elles sont saines car elles ont besoin de trésorerie. En Allemagne, les dépenses engagées ont surtout servi au soutien dispositif de chômage partiel qui a permis de contenir la hausse du chômage 3.4-Le multiplicateur keynésien (multiplicateur des dépenses publiques) Les ménages les plus modestes ont une propension marginale à consommer relativement plus élevée que les riches. Si l’Etat injecte de l’argent dans le circuit économique, le supplément de revenu va être consommé à cause de la propension marginale à consommer qui est élevé. Ces plans de relance s’appuient sur une idée keynésienne très simple : sur le multiplicateur keynésien, public ou budgétaire. L’idée est d’augmenter les dépenses publiques pour relancer l’économie. Une hausse des dépenses publiques va entraîner une hausse plus que proportionnelle de la production et du revenu : il y a un effet multiplicateur. Quand les dépenses publiques augmentent, la demande globale augmente (les dépenses publiques sont une composante de la demande globale) Pour répondre à cette hausse de la demande globale, les entreprises vont produire davantage et embauchent plus de personnel. A l’occasion de cette production, davantage de revenus vont être distribués ce qui soutient la consommation des ménages. La hausse de la consommation des ménages entraîne une augmentation de la demande globale (car la consommation des ménages est une composante de la demande globale) et ainsi de suite. Si un 1€ dépensé par l’Etat conduit à une hausse de 2€ du PIB, on dira que l’effet multiplicateur a été de 2. Pour relancer l’économie, l’Etat mène une politique budgétaire expansionniste. L’Etat augmente le déficit public pour relancer l’économie puisque les dépenses publiques excèdent les recettes fiscales (Hausse des dépenses publiques et/ou baisse des impôts) Exemple d’actualité : L’Allemagne a un léger excédent public. Beaucoup de pays demandent à l’Allemagne de relancer son économie ; car en économie ouverte, si un pays relance son économie, il fait profiter les autres pays de cette relance via les importations des pays qui relancent l’économie. Une hausse de la demande globale peut être satisfaite par les entreprises étrangères via les importations. Si l’Etat a un excédent, il peut relancer l’économie et réduire son excédent. L’Etat peut aussi mener une politique budgétaire restrictive (politique d’austérité) qui correspond à une contraction des dépenses publiques et/ou hausse des impôts. Le déficit budgétaire est le déficit du budget de l’Etat, les recettes sont alors inférieures aux dépenses. Le déficit public est le déficit de l’Etat, des organismes de sécurité sociale et des collectivités territoriales. Co : consommation autonome et c : propension marginale à consommer. c=1-s avec s (propension marginale à consommer) La consommation des ménages dépend positivement de la consommation autonome et du revenu disponible (Y-T) I et G sont exogènes Une hausse des dépenses publiques va avoir un effet multiplicateur sur le revenu national D de. La valeur du multiplicateur est d’autant plus élevée que la propension marginale à DEF consommer est faible. La valeur du multiplicateur des dépenses publiques est plus élevée celles des dépenses publiques. C’est la raison pour laquelle les keynésiens préconisent une relance de l’économique par une hausse des dépenses publiques que par une baisse des impôts. Les exportations dépendent de la demande extérieure. En économie ouverte, il faut tenir compte des importations et des exportations. M0 : importation autonome ou importation minimum (il y a des importations incompressives comme le pétrole). M est la propension marginale à importer. En économie ouverte, lorsque le revenu national augmente, les ménages vont consommer davantage mais les ménages vont acheter aux entreprises nationales et également aux entreprises étrangères. Le multiplicateur des dépenses publiques en économie ouverte est plus petit que le multiplicateur de dépenses publiques en économie fermée car lorsque l’Etat mène une politique budgétaire expansionniste, la demande globale augmente, les entreprises vont répondre à cette hausse de la demande globale en produisant mais en économie ouverte, les entreprises étrangères peuvent aussi capter une part de cette hausse de la demande globale. De même, les revenus des ménages augmentent et peuvent acheter des produits étrangers via les importations et constituent une suite en dehors du circuit économique, ce qui amoindrit les effets du multiplicateur en économie ouverte. Des études ont cherché à montrer l’impact d’une variation de 1% des dépenses publiques sur le PIB. La valeur du multiplicateur budgétaire permet de calculer l’impact d’une politique budgétaire expansionniste sur le PIB. Lorsque la croissance économique ralentit, la mise en œuvre d’une politique budgétaire expansionniste peut relancer l’économie mais la question est de savoir de combien. On a des résultats différents pour un pays qui tient à la diversité des approches utilisées pour estimer la valeur des multiplicateurs. La hausse de dépenses publiques ou la baisse des impôts induit une hausse plus que proportionnelle du PIB dans le cas où on a une valeur du multiplicateur supérieur à 1, qui engendre une hausse suffisamment importante des recettes fiscales pour résorber considérablement le déficit budgétaire. Ces dispersions des effets multiplicateurs sont dues à des techniques d’estimation ou à des hypothèses de modélisation différentes. Mais elle s’explique aussi par le fait que les instruments de politique économique estimés dans les différents modèles sont différents. Les estimations du FMI portent sur l’investissement public ; tandis que les études de Romer évaluent l’impact d’une baisse des impôts. La valeur du multiplicateur keynésien dépend de nombreux facteurs. Premièrement, le degré de rigidité des prix et des salaires nominaux. Si les prix et les salaires nominaux sont parfaitement flexibles, le multiplicateur est nul. Deuxièmement, la valeur du multiplicateur budgétaire dépend du gré de myopie des agents économiques. Si les agents ont des horizons temporels longs et sont rationnels alors le multiplicateur est nul. En effet, si les agents économiques sont rationnels et raisonnent sur le long terme, ils savent que quand l’Etat mène une politique expansionniste, il va avoir un déficit tôt ou tard et l’Etat devra combler ce déficit et il devra procéder à une contraction des dépenses publiques ou une hausse des impôts. Si les agents économiques sont rationnels et altruistes et raisonnent sur le long terme, ils vont épargner davantage car ils devront payer davantage d’impôts ce qui amenuisent l’efficacité de la politique de relance. S’ils épargnent, ils vont moins consommer ce qui contrecarre les effets de cette politique de relance. Si les agents économiques sont confrontés à une contrainte de liquidités, alors ils dépensent à chaque période tout leur revenu et le multiplicateur sera élevé. Troisièmement, ce qui compte, c’est la propension marginale à consommer et à importer. Si la propension marginale à consommer est élevé, le multiplicateur budgétaire sera élevé. Si la propension marginale à importer est élevé, le multiplicateur budgétaire sera faible. Si la propension marginale à épargner est élevée, le multiplicateur budgétaire sera faible. Enfin, le dernier facteur est la réaction des taux d’intérêt et du taux de change à l’expansion budgétaire. S’il y a une hausse des taux d’intérêt et une appréciation de la monnaie du pays qui relance son économie alors le multiplicateur sera faible. Les estimations empiriques varient énormément. Il est utile de connaître sa valeur pour estimer l’impact d’une politique budgétaire expansionniste. Les effets multiplicateurs interviennent aussi dans le cas d’une politique budgétaire restrictive. Si la valeur des multiplicateurs budgétaires est supérieure à 1 dans le cas d’une politique budgétaire restrictive, une baisse des dépenses publiques va entraîner une baisse plus que proportionnelle du revenu. Or, cela représentait une hausse dans le cas d’une politique budgétaire expansionniste. Les effets du multiplicateur jouent à la hausse dans le cas d’une politique budgétaire expansionniste mais aussi à la baisse dans le cas d’une politique budgétaire restrictive 3.5-Controverse entre Barro et Kugman à propos de la valeur des multiplicateurs et des effets escomptés du plan américain des plans de relance. Il y a eu une controverse en 2009 entre deux économistes très connus. Barro est contre le plan Obama et Kugman est favorable au plan de relance qui a été mis en place aux Etats- Unis. Pour estimer la valeur du multiplicateur budgétaire, Robert Barro s’est appuyé sur des épisodes historiques particuliers qui ont vu un accroissement non négligeable des dépenses de l’Etat. Il considère l’évolution macroéconomique en temps de guerre puisque les dépenses militaires et donc publiques augmentent alors exponentiellement. Robert Barro explique que son analyse est aussi valable pour une économie en temps de paix parce que par exemple les dépenses militaires durant la 2GM sont comparables à des plans de relance habituelle. Ainsi, durant la 2GM, l’Etat américain a augmenté ses dépenses de 540 milliards de dollars par an ce qui représentait 44% du PIB américain en 1943 et 1944. Durant ces deux mêmes années, le PIB réel a augmenté de 430 milliards de dollars. Barro conclut que comme les dépenses publiques ont davantage augmenté que le PIB, la thèse de la valeur du multiplicateur budgétaire est supérieure à 1 est invalidée (430/540=0,8 qui est la valeur du multiplicateur budgétaire) Il effectue le même calcul pour la première Guerre Mondiale, du Vietnam et de Corée et trouve également un multiplicateur inférieur à 1 : cela lui permet de confirmer sa thèse. Or, la théorie keynésienne nous dit que le multiplicateur keynésien doit être supérieur à 1. Les politiques budgétaires expansionnistes sont inefficaces car le multiplicateur est inférieur à 1. Le coût correspondant aux dépenses de l’Etat serait dans ce cas supérieur au bénéfice représenté par l’augmentation du PIB. Robert Barro est contre la politique de relance présentée par Obama. Kruman démontre la thèse de Barro en faisant remarquer que celui-ci fonde une grande partie de son raisonnement sur une observation de l’économie américaine durant un temps anormal de l’économie, durant l’économie de guerre (pas représentative de l’économie normale). Il soutient la politique keynésienne. Il rappelle que l’exemple tiré de la 2GM de Barro n’est pas pertinent car les conditions étaient singulières, les biens de consommation étaient rationnés car les ménages étaient invités à réduire leurs dépenses pour rendre les ressources disponibles pour l’effort de guerre. L’économie était par ailleurs en situation de plein-emploi. Les hommes étaient au front pour faire tourner l’économie, on avait fait appel à la main d’œuvre féminine et dans certains pays on avait appel au travail des enfants : l’économie était en situation de plein-emploi. Les conditions particulières ont empêché le multiplicateur de déployer ces effets. Dans l’analyse keynésienne, le multiplicateur ne peut déployer ces effets que quand l’économie est en situation de sous-emploi. Dans la perspective classique, la politique budgétaire expansionniste est inefficace car ne change pas, elle permet juste de modifier la répartition du produit national. Dans la perspective keynésienne, la politique budgétaire expansionniste a des effets positifs sur Y mais aussi sur la consommation des ménages. Pour éviter un effondrement économique, tous les pays de l’OCDE ont mis en place des plans de relance à la fin de 2008-2009. Ces plans de relance n’ont pas permis dans la plupart des pays d’éviter la récession sévère de 2009. Néanmoins, ces plans de relance ont permis à une grande majorité des pays concernés de retrouver une croissance positive dès 2010. L’effet du multiplicateur keynésien a été incontestable. Il est difficile à mesurer et le rebond de la croissance a été limité. La mise en place de ces plans de relance ont creusé les déficits publics et ont fait augmenter la dette publique. La crise des subprimes s’est transformée en crise économique et sociale et en 2010-2011, on a assisté à une crise des dettes souveraines dans la zone Euro. Après cette courte parenthèse de politique budgétaire expansionniste, les Etats ont mis en place une politique budgétaire d’austérité (restrictive) pour réduire le déficit public et la dette publique La crise des dettes souveraines s’est transformée en crise politique avec la montée de l’Extrême-droite en Europe (?) Ce niveau élevé de déficit public et de dette publique s’explique par : Aux différents plans de recapitalisation ou de sauvetage des banques à la suite de la crise des Subprimes. A la suite de la crise des subprimes, pour éviter une crise bancaire importante, les Etats sont intervenus en recapitalisant les banques. Aux plans de relance pour faire redémarrer la croissance. Le rebond de la croissance a été limité. En 2008-2009, on a assisté à une récession sévère, ce qui signifie plus de dépenses sociales, plus de dépenses d’indemnisation du chômage, plus de prestations sociales pour les ménages pauvres, moins de rentrées fiscales (les ménages ont moins de revenus et payent donc moins l’impôt sur le revenu, les entreprises réalisent moins de chiffre d’affaires et payent moins d’impôt sur le bénéfice) : cela fait augmenter le déficit budgétaire. La crise des subprimes s’est transformée en crise économique et sociale. Les Etats se sont retrouvés en période de grande récession économique (plus de dépenses et moins de recettes fiscales : cela creuse le déficit puisqu’en temps de crise il y a plus de dépenses d’indemnisation du chômage, davantage de ménages dans la pauvreté qui vont toucher un certain nombre de prestations accordés sur conditions de ressources) Dans la zone euro concernant la crise des dettes souveraines, il faut mentionner que la gouvernance économique de la zone euro est défaillante. Actuellement, on assiste à une politique d’austérité généralisée en Europe. Après la mise en place de ces plans de relance (qui ont fait creusés les déficits publics et fait augmenter la dette publique), dès 2010 surtout en Europe, la priorité a été donnée à la réduction des déficits publics et à la stabilisation de la dette publique. L’UE a ainsi fait de l’assainissement budgétaire sa priorité. Cette priorité a été inscrite dans le nouveau traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, signée en mars 2012 par les chefs d’Etat de l’UE à l’exception du Royaume-Uni et de la République-Tchèque. Après avoir mené une politique budgétaire expansionniste, surtout les Etats européens ont mis en place une politique budgétaire restrictive qui passe par la baisse des dépenses publiques et/ou la hausse des impôts. Elles n’ont pas permis de stabiliser la dette publique et de renouer avec la croissance. Au contraire, ces politiques ont aggravé la situation économique. L’impact de ces dernières a été sous évalués Le FMI a reconnu ses erreurs d’estimations. Il se basait sur l’ordre des multiplicateurs de l’ordre de 0,5 alors qu’en réalité la valeur du multiplicateur s’échelonnait de 0,9 à 1,7. Or, un multiplicateur budgétaire élevé signifie que les politiques budgétaires restrictives enfoncent les économies dans un cercle vicieux. On peut même avoir une hausse des déficits publics au lieu de la baisse espérée. Si on a une valeur élevée du multiplicateur budgétaire, les politiques budgétaires restrictives vont avoir des conséquences négatives, sévères sur l’économie. Si on a un multiplicateur budgétaire supérieur à 1, une baisse des dépenses publiques va entrainer une baisse plus que proportionnelle de la production et du revenu. Pour expliquer les erreurs d’estimation du FMI et pourquoi la valeur du multiplicateur budgétaire serait plus élevée en période de récession (crise), on a évoqué plusieurs causes. Premièrement, le multiplicateur budgétaire serait plus élevé en cas de réduction des déséquilibres publiques trop rapides et de politiques restrictives trop brutales. Deuxièmement, le multiplicateur budgétaire associé à une politique de restriction des dépenses publiques serait supérieur à ceux observés en cas de politique privilégiant des hausses d’impôts. Ex : Cas de la France : la moitié des foyers fiscaux ne payent pas l’impôt sur le revenu. Pour réduire le déficit public, l’Etat augmente les impôts et cela va impacter plutôt la classe moyenne supérieure et les foyers riches qui ont une propension marginale à consommer plus faible que les pauvres. L’impact d’une hausse des impôts est donc moins important que dans le cas d’une baisse des dépenses publiques. Troisièmement, il semble que le niveau élevé des multiplicateurs tienne à la nature même de la crise économique qui perdure en Europe. L’impact récessif des politiques budgétaires restrictives est d’autant plus élevé que l’on se trouve en situation d’insuffisance de la demande globale et de taux d’intérêt proche de 0. Tout le secteur privé, c’est-à-dire les ménages et les entreprises, cherchent à se désendetter et surtout à ne pas dépenser. Dans un tel contexte, la demande privée ne prend pas le relais de la restriction budgétaire pour remédier à la faiblesse de la demande publique. Les effets dépressifs s’accumulent pour une demande priv