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Les notes de cours abordent les fondamentaux de l'économie, notamment les quatre problèmes fondamentaux : que produire et comment le produire, l'utilisation des ressources, la répartition des richesses et la croissance économique. Elles présentent différentes théories et perspectives.
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Economie Annales Chapitre 1 : Introduction à l’économie La science économique est l’étude des rapports sociaux qui régissent la production, la répartition, la distribution et la consommation des richesses dans chaque type de société. I. OBJET DE LA CONNAISSANCE ECONOMIQUE 4 problèmes fond...
Economie Annales Chapitre 1 : Introduction à l’économie La science économique est l’étude des rapports sociaux qui régissent la production, la répartition, la distribution et la consommation des richesses dans chaque type de société. I. OBJET DE LA CONNAISSANCE ECONOMIQUE 4 problèmes fondamentaux : 1. Que produire et comment le produire ? Théorie de l’économie, de la production : comment produire biens et services ? - Biens économiques (ou biens rivaux) : caractérisés par la rivalité dans la consommation et l'exclusion (ex : pétrole). La rivalité dans la consommation signifie que la consommation d'un bien par une personne réduit la quantité disponible pour les autres. En d'autres termes, ces biens sont limités en quantité, et leur utilisation par une personne diminue la disponibilité pour les autres. L'exclusion signifie que les propriétaires ou les producteurs de biens économiques peuvent exclure les individus de leur utilisation s'ils ne paient pas le prix requis. Les exemples courants de biens économiques comprennent la nourriture, les vêtements, les voitures, les ordinateurs, etc. - Bien libres : caractérisés par deux aspects principaux : la non-exclusion et la non-rivalité. La non-exclusion signifie que personne ne peut être exclu de la consommation de ce bien, même s'il ne paie pas pour cela. En d'autres termes, il est impossible de priver quelqu'un de l'accès à ce bien, qu'il le paie ou non. La non-rivalité signifie que la consommation d'un bien libre par une personne n'empêche pas d'autres personnes de le consommer en même temps. La consommation d'un bien libre ne diminue pas la quantité disponible pour les autres. Les exemples classiques de biens libres incluent l'air que nous respirons et la lumière du soleil. Personne ne peut être exclu de les utiliser, et leur utilisation par une personne ne réduit pas leur disponibilité pour les autres (ex : l’eau, l’air). 2. Les ressources économiques sont-elles intégralement utilisées ? Théorie de la consommation et investissement Pour comprendre si les ressources sont intégralement utilisées, il est utile de se pencher sur la théorie de la consommation et de l'investissement dans une économie. La consommation représente l’utilisation des biens et services produits dans une économie par les ménages et les individus. Dans une économie idéale, les ressources devraient être utilisées de manière efficace pour satisfaire les besoins et désirs des consommateurs. Toutefois, il y a plusieurs raisons pour lesquelles la consommation peut ne pas maximiser l’utilisation des ressources : Inégalités économiques : Si la richesse est concentrée dans les mains d’une petite élite, les ressources sont sous-utilisées car une grande partie de la population n’a pas accès aux biens et services. Comportements de consommation : Les consommateurs peuvent choisir de dépenser de manière excessive ou insuffisante, ce qui peut entraîner un sous-emploi des ressources, notamment dans le cas où les consommateurs épargnent trop ou consomment trop de biens inutiles. L'investissement est l'utilisation des ressources pour produire de nouveaux biens et services, ou pour améliorer les capacités de production existantes. L'investissement peut prendre plusieurs formes : dans l'infrastructure, la recherche et le développement, les entreprises, etc. L'investissement est crucial pour stimuler l'innovation et l’expansion économique. Les investissements peuvent ne pas toujours être optimisés, pour plusieurs raisons : Manque de confiance des entreprises : En période d’incertitude économique, les entreprises hésitent à investir, même si des ressources sont disponibles. Cela peut conduire à une sous-utilisation des ressources productives. Barrières financières : Parfois, les investissements sont limités par des problèmes de financement. Idéalement, pour que les ressources soient intégralement utilisées, il faudrait qu'il y ait une coordination efficace entre la consommation et l'investissement. Si la consommation stimule l'investissement et vice versa, il y a de grandes chances que les ressources soient utilisées de manière optimale. Déséquilibres possibles : Excédent de consommation (surproduction) peut entraîner un gaspillage de ressources si l'investissement dans la production n'est pas bien aligné avec la demande réelle. Sous-consommation ou une faible demande peut conduire à une surproduction d'investissements inutilisés, ce qui résulte en une sous-utilisation des ressources. 3. Comment répartir les richesses entre les agents économiques ? Théorie de la répartition et justices sociales Évolution du concept de justice sociale : Avant les années 1980 : réduction des inégalités salariales o L'objectif de la justice sociale était de réduire les inégalités entre les groupes sociaux (ouvriers, cadres, femmes, hommes, etc.). o Des politiques comme les syndicats forts, la fiscalité progressive, et les systèmes de protection sociale avaient pour but de redistribuer les richesses de manière collective. o Principe clé : Favoriser la solidarité collective. Années 1980 : montée de l'égalité des chances o La justice sociale s'oriente vers une vision individualiste où tout individu, indépendamment de ses origines, doit avoir la possibilité d'accéder à des positions élevées dans la société. o On met davantage l'accent sur le mérite individuel : « Si je travaille dur, je peux réussir. » o Cette vision tend à naturaliser les inégalités : les milliardaires sont perçus comme légitimes puisqu’ils auraient "travaillé plus dur ou mieux investi". o Conséquences : ▪ L'accent est moins mis sur la redistribution. ▪ Les inégalités de revenus deviennent plus marquées, car elles sont justifiées par l'effort ou le mérite individuel. Trois types de revenus : Revenu du travail : Il s'agit du revenu gagné par les individus en échange de leur travail. Le revenu du travail est généralement associé au temps et à l'effort consacrés à une activité professionnelle. Il constitue la principale source de revenu pour la plupart des ménages. Revenu du capital : Le revenu du capital est généré à partir des investissements et de la détention de biens productifs, tels que les dividendes d'actions, les intérêts sur des comptes d'épargne ou des obligations, les loyers provenant de biens immobiliers et les bénéfices provenant de la vente d'actifs financiers ou d'entreprises. Il représente les gains que les individus et les entreprises tirent de leurs investissements financiers ou de leurs actifs. Revenu de transfert : Le revenu de transfert est constitué des paiements monétaires ou en nature que les individus reçoivent d'entités gouvernementales ou d'autres organismes sans avoir fourni un service ou un bien en retour (aides état). 4. L’économie connaît-elle une croissance ou est-elle une économie stationnaire ? Croissance économique : La croissance économique se réfère à l'augmentation de la produc- tion de biens et de services dans une économie sur une période donnée. Elle est généralement mesurée par le taux de variation du produit intérieur brut (PIB), qui représente la valeur totale de tous les biens et services produits dans une économie pendant une période donnée. Elle se con- centre sur l'expansion de la production et l'augmentation de la quantité de biens et de services produits. Elle mesure l'évolution de la taille de l'économie. Développement économique : est un concept plus large et englobe la croissance économique, mais il ne se limite pas à celle-ci. Il prend en compte des aspects qualitatifs de l'amélioration du bien-être économique et social. Le développement économique inclut des indicateurs tels que la réduction de la pauvreté, l'accès à l'éducation, à la santé, à l'eau potable, à l'assainissement, ainsi que la distribution équitable des revenus. Il tient également compte de la qualité de vie, de la justice sociale et de la durabilité environnementale. Hypothèse de la croissance zéro Popularisée par le Club de Rome dans son rapport The Limits to Growth (1972). Club de Rome rassemble des chercheurs pour étudier la croissance, ils créent un mo- dèle avec plus de scénarios possibles et formulent l’hypothèse de la croissance 0. Idées principales : o Mettait en garde contre les dangers d’une croissance infinie dans un monde aux ressources limitées. o Soulignait la nécessité de repenser les modèles économiques pour éviter un ef- fondrement. o Si la croissance économique (de la population) est la même, alors notre système social est voué un jour à l'effondrement. La croissance 0 propose de limiter la production excessive et la consommation pour préserver les ressources naturelles et éviter la dégradation de l’environnement. Défis actuels : - Limiter les impacts environnementaux de la production et de la consommation - Veiller à ce que la richesse générée soit redistribuée de manière équitable. - Adopter des modèles qui ne reposent pas uniquement sur une croissance continue. La croissance économique est essentielle pour générer de la richesse, mais elle n'est pas suffisante pour garantir le bien-être de la population. Le développement économique ajoute une dimension qualitative en intégrant des objectifs sociaux, environnementaux et éthiques. II. OUTILS ET METHODES DE L’ECONOMIE 1. Les modes de raisonnement, 2 méthodes économiques : inductif vs déductif La méthode déductive : Caractéristiques de la méthode déductive : Point de départ : une théorie, un modèle ou une hypothèse préexistante. Approche théorique : les conclusions sont tirées à partir d’un raisonnement abstrait. Objectif : tester ou vérifier si les prévisions issues de la théorie correspondent à la réalité. La méthode déductive commence par une théorie ou une hypothèse générale pour en déduire des conclusions spécifiques. Par exemple, la courbe de Laffer, qui illustre la relation entre les taux d'imposition et les recettes fiscales, montre que ni un taux d'imposition de 0 % ni un taux de 100 % ne généreront de recettes, et qu'il existe un taux optimal. Cette théorie illustre comment un raisonnement déductif permet de tirer une conclusion spécifique sur l'impact des taux d'imposition sur les recettes fiscales. La méthode inductive : En revanche, la méthode inductive part de l'observation de faits concrets et de données pour formuler des théories générales. Par exemple, le rapport du Club de Rome utilise des données empiriques pour mettre en évidence les limites de la croissance économique mondiale. Caractéristiques de la méthode inductive : Point de départ : des faits, des données ou des observations réelles. Approche empirique : l’analyse repose sur des enquêtes, des statistiques ou des données historiques. Objectif : construire des théories ou des généralisations à partir des observations. Les méthodes déductive et inductive se complètent en économie. La méthode déductive est utile pour tester des hypothèses existantes, tandis que la méthode inductive permet de formuler de nouvelles théories à partir de données réelles. 2. L’échelle d’analyse : microéconomie vs macroéconomie La microéconomie : La microéconomie est une branche de l'économie qui se concentre sur les acteurs individuels comme les ménages, les entreprises et les marchés spécifiques. Elle analyse comment ces acteurs prennent leurs décisions économiques, matière de production, de consommation et d'échange, généralement à une petite échelle. Exemples d’interactions étudiées : Consommation : Comprendre comment les ménages utilisent leurs ressources limitées pour acheter des biens et services. Production : Étudier comment les entreprises décident des quantités à produire et à quel coût. Marchés spécifiques : Analyser l’offre et la demande dans des secteurs précis. La microéconomie s'intéresse aux interactions économiques petite échelle et aux comportements individuels des acteurs économiques. La macroéconomie La macroéconomie examine l'économie dans son ensemble, en analysant les grands agrégats économiques (PIB, chômage, inflation, etc.). Elle cherche à comprendre les tendances globales et les effets des politiques économiques généralement à une grande échelle, comme celle d’un pays ou d’un continent. PIB (Produit Intérieur Brut) : Mesure globale de la richesse produite dans un pays. Inflation : Étude de la variation générale (hausse) des prix. Chômage : Analyse des facteurs influençant le taux d’emploi. Politiques économiques : o Politique monétaire : Gérée par les banques centrales, elle contrôle les taux d'intérêt et la masse monétaire. o Politique budgétaire : Décisions gouvernementales sur les dépenses publiques et la fiscalité (les impôts). La microéconomie et la macroéconomie sont deux branches complémentaires de l'économie. La microéconomie aide à comprendre les interactions et les choix individuels sur les marchés spécifiques. La macroéconomie permet d'analyser et de prévoir les grandes tendances économiques et les politiques publiques. Ces deux approches sont nécessaires pour obtenir une vision globale des mécanismes économiques. 3. Les matières périphériques de la connaissance économique : économétrie et statistiques Économétrie : L’économétrie applique des outils statistiques pour analyser les données économiques et tester des théories. L'économétrie est une discipline qui applique les méthodes statistiques et mathématiques pour analyser les phénomènes économiques. Elle permet de quantifier les relations économiques, d'effectuer des prévisions, et de tester des théories économiques à l'aide de données réelles. Objectifs principaux : 1. Faire une analyse empirique : Tester les théories économiques grâce aux données, savoir si elles sont vraies. 2. Faire des prévisions économiques : Estimer les tendances et prévoir les évolutions futures (exemple : croissance du PIB, évolution des taux d’intérêt). 3. Aider à la prise de décision des décideurs politiques économiques en fournissant des estimations précises. Méthodologie : Identification des modèles économiques : Définir un modèle basé sur une théorie économique. Collecter des données économiques (chômage, inflation, etc.). Estimation des paramètres : Utiliser des techniques comme la régression linéaire pour calculer les relations entre les variables. Valider les résultats et vérifier s’ils sont conformes à la théorie ou s’ils la contredisent. Exemple : Un économiste pourrait utiliser l'économétrie pour évaluer l'impact d'une augmentation du salaire minimum sur le taux de chômage dans un pays. Statistiques : Les statistiques permettent de collecter, organiser et interpréter des données pour en tirer des conclusions. Objectifs principaux : 1. Description des données (taux de croissance, niveaux de consommation). 2. Identifier des relations ou des tendances dans les données (Hausse des prix) 3. Aide à la modélisation : Fournir des bases solides pour construire des modèles économétriques. Méthodologie : Statistiques descriptives : Fournir des indicateurs clés ; Calculs comme la moyenne, la médiane, l’écart-type pour résumer les données. Statistiques inférentielles : Tirer des conclusions sur une population à partir d’un échantillon. Exemple : Analyser l’évolution des salaires dans différentes régions pour comprendre les inégalités économiques Les statistiques fournissent les outils de base pour collecter et organiser les données. L’économétrie applique ces outils dans un cadre économique pour valider des théories ou effectuer des prévisions. L’économétrie et les statistiques sont des outils essentiels pour l'économie. Tandis que les statistiques se concentrent sur la gestion et l’analyse des données, l’économétrie les utilise pour donner vie aux théories économiques à travers des modèles concrets et des prédictions fiables. Ces matières permettent ainsi de passer des hypothèses théoriques à des résultats concrets applicables au monde réel. IV - HISTORIQUE DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE 1. De l’Antiquité au XVII s. : domination du point de vue moral (philosophique et théologique) Dans l’Antiquité, Aristote réfléchit à la gestion des richesses en distinguant deux approches principales. La première, appelée Œconomie, est l’art de bien gérer les ressources de sa maison. Son objectif est de répondre aux besoins essentiels, comme se nourrir ou se loger, tout en assurant une vie harmonieuse. Cette approche valorise l’autosuffisance et le bien-vivre. La seconde approche, appelée Chrématistique, consiste à accumuler des richesses sans limite. Aristote critique cette pratique, qu’il trouve déshumanisante, car la recherche infinie de profit détourne les gens de leurs besoins réels. Par exemple, il considère le prêt avec intérêt comme immoral, car il profite de l’argent sans créer de valeur réelle. Aristote valorise les métiers utiles à la société, comme ceux des agriculteurs, des médecins ou des enseignants. En revanche, il dévalorise les commerçants, car ils vendent souvent des biens qu’il juge inutiles. Pour lui, les échanges doivent toujours répondre à un besoin concret. Au Moyen Âge, les idées d’Aristote continuent d’influencer la réflexion économique, notamment à travers les écrits de Saint Thomas d’Aquin. Cette période voit le développement des banques, du commerce et de la finance, mais ces pratiques restent marquées par des considérations morales. Saint Thomas d’Aquin critique, lui aussi, le prêt avec intérêt, car il estime que l’argent ne doit pas produire de richesse à lui seul. Cela va, selon lui, à l’encontre des principes chrétiens. Il introduit également la notion de juste prix, qui est un prix équitable respectant les usages en vigueur et permettant une rétribution juste pour toutes les parties. L’objectif est d’éviter les abus et de garantir des échanges fondés sur les besoins réels et l’équité. Jusqu’au XVIIe siècle, la pensée économique reste influencée par ces idées philosophiques et éthiques. L’économie n’est pas vue comme un but en soi, mais comme un moyen de servir la société tout en respectant des principes moraux. 2. Les XVIIe et XVIIIe s. : les prémices de la pensée économique Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, de nouvelles idées économiques émergent et commencent à structurer la façon dont on comprend l’économie. Deux grands courants de pensée dominent cette période : les mercantilistes et les physiocrates. Ces écoles de pensée posent les bases des débats économiques modernes. Le mercantilisme : la recherche de puissance et de richesse Le mercantilisme est un courant qui voit l’économie comme un moyen d’augmenter la richesse et la puissance d’un pays. Pour eux, un pays est riche s’il possède beaucoup de métaux précieux comme l’or et l’argent. Leur idée principale est d’exporter (vendre à d’autres pays) plus qu’on importe (acheter à d’autres pays). Cela permet de garder plus d’argent dans le pays. Pour atteindre cet objectif, les mercantilistes encouragent le protectionnisme : ils protègent leurs industries locales en limitant les produits venant de l’étranger. Ils pensent aussi qu’avoir des colonies est essentiel. Les colonies fournissent des matières premières comme le sucre ou le coton, que la métropole utilise pour fabriquer des produits ou pour les revendre. À cette époque, une forte marine et des colonies permettent d’assurer l’autosuffisance et de renforcer l’économie du pays. Cependant, ce système repose sur l’exploitation des ressources coloniales et, souvent, sur l’esclavage. C’est aussi le début du capitalisme marchand, où les échanges commerciaux prennent une place importante dans l’organisation économique. Les physiocrates : l’importance de l’agriculture Les physiocrates, eux, critiquent les idées des mercantilistes. Ils pensent que la vraie richesse ne vient pas de l’or ou des colonies, mais de la terre et de l’agriculture. Pour eux, seule l’agriculture peut produire de la richesse, car c’est elle qui nourrit les gens et fournit les matières premières. Les physiocrates défendent une économie plus naturelle et moins contrôlée par l’État. Ils croient que si on laisse faire les choses naturellement, l’économie se régulera d’elle-même. C’est ce qu’on appelle le "laisser-faire". Ils s’opposent aussi à la colonisation et à l’esclavage, qu’ils jugent inutiles et immoraux. Une de leurs idées principales est que la monnaie (l’argent) n’a pas de valeur en elle-même. Elle sert uniquement à échanger des biens. Si un pays imprime trop de monnaie sans produire plus, cela provoque une hausse des prix (inflation) et la monnaie perd de sa valeur. Ainsi, pour eux, l’économie doit se concentrer sur la production, et surtout sur l’agriculture. En résumé Les mercantilistes veulent accumuler des richesses (or, argent) en exportant beaucoup, tout en limitant les importations grâce au protectionnisme. Ils misent sur les colonies et une économie contrôlée par l’État. Les physiocrates, eux, pensent que l’agriculture est la source de toute richesse. Ils prônent moins d’intervention de l’État et croient en une économie régulée naturellement. Ces deux courants posent les bases des débats économiques modernes sur le rôle de l’État, la production de richesse et l’organisation du commerce. 3. Fin XVIII et XIX s. : les auteurs Classiques LE PREMIER DES CLASSIQUES : ADAM SMITH (1723-1790) Adam Smith est considéré comme le père de l’économie politique. Dans son ouvrage majeur La richesse des Nations (1776), il propose une vision systématique de l’économie. Il élabore un modèle à partir duquel l’état puisse prendre sa décision économique. Il y développe trois idées principales : 1. La valeur travail : La valeur d’un bien est déterminée par la quantité de travail nécessaire à sa production. 2. La "main invisible" : Les individus, en poursuivant leur propre intérêt, participent sans le vouloir à l’intérêt collectif. Cette coordination naturelle se fait comme si une "main invisible" guidait leurs actions. Comme la plupart des classiques, il est libéral. Selon lui, chacun poursuit son intérêt particulier, il satisfait aussi mécaniquement l’intérêt général sans même que cela entre dans ses intentions, comme si une mais invisible l’y poussait sans qu’il en ait conscience. 3. La théorie des avantages absolus : Il défend le libre-échange et explique que chaque pays devrait se spécialiser dans les biens qu’il peut produire plus efficacement que les autres. Selon lui dans une logique de division internationale du travail, chaque pays doit se spécialiser dans la production par lequel il dispose d’avantage absolu. Cela augmente la richesse globale. DAVID RICARDO (1772-1823) : CONTINUATEUR DE SMITH ET THEORICIEN DE LA CROISSANCE David Ricardo : continuateur de Smith, théorie de la croissance : - La théorie de la valeur du travail : le prix des choses est réglé par leur difficulté de produc- tion, par la quantité de travail qui demande leur production, sauf pour les biens non re- productibles (ex : or) dont la valeur dépend de la rareté. - L’idée d’un état stationnaire de l’économie (voir schéma) - Théorie des avantages comparatifs qui permet à l’accumulation de reprendre grâce au développement des échanges internationaux. La valeur des biens est liée au temps de travail. LE DERNIER DES CLASSIQUES : KARL MARX (1818-1883) ET LA CRITIQUE DE L’ECONOMIE POLITIQUE Karl Marx, dans son œuvre majeure Le Capital (1867), propose une analyse critique du capitalisme. Il examine ses fondements, ses contradictions et les conséquences sociales et économiques qu’il engendre. Voici les principaux concepts développés par Marx : 1. Le matérialisme historique : L’histoire des sociétés est marquée par la lutte des classes entre ceux qui possèdent les moyens de production (capitalistes) et ceux qui travaillent (prolétaires). 2. La baisse tendancielle du taux de profit : Les capitalistes cherchent à augmenter leur productivité en remplaçant les travailleurs par des machines. Cela réduit la valeur créée par le travail humain, diminue la rentabilité et génère des crises économiques. 3. La critique du capitalisme : Selon Marx, le capitalisme repose sur l’exploitation des travailleurs, et ses contradictions internes (comme la baisse du taux de profit) conduiront à sa chute, effondrement. Marx explique que, à mesure que les capitalistes investissent dans des machines pour remplacer les travailleurs, la quantité de plus-value créée par le travail diminue. En parallèle, l'augmentation de l'offre des biens et la concurrence réduit la rentabilité des entreprises. Ces deux facteurs contribuent à la baisse tendancielle du taux de profit. C'est ce qui, selon Marx, entraîne une crise économique inévitable dans le système capitaliste. Selon lui, la crise capitaliste est inévitable, le système capitalisme est basé sur l’exploitation des travailleurs et ce qui détient les installations (les moyens de production). Cela repose sur la richesse crée par les travailleurs (prix des biens) et la rémunération dans les faits de la force de travail par les capitalistes (salaire). La différence entre ces deux valeurs représente la plus-value (ou profit) extorquée au travailleur exploité par le capitalisme. Or les capitalistes cherchent à augmenter les gains de productivité pour faire face à la concurrence, alors la baisse de la part du travail entraine la constitution d’une armé de réserve industrielle (chômeur) qui exerce une pression à la baisse sur les salaires et donc un appauvrissement de la classe ouvrière en diminuant, dans la combinaison productive, la part du travail, qui est le seul facteur source de création de richesse – le capitaliste réduit son taux de profit (rapport de la plus valeur au cout des facteurs de production : capital + salaire). Chapitre 2 : Les théories contemporaines LES THEORIES CONTEMPORAINES : EQUILIBRE GENERAL NEOCLASSIQUE VS CIRCUIT KEYNESIEN I. LA THEORIE NEOCLASSIQUE DE L’EQUILIBRE GENERAL LES PERES FONDATEURS DU COURANT NEOCLASSIQUE : - Léon WALRAS - Carl MENGER - Stanley JEVONS 1) La révolution marginaliste (fin XIXème - début XXème siècle) Ils ont posé les bases de cette théorie : Notions clés : Utilité marginale = la valeur d’un bien dépend de sa rareté selon les situations, le bien na pas de valeur en soit. - Passage du coût de production (conception classique) a une analyse centrée sur l'utilité marginale. - Elaboration d’un modèle permettant de comprendre le fonctionnement de chaque marqué pris individuellement. - Étude des conditions de l’existence d’un équilibre général sur l’ensemble des marchés. La loi de la demande marginale décroissante : Selon cette loi, plus une quantité d’un bien ou d’un service est consommé, moins grande est la satisfaction marginale que l’on en retire. Cette loi explique pourquoi la demande d’un bien diminue à mesure que le prix augmente (ce qui a des implications importantes pour la détermination du prix sur les marchés). En d'autres termes, à mesure que la quantité consommée augmente, l'utilité marginale diminue. L'équilibre sur les marchés : Les marginalistes ont développé des modèles pour expliquer comment les marchés atteignent un équilibre, où l'offre et la demande se rencontrent. Ils ont formulé des théories de l'équilibre des prix basées sur l'égalité entre l'utilité marginale du consommateur et le coût marginal du producteur. 2) Modèle néoclassique de l’équilibre général Ce modèle repose sur des hypothèses clés : Les agents économiques sont rationnels : leur objectif est de maximiser leur utilité ou leur profit. Contraintes budgétaires : Les agents disposent d’une dotation initiale en capital et travail. Mécanisme d’échange : À partir de leur dotation initiale, les agents participent aux échanges marchands pour maximiser leur satisfaction. o Les agents n’ont que l’information sur les prix. o Ils ne peuvent pas influencer les prix individuellement. Conséquence : Les échanges aboutissent à un ordre économique et social. L’existence d’un équilibre général repose sur ces principes. Caractéristiques principales : Chaque marché est défini par une courbe de demande (consommateurs) et une courbe d’offre (producteurs). Les variations d’offre ou de demande entraînent des ajustements de prix et de quantités jusqu’à atteinte d’un nouvel équilibre. Principes fondamentaux (selon Walras) : 1. Rationalité des agents : optimisation du rapport coût/bénéfice. 2. Contraintes budgétaires : déterminées par les ressources initiales (capital, travail). => sous quelles conditions s’agit-il d’un Equilibre Général ? 3) Les théories de la concurrence imparfaite EQUILIBRE GENERAL ET CADRE DE LA CONCURRENCE PURE ET PARFAITE Pour que l’équilibre général fonctionne parfaitement, certaines conditions théoriques doivent être réunies. Ce cadre idéal est appelé concurrence pure et parfaite et repose sur cinq hypothèses : 1. Atomicité : Il y a un grand nombre d’acheteurs et de vendeurs, et aucun ne peut influencer le marché seul. 2. Homogénéité des produits : Tous les biens sur le marché sont identiques en termes de caractéristiques (pas de différentiation). 3. Libre entrée et sortie sur le marché : Aucun obstacle (juridique, économique) ne limite l’entrée ou la sortie des acteurs. 4. Transparence de l’information : Tous les participants ont accès aux informations sur les prix, qualités des produits, etc. 5. Mobilité des facteurs de production : Le travail et le capital peuvent être facilement redéployés d’une activité à une autre. Limites pratiques : Dans la réalité, ces conditions sont rarement réunies. La concurrence parfaite est une construction théorique qui sert de référence pour analyser les marchés réels, souvent marqués par des imperfections (monopoles, asymétries d’information, barrières à l’entrée, etc.). II. LA CRITIQUE KEYNESIENNE (XXème siècle) La théorie néoclassique, qui suppose que les marchés s’ajustent toujours d’eux-mêmes, a montré ses limites, surtout pendant la crise de 1929. Cette crise a provoqué une explosion du chômage et de la pauvreté, ce que la théorie néoclassique n’arrivait pas à expliquer ni à résoudre. Un économiste britannique, Keynes (1883-1946), a donc proposé une nouvelle façon de penser l’économie dans son livre célèbre : La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936). Voici ses principales idées : 1) Les marchés ne s’autorégulent pas toujours Selon Keynes, les marchés, surtout en période de crise, ne fonctionnent pas parfaitement. Ils ne s’équilibrent pas automatiquement comme le pensaient les néoclassiques. Par exemple, une crise économique peut créer un cercle vicieux : \n. Les entreprises produisent moins parce que les gens achètent moins. \n. Moins de production signifie moins d’emplois. \n. Moins d’emplois signifie moins d’argent à dépenser pour les gens, et la demande chute encore plus. Pour Keynes, l’État doit intervenir pour casser ce cercle vicieux, par exemple en investissant directement dans l’économie pour relancer la demande et réduire le chômage. 2) L’importance de la demande effective Keynes insiste sur un concept clé : la demande effective, c’est-à-dire les dépenses réelles faites par les consommateurs, les entreprises et l’État. Pour les néoclassiques, les marchés s’ajustent grâce à l’offre et à la demande « potentielles » (basées sur les revenus et les prix).\n Pour Keynes, ce qui compte, c’est ce que les gens dépensent réellement, car cela influence directement ce que les entreprises produisent.\n Exemple : Si les gens économisent beaucoup au lieu de dépenser, les entreprises vendent moins et produisent moins, ce qui freine toute l’économie. 3) Le rôle des anticipations Keynes explique que les entrepreneurs (ceux qui produisent) décident de leur niveau de production en fonction de leurs prévisions de ventes, et non en pensant que tout sera vendu automatiquement. Ces prévisions sont influencées par des facteurs psychologiques, comme la confiance ou la peur de l’avenir. Exemple : Si les entrepreneurs pensent que les gens vont moins acheter, ils produisent moins, même si la demande potentielle est théoriquement forte. 4) Les salaires sont rigides à la baisse Pour Keynes, un autre problème des marchés est que les salaires ne baissent pas facilement, même en temps de crise. Les employeurs ne peuvent pas toujours réduire les salaires pour embaucher plus de monde, car : Réduire les salaires baisse la consommation des ménages, ce qui aggrave la crise.\n Les employés eux-mêmes refusent souvent des baisses de salaire. Cela crée un chômage massif, que seul l’État peut aider à résoudre en stimulant l’économie. 5) L’instabilité du capitalisme Keynes pense que le capitalisme (le système économique basé sur les marchés) est naturellement instable. Il peut créer des périodes de forte croissance, mais aussi des crises importantes. Pour éviter ces crises, l’État doit jouer un rôle actif : En dépensant davantage pendant les crises pour relancer l’économie (même s’il faut s’endetter temporairement).\n En menant des politiques pour réduire le chômage, comme créer des emplois publics. KEYNES : QUELS ELEMENTS DE RUPTURE AVEC LES NEOCLASSIQUES ? ❑ Keynes raisonne en termes de circuit économique (flux) et non de marchés (équilibre) ❑ Keynes introduit une composante psychologique dans les comportements économiques (= anticipations) ❑ Keynes considère que les salaires sont rigides à la baisse ❑ Keynes considère que le capitalisme est instable et que l’Etat doit intervenir LOI DE SAY (1803) La loi de Say, formulée par l'économiste français Jean-Baptiste Say, affirme que l'offre crée sa propre demande. En d'autres termes, la production de biens génère automatiquement les revenus nécessaires pour acheter ces biens. La loi de Say repose sur l'idée que lorsqu'une entreprise produit des biens ou des services, elle distribue des revenus (salaires pour les travailleurs, dividendes pour les actionnaires, etc.). Ces revenus sont ensuite dépensés par les consommateurs pour acheter les biens produits. Cela implique que tout ce qui est produit sera consommé ou utilisé, car la production génère automatiquement une demande équivalente. Exemple : 1. Une entreprise fabrique des voitures. 2. Pour produire, elle paie des salaires aux travailleurs et des dividendes aux investisseurs. 3. Ces travailleurs et investisseurs utilisent leur revenu pour acheter des biens, comme des voitures ou d'autres produits. D'après la loi de Say, il n'y aurait donc pas de surproduction durable, car chaque bien produit trouverait un acheteur grâce aux revenus générés par cette même production. Critique par Keynes : Keynes réfute cette idée en expliquant que la demande ne suit pas toujours l'offre. Voici pourquoi : 1. L'épargne n'est pas toujours réinvestie : Les ménages et entreprises peuvent choisir de conserver une partie de leurs revenus sous forme d'épargne, ce qui réduit la consommation immédiate. 2. Les crises de surproduction existent : Pendant une crise, les entreprises produisent plus que ce que les consommateurs sont prêts à acheter, ce qui entraîne des invendus et du chômage. 3. Les anticipations influencent la production : Les entrepreneurs ne produisent pas aveuglément ; ils ajustent leur production en fonction de leurs prévisions de ventes (demande effective). III. La période contemporaine Période contemporaine, la stagflation des années 1970 : - Stagnation économique (croissance faible voir négative) - Inflation élevée (prix des biens et services augmentent) - Demande faible - Chômage structurel Les 2 idées clés de l’école monétariste (Friedman) : - Etat minimum (dérèglementation, baisse d’impôt) - Strict contrôle de l’inflation (contrôle de la masse monétaire) (banque centrale qui assure qu’il n’y a pas d’argent en plus dans le circuit) Milton FRIEDMAN (1912-2006, USA) « Prix Nobel » d’économie 1976 Selon les théories de l’offre, la faiblesse de la croissance économique tient aux freins que rencontrent les producteurs : impôts et charges sociales élevés, rigidités du marché du travail, etc. Chapitre 3 : Croissance, cycles, crises CROISSANCE, CYCLES ET CRISES I. LA CROISSANCE : UNE NOTION PROTEIFORME A) Croissance économique mondiale et disparités régionales La croissance : une notion protéiforme La croissance est mesurée par le PIB ou par le PIB / tête (pour rendre compte du niveau de vie des habitants). Elle est un indicateur privilégié de la situation économique d’un pays. Au cours du dernier millénaire, la population mondiale a été multipliée par 22, le revenu par habitant par 13 et le PIB mondial par près de 300 selon l’OCDE. Au cours du millénaire précédent, la population n’avait augmenté que d’un 6ème et le revenu stagné. Cependant, cette croissance exponentielle cache de fortes inégalités régionales. B) Croissance économique et développement : deux notions complémentaires Croissance économique et développement La croissance économique est un indicateur purement quantitatif. La notion de développement, en revanche, suppose des progrès dans l’activité économique mais aussi dans d’autres domaines : démographie (baisse de la mortalité), santé (augmentation de l’espérance de vie), éducation (baisse de l’illettrisme) et conditions sociales en général. Angus Deaton (Nobel 2015) : lien entre revenu et bien-être subjectif. Indicateur de développement humain Introduit par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en 1990 dans le Rapport sur le développement humain (HDR). L'IDH vise à aller au-delà des mesures économiques traditionnelles, telles que le PIB par habitant, pour fournir une image plus complète du bien-être et du développement des populations. – Espérance de vie à la naissance – Le niveau d’éducation – Le revenu par habitant « The limits to Growth », le Club de Rome, 1972 Hypothèse de la croissance zero Mettre en évidence les limites des ressources de la planète et de souligner la nécessité de repenser les modèles de développement économique et de consommation Directives du Protocole de Kyoto, de la COP 21 à Paris II. LES DETERMINANTS DE LA CROISSANCE : FACTEURS EXOGENES VERSUS FACTEURS ENDOGENES A) Solow et le facteur résiduel exogène SOLOW ET LE FACTEUR RESIDUEL EXOGENE (1956) Robert SOLOW (1924 - …) « Prix Nobel » d’économie 1987 Croissance peut d’abord provenir d’une augmentation des quantités de facteurs de production. MAIS ALORS : croissance limitée ! Solow (1956) : première approche quantitative de la croissance. Selon lui, augmentation des quantités de K et W ne suffit pas à expliquer la croissance => introduction du progrès technique. Le progrès technique est un facteur exogène => théorie de la croissance exogène ! B) Les modèles de la croissance endogène LES MODELES DE LA CROISSANCE ENDOGENE (FIN 80s) Idée clé : le PT est désormais considéré comme un facteur endogène de la croissance. Quatre explications : – L’apprentissage par la pratique – Le niveau de R&D (les rendements d’échelle croissants) – Le capital humain (R. Lucas) – Les infrastructures de communication et de transport – Si la croissance favorise le PT, qui favorise lui-même la croissance => croissance auto-entretenue ! III. LES MULTIPLES VISAGES DE LA CRISE A) L’approche néoclassique : la crise impossible La pensée néoclassique intègre les cycles économiques comme des dérèglements temporaires du système économique Terme qui revient souvent : l’excès Cycles économiques = des phénomènes transitoires La théorie des cycles réels : intégrer les flucturations de l’activité économique dans un cadre néoclassique : ces cycles sont causés par des chocs réels, sur la productivité. B) La crise comme période de rupture annonçant une mutation de l’économie La crise comme mutation de l’économie (Keynes et Marx) La monnaie et l’anticipation des agents Contrairement à la loi de Say, les keynésiens pensent qu’une partie du revenu distribué via la production n’est pas dépensée et que les entrepreneurs doivent donc anticiper la demande future. Pour Marx, la crise est inéluctable. Seul le travail est créateur de valeur. Or le capitaliste est amené par la concurrence à utiliser de plus en plus de capital. Baisse tendancielle du taux de profit. C) L’approche cyclique des crises Le cycle de Kitchin (3 ans) Le cycle majeur ou cycle Juglar (6-11 ans) Le cycle de Kondratieff (un demi-siècle) L’explication de Schumpeter et les « grappes » d’innovations : la destruction créatrice. – La disparition et l’apparition de nouvelles techniques, la mise en place de nouvelles fonctions de production rythme son développement. D) « Nobel » 2021 d’économie Décerné à 3 auteurs ayant développé des méthodes visant, par l’expérience, à évaluer les effets des politiques publiques en matière d’emploi et d’éducation. − David CARD (USA) − Joshua ANGRIST (USA) − Guido IMBENS (USA) Ex 1 : D. CARD a mesuré l’effet de l’afflux de 125 000 réfugiés cubains expulsés par Castro en 1980 sur le marché de l’emploi à Miami en comparant Miami avec d’autres villes présentant des marchés de l’emploi similaires mais n’ayant pas eu d’afflux d’immigrés. Résultat : cette immigration massive n’a fait ni baisser les salaires, ni augmenter le chômage. Exemple 2 : au début des années 1990, D. CARD et A. KRUEGER ont comparé dans deux Etats américains mitoyens (New Jersey et Pennsylvanie) l’effet sur le chômage d’une hausse du salaire minimal, l’un des deux Etats l’ayant augmenté, l’autre non. Résultat : la hausse du salaire minimum n’a eu aucun effet sur le chômage (controversé !) Chapitre 4 : Consommation et épargne La consommation des ménages est cruciale pour la croissance puisqu’elle représente 50 à 60% du PIB et explique environ 30% de sa variation. Or ces dernières années, la consommation des ménages a été en berne. Selon les chiffres de l’Insee, elle n'a progressé que de 0,8% par rapport à 2022, après des hausses de 3,1% et de 5,2% les années précédentes qui ont marqué un effet de rattrapage à la suite de la forte contraction liée à la crise sanitaire (-6,5% en 2020). L’épargne des ménages varie depuis le milieu des années 1990 autour de 15% du revenu disponible brut (15,1% en 2019). NB : 21,4% en 2020 (effet confinement) Le taux d'épargne, quant à lui, ressort à 16,9% (après 19,1% en 2021) et se rapproche de sa moyenne 2015-2019 (14,1%). Elle se divise essentiellement entre épargne non financière (acquisition de logement) et épargne financière (avoirs liquides et placements : 30% de l’épargne en 2019). L’épargne est la part du revenu non consommé. I. L’analyse néoclassique de la consommation 1. Le modèle microéconomique standard : un consommateur rationnel maximisant son utilité Le modèle néoclassique repose sur l’hypothèse que les agents (consommateurs) sont rationnels (cherchent à tirer un max de satisfaction ou d’utilité de ce qu’ils achètent tout en respectant leur budget), et qu’ils ont des préférences. L'utilité c’est la satisfaction, le plaisir, qu’un consommateur retire de la consommation d’un bien. Par exemple, manger une glace par une journée chaude te fait plaisir : c’est ton utilité. Mais il y a une limite à ce plaisir. Selon la loi de décroissance de l’utilité marginale (loi de Gossen), plus je consomme d’un même bien, moins chaque unité supplémentaire te satisfait [révolution marginaliste]. Comment fait-on des choix ? Les individus rationnels répartissent leur budget entre plusieurs produits pour maximiser leur utilité. Ils cherchent à maximiser leur consommation. Ces consommateurs arrêtent d’acheter un produit quand l’utilité n’est plus supérieure à son prix. (Si une glace coûte 2 €, tu achèteras jusqu’à ce que la satisfaction de manger une glace supplémentaire ne vaille plus ces 2 €.) Les économistes utilisent un outil appelé courbes d’indifférence pour représenter les goûts et préférences des consommateurs. La règle de l’équilibre du consommateur, l’individu sépare son budget en fonction de l’utilité selon la courbe d’indifférence, représente toutes les combinaisons de 2 biens sur les gouts du consommateur. Une courbe d’indifférence montre toutes les combinaisons possibles de deux produits qui apportent le même niveau de satisfaction. Chaque point sur la même courbe = même satisfaction. Si une courbe est plus éloignée de l’origine (le point où tu n’as rien), elle représente un niveau de satisfaction plus élevé. Exemple : Si tu es sur une courbe où tu peux consommer 3 pizzas et 2 sodas (point K), tu es plus heureux que sur une courbe où tu consommes seulement 1 pizza et 1 soda (point J). Plus une courbe est éloignée de l’origine plus le consommateur consomme et est satisfait. Sur n’importe quel point de la courbe, le niveau de satisfaction est le même. Le taux marginal de substitution TMS mesure le taux auquel le consommateur est prêt à échanger un bien contre un autre tout en maintenant son niveau de satisfaction constant. Plus tu consommes un produit, moins tu es prêt à sacrifier l’autre. Ça explique pourquoi le TMS change au fur et à mesure. 2. La notion d’élasticité de la consommation L’élasticité-prix de la demande est la variation relative de la demande rapportée à la variation relative du prix (mesure comment la quantité d’un produit demandé change quand son prix varie). Si le prix augmente beaucoup et que les gens arrêtent d’acheter (par exemple des vêtements), on dit que la demande est élastique : le résultat est >1. Si le prix monte mais que les gens continuent d’acheter (comme l’essence, car elle est essentielle), on dit que la demande est rigide : égal a 1. La demande pour un bien est élastique si elle varie plus fortement que le prix, si l’élasticité est supérieure à 1 en valeur absolue. Sinon, elle est rigide. On distinguera deux types de biens : - Les biens normaux : la consommation diminue quand le prix augmente - Les biens Giffen : des exceptions. La consommation augmente quand le prix augmente. Par exemple, en Irlande, quand le prix des pommes de terre a monté, les plus pauvres en ont acheté encore plus, car c’était leur seule option. L’élasticité-revenu de la demande est la variation relative de la demande rapportée à la variation relative du revenu (mesure comment la demande d’un produit change quand les revenus augmentent). Une courbe d’Engel (1821-1896) rapporte la demande d’un bien au revenu du consommateur. Ces courbes distinguent 3 types de biens : - Bien supérieur : bien dont la demande augmente plus vite que le revenu (ex : loisir) - Bien normal : bien dont la demande augmente moins vite que le revenu (ex : nourriture) (l’élasticité de la demande sur le revenu est entre 0 et 1). - Bien inférieur : bien dont la demande diminue quand le revenu augmente (produits bas de gamme, car on peut acheter mieux) (élasticité inférieure à 0). Engel a remarqué que quand les gens gagnent plus d’argent : 1. Ils dépensent une part proportionnellement plus petite pour l’alimentation, même si leurs dépenses alimentaires augmentent un peu. 2. Ils épargnent plus. 3. Ils augmentent leurs dépenses pour des choses comme les loisirs, les transports ou la santé. 3. Les limites du modèle néoclassique : hyper-rationalité et conception sous- socialisée de la consommation Le modèle néoclassique part du principe que les individus sont rationnels et qu’ils cherchent toujours à maximiser leur satisfaction. Mais en réalité, ce n’est pas toujours le cas. Voici pourquoi ce modèle a des limites. Dans le modèle néoclassique, les individus analysent toutes les options possibles, comparent les avantages et les coûts, et choisissent toujours la meilleure solution. Mais dans la vraie vie, c’est presque impossible. Par exemple : Quand tu vas au supermarché, tu ne compares pas tous les prix de chaque produit et leur utilité pour toi. Tu fais des choix rapides et pratiques. Herbert Simon dit que les individus ont une rationalité limitée, ce qui les conduirait à choisir non pas la solution optimale, mais une solution satisfaisante parmi les quelques-unes examinées. Pourquoi ? Biais de rationalité limitée : On manque souvent d’information ou de temps pour analyser toutes les options. Recherche satisfaisante : On s’arrête dès qu’on trouve une solution "assez bonne", au lieu de chercher la meilleure. Cage de rationalité : Nos choix sont limités par nos habitudes, notre expérience et notre capacité à traiter l’information. Sociologie de la consommation : le modèle néoclassique repose sur une conception sous- socialisée de la consommation. Il ignore que nos choix sont souvent influencés par notre environnement et notre milieu social. Par exemple : Famille et amis : Si tout le monde autour de toi utilise une marque de téléphone, tu seras tenté de faire pareil. Classe sociale : Les choix de consommation diffèrent selon les revenus et le statut social. Par exemple, les personnes riches achètent souvent des produits de luxe pour montrer leur statut. Genre et culture : Les publicités ciblent souvent les hommes et les femmes différemment, influençant les choix de produits. Influence exercée par l’environnement, la classe sociale, la race, le genre. Les listes sociologiques du modèle, notre conso est beaucoup influencée avec la famille, la classe sociale. Exemple de sociologues : Pierre Bourdieu : distinction sociale. Les individus utilisent la conso pour une distinction sociale. Les gens achètent des biens pour se distinguer (montrer son appartenance de classe) pas seulement en fonction du prix, cela se fait principalement par les activités culturels (théâtre, musée). Thorstein Veblen : Il parle de consommation ostentatoire. Les rentiers sont une classe dont la conso ne sert pas à maximiser leur utilité, pas de contraintes de revenu, l’acheteur achète même si cela ne lui plait pas mais pour faire partie de la classe sociale. Consommation ostentatoire, pour montrer leur richesse.. Maurice Halbwachs : la consommation comme fait social. Lien entre la conso et le revenu mais le revenu n’est pas la seule variable. 2 personnes qui ont le même revenu (employé-ouvrier) ne dépensent pas de la même façon. Les employés dépensent plus pour le loisir et les ouvriers pour l’alimentaire. La conso est une activité sociale. Les déterminants de la conso ne sont pas seulement rationnels. Comme le dit C. Becher, plus une personne gagne de l’argent, moins elle a de temps. Cela change la manière dont elle consomme : Les gens riches achètent souvent des produits ou des services qui leur font gagner du temps, comme des repas livrés ou des services à domicile. Cela montre que la consommation n’est pas seulement une question d’argent, mais aussi de gestion du temps. II. L’approche macroéconomique de la consommation : conception néoclassique fondée sur le taux d’intérêt vs fonction keynésienne de consommation 1. Quel rôle de l’épargne dans le fonctionnement de l’économie ? Quand on parle de consommation et d’épargne, on parle des deux faces d’une même pièce. Chaque fois que tu gagnes de l’argent, tu peux soit le dépenser (consommation), soit le garder pour plus tard (épargne). Mais ces deux choix ont des impacts différents sur l’économie selon les économistes. L’approche néoclassique : L’épargne comme moteur de l’économie Les néoclassiques pensent que l’épargne joue un rôle clé dans le développement économique. Voici comment ça fonctionne : Quand les gens épargnent, cet argent est utilisé par les banques pour financer les entreprises. Par exemple, si tu mets de l’argent sur ton livret d’épargne, la banque peut prêter cet argent à une entreprise pour acheter des machines ou ouvrir une nouvelle usine. Cela permet aux entreprises d’investir et de créer des emplois, ce qui fait grandir l’économie. Si les taux d’intérêt sont élevés (par exemple, ton livret d’épargne te rapporte beaucoup), les gens seront plus motivés à épargner plutôt qu’à consommer. Pour les néoclassiques, c’est une bonne chose, car cela donne plus de fonds aux entreprises pour investir et stimuler la croissance. En bref : Le taux d’intérêt élevé guide les décisions d’épargne des ménages L’épargne des ménages alimente les besoins de financement des entreprises (investissement) L’épargne est le moteur de l’investissement et de la croissance. L’approche keynésienne : La consommation avant tout Keynes, lui, pense l’inverse : c’est la consommation, pas l’épargne, qui fait tourner l’économie. Voici pourquoi : Quand les gens consomment, ils créent de la demande. Par exemple, si tout le monde achète des chaussures, les entreprises fabriquant ces chaussures produisent plus, embauchent des travailleurs, et l’économie grandit. Si les gens épargnent trop, cela freine la consommation, donc la demande diminue, et les entreprises produisent moins, ce qui peut ralentir l’économie. Keynes explique un phénomène appelé le paradoxe de l’épargne : si tout le monde décide d’épargner en même temps (surtout en période de crise), cela peut aggraver la situation. Pourquoi ? Parce qu’il y aura moins de consommation, donc moins de production, et cela pourrait entraîner des pertes d’emplois. En bref : C’est la consommation (et non l’épargne) qui alimente la croissance en incitant les entrepreneurs à produire et à embaucher L’épargne est un frein à la croissance Le taux d’épargne est une fonction croissante du revenu (et non du taux d’intérêt). 2. Fonction de consommation keynésienne et loi psychologique fondamentale Keynes lie directement la consommation au revenu des ménages. Voici les idées clés : Plus on gagne, plus on consomme : Si ton revenu augmente, tu vas acheter plus de choses (vêtements, loisirs, etc.), mais pas dans la même proportion que ton revenu. Par exemple, si ton salaire double, tu ne vas pas forcément doubler toutes tes dépenses. Une partie de ton revenu est consacrée à des dépenses de base qu’on appelle consommation incompressible (nourriture, logement). Même si ton revenu est bas, tu dois quand même dépenser pour ces besoins essentiels. Pour Keynes, cette fonction de consommation est simple. Elle découle de l’application de ce qu’il appelle la “loi psychologique fondamentale”, résumée par les relations suivantes : C = cY + C₀ C : La consommation totale. c : La proportion de ton revenu que tu dépenses (propension marginale à consommer, toujours entre 0 et 1). Y : Ton revenu global. C₀ : Les dépenses minimales que tu dois faire pour survivre, même si tu ne gagnes pas beaucoup. Dans le livre III de la Théorie Générale, Keynes étudie les facteurs objectifs et subjectifs qui influent sur la Pmc. Idée clé : quand le revenu croît, la consommation croît aussi, mais dans une moindre mesure. Puisque cette Pmc tend à décroître, il faut chercher ailleurs des relais à la croissance. Cela justifie l’intérêt porté par Keynes à l’investissement. Pmc = propension marginale à consommer. Quand le revenu d’un pays augmente, les gens épargnent plus. Mais Keynes explique que cette augmentation de l’épargne n’est pas suffisante pour maintenir une forte croissance. C’est pourquoi il insiste sur l’importance de l’investissement (comme construire des infrastructures ou financer des entreprises) pour compenser la baisse de la consommation. III. Les modèles d’inspiration néoclassique alternatifs 1. Le concept de revenu permanent (M. Friedman 1957) Milton Friedman (1957) : le concept de revenu permanent. Milton Friedman a proposé une idée importante : les gens ne basent pas leurs dépenses uniquement sur ce qu’ils gagnent maintenant, mais sur ce qu’ils pensent gagner à long terme. Voici comment ça fonctionne : Revenu permanent vs revenu transitoire Revenu permanent : C’est ton revenu moyen et stable sur le long terme. Par exemple, si tu penses que tu gagneras 2 000 € par mois toute ta vie, c’est ce revenu permanent qui influence tes choix de dépenses. Revenu transitoire : C’est l’argent que tu reçois de manière exceptionnelle ou imprévisible, comme une prime ou un cadeau. Tu ne bases pas tes habitudes de consommation sur ce revenu, car il n’est pas régulier. Friedman critique les politiques de relance keynésiennes (comme donner de l’argent aux ménages pour qu’ils consomment plus). Selon lui, si les gens savent que cet argent est temporaire (donc transitoire), ils ne vont pas forcément le dépenser. Ils pourraient simplement l’épargner pour rester prudents. Le revenu permanent cherche à expliquer comment les consommateurs choisissent comment dépenser pas sur leur revenu courant mais sur l’estimation de leur revenu futur (moyenne pondéré du revenu courant). Redonne une place à la microéconomie et théorise son refus radical des politiques de relance keynésiennes. Le revenu permanent est la moyenne à long terme des revenus futurs à long terme. Le revenu transitoire est la part de revenu qui est temporaire et imprévisible (prix exceptionnel). La consommation dépend du revenu permanent et non transitoire : elle demeure donc stable malgré la conjoncture. Ils ajustent leur épargne pour avoir une conso stable dans l’année. 2. Le modèle du cycle de vie (F. Modigliani 1954) Modigliani explique que nos habitudes de consommation et d’épargne changent selon notre âge. Les décisions de consommation des ménages sont prises dans une perspective intertemporelle. Il parle d’un cycle de vie en 3 temps : ) Jeune actif. Gagne peu d’argent donc emprunte pour financer des projets en anticipant qu’il gagneraplus d’argent plus tard. ) À l’âge mur. Gagne bien sa vie, rembourse les emprunts et épargne pour la retraite car ces revenus diminueront plus tard. ) La retraite, le revenu disparaît et il utilise l’épargne qu’il a accumulé. Il dépense son argent pour vivre confortablement et ton patrimoine sert à financer tes dépenses. Ce modèle décrit surtout le comportement des personnes aisées qui ont les moyens d’épargner pendant leur vie active. Les ménages avec de faibles revenus peuvent avoir plus de difficultés à suivre ce cycle. Chapitre 5 : Travail, emploi, chômage Population active : Quand on parle de population active, on parle des personnes qui travaillent ou cherchent un travail (population active occupée (ayant un emploi) et les chômeurs) cela inclut : Ceux qui ont un emploi Ceux qui sont au chômage : − Être sans emploi − Être disponible pour prendre un emploi rapidement, dans les 15 jours − Avoir cherché activement un emploi dans les mois précédent ou avoir trouvé un emploi qui commence dans moins de trois mois. La population active permet de calculer les indicateurs économiques tels que le taux d’emploi (la part des gens qui travaillent) et le taux de chômage (la part de gens sans emploi mais qui en cherchent). Il existe plusieurs formes de chômage : Chômage conjoncturel : la partie du chômage qui est causée par les fluctuations économiques à court terme (les cycles économiques). En d’autres termes, le chômage conjoncturel résulte de la diminution de l’activité économique pendant une période de ralentissement économique ou de récession. Ce chômage est donc lié aux crises économiques ou aux ralentissements de l’économie (La croissance est créatrice d’emplois). Chômage de recherche (ou frictionnel) : Les individus venant de quitter un emploi et en cherchant un autre. Chômage structurel : une forme de chômage qui est liée à des aspects structurels et durables du marché du travail : Celui-ci est causé par des changements plus profonds et durables dans l’économie, comme l’ouverture des économies et l’arrivée de nouvelles technologies. I. L’approche néoclassique du marché du travail ) La détermination du niveau de l’emploi sur le marché du travail Analyse néoclassique du travail se fonde sur le marché. Les économistes néoclassiques pensent que le marché du travail fonctionne comme n’importe quel autre marché (par exemple, celui des pommes ou des téléphones). Il y a : Une offre de travail (les travailleurs qui cherchent des emplois). L’offre du travail est une fonction croissante du salaire réel Une demande de travail (les entreprises qui embauchent). Comment ça marche ? Les travailleurs proposent leur force de travail en échange d’un salaire. Les entreprises décident combien d’emplois elles créent en comparant : o Ce que leur coûte un salarié (le salaire réel, qui mesure son pouvoir d’achat). o Ce que ce salarié leur rapporte (sa productivité). Le marché atteint un équilibre quand : L’offre (les travailleurs) rencontre la demande (les emplois). Cela détermine un niveau de salaire qui garantit le plein-emploi. En bref : - Calcul des producteurs qui, pour maximiser leur profit, comparent ce que l’utilisation d’une unité supplémentaire de travail leur coûte et leur rapporte - Équilibre du marché du travail s’établit au point de rencontre entre l’offre et la demande de travail pour un niveau de salaire réel qui garantit mécaniquement le plein-emploi. Les conditions du plein-emploi chez les néoclassiques. Ils pensent que pour que tout le monde ait du travail, il faut : 1. Des salaires flexibles : Les salaires doivent baisser ou monter facilement selon la situation, ils doivent s’ajuster librement aux forces du marché. 2. Des prix flexibles : Les prix des biens doivent aussi pouvoir s’ajuster. 3. Libre concurrence : Tout le monde doit pouvoir entrer et sortir du marché du travail librement. 4. Un rôle limité pour l’État : Le gouvernement ne doit pas trop intervenir, pas de perturbation des mécanismes naturels du marché du travail. ) L’explication du chômage permanent Comment la théorie néoclassique explique-t-elle l’existence d’un chômage persistant ? Selon A. Pigou, Theory of Unemployment (1933): Le chômage permanent est lié au coût trop élevé du facteur travail, les salaires sont trop élevés, si les salaires baissent, les entreprises embaucheraient plus. Les salaires ne s’ajustent pas assez facilement aux conditions du marché. Solution : réduire le niveau des salaires, afin de rendre rentable l’emploi des chômeurs, de permettre a plus d’individus de travailler. II. La fonction d’emploi keynésienne A) Le chômage involontaire Keynes a une vision différente. Il pense que le chômage peut exister même si les salaires baissent. Il pense que le chômage est involontaire : il peut subsister même si les salaires ne sont pas rigides à la baisse. Parce que c’est la demande effective (la demande pour les biens et services produits par les entreprises) qui détermine le volume de production des entreprises et donc de l’emploi qu’il requiert. Keynes explique que beaucoup de gens veulent travailler, mais il n’y a tout simplement pas assez de postes disponibles parce que les entreprises n’ont pas assez de clients pour leurs produits. Si la consommation est faible, les entreprises produisent moins et embauchent moins, ce qui maintient le chômage. Chômage élevé dégrade la confiance dans l’avenir et réduit la PMC. B) Salaire nominal et « illusion monétaire » Le salaire nominal : la rémunération que le travailleur reçoit en termes monétaires. Mesuré en prix courants. Le salaire réel : le pouvoir d’achat du salaire nominal, à prix constants. Mesure ce que ce salaire permet d’acheter (le pouvoir d’achat). Si les prix augmentent (inflation), le salaire réel baisse. Keynes souligne que les gens peuvent être trompés par une illusion monétaire : ils pensent être mieux payés si leur salaire nominal augmente, même si leur pouvoir d’achat reste le même. Relation inverse entre les variations du taux de chômage et d’inflation : la courbe de Phillips (1958) Cette courbe montre une relation inverse entre chômage et inflation. Quand le chômage baisse, les salaires augmentent, ce qui peut provoquer une hausse des prix (inflation). III. L’APPROCHE MARXISTE, LE TRAVAIL ET LE CHÔMAGE Marx a une vision encore différente. Il analyse le chômage comme une conséquence directe du fonctionnement du capitalisme. ) La théorie de la valeur-travail Selon lui, le travail est la seule source de valeur. Cela signifie que ce qui donne de la valeur à un produit, c’est le travail humain nécessaire pour le fabriquer : distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange. Les capitalistes (ceux qui possèdent les entreprises) font des profits en payant les travailleurs moins que la valeur qu’ils produisent (salaire inférieur à la valeur totale de leur travail). La différence s’appelle la plus-value. ) Le chômage et le capitalisme La perspective marxiste du chômage s’inscrit dans une perspective plus large sur le fonctionnement du capitalisme. Marx explique que le capitalisme maintient une "armée industrielle de réserve" (réserve industrielle de main-d’œuvre), c’est-à-dire un groupe de travailleurs sans emploi qui permet de : Faire pression sur les salaires : Si beaucoup de gens cherchent du travail, les entreprises peuvent offrir des salaires plus bas. Réduire le pouvoir des travailleurs : Les chômeurs remplacent facilement ceux qui négocient de meilleures conditions. Réduction de la capacité de négociation des travailleurs. Chômage = une caractéristique inhérente au mode de production capitaliste IV. La sociologie économique de l’emploi A) Sociologie du taux d’activité Le taux d’activité évolue avec des changements sociaux importants. Population active se resserre dans quelques tranches d’âge, en même temps qu’elle se féminise. 2 mouvements inverses : 1. Moins de jeunes et de seniors actifs : o Les jeunes de moins de 25 ans sont plus nombreux à poursuivre des études, ce qui retarde leur entrée sur le marché du travail. o Les seniors (plus de 55 ans) prennent leur retraite plus tôt. Le nombre des actifs de moins de 25 ans et de plus de 55 ans a considérablement diminué 2. Plus de femmes actives : o Entre 1962 et 2002, environ 6 millions de femmes supplémentaires ont rejoint la population active. o Cela s’explique par : ▪ Une plus grande égalité des sexes dans le monde du travail. ▪ Des politiques favorisant l’emploi féminin (crèches, congés maternité). B) Le chômage et inactivité Le tableau montre qu’il existe plusieurs façons de mesurer le chômage, selon la définition utilisée et l’organisme qui collecte les données. Voici les trois principales approches. Pourquoi ces différences sont importantes ? Chômage vs inactivité : o Le chômage mesure uniquement les personnes sans emploi mais actives dans leur recherche. o L’inactivité inclut ceux qui ne cherchent pas d’emploi (exemple : étudiants, retraités, femmes au foyer). Ces différences montrent que les chiffres du chômage peuvent varier beaucoup selon la méthode utilisée. Par exemple : o Une personne qui ne cherche plus activement parce qu’elle est découragée sera comptée comme inactive (pas comme chômeur BIT). Chapitre 6 : Ce que la sociologie fait à l’économie