Cours de PEC jusqu'au 01-12 PDF

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Ce cours de Problèmes Économiques Contemporains couvre des sujets comme l'inflation, le chômage, l'endettement et la mondialisation. L'examen sera sous forme de QCM et portera sur la compréhension du cours.

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Problèmes économiques contemporains ~ cours Analyse des PEC => comprendre les décisions économiques est d’une importance majeure. Nécessité d’avoir une curiosité d’esprit => lire l’actualité économique. Matière très liée au droit, un juriste a besoin de connaissances économiques...

Problèmes économiques contemporains ~ cours Analyse des PEC => comprendre les décisions économiques est d’une importance majeure. Nécessité d’avoir une curiosité d’esprit => lire l’actualité économique. Matière très liée au droit, un juriste a besoin de connaissances économiques. Programme : la prof a diminué les thèmes par rapport à l’année dernière, mais en approfondira d’autres (endettement et inflation) => différences de dimension et de développement.  Nouveau support de cours, actualisé. Présence non-obligatoire mais conseillée ; toutefois il faut être attentif et respectueux. Attention à l’excès journalistique + recherche systématique de justifications (pourquoi l’inflation persiste-t-elle ? par exemple). Examen : sous forme de QCM car il n’y a pas de TD. On ne connaît pas encore le nombre de questions. Certaines questions insisteront sur des connaissances précises, des ordres de grandeur… L’essentiel des questions concernent la bonne compréhension du cours.  Il faut bien lire les questions : comment sont-elles formulées ?  Ne pas se presser, on a le temps. Le cours est en deux parties : 1) Les grands déséquilibres économiques (que les 3 les plus puissants). a. L’inflation (inflation à deux chiffres, hyperinflation, stagflation) : besoin de relativiser (6% d’inflation sont effrayants pour nous mais les générations précédentes et les économistes ont connu / vu pire). b. Le chômage : dans un contexte inflationniste, un problème de compétitivité se pose entre pays (croissance ralentie, production diminuée). Aujourd’hui, l’inflation est une menace pour l’emploi, même si la France a pris des mesures contre. c. L’endettement : il est problématique, car il limite les marges de manœuvre d’une économie et compromet sa crédibilité. En France, la capacité à revenir à un équilibre financier est plus délicate que pour ses voisins : sa balance des paiements est durablement déficitaire (elle dépend des autres, et connaît une désindustrialisation), et sa fiscalité est très lourde (taux de prélèvement obligatoire le plus élevé de l’UE).  Il faut que la France réduise ses dépenses. 2) Les défis et enjeux économiques à venir (cela concerne directement notre génération).  Population vieillissante qu’il faut apprendre à gérer.  Moins de jeunes travaillent et rentrent tardivement sur le marché du travail.  Problème de formation de la main-d’œuvre. a. Les enjeux démographiques. b. La protection sociale : les Français bénéficient d’un système de protection élargi, qui se heurte depuis quelques années à des difficultés (notamment financières). Comment gérer le problème ? Deux discours se font face : ceux qui ne veulent pas y toucher et qui sont individualistes s’opposent à ceux qui considèrent que ce problème heurte toutes les générations, et notamment les plus jeunes dans le futur.  Le gouvernement fait la proposition d’un effort intergénérationnel. 1 c. Le financement des retraites : demain, il y aura 1 actif pour 3 retraités. Donc ou on lui demande plus, ou on va demander ailleurs. Dans tous les cas, il y a un perdant. Ce problème ne se posait pas de façon aussi aigüe il y a 20 ans. d. L’avenir environnemental, la transition énergétique : comment garantir le bien-être de l’économie tout en prenant soin de la planète ? Il n’y a pas de solution magique, mais il faut garantir le meilleur avenir environnemental possible pour les jeunes. + d’autres thèmes qu’on verra rapidement. CHAPITRE INTRODUCTIF – Mondialisation et géopolitique contemporaine. Les phénomènes économiques ne sont pas étrangers à la mondialisation, à la libéralisation des échanges, à la multiplication des relations internationales, aux difficultés géopolitiques… La mondialisation est une richesse, elle renforce les économies (au moins en apparence) : c’est un essor économique, elle accélère les croissances des économies (R-U au XIXe, USA au XXe, Afrique demain). Elle n’est pas neutre, et les historiens considèrent qu’il y a deux mondialisations majeures : 1) Au XIXe siècle, de la Révolution Industrielle à 1914 : elle s’établit essentiellement sur le libéralisme économique constructif sans intervention de l’État (thèses d’Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx…), la spécialisation des économies... la crise de 1929 rompt l’espoir d’une croissance infiniment exponentielle. 2) La mondialisation contemporaine : surtout marquée aujourd’hui par un élan de protectionnisme, à l’opposé de la première mondialisation. Cette dernière peut être parfois contreproductive, pousser à faire de mauvais choix économiques (la France renonce au textile et la sidérurgie, et centralise dans deux régions principales ses services) difficilement réparables. Le coût de la mondialisation a fait naître la tendance protectionniste : on importe de trop et on n’exporte pas assez ; l’inflation renforce en plus le coût des importations.  Créatrice de déséquilibres car parfois dans l’excès, et on n’en a pas mesuré les conséquences (chômage de masse, chocs pétroliers…). Donc deux points de cours : La mondialisation de la fin du XIXe : comment la caractériser ? Deux économies montent en puissance : - La Grande-Bretagne (révolution industrielle + finance), une hégémonie britannique d’excellence mais cela ne se fera pas sans contraintes. Elle a deux fondements : les enclosures (confisquer les terres agricoles et condamner leurs populations à de grands efforts pour y implanter des usines de haute production) et le décollage économique, qui doit son succès aux thèses de l’échange international de Smith (avantage absolu et imposition sur le marché mondial + spécialisation par la production en usine et par la division des tâches) et Ricardo (avantage comparatif et spécialisation dans l’activité la mieux maîtrisée). La France a suivi les conseils de Ricardo et son économie évolue à son tour. Se rajoute (et s’oppose) à ces deux thèses celle de Marx, qui met en avant la difficulté d’une partie de la population (prolétaires) face au profit de l’autre (rentiers). Il faut rajouter à tout ça la montée en puissance de la City et de la monnaie du livre.  Modèle d’excellence, suivi par la France et le reste de l’Europe. 2  L’Europe devient un pôle d’attractivité, mais ça s’arrête lors de la 1ère GM : fragilisation du marché, externalités négatives. L’or devient la monnaie de sécurité.  Mercantilistes (plus j’accumule, plus je m’impose) VS physiocrates (accumuler n’est suffisant qu’en apparence, il faut aussi une circulation des richesses). - Les USA (après la 2nde GM). La mondialisation contemporaine (dès les années 1970) : comment la caractériser ? La 1ère GM a remis en cause l’économie mondiale et a été fatale pour les économies britannique, française, allemande… Il y a eu une crise de surproduction (+ de production = - de valeur), ce qui force les entreprises à licencier en masse etc. L’hégémonie a totalement explosé quand toutes les économies européennes se sont mises à produire en masse. La 2nde GM y met totalement fin. Il y a une phase de reconstruction, qui donne un élan progressif à la nouvelle économie des USA. Ces derniers comprennent très vite qu’il faut s’imposer, et courent donc au service de l’Europe pour qu’elle se reconstruise. C’est le plan de Roosevelt, fondé sur la logique nationale de chaque État (pas de mondialisation mais logique nouvelle) : « il faut donner les moyens financiers aux économies de repartir ». Mais comment ? L’économiste Keynes comprend que pour se reconstruire, la logique économique ne doit pas se reposer sur l’offre (et donc surproduire), mais favoriser la demande (agir sur la consommation, en donnant aux consommateurs les moyens d’acquérir les biens produits). Roosevelt lui emboîte le pas et dit qu’il faut soutenir la demande, notamment en permettant aux agents économiques d’emprunter à bas prix, en les protégeant, en menant une politique publique budgétaire de court terme. C’est à l’État, à court terme, de stimuler la demande. Roosevelt met en place la politique des « Grands Travaux ».  Pas une deuxième mondialisation mais élan national.  Réforme totale de la logique économique.  Succès garanti pour les USA.  Fin de la crise = début des choc pétroliers et imposition du dollar comme la monnaie stable. Les taux de croissance économique sont compris entre 5% et 7% annuels : réussite de la récupération ultrarapide. Or ce schéma s’interrompt de lui-même. Cette deuxième mondialisation, qui débute dès 1970, est plus fragile que la première. Conséquence du plan de Roosevelt, l’économie étasunienne s’impose mondialement ; c’est grâce à l’élan financier des USA que l’Europe a pu se reconstruire. Il considère que créer de la monnaie grâce à la Banque centrale (aux USA, c’est la FED) est la solution : le dollar se base sur la valeur de l’or / se garantit sur l’or. Ainsi le dollar s’impose, et les USA créent 3 fois plus de dollars qu’il n’y a d’or.  « Seigneuriage du dollar ». Aujourd’hui, en France, on déplore une croissance ralentie. La BCE ne corrige pas pour résoudre ce défaut de rythme de croissance, car elle considère que la menace de l’inflation est trop forte. Donc moins de monnaie circule = l’euro devient rare, et il gagne en valeur (+ de taux d’intérêt). Au moment de la reconstruit des économies européennes, la FED est au courant des risques et joue dessus. Le problème quand on sur-émet des quantités de monnaie, on risque de la fragiliser (risque de 3 gaspillage, risque d’insolvabilité…). À ce moment-là, la valeur du dollar est engagée et sur-émettre du dollar va fragiliser l’économie étasunienne lors des chocs pétroliers.  Naît alors une défiance envers le dollar car sa convertibilité-or n’est plus garantie.  Le dollar se déprécie, et c’est comme si les gens avaient moins d’argent alors bien qu’ils n’avaient rien dépensé. Tout le système monétaire est fragilisé. Choix d’arbitrage délicat : ou bien on continue les échanges au risque d’une inflation, ou bien on diminue les échanges au risque d’une baisse de richesse. L’Europe subit les décisions des USA car elle est encore trop faible ; mais le dollar reste déprécié.  Problème de fond n°1 : comment agir face aux USA qui s’imposent ?  Problème de fond n°2 : comment résoudre sa dépendance financière aux USA ? C’est ainsi que le dollar, sans contrepartie d’or, s’impose comme monnaie internationale. La réaction de l’Europe est tardive, mais elle a l’idée de créer une monnaie commune, susceptible de surpasser le dollar : c’est l’euro. Mis en circulation en 2002, l’euro n’est jamais devenu une monnaie internationale. La mondialisation fragilise l’Europe, favorisant ainsi une réaction plus protectionniste. Il s’agit de trouver un système financier qui puisse progressivement s’imposer aux autres économies. Qu’en est-il aujourd’hui ? La mondialisation est aujourd’hui confrontée au problème de l’inflation. L’Europe ne doit plus chercher à s’imposer sur le plan financier, mais chercher à se protéger de l’inflation. Avant cette dernière, les politiques européennes pouvaient tenter de se démarquer des politiques étasuniennes ; aujourd’hui, les économies européennes doivent faire attention à elle. La France voudrait que la BCE émette plus d’euros qu’elle ne le fait actuellement ; l’Allemagne et le Royaume-Uni veulent le contraire => tensions. On se retrouve aujourd’hui un système économique présentant d’importantes fragilités : des tensions en Europe et une grand capacité de résistance à l’inflation aux USA. Le dollar reste la monnaie dominante. De plus, les USA, face au comportement européen, plaident en faveur d’une politique pro- protectionnisme : s’ils commercialisent beaucoup, ils risquent d’importer quelques tensions inflationnistes.  Logique mondiale qui fragilise les relations internationales, surtout que les raisons de l’inflation actuelle sont extérieures aux économies : en Europe, aujourd’hui, l’inflation est due à une politique énergétique coûteuse (de l’OPEP) et n’a donc pas une origine interne.  L’OPEP joue sur les volumes pétroliers mis à disposition : si les quantités de pétrole se raréfient, alors inévitablement, le coût du baril augmente. L’OPEP justifie sa politique par la menace d’une demande anticipée qui diminue (« je vends plus cher aujourd’hui ce que je pense que vous n’achèterez pas demain »), ainsi que par le contexte de la guerre russo- ukrainienne qui a fait privilégier une demande adressée à la Norvège et aux USA (logique de protection, encore). 4 L’oligopole des distributeurs oppose à cette décision de l’OPEP un refus, mais il a jusqu’au 1 er décembre 2023. Ceux qui subissent cette décision de l’OPEP sont les consommateurs, car elle maintient l’inflation à un niveau élevé. Comment un niveau d’inflation subi peut-il remettre en cause un modèle de croissance ? 5 PARTIE 1 – Les grands déséquilibres économiques. On distingue deux types d’inflations : - Inflation externe, par les coûts de production : elle est subie, et non-contrôlable. Elle est la conséquence de cette mondialisation contemporaine, qui nous rend dépendants énergétiquement. Elle est le résultat d’un effet de ricochet : réglementer le prix des produits ne fait rien puisqu’elle vient de dehors. On l’a subie avec les deux chocs pétroliers ; on la supporte à nouveau avec prix énergétiques ++. - Inflation interne, par le dérapage de la demande : il y a une tension sur l’offre disponible quand un nombre trop important d’agents veut l’avoir ; les prix augmentent pour dissuader le consommateur, pour le faire renoncer de lui-même au produit. L’inflation est aujourd’hui subie, on ne la contrôle pas : on peut l’affaiblir mais pas la faire disparaître. La mondialisation oriente les politiques économiques. Chapitre 1 – L’inflation. Ce n’est pas une menace, mais une réalité : c’est un problème pour les économies occidentales, notamment pour la France qui arrive à faire ralentir mais pas arrêter l’inflation. Pourquoi l’inflation résiste-t-elle ? Même avec des politiques très prudentielles, l’inflation persiste. Quelle est l’incidence de l’inflation sur la mondialisation ? Les échanges commerciaux sont perturbés, et se posent des questions de compétitivité-prix. Il y a souvent beaucoup de confusion, mais il faut aller à la logique même de la définition de l’inflation : c’est la hausse continue du niveau général des prix. Ce qui inquiète, c’est qu’on n’arrive pas à interrompre brutalement cette hausse qui s’auto-entretient. Une fois que l’inflation s’installe, il est difficile de l’inverser ou même de la freiner (USA ont réussi à inverser l’inflation récemment). L’inflation inquiète, même quand son niveau n’est pas alarmant (5-6%, c’est en fait peu comparé aux taux d’inflation des générations dernières). L’inflation est surtout un mal du 20e siècle : c’est un problème de déséquilibre, que l’on explique par le fait que les flux monétaires sont trop intenses par rapport aux flux réels. Cela veut dire que la croissance n’est pas assez rapide, et que les économies fonctionnent au ralenti : cela gaspille une partie de la monnaie créée. Les monétaristes (école de Chicago, menée par Friedman) tirent un cri d’alarme en disant que lorsque l’activité économique n’est pas suffisante, la création de monnaie est dangereuse : elle provoque de l’inflation et donne l’illusion que l’économie fonctionne bien. Ils conseillent donc de contrôler la création de monnaie, et freiner la quantité de monnaie en circulation pour la faire désirer plus. Créer trop de monnaie ferait donc diminuer sa valeur. Donc si la croissance est insuffisante, il faut nécessairement freiner la masse de monnaie émise, sinon on détériore la valeur de la monnaie et, à ce moment-là, elle n’est plus désirée. C’est là que les taux d’intérêt de la monnaie augmenteront et que sa valeur augmentera, et alors la monnaie sera plus désirée. 6 Bilan historique des niveaux d’inflation : Depuis 1900, les prix ont été multipliés par 2800. Ce n’est pas un résultat continu : il y a eu des périodes très inflationnistes. Entre 1914 et 1974, les prix n’ont cessé d’augmenter (400 fois plus élevés). Pour comprendre pourquoi l’inflation a posé de réels problèmes aux économies occidentales, il faut regarder les chocs pétroliers. Les années 80 sont marquées par une stabilisation : une politique de contraction de la masse monétaire est mise en place. Au début des années 2000 (2002), l’euro, nouvelle monnaie européenne, est mis en place pour stabiliser l’économie et pallier les différences entre les pays. Il a joué un rôle décisif sur la stabilité monétaire : la BCE seule en a le contrôle. En 2021, pour des raisons externes aux politiques monétaires, l’inflation est de retour. Les raisons sont, pour une part, sanitaires (Covid-19) ; et d’autre part, stratégiques (conflit russo-ukrainien, qui constitue un problème de coût de l’énergie car l’approvisionnement devient coûteux et rare). C’est un phénomène d’engrenage, et il n’y a pas de croissance derrière pour ralentir l’inflation. On comprend que l’inflation peut être subie (chocs extérieurs) ou provoquée (par des erreurs de politiques économiques, par l’absence de contrôle d’une demande trop élevée…). Le déséquilibre de l’inflation conditionne l’avenir immédiat des gouvernements : l’inflation diminue le pouvoir d’achat, entraînant un pessimisme et ralentissant la croissance. L’État, en France, ne peut financer les dépenses des ménages et augmenter les prélèvements obligatoires : sa marge de manœuvre est réduite. Commence alors une course contre la montre pour inverser l’inflation. Repères statistiques : 1) La période 2022-2019 : l’inflation est de 5,2% en 2022 ; 1,6% en 2021 ; 0,5% en 2020 et 1,1% en 2019. Avant 2022, les prix étaient relativement stables ; or le marché mondial est totalement déstabilisé en 2022, on a un problème de crise énergétique généralisé : le coût de l’énergie explose et se répercute dans tous les secteurs. Il y a donc des tensions mondiales qui perturbent les économies : le conflit russo-ukrainien. Cette difficulté est subie et immédiate, dans un contexte conjoncturel gravissime pour une cause stratégique militaire. Cela explique qu’aujourd’hui, l’économie française peine à inverser la tendance de l’inflation (acheter chez d’autres producteurs, par exemple) mais n’arrive pas à la contourner. Pourquoi la BCE fait-elle « l’erreur » de diminuer la quantité de monnaie en circulation, bien que l’inflation soit subie ? Pour ne pas l’entretenir => stratégie excessivement préventive, qui a un effet indésirable : les taux d’intérêt ne cessent d’augmenter, ce qui est désavantageux pour les ménages et les entreprises car les banques locales rechignent à prêter. Or le rôle d’une banque est de gagner de l’argent tout en prenant des risques mesurés. 2) La période 1983-1980 (de ?? à 13% d’inflation) : une inflation par les coûts, totalement subie car vient des chocs pétroliers. Les autorités françaises mettent en place une politique économique d’austérité : l’endettement progresse, l’inflation accélère, le pouvoir d’achat diminue et la croissance ralentit.  récession. 7 3) La période 1974-1965 ( ?? ; 5,2% ; 2,5%). Deux causes majeures : la première est l’effet des chocs énergétiques (montée de l’OPEP, organisation indépendante regroupant les plus gros producteurs, qui fixe le prix du baril de pétrole comme elle le veut), donc une inflation entretenue par l’extérieur car subie par les Occidentaux, qui entretiennent l’inflation en la répercutant sur le prix de vente de leurs produits. La deuxième est l’arrêt du système de Bretton-Woods, soit de la convertibilité or-dollar (en 1979) : bien qu’imparfaite, cette convertibilité est rassurante (illusion d’un équivalent-or lorsqu’on détient des dollars). Progressivement, quand les taux de croissance commencent à plafonner puis diminuer, des interrogations commencent à venir : est-ce la fin des Trente Glorieuses ? Faut-il payer en dollar ? Quelle est sa véritable valeur ? Les détenteurs de réserves en dollars commencent à douter : la confiance est rompue et le système s’effondre. La convertibilité or-dollar disparaît (reste toutefois une convertibilité entre les monnaies), et cela entraîne une tension inflationniste : le dollar se déprécie de lui-même, et commence à devenir une monnaie problématique.  Dévaluation et remise en cause de la monnaie.  Pouvoir d’achat affecté à la baisse. 4) La période 1951-1958 (16% ; 3% ; 15,1%) : instabilité monétaire auto-entretenue, perte de confiance dans le franc car il est dévalué en 1960 et donne donc une illusion de pouvoir d’achat. 5) La période 1948-1941 (58,7 % ; 48,5% ; 22,2% ; 17,5%) : inflation militaire en 1941 qui reste supportable ( krach économique.  Remise en cause totale et bascule vers la déflation en 1931. Donc ce n’est pas l’inflation qui inquiète, mais le contexte économique. Existerait-il un niveau d’inflation acceptable ? Quel est-il ? Oui, il en existe un : il est de 2% pour l’Europe (selon la BCE), soit ce qu’on connaissait avant la crise sanitaire. La BCE ne dit pas pourquoi, mais agit à titre préventif en freinant la création de monnaie. 3 étapes à réaliser : - Comprendre les cause de l’inflation. - Appréhender les mécanismes du circuit inflationniste. - Interrogation sur les politiques à mettre en œuvre : faut-il faire comme la BCE ou mener des arbitrages entre la politique d’accompagnement monétaire et une volonté de maintien de la croissance ? 8 Section 1 – Les causes de l’inflation. Il y a deux origines possibles à l’inflation : - une inflation par la demande (trop de demande, dont prix augmentent pour la réguler). - une inflation par l’offre (pas assez de production ou de compétitivité, donc prix trop chers). Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces tensions sur l’offre et la demande : les coûts de production (salaire, revalorisation de la retraite…) ; la dépréciation d’une monnaie (imprudence de la BCE / des banques locales, manque de compétitivité des entreprises, voisins plus performants…) ; l’excès de monnaie ; l’insuffisance de croissance économique. Les économistes comprennent que s’il y a deux formes de l’inflation, il y a une multitude d’éléments déclencheurs. I) L’approche de l’inflation par les circuits. Il y a trois types de circuits : - le circuit salaire-consommation (revalorisation salariale qui donne un risque). - le circuit revenus-investissements (accélération de la demande). - le circuit impôts-dépenses publiques (celui que l’État a tendance à totalement oublier ; dépense ++ des entreprises publiques donc besoin de financement ++) ; comment fonctionner dans un système endetté ? A) Le circuit salaire-consommation. Il faut toujours avoir le réflexe de se demander si l’inflation relève de l’offre ou de la demande. Ce circuit-là relève de l’offre (hausse des coûts = hausse des salaires, des charges sociales, ou du coût des matières premières). Il faut éviter que l’inflation par les coûts devienne automatique. Dans le circuit salaire-consommation se cache en réalité un deuxième déclencheur de l’inflation : l’inflation par la dépense / consommation (« effet multiplicateur » chez Keynes ). Plus mon salaire augmente, plus ma marge de salaire augmente, et alors je peux l’épargner ou la dépenser : ce comportement à échelle unique est inoffensif, mais entraîne inévitablement une inflation si les autres se comportent de la même manière. Les prix augmentent pour réguler la demande qui est bien supérieure à l’offre : plus le prix est élevé, plus les consommateurs sont dissuadés de se procurer le bien (exemple : baguette à 1 euro et baguette à 10 euros). J’ai donc une double origine de l’inflation : une inflation d’offre et une inflation de demande. Dans les deux cas, on régule en augmentant les prix. Pourquoi ce premier circuit inflationniste est-il aussi fort à retenir ? Pourquoi inquiète-t-il autant les autorités gouvernementales ? Parce qu’il entretient un effet de « cliquet » : système de hausse des prix continue. Les hausses des salaires et charges sociales augmentent les coûts des entreprises ; les entreprises reportent ces coûts supplémentaires sur le coût de vente des produits. Comme les prix augmentent, il faut revaloriser les salaires à la hausse, pour garantir un certain pouvoir d’achat aux consommateurs (// revalorisation des retraites le 1er janvier 2024). Cela entretient le circuit 9 inflationniste, on appelle cela la boucle salaire-prix. L’inflation qui s’auto-entretient non seulement se maintient, mais s’élève, ce qui est inquiétant pour les autorités gouvernementales (risque élevé). Ce premier circuit a ses limites et fait peur, dans la mesure où il risque d’engendrer des revendications salariales (cf. Gilets Jaunes, qui revendiquaient une hausse de compensation, supérieure aux gains de productivité => BOUCLE). Donc finalement, le risque à terme, c’est que face à un effet de cliquet qui auto-entretient la spirale inflationniste, on va se heurter au risque de substituer le capital au travail.  Les entreprises gagnent à ne plus embaucher, et ont intérêt à le faire.  Le cumul du chômage et de l’inflation provoque une stagflation. Donc le risque ultime, c’est la substitution capital-travail et la possibilité d’une stagflation. Aujourd’hui, la boucle salaire-prix existe, et reste menaçante : la France reste dans une situation délicate du point de vue de l’inflation salariale. B) Le circuit revenus-investissements. Il est aussi difficile pour la France : c’est parce que la croissance était soutenue que l’investissement se faisait lors des Trente Glorieuses. Un frein à l’investissement rompt la croissance : il faut donc stimuler, en rentabilisant bien le placement financier, en ne surtaxant pas l’investissement... Il est essentiel de comprendre que le stimulateur de ce circuit n’est pas le revenu. Ce qui est fondamental, c’est l’investissement lui-même. L’investissement est un engagement décisif : je renonce à quelque chose pour fournir un effort. Je cours donc un risque. Fiscalement, c’est suicidaire : l’investissement productif est surtaxé et n’est pas incitatif ; alléger fiscalement l’investissement est tout le mérite des économies anglo-saxonnes. Sans soutien, l’investissement ne peut pas soutenir la croissance (constat n°1). Pour soutenir la croissance, soit l’État fait confiance aux entreprises et aux ménages, soit il intervient directement (constat n°2). Donc une accélération de l’investissement productif génère des revenus supplémentaires, mais sans parallèlement engager une nouvelle ‘‘production’’. L’investisseur a besoin d’être encouragé (moins de taxes, garantie de protection…) pour réinvestir. Investissement supplémentaire = emploi renforcé = croissance renforcée = politique d’accompagnement automatique créée. Tout le succès des Trente Glorieuses est la croissance qui alimente le succès des investissements ; malheureusement, la France y a renoncé car elle était convaincue, au début des années 80, que ce circuit pourrait être inflationniste si mal géré. Pour beaucoup, l’inquiétude serait que la hausse des prix soit plus haute que la hausse de la croissance. Il a fallu 15 à 20 ans pour réaliser que le risque inflationniste de ce circuit n’était pas l’investissement, mais le coût énergétique imposé par l’OPEP (?). C) Le circuit impôts-dépenses publiques. Ce circuit est redoutable : nous ne pouvons pas agir directement dessus et nous le subissons, car il est aux mains des autorités gouvernementales. Or plus une économie fonctionne au-delà de ces capacités financières, plus elle a besoin de financement, et donc plus elle est incitée à prélever des impôts. 10 Lorsque les impôts augmentent, inévitablement, les recettes de l’État progressent. L’État est dans la justification suivante : des impôts plus élevés contribuent à la croissance. Aujourd’hui la France ne dispose plus de ce levier de croissance, même si elle a beaucoup financé sa croissance par ce moyen auparavant (tout en alimentant l’inflation). Augmenter les impôts réduit le pouvoir d’achat des agents. L’État prend le relais et pour pouvoir continuer de financer ses dépenses, soit il remet en cause le pouvoir d’achat des Français, soit ?? Dans ce troisième circuit, l’État est confronté à une question inflationniste : comment peut-il soutenir de nouvelles dépenses publiques quand il ne peut plus les financer par les prélèvements obligatoires ? Créer de la monnaie ! Mais cela est pris en charge par la BCE. Solution : contracter de la monnaie. Or cela augmente l’endettement de la France et affaiblit intrinsèquement la valeur de l’euro. Si cette monnaie se déprécie, c’est comme si nous avions de l’inflation. L’Europe ne peut pas empêcher la France d’agir ainsi, mais elle peut la menacer. Le comportement des banques (locales) est aussi important : elles ont la mission de financer l’économie et ont donc un rôle important à jouer. Elles sont là pour répondre aux besoins de la clientèle, mais ne créent pas de monnaie. En apparence, elles n’ont pas un pouvoir de création de la monnaie ; mais en réalité, c’est comme si elles en créaient. Lorsque les banques transforment l’argent sur nos comptes courants (monnaie à court terme) en monnaie à long terme, elles créent de la monnaie. Elles prennent ce risque car elles sont rémunérées. Donc les banques ont une mission de financement de l’économie ; or aujourd’hui, elles la refusent, car dans un système où la Banque centrale est la seule à pouvoir réellement créer de la monnaie, le risque d’inflation est plus fort => méfiance, forte incertitude. Les banques rejettent donc leur mission, n’accompagnent plus les entreprises et les ménages et donc freinent la croissance => climat d’inflation. Section 2 – Les mécanismes de l’inflation. L’inflation n’est pas toujours mauvaise. Nous nous interrogerons mécanismes de l’inflation, donc sur les effets positifs et les effets négatifs. Si on en fait le bilan, on dirait que le coût lié à l’inflation est inférieure aux avantages qu’elle produit. L’inflation pourrait aujourd’hui assurer des avantages supérieurs aux dommages qu’elle provoque. I) Le bilan coût-avantage. Il faut regarder les effets redistributifs potentiels de l’inflation. Elle profite aujourd’hui davantage aux salariés et aux entrepreneurs individuels qu’aux titulaires de revenus fixes (retraités, etc…). Pourquoi ? Les retraites ne sont plus indexées sur le niveau général des prix et ne profitent donc pas d’une indemnisation lors de l’inflation, alors que les salaires sont aujourd’hui partiellement indexés sur le niveau général des prix => plus de perte de pouvoir d’achat pour les retraités que les salariés. Le 26 septembre 2023, le Gouvernement a annoncé une indexation des retraites de 4,7% au 1 er janvier 2024. Le 04 octobre 2023, il a été annoncé que les caisses AGIR et ARCO vont compenser la perte de pouvoir d’achat des retraités dès le 1 er novembre. Cela se fait dans le but d’éviter des revendications 11 telles que les Gilets Jaunes, ainsi que dans le but de soutenir la croissance en soutenant du mieux possible le pouvoir d’achat et la demande.  Logique même d’un système de croissance : un effet de rattrapage minime est meilleur qu’aucun. SI la demande est relancée, la production devrait être renforcée donc plus d’emploi et plus de salaires = CROISSANCE.  Contexte où les anticipations des ménages sont positives. L’inflation, lorsqu’elle est compensée du côté de la demande, peut apporter des avantages. Elle peut être plus favorable à un groupe d’individus qu’à un autre. - En théorie, les créditeurs (ceux qui épargnent) sont visés par l’inflation : elle provoque une dépréciation de la monnaie, donc l’argent dont ils disposent et ne dépensent pas perd de sa valeur. Cela n’encourage pas à épargner, car les agents ont la certitude de perdre de l’argent en épargnant => incitation à consommer au présent. - En pratique, les agents sont méfiants : quand ils voient que l’inflation résiste (sans accélérer ou diminuer), ils se disent que leur pouvoir d’achat est menacé. On ne peut pas parler d’irrationnalité : ils comprennent que l’inflation est subie, et qu’il y a des tensions du marché qui échappent à la BCE. Or les agents épargnent par précaution : ils ne dépensent pas d’office tout leur salaire et compromettent alors la croissance. Ils constituent un « volant de sécurité », tout en sachant que la valeur de leur créance diminuera. Celui qui emprunte rembourse avec une monnaie qui lui coûte moins cher : son prêt n’est pas indexé sur le niveau général des prix, et les taux d’intérêt restent bas. L’inflation profite donc au débiteur et pénalise l’épargnant. Donc les agents sont méfiants : ceux qui ont une capacité de pouvoir d’achat épargnent à titre de précaution. - L’inflation et les anticipations : l’inflation fait peur et modifie les comportements. Les agents y sont très sensibles, et vivent avec quotidiennement. Le premier résultat de cette crainte, c’est que l’inflation rend moins chère la consommation présente relativement à la consommation future : l’inflation devrait pousser les agents à consommer plus aujourd’hui et épargner moins (sauf anticipation rationnelle). On a un « effet de substitution » : on provoque de la consommation présente au détriment de l’épargne, ce qui entretient l’inflation (car demande ++ donc prix ++ pour la réguler). En voulant se protéger, le consommateur entretient le circuit inflationniste et s’expose à une montée des prix. Ce n’est que quand la peur gagne totalement les agents qu’ils se mettent à épargner. - Quand il y a de l’inflation, les agents constatent que la valeur réelle de l’épargne qu’ils vont constituer va diminuer. Ils remarquent que l’effort d’épargne réalisé aujourd’hui n’est pas garanti demain : « effet revenu ». Dans le meilleur des cas, la politique économique peut compenser ces efforts, mais c’est un coût énorme. Les épargnants sont victimes d’une perte de valeur de leur épargne, et sont donc de plus en plus méfiants : ils ne prennent plus d’engagements, et empêchent alors l’inflation de descendre. 12 En subissant ces deux effets, les agents comprennent qu’il vaut mieux ne pas agir dans le présent et se comportent comme la BCE : ils ne consomment pas au présent comme ils devraient le faire. II) Les effets de l’inflation sur la croissance. Même contenue, l’inflation fait peur : quelle que soit la génération interrogée, les agents la ressentent comme un effet subi. Elle peut être perçue de deux manières différentes : 1) Inflation subie : l’économie est en surchauffe, donc l’inflation n’est pas contrôlée. On dit que le rythme de l’économie réelle (production, demande, offre) n’est pas compatible avec l’économie monétaire (monnaie produite). Une inflation subie veut dire que la croissance a été surdimensionnée : l’économie est dans l’incapacité de ‘‘rembourser’’ car la croissance fait défaut => PROBLÈME MAJEUR DE PERTE DE CONFIANCE.  Conséquence de l’illusion d’une croissance élevée. 2) Inflation et ses effets sur la croissance : l’inflation agit et impacte la croissance, elle provoque les fluctuations de cette dernière. Elle va générer une irrégularité de la croissance (pas de stabilité financière ni économique) : l’économie fluctue, et cela crée du doute (les investisseurs ont du mal à s’engager). Friedman, un monétariste, dit que c’est l’irrégularité de la croissance qui empêche la correction efficace de l’inflation. Quand on a une croissance irrégulière, la confiance diminue, ce qui entretient l’inflation.  Impuissance.  Friedman propose une réglementation pour l’économie : il préconise un contrôle de la monnaie. Selon lui, la seule condition pour gérer l’inflation est de stabiliser la politique monétaire en refusant la création nouvelle de monnaie (ce que fait la BCE). Ne pas contrôler la masse monétaire crée le risque de subir l’inflation. Il faut que la monnaie soit contrôlée quand il y a une menace d’inflation. Les monétaristes pensent qu’on ne peut pas assurer une croissance réelle avec de l’inflation. Donc la quantité de monnaie en circulation doit être régulée, limitée. Dans l’UE, la quantité d’euro va être limitée. Mais l’Europe ne s’auto-suffit pas : quelle conséquence à l’international ? L’euro devient plus rare, donc sa valeur augmente. On arrive à une politique où la contraction de masse monétaire élève les taux d’intérêt : il va falloir faire des prêts et les emprunts coûtent plus cher => coût d’importation ++. Les monétaristes disent que le contrôle de la masse monétaire est indispensable pour freiner la tendance inflationniste ; mais cela expose à des risques extérieurs (hausse du coût des importations + dépréciation de la monnaie), ce qui retarde la croissance. Donc quelle politique monétaire faut-il dès lors mettre en œuvre ? La BCE nous dicte la réponse : selon elle, la seule politique adaptée est une stratégie agressive contre l’inflation, en comprimant la quantité d’euro en circulation pour le revaloriser. Par une politique agressive de régulation de la quantité de monnaie en circulation, on devrait obtenir un moyen de contenir l’inflation. Toutefois, le risque est de le faire au détriment de la croissance : la BCE rompt la perspective de croissance qui était envisageable, et expose les économies européennes à une perte de croissance. 13  Dettes publiques revalorisées, coût supérieur de l’immobilier, etc… Le taux d’intérêt directeur à la BCE est de 4,25% : il est difficile pour les banques locales de prêter. Comment agir sur cette inflation persistante, qui provoque une instabilité financière ? Il faut d’abord comprendre d’où l’inflation provient. Elle a deux origines : 1) Une désorganisation des chaînes de production internationales. La France a fait le choix de la désindustrialisation et de la spécialisation dans les services : elle a constaté qu’elle ne créait pas de valeur ajoutée, donc que le rythme de la croissance est faible. 2) La France subit des hausses de prix liées à des crises énergétiques extérieures. Elle admet que la BCE doit intervenir pour limiter le risque d’une inflation ‘‘nouvelle’’. On n’a aucun pouvoir sur les prix fixés par l’OPEP, ni sur le comportement de la Russie et de l’Ukraine. Ces comportements sont ambigus. On a une baisse de la consommation alimentaire en France de 10%, depuis le début de 2022 => EFFETS DIFFICILES À MAÎTRISER. Faut-il alors freiner l’inflation coute que coute, ou la laisser agir sans surveillance ? Il faut plutôt plaider en faveur d’une négociation dans la lutte CONTRE l’inflation, pour solliciter l’effort de différents agents économiques (exemple : Bruno Lemaire demande aux producteurs de vendre à perte).  Logique d’arbitrage de la consommation.  Les agents réagissent en fonction de leur capacité d’écoute de l’information, et n’attendent plus les ordres de la BCE = politiques de régulation de plus en plus aléatoires. Les banques se comportent aujourd’hui comme si elles étaient des assureurs et sont très sélectives quant à l’octroi de crédits, réduisant ainsi la croissance pour ne pas alimenter l’inflation. La BCE n’incite pas les banques, car elle n’agira pas de prêteur en cas de risques trop élevés. Section 3 – Les théories de l’inflation. Est-ce que ces théories économiques sont exclusivement des théories contemporaines ? NON : elles sont très largement antérieures au XXe siècle, ce qui montre que l’inflation est perçue comme redoutable très tôt. I) La relation monnaie-inflation. Etudiée par Jean Bodin, elle remonte au XVIe siècle. Bodin s’oppose aux mercantilistes, qui accumulent les métaux précieux. Il en dénonce les effets sur les prix : accumuler des richesses ne garantit pas une valeur monétaire sûre et provoque de l’inflation. On s’enrichit effectivement dans un premier temps ; mais très vite, cette accumulation de richesses devient préjudiciable. SI elle n’accompagne pas le développement économique et qu’elle ne profite pas à l’industrialisation, alors elle n’assure pas un enrichissement des nations. Il faut que cette 14 accumulation assure des fonctions et qu’elle profite aux commerces, qu’elle finance les investissement, donc qu’elle garantisse la croissance future. Or les mercantilistes font une confusion entre le présent et le futur ; à court terme, l’accumulation me profite (cf. empire colonial de Colbert), mais je ne vois pas qu’à moyen et long terme, je cours à ma propre destruction. Jean Bodin comprend que plus les richesses deviennent abondantes dans une économie, plus cette économie devient riche dans un premier temps ; mais l’inflation s’installe.  Il y a une relation causale inévitable entre la quantité de monnaie en circulation et la hausse du niveau général des prix. Les économistes tels que Ricardo vont plus tard dire que l’inflation va dépendre du taux de monnaie en circulation : le fait d’accumuler beaucoup n’est pas nécessairement nocif, à condition de faire circuler la monnaie accumuler ; cela montre une forte capacité à produire et échanger, et l’accumulation contribue à la croissance.  Il faut que la monnaie circule et soit utilisée pour produire. On peut donc contrôler l’inflation.  Théorie de l’échange. II) La théorie d’Irvin Fischer. Fischer est un grand théoricien de la théorie quantitative de la monnaie (reprise par Milton Friedman et par la BCE aujourd’hui). Il va comprendre qu’il suffit de contracter la création de monnaie, la rendre désirable, la protéger, exercer un effet de rareté, pour que la valeur de la monnaie augmente d’elle- même et que l’inflation se réduise.  Moins de monnaie créée la rend plus rare, ce qui augmente les taux d’intérêt.  Relation inverse FONDAMENTALE entre la quantité de monnaie créée et les taux d’intérêt. La théorie de Fischer est restrictive : seule la stabilité du niveau général des prix importe. La théorie quantitative de la monnaie s’impose : rendre la monnaie rare élève les taux d’intérêt, ce qui freine l’activité et baisse le niveau général des prix = IMPÉRATIF ÉCONOMIQUE IMPORTANT. Il faut qu’on puisse maîtriser le comportement des agents pour qu’il n’y ait pas d’incertitude. Néanmoins, ces politiques présentent des limites : elles reposent sur notre capacité d’anticiper et agir, et elles reposent sur un principe d’équilibre, donc elles attendent des résultats de retour à l’équilibre (ce qui est aléatoire et difficile à vérifier). III) Quelles sont les limites de ces politiques de régulation de l’inflation ? A) Le principe de la « loi des débouchés ». Elle est définie par Jean-Baptiste Say, économiste classique et théoricien de l’économie de l’équilibre. Il considère que le retour à l’équilibre est toujours possible, du fait même d’une simple logique : l’offre crée sa propre demande. 15 Say est admiratif des travaux de Smith et Ricardo sur les théories de l’échange. Il dit que la prospérité économique est assurée grâce aux théories d’Adam Smith sur les échanges (avantages absolus) ; et cette prospérité est renforcée grâce à la théorie des avantages comparatifs de Ricardo. Donc la spécialisation d’une économie lui permettrait de récupérer de la croissance. Say dit qu’on peut aller au-delà de cette analyse : même une économie fermée peut retrouver de la croissance. Comment toute économie, tournée vers l’extérieur, peut retrouver une certaine croissance ? Par la loi des débouchés. Le principe est le suivant : une entreprise produit quand elle a confiance, et elle contribue à l’essor économique quand elle le fait, car elle embauche quand elle produit ; elle verse des salaires quand elle embauche ; ces salaires permettent aux employés de consommer ; cela crée de la richesse. L’offre est capable de créer sa propre demande, et de se garantir des débouchés suffisants. Pour Say, il n’y a pas de risque inflationniste : « la monnaie n’est qu’un voile », qu’un simple intermédiaire des échanges (on l’échange contre des biens). Elle n’a aucun fonction : elle n’est jamais demandée pour elle-même, mais ne fait que circuler comme intermédiaire des échanges. Il n’y aurait donc jamais de thésaurisation. La monnaie n’est donc pas inflationniste. Mais alors pourquoi les agents épargneraient ? Chez Say, elle devrait toujours être productive. Aujourd’hui, c’est FAUX : quand on met de l’argent de côté, on refuse d’investir à risque. On trouve une valeur refuge dans la monnaie qu’on thésaurise (limite n°1).  Il n’y a pas d’inflation par la monnaie, à condition que l’épargne finance totalement l’investissement. Il ne faut pas trop de monnaie en circulation, mais assez pour maintenir un train correct. Comment ? Trop de facilité monétaire accélère la demande, et une tension trop forte sur la demande fait augmenter les prix (limite n°2). Selon les monétaristes, l’inflation est toujours un problème monétaire : elle aurait pour origine exclusivement la création de monnaie. Les évènements contemporains montrent que cette théorie est exagérée: il peut aussi y avoir une inflation subie, une inflation par les coûts, une inflation par les salaires… L’inflation peut être d’origine monétaire mais ne l’est pas exclusivement (limite n°3). (limite n°4) Les effets de l’impact de l’inflation diffèrent, selon que l’on est dans un contexte de morosité de l’inflation ou de surchauffe économique. Dans un contexte de morosité économique, la stagflation est le contexte économique qui s’impose : hausse des prix + perte d’emploi. Donc le comportement des agents va aller dans le sens de la prudence : ils craignent une aggravation de la morosité économique. L’inflation se généralise et s’autoentretient. Dans un contexte de surchauffe économique, l’environnement économique est plutôt satisfaisant, ce qui incite l’économie à consommer et produire encore et encore. 16 B) Comment affronter l’inflation, alors qu’il n’y a plus de croissance ? Les agents vont être confrontés à un comportement nouveau : celui de l’arbitrage. Comment réagir quand il y a simultanément inflation et chômage ? Les théoriciens économiques ne savent pas comment réagir face à ce problème : il faut freiner la demande pour agir sur l’inflation, mais la stimuler pour éviter la croissance du chômage. Les praticiens économiques suggèrent d’accepter plus d’inflation pour moins de chômage ; ou bien plus de chômage pour moins d’inflation.  PARADOXE : l’inflation, synonyme de surchauffe, s’installe dans la morosité.  Il faut donc soutenir et financer la croissance en créant de la monnaie. Or la création de monnaie entretient l’inflation.  Dans un contexte de morosité, la stagflation est un handicap : pour agir contre le chômage, il faut relancer l’économie ; mais en faisant cela, on crée de la monnaie ; or cela est source d’inflation.  Au lieu de consommer, les agents sont dans la méfiance, et le chômage revient à la hausse. On peut caractériser cette période des années 1970 par une conjoncture économique marquante : une inflation soutenue, un chômage élevé, et une stagnation économique. D’où une remise en cause de ces politiques économiques, et un nouveau sursaut dans les années 1980.  Il faut freiner le risque inflationniste, par une désindexation des salaires et des retraites sur le niveau général des prix = FAIRE ACCEPTER AUX AGENTS UNE PERTE DE POUVOIR D’ACHAT, EN AGISSANT SUR L’INFLATION PAR LES COÛTS. C’est un moyen d’accompagner la relance en favorisant l’embauche, avec des salaires dont on maîtrise mieux le coût.  Il faut freiner, ralentir la création de monnaie = UNE CRÉATION DE MONNAIE NON CONTRÔLÉE SERAIT INFLATIONNISTE. Il faut financer de façon modérée la relance économique. La relance est confirmée au début des années 1990. Or si ça ne marche pas, l’économie s’installe dans le marasme, et ce n’est plus de l’inflation des prix que je vais souffrir mais d’une baisse de la demande. Les prix baissent donc, mais ce n’est jamais assez.  Installation durable de la récession = DÉFLATION.  Le Japon a connu une déflation pendant 20 ans. Dans le cas d’une surchauffe économique, la croissance est accompagnée par une hausse des prix. Il y a une inquiétude quand le rythme de la hausse générale des prix est supérieur au rythme de croissance => danger de tendance inflationniste, de transformation de l’inflation en hyper-inflation, dont la BCE a peur. Pour rompre ce niveau d’inflation, il faut maîtriser le comportement de tous les agents, et c’est impossible (les banques, par exemple, font comme elles veulent).  Il est urgent de défendre la valeur de l’euro. La politique économique engagée fonctionne aujourd’hui dans un mode de croissance modérée, d’où la priorité d’agir sur la valeur de la monnaie.  En freinant la masse monétaire, on stabilise l’inflation, d’après la BCE. C’est une victoire pour elle, mais encore peu suffisant pour les gouvernements, qui ont besoin d’une croissance réelle. Aujourd’hui, la préoccupation majeure est de trouver une cohabitation envisageable entre une inflation stabilisée et une reprise de l’activité. Toutes les actions menées aujourd’hui sont dans le sens de la croissance (défendre le pouvoir d’achat pour une reprise de l’activité, etc…). La difficulté est de 17 redonner confiance, à la fois aux entreprises et aux consommateurs qui sont de plus en plus conscients de l’environnement économique. L’État doit à la fois tenir compte de la politique de la BCE, de l’anticipation des consommateurs, et des pertes de compétitivités des entreprises.  COMPROMIS DE NÉGOCIATION ENGAGÉ : on demande aux salariés d’accepter une moindre indexation de leurs salaires ; aux retraités, en n’indexant que partiellement leurs retraites ; aux entreprises, en tranchant leurs profits (?). Aujourd’hui, même à un niveau modéré, l’inflation fait peur car elle handicape le retour de la relance économique. 18 Chapitre 2 – Le chômage. Le chômage risque de revenir d’actualité, même si le déséquilibre est moins grave que celui de l’inflation actuellement. Il risque de devenir un réel problème si l’inflation s’installe durablement. Le problème du chômage vu aujourd'hui par le biais d’interdépendance entre l'inflation et le chômage : Il y a des mesures gouvernementales, comme la volonté du gouvernement français d'accompagner la possibilité éventuelle dans le plein-emploi, c’est-à-dire un chômage moindre (5%). Mais si l’inflation résiste, elle va provoquer de la récession. S’il y a de la récession, il y aura moins de demande, et on réduit l’offre et donc l’embauche. Toutes les économies européennes sont en alerte et redoutent véritablement une nouvelle remontée du chômage. Quand la BCE privilégie l'action qu'elle contrôle, elle verrouille la masse monétaire et contrôle la quantité de monnaie en circulation. En faisant cela, elle freine la croissance : si la croissance est réduite les entreprises embauchent moins. Ceci est une difficulté majeure pour les gouvernements européens, car ils ne peuvent pas contrôler la BCE qui est indépendante. En France, le rythme de la croissance était insuffisant avant la crise sanitaire. Une économie peut évoluer normalement si son taux de croissance est au minimum de 2,2% par an. C'est une économie vite freinée face aux économies étrangères. La France a connu un ralentissement tel que la croissance était dans le négatif de - 7,1% (décélération). En 2021, on a 9%, mais ceci ne compense pas ce que l’on prévoit l’année d’avant. On est dans l’incapacité de compenser ce que l'on a perdu. Il y a un danger et un défaut car la France a bénéficié d’un délai supplémentaire. Elle est dans l’incapacité de maintenir le rebond qu’elle a connu. Il y a un souci de performance industrielle. Fin 2023, le taux de croissance réelle contenant de l’inflation est 0,7%. La stagflation est une menace réelle en France. Celle-ci permet un arbitrage entre l'inflation et le chômage. Il s’agit d’un compromis difficile et douloureux à accepter. Un problème de grande actualité avec au cours des 24 dernières heures est l’annonce de la stratégie nouvelle du programme « France-Travail » : agir tout de suite pour le retour à l’emploi d’une catégorie qui n’y arrive pas, et avec une compensation du RSA. La France est alertée sur le risque immédiat de la stagflation. Pour nos économies, on considère qu’il y a des délais d’ajustement (exemple : les étudiants qui étudient encore, le défaut de qualification de la main d'œuvre). À la fin des années 1970, alors qu’elle était spécialisée dans la recherche, la France a considéré que le coût de financement était très élevé et a retardé et différé la spécialisation de la main d'œuvre. Aujourd’hui, il y a une insuffisance aux postes hautement qualifiés qui seraient disponibles. Il faut former cette main d'œuvre ; cependant la formation est longue. Le taux de plein emploi pour un niveau de chômage de 2%. L’économie aujourd’hui est presque en plein emploi. Comment résoudre aujourd’hui le problème du chômage ? La BCE donne priorité au contrôle de l’inflation et contraint donc la France à accepter plus de chômage. La fin des années 1970 avec la désindustrialisation de notre économie : Lors de la première phase de mondialisation, la France rayonnait du point de vue de l’industrialisation. Elle peut se redresser mais ce sera long et coûteux. La BCE n'atténue pas sa politique. Derrière le phénomène de stagflation, il y a un phénomène de récession. L’interdépendance inflation-chômage est un thème majeur de l’actualité économique. Les agents économiques anticipent mieux le risque qu’il ne le faisaient à la fin des années 1970. 19 I) L’approche théorique du lien entre l’inflation et le chômage. Relation de Phillips : en 1958, Phillips observe une relation entre le niveau des salaires et la valeur de la monnaie. Sur le long terme, il voit que plus le niveau des salaires augmente, plus l’inflation progresse. Il en déduit une corrélation négative entre le chômage et la hausse des salaires : si les salaires progressent, le chômage diminue, puisque les entreprises embauchent davantage. Phillips se projette sur 100 ans avec cette relation : il observe inévitablement que si c’est harmonieux du point de vue de l’emploi, c’est redoutable du niveau de l'inflation. Quand les salaires progressent, l'inflation s’accélère. Le coût de cette politique est qu’elle s’accompagne d'inflation. Il dit que finalement il y a une interdépendance. Si on veut agir sur l’emploi, on doit accepter l'inflation. L’arbitrage est incontournable et est confirmé par un autre auteur. Linsey confirme qu’il est impossible de trouver une politique économique pour corriger en même temps le chômage et l’inflation, puisque la BCE impose le contrôle de l’inflation. Les prévisions économiques prévoient en 2024 qu’il y aura 1% de croissance pour la France, mais une incapacité de maintenir une activité normale. La menace est due à une croissance insuffisante. Il y a à la fois une économie qui entre en récession et des prix qui s’emballent ; les consommateurs sont touchés directement. La conséquence directe est celui d’être au chômage. Il existe 3 types de chômages : - un chômage frictionnel (problème de délai d'ajustement) : plus une économie forme ses jeunes à des diplômes élevés, plus elle court le risque d’avoir un chômage frictionnel soutenu. - un chômage structurel : le chômage structurel provient de l'inadéquation entre l’offre et la demande de travail. La population active doit avoir certaines caractéristiques pour répondre aux besoins du marché du travail. Il y a un défaut de formation. La France essaie de remédier à l’inadéquation : former les jeunes pour répondre aux attentes des entreprises (les jeunes apprentis), agir sur le chômage de longue durée (la population de chômeurs dit ‘‘senior’’ et qui ne répondent pas aux exigences nouvelles du monde du travail). C’est coûteux, il faut convaincre et il faut jouer sur l’aspect volontaire d’un retour sur le marché de l'emploi. - un chômage naturel : défini par le monétariste Friedman, c’est le taux de chômage de plein emploi et qui repose uniquement sur un taux de chômage volontaire. Plus le marché du travail est rigide, plus le taux de chômage est fort. Si le licencié ne réagit pas, il est un chômeur volontaire. Ce chômage est un dysfonctionnement. Ce chômage naturel ne fait que renforcer l’interdépendance entre l'inflation et le chômage. II) Le dilemme : faut-il préférer plus d'inflation et moins de chômage ? ou plus de chômage et moins d'inflation ? La marge de manœuvre va dépendre de l'institution qui coordonne la politique monétaire. Les gouvernements dans les années 70 avaient deux systèmes : la politique monétaire et la politique budgétaire. Phillips dit qu’il faut ignorer certaines formes d'inflation puisqu’on ne peut pas agir dessus. Il ne faut agir que sur l'inflation salariale. L'inflation s'explique par la demande, c’est-à-dire parce que les agents veulent les mêmes biens ou consomment trop. 20 Comment agir contre le chômage aujourd’hui ? Comment éviter de soutenir un risque de sous- emploi ? Théorie des économistes Samuelson et Solow : Si on ne peut pas agir sur l'inflation, il faut à ce moment-là mener une action directement sur l'emploi. Il faut choisir la politique économique adaptée. Celle-ci se trouve finalement limitée à une politique du “stop and go”, c’est-à-dire freiner la croissance quand elle accélère, puis on déverrouille ce qu’on a fermé pour relancer l’activité.  Agir contre le chômage par exemple en fournissant des grands travaux comme à l’époque du New Deal. Mais il faut alors accepter le risque d’une remontée de l'inflation. La BCE considère que le risque de surendettement est avéré pour la France, le taux d’endettement devrait être de 60%. Le risque de capacité de remboursement est avéré. La France a un taux d'endettement de 120% du PIB aujourd’hui. Elle n’a pas de financement, elle a une capacité de supplémentaire non autorisée et une crédibilité remise en cause avec une marge de manœuvre réduite. Les monétaristes, opposés au modèle keynésien, disent que ce n’est pas parce que la France a fait un mauvais choix de spécialisation qu’elle n’a pas de croissance. Ce sont des économistes libéraux qui s’opposent à l'intervention directe de l’Etat, notamment le chef de l'école monétariste de Chicago, Friedman. Les néo-keynésiens disent qu’il faut éviter l’action à long terme, il faut privilégier le court terme. La deuxième proposition : l'économie est capable de se réguler et de se stabiliser. Alors que l’État provoque des déséquilibres, une autolimitation limite les relances. Pour les monétaristes, les keynésiens ont tort car ils font appel à l'État. On s’endette et cela entraîne une tendance inflationniste. On agit à court terme en laissant l’économie agir elle-même. Il faut que les agents économiques acceptent la baisse du pouvoir d’achat. Les entreprises s'engagent, au moment de la baisse des salaires, à préserver l'emploi. Selon les monétaristes, il faut répartir l’effort sur tout le monde. Du côté des entreprises, on gère plus facilement la stagflation ; mais en contrepartie, on s'interdit d’exposer le salarié au licenciement.  Efforts partagés et résultats sur le long terme. Le taux de chômage naturel n’est pas nul, puisqu’il s’agit de ceux qui refusent de retourner sur le marché de l’emploi alors qu’il y a de l'embauche. Pour les monétaristes, alors que ce taux de chômage naturel semble conjoncturel, Friedman sur le fond c’est un chômage structurel. C’est une pression contre le retour à l’équilibre, et il faut revoir la prise en charge du système d’indemnisation-chômage. Le retour sur le marché de l’emploi de cette population précaire est différé sur de nombreuses années. Pour éviter ce chômage naturel pesant qui compromet le retour au plein emploi, le gouvernement vient d’annoncer un compromis pour avoir une assurance minimale d’insertion et garantir 15 heures de recherche active d'emploi. Aujourd’hui, on est conscient que les entreprises cherchent du personnel avec certaines qualifications. On admet qu’il y a une catégorie de la population qui se met en retrait car elle considère que leurs compétences ne coïncident pas avec les offres d'emplois. III) Le lien contemporain entre croissance, inflation et chômage en France. La Banque de France a fait des études par projets de 2025, établies à partir de résultats observés sur la période 2019-2022. Sur la base de ces résultats, la Banque de France a fait des projections sur 2025. 21  Première observation : le recul de l’activité a provoqué un classement des créations d'emplois et une montée du chômage. Il y a eu un arrêt mondial de la production à cause de la pandémie. Ceci a un impact très négatif sur l'inflation attendue sur 2023-2025. On est en deçà du minimum de croissance qui permet à une économie de progresser sans se détériorer. La Banque de France confirme que la France est confrontée à la récession.  Deuxième observation : ces résultats entretiennent des résultats pessimistes. Les agents économiques ont peur et diffèrent leur consommation, entretenant la stagnation économique. L’inflation observée aujourd'hui en 2023 réduit le pouvoir d’achat des agents et donc réduit la demande, nuisant à l’activité économique du pays.  Troisième observation : la hausse du prix des biens agit aussi sur les biens destinés à l’exportation, on compromet la compétitivité française. La France a toujours renforcé sa dépendance commerciale, elle a manqué sa deuxième mondialisation. Cet échec est renforcé par l'inflation et les biens sont moins compétitifs. Finalement on est dans un système où les solutions de sorties de crise sont extrêmement étroites. La France doit se réindustrialiser de manière très active, retrouver une compétitivité-coût ou assurer une croissance. Si la jeune génération n’est pas capable de donner cette croissance, alors ce sera une catastrophe économique. Est-ce que cette interdépendance inflation-chômage est vécue de la même manière au-delà de nos frontières ? Les USA ont une croissance suffisante aujourd’hui. Déjà, leur conjoncture est totalement différente. De plus, sur le long terme, on observe que la relation inverse d’interdépendance inflation-chômage n’est pas très forte dans leur économie. Le même constat est fait en France au moment de la crise financière. Il y a de la croissance alors qu’en Europe il n’y en a pas. En 2008, avec la crise foncière, la France a démontré la fragilité théorique de la courbe de Phillips. Pour que la relation fonctionne bien, il y a une interdépendance entre le prix et les quantités. Les limites de validité de cette relation fait qu’elle ne s’imposerait pas partout de la même façon ; de plus, les réactions diffèrent selon la période. Avant 1914, les prix réagissent plus vite que les quantités donc la relation s'impose, ce qui a tendance à confirmer la crédibilité de la relation de Phillips. On a donc un arbitrage inflation-chômage. En revanche, après 1950, les quantités réagissent plus vite que les prix. La relation de Phillips serait fragilisée, d’où sa remise en cause aux USA. Avant 1914, les néo-keynésiens disent que ce sont les prix qui sont les variables les plus déterminantes parce que les prix réagissent beaucoup plus vite que les quantités. Quand il y a de l’expansion économique, de la croissance, les revenus augmentent inévitablement, donc la demande s’accélère. Les néo-keynésiens observent, sur toutes les données, que lorsque la demande augmente, les prix s'accélèrent toujours. Si la demande effective des entreprises augmente, elles vont soutenir le niveau de revenus et donc embaucheront et produiront plus. L’emploi va augmenter et le chômage diminuer. Les néo-keynésiens viennent de confirmer la pertinence de la relation inverse de Phillips. Cette accélération de la demande se traduirait directement en hausse des prix mais n'encourage pas à freiner la production des entreprises. Les entreprises anticipent une demande croissante à venir. 22 Avant 1914, si au contraire c’est la récession qui l’emporte, c’est-à-dire si le niveau de l’activité économique se fragilise, la menace de ce ralentissement agit négativement sur les anticipations des agents. Les entreprises observent qu’elles ont moins de débouchés, la demande effective des entreprises se réduit. Elles observent que la demande a baissé donc elles embauchent moins et le chômage s’accélère. Si les prix réagissent plus vite que les quantités, la courbe de Phillips se confirme. Après 1950, cette relation n’est plus automatique. La relation de Phillips est aujourd’hui fragilisée, mais elle tend à revenir, toutefois de manière peu nette. Les néo-keynésiens disent, après 1950, que ce sont les quantités qui réagissent plus vite que les prix. Quand il y a une économie qui fonctionne bien, la demande s’accélère. En réponse à cette demande qui augmente, les offres augmentent. Les entreprises ont une confiance aveugle et embauchent plus. L’emploi augmente, donc il y a des distributions supplémentaires. Si on est en phase de récession économique, la demande va tout de suite baisser, et les agents anticiperont une crise économique. L’offre réagit immédiatement. Si la diminution de la demande s'accélère, il n'y a pas de débouchés. On a une accélération du chômage et une augmentation des prix. La portée de la relation de Phillips est à atténuer. La stagflation combine de l’inflation et de la stagnation. Aujourd’hui, le problème qui se pose est la pertinence de ce risque de stagflation. IV) Le débat keynésien-monétariste. La relation de Phillips possède une instabilité. Aujourd'hui, les agents économiques ont des anticipations souvent déstabilisantes. La presse économique nous permet d’appréhender certains résultats économiques. Le détail de la politique monétaire permet aux banques de réagir. Quand les banques observent qu'aujourd'hui la BCE est totalement indifférente aux blocages de la croissance, elles en tirent comme enseignement qu’elles seules devraient financer l’économie. L’inflation les perturbe, le risque est trop élevé. En définitif, on est dans une situation des anticipations que l'on qualifie de rationnelles : ce sont des anticipations pertinentes. Cette lucidité oblige à relativiser l’impact des politiques économiques. Aujourd'hui, nous réagissons face à l’instabilité de cette relation de Phillips. Cette instabilité ne nous permet plus de considérer que cette courbe soit un guide pour l’organisation de politiques économiques. Pour Friedman, le problème est lié à l’importance du chômage naturel. Si ce chômage naturel est supérieur au taux de chômage souhaitable de l'économie, il faut immédiatement mener des politiques de relance monétaires : il s’agit de relancer l'économie en augmentant la création monétaire et en diminuant les taux d’intérêt. C’est ce qui coûtera le moins cher, au risque de subir l’inflation. L'investissement repart, l’emploi redémarre, l’activité va être reboostée. Cette politique est remise en cause. Il y a un élément qui permet à la BCE de résister face aux monétaristes : le taux de chômage naturel diffère d’un pays membre à l’autre. Cette politique n’est donc pas applicable. Les keynésiens contemporains aujourd’hui ne sont pas opposés à la thèse des monétaristes. Ils prennent en compte la référence au taux de chômage annuel. Ils corrigent l'argument des monétaristes par un coefficient de réaction. Le taux de chômage volontaire est un blocage, il intègre les bénéficiaires du RSA : une majorité refuse le retour sur le marché de l’emploi. De plus, il faut inciter les entreprises à recruter des personnes qui sont au chômage naturel : il y a du chômage qui s’installe 23 car les entreprises ne recrutent pas assez. Il faut inciter les entreprises à proposer à cette catégorie d’agents un salaire convenable. Les keynésiens disent que les monétaristes ont raison sur la prise en compte du chômage naturel, mais ce n’est pas par une politique de retour à la croissance. Il faut que ce soit incitatif : par des avantages, un haut salaire, des primes. Dans cette catégorie de chômage naturel, il y a des seniors qui sont refoulés par les entreprises. Les keynésiens disent qu’il faut réglementer les entreprises pour recruter les seniors. Aux USA, la firme est responsable du chômage naturel. La variable de politique économique pour eux est le chômage. Pour les monétaristes, c’est l’inflation qui détermine le chômage. Ils disent toujours que l’illusion monétaire subsiste quand les agents économiques ne perçoivent pas totalement cette inflation. Aujourd'hui, même si le chômage n'est plus un problème majeur de politique économique, il reste une préoccupation forte. Il risque fortement de se transformer en stagflation.  Ne pas surenchérir la relation de Phillips. La relation d’interdépendance inflation-chômage, définie par Phillips comme évidente, n’est plus du tout évidente aujourd’hui. Effectivement, on cumule les deux. Le problème c’est que si j’ai une menace d’ici fin 2023 de stagflation, comment compenser ce qui fait aujourd’hui défaut ? C’est un problème de capacité d’endettement des économies. Nos économies européennes peuvent-elles trouver des modes de financement en période de ralentissement économique alors qu’elles sont déjà engagées dans un déficit chronique et des endettements ? Les économies d’hier et d’aujourd’hui ont une crainte pour l’emploi. Les résultats de régulation du chômage en France sont plus performants cette année (baisse à 7,2%) ; pourtant les économistes pointent le risque d’une remontée du chômage, car la création d’offre d’emploi fait défaut. Toute la presse économique, sans exception, ont pointé du doigt ce problème entre mardi et vendredi (semaine du 16/10/2023).  Baisse de 26% de l’offre d’emploi.  Fin 3e trimestre 2023, on n’a plus que 2 340 000 offres d’emplois. Les économistes dénoncent le risque d’une reprise de chômage. Ce n’est pas parce que le taux de chômage recule que l’offre d’emploi progressive automatiquement. Il faudrait un relai : l’inflation freine les entreprises en termes d’embauche, qui sont dans la méfiance et diffèrent donc leur demande d’emploi. Elles sont dans une situation d’attente et d’incertitude, où elles anticipent une situation plus grave encore ; cela freine l’économie et renforce la menace d’une probable stagflation. Pour éviter celle-ci, il faudrait que les offres d’emploi public explosent, et que l’Etat s’engage en comprenant l’engagement qui fait défaut du côté des entreprises. Pourquoi l’Etat ne réagit-il pas ? Il ne compense pas ce que les entreprises ne font pas, car il fait face à une difficulté majeure : sa contrainte est 100% financière, il ne dispose pas d’une marge de manœuvre suffisante pour compenser ce que les entreprises ne peuvent pas réaliser [cas de la France et de l’Allemagne]. 24 CROISSANCE INFLATION 2023 Zone euro : 0,8%. Zone euro : 5,6% (France comprise). Pour la France : 1%. Pour l’Allemagne : 6,4%. Pour l’Allemagne : -0,4% (récession, Pour l’Espagne : 3,6%. possible déflation). Pour les Pays-Bas : 4,7%. Pour l’Espagne : 2,2%. Pour la Pologne : 11,4%. Pour les Pays-Bas : 0,5%. Pour la Pologne : 0,5%. 2024 Pour la zone euro : 1,3% en moyenne Pour la zone euro : 2,9% (politique lente). (l’économie a des difficultés à rebondir). Pour la France : 2,7%. Pour la France : 1,2%. Pour l’Allemagne : 2,8%. Pour l’Allemagne : 1,1%. Pour l’Espagne : 2,3%. Pour l’Espagne : 1,9%. Pour les Pays-Bas : 3%. Pour les Pays-Bas : 1%. Pour la Pologne : 6,1%. Pour la Pologne : 2,7%. L’Allemagne a plus d’inflation que la France à cause de sa dépendance aux énergies ; de plus, la France a barré le financement de l’investissement par les banques, alors que les banques allemandes accompagnent l’investissement (bien que la demande de financement ne soient pas aussi nombreuses qu’en France). Les Allemands escomptent le maintien de leur marché immobilier, au moins jusqu’à février 2024, pour financer leur économie. Les prévisions de la Commission européenne sont optimistes. Il y a un risque de dépendance accru (financière et économique), que l’on retrouve pour la relation inflation-chômage aux USA. Aux USA, cette relation de dépendance compromet actuellement l’arbitrage de l’inflation et du chômage (si l’une augmente, l’autre aussi).  Situation économique stagflationniste. La vraie question est pourquoi l’inflation entretient-elle le risque de chômage ? Comment échapper à la stagflation ? L’inflation entraîne aujourd’hui un risque sur le marché de l’emploi. Il faut vivre avec une inflation handicapante. Nous sommes dans des économies qui n’arrivent plus à assurer les offres d’emploi car elles ne peuvent plus compter sur le financement pour leur croissance. L’inflation est aujourd’hui installée et se retourne contre le marché de l’emploi. Si l’inflation persiste, cela veut dire que l’économie réelle est bloquée et la croissance fera encore défaut. A défaut de croissance réelle se pose le problème du financement de l’économie, bloquée par des taux d’endettement trop élevés. 25 Chapitre 3 – L’endettement. Aujourd’hui nos économies ont un réel problème de financement : elles sont dépendantes, et il faut donc essayer de comprendre la nature et les raisons de cette dépendance. Pourquoi nos économies souffrent-elles d’un défaut de financement aujourd’hui ? Plus une économie est endettée, mois elle devient crédible et si un risque d’insolvabilité est dénoncé, ça devient grave. Plusieurs problèmes se posent, notamment pourquoi l’Etat dépense de plus en plus ? Il faut de plus en plus de dépenses publiques, alors qu’il y a de moins en moins de financement disponible pour ses dépenses. Pourquoi les finances publiques subissent-elles systématiquement des déséquilibres depuis 1980 ? Quand les Trente Glorieuses se sont achevées, les économies orientales ont été dans l’incapacité de s’autofinancer. Les économistes parlent d’un défaut de productivité, malgré le fait que les économies produisent beaucoup. PRODUCTIVITÉ : il s’agit de produire efficacement, le mieux possible, en créant de la valeur ajoutée. Existe-t-il un risque d’insolvabilité ? On dépense de plus en plus car on a des besoins nouveaux (≈ effets de cliquet). Le problème réel qui se pose ce n’est pas la dépense publique en elle-même, mais le déficit budgétaire qui s’élève de plus en plus. Aujourd’hui, la France est dénoncée par la Commission européenne comme un pays membre n’agissant pas de façon raisonnable pour réduire son déficit. Ce défaut d’assainissement des finances, cumulatif et auto-entretenu depuis les années 1980, montre la faiblesse des économies européennes. Aujourd’hui, quand une économie a un déficit public, elle souscrit un emprunt à un taux défini le jour de l’emprunt (≠ taux fixes pour les emprunts des particuliers) et peut rembourser quand elle veut ; en contrepartie, le prêteur compte les intérêts du jour où il est remboursé → c’est la charge de la dette. La Chine et la Russie sont nos principaux prêteurs. Les pays européens le plus exposés (Italie, Belgique, France) ont fait des choix récents de contraction de la dépense publique : réduire la dépense publique qui handicapait la crédibilité de leurs économies. I) Du côté des dépenses publiques. Pourquoi l’Etat dépense-t-il ? Pour soutenir la croissance (réponse simple), donc pour financer l’économie, pour stabiliser les marchés, mais aussi pour corriger les inégalités (entre les agents avec beaucoup de revenus et ceux qui en ont moins). L’économiste Musgrave, en 1959, dit que pour comprendre l’action publique, le rôle économique de l’Etat, il faut se rapporter à ses fonctions. L’Etat a trois fonctions : - La fonction d’allocation (ou d’affectation) des ressources : il s’agit de la manière dont l’Etat va répartir les richesses enter les agents, et dont il justifie son monopole dans certains secteurs 26 stratégiques de l’économie / où dont il justifie sa stimulation de la croissance, etc… Il s’agit de répartir le plus efficacement les richesses entre les agents. Exemple : au lendemain de la 2nde GM, certains secteurs économiques présentent certaines spécificités (secteurs à rendements croissants). L’Etat juge indispensable de s’allouer à lui- même ces secteurs ultraperformants (transports, énergie, eau) et en fait des monopoles publics, pour éviter la guerre entre les entreprises privées. L’Etat s’inflige une politique de prix en faveur des usagers : EDF, Gaz de France et Compagnie des eaux ont été créés comme monopoles naturels, en imposant des prix les plus bas possibles pour bénéficier à l’usager. En 2017, ces secteurs redeviennent privés. - La fonction de distribution (ou de redistribution) : l’Etat doit intervenir pour corriger les disparités entre les agents. Il va par exemple subventionner les secteurs les moins performants et prélever les taxes des plus rapporteurs. Il va supporter les revenus des plus faibles et taxer les plus forts. C’est une correction des inégalités, des différences sectorielles : l’Etat est dans ce cas un régulateur, il vient pour corriger soit les imperfections, soit les injustices. - La fonction de stabilisation : elle permet de corriger les défauts de fonctionnement d’une économie, en termes de politique monétaire, ou en termes de politique budgétaire. Pour Musgrave, c’est un moyen de justifier l’application chronique de l’Etat depuis 1789. C’est la première façon d’expliquer le rôle économique de l’Etat. Ces impératifs lui coûtent de plus en plus cher. A) L’évolution des dépenses publiques. L’Etat sait que ces agissements exposent son économie à une dépendance chronique, mais ne s’arrête pas car ses agents ont besoin de lui. Il faut être aujourd’hui conscients du problème, et arrêter le financement (…). Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que depuis 1789, elles n’ont cessé d’augmenter et cette augmentation est soutenue après la 2nde GM. Il y a un réel problème de la crédibilité de l’Etat : il dépense beaucoup trop. Or le problème de la gestion des retraites est un cumul de charges de l’Etat sur le moyen et le long terme. Sans réforme, l’Etat aurait dû freiner les frais sociaux. Il s’agit d’un effort intergénérationnel, en demandant aux futures générations de se prendre en charge elles-mêmes. Ces enjeux ne sont pas anodins car ils mobilisent toute la population. Or ces contraintes s’expliquent par le vieillissement (et la diminution) de la population active. Ceux qui bénéficient du système de financement, au lieu de disparaître à l’âge moyen de 70 ans, vivent jusqu’à 90 ans.  Tout le monde est impliqué par l’effort. Des enjeux liés à la structure démographiques présentent une contrainte incontournable. De plus, à cause de ce vieillissement, on fait face à une croissance plus faible. L’Etat, pour compenser la différence avec les années précédentes, finance (donc s’endette = problème). Le problème qui s’impose aujourd’hui n’est plus de compenser, mais de réguler. 27 B) Les politiques publiques contracycliques. Aujourd’hui, le déficit public et l’endettement français dépassent les normes fixées par l’Europe.  Les critères de Maastricht (les taux d’endettement et de déficit d’une nation ne remettant pas en cause ses capacités de remboursement) sont fixés à 3% du PIB pour le déficit et 60% du PIB pour l’endettement. Qu’en est-il de la France aujourd’hui ? Elle est endettée à 116% de son PIB. Son déficit s’élève à 4,2% du PIB en 2022, probablement 5% en 2023. La Commission européenne prévoit, le 15 octobre 2023, que l’économie française ne pourra jamais rétablir son déficit et son endettement aux niveaux acceptables avant 2028.  SIGNAL D’ALARME : la marge de manœuvre de l’économie française fait défaut. La France n’a pas la capacité, en cas d’un nouveau déséquilibre, de le financer. Aujourd’hui, l’Europe nous engage à faire une politique économique d’efforts, une politique contracyclique : réguler les dépenses, et profiter d’une expansion de l’économie pour diminuer l’implication de l’Etat (demander aux entreprises d’agir). Si, au contraire, la récession domine, l’Etat doit-il se retirer ? La Commission de Bruxelles dit non : le risque est trop élevé, il ne faut surtout pas diminuer les dépenses publiques pour ne pas encourager le transfert d’une stagflation vers une déflation, mais soutenir la demande et aider les entreprises (politiques keynésienne et monétariste). La Commission soutient l’importance de joindre les deux volets de politiques économiques : soutenir la demande et mener une politique d’offre.  « Politiques mixtes » bonnes mais extrêmement contraignantes, car leur réussite dépend de la façon dont ces politiques vont être vues par les publics concernés.  Pour être compétitif, il faut maîtriser les coûts de production (la France est < à l’Allemagne, car le coût de son facteur travail est plus élevé). C) L’enjeu des stabilisateurs automatiques. Ils sont importants pour réguler les dépenses trop élevées. Dans une économie en surchauffe, où l’inflation est plus forte que le taux de croissance, ceux qui plaident en faveur des stabilisateurs automatiques disent que dans une économie qui s’accélère, on produit plus et distribue plus, donc les recettes fiscales perçues par l’Etat augmentent. Les partisans des stabilisateurs disent que pour une fois, ce taux de pression fiscale accélérée est le bienvenu. On dispose finalement moins qu’avant en net. Ils disent donc que ce n’est pas une solution miraculeuse, mais c’est un frein dissuasif : le réel gagnant de la surchauffe, c’est l’Etat, qui s’approprie des recettes supplémentaires pour refroidir le pouvoir d’achat des agents. L’Etat stabilise alors l’économie, tout en pouvant financer ses dépenses sans s’endetter, sans créer de monnaie.  Stabilisation automatique : le taux de pression fiscale automatique corrige l’emballement de l’économie. Qu’en est-il en cas de ralentissement de la croissance ? Ces mêmes partisans disent que les recettes diminuent dans une économie qui ralentit, donc l’Etat doit prélever moins. Dans ce cas, les dépenses 28 publiques ne peuvent pas être financées par un budget important, mais l’Etat va chercher à les maintenir. Il prend le relai de la croissance en finançant ce que l’économie ne peut financer d’elle- même. Ça, c’est la thèse optimiste de régulation automatique. Aujourd’hui, elle agit moyennement et ne donne pas les garanties escomptées. La stabilisation automatique n’est pas totale, mais demeure. D) Le multiplicateur des dépenses publiques. On explique l’évolution des dépenses publiques par un multiplicateur. Cette théorie est déjà présentée par Keynes : il en existe plusieurs. Il y a le multiplicateur budgétaire, le multiplicateur fiscal, le multiplicateur des dynamiques.  Toujours un but de stimulation de l’activité, en agissant sur la demande. La demande est égale à trois éléments : la consommation des agents + l’investissement des entreprises + l’intervention de l’Etat (D = C + I + G). L’Etat peut agir sur l’un de ces éléments pour stimuler la croissance : soutenir l’un d’entre eux répercute l’effet sur la demande et donc la croissance. Keynes a eu une idée de génie en intervenant sur la demande pour stimuler la croissance. Les monétaristes s’y opposent en disant qu’elle est coûteuse et qu’elle n’est bénéfique qu’à court terme ; Keynes l’avait déjà dit. Au moment de la crise de 1929, quand cette politique économique est mise en place, on obtient des résultats (effet du New Deal). Mais depuis le début des années 1990, à chaque fois qu’on finance la demande, ça n’agit pas sur la croissance, l’effet multiplicateur étant quasi-nul.  Pourquoi ce blocage ? L’inflation bloque ce système : dès que l’agent reçoit sa subvention, il la thésaurise par peur de la perdre ou d’avoir besoin d’argent plus tard.  Les politiques de subvention ne suffisent plus. Les consommateurs thésaurisent ; les entreprises sont aussi méfiantes.  Les comportements des agents dictent la politique économique. Le multiplicateur est mis en cause aujourd’hui, du fait de nos comportements. Que résulte-t-il de ce blocage ? L’intervention de l’Etat. Mais qui finance ses dépenses ? La Commission de Bruxelles reproche à la France d’être dans l’illusion d’un effet de retour. Sans effet de retour, le déficit se creuse ; cela se généralise à l’Europe entière. Les effets contracycliques escomptés des politiques budgétaires sont aujourd’hui largement insuffisants. Cela constitue une inquiétude pour les économies occidentales. II) Le financement des dépenses publiques. Nous nous interrogerons sur d’autres modes de financement des dépenses publiques. Ces dernières agissent sur l’économie, comme elles la perturbent quand il y en a trop (la fragilisent, la freinent…). La politique économique est condamnée par ses comportements qui fragilisent la dépense publique. Comment donc financer ces dépenses publiques ? Il y a l’emprunt ; l’impôt (mais la France est freinée car elle a le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé en Europe) ; et la création de monnaie. Pour financer les dépenses publiques, on dispose du financement fiscal =, monétaire et international. 29 A) Le financement fiscal. On le justifie par le besoin de financer les dépenses. L’Etat a toujours justifié ses dépenses fiscales par son obligation de financement des actions publiques.  Politique de l’Etat bienveillant. Les libéraux dénoncent aujourd’hui cette politique, sans la remettre en cause : si l’Etat est si bienveillant, pourquoi prélève-t-il près de 25% de plus que les USA ? On est dans un déficit chronique cumulatif. Les libéraux dénoncent l’emploi qui est fait des impôts. B) Le financement monétaire. Il échappe aux autorités gouvernementales. La BCE est indépendante et décide seule de sa politique monétaire. Toute création monétaire est inflationniste quand elle ne se transforme pas en croissance. Or aujourd’hui, par nos comportements d’anticipation (différer les achats, ne pas investir, ne pas engager des politiques de grands travaux), le financement monétaire des politiques publiques est très faibles. Il est soumis au comportement de la BCE. C) Le financement par les marchés de capitaux. L’Etat peut couvrir ses dépenses en émettant des emprunts à court, moyen ou long terme. Il appelle les particuliers, les étrangers, à venir financer son déficit. Ils achètent des titres, et l’Etat remboursera en émettant de nouveaux emprunts.  Toxique, car il accroit son déficit.  La Commission de Bruxelles alerte. D) Le financement international. L’Etat fait appel à des capitaux extérieurs, en émettant des emprunts sur des marchés de capitaux extérieurs. C’est la dette extérieure. Mais il y a le problème du coût de la dette : je peux rembourser quand je veux / peux (mais il y a une échéance ultime), mais je n’ai pas de taux d’engagement. L’inflation, quand il y a des contrats d’engagement, profite aux emprunteurs : ils remboursent avec une monnaie qui leur coûte moins cher et qui est dévalorisée. En 2023, avec une inflation de 5,6%, on est gagnant en tant qu’emprunteur (particulier). En revanche, l’Etat, en empruntant à la Chine avec un taux de 0,25% en 2021, rembourse aujourd’hui à 4,5%. Quand il y a inflation, ça ne profite à l’emprunteur que si le contrat signé indique un taux fixe. Mais seul un pays emprunte sans contrat, car il peut rembourser n’importe quand ; or la charge de sa dette explose avec la montée des taux d’intérêt.  La Commission de Bruxelles exprime la nécessité de contrôler l’inflation, pour déjà désengagée les économies endettées ou surendettés. 30 III) L’orientation des dépenses publiques en fonction de la politique économique. On peut aujourd’hui reprocher aux économies européennes leur endettement élevé et leur déficit cumulatif ; mais on est obligés de reconnaître qu’elles ont tenté de redresser leurs politiques publiques. Depuis 1993, elles ont tenté de mener des politiques rigoureuses pour réduire leur endettement. Elles sont conscientes de la nécessité d’agir contre leur endettement, et on ne peut donc pas leur reprocher l’orientation de leurs politiques économiques. Or le résultat est mauvais : pas de croissance.  La croissance est modérée (entre -0,5% et 3,5%, sauf pendant le confinement avec l’injection de fonds par la BCE).  L’Europe n’arrive donc pas à assurer de la croissance. Au moment où elle tente de réorienter sa politique économique, elle subit de plein fouet la crise financière de 2008 : il s’agit d’une crise mondialisée, qui remet en cause la fiabilité des économies et qui les accule à de nouveaux drames (crise de l’immobilier et du financier).  Les économies sont obligées de repartir dans des déficits publics pour se relancer. La BCE les engage à s’endetter pour inverser l’effet de la crise. On finance donc de plus en plus de dépenses en situation de crise, en autorisant les déficits et l’endettement ; il en résulte une dégradation majeure des soldes publics. A) La dégradation des soldes publics. Le problème des soldes publics n’est pas nouveau : le fait d’avoir du déficit existe depuis le 19 e siècle. L’enjeu contemporain est lié à la dégradation de ces soldes, et cette dégradation s’est progressivement instaurée ; elle s’est renforcée avec la crise financière des 2008 (crise mondiale des su

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