Cours 1: Introduction au Domaine de la Psycholinguistique - PDF
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Valérie Amary
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Ce document introduit le domaine de la psycholinguistique. Il examine les définitions, les objectifs généraux et les distinctions des différents champs et populations. Il discute également de la notion de faculté du langage et de l'origine du langage.
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I. Introduction : le domaine de la psycholinguistique Valérie Amary Tous droits réservés Définitions, objectifs généraux, distinctions des diverses populations et des divers champs. A. Généralités Tout être humain sait parler, à moins d’un accident de parcours qui mène à une pathologie. Par...
I. Introduction : le domaine de la psycholinguistique Valérie Amary Tous droits réservés Définitions, objectifs généraux, distinctions des diverses populations et des divers champs. A. Généralités Tout être humain sait parler, à moins d’un accident de parcours qui mène à une pathologie. Par ailleurs, l’être humain apprend à parler de façon naturelle, sans qu’il en ait conscience. Quelle que soit la langue, le petit homme met entre 3 et 6 ans pour apprendre sa langue maternelle (selon les auteurs, cette durée est considérée comme longue ou courte). Certains parlent de « don de langage » pour l’homme (cf. Boysson-Bardiès, 2010), et tout se passe en fait comme si l’homme était « programmé » pour parler. Le linguiste américain Noam Chomsky, à l’origine de la psycholinguistique en tant que domaine de recherche, parle de « faculté de langage » pour l’être humain, et la range dans les connaissances innées, comme la vue ou l’ouïe. Par « langage », Chomsky entend une prédisposition, comme un programme informatique, et non pas une langue particulière : cela va de pair avec sa conception du langage, qui serait une architecture commune à toutes les langues du monde. Le petit enfant dispose dès la naissance de cette faculté de langage, qui doit bien évidemment être en quelque sorte activée par le biais d’une langue particulière, sa (ou ses) langue(s) maternelle(s). Pour Chomsky, il ne s’agit pas d’un apprentissage (lequel serait conscient et volontaire) mais d’une acquisition, de quelque chose qui arrive quoi qu’on fasse, quelle que soit la langue et la culture, sauf cas particulier. D’autres auteurs réfutent l’idée de l’innéité du langage, cependant que les critiques sont de moins en moins virulentes, et que, pour la plupart, les chercheurs concèdent le fait qu’il y a une part d’inné dans le langage, et cherchent à comprendre la part acquise. Cela ne va pas de soi puisqu’avant le milieu du XXème siècle et les propositions théoriques de Noam Chomsky, la tendance était de penser que la langue s’apprenait par imitation. L’origine du langage demeure un mystère : on sait que les hommes ont pu parler quand ils se sont tenus debout et que le larynx a pris une position qui a permis l’articulation des sons. Néanmoins, ce n’est pas juste cette modification physiologique qui peut justifier l’apparition du langage, selon Boysson-Bardiès, des modifications au niveau du cerveau sont aussi intervenues : en effet le langage n’est pas juste l’articulation de sons, mais la mise en correspondance de sons avec un sens. Cette mise en correspondance passe par le cerveau. Plusieurs hypothèses coexistent concernant l’origine du langage. Y a-t-il eu au départ une seule langue originelle ? Et les langues actuelles (au nombre d’environ 5000) sont-elles toutes issues de cette même langue ? Ou bien, les hommes dispersés à certains endroits du monde ont-ils disposé de la faculté de langage à une période donnée, cette faculté se réalisant de différentes manières, sous la forme de langues différentes ? UNICAEN | UFR HSS | VALERIE AMARY | 1 I. INTRODUCTION : LE DOMAINE DE LA PSYCHOLINGUISTIQUE Toujours est-il que quelle que soit la réponse à ces questions, aujourd’hui et depuis longtemps, tous les hommes parlent, et ce sans difficulté, sans apprentissage volontaire. Les tentatives pour apprendre à parler à des chimpanzés se sont soldées par des échecs : beaucoup d’expérimentations ont pourtant été menées dans lesquelles un chimpanzé était « élevé » dans un univers familial, avec un entraînement continu de la langue, et tout au plus, après de nombreuses années, le chimpanzé était capable de dire un centaine de mots, le plus souvent des mots isolés, ou encore d’associer deux mots. D’autres expériences ont tenté d’apprendre une langue de signes à des chimpanzés, avec plus ou moins de résultats. Selon certains auteurs, les chimpanzés ne peuvent pas utiliser la notion de temps (passé/présent/futur) par exemple, ou encore ils ne disposent pas de la capacité à inférer ce que l’autre peut croire, capacité indispensable à l’acquisition de la langue et qu’on appelle « la Théorie de l’esprit ». L’homme est donc le seul animal à avoir cette « faculté de langage », dans la mesure où le langage est défini comme capacité à acquérir une langue particulière. Dans la langue courante, on utilise le terme de langage pour d’autres types de codages. On parle du langage des fleurs par exemples. On ne peut nier que les animaux communiquent entre eux et qu’il doit y avoir une forme de codage, mais qui reste sans doute à un niveau sommaire : au niveau formel, il a été montré que la capacité de récursivité (notamment la subordination) n’est pas possible dans le langage animal, le codage s’en tenant à ce qui est présent. La capacité qu’a l’homme de pouvoir dire les choses qui ne sont pas, ou pas encore, ou qui ont été, semble unique. L’homme parle, donc. Et il comprend lorsqu’on lui parle. De façon irrépressible. Si on me parle ma langue maternelle, je n’ai pas à réfléchir pour comprendre ce qu’on me dit, je ne peux même pas m’empêcher de comprendre. Comment cela est-il possible ? Quand on pense au nombre de mots que nous connaissons, comment arrivons-nous à choisir le « bon » mot en une fraction de seconde ? Comment arrivons-nous à associer ce que nous entendons à une signification ? Là encore, en une fraction de seconde, sans même y penser. Nous avons un vocabulaire passif d’environ 60 000 mots et un vocabulaire actif de 30 000 mots (cf. Segui & Ferrand, 2000, p.222) : le vocabulaire actif est constitué des mots que nous utilisons couramment alors que le vocabulaire passif comprend des mots que nous n’utilisons pas mais que nous sommes susceptibles de comprendre lorsque nous les entendons ou lorsque nous les lisons. Il va de soi qu’il est assez délicat de « mesurer » quantitativement ces vocabulaires internes, qu’il existe des variations entre les individus, et qu’un même individu peut au fil du temps voir ses vocabulaires évoluer. Les questions générales qui se posent par rapport à ce lexique interne sont les suivantes : comment sur ces 30 000 mots choisir le bon mot, pour le produire, et comment choisir le bon mot dans le vocabulaire passif de 60 000 mots pour le comprendre quand nous l’entendons ? Est-ce que nous passons en revue à chaque fois tous les mots pour trouver le bon ? Or, là, on est juste dans le cas de mots isolés. Et nous parlons par phrases, nous faisons des discours. Comment arrivons-nous à associer un sens aux phrases que nous entendons ? Comment savons-nous organiser les phrases que nous prononçons ? Cela, sans y penser. L’étude du langage en linguistique propose d’établir différents sous-domaine : on a les sons (phonétique), les sons pertinents pour chaque langue (phonologie) qui s’organisent pour former des morphèmes (morphologie), ces morphèmes entrent eux-mêmes dans les mots, les mots s’organisent en syntagmes pour former des phrases (syntaxe). La phrase formée se voit attribuer un sens (sémantique), et est prise en charge par un locuteur dans une situation donnée, on parle alors d’énoncé (énonciation, pragmatique). Mais de quelle façon procédons-nous pour comprendre une phrase ? Est-ce que nous partons des sons pour arriver au sens ? De quelle façon procédons-nous pour produire une phrase ? Est-ce que nous partons du sens que nous voulons communiquer pour remonter vers les sons ? UNICAEN | UFR HSS | VALERIE AMARY | 2 I. INTRODUCTION : LE DOMAINE DE LA PSYCHOLINGUISTIQUE Est-ce qu’on sait où on va quand on commence une phrase ? Comment procède-t-on ? Les questions posées par l’écrit sont d’un autre ordre. En effet, si tous les hommes parlent, et semble- t-il sont programmés pour parler, tous n’écrivent pas et ne lisent pas. Il existe encore de nombreuses langues qui ne sont pas écrites. Et, l’écriture a vu le jour bien après la parole (dont on estime l’apparition chez l’Homo habilis il y a 2 millions d’années), même si des signes écrits qui ont été retrouvés remontent à 6 000 ans. La lecture et l’écriture constituent un apprentissage volontaire et conscient, qui met en jeu d’autres procédures que la parole articulée : à l’oral, on a un continuum sonore, à l’écrit on a des symboles visuels, sous forme de lettres, dans notre culture, mais aussi d’idéogrammes ou autres. Il faut donc relier ce symbole visuel à un sens, alors que pour la parole, il s’agit de relier un son à un sens. Différents types de questions se posent. Par exemple, est-ce que l’on passe du symbole visuel au son pour arriver au sens dans l’acte de lecture ? Quel type de procédure peut-être envisagé ? L’écriture comme la parole est un acte de création, de production. De quelle façon, arrivons-nous à planifier ce que nous écrivons ? Un point qui revient souvent dans les ouvrages concerne l’impossibilité d’avoir accès à cette (ces) procédure(s) en tant que locuteur. Même en réfléchissant de façon très intense sur ce que nous faisons quand nous parlons ou quand nous écoutons quelqu’un parler (ce qu’on appelle l’introspection), il est impossible d’arriver à prendre conscience de notre façon de faire. Le fait d’avoir des connaissances sur le langage et sur les langues n’aide pas réellement plus. Il est donc nécessaire de faire appel à des techniques particulières, à des expérimentations pour accéder à ces processus. B. Définitions et délimitation du domaine de la psycholinguistique 1. Définitions de la psycholinguistique Etude des facteurs psychiques qui interviennent dans le langage. Etude des processus cognitifs mis en œuvre dans le traitement et la production du langage. La psycholinguistique est au carrefour de nombreuses disciplines, telles les sciences du langage, la neurologie et la neurobiologie, la psychologie et les sciences cognitives. La neurologie est la discipline médicale clinique qui étudie l'ensemble des maladies du système nerveux, et en particulier du cerveau. La neurobiologie est l'étude biologique du système nerveux. La psychologie, du grec psukhê, âme, et logos, science1, est l'étude scientifique des faits psychiques, la connaissance empirique ou intuitive des sentiments, des idées, des comportements d'autrui et des siens, l'ensemble des manières de penser, de sentir, d'agir qui caractérisent une personne, un animal, un groupe, un personnage. Ainsi, la psycholinguistique ou la psychologie du langage, associe psychologie et sciences du langage tout en s’appuyant sur la neuroscience et les sciences cognitives. UNICAEN | UFR HSS | VALERIE AMARY | 3 I. INTRODUCTION : LE DOMAINE DE LA PSYCHOLINGUISTIQUE 2. Les sciences cognitives Les sciences cognitives regroupent un ensemble de disciplines scientifiques dédiées à l'étude et la compréhension des mécanismes de la pensée humaine, animale ou artificielle, et plus généralement de tout système cognitif, c'est-à-dire tout système complexe de traitement de l'information capable d'acquérir, conserver, utiliser et transmettre des connaissances. Les sciences cognitives reposent donc sur l'étude et la modélisation de phénomènes aussi divers que la perception, l'intelligence, le langage, le calcul, le raisonnement ou même la conscience. En tant que domaine interdisciplinaire, les sciences cognitives utilisent conjointement des données issues d'une multitude de branches de la science et de l'ingénierie, en particulier : la linguistique, l’anthropologie, la psychologie, les neurosciences, la philosophie, l'intelligence artificielle. 3. Les neurosciences Les neurosciences correspondent à l'ensemble de toutes les disciplines biologiques et médicales qui étudient tous les aspects, tant normaux que pathologiques, des neurones et du système nerveux. Les neurosciences étudient le développement, la structure et le fonctionnement du système nerveux, du niveau moléculaire au niveau psychologique, avec les méthodes et les moyens des sciences biologiques (biologie, biochimie, pharmacologie, anatomie et physiologie) et sciences médicales (neurologie, neuropsychologie et psychiatrie) et des sciences psychologiques (psychologie cognitive). Le terme de neurosciences apparaît à la fin des années 1960, pour désigner une branche des sciences biologiques. Mais depuis les années 1990, avec l'accroissement des connaissances, le champ et la portée des neurosciences a considérablement augmenté. De nouvelles disciplines, physique, mathématiques, statistiques, informatique, sciences cognitives et philosophie, se sont intéressées à ce domaine d'étude. 4. Les neurosciences cognitives Les neurosciences cognitives étudient comment le cerveau (système physique dont l’activité résulte de réactions électrochimiques) est organisé, comment cette organisation permet le traitement de l’information, de manière plus générale comment elle permet l’activité mentale, et comment ce traitement d’information conduit au comportement. Les neurosciences cognitives cherchent à établir les liens entre le système nerveux et la cognition, La neuroscience cognitive explique (ou décrit?) la cognition en termes de mécanismes cérébraux. La (les) neuroscience(s) constitue un pont entre la science cognitive et la psychologie cognitive, d’un côté, et la biologie et la neuroscience, de l’autre La neuroscience cognitive s’est construite sur la base de progrès méthodologiques qui permettent l’étude du cerveau de manière sûre (déontologiquement acceptable) en laboratoire. UNICAEN | UFR HSS | VALERIE AMARY | 4 I. INTRODUCTION : LE DOMAINE DE LA PSYCHOLINGUISTIQUE 5. Association de la psychologie avec les neurosciences et les sciences cognitives Neuropsychologie la neuropsychologie s'intéresse aux conséquences cliniques des pathologies du système nerveux sur la cognition, l'intelligence et les émotions, Neuropsychologie cognitive : approche consistant à utiliser des patients présentant des lésions cérébrales pour élaborer et distinguer entre des théories de la cognition normale Dans les années 1970 et 1990: partie de la psychologie cognitive Aujourd’hui: partie de la neuroscience cognitive Objet de la neuropsychologie cognitive: la compréhension des processus cognitifs normaux en relation avec la structure cérébrale (à partir de l’étude de patients présentant un dommage cérébral) La pathologie est une source d'information riche et importante: l'une des meilleures manières d'étudier la structure et le fonctionnement normal du système cognitif est d'analyser ce qui se passe quand certaines de ses composantes sont perturbées ou détruites La neuropsychologie cognitive fait partie des neurosciences cognitives.. Psychologie cognitive : science qui étudie la représentation et le traitement de l’information par les organismes complexes (la connaissance au sens large) Neuropsychologie clinique Objet de la neuropsychologie clinique: identifier, comprendre et traiter les déficits psychologiques présentés par les patients qui souffrent de désordres neurologiques (en particulier les déficits provoqués par lésion cérébrale). Deux volets: (1) diagnostic; (2) intervention thérapeutique et rééducation. Est-ce que la neuroscience cognitive est en train de se substituer à la psychologie cognitive? Est-ce que le cerveau peut expliquer le psychisme? Est-ce que le rôle de la psychologie est tout simplement de proposer des théories et des expériences à la neuroscience cognitive? La psychologie cognitive est nécessaire pour permettre à la neuroscience cognitive de formuler les questions de recherche appropriées. Par exemple, est-ce que la reconnaissance visuelle des mots implique le calcul d’une représentation indépendante de la casse? UNICAEN | UFR HSS | VALERIE AMARY | 5 I. INTRODUCTION : LE DOMAINE DE LA PSYCHOLINGUISTIQUE 6. En résumé : une définition de la psycholinguistique cognitive « La psycholinguistique cognitive consiste à étudier scientifiquement les processus cognitifs mis en jeu au cours de l’acquisition, de la perception, de la compréhension et de la production du langage écrit et parlé. Elle vise à comprendre et à analyser, à partir de l’évaluation des activités langagières et grâce à des mesures de laboratoire et à des simulations informatiques, le rôle de la mémoire, l’organisation du système de connaissances et les processus sur lesquels ils opèrent et qui définissent les manifestations observées. Le but de la psycholinguistique cognitive est de construire des modèles qui permettent de rendre compte du fonctionnement du système langagier en lien avec le contexte cognitif, social et culturel de l’individu. Il est alors possible à partir de ces modèles d’élaborer des conceptions didactiques, de concevoir et de valider des aides et des systèmes d’aide à l’apprentissage plus efficaces dans la mesure où ils se fondent sur le fonctionnement cognitif des apprenants et prennent en compte les contextes sociaux, culturels, linguistiques dans lesquels ces apprenants évoluent. » (Marin & Legros) « On peut définir la psycholinguistique comme l’étude expérimentale des processus psychologiques par lesquels un sujet humain acquiert et met en œuvre le système d’une langue naturelle. » (Caron, 2001, p.13) C. Les différentes sous-parties de la psycholinguistique La psycholinguistique analyse les processus mis en jeu lorsque nous parlons, lorsque nous écoutons quelqu’un qui parle, lorsque nous écrivons et lorsque nous lisons. Il s’agit ici de la production et de la compréhension, à l’oral et à l’écrit. Mais la psycholinguistique traite aussi de l’acquisition de la langue : comment les bébés apprennent-ils à parler ? Les deux domaines sont évidemment liés dans l’absolu, mais constituent des branches assez distinctes de la psycholinguistique. Les chercheurs sont généralement spécialisés dans l’une ou dans l’autre, et les expérimentations sont assez différentes. Dans l’acquisition de la langue, on a affaire à une population particulière puisqu’il s’agit de bébés et les questions qui se posent concernant l’acquisition ne sont pas les mêmes que celles qui se posent pour le langage des adultes : il faut là envisager de quelle façon les bébés acquièrent les mécanismes du langage, alors que pour les adultes, on se demande de quelle façon ils les utilisent. Par ailleurs, concernant les bébés, il faut des expérimentations particulières, puisqu’on ne peut pas leur demander de suivre une consigne. Avec les nourrissons, on utilise la méthode de succion non nutritive, ou encore des expériences avec le regard, ou bien la méthode de décélération cardiaque. Nous verrons quels types d’expériences sont utilisés avec les adultes, mais il va de soi que les adultes peuvent comprendre ce qu’on leur demande, et que du même coup les expérimentations sont différentes. Il existe par ailleurs une autre branche de la psycholinguistique qui s’intéresse à l’acquisition d’une seconde langue et qui constitue un domaine bien particulier. On envisage là la façon dont la deuxième langue est apprise, en fonction de différents types de facteurs. L’âge est une donnée très importante pour ce type d’étude. Au niveau du cerveau, on observe de quelle façon les deux langues sont localisées. A côté de l’acquisition (langue maternelle et langue seconde), la psycholinguistique s’intéresse au fonctionnement du langage chez l’adulte ; on peut distinguer deux groupes d’adultes : l’adulte sain et l’adulte présentant des pathologies. Or, pour pouvoir détecter les pathologies, il faut connaître les processus mis en jeu chez un adulte sain. UNICAEN | UFR HSS | VALERIE AMARY | 6 I. INTRODUCTION : LE DOMAINE DE LA PSYCHOLINGUISTIQUE La même démarche est mise en oeuvre au niveau de l’acquisition, puisqu’il y a des enjeux importants dans le fait d’arriver à dépister les enfants présentant des problèmes le plus tôt possible. Il faut donc connaître les étapes du développement chez un enfant normal pour pouvoir déceler s’il y a ou non un problème. Il existe de nombreuses pathologies susceptibles de perturber le fonctionnement du langage chez l’adulte, comme il existe des pathologies très diverses qui touchent le développement chez l’enfant. Les recherches s’appuient sur les cas présentant des pathologies pour avancer, tandis que l’enjeu consiste aussi à soigner les gens. Il y a un aller-retour entre l’aspect recherche et l’aspect clinique, qui s’alimentent l’un l’autre. Dans ce cours, nous ne traiterons pas ni de l’acquisition, ni des pathologies, mais du langage chez l’adulte sain. En revanche, certaines analyses prennent appui sur des expériences comparatives entre adultes sains et adultes avec une pathologie, nous y ferons référence lorsque ce sera nécessaire. Même dans la catégorie des adultes sains, il peut y avoir des distinctions à établir. Certaines recherches s’appuient sur des adultes unilingues en comparaison d’adultes bilingues. D’autres recherches tentent de comparer des adultes lecteurs et des adultes analphabètes (là encore il y a certaines distinctions entre illettrés et analphabètes : est analphabète quelqu’un qui n’a jamais appris à lire, et illettré quelqu’un qui a appris mais dont le niveau n’est pas suffisant, cf. Maillart & Schelstraete, « Approche psycholinguistique des difficultés orthographiques des personnes illettrées ») UNIVERSITÉ DE CAEN NORMANDIE Tous droits réservés production UNICAEN · réalisation CEMU UNICAEN | UFR HSS | VALERIE AMARY | 7