Pyodermites canines: Flore cutanée

• Les pyodermites canines sont présentées par DV Céline Darmon Hadjaje, spécialiste en dermatologie, Dip ECVD.

La flore cutanée

• La flore cutanée comprend trois types : résidente, occasionnelle, et pathogène.
• La flore résidente est constamment présente sur la peau ou dans des niches.
• La flore occasionnelle est retrouvée de manière limitée en quantité et en temps.
• La flore pathogène ne peut normalement ni s'établir ni se multiplier sur la peau.

La flore pathogène

• Staphylococcus pseudintermedius est responsable de plus de 90% des pyodermites canines.
• Sont également des flores pathogènes : Staphylococcus aureus, Staphylococcus hyicus et Pseudomonas sp.
• Staph. pseudintermedius se développe dans des niches écologiques comme l'anus, la cavité buccale et la cavité nasale.
• Un déséquilibre de l'homéostasie cutanée peut inciter Staph. pseudintermedius à quitter ses niches et à s'établir sur la peau.
• Des facteurs favorisants, déclenchants ou prédisposants peuvent transformer Staph. pseudintermedius en pathogène.

Etiopathogénie de l'infection bactérienne

• L'infection bactérienne résulte de l'interaction entre des bactéries pathogènes, la flore et des facteurs favorisants.

Défenses cutanées

• Les défenses cutanées comprennent des éléments anatomiques tels que les cornéocytes, la kératinisation et les poils.
• Les défenses cutanées comprennent des éléments chimiques tels que les lipides intercellulaires et le pH.
• La flore résidente fait partie des défenses bactériologiques.
• L'immunologie est également une défense cutanée.

Causes sous-jacentes

• Les causes sous-jacentes incluent des facteurs anatomiques, locaux iatrogènes, allergiques/immunitaires, et des troubles de la kératinisation.

Ecologie cutanée du chien

• Le stratum corneum est fin chez le chien.
• Les espaces intercellulaires sont moins riches en émulsion lipidoprotéique chez le chien.
• L'infundibulum des follicules pileux est mal protégé par une émulsion lipidique, facilitant la pénétration des bactéries.

Classification des pyodermites

• Les pyodermites sont classées en de surface, superficielles, profondes et pseudo-pyodermites.
• Les pyodermites de surface n'ont pas de pénétration d'agents pathogènes dans l'épiderme.
• Les pyodermites superficielles ont une pénétration d'agents pathogènes dans l'épiderme.
• Les pyodermites profondes ont une pénétration d'agents pathogènes dans le derme.
• Les pseudo-pyodermites n'ont d'agent pathogène.
• Les pyodermites de surface incluent intertrigo, pyodermite cutanéo-muqueuse, et le syndrome de prolifération bactérienne.
• Les pyodermites superficielles incluent l'impétigo et la folliculite.
• Les pyodermites profondes incluent les furonculoses et les cellulites.
• Les pseudo-pyodermites incluent dermatite pyotraumatique, cellulite juvénile, et furonculose éosinophilique nasale.

Les pyodermites de surface

• L'intertrigo, une pyodermite de surface, est une inflammation des plis cutanés (labial, facial, caudal, vulvaire).
• Les lésions d'intertrigo sont érythémateuses, exsudatives, et souvent nauséabondes.
• Le traitement de l'intertrigo est palliatif, incluant tonte et antisepsie quotidienne.
• L'intertrigo est fréquent et favorisé par frottements, microtraumatismes, environnement chaud et humide.
• Certaines races sont prédisposées à l'intertrigo, comme le Cocker, Setter et BA (pli labial), le Bouledogue (pli facial/caudal), et le SharPei (généralisé).

Pyodermites cutanéo-muqueuses

• Ce type de pyodermite atteint : la truffe, les lèvres, la vulve, le prépuce

Diagnostic différentiel des pyodermites cutanéo-muqueuses

• Le lupus cutané nasal, la leishmaniose et le lymphome cutané peuvent être confondus avec une pyodermite cutanéo-muqueuse.
• Le syndrome de prolifération bactérienne est lié à un syndrome de surpopulation microbienne BOG/MOG.
• Dans le syndrome de la prolifération bactérienne se caractérise par une Multiplication de bactérie sans réponse inflammatoire
• Des preuves cliniques et cytologiques peuvent révélatrices de la pathologie.

Les pyodermites superficielles

• Les pyodermites superficielles incluent l'impétigo et la folliculite.
• Elles n'affectent que l'épiderme ou ses invaginations.
• Elles n'entraînent pas de symptômes généraux et guérissent sans séquelles cicatricielles.

L'impétigo

• L'impétigo est caractérisé par des pustules superficielles non folliculaires.
• L'impétigo est fréquent chez le jeune et doit faire rechercher une pathologie sous-jacente chez l'adulte.
• L'impétigo est une formation de pustules intraépidermiques remplies de polynucléaires neutrophiles.
• Chez le jeune, les causes incluent: infection virale ?, infection parasitaire (ascaris) ?, environnement-hygiène ?, alimentation déséquilibrée ?, microtraumatismes ?, facteurs hormonaux ?.
• Les causes incluent, chez un adulte : syndrome de Cushing, immunodéficience, microtraumatismes (chasse)

L'impétigo : diagnostic différentiel

• Les diagnostics différentiels de l'impétigo incluent la démodécie, la dermatophytose, les dermatoses pustuleuses stériles et la leishmaniose.

L'impétigo : traitement

• Le traitement de l'impétigo inclut des shampooings antiseptiques et une antibiothérapie empirique pendant au moins trois semaines.

Les folliculites

• Les folliculites sont caractérisées par des pustules folliculaires et sont cliniquement très polymorphes.
• La folliculite est caractérisée par des papules, des pustules, des croûtes, des collerettes épidermiques, de l'alopécie et une hyperpigmentation post-inflammatoire.

Les folliculites : diagnostic différentiel

• Les diagnostics différentiels des folliculites incluent la démodécie et la dermatophytose.

Les folliculites : traitement

• Le traitement des folliculites inclut des shampooings antiseptiques, une antibiothérapie empirique pendant 1 à 2 semaines après la guérison clinique, sans corticothérapie associée, et un contrôle à 3-4 semaines.

Les pyodermites profondes

• Les pyodermites profondes incluent les furonculoses et les cellulites.
• Les pyodermites profondes sont un effondrement de la paroi du follicule pileux par le processus infectieux, avec envahissement du derme et parfois même de l'hypoderme.
• La cellulite est caractérisée cliniquement par une triade de suppuration, nécrose et fistulisation.
• Les pyodermites profondes peuvent mener à une adénopathie satellite et une altération de l'état général.

Pyodermite des points de pression

• La pyodermite des points de pression est une furonculose sévère ou cellulite se trouvant chez des chiens de grand format au niveau des saillies osseuses.
• Le traitement inclut une antibiothérapie long terme, après culture et antibiogramme, une tonte et des bains antiseptiques des zones affectées et un matelassage du couchage/poids.

Les furonculoses interdigitées

• Les furonculoses interdigitées sont souvent multifactorielles.
• Le traitement inclut une antibiothérapie long terme, des shampooings antiseptiques et parfois un débridement chirurgical.
• Il faut identifier et traiter la pathologie sous-jacente.

Les cellulites

• Les cellulites sont caractérisées par une inflammation suppurée diffuse, à extension rapide, évoluant à partir d'une furonculose.
• Le pronostic des cellulites est mauvais et leur traitement est difficile avec des rechutes fréquentes.
• Les cellulites peuvent être classées en localisées (cellulite des points de pression, cellulite périanale et cellulites localisées diverses) et généralisées (pyodémodécie, cellulite secondaire à une immunodéficience et cellulite idiopathique du Berger Allemand).
• Les causes sous-jacentes de la cellulite incluent ectoparasitoses (démodécie), dermatites allergiques ?, dysendocrinies, dermatites auto-immunes, leishmaniose et néoplasies.
• Un cas particulier de cellulite est la cellulite du berger allemand.
• Face à une cellulite idiopathique, un traitement à base de Tonte, Shampoings antiseptiques, Antibiothérapie ciblée est préconisé sur 2 à 3 semaines après guérison clinique.

Les pseudo-pyodermites

• Ce sont : la dermatite pyotraumatique, la cellulite juvénile, la furonculose faciale éosinophilique.

La dermatite pyotraumatique

• La dermatite pyotraumatique est un hot spot ou une dermatite suintante suraigüe.
• La dermatite pyotraumatique est plus fréquente chez les Golden Retriever, les Labrador Retriever, les Terre Neuve et les St Bernard.
• Son étiologie est inconnue, toute cause pouvant initier un cycle démangeaison/grattage.
• Elle se manifeste par un apparition et extension brutale d'une lésion circonscrite, alopécique, érythémateuse, exsudative et douloureuse.

Diagnostique differentiel de la pyodermite traumatique

• Folliculite, démodécie, dermatophytose, néoplasme, Calcinose cutanée sont à differencier.
• Le traitement inclut la tonte, la prednilosone orale (1mg/kg par jour), des cortocoïdes topiques, antiseptiques à appliquer par spray ou bien en shampooings.
• Il est aussi préconisé de rechercher le facteur prédisposant ou envisager : une allergie alimentaire ou DAC ou une déficience sévère en acides gras.

La cellulite juvénile.

• C'est une dermatose vésiculo-pustuleuse rare et grave affectant les jonctions cutanéo-muqueuses chez des chiots de 4 semaines à 4 mois.
• Cette pathologie est causée par des lésions intactes stériles (White et al., 1989) avec une mauvaise réponse à l'antibiothérapie.
• Elle peut être causée par un agent étiologique comme la vaccination et se manifester sous des formes familiales.
• Une réponse à la corticothérapie suggère une origine immunitaire.
• Les symptômes sont : gonflement aigu de la face, lymphadénopathie périphérique, pustules, fistules, croûtes, otite suppurée externe, Absence de prurit et Douleur.

Traitement pour la Cellulite Juvénile

• Corticothérapie : Prednisolone (1 à 2 mg/kg/j)
• Ciclosporine : 5 à 10 mg/kg/j
• Antibiothérapie à large spectre
• Compresses tièdes / lavages antiseptiques délicats
• Griseofulvine ?
• Recherche d’un facteur déclenchant
• DDX : Dermatophytose

La furonculose faciale éosinophilique

• Affecte généralement des chiens de grand format vivant à l’extérieur sur le chanfrein.
• Peut être caractérisée par une réaction à des piqûres, des insectes ou bien encore des végétaux.
• Le traitement nécessite une corticothérapie à orale courte durée (Prednisolone 0,5-1 mg/kg SID ou BID), des lavages antiseptiques délicats et des dermocorticoïdes

Les examens complémentaires

• Il est recommandé d'effectuer un calque cutané lors d'une investigation en bactériologie cutanée.
• La nature des éléments à observer est : le type de réaction inflammatoire, la nature des germes présents, leur densité et les capacités phagocytaires relatives des neutrophiles.
• Pour réaliser le calqué cutané, il est préférable de procéder à partir d’une pustule intacte, par écouvillonnage ou bien par impression/coloration rapide avec une solution comme le Diff Quik , RAL 555.
• L'absence de germes n'exclut pas le diagnostic de pyodermite.
• Puis observer au microscope avec un oculaire 100x uniquement et sans retour possible en effectuant un passage direct d’un objectif inférieur à l’immersion sans modifier la hauteur du plateau

Antibiothérapie

• Une antibiothérapie empirique est à envisager quand l'infection bactérienne est prouvée.
• La culture bactériologique et l'antibiogramme sont nécessaires en cas d'échec d'une antibiothérapie bien conduite, de pyodermite récurrente, de pyodermite profonde ou d'infection mixte.
• Pour la culture bactériologique, il faut agir en fonction du type de lésion.
• Lésion superficielle: pas d’antisepsie de surface,écouvillonnage de lésion intacte après décapitation à l’aiguille stérile
• Lésion profonde ou Fistulisée/Ulcérée : Antisepsie de surface et Biopsie
• Le transport des prélèvements peut se faire soit sérum physiologique stérile, Acheminement rapide
• L'agent pathogène dans les pyodermites du chien est le staphylocoque coagulase positif ou exceptionnellement un pseudomonas
• Une attention est requise, car tous les autres germes, notamment les Gram négatifs, ne sont que des germes secondaires de contamination.

Antibiothérapie cutanée : facteurs à considérer chez le chien.

• Bonne diffusion dans la peau.
• Activité sur St.pseudintermedius.
• Caractère Bactéricide > Bactériostatique.
• Voie orale, Peu de prises quotidiennes, Peu d’effets secondaires.
• Bon marché.

Antibiothérapie cutanée

• Privilégier les classes B-lactamines, sulfamides potentialisés, macrolides, fluoroquinolones pour une bonne liposolubilité et éviter Aminosides, Pénicillines, Tétracyclines en cas de mauvaise pénétration dans le pus ou Aminosides, Érythromycine, Clindamycine chez un PH bas

Antibiothérapie empirique recommandée.

• Catégorie 1 : antibiotiques de première intention, activité > 90 % sur S. pseudintermedius -> Amoxicilline – Acide clavulanique : 25 mg/kg/j en 2 prises par jour par voie orale -> Céfalexine: 30 mg/kg/j en 2 prises par jour par voie orale -> Acide fusidique en topique
• Catégorie 2 : antibiotiques à 70 à 90 % d’activité sur S. pseudintermedius -> Clindamycine: 11 mg/kg/j en 1 à 2 prises par jour par voie orale -> Sulfamide-Triméthoprime: 5 mg/kg/j de Triméthoprime par voie orale
• En cas de cytologie montrant des bacilles, la Marbofloxacine (2 mg/kg/j),
• Enrofloxacine (5 mg/kg/j ) ou bien Pradofloxacine peuvent être utilisé mais uniquement si l'antibiogramme correspond.
• Dans des circonstances spécifiques comme la Céfovécine, 8 mg/kg par voie sous-cutanée peuvent être administré tous les quatorze jours.
• Dans la catégorie des antibiotiques déconseillés il y a : amoxicilline, ampicilline et tétracyclines pour mauvaise diffusion les céphalosporines si résistance fréquente et rapide et la Gentamycine pour sa toxicité
• Les antibiotiques Mupirocine, Rifampicine, Vancomycine, Ticarcilline sont interdits d'usage.