Généralités sur les pyodermites bactériennes

Généralités sur les pyodermites bactériennes

• Les pyodermites bactériennes figurent parmi les principales raisons de consultation en dermatologie vétérinaire.
• Plusieurs facteurs contribuent à leur apparition : les facteurs microbiologiques, tels que la flore bactérienne résidente.
• Les facteurs anatomiques, comme le stratum corneum fin ou les ostia folliculaires mal protégés.
• Facteurs hygiéniques tels que l’absence de lavage ou le léchage excessif.
• Facteurs épidémiologiques, tels que la fréquence des dermatoses prurigineuses, qui entraînent des microtraumatismes cutanés.
• Facteurs iatrogènes, notamment l'utilisation de corticothérapie générale ou de produits inadaptés pour le nettoyage de la peau du chien.
• Les pyodermites sont des affections fréquentes chez le chien, caractérisées par une variété de spécificités cliniques et histopathologiques.
• Certaines pyodermites sont superficielles et bénignes, d'autres sont profondes et graves, et certaines infections ne jouent qu'un rôle secondaire.
• Elles peuvent être difficiles à distinguer d'autres dermatoses mais sont souvent secondaires à des affections cutanées allergiques; un diagnostic précis est donc essentiel.

Classification des pyodermites

• La classification anatomo-clinique proposée par Peter Ihrke en 1983 et adaptée par Fourrier et Carlotti en 1988 est basée sur la profondeur et la topographie des lésions.
• Cette classification permet une approche clinique diagnostique avec des données histopathologiques pour le pronostic et l'orientation thérapeutique.
• La classification distingue les pyodermites de surface et superficielles de celles profondes, qui atteignent le derme ou l'hypoderme, et des pseudo-pyodermites.
• De nouvelles entités cliniques ont été intégrées à cette classification en fonction de leur topographie et profondeur d'évolution.
• Les principales catégories de pyodermites canines incluent les intertrigos dans les pyodermites de surface et superficielles.
• Pyodermite cutanéomuqueuse et syndrome de prolifération bactérienne.
• Impétigos et folliculites.
• Les pyodermites profondes incluent la furonculose, la cellulite et les abcès.
• La dermatite pyotraumatique, les croûtes de lait, la cellulite juvénile, et la furonculose éosinophilique nasale sont classées parmi les pseudo-pyodermites.

Pyodermites de surface et superficielles

• Ces pyodermites affectent l'épiderme et/ou les follicules pileux sans franchir la membrane basale, laissant le derme intact.

Intertrigos

• Les intertrigos affectent les plis cutanés et sont fréquents chez les races prédisposées (Sharpeï, Cocker, etc.) ou chez les animaux obèses.
• Les plis cutanés créent un environnement favorable à la macération et au développement bactérien.
• Les plis sont soumis à des frictions répétées et situés près des zones de production de fluides corporels, favorisant ainsi l'infection cutanée avec érythème exsudatif, suppuratif et prurit.
• Les intertrigos sont classés selon leur localisation : labial, facial, vulvaire, et du pli caudal (chez les races à queue en tire-bouchon).
• Ils se manifestent par un exsudat séreux, muqueux et purulent, qui agglomère les poils, souvent accompagné d'une odeur nauséabonde.
• Des croûtes molles peuvent être observées, et la peau sous-jacente peut présenter une hyperpigmentation ou une lichénification.
• Au stade avancé, des érosions et des ulcérations surmontées d'un exsudat purulent ou hémorragique peuvent être présentes.
• Les particularités des affections du pli incluent une dermatite localisée, érythémateuse, exsudative, suppurative et nauséabonde, avec une colonisation bactérienne importante.

Pyodermite cutanéo-muqueuse

• Elle est rare, de description récente, et proche cliniquement de l'intertrigo labial.
• Les lésions initiales débutent sur la lèvre plutôt que dans le pli labial et présentent des différences histopathologiques.
• Les lésions se situent au niveau des lèvres et de la région périorale, et parfois aux narines, à la vulve, au prépuce ou à l'anus.
• Les causes sont inconnues, mais une prédisposition chez le Berger Allemand a été notée.
• L'affection débute par un érythème et une enflure des lèvres, suivis d'érosions et d'ulcérations recouvertes de croûtes.
• L'exsudat mucopurulent est moins fréquent et une dépigmentation cutanée peut être observée.

Syndrome de prolifération bactérienne

• Le syndrome est une entité récente et son existence est débattue.
• Les bactéries à la surface de la peau se multiplient sans pénétrer l'épiderme, possiblement en raison de la synthèse d'exotoxines par les staphylocoques
• Les lésions se situent d'abord dans les zones humides et macérées, puis se généralisent au niveau ventral.
• Les signes comprennent une alopécie érythémateuse, un épaississement cutané, une hyperpigmentation et un enduit nauséabond.

Impétigos

• Les impétigos représentent des pyodermites superficielles non folliculaires.
• Ils se caractérisent par de petits abcès microscopiques à la surface de l'épiderme, qui apparaissent comme des pustules non folliculaires (entre les poils).
• On distingue l'impétigo juvénile de l'impétigo de l'adulte, selon l'âge d'apparition.
• L'impétigo juvénile se manifeste par des pustules sur la face ventrale et est généralement bénin.
• L'impétigo de l'adulte se manifeste par des pustules et papulopustules sur tout le corps et est parfois sévère.

Impétigo du jeune chien

• L’impétigo juvénile est caractérisé par des pustules localisées sur la face ventrale du corps.
• Cette affection est bénigne chez les jeunes chiens, mais peut être associée à un prurit intense.
• Les causes exactes sont mal connues, mais des infections virales, parasitaires, un environnement sale ou une mauvaise alimentation peuvent être en cause.
• Les lésions touchent principalement le ventre, les régions inguinales et axillaires, et commencent par une vésico-pustule à contenu clair sur une base érythémateuse.
• Les pustules se rompent et laissent un exsudat jaunâtre qui sèche pour former une croûte douce couleur miel. Après la rupture des bulles, des érosions érythémateuses, suintantes et circulaires avec des collerettes épidermiques apparaissent.

Impétigo de l’adulte

• Contrairement à l’impétigo juvénile, l’impétigo adulte est le plus souvent secondaire à une autre maladie ou à une dermatose sous-jacente.
• On distingue deux types d'impétigo : l'impétigo pustuleux consécutif à des microtraumatismes multiples; et l'impétigo bulleux associé à un mauvais état général et souvent secondaire à une maladie de Cushing.
• Les lésions regroupent des pustules non folliculaires de tailles variables : petites dans l'impétigo pustuleux et grandes dans l'impétigo bulleux.
• Les lésions de l’impétigo pustuleux sont localisées dans les zones sujettes aux traumatismes, tandis que les pustules de l’impétigo bulleux sont généralisées, fragiles et remplies d’un pus épais.
• Ces pustules se rompent facilement, laissant place à des collerettes épidermiques et à des zones d’alopécie, d’érosion et d’hyperpigmentation.

Folliculites

• Les folliculites sont une infection de l'appareil pilo-sébacé se manifestent par des lésions assez variables et inflammatoires, avec des microabcès dans la partie supérieure des follicules pileux.
• Les follicules sont remplis de polynucléaires (neutrophiles et éosinophiles) et de germes, et se présentent avec des pustules centrées sur un ou plusieurs poils.
• Ces pustules sont fragiles et laissent place à des croûtes et des collerettes épidermiques.
• Les folliculites sont classées selon des critères anamnétiques et cliniques, avec un intérêt pratique limité pour les classifications histopathologiques.
• Les folliculites juvéniles présentent des pustules folliculaires sur la face ventrale et guérissent souvent à la puberté.
• Les folliculites chez les chiens à poils courts sont caractérisées par des pustules généralisées avec des collerettes et des croûtes épidermiques, et le prurit disparaît lorsque les lésions guérissent.
• Les folliculites secondaires présentent souvent des pustules généralisées avec des collerettes et des croûtes épidermiques, et le prurit persiste même après la guérison.
• L'hypersensibilité bactérienne est caractérisée par des pustules folliculaires érythémateuses, des lésions cibles ou des plaques séborrhéïques et des bulles hémorragiques, avec un prurit variable et une possible allergie bactérienne.
• Les folliculites profondes présentent des dermatites des extrémités et nécessitent la recherche de causes psychogéniques ou allergiques.
• Les folliculites pyotraumatiques présentent des plaques suintantes, suppuratives et douloureuses entourées de pustules satellites.

Folliculite du jeune chien

• Il s'agit d'une dermatose fréquente chez les jeunes animaux, souvent avant la puberté, suggérant une influence hormonale.
• La cause exacte est inconnue, mais des traumatismes pourraient être impliqués.
• Les lésions se situent sur la face ventrale du corps et consistent en des papules rouges qui se transforment en pustules avec un poil au centre, souvent prurigineuses et avec une tendance à la généralisation.
• Microscopiquement, des microabcès sont situés à l'orifice des follicules pileux, avec un infiltrat de polynucléaires neutrophiles dégénérés et de bactéries.

Folliculite du chien à poil court

• Cette affection, présente chez les races de chien à poil court, se manifeste par les caractéristiques générales des folliculites.
• La structure cutanée de ces chiens rend les lésions fugaces et difficiles à visualiser.
• La lésion typique est une papule ou pustule folliculaire avec une collerette épidermique entourant une zone rouge et alopécique.
• Les lésions sont souvent situées sur la face ventrale du corps, mais peuvent se généraliser, et les pustules peuvent être absentes, donnant au pelage un aspect mité.
• Un prurit variable peut être présent, et disparaît après la guérison des lésions.

Folliculites secondaires

• L'apparition des lésions infectieuses est liée à une maladie systémique ou à une dermatose sous-jacente.
• Les affections peuvent des altérations de la structure ou un prurit, permettant aux bactéries de pénétrer dans la peau.
• On observe fréquemment des lésions de folliculite bactérienne lors d'ectoparasitose ou de dermatite allergique.
• Les particularités microanatomiques de la peau du chien, telles que la finesse et la compacité du stratum corneum et l'absence de bouchon folliculaire, favorisent ces folliculites.

Hypersensibilité bactérienne ou pyodermite superficielle centrifuge

• Triade lésionnelle caractéristique : plaques séborrhéiques, bulles hémorragiques & collerettes épidermiques.
• Elle conduit à une alopécie nummulaire.
• Stade final : collerettes épidermiques à la périphérie entourant une zone érythémateuse hyperpigmentée au centre
• Le prurit est variable, modéré ou grave, mais apparaît systématiquement lors des lésions cutanées.

Folliculites profondes

• Lésions secondaires à une dermatite allergique ou à un trouble du comportement.

Folliculite pyotraumatique

• Cette dermatose est consécutive à un prurit violent apparaissant principalement chez les Léo, dogue allemand, Saint-Bernard et Retriever.
• Elle se traduit par une plaque épaisse, oedématiée et suintante sur la joue, sous le pavillon auriculaire ou sur une face latérale du cou.
• La lésion évolue rapidement et des fistules sanguines apparaissent.
• Le prurit est très violent.

Pyodermites profondes

• Les pyodermites profondes sont caractérisées par le passage en profondeur de l’infection cutanée impliquent Staphylococcus intermedius (souvent), Proteus, Escherichia coli ou Pseudomonas sp.
• Le processus : les follicules pileux se rompent, libérant la kératine, les bactéries et le pus dans le derme, ce qui est à l’origine d’une périfolliculite pyogranulomateuse (furoncle).
• Division clinique en furonculoses et en cellulites.

Les furonculoses

• Pustules profondes = furoncles
• Le pus nécrose les sacs folliculaires distendus.
• Processus infectieux diffuse dans le derme périfolliculaire.
• Lésions de furonculose dues à la persistance au niveau dermique de reliquats pilaires kératinisés.

Acné

• Acné : Dermatose des jeunes adultes, souvent chez le Boxer et dogue Allemand
• Due à un trouble primaire de la kératinisation et/ou du fonctionnement pilosébacé.
• Lésions d’acné canine : comédons + pustules folliculaires & furoncles (menton, lèvres).

Furonculoses localisées

• Secondaires à des traumatismes répétés : rupture des follicules pileux donne une réaction dermique à corps avec surinfection.
• Présence de nombreux furoncles :
  • Furonculose nasale (cause inconnue) : lésions sur le chanfrein & les paupières.
  • Furonculose du cou (traumatismes répétés au niveau du collier). Souvent complications d'une folliculite chronique, avec pus abondant

Furonculoses généralisées

• Secondaires à une folliculite non ou mal soignée.
• Lésions de folliculite, initialement localisées, ont tendance à la généralisation.
• Utilisation abusive des glucocorticoïdes.
• Nombreuses pustules profondes, à pus sanieux, hémorragique et abondant.

Les cellulites

• Cellulites bactériennes : la dissémination de l'infection bactérienne à tout le tissu dermique et à l’hypoderme
• Triade nécrose-fistulisation-suppuration. Localisées ou généralisées.

Etiologies

• Souvent causées par les irritations, les frottements et les traumatismes répétés, démodécie ou dermatophytie.
• Hypothyroïdie, syndrome de Cushing, ou dermatites allergiques.
• Pyoermite due à une Trombiculose, ou une dermatite à Pelodera ou Strongylose, ou une maladie autoimmune.
• Pododermatite aux étiologies impossibles à déterminer : lésion caractérisée par un érythème, une alopécie, rapidement suivis par l’apparition de fistules et d’ulcères associés à un oedème et une vive douleur engendrant une boîterie.

Cellulites généralisées.

• = stade ultime de pyodermite profonde = Coalescence de furoncles donnant un infiltrat inflammatoire diffus et profond dans l’hypoderme.
• Lésions disséminées avec tissu cutané nécrotique (devient noirâtre, hémorragique et friable).
• Face latérales des cuisses souvent atteintes.
• Poils agglutinés avec croûtes sur les zones érodées.

Facteurs contribuant au développement des pyodermites profondes

• Iatrogène (corticothérapie)
• Dysendocrinies :hypothyroïdie, Cushing, diabète sucré.
• Maladies systémiques : ehrlichiose, leishmaniose
• Maladies dysimmunitaires : lupus érythémateux systémique
• Néoplasies

Abcès

• Collections sous-cutanées secondaires à : morsure, accident
• Observées une zone tuméfiée et inflammée, rapidement collectée, le plus souvent nodulaire en relief.
• Zone fluctuante, coule un enduit purulent et épais,
• Adénopathie loco-régionale

Diagnostic des pyodermites bactériennes canines

• Repose sur : l’anamnèse, les examens cliniques et les examens complémentaires (cytologie, histopathologie ou bactériologie).

Cytologie

• Intertrigo (pyodermite des plis) : Images d’une colonisation bactérienne avec polynucléaires neutrophiles sains, des Cocci et des bacilles extracellulaires, des neutrophiles altérés, des Cocci intracellulaires phagocytés. Lésions modérées

• Impétigo + folliculites : Images uniquement avec des neutrophiles altérés, décolorés, gonflés avec des bactéries intracellulaires phagocytées.

• Les polynucléaires éosinophiles sont parfois présents lors d’impétigo et de folliculite.La signification des images de phagocytose diffère considérablement selon l'emplacement.

• Pyodermites profondes : Moins de germes et d'images de phagocytose et réaction pyogranulomateuse.

Histopathologie cutanée

• Typique, mais peu utilisée sauf si le diagnostic différentiel est difficile, ou chez le shar-pei
• Pustules sous-cornées et folliculaires respectivement dans l’impétigo et les folliculites. Les réactions pyogranulomateuses intradermiques nodulaires et diffuses lors de furonculose et de cellulite.

Bactériologie

• L’examen bactériologique confirmera la présence d’un staphylocoque pathogène : Staphylococcus intermedius.
• Prélèvement dans une lésion intacte au labo avec un antibiogramme
• Les principales indications : pyodermites profondes graves, la découverte à l'examen cytologique d'une flore complexe et notamment de bacilles et l'échec thérapeutique d'une antibiothérapie bien conduite

Diagnostic étiologique

• Essentiel pour prévenir les rechutes.

Thérapeutique

• La thérapeutique spécifique vise à éliminer les bactéries pathogènes : locale (shampoing antiseptique ( Povidone Iodée, Chlorhexidine, lactate éthyle) et systémique (antiloibiothérapie)
• Une application tous les deux jours, au début, puis toutes les semaines  + utilisation de réhydratants ou d’émollients après le shampooing + formulations avec des substances permettant un relâchage progressif du produit actif (liposomes, sphérulites).

Antibio-thérapie

• Antibio-thérapie est nécessaire sauf pour des petites zones localisée.
• Faire un antibiogramme de la lésion.
• A utiliser : macrolides (ex : clindamycine), les sulfamides potentialisés, l’association amoxycilline-acide clavulanique, la céfalexine, la céfovécine et les quinolones de troisième génération (marbofloxacine).
• Ne pas utiliser de corticoïdes car elle provoque une diminution de l’inflammation.

Résistance

• = la capacité d'un microbe à vivre en présence d'une concentration donnée d'antibiotique
• Staphylococcus : facile à devenir résistant aux antibiotiques
• La présence ou à l'acquisition de gènes qui codent pour des enzymes qui détruisent les antibactériens
• Différents types de résistance : intrinsèques naturelles acquises par mutation génétique de l'ADN plasmidique

Propositions de recommandation d'utilisation clinique

• Infections cutanées de surface
• Intertrigo
• topiques antiseptiques et/ou topique antibiotique 1 semaine
• Si échec ou lésions étendue : poursuite des topiques antiseptiques + antibiothérapie systémique selon isolement bactérien.

Syndrome de prolifération bactérienne

• Topiques antisept + antibiothiothérapie systémique en début de semaine.

Pyodermites superficielles (Impétigo, folliculite bactérienne)

• Si lésions localisées : antibiotique topique
• Si lésions étendues : antibiotique systémique en shampooing
• Si pas d'améliorations : faire un prélèvement

Pyodermites profondes (Furonculose)

• Isolement bactérien et antibiogramme recommandés Tonte, en plus des shampooings antiseptiques, Antibiothérapie topique + antibiothérapie systémique

Cellulite bactérienne

• Isolement bactérien et antibiogramme obligatoires
• Tonte , shampooings antiseptiques
• Antibiothérapie de catégorie 1a dans un premier temps
• Si résitance mécilline en 1b.

Les pyodermites bactériennes sont très fréquentes en dermatologie vétérinaire. Plusieurs facteurs contribuent à leur apparition, comme la flore bactérienne, des facteurs anatomiques ou des facteurs épidémiologiques. Les pyodermites sont des affections fréquentes chez le chien.