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Unité VI – La décroissance et l’autolimitation des -96-115.pdf

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Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Unité VI – La décroissance et l’autolimitation des besoin et des désirs Face aux grand enjeux climatiques d’aujourd’hui trois discours s’érigent comme alternative au par...

Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Unité VI – La décroissance et l’autolimitation des besoin et des désirs Face aux grand enjeux climatiques d’aujourd’hui trois discours s’érigent comme alternative au paradigme de la croissance : → le développement durable → la transition écologique → la décroissance Un élément commun qui revient est d'estimer que l'avenir n'est possible qu'à condition que les êtres humains se montrent capables d'autolimiter leurs besoins et leurs désirs de sorte à mener une existence Le problème n’est pas seulement pratique (comment limiter, réduire, la production et consommation des biens et des services) mais anthropologique, car il faudrait mettre en évidence que l’autolimitation des impulsions, des besoins et de désirs peut avoir effectivement lieu chez l’humain et qu’il ne s’agit pas seulement d’un souhait, d’une volonté bien intentionné mais naïve. → Même s’il peut exister un accord large sur les ravages écologiques à l’échelle planétaire que le « paradigme croissantiste » produit, il ne va pas de soi que l’humain pourrait fonctionner autrement au niveau de la « logistique » de ses besoins. → Le problème anthropologique posé doit donc passer par une réflexion critique de la psychologie des impulsions. C’est important de revenir à la question de la décroissance dans les termes suivants : il s’agit de trouver un éclairage du fondement d’une autolimitation des impulsions chez l’humain qui ne soit pas hétéronome : la précarité des moyens, la soumission à une autorité ou un pouvoir qui contraindrait à la frugalité ou au renoncement, comme par exemple un forme d’expertocratie → Ces figures institutionnelles peuvent avoir un effet de limitation, sans aucun doute, mais ne relèvent pas d’une possibilité autonome, interne au sujet dans le rapport à ses besoins et ses désirs. Le problème central est comment penser la « dé-croissance » autrement que comme une pure négativité. → Si on postule la « nécessité planétaire », écologique, de moins produire et de moins consommer, afin d’éviter des conséquences néfastes et globales, on reste dans la frugalité, dans une invitation à un pur renoncement et ce n’est pas certain que cela suffira pour faire changer les comportements → Réfléchir au fondement d’une autolimitation des besoins et de désirs est un pas politique et anthropologique essentiel. → Le défi est d’indiquer et de rendre manifestes les raisons de penser que la décroissance comporte aussi une promesse de plaisir ou de « plénitude existentielle » et qu’elle ne constitue pas un horizon de misère ou de pénurie 1. « Critique existentielle de la croissance économique. Eléments pour une « transitions anthropologique » » Ce texte d’Arnsperger cherche à faire « une analyse approfondie des soubassements existentiels de notre système consumériste, productiviste et croissantiste » et dénoncer que la croissance est montée par une illusion de l’économie politique classique qui a postulé « une sorte de « pulsion de croissance » qui ferait partie du cœur des motivations de tout être humain » 96 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein a) Schéma général du texte De là l’intérêt de cette critique existentielle, qui veut mettre en évidence que ce postulat n’est ni naturel ni lié à certaines angoisses que notre existence déclenche. → Ce n’est pas une critique qui est seulement écologique (qui dirait que la croissance a des effets dans l’écologie à différents niveaux), → mais vise à mettre en lumière le dispositif existentiel du discours de la croissance. Il essaye de mettre en évidence la dimension anthropologique sous-jacente au discours de la croissance. Pour se faire, dans le texte, il va développer 2 types anthropologiques HOMME SMITHIEN HOMME SAHLINSIEN En référence au développement d’un des pères fondateurs de En référence à l’anthropologue Marshall Sahlins l’économie libéraliste, Adam Smith s’intéressant à l’économie et oppose une autre figure Au fondement du discours de la croissance Au fondement du discours de la décroissance : il y a toujours eu de la frugalité heureuse. Dès qu’on Figure de l’homme hanté par la famine, la précarité et la mort commence à parler de développement durable, de (ce fut le cas de Smith qui vivait dans une époque hantée par transition écologique ou de décroissance (3 grands ça) discours), il y a l’idée que l’humain peut vivre dans une → Soucis politique et moral de trouver des moyens de autonomie conviviale parvenir à dépasser la précarité et la faim. L’homme serait capable de ne pas nier la mort mais de Smith pensait le capitalisme industriel et commercial comme vivre dans une certaine joie malgré tout. // Mythe de un stade de l’évolution humaine. C’est un stade qui serait Sisyphe (imaginer Sisyphe heureux) nécessaire et bienfaisant et qui permettrait de réaliser un projet humaniste : ce projet était celui de Tout n’est pas joué par les conditions infligées → « combiner les quêtes individuelles de reconnaissance sociale et d’enrichissement matériel pour permettre Sahlins a mis en évidence que l’homme primitif avait une l’émergence d’une société à jamais libérée de la hantise vie dans une abondance frugale/vitale. de la faim et de la mort précoce » → Dans le livre « Sapiens », on peut lire la même chose : → ou encore « Donner accès au plus grand nombre possible Les données montrent que c’étaient des hommes d’êtres humains à la palette la plus large possible de qui avaient un mode d’existence satisfaisant. Notre moyens de satisfaction de leurs besoins » condition humaine s’est fragilisée lors de la → Palette la plus large possible? Passage croissansiste révolution agricole, quand on s’est sédentarisé. → Même idée pour Sahlins qui propose que A partir d’un soucis par rapport au besoin humain, se l’anthropologie Smitihienne n’a pu s’inscrire construit un mécanisme de la croissance qui serait le seul qu’après la sédentarisation, l’agriculture et cadre permettant de venir à bout de la satisfaction des l’urbanisation qui ont produit des structures coalises besoins humains. plus hiérarchiques et tournées vers l’accumulation (et moins tourné vers le féminin) Marouby parle d’une emprise du projet collectif, culturel et politique de la croissance économique sur les sociétés Proposition d’Arnsperger : En fait, nous sommes tous des occidentales modernes. Tous les niveaux de la vie ont été Sahlisiens refoulés. Ça fait partie de l’humain qui a irrigués par le projet de la croissance quelque part une conscience refoulée où il peut encore → La croissance devient un paradigme être au contact de l’idée que certains modes de vie pas nécessairement marqués par la quête de consommation Pour Smith, il y a 2 grandes impulsions de l’être humain : le et de reconnaissance permanente peuvent être besoin de reconnaissance et le désir d’améliorer son sort d’avantage satisfaisants matériel (désir de richesse) → Ce n’est pas seulement le désir de satisfaire ses Dans ce paradigme, l’angoisse de la finitude n’est pas besoins fondamentaux cela va plus loin, il faut colmatée avec la croissance mais avec autonomie, améliorer son sort matériel (toujours vouloir +) convivialité, ancrage dans le commun et dans le rapport → Le désir de reconnaissance a quelque chose d’illimité, à un mode vécu de sans fin → On Prend alors plus soin de son environnement 97 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Ce type d’existence est marqué par une autre économie L’articulation de ces 2 besoins/impulsions a permis de créer : le non-gigantisme qui est plus local et convivial les bases d’une quête sans fin, d’un productivisme, consumérisme Ce n’est pas un retour en arrière! Mais une → Pour un besoin de consommation sans fin avec des réappropriation moderne d’un ancien rapport au impulsions illimitées monde (// Néo-primitivisme) → Fondement du paradigme de la croissance → Pas de mécanisme interne d’auto-limitation b) Commentaire du texte 1ère partie : La croissance, un projet collectif humaniste ancré dans l’existentiel Le 1er point du texte consiste à mettre en évidence le modèle de la croissance, avec Adam Smith comme point de départ, qui repose sur un dispositif existentiel (pas seulement une pensée purement économique) – précarité, mort, famine, ect. → Il essaye de nous le faire voir. → De quelle manière se crée une certaine anthropologie chez Adam Smith : nous sommes traversés par 2 impulsions (reconnaissance et amélioration de la richesse) qui sont moteurs de la croissance économique 2e partie : L’impasse de la social-démocratie croissantiste Dans le 2ème point du texte, il nous montre que ce modèle n’a pas d’arrêt, pas de limite interne. Il s’agirait de produire à chaque fois plus pour satisfaire les besoins de la population. Le modèle de la croissance s’installe dans les sociétés occidentales parce que la sociale-démocratie amène l’impératif de la redistribution. → Il faut combiner la main invisible du marché avec la solidarité, le bien-être des citoyens (redistribution) = but culturel, vouloir aider tout le monde d’accéder à une grande gamme de besoins et de services. Mis à mal par la crise que nous traversons… → Il y a une double promesse au cœur de ce modèle : laisser des dividendes/surplus aux producteurs et verser assez de richesses aux citoyens (Difficile à réaliser) 3e partie : Dualisation anthropologie et dépassement du croissantisme Arnsperger nous dit que l’idée importante de l’Homme Sahlinsien est qu’il prend différentes figures à travers le temp 4e partie : Penser une transition anthropologie : le paradigme Illichien Arnsperger accorde une place importante à Ivan Illich au niveau de sa théorie/pensée. Illich (qui se trouve au fondement de l’écologie politique et qui est très polyglotte) développe quelques idées, → la première : la contreproductivité → la deuxième : l’autonomie et la convivialité, et → la troisième: il y a une possibilité de penser la vie humaine comme marquée par une expérience d’abondance → la dernière : il y a une certaine façon d’imaginer l’humanité comme construction sociale (moderne) La contreproductivité Le système productif produit une contreproductivité lorsqu’il dépasse un certain seuil (exemple de la voiture). Au fur et à mesure que les choses/les outils se développent, ils deviennent contreproductifs. Il y a une hypertrophie du progrès technique qui fait obstacle à la raison initiale des outils créés. 98 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Pierre Dupuy décrit de manière claire ce phénomène : « Les transports tuent. Ils détruisent l’air et la nature, épuisent les ressources non renouvelables. Ils réduisent la mobilité de larges groupes de population, écartèlent les villes, dévorent les temps de vie, créent de nouvelles dépendances et de nouvelles addictions. Les dysfonctions des transports sont évidentes : tous les jours, nous les voyons, nous les entendons, nous les respirons, nous les subissons. Mais il semble non moins évident à la majorité que l’on n’en viendra à bout que par toujours plus de ce qui les cause. Ce cercle vicieux, c’est la contreproductivité des transports. (...) Le Français moyen qui file à cent cinquante sur l’autoroute en heure creuse et en rase campagne peut croire qu’il a chaussé des bottes de sept lieues. Il en oublie les vapeurs suffocantes des embouteillages urbains et les longs cercles absurdes de la recherche désespérée d’une place de stationnement. Il en néglige ce que lui ont coûté, en heures de bureau ou d’usine, l’achat et l’entretien de son espace privé que l’on dit automobile. (...) Le cadre moyen d’une ville moyenne qui roule 16 000 km par an consacre à sa voiture moyenne plus de 4 heures par jour ; soit qu’il se propulse avec elle, soit qu’il l’entretienne, ou bien encore qu’il travaille à se la payer. Chaque heure de ce temps lui permet donc de parcourir 10 km. (...) L’étrangeté même du calcul témoigne (...) de ceci : substituant au temps de déplacement effectif du temps de travail, les transports industriels dissimulent la nocivité et l’insanité de l’organisation de l’espace-temps social. Ils jouent ici un rôle tout à fait comparable à celui de la médecine « alibi d’une société pathogène » » Exemple : si on fait tous ces calculs (temps passé à se déplacer, à travailler pour payer la voiture), pour beaucoup, la voiture est complètement contreproductive. → Une fois qu’on engendre la dislocation espace-temps (si on a une voiture, on casse la proximité au lieu où nous vivons), la mobilité devient un service auquel on ne peut y accéder plus que de manière hétéronome (il nous faut un outil externe à notre capacité de se déplacer pour vivre). Cela s’impose comme une fatalité. → C’est en quoi le contexte actuel est très propice pour étudier ce dont les collectivités ont besoin On a fait tout ceci pour qui ? Pour satisfaire les besoins de qui? → L’économie avait besoin de la dislocation de l’espace-temps! Pour que les entreprises puissent avoir plus de travailleurs, car la voiture permet rayonnement plus grand). → Si on venait à cesser la voiture complètement, ce serait une catastrophe sociale. Même chose pour les soins de santé… → Les soins de santé deviennent à chaque fois un acte plus complexe et comment faire pour que les gens deviennent autonomes par rapport à leurs soins? → De nos jours, nous sommes dépendants du soin des institutions (notamment l’hôpital). → Il y a quelque chose de particulier : puisqu’il y a une perte d’autonomie, personnes ne cherchent à faire soi-même, on va directement chez un autre pour nous aider. → Les institutions de santé pourraient dépolitiser, il y a parfois une médicalisation du mal être de manière trop généralisée qui provoque une perte d’autonomie. – → Ex : On observe que les personnes n’ont plus l’envie de régler leurs problèmes parmi leur groupe de relation o harcèlement : La plainte d'harcèlement est un aveu d'une incapacité à régler ses problèmes personnels L’autonomie et convivialité Selon Illich l’autonomie = la capacité du sujet humain à détenir dans ses propres mains les « ressources » qui permettent de jouir de telle ou telle valeur d’usage. → Valeur d’usage = Valeur qu’une chose a dans la façon dont je m’en sers. >< Valeur marchande, d’échange! → Illich pense que la question de l’autonomie repose sur le fait qu’on puisse replacer les valeurs et que l’on soit davantage attentifs à nos valeurs d’usage. 99 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Le fait que les choses soient grandes, n’est pas toujours la manière la plus efficace de satisfaire la valeur d’usage parce qu’on ne les utilise pas. → Parfois, la complexification de modes de vie minimise l’expression de la créativité dans la vie humaine : la plus grande palette de biens et services que nous propose la croissance n’est pas forcement quelque chose qui va satisfaire les valeurs d’usage et d’un autre côté viendrait casser notre capacité de créativité (enjeu existentielle) → Ça peut affaiblir existentiellement parlant L’autonomie consiste à pouvoir revenir sur les ressources que nous avons et les user (valeur d’usage). → Ce qu’on crée de façon autonome et qui vient satisfaire les valeurs d’usage est parfois une chose qui n’a pas nécessairement de valeur marchande, mais simplement de la valeur d’usage. Ça reste donc important! La question de l’abondance Le modèle de m’autonomie et la convivialité n’est nullement une perspective de la précarité comme avant (« retour à la bougie »), mais il s’agit de trouver une forme de satisfaction dans le fait de se dépouiller de ce qui peut être n’est pas ce qui vient satisfaire nos désirs et besoins collectifs d’usage : les communautés ont besoin de choses différentes, il faut accepter que nous n’ayons pas tous les mêmes valeurs d’usage, etc. → On doit réfléchir à une échelle locale et réduite et pas à celle de la globalisation La psychologie du manque qui avait hanté Smith et le modèle de la croissance nous donne une idée de l’Homme comme un affamé et pas comme créateur. → MAIS selon Illich, si on laisse l’homme dans une société avec des ressources, des outils où il peut créer des valeurs d’usage qu’ils sont les siens, on aurait des formes de relations beaucoup plus conviviales, solidaires, et plus autonome et aussi plus satisfaisant! → La question de la convivialité est marquée pour qu’on soit attentif à ne pas dépasser un seuil dans la manière où les outils créés fonctionnent. → Ex : Les relations sont nécessaires, oui, mais quand ça dépasse un seuil, ça devient une aliénation : l’abondance de contact se transformera en rareté : il y a rareté de temps, rareté de temps pour soi, rareté de tout. o Là, on nous ôte notre autonomie. Si on parvient à rester dans les 2 critères (autonomie & convivialité), on arriverait à créer des communautés humanes beaucoup plus résilients, avec une capacité d’affronter les aléas càd mieux armés face aux crises inévitables La rareté moderne comme construction sociale : Avec ce que venons de voir, il est donc possilble de pesner une prospérité humaine e sans croissance (la prospérité ne dépend pas du fait de produire plus pour le plus grand nombre de personne), il ne faudra pas une palette de services et de biens toujours plus grande. → Moyen de penser que sans croissance économique, il y ait néanmoins une prospérité → Cela pourrait déclencher une mutation vers une psychologie de l’abondance ancrée dans une anthropologie de l’autonomie La rareté est une construction sociale qui repose sur certaines idées/principes (référence à René Girard) : → le désir mimétique (désirer ce que l’autre désire, le même objet) serait au fondement de l’histoire humaine, et si elle est traversée par des récits et des mythes où les hommes entrent en guerre, c’est toujours dans la mesure qu’ils désirent le même objet (la même femme, le même territoire, etc.). → Si on désire la même chose ça ne peut aboutir qu’à des rivalités et des violences. Dès que l’autre désire quelque chose, nous aussi on le désire… 100 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → L’industrie va utiliser ça à leur avantage pour nous influencer : tout une dynamique du désir qui s’installe en mobilisant le désir mimétique Ce type de modèle produit des formes d’absurdité → Au lieu de limiter les inégalités, la main de Smith ne fait que les creuser → le système a besoin d’inégalités pour que les gens qui sont en manque aient le désir d’avoir ce qu’ils n’ont pas et pour se faire, ils travailleront plus. → Au fond, l’inégalité est nécessaire dans le système pour titiller/inspirer le désir dans sa forme mimétique. → Il y a une forme d’aliénation assez évidente La logique de la croissance a produit un double verrouillage → de la valeur d’usage des biens : l’acheteur confond l’usage autonome et le statut social qui peut en dériver). o Ex : l’iPhone le plus cher est lié à une forme de statut social, pas de l’usage (premier verrouillage : on confond l’usage de l’objet avec le statut social qu’on va en tirer) + → on se convainc que plus l’objet est nouveau, au plus on est autonome, mais ce n’est pas vrai. Donc ça sert à qui? Aux intérêts du capital et toute l’écologie politique. Pas les besoins des individus! 2. « Une réaction : Quelques réflexions à propos des ressorts psychologiques de l’autolimitation du désir et des besoins » |Mauricio Garcia Penaf Objectif du texte (très schématique) → Repenser : o la question des besoins à la lumière des contributions que la psychanalyse peut faire : en différenciant un besoin d’un désir (il n’y a pas de rapport naturel entre le désir et l’objet de satisfaction) o la demande : l’être humain est amené à demander ce qu’il désire (ça peut altérer la nature du désir, division subjective) → La psychanalyse introduit le narcissisme et nous fait comprendre tout un versant de ce qui amine l’être humain et qui est à différencier du désir La question de l’autolimitation cherche à concevoir un principe interne à l’humain pour qu’il s’autolimite mais pas non plus en le rendant dépendant d’un pouvoir hétéronome (institution, pénurie, impératif écologie, etc.). → Ca fonctionne et ça pour effet une limitation mais ne relève pas d’une possibilité autonome Rappel : La décroissance = courant de pensée qui soutient la possibilité humaine de l’autolimitation 1ère partie : La croissance et l’illimitation On revient sur ce qu’Arnsperger dit face à Smith et au fondement anthropologique de la décroissance MAIS avec cette distinction entre besoin et satisfacteur. → Problème courant de confusion… → Quand on a besoin d’une voiture, on y a vraiment besoin? Non, on a juste besoin de se mobiliser et la voiture est un satisfacteur de ce besoin (ce n’est pas le seul) Si l’humain s’aliène au satisfacteur, il perd de vue le réel besoin et à la place de ça viendra le satisfacteur qui lui apparaît comme nécessaire. Il y a un ensemble de biens et services qu’on pourrait interroger sur leur nécessité, en les considérant plutôt des satisfacteurs de besoins. 101 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → La question de s’aliéner à l’objet c’est quelque chose de régulier chez l’humain (cette confusion entre besoin et satisfacteur) Smith parle de ces 2 impulsions humaines (reconnaissance et sort matériel) et dit qu’il n’y a pas de mécanisme d’autolimitation dans ces 2 impulsions… Il y a une indétermination des besoins (c’est le consommateur qui décide quels besoins sont légitimes, mais le producteur crée aussi des besoins, il y a certaine liberté). → Est-ce que c’est vrai/faux ? Le fait de marquer une distance entre le besoin et l’objet de satisfaction implique que l’humain ne puisse pas avoir qu’un seul objet de satisfaction (il y a plusieurs satisfacteurs) → Pas de rapport univoque. → De façon plus large, on pourrait dire qu’il y a une indétermination concernant la condition humaine donnée par notre condition d’être parlant, avec une capacité symbolique ce qui nous rend apte à trouver de la satisfaction dans beaucoup d’objets, meme les plus petits ou absurdes → Derrière la demande de l’objet, ce qui compte c’est le message. → Un petit cadeau d’un ami est satisfaisant parce que le message derrière est signifiant pour nous. => o Capacité structurale de l’humain : capable d’accepter des choses symboliques qui peuvent satisfaire des besoins importants. o C’est cette même capacité symbolique qui rend l’humain capable de produire et consommer n’importe quoi. C’est ce message qui est satisfaisant : capacité de recevoir l’objet et de le transformer en message qui nous rend capable de nous satisfaire avec ces petites choses symboliques. → Mais aussi, la nécessité de ce message peut nous rendre capable de glisser vers le « encore et encore » illimité. Pourquoi? Parce que ça ne va pas me satisfaire… J’achète jusqu’à à l’infini parce que le message que j’attends ne vient pas et l’objet ne me satisfait pas : je surenchéris Nul objet ne répond vraiment au désir de façon définitive. Arnsperger, dans un autre livre, rencontre cette idée « C’est une culture où, par conséquent, la positivité de la réalisation humaine ne peut se comprendre que sur fond d’une négativité plus profonde. En effet, cette expansion maximale est impossible à réaliser autrement que dans un fantasme de la domination absolue et dans des actes de consommation et de puissance qui, sans cesse, et sans cesse de nouveau, manquent leur cible » —> La consommation manque sa cible – ce qui est désiré finalement est manqué. L’objet n’est pas apte à vraiment satisfaire l’humain derrière cette course effrénée, parce qu’il y aurait par structure quelque chose qui fait qu’il n’y a pas d’objet adéquat pour le désir humain Dans la culture capitaliste, le désir est peut-être à penser comme une prétention narcissique. → Pas nécessairement dans sa réalisation puisqu’il rate ses prétentions au cœur du narcissisme 2e partie : Le besoin, le désir et la demande : un problème pour saisir l’autolimitation Il est évident évident que, pour la psychanalyse (mais aussi pour d’autres courants), c’est important de différencier besoin et désir ( → ce n’est pas du même ordre, le besoin est considéré comme une impulsion naturelle et pas le désir → Le besoin ayant alors des actes spécifiques à sa satisfaction et se dirigeant à certains objets « déjà codifiés » pour satisfaire ses besoins (//instinct) alors que le désir pas du tout MAAAIS Les désirs et les besoins vont tout de même se mêler dans la condition humaine. C’est tout ça l’enjeu! → Un être humain peut parler d’un désir comme si c’était un besoin – perdant de vue que le désir n’est pas du même ordre. 102 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Inversement, puisque le désir peut influencer le besoin, l’humain peut se rapporter au besoin d’une manière pas purement naturelle (faire une grève de la faim, parce qu’on désire perdre du poids ou être libre, l’animal n’en serait pas capable) → La circonstance actuelle nous met face à la question de la définition d’un besoin : dans les circonstances actuelles, on nous dit nos nécessités, et nous ne sommes plus en mesure d’entretenir de manière libre les désirs Freud et l’étayage : rapport particulier de l’humain face au besoin et au désir. Prenons le besoin de s’alimenter : tout petit bébé, quand il tête, il ne fait pas que s’alimenter, il le fait aussi pour le plaisir qui n’est pas réductible simplement à la satisfaction de l’alimentation , c’est un surplus de nécessité, une prime de plaisir, une autre dimension qui s’ajoute au besoin (il ressent une satisfaction autre en s’alimentant) → Cette satisfaction bonus pourra se répéter et se séparera du besoin de nutrition, il pourrait altérer la manière dont les besoins humains sont éprouvés. → Le désir (cette prime de plaisir) va s’envoler, se séparer du besoin et donc l’humain peut se satisfaire au niveau du désir par des mots (par le langage) même, sans même qu’il y ait d’objet. → La machine désirante affecte le besoin : l’humain peut se satisfaire follement → L’étayage, cette séparation du désir et du besoin nous rend donc capable du meilleur comme le pire (nous satisfaire d’objets symboliques ou de nous lancer à la dérive consumériste) S’ajoute le problème de la demande, à distinguer du désir → Puisque nous sommes des êtres de paroles, nous devons nous amener à demander ce que nous voulons. → Dans l’expérience : se produira un écart donc entre désir et demande. o Division = Distance entre le désir et ce qu’on demande qui est relativement commun. → La demande s’adresse à autrui et porte sur un objet mais très souvent l’objet n’est pas essentiel, car la demande est une demande d’amour, de reconnaissance, d’affect. – → Ex : Divorce : Ce ne sont pas les objets que nous demandons, c’est une demande de reconnaissance, d’amour pas encore réglée dans un couple en séparation. La demande de l’objet n’est que l’alibi pour une demande d’autre chose. Le désir naît entre l’écart du besoin et de la demande (manière conceptuelle de situer les choses). → L’objet n’est pas en mesure d’apporter la satisfaction au niveau du désir mais la signification que l’objet prendra pour un être humain. La cible par structure manquée si on demande de l’amour, de reconnaissance par le biais d’un objet. → On finira par s’aliéner même dans une demande incessante et illimité qui l’éloigne de son désir. → L’objet va rater à tous les coups la satisfaction car le désir est d’un autre ordre (prestige, d’amour, etc.) → SI le message rate, le sujet se lance dans une quête incessante d’objets (caricature du consumérisme) Est-ce que l’aliénation d’objet est insurmontable, inévitable ? → Pas nécessairement, → le dialogue marxisme-psychanalyse tourne autour de cette question : le fait qu’il y a cette indétermination des désirs et besoins, c’est quelque chose de premier ou créé historiquement? → Les marxistes vont dire que c’est l’histoire qui produit ce genre de réalité humaine 103 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Ce que Freud décrit est déjà produit par une aliénation historique « Ce ne sont pas les hommes en tant qu’êtres de désir qui font la révolution socialiste, mais bien les masses, c’est-à-dire des groupes d’hommes en tant qu’ils sont déterminés par leur position de classe dans le tout social. » C’est la réalité historique, sociale qui détermine la manière où les hommes s’engagent ou pas dans la Révolution. « Cela ne veut pas dire que le désir ne se manifeste d’aucune manière. Cela veut dire que là n’est pas et ne peut pas être la source de la révolution, qui d’une façon générale n’a sa source dans aucune réalité psychologique, ce qui ne l’empêche pas de devenir les cas échéant un élément fondamental du dynamisme de la personnalité. Sa source n’est pas dans l’individu, mais dehors, dans le monde social et ses contradictions » Le monde social détermine la réalité de l’individu Ce débat a été poursuivi… André Gorz poursuit cette analyse critique : C’est lorsque l’industrialisation a réussi à séparer les producteurs directs des moyens de production et du résultat de la production, qu’on a pu créer un surplus qui dépasse nos besoins, allant jusqu’à la génération des nouveaux besoins et désirs. « En éliminant le pouvoir des producteurs directs dans et sur la production, le capital a finalement pu émanciper la production vis-à- vis des besoins ressentis et sélectionner ou créer les besoins, ainsi que la manière de les satisfaire, en fonction du critère de la plus grande rentabilité (critère clé de la croissance). La production est ainsi devenue, avant tout, un moyen pour le capital de s’accroître, elle est avant tout au service des « besoins » du capital et ce n’est que dans la mesure où le capital a besoin de consommateurs pour ses produits que la production est au service de besoins humains. » → Distinction entre les besoins du capital et les besoins humains « Ces besoins toutefois, ne sont plus des besoins ou de désirs « naturels » spontanément éprouvés, ce sont des besoins et des désirs produits en fonction des besoins de rentabilité du capital. Le capital se sert des besoins qu’il sert en vue de son propre accroissement, lequel demande en retour la croissance des besoins. » → Il y a des besoins que l’humain peut ressentir qui ne sont pas humains mais créés de toute pièce par le capitalisme « Le modèle de consommation du capitalisme développé résulte ainsi de l’exigence propre au capital de créer le plus grand nombre possible de besoins et de les satisfaire par le plus grand flux possible de marchandises. La recherche de l’efficacité maximale dans la mise en valeur du capital exige ainsi l’inefficacité maximale dans la couverture des besoins : le gaspillage maximum » => Il s’agit d’une analyse qui montre que les désirs humains peuvent être compris historiquement (même éprouvés comme BESOINS). → C’est donc important de noter la distinction entre les désirs naturels et les désirs produits en fonction de besoins de rentabilité du capital : → ex : le désir de se déplacer dans l’espace (naturel) du désir d’avoir une voiture (produit) → C’est un exercice important pour tout être humain d’avoir la capacité de revenir à soi en différenciant du désir, du besoin et des satisfacteurs pour ne pas s’aliéner à vivre les satisfacteurs comme le désir Il s’agit des besoins ressentis qui sont en fait simplement issus de notre ordre social pour que notre économie puisse se conserver, bien se porter (on pense avoir besoin mais c’est l’économie qui en a besoin et qui a réussi à nous le faire croire – marketing au centre de cette logique). => 104 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → C’est comme ça que la consommation capitaliste introduit l’exigence de créer le plus grand nombre possible de besoins. Le problème n’est pas seulement dans l’indétermination de chaque désir particulier, mais bien plutôt dans la création sans cesse des nouveaux désirs Ex : les accros du shopping: c’est l’acte d’acheter plus que l’objet même qui compte et est satisfaisant. 3e partie : le refoulement de la sobriété et le déni de la mort Très présent dans l’homme Smithien. Arnsperger développait une thèse : nous sommes des Sahlinsiens refoulés ou empêchés → Pour Freud et la psychanalyse, le refoulement (de la sobriété) était toujours lié à un plaisir caché et non à des douleurs. → Il dit donc que nous sommes tous porteurs d’un plaisir à cette existence dans la sobriété, dans la réalisation de cet homme Sahlinsien. → Rendrait possible une convivialité avec autrui et qui rendrait la vie personnelle et communautaire plus autonome, plus décélérée, etc. On vit une désaccélération est assez évident dans notre période actuelle et on peut avoir l’impression, que pour beaucoup, il y a la retrouvaille d’un désir évident concernant la possibilité de vivre autrement. Le plaisir de la désaccélération est assez évident! La sobriété volontaire n’est pas juste un pur renoncement nécessaire à la planète (sinon comment l’homme pourrait s’engager de manière autonomie), mais s’il est possible d’actualiser là quelque chose de refoulé en nous (noué à un plaisir), alors ça paraît envisageable que l’humain puisse s’autolimiter et d’embrasser avec plaisir des formes d’existence plus sobres. 4e partie : croissance et narcissisme – sobriété et désir La croissance ne serait-elle pas plutôt une promesse de la réalisation du désir humain mais plutôt du narcissisme humain ? → On a vu que les figures de la sobriété s’approchent d’avantage du désir humain… → Le narcissisme est une passion de notre propre unité (corporelle, psychique, relationnelle). Donc la tentative est de toujours avoir une complétude, que rien ne nous manque (= la quête de l’Homme Smithien) → Le désir par contre nous relie au manque – donc la réalisation du désir implique une perte narcissique (castration) : je perds un ancrage narcissique (l’opinion que l’autre à de moi, etc.). Dans le modèle de la croissance, l’utilisation de la richesse individuelle comme moyen de reconnaissance sociale articule la figure de ce type de satisfaction purement narcissique. → Ce qui est visé : Être protégé, tout avoir, éviter la mort, tout accumuler (forme de complétude idéale) => → Il ne s’agit pas d’une recherche du plaisir puisque la satisfaction narcissique n’est pas équivalente au plaisir subjectif inconscient. MAIS le type sahlinsien se tient dans le manque! → La convivialité sert à situer une limite, l’entretien d’un certain manque pour que l’individu ne soit pas englouti dans un réseau de relations, ni par les demandes sociales qui seraient des variantes du capital qui pourraient faire de lui un objet Visée narcissique = faire 1 avec l’autre, être l’objet que l’autre désire. C’est un mode de production, de fonctionnement économique où l’humain est ce dont le capital a besoin (narcissisme dans le système collectif social). Le narcissisme comprend ce rapport particulier entre le système et l’acteur. La notion de convivialité, c’est un concept riche pour penser le seuil, à quel moment la croissance se retourne contre l’humain. → MAIS quels sont les critères de ces seuils? Parfois il n’y en a pas et tant mieux. Il est très parlant que pour que l’acteur puisse juger de l’intérieur la perte de sa condition de sujet 105 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Manière qualitative et subjective de discuter en communauté de seuil, ce ne sont pas des experts qui vont fixer ces seuils. La convivialité est donc un bon descripteur de la sobriété parce qu’elle pose la possibilité de considérer l’humain comme étant proche de son désir et proche d’un manque qu’il cherche à entretenir pour ne pas glisser vers la quête narcissique. Il est important de ne pas confondre tous ces mouvements issus de différents courants, qui vont confluer vers différentes formes de sobriété, avec des pensées qui nous inviteraient à être une communauté des miséreux 3. « La situation humaine, la clé de la psychanalyse humaniste » | Fromm Ce texte dont l’objet principal est de fournir une réflexion, un modèle sur les besoins/pulsion humains tels qu’ils se dérivent des conditions de son existence C’est important dans le cadre des questions sur la décroissance et la croissance : le modèle de la croissance c’était forgé à partir d’un postulat fondamental à propos des besoins humains. → Les 2 articulés donnent des formations problématiques : obtenir la reconnaissance en fonction de ce qu’on possède. C’est un phénomène typique des sociétés modernes. Ça implique une réflexion plus poussé à propos de quels sont les besoins humains. → Le texte de Fromm peut être important pour faire la dissociation entre les désirs et les satisfacteurs possibles est lucide Le texte est articulé à partir de 3 grands points : → réflexion sur la situation humaine, → réflexion sur l’articulation de la situation humaine avec les besoins ou les pulsions → le modèle des besoins a) La situation humaine C’est une considération plus philosophique/anthropologique → Il nous montre comment réfléchir la condition humaine et montre que l’homme est différent de l’animal (qui ne transcende pas la nature, qui pas de questions de natures morales, qui n’a pas une existence à proprement parler : il est vivant mais n’a pas conscience de son existence), o il y a des coupures entre les 2. → L’animal plonge de manière spontanée dans son rapport au monde naturel, tandis qu’avec l’humain se produit une grande rupture car concrètement, l’action humaine n’est plus liée de manière essentielle à l’instinct. L’instinct va nous expliquer la manière ou se régissent les mouvements de l’action de la condition dans l’ordre animal, mais pas la spécificité humaine. Pour l’humain, la question sera de tenter de dépasser son rôle passif. La naissance de l’homme implique une conscience que la vie prend d’elle-même. → Problème : on ne peut plus être impliqué seulement comme élément naturel mais transcendance de cet ordre. → Se produit donc chez l’humain la conscience de sa propre mort, de son impuissance face à l’ordre du monde. → L’humain, selon Fromm, ne va jamais se séparer de cette dichotomie : étant ancré dans la nature mais l’ayant également quitté, n’étant plus un être déterminé seulement par l’instinct. Il y a une rupture, une séparation ontologique de l’humain par rapport à l’ordre naturel, ce qui implique un déséquilibre pour la vie humaine. 106 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Il est habité toujours par un état d’inquiétude et c’est ce que ça implique de vivre. Il ne se développe juste pas en mourant en ayant été passif, il a mené sa vie. Elle ne peut pas être la répétition d’un prototype de vie En même temps, l’homme est dépourvu à la naissance : comparé à un animal, le petit humain est impuissant s’il n’avait pas l’autre pour le nourrir, l’accueillir, à la différence des animaux qui sont vite capable de se nourrir en étant guidés par l’instinct. → L’humain, au moment de la naissance, ne possède pas de moyen de remplacer l’instinct perdu : il y a la une vulnérabilité fondamentale liée à l’enfance prolongée de l’homme de Freud (on nait trop tôt du point de vue biologique, mais aussi ouvert à être déterminé par l’expérience, la culture, le rapport aux autres) Cette 1ère partie met en évidence cette question de la contradiction de la situation humaine du fait que nous sommes lié à la nature mais en même temps que nous en sommes sorti → Cette contradiction de l’existence sera la source des forces psychiques qui s’enclenchent dans la vie humaine : les motivations, les désirs, les angoisses. → C’est là le socle anthropologique fondamental. Au fur et à mesure que le processus d’humanisation se produit, il se fait que la satisfaction de appétits naturels (manger, sexualité, etc.) ne suffira pas pour rendre l’humain heureux/sain. :Il faut autre chose qui s’impose à lui comme une nécessité. → Apparaitra alors la question des besoins psychiques! Au niveau collectif, de la race humaine, on a connu une évolution historique où on peut observer un processus d’humanisation qui laisse voir que naitre, être humain, implique toujours l’expérience d’une perte de sécurité, de ce qu’on connait. → Couper le cordon ombilical, s’assumer comme individu => Ça engage la peur de perdre des choses b) Articulation de la situation humaine avec les besoins/pulsions Au fond, le processus de l’existence humaine est à penser comme étant traversé par une polarité → Vie animale (ordre de la nature, déterminé par des impératifs physiologiques, lié au corps) → Existence humaine (ordre de la culture, besoins psychologiques, lié au psychisme) L’humanisation consiste du passage à la vie animale vers l’existence humaine. → C’est le processus où on va vers le pleinement humain Mais il y a une force régressive/résistance : l’attache à la sécurité de ce qui est connu. → On peut comprendre que l’humain veut faire l’économie de son individualisation. → La régression est toujours marqué par le danger de la psychopathologie et donc de la folie : perdre la raison, la santé du point de vue psychique, engendrerait une impossibilité à pouvoir arriver à satisfaire les besoins spécifiquement humains En fonction de ces 2 mouvements, il y a des tensions/des énigmes/des déséquilibres qui sont source de toutes les forces psychologiques, les motivations, les désirs. Le sujet normal (sain ou pathologique) face à ces contradictions/cette énigme essaye de résoudre ces mêmes questions/énigmes. → Fromm ne pense pas que la pathologie puisse être comprise comme une incapacité de faire face aux énigmes, juste une autre manière d’essayer de les résoudre o Se profile l’idée qu’il y a différentes manières de satisfaire quand même les besoins fondamentaux de l’homme. 107 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein → Le sujet normal va répondre avec des moyens plus conformes alors que le sujet pathologique va produire des réponses inadéquates à ces besoins, pas vraiment satisfaits. → L’humain pourrait éprouver une épanouissement plus réel via des réponses conformes. Les réponses inadéquates (pathologiques) produisent une forme d’épanouissement illusoire. Les réponses conformes aux besoins produit un bonheur plus grand >< factice via les réponses inadéquates. Au niveau culturel, tous les idéalismes/religion/culture ont tenté d’amener des réponses aux questions fondamentales de l’existence humaine. Tous le font! → Des solutions peuvent être destructrices et d’autres plus heureuses. On aurait des réponses plus inadéquates et d’autres moins destructrices. → Les énigmes de l’existence nous forcent à affronter certaines questions et suscitent en nous des besoins fondamentaux 108 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Quels sont ces besoins fondamentaux ? Fondements Besoins-pulsions Modes de satisfaction existentiels « Séparativité » Surgit le besoin de Soumission - Masochisme (lien à autre, peut permettre de produire existentielle qui habite relation (pour cette expérience d’union même si moins heureux) l’Homme, de la nature substituer les liens en en faisant toujours spontanés à la nature Pouvoir – Sadisme (moins heureux et plus destructeur, mais partie qui ont été perdu) n’empêche pas que ce soit un mode de satisfaction) L’expérience de soi dans → Moteur Amour : satisfaction fondamentale (aspect de l’« orientation la solitude peut être anthropologique de productive » d’une existence) une prison… ce besoin! → Tentative de d’atteindre une union à l’autre à partir du vécu de cette séparation fondamentale ontologique → Amour = Force qui cherche à rétablir une union perdue pour atteindre une autre Amour Séparation Union Pathologie radicale : Échec de la satisfaction du besoin de relation (échec de la relation à autrui) → Le narcissisme est un échec de la satisfaction de ce besoin, alors que l’amour est la forme la plus accomplie Différentes formes d’amour : amour maternel, fraternel, érotique et dans le sens du lien social/de la collectivité humaine Passivité de la condition Transcendance Créativité (enfant, objets, œuvres, idées, etc.) : on peut transcender humaine : l’homme est cette condition passive, dans le monde sans → Apparait comme une orientation de l’existence qui permet de l’avoir su, ni voulu. Cette satisfaire ce besoin expérience taraude la condition humaine Destructivité de l’autre, du monde : permet aussi de transcender son rôle passif. On ne peut seulement → Se manifeste quand la créativité n’a pas pu s’exercer accepter passivement → J’exerce une force qui transcende ce qui m’est donné! notre existence, cherche donc à transcender cela… Coupé de ses racines Enracinement : il faut Amour, Amour fraternel : renvoie l’humain à la de croitre, comme un dans la nature : qui est des nouveaux liens mouvement qui nous pousse à sortir de l’orbite maternelle, à quitter l’homme? Il ne peut pas humain pour « la structure pré-oedipienne) supporter l’isolement et remplacer » les liens → + clan, groupe, nation, église : Autres formations sociales qui l’impuissance de sa perdus avec la nature). pourraient fonctionner comme un autre dans lequel on s’inscrit, situation. Il faut appartenir à et où on revit des expériences unitaires en excluant les autres quelque chose La question de savoir Amour incestueux, Idolâtrie : désir de préserver liens primitifs à la qui suis-je apparait mère, sang, terre et à d’autres formations sociales comme un incontournable Refus de quitter orbite maternelle : schizophrénie (psychose) → Ce n’est pas l’attachement « sexuel » à la mère qui est décisif mais le lien affectif plus profond (l’attachement « ontologique » à faire 1 avec l’autre et ainsi se sentir dans un univers sans question « qui suis-je »). Sexualité permet séparation de la famille 109 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein L’homme conscient de Identité : Besoin de se 2 orientations fondamentales : lui même est capable forger sa propre Sentiment d’individualité : constitution de sa propre vie psychique, de dire « je ». représentation de qui il doté de raison et de conscience qui n’est pas nécessairement à Comment répondre est comprendre comme individualisme cette question? Quelle Conformisme grégaire : se donner une identité via se conformer aux représentation puis-je attentes du groupes, sociales, du système productif de la croissance) me forger de qui suis- je? Répondre à l’identité : problème individuel mais aussi collectif Au niveau collectif (de la « race » humaine) - Différents stade de l’histoire humaine Clan : tu es un membre du clan, tu es nous Hiérarchie féodale : en fonction du statut de chacun, place de chacun dans une hiérarchie très claire Ecroulement du système féodal, Renaissance : fait émerger avec acuité la question « qui suis-je » Descartes prend cette question —> met l’accent sur la pensée Modernité occidentale : libère l’homme sur le plan politique et économique. Ceci permet de se concevoir comme un « centre ordonnateur actif de ses pouvoirs et de ses expériences » (p.72) Cfr. Lipovetsky : Manière dont la socialisation moderne produit une Centralité du MOI => Cette modernité occidentale donne les conditions de satisfaire le besoin d’identité avec production d’une individualité Pour Fromm (pas d’accord) : l’Individualisme (non-individualité) est une façade (illusion) de satisfaction du besoin d’identité dont vont émerger des Palliatifs : nation, religion, classe sociale, profession. → Les personnes s’accrochent à cela pour satisfaire ce besoin Apparait nouvelle forme de l’identité grégaire : le conformisme grégaire (parfois destructeur) Phénomènes qui Orientation et objet de Il faut un système d’orientation. Peu importe s’il est illusoire, même intriguent l’être- dévotion : l’humain illusoire, il satisfait le besoin. humain : la raison prend n’importe quel → Le pire ce n’est de rien avoir pousse à chercher à les système d’orientation → Enjeu : santé mentale : je préfère n’importe quel système pour ne comprendre ou les puisque c’est toujours pas devenir fou expliquer, les placer mieux que de ne pas en Ensuite, vient le besoin d’appréhender le monde objectivement en dans un contexte avoir (rend très utilisant sa raison intelligible à partir vulnérable) → Enjeu : bonheur et sérénité duquel il soit possible de penser. On peut faire usage de quoi pour satisfaire ce besoin? – → Raison → Irrationalité, rationalisation : dire que l’augmentation de la pandémie aux US est dû au fait que l’OMS n’a pas donné les infos à temps, ce que Trump a dit, c’est un exemple de rationalisation : contourner le réel qui devient angoissant 3 éléments d’un système d’orientation : → éléments intellectuels → éléments d’ordre affectif et sensible (pas que des pures idées) → objet de dévotion 110 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Il faut souligner l’intérêt de ce texte qui est comme une alternative intéressante à réfléchir que ce qui peut satisfaire un besoin est plus complexe que ce que le sens commun laisse penser → Il y a ensuite moyen de réfléchir à cette question en revenant à des problématiques anthropologiques 4. Le besoin de reconnaissance a) Perspective globale Le désir de reconnaissance est à l’intérieur des inspirations de la croissance est au fondement ce celle-ci → les 2 grandes moteurs de l’humain, les 2 grands besoins de l’humain (selon Smith) sont l’amélioration du sort matériel et assouvir son besoin de reconnaissance. Le désir de reconnaissance est une autre de manière de penser quels sont les besoins psychologiques, en fixant le focus sur une dimension essentielle : la reconnaissance. → Pour Fromm : ça touche l’identité (qui suis-je), la relation (être reconnu ou non, vecteur essentiel de la satisfaction du besoin de relation), mais également l’enracinement (permet de s’affilier, de se sentir ancré dans un groupe social). → La question de la reconnaissance est un point clé qui condense plusieurs partie Pensée occidentale Dans la tradition de la pensée occidentale, la question de la reconnaissance est au cœur de la réflexion de l’humain. Si on devait commenter la manière où Hegel situait les choses (selon une observation de Kojeve) : dans le chapitre de la phénoménologie de l’esprit écrit par Hegel, Kojeve commente/ traduit la dialectique du maitre et de l’esclave → Hegel se penche sur la réalité humaine étant définie par le fait que l’humain veut être reconnu par autrui → Ce qui est spécifique à l’humain : pas la conscience, etc. → Il essaye d’aller voir que ce n’est pas dans le côté cognitif mais plutôt du côté des patients et là il voit dans le désir humain quelque chose de spécifiquement humain L’animal désire toujours quelque chose de naturel (se dirige vers un objet) et lorsqu’il mange, il intègre l’objet dans son propre corps. → C’est toujours un objet naturel visé par le besoin animal. → Alors que l’humain, pas nécessairement : l’humain désire quelque chose qui n’est pas naturel, désire être désiré par l’autre, que l’autre confirme la valeur de son existence : Ce n’est pas un objet! Mais Hegel commence à tirer des conséquences : ca produits un tas de difficulté pour la vie humaine! → Si on met 2 humains face à face, tous les 2 habités par ce besoin de reconnaissance, se pose la question de savoir qui reconnait l’autre d’abord, qui cède à faire un pas pour qu’un lien puisse se tisser. → Les deux sont potentiellement dans une position de rivalité, de conflit. → Il pense que c’est cette condition anthropologie de l’être humain qui est au fondement de la conflictualité humaine (guerre, rivalité, etc.). Dans ce conflit, celui qui cède se met en position d’esclave et reconnait l’autre comme son maitre (une asymétrie se créée) → Bien entendu c’est dialectique : le maitre est maitre mais a besoin de l’esclave pour être reconnu, et donc l’esclave est indispensable au maitre! => → se produit un circuit étrange qui est un modèle classique pour réfléchir ce besoin de reconnaissance 111 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein De ce point de vue-là, Smith n’a donc pas complètement tord : l’humain est toujours animé par ce désri la et donc l’économie, la production peut toujours trouver des objets pour satisfaire ce besoin qui a l’air d’être inépuisable. → Dès que les humains établissent un rapport d’égalité, il y a une quête de se distinguer – → ex : Les 2 ont la même voiture, quelqu’un va vouloir avoir une voiture encore meilleure => → Consommation de distinction, moteur de la croissance économique! → Besoin de se sentir en distinction par rapport à autrui, noué à la promesse d’une reconnaissance accrue. Quand Hegel développe sa pensée (et les autres aussi), il parle de la reconnaissance en bloc. b) « La reconnaissance et ses destinées « | Todorov Le mérite du texte de Todorov, c’est qu’il nous force à déconstruire ce concept général et à voir quelques formes de la reconnaissance, des types. Et puis, dans un 2ème temps, des palliatifs : → acceptant que ce désir ne peut pas toujours être rempli, quelles sont les stratégies de substitutions possibles dans l’expérience humaine. On va reconnaitre quelques logiques palliatives 4 manières d’opérer des distinctions quant à la reconnaissance Reconnaissance par conformité vs reconnaissance par distinction Reconnaissance par conformité Reconnaissance par distinction L’humain peut se sentir reconnu lorsqu’il se conforme aux Vouloir être différent des autres, meilleur, supérieur ou autres et aux normes, s’intègre. Il veut être être semblable aux déviant autres → Vaniteux peut tenter, via se vanter, obtenir la reconnaissance (mais souvent que pour un temps) Conformiste « Si par mon travail j’assume une fonction que la société Exemple : le grand sportif, le génie, etc. Suscitent la considère comme utile pour elle, je peux ne pas avoir besoin reconnaissance. Mais le criminel aussi! => d’une reconnaissance de distinction (je n’attends pas à ce qu’on → La transgression, la déviance, voir la prise de risque me fasse sans arrêt des compliments) : je me contente fonctionnent comme des manières d’obtenir la rec. parfaitement de ma reconnaissance de conformité (j’accomplis par distinction mon devoir, je sers mon pays ou mon entreprise). Pour l’obtenir, Mais au sein d’un groupe (des jeunes par exemple), je n’ai pas besoin de solliciter, chaque fois, le regard des autres fonctionne à son tour comme rec. par conformité : j’ai intériorisé ce regard sous forme de normes et d’usages, → Distinction vis-à-vis des adultes, des normes éventuellement de snobisme, et ma seule conformité aux règles institutionnelles me renvoie une image – positive de surcroît – de moi même; → mais au sein du groupe, reconnaissance par donc j’existe. Je n’aspire plus à être exceptionnel mais normal conformité car des normes sont propres à leur ; le résultat est pourtant le même. Le conformiste est en groupe apparence plus modeste que le vaniteux ; mais l’un n’a pas moins besoin de reconnaissance que l’autre » (p. 99). → tous les 2 ont besoin de reconnaissance, la différence est la manière d’obtenir la satisfaction // Fromm → J’ai intériorisé le regard sous forme de normes et d’usage! Lorsque je me plie à un usage, du moment même où cette norme fait partie de ce que je déploie dans mon comportement, il y a un regard intériorisé reconnaissant. C’est là la valeur de la norme Freud : Raison pour laquelle un enfant va s’identifier à la loi? Pour intérioriser un amour Plus caractéristique pendant l’enfance et l’âge adulte Plus caractéristique à l’adolescence : 112 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein « A un certain âge, l’approbation accordée par nos pairs vaut plus que tout, et certainement plus que la satisfaction tirée de la conformité aux règles générales de la société. Cette situation est donc porteuse des dangers : on transgresse facilement la « morale » si l’on peut s’assurer du rire ou de l’étonnement des témoins. Les crimes accomplis en bande n’ont souvent pas d’autre source » (p. 99-100). → Acte adressé à la galerie. → L’adolescent est vulnérable : il peut s’inscrire en faux par rapport à la norme sociale pour sa quête de reconnaissance auprès de ses pairs La reconnaissance n’est pas obtenue qu’en faisant le bien, mais aussi par le comportement criminel, la déviance ! Concerne le déroulement de la satisfaction du désir de rec. En quelque sorte deux « étapes ». On peut vivre sans reconnaissance de ma valeur personnelle mais si on ne reconnait pas mon existence, c’est invivable (c’est une étape fondamentale) Reconnaissance de mon existence (attention) Reconnaissance de ma valeur (approbation) C’est une étape fondamentale! Ne peut avoir lieu que si la 1ère « étape » est déjà réalisée → Si on reconnait mon existence, alors je me soucierai de la (reconnaissance de mon existence) reconnaissance de ma valeur → L’autre acte que je suis là, que j’ai une signification, même Non satisfaction => Rejet (refus de Confirmation de ma si je n’ai pas de valeur (quand on critique quelqu’un par valeur) exemple) Non satisfaction => Déni de reconnaissance La Rochefoucauld : « On aime mieux dire du mal de soi même Adam Smith : « Être oublié des hommes ou en être que de n’en point parler » (p. 100) désapprouvé sont des choses entièrement différentes » → Quand une personne parle mal de soi-même, on l’écoute : (p.100) on reconnait son existence. Et ceci, même si la valeur → Être désapprouvé : remise en question de ma valeur personnelle est au plus bas → Être Oublié : touche la question de mon existence, je → Si quelqu’un reste en silence, il pourrait faire l’expérience ne suis plus reconnu de mon existence désagréable que les autres ne reconnaissent pas son existence On peut être indifférent à l’opinion que les autres ont de nous, « Réciproquement, l’admiration des autres n’est que la mais on ne peut rester insensible à un manque de forme la plus voyante de leur reconnaissance, car elle a reconnaissance de notre existence même. trait à notre valeur; mais leur haine ou leur agression le sont aussi, bien que de façon moins évidente » (p.100). William James (psychologue) : « Il existe des personnes dont l’opinion nous importe peu et dont nous sollicitons néanmoins l’attention » (p. 101). → Pourquoi demander l’avis de quelqu’un, alors que ça nous importe peu? → Le fait qu’il nous donne son avis, c’est le fait qu’il nous réponde et reconnaisse notre existence 113 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein Reconnaissance directe et indirecte Reconnaissance directe Reconnaissance indirecte Quand quelqu’un m’adresse son amour, je reçois une Par exemple : Se sentir nécessaire pour les autres (donc reconnaissance directement reconnu) et pour reconnaitre les autres → Mère dévouée à ses enfants Reconnaissance intérieure et extérieure Reconnaissance intérieure Reconnaissance extérieure Par exemple : La gloire, qui implique le respect d’autrui Par exemple : Le prestige, qui implique l’envie d’autrui plus que le respect → Pas toujours la meilleure manière Compensation de/du désir de reconnaissance Que fait l’humain quand il ne peut pas obtenir la reconnaissance? Palliatif : 3 voies, 3 stratégies de compensation : Ces déficits sont inévitables parce qu’il y a quelque chose d’inassouvissable au niveau de la reconnaissance [1. Revenir à la charge jusqu’à obtenir satisfaction : J’insiste, je la demande encore et encore sous une forme du surenchère, allant même jusqu’à la violence. [2. Demander une autre reconnaissance plus facile à obtenir (Rec. de substitution) : Si je ne peux pas obtenir une forme de reconnaissance, j’en trouve une plus à ma portée. → Je veux être président, ca ne va pas, donc je me contente d’être délégué de cours → On trouve des formes plus à notre portée → On peut faire par procuration ici [3. Agir sur la demande de reconnaissance elle-même pour parvenir à y renoncer : si je n’arrive aucune des 2 autres voies, il ne me reste plus qu’a agir sur le désir lui-même → Le renoncement serait la forme la plus intéressante mais au moins, si je ne peux pas y renoncer, ne pas le sentir Exemple de compensation où l’on voit apparaitre ces logiques [1. Obtenir la sanction → Surenchère dans la demande de rec. qui peut aller jusqu’à la violence. → C’est clairement un exemple de la logique de « revenir à la charge jusqu’à obtenir satisfaction ». → Dans la violence, le sujet peut obtenir une rec. de son existence, bien que non de sa valeur personnelle. → La violence serait une situation où le sujet cherche à «prendre de force» la reconnaissance qu’il n’obtient pas de gré. [2. La transgression → quand le sujet n’obtient pas la rec. « officielle » (par conformité), la transgression est une manière de se faire reconnaître par distinction. → C’est un exemple de rec. de substitution 114 Q2 - psychologie | Anna Sonnenschein [3. Jouir de la reconnaissance par procuration → admiration des personnages, l’idolâtrie ou le fanatisme. → Il s’agit aussi de substitutions : Lorsqu’un fanatique d’une star voit sa star recevoir des prix, par procuration, il se sent reconnu (pareil pour les supporters de foot) → Capacité humaine de pouvoir distribuer ce qu’on ne peut pas obtenir de manière directe [4. Entretenir un illusion de reconnaissance (ex : la vantardise) → La vantardise c’est pousser à l’extrême la quête de reconnaissance en racontant des mensonges, pour épater la galerie et obtenir la reconnaissance [5. Les renoncements Consistent à, si je peux pas insister/me plaindre, ni substituer, agir sur le désir lui-même en essayant de renoncer (ou à ne pas le sentir, l’anesthésier) Plusieurs comportements → Autisme : 1001 variantes mais c’est un type d’existence où les individus ne vont pas chercher à être reconnus par leur entourage (source de souffrance des parents) → Fusion avec le monde (mystification) : « j’ai besoin de personne » → Orgueil : n’affiche pas son manque. « Je n’ai besoin de rien » o fait souffrir aussi l’entourage, qui va se sentir insignifiant → Dévouement → Jouer la victime → Drogues-alcool : pour anesthésier le désir de reconnaissance o Interview de jeunes concernant la consommation d’alcool dans les « pakis » avant d’aller en soirée : Pourquoi en boire avant d’aller en soirée? Car c’est moins cher chez le paki qu’en boite mais aussi importance d’arriver « cool », ne pas être soucieux de qui nous regarde ou non, nous parle, etc. o L’alcool leur permettait d’arriver dans un état dans lequel ils n’étaient plus en quête de reconnaissance, anesthésient leur désir. Si ils viennent sans alcool, ils sont trop vite blessés et ça gâchera leur soirée (quelqu’un qu’il connait ne le regarde pas, etc.). Plutôt l’anesthésier que l’anéantir Conclusion Le texte nous aide à comprendre que le type de reconnaissance peut varier et qu’il est même possible d’y renoncer. Cette voracité de reconnaissance, dans la mesure qu’on peut la réfléchir/en parler (en étant conscient de nos propres ambitions, qui nous pousse à vouloir désirer) peut aussi commencer à se pacifier car l’humain est capable d’y renoncer. → C’est nécessaire pour l’auto-limitation des désirs et des besoins : c’est l’aptitude à être conscient de la façon dont nous sommes fait, les passions qui nous traversent —> → C’est la seule manière de parvenir à y renoncer (on ne peut renoncer à quelque chose qu’on ne sait pas nommer) Désir de reconnaissance // Narcissisme (psychanalyse) : quête de s’assurer d’une place dans le désir de l’autre. → Ce n’est pas un synonyme, mais du point de vue fondamental, il y a un lien 115

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