Psychology Social II 2021-2022 PDF
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2021
Petit Cerisier Maëva
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This document is a summary of social psychology, covering social representations and cultural influences. It discusses the theory of social representations and the work of Serge Moscovici, and looks at how culture influences social phenomena.
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Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Psychologie sociale II 1 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Partie 2 : L’influence sociale. Chapitre 5 : Sens commun et culture Il y a un intérêt de la psychologie sociale pour la culture. En ef...
Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Psychologie sociale II 1 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Partie 2 : L’influence sociale. Chapitre 5 : Sens commun et culture Il y a un intérêt de la psychologie sociale pour la culture. En effet, les concepts étudiés en psychologie sociale sont souvent culturels (normes, stéréotypes, représentation sociale (= RS)). Dans cette perspective, la culture est souvent conçue comme une variable modératrice des phénomènes mis en évidence par les psychologues sociaux. 1. Les représentations sociales Il existe des changements permanents comme la technologie, économie, environnement, social, etc. Ce n’est pas évident pour les individus. Comment les gens s’y adaptent-ils ? Comment appréhender le réchauffement climatique, une pandémie, une crise financière, une guerre, etc. quand on ne s’y connait pas ? Une activité cognitive considérable va se mettre en place pour appréhender le nouveau phénomène. Serge Moscovici (1961) se posait ces questions (il s’agit d’un des psychologiques sociaux les plus importants en France). Il a fait la théorie des représentations sociale qui se trouve dans son livre « La psychanalyse, son image et son public ». Malgré son nom, ce livre ne parle pas de psychanalyse mais plutôt de la manière dont les individus s’appropriaient des savoirs. Il met en évidence que quand un savoir expert se propage chez des non-expert, il y a une certaine transformation de celle-ci. → Les représentations ne seront pas les mêmes que dans les écrits des experts. Autrement dit, il y a : - Une diffusion d’une théorie ‘scientifique’ dans une culture Une transformation du savoir Les représentations sociales sont des représentations partagées qui ont comme fonction d’apprivoiser ce qui nous est inconnu, en le rendant familier. Elles dépendent de l’existence de modes de pensée distincts. À son époque, la psychanalyse est : - Un savoir nouveau En voie de diffusion Impliquer dans la vie quotidienne Moscovici va également s’intéresser à la genèse d’une représentation sociale : mise en commun des informations, ce qui amène à un travail collectif d’interprétation et ce qui donne une émergence de conceptions majoritaires. → Elles vont être utilisé par les gens de tous les jours pour donner sens à la réalité. 2 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 En développant la notion de représentation sociales, Moscovici s’inscrit dans la lignée du sociologue Émile Durkheim qui opposait les représentations collectives, partagées par toute une société et très stable aux représentations individuelles. Origine du concept : Durkheim Pour Durkheim, une société est une grande collectivité comme par ex, la France. Moscovici propose le terme représentation sociales : il pense que dans les sociétés modernes, la représentation collective n’est pas approprié car il existe pleins de sous-groupe dans une société. Cette représentation se trouve donc entre les deux mises en avant par Durkheim. Dynamique = s’adaptent Moscovici a différencié deux types de savoir : Savoirs experts - Science - Style de pensée formel - Écrit - Produit dans des cadres déterminés - Validité empirique Ex : faire des tests, la mettre en épreuve pour garder ou rejeter l’hypothèse - Critères logiques Savoirs profanes = pas expert - Sens commun - Style de pensée ‘naturel’ - Oral - Production ‘décentralisée’ - Validité consensuelle → si les gens sont d’accord avec nous, on va dire que l’on a raison. Or, on peut être très nombreux à avoir tort. - Valeurs et normes sociales → Ces deux savoirs n’ont pas la même fonction. - Expert = apprendre des choses Profanes = entrer dans un groupe, une communauté La polyphasie cognitive, selon Moscovici est le fait que des modes de pensée radicalement différents peuvent coexister chez les mêmes individus. Cela explique que les représentations sociales sont souvent associées à des modes de pensée qui peuvent sembler dénués de logique et de rationalité. 3 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Pensée symbolique ou naturelle Il s’agit de différent extrait d’interview • Répétition informelle « Les grands possédants des USA veulent se servir de la psychanalyse pour détourner les classes laborieuses de la lutte pour améliorer leurs conditions de vie … Le développement extra-médical de la psychanalyse est dû au fait que les possédants doivent trouver quelque chose qui contrebalance ce développement de tous les hommes pour un changement de vie quantitatiff et qualitatif, etc. » (p. 257). • Causalité mixte Si deux événements sont perçus ensemble, l’un est censé être la cause de l’autre « La psychanalyse serait un des facteurs religieux de redressement moral des plus importants. Il est à remarquer que c’est depuis l’existence de la psychanalyse que les mouvements catholiques, les prêtres ouvriers se sont développés » (p. 259) → Attention aux erreurs entre cause et causalité. • Primat de la conclusion - « Au lieu que l’enchaînement logique coïncide avec l’orientation du jugement, et la détermine, c’est cette orientation qui détermine l’enchaînement logique » (Moscovici, 1976, p. 261) Enquête sur l’affaire Dutroux (Licata & Klein, 2000). Ils ont posé une question pour savoir comment Dutroux, ou des gens comme lui, agissent : «Un pervers, euh, enfin moi je crois que ce sont des gens, malades c'est trop facile, il y a des gens malades, enfin pour moi je trouve ça trop facile, euh, des gens qui ont des sérieux problèmes, mais comme on voit qu'ils répètent chaque fois, qu'ils recommencent chaque fois, quelle est la solution ? Ça j'en sais rien. Comment lui en est arrivé là ? Ben je sais pas, c'est, c'est, c'est une essence humaine (= c’est un monstre). » (Interview CB3 ; femme, Comité Blanc) - • Polyphasie cognitive : des modes de pensée radicalement différents cohabitent Des universitaires refusent de consommer de l’eau contenant une mouche en plastique désinfectée (Rozin et al., 1990) : comme si la symbolique de la mouche (la mort, la saleté́ ?) pouvait être transmise à l’eau et à celui qui la consommait. Il y a deux processus importants dans les représentations sociales selon Moscovici : - Ancrage Objectivation 4 Petit Cerisier Maëva • Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Ancrage L’ancrage consiste à raccrocher un phénomène inconnu à des choses connues - - Le psychanalyste ≈ prêtre, médecin, magicien Gilets jaunes et mouvements politiques extrêmes → Ils ont été raccroché à un mouvement d’extrême droite Attentats soit comme mouvement djihadiste ou comme manipulation de l’Etat SIDA comme une punition divine « Le COVID n’est qu’une mauvaise grippe » Le siège de Marioupol (Ukraine) est comme le siège de Leningrad (Russie) (19411944) → Utilisé pour dire aux Russes qu’ils sont en train de faire la même chose de ce qu’ils ont vécus Étrange vers familier Menaçant vers rassurant Il existe, dans l’ancrage social des liens entre l’objet représenté et des catégories sociales. Ex : - « Il s’agit d’une mauvaise chose. Cela ne fait pas parti de mon groupe ; ça ne me concerne pas. » Pour les communistes, la psychanalyse = science bourgeoise venue d’Amérique • Objectivation L’objectivation consiste à représenter un phénomène inconnu sous une forme matérielle et inspire des comportements. Ex : l’immigration comme une vague ou un raz de marée Le savoir doit être compréhensible par des gens qui ne sont pas experts. On va d’ailleurs transformer des concepts difficiles en image (la marée des migrants). « Si on ouvre aux migrants, on se fait envahir » → Cela est très déshumanisant. Voici une étude de Jimenez et al (2010) mettant en exergue cette métaphore. - - Les postes sur les médias sociaux qui évoquent la métaphore de l’inondation tendent à soutenir la construction d’un mur. → Corrélation entre l’inondation et le mur. Les participant·es exposé·es à cette métaphore soutiennent davantage la construction d’un mur. On voit que les images entraînent des conséquences. 5 Petit Cerisier Maëva 1.1. Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Ancrage et objectivation Voici une étude sur les représentations sociales de la conception (Wagner, Elejabarrieta et Lahnsteiner, 1995). → L’objectification prend ici la forme d’une métaphore. Les spermatozoïdes étaient perçus comme plus « actifs », « forts » et « dominants » que les ovules. → Les gens rejettent sur les gamètes des stéréotypes de genre. Cette utilisation des stéréotypes est plus marquée chez les personnes conservatrices, attachées à des rôles de genre bien distincts. Voici la représentation des spermatozoïdes au 18e siècle. On remarque que toutes les informations se trouvent déjà dans ceux-ci et que la femme ne sert donc que de réceptacle. 1.2. L’approche structurale L’approche structurale est une approche qui se penche sur des représentations plus stabilisées. On appelle cela la théorie du noyau central (Abric, 2001). Dans ce noyau, on retrouve des : - Eléments centraux qui comprennent un ou quelques éléments, est consensuel, est stable et structure la représentation - Eléments périphériques qui comprennent des variations individuelles sensibles au contexte ainsi que des fonctions adaptatives. → Ces éléments servent de tampon entre la réalité extérieure et le noyau qui est défendu (il change rarement). On passe souvent par des associations de mots (début et suite de la liste). Exemple de représentations sociales de la crise économique de 2008 pour les plus ou moins vulnérables (Lemoine et al., 2016). Les personnes (français.e.s) devaient évoquer les termes qui leur viennent à l’esprit en pensant au concept de crise économique (= association libre). - Plus vulnérables : chômage = élément central – pauvreté et argent = éléments périphériques 6 Petit Cerisier Maëva - Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Ici, il s’agit de conséquences. ➔ Réponses intuitives et émotionnelles Moins vulnérables : argent = élément central – finances et dettes = éléments périphériques → Il s’agit des causes ➔ Perspective plus globale Selon les auteurs de cette étude, les moins précarisé.e.s parviendraient à se représenter la crise de façon plus globale alors que celles et ceux qui sont les plus directement touché.e.s offriraient des réponses plus intuitives et émotionnelles. 1.3. L’approche des principes organisateurs Selon une approche alternative, les représentations sociales sont plutôt représentées par des dimensions qui organisent la perception de l’objet (= École de Genève). Ces dimensions correspondent à des principes organisateurs, c’est-à-dire que les individus s’accordent sur ces dimensions mais peuvent se positionner différemment sur ces axes (les chercheurs vont s’intéresser à la manière dont différents groupes sociaux vont prendre des positions par rapport à d’autres groupes sociaux). On y retrouve aussi des ancrages. On procède par associations de mots et on regarde les cooccurrences. On retrouve une analyse de contenu : analyse des correspondances. Un exemple de ceci est l’étude de Lavallée et al (2004) sur la représentation de l’alimentation (associations libres de « manger »). - Les répondants ne se distribuent pas de la même façon sur ces axes Favorisés du côté hédoniste (= « plaisir », « fraîcheur », « détente ») tandis que défavorisés du côté nutritionnel Enseignants sont du côté quantitatif (= « nourriture », « avaler », « quantité ») et plutôt nutritionnel (= « produits laitiers », « viande », « croissance ») Analyse de correspondance simple sur le mot « manger » à partir des associations émises par les parents et les enseignants (d’après Lavallée et al., 2004). 7 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 On voit que différentes catégories de répondant.e.s ne se positionnent pas de la même façon sur ces deux axes. Le public le plus défavorisés se situe davantage sur le pôle nutritionnel alors que le public favorisé se retrouve plus dans une approche hédonique. En connaissant la position de l’autre, on peut prendre des décisions : les individus prennent position sur ces axes de façon différente en fonction de leur insertion sociale, et plus particulièrement de leur appartenance à certains groupes. 1.4. La diffusion des représentations sociales (= RS) Pour Moscovici, la régulation des RS, de la pensée sociale, passe par un méta-système (= Audessus d’un système de communication et qui régule les représentations sociales) communicationnel. Ainsi, il y a des filtres normatifs, culturels et de croyances. Certains types de croyances et de pensées seront acceptables ou non selon les normes qui sont applicables. Le méta-système dépend fortement de l’ancrage socio-culturel des individus mais aussi des technologies disponibles (oral, grande échelle de distribution comme journal ou très grande échelle comme internet). Pour la psychanalyse, Moscovici concevait trois modes de communication médiatique : - - Diffusion par la presse d’information = diffuser des informations : permet à chacun de se former une opinion en transmettant des informations Propagation : une source indique à un groupe comment assimiler les informations (= Comment interpréter les informations et ce que l’on doit en faire). Elle suppose un rapport d’autorité entre la source et l’audience. → Plus précis Propagande : elle vise également un groupe précis mais cette fois, il s’agit clairement de prescrire des comportements visant à préserver ses intérêts en stigmatisant des exogroupes concurrents. → On donne l’ordre de se comporter d’une façon compatible avec l’autorité et ce que l’on pense être le mieux pour notre groupe Les nouvelles technologies amènent d’autres modes de communication : rumeurs médiatiques sur internet (Buschini et Lorenzi-Cioldi). 2. La transmission culturelle Les idées et les représentations se transmettent. Bartlett a d’abord travaillé sur le paradigme de rappel. Il présente aux sujets une légende amérindienne « La guerre des fantômes ». Il leur demande de se la rappeler à plusieurs reprises. Plus le délai entre la présentation et le rappel est important, plus le récit se simplifie. Il a montré que les éléments qui se perdent sont ceux non conformes aux schémas. (Certains éléments disparaissent ou se transforment). Les schémas sont des structures préexistantes (partagées culturellement). 8 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Bartlett ne s’est pas intéressé uniquement à la mémoire individuelle mais à sa transmission. Il a donc travaillé sur la transmission avec la reproduction sérielle (comme un téléphone arabe). Ce principe sera fait soit avec des textes ou des images (dessiner ce qu’ils ont vu comme forme, par exemple). Une fois que c’est devenu un chat ou un hibou, ça reste ainsi et ça ne bouge plus → Forme familière Comme pour la mémoire individuelle, ces changements ne sont pas aléatoires. Le matériel tend souvent à se cristalliser petit à petit pour prendre une forme stable. La guerre des fantômes (Bartlett, 1932) Un soir, deux jeunes gens d'Egulac ont descendu la rivière pour chasser le phoque, et alors qu'ils se tenaient là, le brouillard est devenu calme. Ils entendirent des cris de guerre et pensèrent : « C'est peut-être une expédition guerrière ». Ils ont fui vers la plage et se sont cachés derrière une bûche. Les canoës arrivaient bientôt, et ils entendirent le bruissement des pagaies et virent un canoë se diriger vers eux. Il y avait cinq hommes dans le canot, et ils dirent : "Qu'en pensez-vous ? Nous voulons vous emmener avec nous pour combattre avec certaines personnes." Un jeune homme a dit : "Je n'ai pas de flèches." "Les flèches sont dans le canoë", répondirent-ils. « Je ne viendrai pas. Je pourrais me faire tuer. Mes parents ne savent pas où je suis allé. Mais toi, ajouta-t-il en se tournant vers son compagnon, tu peux aller avec eux. Alors un jeune homme est parti, tandis que l'autre est rentré chez lui. Et les guerriers ont parcouru la rivière jusqu'à une ville de l'autre côté de Kalama. Les habitants ont couru vers l'eau et ont commencé à se battre, et beaucoup ont été tués. Mais à un moment donné, le jeune homme entendit l'un des guerriers dire : « Vite, revenons en arrière, cet Indien a été touché. Puis il pensa : "Oh, ce sont des fantômes." Il ne se sentait pas mal, mais ils ont dit qu'il avait été touché. Alors les pirogues retournèrent à Egulac, et le jeune homme débarqua chez lui, et alluma un feu. Et il a dit à tout le monde : « Écoutez, j'ai accompagné les fantômes, et nous nous sommes battus. Beaucoup des nôtres, et beaucoup de nos adversaires, sont tombés. Ils ont dit que j'avais été touché, mais je vais bien. Il termina son histoire, puis se tut. Au lever du soleil, il tomba au sol. Quelque chose de noir est sorti de sa bouche. Son visage se tordit. Tout le monde se leva en hurlant. Il était mort. Bartlett met en avant la conventionnalisation (il s’agit d’un processus où l’élément extérieur acquiert une forme stable dans le groupe) : - Assimilation à des schémas (on ramène dans le déjà connu) → S’apparente à l’ancrage Simplification Transformation culturelle (on rend compatible les informations aux schémas déjà partagées) Les schémas sont communicables dans une même culture. 9 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Expérience d'Allport & Postman (1947) Allport et Postman (1947) ont fait une étude sur la transmission des rumeurs avec l’utilisation du paradigme de reproduction sérielle. On voit un homme blanc qui tient un rasoir dans une rame de métro. Les sujets qui voient ce tableau vont devoir l’expliquer au prochain et ainsi de suite (il y a 6 ou 7 participants). On montre au premier sujet le dessin : un homme noir et un homme blanc qui sont dans une rame de métro. Le noir est plutôt sur la défensive et l’autre est menaçant et tiens un rassoir dans la main. → Il s’agit de quelque chose de contre-stéréotype car habituellement, le stéréotype c’est que les personnes noires sont violentes (et donc, ont le rassoir). Quelquefois, la scène est transformée (50%) pour que cela correspond aux schémas (donc que l’homme noir tienne le rassoir. → Ce n’est pas ce qui est vraiment mis sur l’image). → Changement de propos pour être en accord avec les schémas connus 2.1. Rumeurs, objectivation et ancrage Bangerter (2000) montre un texte long et complexe sur la fécondation. Les cellules sexuelles y sont décrites de manière très passive : ce sont les mouvements induits par les parois de l'utérus et des trompes de Fallope qui assurent leur transport. Il y a plusieurs chaînes de rumeurs de 4 générations : Il s’agit de processus qui ont lieu dans la communication. Attention que la communication transforme aussi les informations. Texte de l'étude de Bangerter La fécondation prend place dans la trompe de Fallope, entre l'ovaire et l'utérus. L'ovule, qui se développe dans l'ovaire, est transporté vers la trompe de Fallope. Les parois de la trompe de Fallope sont couvertes de cils. Le mouvement de ces cils crée un courant de liquide qui transporte l'ovule jusqu'au lieu de fécondation. Les contractions musculaires des parois de la trompe de Fallope contribuent également largement au transport de l'ovule. L'intensité des mouvements ciliaires et la force des contractions dépendent de l'équilibre entre les hormones sexuelles, œstrogène et progestérone. De cette manière, l'ovule atteint le lieu de fécondation. Pendant la copulation, le 10 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 sperme est déposé directement dans le vagin. Les contractions du tractus génital féminin ont un rôle particulièrement important dans le transport des spermatozoïdes vers le lieu de fécondation. Ici aussi, les cils de la trompe de Fallope créent un courant qui facilite le transport des spermatozoïdes. Les spermatozoïdes sont principalement transportés passivement vers le lieu de fécondation. En chemin vers la trompe de Fallope, la plupart des spermatozoïdes meurent. Bien que plusieurs centaines de millions de spermatozoïdes sont amenés dans le vagin, seules quelques centaines de milliers atteignent le lieu de fécondation. La rencontre du spermatozoïde et de l'ovule se fait apparemment au hasard. Il n'est donc pas vrai que les spermatozoïdes ont le sens de l'orientation, ou que l'ovule, d'une certaine manière, attire chimiquement les spermatozoïdes. Le premier contact a lieu grâce à une réaction d'attachement causée par des substances à la surface de l'œuf et du spermatozoïde. Un seul spermatozoïde doit pénétrer dans l'ovule à travers les couches de membrane. Cela est rendu possible par une dissolution locale des couches de membrane par ce que l'on appelle des lysines, qui proviennent probablement de la tête du spermatozoïde. C'est seulement alors qu’a lieu la fusion de l'ovule et du spermatozoïde. Immédiatement après la fusion, d'autres processus ont lieu, qui mènent, entre autres, à un durcissement de la membrane de l'ovule. La membrane modifiée empêche d'autres attachements de spermatozoïdes. Résultats : - - Diminution habituelle du volume d'information : 290 mots dans le texte ; 107 en 4° génération Personnification ➔ Accroissement de la proportion des verbes d'action ➔ Les cellules sexuelles se retrouvent plus souvent en position de sujet. Elles sont plus actives que dans le texte original Stéréotypisation : Augmentation de la proportion de phrases où le spermatozoïde est le sujet et l'ovule l'objet → Le spermatozoïde voyage activement Comme nous l’avons vu, la théorie des représentations sociales suggère que l’élaboration de représentations sociales réponds à une motivation consistant à apaiser l’anxiété face à un phénomène inconnu et potentiellement menaçant. L’étude de Bangerter et Heath (2004) s’est ainsi intéressé à la transmission de l’« Effet Mozart » (légende scientifique, les gens croient que si les bébés écoutent du Mozart (même fœtus) ils seront plus intelligents.). Selon une étude scientifique, faire écouter de la musique classique à des étudiant·es augmenterait l’intelligence. Les médias, eux, parlent d’exposer des enfants et des bébés pendant la grossesse les rendraient plus intelligent. Or, ça n’a jamais été démontré. Qu’on fasse écouter du classique ou du metal, c’est la même chose. ➔ Il s’agit d’une légende scientifique Apparemment, cette dérive répond à une inquiétude, liée au système éducatif défaillant. Les auteurs ont mesuré le niveau d’intérêt pour l’effet Mozart dans 34 états US. → Les indicateurs de cette défaillance éducative (salaire des profs, performances des enfants à des tests, etc.) prédisent bien l’intérêt pour l’effet Mozart dans les médias. 11 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Mais pourquoi les gens transmettent-ils l’information ? → Cela permet aux membres du groupe d’apaiser une sorte d’inconnu qui fait peur. Plus généralement, un facteur qui semble jouer un rôle déterminant dans la transmission des rumeurs est la sélection émotionnelle. On transmet de préférence des informations susceptibles de susciter des émotions. → Les informations qui suscitent dégoût, surprise, intérêt, etc. sont privilégiées par les médias Heath, Bell et Sternberg (2001) examinent des légendes urbaines suscitant du dégoût (ex. trouver un rat dans une cannette de soda) • Étude 1 Les participant·e·s estiment la probabilité qu’iels racontent cette histoire. Les histoires les plus « dégoutantes » étaient les plus susceptibles d’être racontées. • Étude 2 Manipulent le contenu des histoires : Versions « peu », « moyennement » et « très dégoûtante » Le niveau de dégoût suscité par les histoires prédit la probabilité qu’elle soit racontée à autrui. Le même mécanisme est utilisé pour les ragots. → Certaines émotions sont privilégiées en fonction du niveau d’intimité avec l’audience : on ne raconte pas la même histoire à un ami qu’à une personne inconnue. La sélection émotionnelle est liée au tissage des relations sociales. Les émotions associées aux informations que nous transmettons permettent de façonner au mieux notre réseau social. 3. La mémoire collective La mémoire collective est un ensemble de représentations partagées du passé sur une identité commune aux membres du groupe. Elle renforce la solidarité entre les individus en nourrissant une identité commune. Elle est guidée par des préoccupations présentes et se forme, se modifie ou se dissout en fonction des appartenances sociales en jeu. Selon Maurice Halbwachs (un sociologue), la mémoire collective correspond à un ensemble d’hommes qui se souviennent en tant que membres d’un groupe. Les souvenirs dépendent des relations et des appartenances sociales. Celles-ci servent de point de repère guidant l’émergence des souvenirs, leur contenu et leur interprétation. 3.1. Mémoire individuelle et collective Les porteurs (= membres du groupe qui se souviennent) de la mémoire collective sont des êtres socialement et culturellement situés qui utilisent un ensemble de vecteurs ou d’outils culturels associés à leur collectivité. On peut se souvenir ensemble dans l’oral, les livres (romans, manuels d’histoire), l’art, cimetière, minute de silence, … 12 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 La mémoire collective est donc le produit d’une interaction entre les mémoires individuelles et les pratiques et institutions sociales qui les englobent. - La mémoire vive correspond aux souvenirs des personnes qui ont vécu les événements La mémoire officielle correspond aux représentations institutionnalisées du passé Ces deux types de mémoires peuvent être convergente, divergente (les gens ne se reconnaissent pas ; l’histoire n’est pas la même (= conflit de mémoire) et va à l’encontre de la représentation officielle) ou encore être en conflits de mémoires. Ex : Mémoire officielle d’une France résistante VS mémoire vive des victimes juives de la collaboration du gouvernement de Vichy. (La France a résisté MAIS on a moins parlé de la déportation des juifs avec l’aide du gouvernement) 3.2. Formation et transmission de la mémoire collective Pour que des souvenirs engendrent une mémoire collective, 3 conditions : - Ils doivent être transmis, ce qui nécessite un réseau de communication au sein de la collectivité Ils doivent converger vers une forme commune Ils doivent se stabiliser Il a y plusieurs canaux possibles : conversations (= principaux vecteurs de la mémoire familiale), médias, artefacts, et les rituels (ces 3 là = mémoire nationale). Les émotions contribuent au maintien de la mémoire collective. Ainsi, le partage social d’émotions lors des rituels dans le cadre desquels on rappelle un passé glorieux (ou triste) renforce l’identité collective et contribue à maintenir les souvenirs vivaces. L’oubli sélectif fait partie de la mémoire (à distinguer des tentatives politiques d’oubli = censure). Les souvenirs flashs : que faisiez-vous lorsque avez appris les attentats à l’aéroport de Zaventem et à la station Maelbeek le 22 mars 2016 ? → L’alunissage, la mort du Roi Baudouin, les attentats de Bruxelles, Charlie Hebdo… Informations contextuelles précises : lieu, images concrètes. ➔ Des études montrent que ce n’est pas forcément exact. Les gens ne vont pas toujours avoir les bons souvenirs : teinter des émotions liées aux évènements. Hirst et al (2015) ont examiné les souvenirs flashs associés aux attaques du 11 septembre 2001 sur une période de 10 ans. Ils observent une dégradation durant la première année, puis une stabilisation quand la mémoire a trouvé la bonne forme. 3.3. Mémoire collective et identités sociales La mémoire collective propose une représentation partagée du passé du groupe et répond souvent aux exigences d’une image positive de celui-ci. Nous allons utiliser l’histoire pour nous glorifier. 13 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Exemple de ça : les membres de deux groupes religieux en Inde ne rappellent pas autant les événements (étude de Sahdra & Ross, 2007) : - Selon leur appartenance : plus d’épisodes de victime que de bourreau - Selon leur degré d’identification : différence plus marquée pour les plus identifiés La victimisation passée semble conférer un droit dans le présent. Ceci tend à suggérer que le fait de se rappeler mieux des évènements qui dépeignent notre groupe de façon positive répond à une motivation identitaire. Suite à un conflit, chaque groupe tend à offrir une justification morale à ses actions passées. Cela peut se traduire par le développement d’une mémoire victimaire projetant toute la responsabilité sur l’autre groupe. La valeur morale accordée au statut de victime, et les bénéfices symboliques et matériels susceptibles d’en découler peuvent entraîner différents groupes minoritaires dans une concurrence des victimes : chaque groupe se sentant plus justifié à revendiquer le statut de victime. Ce sentiment de victimisation peut également susciter une tendance chronique à se sentir en danger et menacé par d’autres groupes. Ceci peut à son tour conférer une apparence de légitimité à des méfaits commis aujourd’hui par l’endogroupe à l’égard d’autres groupes. Vollhardt et Bilali (2015) montrent dans leur étude qu’il y a 2 manières de se rappeler de sa victimisation : - - La conscience victimaire exclusive : expériences de victimisation de l’endogroupe conçues comme uniques et sans commune mesure avec le sort des victimes d’autres groupes et d’autres conflits Conscience victimaire inclusive : expériences de victimisation conçues comme similaires à celles d’autres groupes Il s’agit d’études menées au Rwanda, au Burundi et en République Démocratique du Congo, des pays touchés par un génocide et des guerres civiles, montrent que la conscience victimaire inclusive était associée à une volonté de soutenir des victimes appartenant à d’autres groupes que le sien. L’inverse pour la conscience victimaire exclusive. La victimisation a des effets différents selon la façon dont elle est conçue et représentée 14 Petit Cerisier Maëva 3.4. Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Mémoire et émotions collectives Les individus peuvent ressentir des émotions en tant que membres d’un groupe. - Les gloires du passé engendrent un sentiment de fierté. Les actes immoraux du passé peuvent susciter un sentiment de culpabilité collective même si on n’y a pas participé S’il y a culpabilité alors on peut s’attendre à des comportements de réparation. → Cela reste rare car justification morale, dissociation d’avec les ancêtres, abandon du groupe ou déni permettent de s’y soustraire. Les groupes essaient d’éviter ce genre de sentiment. Klein, Licata et Pierucci (2011) on fait une étudie où il se pose comme question : « Peut-on se sentir coupable en tant que Belge pour ce qu’ont fait nos ancêtres au Congo ? » La réponse à cette question dépend de l’identification des répondants à la Belgique. Les moins identifié.e.s n’ont pas de raison de ressentir de la culpabilité. À l’autre extrême, la culpabilité n’est également pas vécue ; ces individus vont se défendre pour dire que ce n’est pas eux. Ceux qui vont ressentir cette culpabilité, ce sont les individus qui se trouvent au milieu de l’échelle. Ceci a des conséquences sur les attitudes vis-à-vis de la réparation possible des dommages infligés au Congo. → La réparation et la culpabilité sont assez corrélé. 4. Les théories du complot Les deux écueils lorsqu’on parle de théories du complot : 4.1. Définir les théories du complot Cela est difficile dans le langage courant… Quant est-il des définitions académiques ? • Approches agnostiques Ici, nous allons voir des définitions qui ne prennent pas position sur la valeur intrinsèque des théories du complot. → Il s’agit de définitions épistémologiquement agnostiques (Nera & Schöpfer, 2022). 15 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Définition de travail (Nera & Schöpfer, 2022) : affirmation selon laquelle les autorités médiatiques, scientifiques et politiques cherchent à tromper le public, afin de permettre à un ou plusieurs groupes de mettre en œuvre un plan mal intentionné. → Ni forcément fausses ni forcément irrationnelle Les approches agnostiques a une explication d’événements reposant sur l’action cachée et concertée d’un petit groupe agissant en secret (Keeley, 1999). Il y a des croyances que certains groupes se réunissent en secret dans le but d’accomplir un but malveillant (basé sur Zonis & Joseph, 1994). Distinction entre « croyances en l’existence d’un complot » et « théorie du complot » ? • Approches normatives Il s’agit de définitions qui prennent position sur la valeur intrinsèque des théories du complot. → Définitions épistémologiquement normative. Keeley (1999) : notion de “théories du complot injustifiées” (= unwarranted conspiracy theories) Théorie du complot : “Proposition d'explication d'un ou de plusieurs événements historiques en se référant à l'action causale significative d'un groupe relativement petit de personnes les conspirateurs – qui agissent en secret”. Théories du complot injustifiées : - >< version établie par les autorités épistémiques Intentions malfaisantes Mises en lien de données éparses Implication de figures publiques dans le secret Fondées sur des “données errantes” (errant data) Est-ce qu’on n’inclut pas la conclusion dans la question ? Est-ce opérant à l’échelle psychologique ? Adapté aux outils en psychologie ? Risque de restreindre le champ d’étude ? 4.2. Perspectives actuelles et axes de recherche en psychologie sociale Le présupposé fondamental de la recherche sur les théories du complot Goertzel (1994) : le meilleur prédicteur de l’adhésion à une théorie du complot est l’adhésion à une autre théorie du complot – même sans lien apparent (e.g., Sutton & Douglas, 2020; Swami et al., 2011; Brotherton et al., 2013, …), voire opposées (Wood et al., 2012). ➔ « Système de croyances monologique » 16 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Présupposés : - Les croyances complotistes sont – au moins pour partie – sous-tendues par des mécanismes similaires. Les croyances complotistes peuvent être étudiées comme un phénomène relativement homogène. Perspectives théoriques Il y a en tout 4 approches : - L’approche centrée sur l’irrationnalité pathologique et ordinaire L’approche intergroupe générale L’approche centrée sur les rapports de pouvoir L’approche centrée sur les besoins psychologiques. • L’approche centrée sur l’irrationalité Le « style paranoïde » (Hofstadter, 1964) ´ “sense of heated exaggeration, suspiciousness, and conspiratorial fantasy” → Démonisation des ennemis politiques, sentiment que les valeurs et nos biens sont mortellement menacées par ces ennemis. Il y a des croyances complotistes comme produit de l’irrationnalité : - Ancrage dans des caractéristiques psychopathologiques : paranoïa (Imhoff & Lamberty, 2018), faible estime de soi + narcissisme (Cichocka et al., 2016). Ancrage dans le fonctionnement ordinaire : théories du complot et biais cognitifs • L’approche intergroupe générale La “mentalité conspirationniste” (Moscovici, 1987) est : - Tendance à projeter l’intention du complot sur les groupes qui menacent nos valeurs et nos normes. Liée au ressentiment et aux phénomènes de bouc émissaire. « La simple existence d’une minorité apparaît comme un complot ». Ici, les croyances complotistes sont vues comme fruit de perceptions intergroupes : - Stéréotypes et préjugés (e.g. Kofta & Sedek, 2005; Biddlestone et al., 2020) Menace intergroupe (Uenal, 2016; 2020) • L’approche centrée sur les relations de pouvoir La “théorie conspirationniste de la société” (conspiracy theory of society (Popper, 1966). → Théorie qui explique les événements sociaux négatifs (pénuries, guerres, chômage) par l’action intentionnelle et concertée de groupes puissants qui bénéficient de ces problèmes. ➔ Enracinement dans les asymétries de pouvoir. 17 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Les théories du complot sont l’expression du rejet du pouvoir, de préjugés vis-à-vis des groupes qui disposent d’un important pouvoir institutionnel et/ou économique, et d’une volonté de tenir ces groupes pour responsables des souffrances du groupe. • L’approche centrée sur les besoins psychologiques Il s’agit d’une approche plus récente (Douglas et al., 2017). Présupposé : les gens adhèrent aux théories du complot pour répondre à des besoins existentiels, épistémiques et sociaux (besoins dérivés de la théorie de la justification du système Jost & Banaji, 1994) → Théories du complot non adaptatives pour répondre à ces besoins ? Il n’y a pas d’ancrage explicite dans une interprétation du “système de pensée” complotiste • Autres perspectives sur la littérature Il y a d’autres revues de littérature qui proposent une organisation différente. Il y a une importante littérature sur les conséquences des théories du complot (e.g., Douglas et al., 2019) : - Déni du changement climatique anthropogénique Rejet de la vaccination Exacerbation des préjugés … 18 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Partie 3 : Les relations sociales. Chapitre 11 : Agression et altruisme. 1. Introduction Les relations avec d’autres personnes sont une condition nécessaire pour accéder à notre propre humanité. Si cela peut nous rendre optimiste quant aux contacts que nous entretenons avec autrui, il arrive malheureusement que les choses dérapent. Agression - - En 1993, James Butler (2 ans) se rend dans une galerie avec sa maman. Un moment d’inattention et Robert Thompson (10 ans) et Jon Venables (10 ans) vont emmener James, le torturer et le tuer sauvagement. (Agression hostile) Le 1/10/2017, un homme au 32ème étage d’un immeuble tire, laissant 58 personnes tuées et 527 blessées. (Agression instrumentale) Mais aussi le génocide des Tutsis au Rwanda, les attentats de Paris et de Bruxelles, les violences sexuelles, etc. (Agression instrumentale) Altruisme - - Les Justes d’entre les nations (= honorer des personnes non-juives qui ont pris des risques pour aider des juifs pendant la 2e GM) qui ont aidé à sauver des Juifs pendant la guerre et notamment Oskar Schindler qui sauvera quelques 1100 personnes. De 50 000 à 500 000 personnes ont sauvé des Juifs et 10 fois plus ont pris des risques. Les Justes du Rwanda. Carola Rackete et Pia Klemp, deux capitaines, ont défié l’Italie pour aider des réfugiés en Méditerranée. 2. Les déterminants de l’agression Nous retrouvons 2 types d’agressions. L’agression hostile et l’agression instrumentale (Bègue, 2010) qui se distinguent l’une de l’autre. - - L’agression hostile est mise en place par les émotions de l’individu pour mettre en place le comportement. Avec cette agression, on fait mal à quelqu’un sur le plan physique ou psychique. Elle est généralement à l’œuvre avec la colère et l’hostilité. L’agression instrumentale vise à infliger des souffrances pour d’autres motifs que l’hostilité pure. Avec cette agression, on attire l’attention, on acquière des ressources et on promouvoit des idées ou des positions. « Je te frapperai sans colère Et sans haine, comme un boucher, Comme Moïse le rocher ! » (Baudelaire) 19 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Cependant, souvent, ces deux agressions s’entremêlent et la distinction devient difficile. Attention ! L’agression n’est pas toujours physique. En effet, on peut également mettre à mal le bien-être émotionnel et social d’une autre personne : dédain, critique, insulte, ragots, discours de haine, ostracisme, exclusion, humiliation, etc. → Il s’agit de l’agression sociale. Sur ce schéma, nous retrouvons les facteurs distaux de la personne et de la situation qui interagissent entre eux pour donner les états interne du moment (affect, cognition, activation). Ce qui va déterminer s’il y a agressivité ou non, c’est la manière dont l’individu va évaluer ces différents états et prendre des décisions (action réfléchie ou impulsive). → Ce processus forme les facteurs proximaux et décisionnels. Attention que les facteurs distaux de prédispositions ne se réduisent pas aux facteurs biologiques ou individuels. → La culture, le milieu familial et l’histoire de socialisation des personnes sont des influences qui façonnent les gens sur le long terme. Ces dernières viendront se combiner aux éléments plus circonstanciels rencontrés dans l’environnement immédiat. 20 Petit Cerisier Maëva 2.1. Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Les facteurs distaux 2.1.1. Explications biologiques La notion qui est évoquée pour rendre compte de ces actes agressifs est la pulsion agressive. Les êtres humains seraient naturellement équipés pour se montrer agressif. Pour Korand Lorenz (1966), on parle d’instinct agressif. Il a emprunté à Freud (libido = moteur du psyché) l’idée d’une nature humaine instinctive et le fait que les êtres humains vont accumuler la tension avant de s’en libérer en étant agressif. Il a également emprunté à Darwin l’idée que les instincts sont le résultat d’une lutte entre individus et que cela sert l’espèce. → Sélection de l’instinct agressif : Il serait « toujours avantageux pour l’espèce que le plus fort l’emporte et s’empare du territoire ou de la femelle de son compétiteur » (Lorenz, 1966, p. 27) ➔ L’agression est inscrite dans notre patrimoine et elle s’exprime lorsque la tension s’accumule. Attention toutefois que tout le monde n’est pas d’accord avec Lorenz. En effet, celui a une vision sans doute trop pessimiste et erronée (nazisme, eugénisme) : - - Selon Darwin, c’est l’individu et non l’espèce qui est au cœur de la sélection naturelle. → Lorenz interprète donc mal la théorie de l’évolution. L’agression est loin d’être toujours la meilleure façon d’assurer la survie d’un individu et de ses proches. → Si une personne est agressive, elle sera sanctionnée voir même « éliminer ». ➔ Cela montre qu’on s’adapte mieux dans la vie de tous les jours en étant altruiste. Une autre critique adressée à l’égard de Lorenz concerne la catharsis qui permettrait de soulager la tension : - - - Dans le meilleur des cas la catharsis ne produit aucun effet voire empire les choses ; elle récompense l’agression. De plus, elle montre qu’on aurait tendance à reproduire un comportement agressif. La catharsis reste une idée populaire car elle est associée à des métaphores : bouilloire, casserole à pression, etc. Cependant, elle fonctionne peu. Généralement, les personnes qui sont d’accord avec la catharsis ont tendances à choisir des sports violents. La catharsis réduirait l’agression uniquement lorsqu’on attaque légitimement son agresseur et sans risque (Hokanson, 1974). → Cela est expliqué par le sentiment de justice plutôt que par la libération de l’agressivité 21 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Il y a des facteurs génétiquement déterminés : - - Une étude a été réalisée sur deux groupes de souris. Un groupe était agressif et l’autre, peu agressif (Lagerspetz&Lagerspectz, 1971). Les deux groupes ont été élevé séparément sur 26 générations. On remarque à la fin, une différence énorme entre les deux groupes. → Cela laisse entendre un facteur biologique chez les souris. Une autre étude a été réalisée cette fois, c’est l’être humain. Il s’agit d’une étude sur des jumeaux (Tellegen et al., 1988). L’auteur de cette étude a trouvé une corrélation du niveau d’agressivité plus élevés chez les monozygotes que chez les dizygotes. Le fait d’être élevées ensemble ou séparément ne joue pas. → Mais attention, le facteur génétique n’explique qu’une petite partie de la variance du niveau d’agressivité. Il est extrêmement rare que ce facteur explique tout. Il y a également un rôle des hormones : La testostérone est plus présente chez les hommes ce qui explique le fait qu’ils soient plus violents mais les différences de taux vont s’atténuer avec le temps et les cohortes (= nouvelles générations). On remarque que si la testostérone est élevée, alors la personne sera violente. Mais attention, ce n’est pas forcément la cause ; il y a également les interactions avec des facteurs sociaux. En effet, les poissons haplochromis burtoni mâles avec haut taux d’androgène sont plus agressifs. Mais si on castre un mâle dominant, il continue à être dominant (ce qui montre que les hormones ne sont pas forcément la cause). Les poissons mâles non-castrés placés face à un individu plus gros diminuent leur taux de testostérone. → Ils ne veulent pas se battre face à plus gros qu’eux. Les niveaux de testostérone seraient plus faibles chez les hommes de cultures au sein desquelles les hommes s’occupent des enfants - Hadza, chasseurscueilleurs, Tanzanie - que dans les cultures où ils s’en occupent peu - Datoga, pasteurs (Muller et al., 2009). → Corrélation entre le niveau de testostérone et l’activité. L’absence de sérotonine fait que nous sommes agressifs. → Ne pas en avoir assez favorise l’émergence d’agressivité. Berman et al. (2009) ont fait une étude. Ils ont utilisé soit un placebo soit du paroxetine (un médicament qui augmente le niveau de sérotonine). Les participants vont devoir faire un jeu compétitif avec un comparse qui envoie des chocs électriques d’intensité croissante au fil 22 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 des blocs. Les chercheurs vont mesurer l’agressivité des participants grâce à un questionnaire auto-rapporté (fait par l’individu). Résultat : les participants au passé agressif répondent par de l’agression sauf s’ils ont reçu de la paroxetine. → Certains gènes jouent un rôle, en combinaison avec l’environnement. À un niveau d’analyse encore plus fin, des recherches consacrent aussi le rôle de certains gènes. Il en va ainsi du gène appelé « monoamine oxydase A (= MAO-A) » du chromosome X. Il s’agit d’une enzyme qui métabolise certains neurotransmetteurs, comme la sérotonine (se trouve au niveau des synapses et fluidifie la communication entre les neurones). Les animaux qui présentent ce gène de manière défectueux, se trouvent être plus agressif. → Laisse entendre que ça pourrait être le même chez les humains. La question est toutefois complexe, car la relation entre les gènes individuels et les conduites est généralement faible et dépend de toute une série de facteurs environnementaux qui doivent être au rendez-vous pour voir apparaître les conséquences (Ebstein, 2006). Une étude alternative a été réalisée par Caspi et ses collègues en 2002. Ils ont isolé un échantillon d’hommes dans lequel 37% des individus présentaient une forme courte du gène et les autres une forme longue. Pour l’aspect environnemental, les auteurs ont identifié les individus qui avaient été maltraité dans leur enfance. De manière globale, le gène n’avait pas d’impact sur le fait que les jeunes aient commis des actes violents une fois arrivé à l’âge de 26 ans. → Absence d’influence stricte des gènes sur le décours de la vie. En revanche, les enfants maltraités qui présentaient le gène défectueux avaient 3x plus de chance d’avoir commis un acte violent avant 26 ans. → Ce groupe ne représentait que 12% de l’échantillon et pourtant, il était responsable de 44% des condamnations pour des actes de violence. ➔ Tout cela montre comment les gènes et l’environnement doivent allier leur force pour façonner le comportement. 23 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 2.1.2. Explications basées sur la personnalité Farrington (1989) a suivi 400 jeunes hommes dans des quartiers populaires de Londres sur une période de 23 ans (étude longitudinale). - Parmi les très agressifs à 9 ans, 14% ont un casier à 21 ans et 22% à 32 ans Parmi les non agressifs à 9 ans, 4% ont un casier à 21 ans et 7% à 32 ans Cette étude va mettre en lien l’agressivité quand on est enfant avec l’agressivité en étant adulte. Le prof n’adhère pas à ce genre d’étude car pour lui, ça veut dire qu’on peut prévoir le comportement futur. Les recherches mettent surtout en cause l’estime de soi et l’amour excessif de soi : le narcissisme. L’estime de soi n’est pas vraiment en cause (avis mitigé même s’il y a un certain impact) : si l’estime est faible et que l’individu rencontre des difficultés, alors il sera agressif et les personnes qui ont une haute estime de soi réagissent de manière agressive en cas de menace. C’est surtout l’amour excessif de soi qui joue un rôle dans l’agressivité. Bushman & Baumeister (1998) ont réalisé une étude. Les sujets rédigeaient un texte sur l’avortement et se faisaient évaluer positivement ou négativement par un complice des expérimentateurs. Ensuite, ils participaient à un jeu compétitif (temps de réaction) contre le complice ou une autre personne. Le niveau d’agression est mesuré via le niveau de bruit infligé au compétiteur (intensité et durée). À gauche : chez les personnes qui ont reçus des éloges en étant narcissique, il n’y a rien qui change. Cependant, les personnes qui ont reçus des critiques en étant narcissique auront plus tendance à donner des punitions. À droite : pas beaucoup de changement que ça soit critiqué ou éloge. 24 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 En résumé, un trait de personnalité couplé avec une situation qui met à mal l’estime de soi augmente l’agressivité. 2.1.3. Mesurer l’agression Comment mesurer l’agression ? Il s’agit d’un défi majeur que rencontre la psychologie sociale pour étudier l’agression dans un contexte expérimental car il faut trouver une mesure à la fois réaliste et acceptable sur le plan éthique : ce n’est pas évident de faire en sorte que les sujets agressent tout en respectant les normes éthiques. L’idée centrale est de voir comment les participant·es punissent une autre personne. → On a longtemps utilisé des chocs électriques (légers) ou du bruit. Aujourd’hui, on a plutôt recourt à la sauce piquante. 2.1.4. L’influence des médias L’impact des médias : - Game of Thrones, La Servante écarlate, Walking dead Une avalanche de meurtres et autres délits Aux USA, à 18 ans, on a vu 200 000 actes de violence et 40 000 meurtres rien qu’à la TV (Cusn, 2007). ➔ Cela nous donne une vision de l’agressivité qui nous éloigne de la réalité. L’effet Werther (Philips, 1982) fait référence à Goethe « Les souffrances du jeune Werther » (1774) qui est un livre qui parle du suicide d’un jeune homme à la suite d’amours déçues. S’en suit un suicide mimétique qui est le fait d’imité un suicide, c’est-à-dire que si une personnalité se suicide, alors une personne voudra se suicider +/- de la même manière. Une étude de 35 suicides a été rapportés dans la presse. Pour 26 d’entre eux, on a observé une augmentation importante du nombre de suicides. Ex : après la mort de Marilyn Monroe, augmentation de 12% des suicides. Les comportements (auto) agressif augmentent avec l’exposition médiatique. Une étude de Leyens et al. (1975) est faite sur des jeunes placés en institution suite à des comportements délinquants. Chaque soir durant une semaine, il y a une projection de films agressifs ou non-agressifs. Il y aura une observation des comportements une semaine avant, pendant, et après cette semaine. Résultat : augmentation des comportements agressifs dans la condition « films agressifs » juste après le film et durant toute la semaine suivante. 25 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Une étude de Huesmann et al. (1986) montre le lien entre les habitudes TV entre 8 et 30 ans et le niveau de délinquance de 211 personnes lors d’une étude longitudinale. Il contrôle l’effet du niveau initial d’agressivité afin d’éviter les biais. Un effet important ressort et on observe une corrélation chez les garçons et les filles. → Si l’émission préférée est la violente, la sévérité de la peine sera élevée à 30 ans. Nous avons également de bonnes raisons de nous inquiéter des jeux vidéo. Bartholow & Anderson (2002) comparent des réactions face à des jeux vidéo : Mortal Kombat (tuer le plus possible avec violence) VS PGA Tournament Golf. Le premier entraîne plus de réponses violentes contre un opposant. On remarque dans leur étude, les hommes utilisent une fréquence d’essais à haute intensité plus élevé que les femmes quand il s’agit de jeu violent et que l’intensité est plus élevée chez les hommes que chez les femmes (toujours avec Mortal Kombat). La question n’est plus de savoir « si » mais « comment » les médias et jeux vidéo influencent les comportements agressifs : quels sont les processus en jeu ? - Désinhibition : actes violents ne sont plus tabous. → Si on passe notre temps à être violent, on sera désinhibé Désensibilisation : couplage de la violence à de l’amusement et séduction de la violence. On désapprend les réactions normales face à la violence. Vision paranoïde du monde : sentiment d’insécurité et perception de prévalence des crimes ou attentats. → On surestime la violence dans la réalité. 26 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Il y a des conséquences sur la manière dont les personnes abordent les actes violents et leur représentation de la réalité. → Ça ne risque pas de s’arranger avec la réalité virtuelle. Nous pouvons aussi mettre en avant les tueries de masse aux USA : de 2006 à 2017, 271 tueries avec 1358 victimes (notamment dans des écoles). Pourquoi ? Car aux USA : - - Les armes sont facilement disponibles. Il y a de l’imitations (fréquence des spectacles et jeux violents) Frustrations Recherche de notoriété Attention que ce n’est pas dû à la maladie mentale alors que ce facteur est invoqué → Augmentation des crimes de masse > augmentation du nombre de maladies mentales L’accès à des scènes de pornographie dégradante ou violente pose aussi question → Il va y avoir association entre la domination et les rapports sexuels ➔ Lien avec l’agression à l’égard des femmes (Allen et al., 1995). 2.1.5. Les facteurs culturels • La culture de l’honneur (Nisbett, 1993; Nisbett & Cohen, 1996) Elle est liée à la défense de son honneur (surtout pour l’homme – Patriarcat) et de sa propre famille. Selon une étude, il y a 2 à 3 fois plus d’homicides dans le Sud des USA que dans le Nord. Les sudistes sont deux fois plus nombreux à posséder des armes et manifestent une sensibilité particulière à l’insulte. On remarque que l’éducation prône la réaction aux jurons et insultes. En effet, cette éducation est utilisée pour garder son honneur. L’économie est basée sur l’élevage de bétail. Des mesures extrêmes sont prises contre les voleurs. Ex : - Jusqu’en 1970, dans certains États du Sud des USA, l’homicide de l’amant de sa femme n’était pas poursuivi en cas de flagrant délit. Avant, c’était assez facile de voler du bétail (pas de barrière) donc, pour pouvoir le protéger, il fallait être violent. On retrouve la trace de cette culture de complaisance à l’égard de la violence envers les femmes avec la chanson ‘Hey Joe’ : 27 Petit Cerisier Maëva Synthèse de psychologie sociale II 2021-2022 Exemple avec « L’homme des hautes plaines » (Clint Eastwood, 1973). Un homme est chez un barbier. On remarque que le barbier est extrêmement stressé ; il tremble. Tout à coup, des hommes entre dans son « salon » et commence à insulter l’homme qui était en train de se faire faire sa barde. Ni une ni deux, celui-ci sort son arme et leur tire dessus ; ils sont morts. → L’honneur est restauré. • Le viol La prévalence des viols : il existe un rapport de l’ONU (2011). On remarque avec une étude faite dans 86 pays que 20% des femmes font l’expérience de violences sexuelles ou de viols dans le cadre d’une relation amoureuse au cours de leur vie. Il existe des cultures propices au viol. Dans celles-ci, la désobéissance des femmes et des filles est sévèrement réprimée, le viol est utilisé comme arme de terreur et de guerre (par exemple, en République Démocratique du Congo ; cela cherche à mettre à mal la communauté) et il existe un statut de rituel (cérémonies de mariage) où on ne retrouve pas de consentement, cela fait partie du script et c’est ainsi. Sanday (1997) a étudié 156 cultures et recense que 47% sont exemptes de viols (= il n’y a pas de viol dans ces cultures) ; 18% sont propices au viol et 35% connaissent le viol mais ne seraient pas « propices au viol » → C’est lié à la position inférieure des femmes dans la hiérarchie sociale. Exemple avec « L’homme des hautes plaines » (Clint Eastwood, 1973) Une femme va oser bousculer un homme. Celui-ci va se mettre en colère, va la faire tomber et la trainer jusque dans une étable pour la violer. 2.1.6. Les mythes du viol - « Après un refus initial, les femmes trouvent en fait du plaisir dans le rapport sexuel si leur partenaire recourt un peu à la force » « Les femmes qui « aguichent » des hommes méritent tout ce qui leur arrive » « Si une femme ne résiste pas physiquement à son agresseur, on ne peut pas considérer qu’elle a été violée » « Les femmes qui dénoncent un viol ont souvent des problèmes psychologiques ou exagèrent » « Lorsqu’une femme se fait violer, c’est souvent pa