Module 6: Introduction à l'hygiène industrielle PDF Automne 2023
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Université Laval
2023
Pierre Poulin
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These are lecture notes on industrial hygiene for an undergraduate course. They cover topics including the definition and foundations of industrial hygiene, procedures, and risk identification, evaluation, and control. This particular collection of notes was developed in the fall of 2023.
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Santé et sécurité au travail Notions de base Module 6 Introduction à l'hygiène industrielle Pierre Poulin Département de médecine sociale et préventive Faculté de médecine Université Laval Santé et sécurité au travail : notions de base 2 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle Équipe de pro...
Santé et sécurité au travail Notions de base Module 6 Introduction à l'hygiène industrielle Pierre Poulin Département de médecine sociale et préventive Faculté de médecine Université Laval Santé et sécurité au travail : notions de base 2 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle Équipe de production Responsable du cours Michèle Bérubé Département de médecine sociale et préventive Conception pédagogique Marc Champagne, service des ressources pédagogiques Denise Vigneault, conseillère en APTIC Yves Cantin, département de médecine sociale et préventive Mise à jour 2023 Michèle Bérubé Traitement de texte Louiselle Desjardins Michèle Gagnon 3 Santé et sécurité au travail : notions de base 4 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle Table des matières Objectifs d'apprentissage................................................................................. 7 Introduction...................................................................................................... 9 1. Définition et fondements de l'hygiène industrielle........................... 11 2. Démarche de l'hygiène industrielle................................................... 15 2.1 L'identification des risques....................................................... 15 2.2 L'évaluation des risques........................................................... 17 2.3 Le contrôle des risques............................................................. 19 3. Les principaux agresseurs chimiques en milieu de travail................ 22 3.1 Nature et sources d'exposition.................................................. 22 3.2 Effets sur la santé..................................................................... 25 3.3 Techniques de mesure des particules....................................... 27 3.4 Les principaux moyens de contrôle.......................................... 28 4. Les principaux agresseurs physiques................................................ 29 4.1 Le bruit..................................................................................... 29 4.2 Les vibrations........................................................................... 32 4.3 Les rayonnements non ionisants.............................................. 34 5 Santé et sécurité au travail : notions de base 4.4 Les rayonnements ionisants..................................................... 36 4.5 La contrainte thermique........................................................... 37 Conclusion..................................................................................................... 41 6 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle OBJECTIFS D'APPRENTISSAGE Après l'étude de ce module, vous serez en mesure de : 1. Définir l'hygiène industrielle. 2. Expliquer la démarche de l'hygiène industrielle. 3. Décrire les sources d'exposition des risques chimiques et des risques physiques. 4. Identifier les procédés qui produisent des contaminants chimiques et des agresseurs physiques. 5. Décrire les effets sur la santé des risques chimiques et physiques. 6. Identifier les méthodes de mesure des risques chimiques et des risques physiques. 7. Identifier les moyens de contrôle des risques chimiques et des risques physiques. 7 Santé et sécurité au travail : notions de base 8 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle INTRODUCTION Dans le domaine de la prévention des accidents et des maladies du travail, l'hygiène industrielle joue un rôle de tout premier plan. En effet, cette discipline s'intéresse tout particulièrement à l'identification, à la mesure et au contrôle des risques physiques et chimiques. C'est elle qui est chargée en grande partie de la surveillance de la qualité du milieu de travail et s'assure que la santé et la sécurité des travailleurs est bien protégée. Le travail de l'hygiéniste nécessite la collaboration de plusieurs intervenants et plus particulièrement de celle des employeurs, des travailleurs, du toxicologue et de l'épidémiologiste. Ce module traitera donc de la définition de l'hygiène industrielle, de sa démarche, et, pour la plupart des classes d'agresseurs physiques et chimiques, des sources d'exposition, des effets de ces agresseurs sur la santé, de la façon de les mesurer et des moyens de les contrôler. 9 Santé et sécurité au travail : notions de base 10 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle 1. DÉFINITION ET FONDEMENTS DE L'HYGIÈNE INDUSTRIELLE L'hygiène industrielle se définit comme la science et l'art d'identifier, d'évaluer et de contrôler les facteurs de risque ou agresseurs qui proviennent du milieu de travail et qui peuvent être cause de maladie, de déficience de santé et de bien-être, ou amener un inconfort significatif et une inefficacité au travail. L'identification des facteurs de risque ou agresseurs repose sur la connaissance du milieu de travail. Cette connaissance s'acquiert par des visites du milieu au cours desquelles on recueille les informations décrivant l'organisation du travail, les tâches des travailleurs, les produits utilisés et fabriqués, les procédés de transformation. C'est l'analyse de ces informations qui amène l'hygiéniste à identifier les risques auxquels les travailleurs sont exposés. A l'étape suivante, avec les techniques appropriées à chaque agresseur, l’hygiéniste industriel mesure l'exposition du travailleur. Il détermine le niveau et la durée de l'exposition du travailleur aux agresseurs provenant du travail. Cette information quantitative est comparée à une norme d'exposition. L'hygiéniste évalue ainsi l'importance du risque ou du danger auquel est exposé le travailleur. Le résultat des deux premières étapes de la démarche débouche sur la prévention de toute atteinte à la santé du travailleur par l'élimination ou le contrôle des facteurs de risque. C'est le but de l'hygiène industrielle. Les facteurs de risque ou agresseurs se présentent dans l'environnement du travailleur : - Sous « forme » de matière solide, liquide ou gazeuse : ce sont les agresseurs chimiques; 11 Santé et sécurité au travail : notions de base - Sous « forme » d'énergie (sons, radiations,…) : ce sont les agresseurs physiques; - Sous « forme » d'organismes vivants (insectes, champignons, bactéries,…) : ce sont les agresseurs biologiques; - Sous « forme » de conditions du travail (postures, éclairage, horaires,…) : ce sont les agresseurs ergonomiques. Ce sont les agresseurs chimiques et physiques qui sont plus généralement visés par les actions de l'hygiéniste industriel. Les facteurs de risque ou agresseurs qui font l'objet de la démarche décrite précédemment sont ceux dont on possède une connaissance préalable sur le lien entre l'exposition et l'apparition d'effets sur la santé. Cette connaissance nous vient principalement des domaines de recherche que sont l'épidémiologie et la toxicologie. L'hygiène industrielle constitue donc l'application à la prévention des connaissances apportées par ces sciences. C'est à partir de recherches1 dans ces disciplines que sont établies les normes, réglementées ou non, de qualité du milieu de travail. Ces normes servent de guide à l'hygiéniste industriel dans l'évaluation du risque auquel est exposé le travailleur. Par exemple, des études épidémiologiques ont établi le risque de surdité relié à la durée et au niveau d'exposition au bruit. C'est à partir de ces études qu'on a fixé la norme d'exposition réglementaire à 85 dBA (voir section 4.1). pendant huit heures par jour2. Après avoir identifié qu'un travailleur est exposé au bruit, l'hygiéniste mesure son exposition et la compare à la norme réglementaire. (Dans ce cas particulier, il peut aussi la comparer à un autre guide de prévention. On sait en effet que même au niveau de la norme 1 C’est grâce à ces recherches que les connaissances évoluent et que les normes peuvent être revues afin de rendre de plus en plus sécuritaires les différents milieux de travail. 2 Le 16 juin 2023, de nouvelles normes ayant trait aux mesures (décibels) et à la durée d’exposition du bruit sont entrées en vigueur. La norme d’exposition pour 8 heures est passée de 90 à 85 dBA, 12 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle réglementaire, il existe encore un certain risque de surdité). Selon son évaluation, il propose ensuite des actions ayant pour objectif de contrôler le risque chez ce travailleur en diminuant son niveau ou sa durée d'exposition. D'autre part, c'est par des études toxicologiques que l'on a situé la norme d'exposition au monoxyde de carbone à 35 ppm pendant huit heures (voir la note sur les concentrations à la fin du texte). On ne pense pas qu'une exposition à ce niveau, pour cette durée, amène une concentration sanguine du monoxyde de carbone plus élevée que 10 %, concentration où débute l'apparition de symptômes légers. De la même façon, après avoir identifié qu'un travailleur est exposé au monoxyde de carbone, on proposera des actions visant à contrôler le danger d'une intoxication si la mesure de l'exposition montre que le travailleur est surexposé. Les normes d'application légale au Québec sont contenues dans le Règlement sur la santé et sécurité du travail. Ce règlement, publié pour la première fois en 1979, s'était inspiré en grande partie de l'édition 1977 du document TLVs Threshold Limit Values for Chemical Substances and Physical Agents in the Work Environment. Ce document est publié annuellement aux États-Unis par l'American Conference of Governmental Industrial Hygienist (ACGIH). Il n'a aucune valeur légale aux États-Unis. L'ACGIH est une association totalement indépendante du gouvernement bien qu'elle regroupe des hygiénistes industriels œuvrant dans la fonction publique. L'ACGIH suggère donc, à titre de guide, des conditions d'exposition sous lesquelles on croit que la plupart des travailleurs peuvent être exposés jour après jour sans effets néfastes. L'ACGIH révise annuellement ces valeurs par l'entremise de comités qui revoient la littérature scientifique pertinente. Les réglementations, comme le Règlement sur la santé et la sécurité du travail n'ont habituellement pas de mécanismes de révision semblables. Il faut aussi être conscient que dans la détermination de normes réglementaires, les facteurs socio-économiques et politiques sont considérés en plus des critères scientifiques. Par exemple en 1979 la norme d'exposition au bruit pour une période de huit heures a été fixée à 90 décibels parce que l’on savait que la plupart des entreprises où l’on retrouve beaucoup de bruit n'avaient pas les ressources financières pour respecter une norme qui serait fixée à 85 décibels. Mais en 13 Santé et sécurité au travail : notions de base juin 2023, la norme d’exposition à un bruit continu pour huit heures passe de 90 à 85 décibels. Les entreprises ont alors bénéficié de nombreuses années pour s’adapter. 14 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle 2. DÉMARCHE DE L'HYGIÈNE INDUSTRIELLE On a déjà mentionné que la démarche de l'hygiène industrielle comprend trois étapes : l'identification, l'évaluation et le contrôle des facteurs de risque. Voyons de quels principes relève chacune de ces étapes. 2.1 L'identification des risques L'objectif de l'hygiéniste industriel est de connaître les facteurs de risque ou agresseurs auxquels s'expose chacun des travailleurs d'un milieu de travail. Cette partie du travail de l'hygiéniste est la plus importante. Ce sont les informations recueillies à cette étape qui détermineront les actions d'évaluation et de contrôle des facteurs de risque. Le principe ici est d'acquérir un maximum de connaissances, pour chaque travailleur ou groupe de travailleurs, concernant l'organisation du travail (lieu physique, horaires, etc.), les tâches exécutées par le ou les travailleurs, les postes de travail où sont exécutées ces tâches, c'est-à-dire la nature du procédé, les matériaux de base et les autres produits utilisés, les moyens de protection ou de contrôle, individuels ou collectifs, déjà employés. On obtient ces informations d'abord en s'enquérant du type d'entreprise, de la nature des procédés utilisés. Par la suite, on fait l'étude des documents déjà disponibles : les registres de poste de travail requis par la loi, plan d'usine schéma de procédé; mais surtout par la visite et l'observation du milieu de travail. L'analyse de ces informations implique des recherches supplémentaires dans la littérature concernant les procédés et auprès de fabricants pour connaître la composition des produits utilisés. C’est ainsi, avec ces connaissances préalables sur les modes d'émission des contaminants, que l'hygiéniste spécifiera la nature des agresseurs. La connaissance des procédés permet d'identifier les risques physiques qui ne sont pas nécessairement perçus par les sens, comme l'est le bruit. Par exemple, la connaissance d'un procédé de soudure nous apprend qu'il utilise un arc électrique. On apprendra aussi que l'arc électrique émet un 15 Santé et sécurité au travail : notions de base rayonnement non ionisant : le rayonnement ultra-violet. La connaissance des procédés permet aussi d'identifier les contaminants chimiques qui apparaissent, à la suite de transformations. Par exemple, la connaissance des températures utilisées dans notre procédé de soudure nous montre qu'à ces températures le fer peut passer à l'état gazeux. Lorsque l'on connaît les propriétés chimiques du fer, on sait que sous forme gazeuse, il réagira avec l'oxygène de l'air pour se transformer en oxyde de fer. L'oxyde de fer se solidifie en particules qui peuvent être respirées par les travailleurs. La connaissance des matières premières, des produits finis, des sousproduits et résidus permet d'identifier les contaminants chimiques potentiels (solides, liquides, gaz). Par exemple, on a relevé qu'un peintre utilise la peinture Peintex 525-710. La recherche auprès du fabricant nous apprend que cette peinture contient du toluène, un solvant organique. Par la connaissance des propriétés physico-chimiques de cette substance, en particulier ici la tension de vapeur qui est un indice de volatilité, l'hygiéniste industriel déduira que le peintre est exposé à des vapeurs de toluène. La connaissance de l'organisation du travail, des tâches et des procédures de travail permet, entre autres, de spécifier le type d'exposition du ou des travailleurs. D'abord, les voies d'entrée dans le cas des contaminants chimiques. Est-ce que le contaminant vient en contact avec l'organisme par la voie respiratoire, par contact cutané ou les deux à la fois? Est-ce que l'exposition est continue ou presque? Est-ce qu'il peut y avoir des moments où l'exposition risque d'être extrêmement élevée? Bien sûr, la connaissance de l'utilisation de moyens de protection individuels (gants, respirateur, etc.) ou collectifs (ventilation, écran, etc.) permet de préciser encore mieux ces points. Par exemple, on sait que notre peintre de l'exemple précédent effectue la tâche d'application de la peinture au pistolet de façon régulière durant son quart de travail, en utilisant un masque à poussière et sans ventilation. De plus, il nettoie sans gants ses instruments, puis ses mains avec un solvant contenant aussi du toluène. Ce travailleur s'expose donc au toluène par inhalation de façon continue, sans protection adéquate (le masque à poussière protège des particules de peinture mais n'arrête pas les vapeurs). Il s'expose aussi par contact cutané durant une courte période à une grande quantité de solvant. 16 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle 2.2 L'évaluation des risques Une fois que l'hygiéniste a bien identifié les contaminants auxquels sont exposés les travailleurs, son objectif est maintenant d'évaluer le danger pour la santé des travailleurs associé à ces expositions. Le principe ici relève de la démarche suivante. Les dangers pour la santé associés à l'exposition au contaminant considéré sont connus. On connaît le risque d'apparition de ces effets en fonction de la dose d'exposition. Une ou des normes ont été fixées pour nous aider à prévenir l'apparition de ces effets chez la plupart des travailleurs exposés. L'hygiéniste estime la dose d'exposition par une ou des mesures environnementales du niveau d'exposition. La comparaison de ces mesures avec la norme pertinente guide l'hygiéniste dans l'évaluation du risque associé à l'exposition. Pour évaluer les risques, l'hygiéniste doit donc bien connaître et maîtriser les techniques de mesure pertinentes à chacun des contaminants. Il doit bien planifier ses échantillonnages, c'est-à-dire bien choisir les travailleurs ou les postes où il effectue ses mesures, bien choisir le moment et la durée de ses échantillonnages et bien noter toutes les observations pertinentes durant les mesures. Ceci permet une interprétation plus valide des mesures. C'est d'ailleurs souvent la perception que l'on a de l'hygiéniste industriel : « celui qui est capable de mesurer…le bruit, les poussières…avec des appareils ». Il doit aussi bien connaître le type d'effets qu'il veut prévenir et utiliser l'indice d'exposition approprié. On considère en hygiène industrielle deux modes d'apparition des effets associés à l'exposition aux agresseurs : - Les effets d'apparition aiguë, c'est-à-dire des effets qui se manifestent dans un temps relativement court, de l'ordre de quelques minutes, suite à une exposition ponctuelle de niveau élevé; - Les effets d'apparition chronique, c'est-à-dire des effets qui se manifestent dans un temps relativement long, de l'ordre de quelques heures à plusieurs années, à la suite d'une exposition répétée à un niveau faible ou moyen. 17 Santé et sécurité au travail : notions de base On s'est donné des guides qui permettent d'évaluer le risque pour chacun de ces modes d'apparition des effets. Pour prévenir l'apparition des effets aigus, on s'est donné une norme de concentration de courte durée et une norme de concentration plafond. La concentration plafond (P) est un niveau d'exposition à ne jamais dépasser pour aucune période de temps. La concentration maximale est un niveau d'exposition auquel on ne devrait pas s'exposer pendant plus de quinze minutes. Cette norme est appelée « VECD ». Pour prévenir l'apparition des effets chroniques, on s'est donné une norme de concentration moyenne. La norme de concentration moyenne est un niveau d'exposition moyen pour huit heures de travail. Cette norme est appelée « VEMP ». Retournons à notre exemple du peintre exposé au toluène. Comme celui-ci est exposé de façon continue et que le toluène provoque une dépression du système après plusieurs heures d'exposition, on choisit de mesurer son exposition durant huit heures de travail pour la comparer à la norme de concentration moyenne. On mesure la concentration des vapeurs de toluène dans l'air respiré par le travailleur en aspirant un volume d'air à travers un élément capteur approprié au toluène. La pompe aspirante et l'élément capteur sont portés par le travailleur. Les échantillons ainsi recueillis sont analysés en laboratoire. Cette analyse mesure la masse de toluène dans les échantillons en milligrammes (mg); cette masse divisée par le volume d'air échantillonné mesuré en mètres cubes (m3) nous donne la concentration du contaminant dans l'air échantillonné, en mg/ m3. Lorsque plus d'un échantillon est prélevé, on calcule une moyenne pondérée à la durée respective de chacun des échantillons (TWA ou time-weighted average, en anglais) pour la comparer à la norme de concentration moyenne (voir la note sur les concentrations à la fin du texte). La mesure ainsi obtenue nous indique ici une concentration moyenne de 500 mg/m3. 18 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle La norme d'exposition moyenne au toluène est de 375 mg/m3. Cela peut s'expliquer par l'absence de ventilation. On ne peut considérer que le travailleur utilise une protection individuelle. De plus, le toluène est noté dans les normes comme une substance ayant une toxicité percutanée, c'est-àdire absorbée par la peau. On sait que le travailleur s'y expose de cette façon. La dose d'exposition du travailleur est donc sûrement plus grande que l'estimation que nous en faisons par la mesure dans l'air. Nous sommes donc dans une situation qui présente des risques pour le travailleur et qui nécessite des actions préventives ou de contrôle. Ce que l'on vient de décrire s'applique particulièrement aux agresseurs chimiques. Bien que les termes changent, la même logique est aussi appliquée aux agresseurs physiques. 2.3 Le contrôle des risques Les facteurs de risque étant identifiés et évalués, l'objectif est maintenant d'éliminer ou de diminuer autant que possible le risque d'atteinte à la santé des travailleurs. L'évaluation du risque par comparaison avec la norme nous permet de juger de la nécessité d'instaurer des contrôles, mais n'est pas le seul élément justifiant l'application de contrôles. Par exemple, si l'exposition moyenne de notre peintre au toluène était de 250 mg/m3 plutôt que de 500 mg/m3, il serait tout à fait injustifié de conclure : « la situation est acceptable, il n'y a rien à modifier ». En effet, il est encore possible de réduire l'exposition de ce travailleur par des moyens simples. Le respect de la norme n'est pas caution à l'absence de mise en œuvre de moyens de contrôle (nous formulons ce principe en étant bien conscients qu'il crée une contradiction entre l'éthique de l'hygiène industrielle et l'interprétation légaliste des normes réglementées). Il est ici possible d'éliminer l'exposition par la peau en utilisant une protection adéquatement choisie, c'est-à-dire des gants imperméables au toluène et en utilisant un nettoyeur à mains plutôt que le solvant pour se laver les mains. La mise en place d'une ventilation pourrait éliminer presque complètement l'exposition par inhalation et ainsi le besoin d'une protection respiratoire. Si ce besoin demeure, un équipement bien choisi pourrait protéger à la fois des particules et des vapeurs de toluène. 19 Santé et sécurité au travail : notions de base L'hygiéniste industriel n'est évidemment pas la seule personne responsable de cette étape. Les responsables de la production et les travailleurs sont les premiers concernés. De plus, la conception de certains moyens de contrôle comme le système de ventilation devient l'affaire de spécialistes. L'hygiéniste industriel se doit de bien connaître les principes du contrôle de façon à guider les responsables dans leurs applications. Le principe général consiste à éliminer ou réduire le contact entre le travailleur et l'agresseur. Plus spécifiquement, on appliquera l'un ou l'autre des principes suivants : la substitution, l'isolation, la ventilation, la protection individuelle, les contrôles administratifs, la formation et l'information. La substitution consiste à remplacer un procédé émetteur d'un agresseur par un autre qui n'émet pas cet agresseur. Par exemple, on a mis au point un procédé de forage humide qui émet moins de poussière que le procédé de forage à sec. Ce peut aussi être le remplacement d'une substance par une autre moins toxique. Par exemple, le toluène a remplacé le benzène dans beaucoup de ses usages. L'isolation consiste à réduire l'exposition des travailleurs en isolant les procédés émetteurs ou bien en isolant les travailleurs. Par exemple, dans les scieries, on peut encoffrer certaines machines bruyantes comme la déchiqueteuse ou installer des postes de commandes comme celui du scieur dans une cabine. La ventilation consiste soit à capter à la source les contaminants émis, c'est la ventilation locale, soit à diluer les concentrations des contaminants de l'atmosphère de travail, c'est la ventilation générale. Par exemple, on peut, compte tenu du type de pièce à peindre, installer une hotte où sera effectué le travail par notre peintre de l'exemple précédent, c'est-àdire une ventilation locale. Pour un contaminant émis en plusieurs points comme les gaz d'échappement, plus particulièrement le monoxyde de carbone émis par les autos dans un stationnement souterrain, on doit créer des échanges d'air importants en expulsant à l'extérieur l'air vicié et en faisant entrer de l'air neuf, c'est-à-dire une ventilation générale. 20 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle La protection individuelle consiste à tenter de stopper l'absorption ou l'action du contaminant au niveau des voies d'entrée du travailleur. C'est la DERNIÈRE ligne de défense pour la protection du travailleur. On ne devrait l'utiliser que lorsque d'autres méthodes de contrôle ne sont pas applicables, par exemple dans des conditions temporaires ou pour améliorer la protection déjà obtenue par d'autres moyens. L'efficacité de la protection individuelle dépend en grande partie du choix du type d'équipement spécifique à l'agresseur dont on veut se protéger. On a déjà vu dans l'exemple du peintre les possibilités de protection individuelle ; des gants spécialement choisis pour leur imperméabilité au toluène (ce qui n'est pas une qualité de n'importe quel type de gants) et une protection respiratoire spécifiquement choisie pour les vapeurs de toluène. L'efficacité de la protection individuelle dépend aussi de l'entretien de ces équipements, de leur remplacement au besoin et de la formation des travailleurs à leur utilisation. Les moyens administratifs sont des actions sur l'organisation du travail qui ont pour effet de réduire la durée d'exposition de certains travailleurs par des rotations à différents postes de travail, ou d'éliminer l'exposition d'autres travailleurs par l'exécution de tâches à des moments précis où seuls les travailleurs nécessaires à cette tâche sont présents. Par exemple, la rotation est souvent utilisée dans l'industrie où des travailleurs sont exposés au plomb. D'autre part, dans l'industrie où l'on doit effectuer des radiographies comme dans la construction navale, on exécute le plus souvent ces tâches durant des périodes où les travailleurs de la production ne sont pas sur le chantier. L'information et la formation sont des moyens complémentaires mais essentiels. L'objet de l'information est d'amener à la connaissance du travailleur la nature des risques auxquels il est exposé et les moyens préventifs applicables. Ceci dans le but d'une participation active de sa part à la prévention. L'objet de la formation est de mettre au point et d'utiliser des procédures sécuritaires de travail spécifiques à la présence du contaminant. L'utilisation de ces procédures de travail repose sur leur apprentissage par les travailleurs. 21 Santé et sécurité au travail : notions de base 3. LES PRINCIPAUX AGRESSEURS CHIMIQUES EN MILIEU DE TRAVAIL Comme l'hygiéniste doit être capable d'identifier dans le milieu de travail les agresseurs à la santé des travailleurs, il se doit de bien connaître la nature des agresseurs reconnus comme tels dans les études scientifiques. Nous allons dans cette section passer en revue les agresseurs faisant plus généralement l'objet des actions des hygiénistes industriels : les agresseurs chimiques et les agresseurs physiques. Nous en préciserons la nature, la façon dont on s'y expose, les effets sur la santé, les techniques de mesure ainsi que les principaux moyens de contrôle. 3.1 Nature et sources d'exposition Les agresseurs chimiques exercent leurs effets sur l'organisme du travailleur en y entrant soit par la voie respiratoire, soit par la peau et plus rarement par ingestion. Ces contaminants se présentent dans le milieu de travail sous forme de poussières, de fumées, de brouillards, de vapeurs, de gaz et de liquides. 3.1.1. Les poussières Les poussières sont des particules solides qui sont placées en suspension dans l'air par des procédés comme : 22 - le broyage de la pierre, - le meulage de pièces de métal, - le sablage du bois, - ou par des procédés nécessitant la manipulation ou l'utilisation de matériaux granuleux comme l'ensachage du ciment, de la poudre de lait, le cardage du coton ou le sablage au jet de sable. Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle 3.1.2. Les fumées Les fumées proviennent de matériaux qui sont solides à la température de la pièce. Lorsque ces matériaux sont chauffés, ils deviennent liquides puis s'échappent sous forme de vapeurs. Ces vapeurs se refroidissent dans l'air provoquant leur solidification sous forme de particules. Souvent, ce phénomène s'accompagne d'une réaction chimique avec l'oxygène de l'air changeant la nature du contaminant par rapport au matériau de départ. Les procédés exigeant de très hautes températures sont ceux qui émettent ce type de contaminant. Par exemple, en soudure, on retrouve, parmi d'autres contaminants possibles, le fer qui est transformé en fumée d'oxyde de fer. En fonderie, selon les métaux utilisés, les travailleurs sont exposés à des fumées de plomb, de zinc, de manganèse, d'oxyde de fer. 3.1.3. Les brouillards Les brouillards sont des particules liquides qui sont aéroportées à partir d'une substance liquide à la température de la pièce. Les travailleurs sont exposés à des contaminants se présentant sous cette forme lorsqu'ils utilisent des procédés comme : - le coupage du métal nécessitant des liquides de coupe, les particules du liquide de coupe étant dispersées par les mouvements des pièces de métal; ou bien - l'application des peintures ou autres liquides comme les pesticides au moyen de pistolets sous pression dispersant ces liquides vers les surfaces à couvrir; - les traitements acides ou alcalins des métaux ou les placages de métaux qui sont faits dans des bains électrolytiques. Le dégagement de gaz à partir de ces bains amène dans l'atmosphère des gouttelettes de liquides du bain comme l'acide sulfurique, de l'acide chromique, des cyanures et d'autres. 23 Santé et sécurité au travail : notions de base 3.1.4. Les vapeurs Les travailleurs sont exposés à des vapeurs lorsqu'ils sont en présence de la phase gazeuse d'une substance qui se présente sous forme solide ou liquide aux conditions normales de température et de pression. L'exposition la plus commune à des vapeurs provient de l'utilisation des solvants organiques dans une foule d'usages ou de procédés comme la dilution des peintures, le nettoyage à sec des vêtements, le dégraissage des métaux, le décapage des cires et vernis, etc. D'autres substances et procédés, rencontrés moins fréquemment, peuvent aussi exposer les travailleurs à des vapeurs. Par exemple, les travailleurs sont exposés à des vapeurs de mercure durant la fabrication de piles au mercure ou dans la production du chlore gazeux. Dans l'industrie pharmaceutique, certains travailleurs peuvent être exposés à des vapeurs de brome ou d'iode. 3.1.5. Les gaz Les travailleurs sont exposés à des gaz lorsqu'ils sont en présence de contaminants qui se présentent sous cette forme aux conditions normales de température et de pression. Ce type de contaminant est présent dans les milieux de travail soit parce qu'on les utilise dans des procédés spécifiques, soit parce qu'ils sont produits comme polluants indésirables de certains procédés. Par exemple, le chlore est utilisé comme agent de blanchiment dans l'industrie du textile et du papier, ou comme produit de base pour la fabrication de l'eau de javel. Les oxydes d'azote, quant à eux, se retrouvent dans l'environnement de travail comme produits de combustion des moteurs diesels, ou bien produits par la soudure à l'arc électrique ou par le décapage des métaux à l'acide. 3.1.6. Les liquides Finalement, les travailleurs sont exposés à des agresseurs liquides lorsqu'ils sont en contact direct avec des substances sous cette forme. Le plus souvent, c'est par contact avec les mains. On oublie trop souvent cette exposition, soit parce que l'on ne peut la quantifier, soit parce que l'on croit (faussement) les travailleurs complètement protégés par le port de gants. Le plus souvent, cette exposition s'ajoute à l'exposition aux vapeurs du même liquide. Par 24 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle exemple, dans l'industrie de la chaussure, on enlève les surplus de colle habituellement avec un chiffon imbibé d'un mélange de solvants organiques. Ce chiffon est manipulé avec ou sans gants. Dans cet exemple, il peut donc y avoir une exposition par la peau et une exposition par inhalation des vapeurs du solvant. 3.2 Effets sur la santé Les manifestations des effets sur la santé du travailleur sont diverses. On peut considérer les groupes suivants ; les irritations, les allergies, les effets systémiques, les pneumoconioses, les cancers. En général, les irritations sont des effets d'apparition aiguë, les allergies et les effets systémiques sont d'apparition aiguë ou chronique, alors que les pneumoconioses et les cancers sont d'apparition chronique. Voyons chacun de ces groupes par un exemple. 3.2.1 Les irritations Certains agresseurs sont des irritants de la peau ou des voies respiratoires. Citons, par exemple, l'acide chlorhydrique que certains connaissent sous le nom d'acide muriatique. Entre autres utilisations, cet acide en solution liquide sert dans le décapage et dans le raffinage des métaux. Le gaz s'échappant de cette solution est extrêmement irritant pour les voies respiratoires. Le contact avec la peau provoque des brûlures. Pour prévenir l'apparition d'irritation respiratoire chez la majorité des travailleurs, on a fixé une norme de concentration plafond à 2 ppm. 3.2.2 Les allergies Des réactions allergiques de la peau, des voies respiratoires ou des poumons peuvent être attribuables au contact avec des liquides, des brouillards, des poussières, des vapeurs. 25 Santé et sécurité au travail : notions de base Par exemple, les vapeurs du diisocyanate de toluène (TDI) ou du diisocyanate de diphenylméthane (MDI) auxquelles sont exposés les travailleurs de la fabrication de mousses d'uréthane ou les travailleurs de la préparation ou de l'application de peinture aux poloyuréthanes sont des substances qui provoquent les symptômes de l'asthme chez certains travailleurs. 3.2.3 Les pneumoconioses Cette altération permanente du tissu pulmonaire affecte des travailleurs qui ont été exposés durant de longues périodes à des poussières minérales ou organiques. Ce sont principalement des poussières de silice, de charbon ou d'amiante. Les travailleurs exposés à ces poussières se retrouvent donc chez les mineurs du charbon, de l'amiante ou des métaux (la silice étant présente dans le minerai dont on extrait les métaux comme le fer, le nickel, le cuivre, l'or). Ils se retrouvent aussi dans les industries utilisant ces produits, par exemple en fonderie où l'on fabrique des moules avec un sable contenant de la silice, dans l'industrie des plaquettes de freins où l'on utilise l'amiante comme constituant des plaquettes, dans le procédé de sablage au jet de sable qui utilise le sable de silice comme abrasif. Comme l'effet de l'exposition à ces poussières est d'apparition chronique, sa prévention repose sur une norme de concentration moyenne : 3.2.4 - 0,1 fibre/cm3 pour l'amiante (chrysotile), - 2 mg/m3 pour la poussière respirable de charbon, dans le cas de la silice, la norme de concentration moyenne pour la poussière respirable varie en fonction du pourcentage de silice contenu dans la poussière à laquelle le travailleur est exposé. Les effets systémiques Certains contaminants qui entrent dans notre organisme par la peau ou par la voie respiratoire sous forme de poussières, brouillards, fumées, gaz ou 26 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle vapeurs passent dans la circulation sanguine puis vont exercer leur action toxique dans l'ensemble de l'organisme ou sur un organe en particulier. Ces effets constitueront des dangers à court ou à long terme selon les niveaux d'exposition. Pour les contaminants présentant ce type de danger, on utilisera donc une norme de concentration maximale ou plafond comme guide pour prévenir l'apparition à court terme d'effets systémiques. On utilisera aussi une norme de concentration moyenne comme guide pour prévenir l'apparition d'effets irréversibles à long terme. 3.2.5 Les cancérigènes Pour chacune des formes d'agresseurs chimiques (particules, gaz, vapeurs), il existe des substances auxquelles un risque d'apparition de tumeurs malignes est associé. Par exemple, à l'exposition au benzène est associé le risque accru de leucémie. Le benzène a déjà été beaucoup utilisé comme solvant pour les peintures, les laques, le caoutchouc. On limite actuellement son utilisation. On le retrouve encore surtout dans l'industrie chimique où il sert de matériau de base à la fabrication d'autres produits chimiques. Il peut aussi être présent dans la gazoline. Une norme d'exposition moyenne de 0,5 ppm doit être respectée pour prévenir les risques associés à l'exposition au benzène. 3.3 Techniques de mesure des particules La mesure des concentrations des particules (poussières, fumées, brouillards) est faite par diverses techniques que nous pouvons regrouper en deux types : les appareils à lecture directe et l'échantillonnage intégré. Dans l'un et l'autre type, on peut échantillonner la totalité des particules présentes dans l'air, ce qui est une estimation de la concentration de toutes les particules qui entrent dans les voies respiratoires. Ou bien, on peut être plus sélectif et n'échantillonner que la fraction respirable des particules, c'est-à--dire la concentration des particules qui iront effectivement se 27 Santé et sécurité au travail : notions de base déposer dans les alvéoles pulmonaires, ce qui est important dans le cas d'une exposition aux poussières qui contiennent de la silice, par exemple, Pour ce faire, on utilise un élément qui sépare les particules respirables de celles qui ne le sont pas. Les appareils à lecture directe fonctionnent selon le principe suivant : une pompe aspire l'air dans l'appareil à un débit précis; le dosage des particules dans l'air se fait par différentes analyses physico-chimiques, par exemple l'atténuation des particules béta; l'appareil indique immédiatement la concentration en mg/m3. Ces appareils sont surtout utilisés pour délimiter des zones de contamination ou des sources d'émission d'un contaminant. Pour déterminer l'exposition d'un travailleur, on utilisera plutôt l'échantillonnage intégré. Ce type de mesure consiste à aspirer l'air à un débit connu à travers un capteur, le plus souvent un filtre, pendant une certaine période de temps. Ce capteur sera par la suite analysé par différentes analyses physiques ou chimiques selon le cas (pesée, absorption atomique, etc.). On obtiendra ainsi un résultat en mg/m3 du contaminant, qui est une moyenne des concentrations durant la période échantillonnée. L'hygiéniste choisira l'une ou l'autre de ces techniques selon les avantages et les inconvénients de chacune par rapport au type de risque à évaluer (long terme, courte durée ou instantané) et, bien sûr, selon la disponibilité de chaque technique. 3.4 Les principaux moyens de contrôle On en a déjà signalé plusieurs dans ce texte, en apportant certains exemples en regard des particules, des gaz et des vapeurs. Les principaux moyens utilisés sont la ventilation locale et générale, les « procédés humides » où un jet d'eau est utilisé pour contrôler les poussières comme dans la coupe de la pierre et du ciment et, finalement, les moyens de protection individuels. 28 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle 4. LES PRINCIPAUX AGRESSEURS PHYSIQUES Les agresseurs physiques exercent leurs effets sur l'organisme du travailleur par un transfert d'énergie vers celui-ci. Le type d'effet dépend du type d'énergie, du mode de transfert, de la quantité d'énergie transférée à l'organisme et des structures biologiques qui y sont sensibles. Les principaux agresseurs physiques auxquels sont exposés les travailleurs dans leur environnement sont le bruit, les vibrations, les radiations non ionisantes, les radiations ionisantes, la contrainte thermique. Voyons quelle est leur nature, comment les travailleurs s'y exposent, quels dangers ils présentent, les techniques de mesure et les principaux moyens de contrôle de chacun. 4.1 Le bruit 4.1.1 Nature et sources d'exposition Lorsque des variations de pression perceptibles sont produites dans l'atmosphère, on les nomme des sons. Si l'intensité de ces variations de pression est grande, on les nomme des bruits. Lorsque les variations de pression sont produites de façon continue, on parle de bruit continu. Lorsque la variation de pression est produite par un événement isolé et ne dure qu'une très courte période, comme un coup de marteau, on parle de bruit d'impact. L'intensité des variations de pression est une caractéristique décrivant le bruit. On la mesure en décibels (dB ou dBA selon l'échelle de mesure utilisée). Si l'intensité d'un son est augmentée de 10 dB, les oreilles le perçoivent comme si l'intensité du son avait été à peu près doublée. Une réduction de 10 dB le fait percevoir comme si son intensité avait été réduite de moitié. L'autre caractéristique décrivant un son est sa fréquence, c'est-à-dire le nombre de variations de pression qu'il y a dans une seconde. C'est ce que nous percevons comme les sons graves (faible fréquence) ou les sons aigus (haute fréquence). Dans la réalité, les sons que nous percevons sont généralement composés de plusieurs fréquences différentes. 29 Santé et sécurité au travail : notions de base Les sons sont généralement provoqués par la vibration de corps solides ou par des turbulences dans un fluide. Une machine dont des surfaces vibrent à cause des mouvements des pièces mobiles comme un compresseur est une source de bruit. L'air comprimé expulsé au bout d'un boyau provoque des turbulences dans l'air et est ainsi une source de bruit. On voit qu'il peut y avoir une multitude de sources de bruit dans les milieux de travail. 4.1.2 Effets sur la santé Le principal risque d'une trop grande exposition au bruit est l'apparition chronique de surdité. Cette surdité est irréversible parce que due à une destruction de cellules de l'oreille interne. Au Québec, pour prévenir ce risque, la norme d'exposition au bruit continu est de 85 dBA pour huit heures par jour3. Exposés à ce niveau, un certain nombre d'individus seront quand même atteints de surdité industrielle. Pour les bruits d'impact4, on limite le nombre d'impacts permis durant huit heures selon le niveau du bruit émis. Par exemple : 10 000 impacts par période de huit heures pour des bruits dont le niveau de crête est de 120 dB; 100 impacts par huit heures pour des bruits dont le niveau de crête est de 140 dB. Pour prévenir l'apparition de séquelles à très court terme, on ne doit être exposé à aucun bruit d'impact dont le niveau de crête est supérieur à 140 dB. 4.1.3 Techniques de mesure L'exposition au bruit d'un travailleur sera évaluée par l'une ou l'autre des deux stratégies suivantes : 3 Le 16 juin 2023, de nouvelles normes ayant trait aux mesures (décibels) et à la durée d’exposition du bruit sont entrées en vigueur. La norme d’exposition pour huit heures est passée de 90 à 85dBA. 4 Les modifications apportées au RSST en juin 2023 concernant les normes de bruit, suppriment la notion de bruit continu et de bruit d’impact, modifie la définition de dBA pour intégrer tous les types de bruits présents y compris les bruits impulsionnels (bruits d’impact). 30 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle Lorsque le niveau de bruit est continu au poste de travail et que le travailleur est relativement fixe à son ou ses postes de travail, on évalue le risque de cette exposition en mesurant le niveau de bruit équivalent pour huit heures, que l'on compare à la norme. On mesure le niveau de bruit au poste avec un sonomètre, appareil qui mesure le niveau de bruit et l'affiche immédiatement. Lorsque le niveau de bruit au poste est fluctuant ou que le travailleur se déplace, il est alors difficile d'obtenir tous les niveaux de bruit et leur durée correspondante auxquels le travailleur est exposé. Dans ces cas, on utilise un dosimètre, appareil qui, comme le sonomètre, mesure les niveaux de bruit à chaque instant, mais qui, plutôt que de les afficher, les additionne selon leurs durées. Après une période de mesure, il nous fournit une lecture de dose de bruit qui correspond au niveau du bruit présentant le même risque que l'ensemble des différents niveaux auxquels le travailleur a été exposé. Lorsqu'il y a présence de bruits d'impacts, on les mesure avec un sonomètre particulier pour ce type de bruit. On mesure le niveau de crête du bruit d'impact, c'est-à-dire le plus haut niveau de pression sonore produit par ce bruit. Avec une estimation du nombre de bruits d'impact dans une journée de travail et de leurs niveaux, on pourra juger du risque associé à cette exposition. 4.1.4 Les principaux moyens de contrôle - les moyens de réduire l'exposition au bruit relèvent de : - la modification des machines et des équipements, 31 Santé et sécurité au travail : notions de base - la modification des procédures de manutention, - l'encoffrement des machines, - la réduction de la vibration des surfaces des machines, - la réduction de la réverbération des sons par l'amortissement à l'aide de matériaux absorbants, - l'isolation des postes de travail, - la protection individuelle. 4.2 Les vibrations 4.2.1 Nature et sources d'exposition Les travailleurs sont exposés à de l'énergie transmise par des vibrations lorsqu'ils sont en contact avec des outils, des machines ou des supports (sièges ou plancher) qui sont animés de mouvements de va-et-vient. Les travailleurs peuvent être exposés à des vibrations qui sont transmises à tout le corps, aux mains et aux membres supérieurs. Des vibrations sont transmises à tout le corps par des sièges ou des planchers. Par exemple, le conducteur d'un tracteur est exposé à des vibrations transmises par le siège de sa machine. Des vibrations sont transmises aux mains par des outils vibrants comme les scies à chaîne, les ponceuses, les marteaux-piqueurs. 4.2.2 Effets sur la santé Lorsque tout le corps est exposé aux vibrations, les effets dépendent de la fréquence de ces vibrations. L'exposition à des vibrations de très basses fréquences (inférieures à 2 hertz, c'est-à-dire deux mouvements de va-et-vient par seconde) amène des malaises connus sous le terme de « mal des transports ». L'exposition aux vibrations de basses fréquences (2 à 20 Hz) amène principalement des problèmes vertébraux et digestifs. Les conducteurs de machines lourdes (camions, tracteurs et autres) sont particulièrement exposés à ce type de vibrations. 32 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle La transmission de vibrations aux mains par les outils vibrants entraîne des problèmes ostéo-articulaires (arthrose du coude par exemple) et des problèmes neurocirculatoires ; le syndrome de Raynaud ou maladie des doigts blancs. Dans une étude québécoise de 1978, on a établi que 22 % de tous les travailleurs forestiers souffrent de ce problème à cause des vibrations de la scie mécanique. Au Québec, aucune forme d'exposition n'est établie pour ce danger. Cependant, des propositions de normes ont été émises par ISO (International Standardization Organization). On s'en sert comme guide actuellement. 4.2.3 Techniques de mesure L'évaluation de l'exposition aux vibrations peut se faire en utilisant un capteur de vibrations, un accéléromètre couplé à un analyseur qui affiche le niveau de vibrations ou les enregistre. Ces mesures peuvent être effectuées directement sur les appareils vibrants communiquant des vibrations aux mains ou sur leurs supports (sièges, planchers) communiquant des vibrations à tout le corps. Avec les durées d'exposition correspondantes, on peut comparer avec les guides d'exposition proposés par ISO. Toutefois, ce type de mesure n'est pas généralisé. 4.2.4 Les principaux moyens de contrôle Que ce soit pour les vibrations transmises aux mains ou à tout le corps, le contrôle technique vise à éliminer ou réduire la transmission des vibrations. L'élimination passe par des modifications de procédé comme monter le marteau-piqueur sur une rétrocaveuse plutôt que de le laisser manipuler directement par le travailleur. La réduction passe par l'absorption des vibrations par des systèmes de suspension sur les véhicules, par l'isolation des poignées sur les outils comme les scies à chaîne ou les marteaux-piqueurs. 33 Santé et sécurité au travail : notions de base 4.3 Les rayonnements non ionisants 4.3.1 Nature et sources d'exposition Les rayonnements sont un transfert d'énergie sous forme d'ondes électromagnétiques. Les rayons du soleil sur la peau en sont un exemple. Lorsque les rayonnements ne transfèrent pas suffisamment d'énergie pour transformer les atomes neutres de la matière vivante (oxygène, hydrogène, azote et carbone) en un ion positif et un ion négatif, on les appelle rayonnements non ionisants. On différencie quatre types de rayonnements non ionisants selon la quantité d'énergie qu'ils transfèrent. Ce sont les rayonnements ultraviolets, les rayonnements visibles, les rayonnements infrarouges, les micro-ondes et ondes radio, des plus énergétiques aux moins énergétiques. Les rayonnements ultraviolets sont émis par les corps incandescents. Le soleil est une source d'émission de rayonnements ultraviolets. Les arcs électriques en soudure, les lampes à vapeurs sont des sources industrielles d'ultraviolets. Les rayonnements visibles qui sont émis avec une intensité suffisante pour présenter des risques, le sont soit par des lasers, soit par des types de lampes comme celles utilisées dans les projecteurs de cinéma, les photocopieurs. Les rayonnements infrarouges sont émis par tous les corps chauds. Dans l'industrie, les principales sources sont les substances en fusion comme le verre ou le métal en soudure ou en métallurgie, ainsi que l'utilisation de sources d'infrarouge pour le séchage ou le chauffage. L'exposition aux micro-ondes ou aux ondes radio résulte : 1. soit de l'utilisation d'appareils utilisant la propriété de ces ondes de produire de la chaleur, comme les fours et les séchoirs à micro-ondes, les fours à induction, les appareils diathermiques d'utilisation médicale ou industrielle; 2. soit de l'entretien d'émetteurs radio comme les antennes de radio et de télévision, les radars. 34 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle 4.3.2 Effets sur la santé Les rayonnements ultra-violets affectent la peau ou les yeux exposés sans protection. Les effets aigus sont les rougeurs et les brûlures de la peau. Aux yeux, ils provoquent une intense irritation, une conjonctivite ou flash du soudeur. Les effets chroniques sont le vieillissement prématuré de la peau et certains types de cancer de la peau. L'exposition à de trop grandes quantités de lumière visible peut causer une dégénérescence temporaire ou permanente de la rétine. Les infrarouges peuvent provoquer des brûlures de la peau. À long terme, l'apparition de cataracte est associée à l'exposition à ce type de rayonnement. Ceci a été démontré chez les souffleurs de verre. Les effets de l'exposition aux ondes radio et aux micro-ondes proviennent de l'augmentation de température qu'ils provoquent dans les tissus. Les organes les plus sensibles sont les yeux où ils provoquent des cataractes et les testicules où ils arrêtent la formation des spermatozoïdes, causant l'infertilité. Au Québec, il n'y a pas de normes réglementées pour ces contaminants. On utilise les normes proposées par ACGIH. 4.3.3 Techniques de mesure Les techniques servant à mesurer l'exposition aux radiations non ionisantes (ultra-violet, visible et infrarouge, micro-onde et onde radio) existent et sont spécifiques à chaque type de radiations. Toutefois, sauf pour les techniques de mesure de la lumière visible, ces techniques ne sont pas généralisées. En pratique, les normes d'exposition servent à établir les spécifications des équipements de protection comme les lunettes ou les visières. 4.3.4 Les principaux moyens de contrôle Pour les ultraviolets, le visible et les infrarouges, l'utilisation d'une protection visuelle adéquate comme chez les soudeurs réduit les risques pour les yeux. L'utilisation d'écrans protège les autres travailleurs. 35 Santé et sécurité au travail : notions de base Pour les ondes radio et les micro-ondes, c'est aussi l'utilisation d'écrans qui offre une protection aux travailleurs, en plus du respect de procédures sécuritaires. 4.4 Les rayonnements ionisants 4.4.1 Nature et sources d'exposition Les radiations ionisantes sont celles qui sont suffisamment énergétiques pour transformer les atomes neutres de la matière en ion. Ce sont les rayons X qui sont produits par des machines à rayon X et les rayons gamma qui sont émis par le noyau instable des atomes de matière radioactive : les isotopes radioactifs. L'ionisation de la matière peut aussi être produite par des particules se déplaçant à grande vitesse. Ce sont les particules alpha (2 protons - 2 neutrons), les particules bêta (électrons) et les neutrons. Ces particules sont émises par de la matière radioactive : les isotopes radioactifs. L'exposition aux radiations provient principalement de l'utilisation d'appareils à rayon X, soit dans des applications médicales ou industrielles. Elle peut provenir aussi de l'utilisation ou de l'exposition involontaire à des substances radioactives, surtout des émetteurs de particules alpha ou bêta. Par exemple, certains mineurs sont exposés à un gaz, le radon, un émetteur de particules alpha. 4.4.2 Effets sur la santé Les effets de l'exposition aux radiations dépendent de la dose et de la durée d'exposition, mais aussi de la voie d'entrée, c'est-à-dire s'il s'agit d'une exposition à partir d'une source externe ou d'une source interne. Par exemple, l'exposition à une source externe de particules alpha ou bêta ne présente que peu de risque, les premières étant arrêtées par la peau et les secondes ne pénétrant que de 0,2 à 1,3 cm. Cependant, lorsque des matériaux émetteurs comme le radon entrent dans l'organisme, les tissus peuvent subir d'importants dommages. 36 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle Les effets des radiations sont soit somatiques, c'est-à-dire que c'est l'individu lui-même qui en souffre, soit génétiques, c'est-à-dire que les effets s'observent chez les descendants de l'individu exposé. Les pathologies sont diverses, incluant des cancers. 4.4.3 Techniques de mesure L'évaluation de l'exposition aux radiations ionisantes peut être faite par deux techniques : les compteurs qui sont des appareils à lecture directe et les dosimètres qui intègrent l'exposition durant toute la durée de mesure. Ces deux techniques mesurent l'exposition externe que l'on peut comparer avec la norme d'exposition. Ils ne mesurent toutefois pas l'exposition interne si tel est le cas. 4.4.4 Les principaux moyens de contrôle Le contrôle de l'exposition au rayonnement ionisant de sources externes utilise principalement les principes d’atténuation du rayonnement par un écran (blindage) et d'atténuation par éloignement par rapport à la source. Pour éviter l'exposition de sources internes, le contrôle relève principalement des procédures de travail et d'entretien ainsi que de l'utilisation de moyens de protections individuels. 4.5 4.5.1 La contrainte thermique Nature et sources d'exposition L'homme doit garder constante la température de son corps. Pour ce faire, ses mécanismes d'ajustement sont la production de chaleur par les contractions musculaires et l'évacuation de chaleur par la transpiration. L'homme effectue constamment des échanges thermiques avec son environnement. On peut simplement exprimer l'état d'équilibre que l'on doit maintenir par l'équation suivante : 37 Santé et sécurité au travail : notions de base E= M + R + C E est la dissipation de chaleur par évaporation, c'est-à-dire par le mécanisme de transpiration; M est la production interne de chaleur par le métabolisme; R est l'apport d'énergie externe par rayonnement (ce peut aussi être une perte); C est l'apport d'énergie externe par convection, c'est-à-dire par réchauffement de la peau par l'air (ce peut aussi être une perte). Les travailleurs exposés à de possibles problèmes de contrainte thermique sont ceux qui travaillent dans un environnement où l'apport d'énergie externe par convection ou par rayonnement est important et là où la température de l'air est élevée. Par exemple, en fonderie, le métal en fusion est une importante source de rayonnement; souvent la température de l'air y est très élevée (plus de 35°C); enfin, la charge de travail y est importante, d'où un surplus de chaleur interne à évacuer en plus des apports externes mentionnés. Dans d'autres milieux de travail, par exemple en buanderie où la charge de travail peut aussi être importante, le problème est parfois attribuable à la trop grande humidité de l'air. En effet, cette condition réduit la possibilité que l'on a d'évacuer de la chaleur par évaporation. 4.5.2 Effets sur la santé Certaines conditions de l'environnement de travail peuvent être extrêmes au point où l'évacuation de chaleur par transpiration ne suffit plus à maintenir l'équilibre. Il en résulte alors une augmentation de la température du corps qui se traduit d'abord par la formation de boutons et rougeurs sur la peau, la déshydratation et le déséquilibre électrolytique, une fatigue extrême, puis, enfin, l'évanouissement (coup de chaleur). Comme la contrainte thermique dépend de plusieurs facteurs à la fois, on a dû mettre au point des indices qui intègrent tous ces paramètres dans 38 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle l'évaluation du risque, en l'occurrence le coup de chaleur. Au Québec, l'indice réglementé se nomme l'indice WBGT. On spécifie donc, comme norme, des valeurs qui tiennent compte de la charge de travail et qui ne doivent pas être dépassées pour prévenir le coup de chaleur mais non pour assurer le confort. 4.5.3 Techniques de mesure Pour le WBGT et les autres indices de contrainte thermique, on doit : 1. Faire l'évaluation ergonomique de la charge de travail par l'observation des tâches; 2. Mesurer au poste de travail : - la température de l'air; - l'humidité relative; - la température de rayonnement; - la vitesse de l'air. 4.5.4 Les principaux moyens de contrôle Les moyens de contrôle agissent sur l'un ou l'autre des modes de production ou d'échange de chaleur. On choisira sur quel mode agir en priorité après avoir bien évalué l'importance relative de chacun de ces mécanismes dans la contrainte thermique. On agira sur le métabolisme par la réduction de la charge de travail, soit en modifiant les tâches, soit en réduisant la durée d'exécution des tâches. On diminue l'apport d'énergie par rayonnement en utilisant des écrans ou des vêtements de protection. Si l'apport par convection est important, c'est que la température de l'air est élevée. On peut la réduire d'abord par une ventilation générale avec apport d'air neuf ou par climatisation, ce qui est très coûteux. 39 Santé et sécurité au travail : notions de base Si on ne peut perdre beaucoup de chaleur par évaporation, c'est que l'humidité relative de l'air est élevée. On peut généralement la réduire aussi par la ventilation générale. 40 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle CONCLUSION Pour exercer l'hygiène industrielle, il faut donc en connaître très bien les fondements, avoir toutes les connaissances et habiletés nécessaires à l'identification, à l'évaluation et au contrôle des risques, c'est-à-dire bien connaître les facteurs de risques ou agresseurs, leurs effets sur la santé, les guides d'exposition servant à prévenir l'apparition de ces effets, les techniques permettant d'effectuer des mesures pour les comparer à ces guides et les techniques de contrôle pour conseiller les intéressés dans leur application. Ceci ne se réalise que par des liens étroits avec plusieurs autres intervenants : responsable de la sécurité, médecin, infirmier(e), directeur des ressources humaines, directeur de production ainsi que le directeur de l'entretien. Ces liens seront plus ou moins importants selon le service où est affecté l'hygiéniste industriel. On les rencontre en effet dans divers services. Historiquement, on les retrouve d'abord dans un organisme public créé en 1937 par la Loi de l'hygiène publique. On les retrouve aussi dans les services de sécurité, de contrôle de l'environnement et de santé de certaines grandes compagnies. Aujourd'hui, avec la Loi sur la santé et la sécurité du travail, les hygiénistes industriels œuvrent dans les services suivants : - services divers d'employeurs (contrôle de l'environnement, maintenance, service médical, santé-sécurité, etc.); - services de consultants privés; 41 Santé et sécurité au travail : notions de base - services publics de santé au travail (CISSS ou CIUSSS5, CLSC); - services de prévention-inspection de la commission des normes, de l’équité et de la santé et de la sécurité au travail. Tous ceux et celles qui pratiquent l'hygiène industrielle dans ces divers services, dans des fonctions souvent différentes, le font tous dans un même but : prévenir toute atteinte à la santé des travailleurs. 5 5 42 Le Centre Intégré de Santé et de Services Sociaux ou le Centre Intégré Universitaire de Santé et de Services Sociaux est la structure régionale créée suite à l’abolition des agences de la santé et des services sociaux en février 2015 à qui l’on a confié la majorité des services de santé et de services sociaux. Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle Notes sur les concentrations Le milligramme par mètre cube (mg/m3) et les parties par million (ppm) sont des unités de mesure de la quantité d'une substance présente dans une autre substance. On dit la concentration. Ici, il s'agit de la quantité de monoxyde de carbone dans une certaine quantité d'air. On détermine la concentration de monoxyde de carbone en mesurant la masse de cette substance en mg présente dans un certain volume d'air, en l'occurrence un cube de 1 mètre sur 1 mètre sur 1 mètre, c'est-à-dire un volume de 1 mètre cube (1 M3). Ou encore l’on mesure le nombre d'unités de volume de monoxyde de carbone par million d'unités de volume d'air, par exemple, s’il y a 1 litre de monoxyde de carbone dans 100 litres d'air , nous conclurons qu’il y a 10 000 parties par 1 000 000. S'il y a 7 milligrammes (mg) de monoxyde de carbone dans chaque mètre cube (m3) de votre salon, nous dirons que la concentration du monoxyde de carbone dans votre salon est de 7 mg/m3. Les mesures de concentration peuvent aussi être exprimées selon différentes unités : UNITÉS Mg/m3 SIGNIFICATION Masse de la substance (en mg) par volume d'air (en m3). Volume de la substance par volume d'air. % Ex. : 1 litre de monoxyde de carbone dans 100 litres d'air donne une concentration en monoxyde de carbone égale à 1 %. Parties par million. p.p.m Nombre d'unités de volume de la substance par million d'unités de volume d'air. ex. : 1 litre de monoxyde de carbone dans 100 litres d'air = 10 000 parties par 1 000 000. 43 Santé et sécurité au travail : notions de base Calcul de la concentration moyenne pondérée Concentration moyenne = C1 T1 + C2 T2 + … Cn Tn T1 + T2 + … T 11 Ou : C = concentration mesurée pour un échantillon T = durée de prélèvement pour un échantillon 44 Module 6 : Introduction à l'hygiène industrielle 45