Méthodologie Cours 10 - La Trace : Analyse et Comparaison

Summary

Ce document présente une méthodologie d'analyse et de comparaison des traces, allant de l'identification à l'inférence sur la source commune. Il détaille les différents processus impliqués et fournit des exemples pour illustrer les concepts. Les mots clés incluent les sciences forensiques, l'analyse des traces et la collecte de preuves.

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# Cours 10 : Méthodologie ## La trace : analyse et comparaison ### 1. Processus d'identification : Relier une trace à la source qui la produit Le processus d'identification de la source (unique) d'une trace repose sur la mise en relation de la trace à des objets ou des personnes. C'est une étape...

# Cours 10 : Méthodologie ## La trace : analyse et comparaison ### 1. Processus d'identification : Relier une trace à la source qui la produit Le processus d'identification de la source (unique) d'une trace repose sur la mise en relation de la trace à des objets ou des personnes. C'est une étape importante du raisonnement sur la signification de l'indice (fonction élémentaire de la trace). Il y a une relation de causalité entre la trace (effet) et un objet ou une personne (inférence sur la source). **ATTENTION plusieurs causes peuvent potentiellement expliquer l'effet (incertitude sur l'inférence).** #### 1.1 Exemple : Inférence sur la source commune Cette mise en relation fait la distinction entre "trace" produite durant une activité d'intérêt (situation non contrôlée) et "l'empreinte" directement saisie sur l'objet ou la personne dans des conditions contrôlées. #### 1.2 Exemple : Mise en relation Cette mise en relation peut également avoir lieu entre plusieurs traces provenant de la même source mais sans forcément les relier à la source. #### 1.3 Exemple : Recomposition L'assemblage (ou recomposition) fait appel à : - **Personne** entre **Membres d'un cadavre découpés retrouvés à différents endroits** et **Objet** **Papier déchiré récupéré dans la poubelle et recomposé** - **Personne** **Objet** - **Information** - La source commune d'une trace et d'une empreinte - Profil d'ADN extrait d'une trace biologique identique au profil d'ADN d'une personne qui indique que la personne est la source de la trace - Substance - Profils d'ADN identiques provenant de deux lieux qui indiquent que la même personne en est à la source - Traces semblables sur des projectiles qui indiquent que la même arme a été utilisée - Profil chimique de produits stupéfiants similaires qui indiquent un même procédé de fabrication - **Objet** - Trace d'un pneu semblable à l'empreinte des pneus montés sur une automobile qui indique que le pneu est à l'origine de la trace - **Numérique** - Sites internet de vente de produits contrefaits qui présentent une structure semblable et qui indiquent qu'ils appartiennent à un même réseau de distribution #### 1.4 Exemple : Accident Lors d'un délit de fuite à un accident de la route, des débris collectés sur la route (numéroter de 1 à 12 sur la photo de droite) peuvent être mis en relation avec les morceaux du phare cassé d'un véhicule suspect (A-G sur la photo). #### 1.5 Autre type d'association - Profil de la trace biologique qui indique le sexe de la personne (XY, XX). - La trace de doigt sur un ordinateur qui indique un lien entre la personne et l'ordinateur. - La langue ou l'accent utilisé par une personne dans un message vocal anonyme qui indique son origine. - Une touffe de cheveux dans les mains d'une personne décédée qui indique une activité (lutte). ### 2. Comment faire pour inférer sur la source d'une trace ? On tend à observer la trace et les empreintes par un mouvement de va-et-vient entre les différentes images afin de détecter des caractéristiques communes. Lorsque les empreintes de référence diffèrent considérablement, une conclusion peut être rapidement atteinte. Dans la pratique, ce type d'association intuitive peut conduire à des erreurs. Une méthodologie plus systématique a donc été développée, elle est basée sur ce qu'on appelle le processus ACE-V. #### 2.1 Processus ACE-V Le but est de séquencer se qu'on va faire quand on compare des traces et des empreintes en commençant par l'analyse. On collecte et stocke les données puis on compare le fruit de nos observation. On évalue la valeur des concordance et discordance. Pour finir on fait vérifier par les paires. Le processus ACE a été introduit par Roy Hubert, un expert en documents canadien dans les années 70. Dès les années 90, le modèle ACE a été décrit par Cassidy, Olson et Tuthill pour l'examen des traces de semelles puis formalisé par Ashbaugh dans le domaine des traces papillaires. L'étape de vérification alors été introduite. Ces étapes vise à garantir une certaine neutralité et transparence dans l'inférence sur la source commune d'une trace et d'une empreinte. ### 3. ACE #### 3.1 ACE Analyse de la trace / des traces (A1) On débute toujours par s'intéresser par la trace avant de s'occuper de l'empreinte. La première phase d'analyse (détection) s'effectue déjà sur les lieux. Si celle-ci est mal faite, elle ne peut que rarement être attrapé (risque de pertes et de confusion d'informations). Elle s'effectue bien sûr toujours de manière systématique dans une logique du général au particulier. Cette première phase permet d'extraire une diversité d'informations de la trace, et ne se limite donc pas à inférer sur la source unique d'une trace. Des hypothèses sur l'activité ayant produit cette trace peuvent aussi être formulées et testées. Les informations provenant de toutes les traces observées sont en général combinées et utilisées dans le processus de reconstruction (voir cycle hypothético-déductif). Cette phase est essentielle. La phase d'analyse à pour objectif d'observer et de documenter les caractéristiques de la trace afin d'en extraire un modèle. A partir d'une source (trace) on relève les caractéristiques. La trace étant généralement de moins bonne qualité que le matériel de comparaison, la phase d'analyse débute par l'analyse de la trace. On évite, en tout cas dans un premier temps, d'observer côte à côte et traces et les matériels de comparaison. #### 3.2 Analyse du matériel de comparaison (A2) La 2ème étape consiste à analyser le matériel de comparaison provenant notamment de banques de données ou de personnes d'intérêt. Les caractéristiques du matériel de comparaison sont observées et documentées pour en extraire un modèle. Cette analyse peut également s'effectuer sur du matériel de référence non lié à des enquêtes (EX une banque de données de peinture de voitures ou de stupéfiants). Ainsi, des caractéristiques comparables de la trace (dont la source est inconnue) et de l'empreinte (dont la source est connue) sont observés et mesurés. On débute systématiquement par l'analyse de la trace (que l'on place à gauche) avant d'analyser le matériel de comparaison (que l'on place à droite) #### 3.3 Comparaison des modèles obtenus (caractéristiques) pour la trace et le matériel de comparaison : concordances et discordances des caractéristiques observées La comparaison vise à relever les concordances et les discordances entre les modèles comparés. On procède toujours du général aux particuliers (et ce, pour chaque étape du processus ACE-V). Une discordance explicable (EX l'absence de caractéristiques due à une trace partielle) n'est pas considéré comme une discordance. Aujourd'hui une partie du processus d'analyse et de comparaison et parfois d'évaluation également est automatisé pour certaines traces comme par exemple pour les traces papillaires (système AFIS) et le profil ADN (CODIS). Ces systèmes permettent généralement d'établir une liste de possibles mises en relation. Une vérification manuelle (processus ACE) et ensuite effectué par un expert forensique. Les représentations (modèle) qui résulte de la phase d'analyse sont comparées. Sur la base de cette comparaison et des connaissances sur les incertitudes de la mesure et de la variabilité des caractéristiques observées et mesurée dans la population, on relève les concordances et les discordances. Des connaissances sur l'intra-variabilité sont importantes à cette étape. Sur cette figure, le matériel de comparaison est une « empreinte » et provient d'une source connue telle qu'une banque de données ou une personne d'intérêt. La comparaison peut également être effectuée entre plusieurs traces (contenu ou non dans des banques de données). On peut également comparer les caractéristiques/modèle avec d'autres types de données de référence (contrôle, standard,...) dans le but, non pas d'inférer une source commune, mais une caractéristique particulière (sexe de la personne, origine géographique ou âge de la trace...). ##### 3.3.1 Exemple une inférence de l'origine géographique d'une personne à partir du vocabulaire utilisé. Le matériel de référence doit permettre de documenter dans quelles zones géographiques certaines caractéristiques linguistiques sont utilisées (ex huitante, quatre-vingts ou octante). On utilise généralement plusieurs caractéristiques pour établir un modèle. #### 3.4 Evaluation : Probabilité des observations sous chacune des hypothèses L'évaluation vise à déterminer sous quelle hypothèse les observations (concordance et discordances) s'expliquent le mieux. Viennent-elles de la même source ou non ? Les connaissances sur l'intra-variabilité et l'inter-variabilité jouent un rôle important dans la phase évaluative. Si des différences non explicables sont mises en évidence lors de l'étape de comparaison, l'évaluation aboutit en général à une exclusion. La valeur probante de la relation entre la trace et la source et évaluer (inférence de la source commune). Il doit toujours être envisagé que la trace ne vient pas de cette source supposée mais qu'elle a une autre origine (principe d'incertitude) ce modèle générique peut s'appliquer à tout type de traces (projectile d'arme à feu, trace de semelles, trace d'oreille..). Une fois qu'on a la comparaison on va inférer sur le lien #### 3.5 Vérification Une étape de vérification a été rajouter afin de contrôler le processus et le résultat obtenu. Cela permet d'évaluer si 2 experts indépendants voient les memes caractéristiques et évaluent le résultat de leur comparaison de la meme manière. On note souvent de légères différences dans les observations sans que cela n'influence le résultat. Cependant un résultat différents de toujours être attentivement examiné. Ce processus devrait etre effectué à l'aveugle sans connaître le résultat du premier expert mais dans la pratique cela n'est pas facile à mettre en place. La vérification peut selon les traces sont révélées très coûteuses (par exemple l'écriture). Le but d'éviter le biais de confirmation. C'est souvent utilisé dans les tests de compétence (Proficency tests)

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