CNED Grammar Course 1 PDF
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Université Paul Valéry Montpellier III
2023
Claire Schreiber
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This CNED grammar course, Tome 1, provides a concise overview of key grammatical concepts for writing and speaking clearly and accurately. It includes exercises and explanations for each chapter, focusing on core grammatical rules and their application in various texts. This course is tailored for competitive examinations.
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Concours de lettres GRAMMAIRE...
Concours de lettres GRAMMAIRE COURS – TOME 1 Claire Schreiber, sous la direction de Claudine Garcia-Debanc réactualisé par Catherine Banniard Les cours du CNED sont strictement réservés à l’usage privé de leurs destinataires et ne sont pas destinés à une utilisation collective. Les personnes qui s’en serviraient pour d’autres usages, qui en feraient une reproduction intégrale ou partielle, une traduction sans le consentement du CNED, s’exposeraient à des poursuites judiciaires et aux sanctions pénales prévues par le Code de la propriété intellectuelle. Les reproductions par reprographie de livres et de périodiques protégés contenues dans cet ouvrage sont effectuées par le CNED avec l’autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris). CNED, BP 60200, 86980 Futuroscope Chasseneuil Cedex, France 1-1067-TE-WB-01-19 © CNED 2023 Cours – Tome 1 Grammaire Sommaire Préambule – Mode d’emploi du cours....................................... 3 Première partie...................................................................... 11 Éléments de grammaire du discours : notions générales pour l’étude des textes Chapitre I - Communication et situation d’énonciation..................................................... 11 Chapitre II - Les différents types de textes ou formes de discours............................. 19 Chapitre III - Deux systèmes d’énonciation : le discours et le récit................................... 38 Chapitre IV - Le discours rapporté................................................................................... 46 Deuxième partie..................................................................... 53 Éléments de grammaire du texte Chapitre V - Les règles de cohérence textuelle Comment assurer les reprises dans un texte ? les substituts................................. 53 Chapitre VI - Thème et propos Les divers modes de progression thématique.......................................................... 70 Chapitre VII - L’utilisation des connecteurs ou mots de liaison autres moyens d’exprimer les liens logiques.......................................................... 76 2 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 PREAMBULE z MODE D’EMPLOI DU COURS 3 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Le document qui suit n’est pas une nouvelle grammaire. C’est un outil de travail conçu pour vous fournir sous une forme synthétique les principales informations grammaticales dont vous pouvez avoir besoin. Nous avons essayé de mettre l’accent sur les notions essentielles, les plus utiles. Nous avons également fourni de nombreux exemples. Au début de chaque chapitre : un grisé précise l’utilité de la notion étudiée ; souvent un court exercice suivi d’une autocorrection vous permettra de tester vos connaissances sur la notion étudiée dans le chapitre. À l’intérieur des chapitres Nous présentons de nombreuses informations sous la forme de tableaux récapitulatifs faciles à consulter. Pour la même raison, nous proposons de brèves synthèses intitulées « En bref » ou « Ne confondez pas ! » Une notion est parfois abordée à plusieurs endroits du cours. Nous avons effectué de nombreux renvois pour en faciliter la consultation et vous aider à percevoir les liens qui existent entre différentes notions grammaticales. Ne négligez pas ces renvois. Vous pouvez donc utiliser ce cours pour travailler systématiquement une notion que vous maîtrisez mal ; dans ce cas, suivez le chapitre dans l’ordre, après avoir fait un point initial sur vos connaissances. Les exercices sont un bon moyen de vérifier que vous avez compris et intégré les informations de chaque chapitre. Le CNED propose en sus de votre formation un module de remise à niveau, composé de cette présente grammaire associée à des exercices interactifs. La référence de ce module complémentaire est P5345 (http://www.cned.fr/Inscription/5RENFDIX). 4 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 PRÉAMBULE 1. LA GRAMMAIRE, À QUOI ÇA SERT ? Les différentes significations du mot grammaire Voici sept phrases. Essayez de dégager les significations différentes du mot grammaire dans ces phrases. 1. Achetez la grammaire de Larousse. 2. Il convient de simplifier la grammaire. Il suffit pour cela de remplacer la règle X par la règle Y. 3. Il fait des fautes de grammaire. 4. La grammaire moderne ne me satisfait pas plus que la grammaire traditionnelle. 5. La grammaire est bonne, mais la prononciation laisse à désirer. 6. Il est bon en rédaction, mais nul en grammaire. 7. Dès qu’on se met à parler, on utilise une grammaire. Le mot grammaire a de multiples significations. Il peut désigner un manuel (phrase 1). Mais c’est d’abord le système implicite de règles sous-jacentes aux énoncés d’une langue (d’où son emploi dans la phrase 7). La grammaire désigne également les formalisations - les règles permettant de produire les phrases acceptables dans une langue donnée et seulement celles-là (phrases 2 et 4). Ces formalisations deviennent une matière scolaire (phrase 6) qui propose une analyse des règles du fonctionnement de la langue (vues en 7). Ce terme a également un sens plus restrictif lorsqu’il désigne, comme dans les phrases 3 et 5, la syntaxe, c’est-à-dire l’agencement des mots à l’intérieur d’une phrase, par opposition à la prononciation ou au vocabulaire. Vous avez donc trois raisons d’avoir ce cours entre les mains. Vous préparez un concours et vous aurez besoin de répondre à des questions précises. Vous avez à analyser des textes littéraires, par exemple à dégager le système d’énonciation, réfléchir aux types de phrases, découvrir les raisons d’emploi de tel temps ou de tel mode, commenter un poème en vers... Vous trouverez toutes les notions nécessaires dans le présent cours que vous pourrez utiliser soit de manière systématique en suivant le plan par lequel il s’ouvre, soit de manière ponctuelle (et l’index vous sera un utile moyen de recherche). Vous préparez un concours et vous serez évalué sur votre maîtrise de la langue. Il vous faudra rédiger à l’écrit, vous exprimer à l’oral, argumenter, expliquer, justifier, résumer. Vous savez que vous serez jugé(e) pour une part non négligeable sur vos compétences linguistiques. Vous avez besoin de consolider ou d’approfondir votre maîtrise de l’orthographe grammaticale, de manier les structures de phrases, les substituts, les règes d’emplois des déterminants et des modes... Votre but est d’écrire et de parler avec clarté et cohérence. Nous vous conseillons de commencer par le chapitre I, de continuer avec les chapitres V, VI et VII, en vous reportant, chaque fois, aux différents renvois : vous saurez immédiatement quels sont les buts à atteindre et vous découvrirez les moyens d’y parvenir. 5 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 2. VRAI OU FAUX ? TESTEZ VOS CONNAISSANCES Voici des affirmations. Indiquez si chacune d’elles vous paraît vraie ou fausse. Expliquez pourquoi en cherchant des exemples et des contre-exemples. 1. Un pronom remplace toujours un nom. 2. L’article défini singulier peut avoir trois valeurs différentes en français. 3. Dans une phrase déclarative, le participe passé employé avec l’auxiliaire avoir s’accorde lorsque le complément d’objet est un pronom. 4. Un nom est toujours précédé d’un déterminant. 5. Il existe un pronom qui commande un accord au pluriel sans prendre lui-même la marque du pluriel. 6. Le passé simple indique toujours une action brève. 7. Que est toujours une conjonction de subordination. e 8. À la 3 personne du singulier du présent de l’indicatif, il y a toujours une lettre muette. 9. Si introduit toujours une subordonnée de condition. 10. Pour exprimer deux causes, je peux utiliser car et que. 6 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Autocorrections 1. Faux Un pronom peut parfois remplacer un adjectif : Pierre est gentil.Il l’est (cf. ch. XXI). 2. Vrai L’article défini permet de : reprendre une information déjà donnée (valeur anaphorique) : Pierre a un chien. Le chien dort au pied de son lit. désigner un élément présent dans la situation de communication (valeur déictique) : Fais-moi passer le livre (en le montrant sur la table qui se trouve devant les deux interlocuteurs). (cf. ch. I, 2). désigner une espèce (valeur générique) : Le chien est un animal domestique. (cf. ch. XVIII, 1.3). 3. Vrai Le participe passé employé avec l’auxiliaire avoir s’accorde avec le complément d’objet direct s’il est placé avant le verbe. Or, en français, ceci se réalise lorsque le complément d’objet est un pronom, qu’il s’agisse – d’un pronom personnel : Pierre et Paul sont venus hier. Je les ai trouvés devant ma porte. – ou d’un pronom relatif : Les livres que j’ai achetés hier sont très intéressants. (cf. ch. XV). 4. Faux Il existe des cas d’absence de déterminant (le X montre l’endroit où aurait pu se trouver un déterminant) : X Accès interdit. Une maison d’X enfants. Pierre est sans X avenir. 5. Vrai Il s’agit du pronom relatif sujet qui : Les enfants qui jouent au tennis se retrouveront mercredi prochain. (cf. ch. XV, 2) 6. Faux Il permet de référer à une action d’avant-plan par rapport à un élément d’arrière-plan présenté à l’imparfait. Il vécut à Paris pendant vingt-cinq ans, pendant que Paul habitait en province. (cf. ch. III, 3 et ch. XXV, 1.4). 7. Faux Que peut être : conjonction de subordination : Je pense que Jacques sera là demain. (cf. ch. XIV, 1) ; pronom relatif : Les enfants que j’ai gardés à la maison ont été très sages. (cf. ch. XV) ; pronom interrogatif : Que veux-tu ? (cf. ch. XXI, 5) ; adverbe exclamatif : Que c’est beau ! 1. Faux (Il va. Il, elle chante). Cependant la troisième personne du singulier se termine le plus souvent par une lettre muette, cette lettre peut être t, d, e. Il joue. Il finit. Il fait.(cf. ch. XXIV). 2. Faux Si peut introduire une condition (cf. ch. XVI, 6) mais sert aussi à transformer une phrase interrogative directe en une interrogative indirecte (cf. ch. XIV, 2). 10. Vrai Ce qui est vrai, c’est que car sert à introduire l’expression d’une cause. et Ce qui est faux, c’est que l’on puisse relier deux causes par car... et que. En effet, car Faux est une conjonction de coordination, mais que est une conjonction de subordination ; or il est impossible de mettre sur le même plan une proposition indépendante (coordonnée par car à celle qui la précède) et une proposition subordonnée (introduite par que, qui remplace parce que) (cf. ch. XVI, 1). Pour que la phrase devienne correcte, on a le choix entre car... et... et parce que... et que... 7 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Faire de la grammaire, ce n’est pas réciter mécaniquement des règles puis les appliquer. C’est d’une part raisonner sur le fonctionnement de la langue à partir de ce que nous en savons déjà, puisque nous la parlons depuis notre plus jeune âge ; c’est d’autre part compléter la connaissance que nous en avons, notamment pour toutes les procédures de l’écrit. Nous nous appuierons sur ce savoir que nous avons de notre langue pour proposer l’observation en début de chapitre, d’un exemple à partir duquel est présentée la notion à étudier. 8 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 3. LES CLASSES GRAMMATICALES (nature des mots) Savez-vous reconnaître les différentes classes grammaticales ? « Un soir, je m’étais égaré dans une forêt à quelque distance de la cataracte du Niagara ; bientôt je vis le jour s’éteindre autour de moi, et je goûtai, dans toute sa solitude, le beau spectacle d’une nuit dans les déserts du Nouveau Monde. Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres, à l’horizon opposé. Une brise embaumée, que cette reine des nuits amenait de l’orient avec elle, semblait la précéder dans les forêts, comme sa fraîche haleine. L’astre solitaire monta peu à peu dans le ciel : tantôt il suivait paisiblement sa course azurée, tantôt il reposait sur des groupes de nues qui ressemblaient à la cime des hautes montagnes couronnées de neige. » (Châteaubriand) 1. Voici des mots du texte. Ils sont regroupés par classes grammaticales, mais à chaque ligne, un ou plusieurs intrus se sont glissés : trouvez-les. Un, quelque (distance), sa (solitude), dans (les déserts), les (déserts). Forêt, beau, solitude, spectacle, fraîche, horizon, brise, astre. Embaumée, fraîche, solitaire, suivait, hautes. Bientôt, paisiblement, peu à peu, au-dessus de. 2. Relevez dans le texte (classe des déterminants) : un article défini, un article indéfini, un déterminant possessif, un déterminant démonstratif, un déterminant indéfini ; (classe des pronoms) : un pronom personnel, un pronom relatif ; (mots invariables) : une préposition, un adverbe. 9 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Autocorrection 1. Intrus : dans (préposition, dans une liste de déterminants) Intrus : beau, fraîche (adjectifs qualificatifs dans une liste de noms) Intrus : suivait (verbe dans une liste d’adjectifs qualificatifs) Intrus : au-dessus de (locution prépositive dans une liste d’adverbes) 2. Déterminants : Î articles définis : le (jour), les (déserts), la (cime) Î articles indéfinis : une (forêt), des (groupes) Î déterminant possessif : sa (solitude) Î déterminant démonstratif : cette (reine) Î déterminant indéfini : quelque (distance) Pronoms : pronoms personnels : je, il, (avec) elle, la (précéder) pronoms relatifs : que (cette reine...), qui (ressemblaient) Mots invariables : prépositions : sur, dans, à adverbes : peu à peu, tantôt, paisiblement Tableau récapitulatif des différentes classes grammaticales, ou nature des mots VERBES (cf. ch. XXIV à XXVII) être, marcher, courir, descendre… NOMS (cf. ch. XVII) livre, roue, soleil… DÉTERMINANTS DU NOM (cf. ch. XVIII) Articles définis Le, la, les, du, au(x), des Articles indéfinis Un, une, des, de Articles partitifs Du, de la, des Déterminants possessifs Mon, ton, son, ma, ta, sa, notre, votre, leur, nos, vos, leurs Déterminants démonstratifs Ce (cet), cette, ces, cette …-ci, cet …-ci, ces …-ci Déterminants indéfinis nul(s), certain(s), quelque(s), chaque, plusieurs… Déterminants interrogatifs Quel(s), quelle(s)… ? Déterminants exclamatifs Quel(s), quelle(s)… ? Déterminants numéraux Un, deux, trois, cent… ADJECTIFS QUALIFICATIFS Riche, jeune, bleu, haut… (cf. ch. XIX) PRONOMS (cf. ch. XXI) Me, te, se, soi, nous, vous Je, tu, il(s), elle(s), nous, vous, ils, moi, Pronoms personnels réfléchis toi, lui, eux, les, leur Le mien, le tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le Pronoms personnels non réfléchis leur, les miens, les tiens… Celui, celle, ce, ceux, celles, celui-ci, Pronoms possessifs Pronoms celle-ci, ceux-ci… celui-là, celle-là… L’un, l’autre, quelqu’un, démonstratifs Pronoms indéfinis personne, tous, toutes, rien, on, quelque chose, certain(s), peu, Pronoms interrogatifs Pronoms beaucoup… Qui ? que ? quoi ?, qui est-ce qui… ? lequel ? relatifs lesquels ? auxquels ?… Qui, que, quoi, dont, où, duquel, auquel, à laquelle… MOTS INVARIABLES (cf. ch. XXII) Adverbes bien, haut, vraiment, vite, à côté, dessous, pourtant, aussi… Prépositions À, de, vers, avant, après, près de, pour, à côté de… Conjonctions de coordination Et, ou, ni, mais, or, donc, car (et locutions conjonctives) Conjonctions de subordination Quand, si, parce que, dès que, bien que (et locutions conjonctives) Interjections Ah, Oh, Hélas... 10 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Cours – Partie 1 ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE DU DISCOURS : NOTIONS GÉNÉRALES POUR L’ÉTUDE DES TEXTES ,W/dZ/ͲKDDhE/d/KEd^/dhd/KE͛EKE/d/KE Chapitre I - Communication et situation d’énonciation La notion de « situation d’énonciation » est utile pour : analyser les situations orales de notre vie quotidienne et en avoir ainsi une compréhension plus précise ; mieux comprendre les textes de toutes sortes qui nous sont proposés. Exemple 1 Conversation Paul : Jeanne, ce soir, nous allons au cinéma. Jeanne : D’accord ! Exemple 2 Lettre Ma chère Jeanne, Nous viendrons te voir à Toulouse le mois prochain. Nous t’embrassons. Pierre. Exemple 3 Récit Il y avait dans le voisinage un derviche très fameux qui passait pour le meilleur philosophe de Turquie. Ils allèrent le consulter. (Voltaire, Candide) 1. SCHÉMA DE LA COMMUNICATION Communiquer, c’est transmettre un message au moyen d’un code verbal (oral ou écrit) ou non verbal (gestes, signaux). Le schéma suivant indique les principales composantes d’une situation de communication : émetteur récepteur message (ou destinateur) (ou destinataire) code commun Où ? Qui ? Quand ? À qui ? Dans quel but ? L’émetteur et le récepteur peuvent être désignés de différentes manières selon leur statut : le locuteur (celui qui parle) l’interlocuteur l’auteur (celui qui a écrit le texte) le lecteur le narrateur (celui qui raconte) le narrataire (cf. ch. II) 1 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 11 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Dans l’exemple 1. Paul est l’émetteur. Jeanne est le récepteur (l’interlocuteur). 2. Pierre est l’auteur. Jeanne est le destinataire. 3. Voltaire est l’auteur. Le lecteur est le destinataire. Celui qui raconte (absent du texte) est le narrateur. Communiquer, c’est comprendre littéralement ce que dit l’autre, mais aussi comment et pourquoi il le dit (ses intentions) Exemple - Eh bien, beau temps aujourd’hui ! - Comment ? Il pleut à seaux ! La communication ne s’est pas faite entre ces deux personnes. La seconde n’a pas compris que la première parlait de façon ironique (par antiphrase cf. ce mot ch. XXXIII). 2. ÉNONCÉ ET SITUATION D’ÉNONCIATION L’énoncé est ce qui est dit ou écrit. Un acte de communication s’inscrit dans une situation particulière de communication, par exemple le juge au condamné, une mère à son fils..., dans un lieu déterminé, à un moment déterminé, avec des objectifs déterminés. Ce sont des circonstances particulières que l’on appelle la situation d’énonciation. La connaissance de cette situation d’énonciation est indispensable à la compréhension précise du sens de l’énoncé. Exemples 1. Qui parle ? À qui ? De quoi ? Dans quel but ? On ne sait pas. Qu’en dites-vous ? L’énoncé de cette vignette ne peut pas être compris car il s’appuie sur une situation concrète que nous ne connaissons pas. (Dans Formidable ! une bande dessinée, c’est le dessin qui précise la situation.). 2. Nous viendrons Ce message non plus ne peut être complètement compris car il comme convenu manque des informations indispensables pour connaître la passer le week-end situation dans laquelle il a été produit : prochain à Paris Est-il un extrait de lettre, de conversation téléphonique ? Qui avec toi. désigne « nous » ? « toi » ?* De quel « week-end » s’agit-il ? « Prochain »* n’est compréhensible que par rapport au moment où la personne prononce cette phrase. * Cf. chapitre III, 1 et 4, ce qu’on appelle les déictiques. 2 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 12 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 3. Toulouse, le 31.05.05 La situation d’énonciation est précisée par les indications données autour de l’énoncé. L’énoncé prend tout son sens en Mon chéri, s’appuyant sur elles. Nous viendrons comme Il s’agit d’une lettre (présentation). Nous savons qui parle, à qui, convenu passer le week- de quoi, où et quand ; la situation d’énonciation est end prochain à Paris suffisamment précisée pour que le message soit compris. avec toi. Nous t’embrassons, Maman 4. « Le matin du Dans ce récit, l’identité du personnage, le lieu, le moment de 16 juillet, le docteur l’action sont connus. L’énoncé lui-même fournit toutes les Rieux sortit de son indications nécessaires pour que l’énoncé soit compris. cabinet et buta sur un rat mort. » (Camus, La Peste) 3. AUTRES MARQUES D’ÉNONCIATION Il était une fois un vieil homme L’émetteur du message - ici le narrateur - s’efface tout seul sur son bateau. complètement derrière le texte. Il donne au lecteur une impression d’objectivité. On parle d’effacement de l’émetteur. cf. les exemples page suivante. L’émetteur intervient de façon très marquée (pensée, jugement qu’il veut porter sur ce qu’il dit, cf. ch. III). On dit que le texte porte des marques de subjectivité : on parle de présence de l’émetteur dans le texte. Il est important de rechercher les marques de cette présence de l’émetteur dans son énoncé. 3 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 13 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Outre les faits caractéristiques du discours (cf. ch. III), on peut observer dans un énoncé divers procédés qui indiquent la position de l’émetteur par rapport à ce qu’il dit : Il viendra peut-être. Adverbes ou locutions adverbiales (dites (Je ne suis pas sûr qu’il vienne. d’énonciation cf. aussi ch. XXII sur les J’établis une distance par rapport à ce que je dis.) adverbes) : sans doute, probablement, peut-être, Naturellement, il est tombé malade. certainement, évidemment, bien sûr, (Je m’attendais à ce qui est arrivé.) manifestement, heureusement, naturellement, franchement, etc. « Des bruits couraient. L’homme aurait commis un Le conditionnel dans sa valeur modale (cf. ch. meurtre dans sa jeunesse. Personne ne put jamais XXVI, 3.2.) pour marquer que l’information vérifier mais la méfiance resta. » est incertaine. L’émetteur (le narrateur) ne la prend pas à son compte. « Il affirme qu’il est innocent » ne signifie pas la Certains verbes introducteurs (déclaration, même chose que « Il prétend qu’il est innocent ». opinion... cf. ch. IV, 2, remarques. L’emploi du (= Il dit qu’il est innocent ; mais il n’est peut-être verbe prétendre, par exemple, révèle un doute de pas innocent.). la part de l’émetteur (cf. les verbes sembler, paraître, avoir l’air... ). En toute franchise, je crois que vous avez tort. Certains compléments circonstanciels par À mon avis, vous devez partir plus tôt. lesquels l’auteur exprime un commentaire sur son énoncé. « Des murs noirâtres » ne sont pas « des murs Mots valorisants appréciatifs (laudatifs) ou noirs ». dévalorisants dépréciatifs (péjoratifs) cf. ch. I, noirâtre = noir + âtre 5. -âtre = suffixe péjoratif exprimant un jugement Ils ont aussi une connotation positive ou négatif de la part du narrateur. négative chez le lecteur c’est-à-dire qu’ils évoquent des impressions positives ou négatives pour lui. Tous les soirs, il rentrait au « château ». À l’écrit, certaines ponctuations ou mises en (La maison n’est pas un château, elle est qualifiée relief typographiques, par exemple des comme telle, soit par affection, soit par dérision. guillemets qui établissent une distance avec le Mais par les guillemets, le narrateur montre qu’il mot ou le groupe de mots. ne prend pas en compte cette qualification.) De même les tirets et les parenthèses marquent que l’émetteur commente son énoncé (cf. ch. XXIII). « C’était un de ces visages de femme dont chaque ligne Intervention explicite du narrateur au milieu révèle une grâce particulière. » du récit (pour un commentaire, une idée générale, cf. chapitre II, 2). L’AUTEUR ET LE NARRATEUR dans l’énonciation littéraire : reportez-vous au chapitre où ces deux notions sont développées (ch. II, 2). 4 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 14 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 4. LES REGISTRES DE LANGUE Exemples : « Il nous a quittés ce matin. » (registre soutenu, volonté d’atténuer la réalité de la mort). « Il a fini par crever, le salaud ! » (registre très familier). Le choix du registre révèle la rancune, le mépris du locuteur pour la personne morte. (« crever » est employé pour les animaux). Reconnaître le ou les registres (ou niveaux) de langue d’un texte, c’est mieux comprendre les intentions, les sentiments de celui qui parle ou qui écrit. Avoir conscience des registres de langue, c’est aussi mieux les maîtriser dans ses propres productions. À l’oral comme à l’écrit, les énoncés dépendent de la situation de communication. Une même personne ne parle pas ou n’écrit pas de la même manière selon son milieu, sa culture ou même son âge, selon la situation dans laquelle elle se trouve (milieu professionnel, famille, copains...), selon la nature du message, selon l’image qu’elle veut donner d’elle-même. Elle utilise donc différents registres de langue. Exemples : Vous ne direz pas : « Ce bouquin me fait roupiller » mais « Ce livre m’endort ». - Pourquoi ? - Parce que ça fait plus chic. - Pourquoi ? - Parce que la bonne société a décidé que ça faisait plus distingué. - Pourquoi ? - Parce que « bouquin », « roupiller », ça fait vulgaire... (Anti-manuel de français, à l’usage des classes du second degré et de quelques autres, C. Duneton, © Éditions du Seuil, 1978) Toutes les nuances sont possibles mais on distingue ordinairement trois registres : registre soutenu ; registre courant ; registre familier. Voir détails dans tableau, page suivante. 5 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 15 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Registres Exemples commentés Emplois Registre soutenu Trois hommes, depuis trois jours, tournent On le trouve dans : autour de la lune. Je ne veux pas savoir si ce textes littéraires sont des Américains ou des Russes : ce sont des discours oratoires hommes. Qui n’éprouverait, de prime abord, un sentiment d’enthousiasme en songeant à la prouesse... » (J. Rostand, Discours) Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue. Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue. Je reconnus Vénus et ses feux redoutables. » (Racine, Phèdre) On le reconnaît à : langue très correcte et même recherchée ; prononciation soignée ; lexique rare ; syntaxe complexe, phrases longues, enchâssées, nombreuses subordonnées ; emploi de temps rares (imparfait du subjonctif...). Registre courant Je n’ai pas encore vu « Land and Freedom » exposés, conversations mais je considère Ken Loach comme l’un des avec des personnes peu plus grands cinéastes actuels. Cela ne doit pas connues,... courrier, empêcher l’esprit critique... presse, médias... (Télérama) On le reconnaît à : vocabulaire courant ; usage standard de la syntaxe, phrases courtes ; pas d’effet particulier, pas de concordance des temps à l’imparfait ni au plus-que-parfait du subjonctif. Registre familier - T’as pas l’heure, mec ? surtout à l’oral - Ta bécane, moi, j’y ai pas touché ! conversations informel- - Qu’est-ce que tu fous, crétin, magne-toi ! les entre amis ; On le reconnaît à : langue et prononciation typées (mec, à l’écrit bécane, tu fous, magne-toi, t’ à la place de correspondance privée, tu ; dialogues au style mots abrégés (dico, télé...) ; direct dans les romans syntaxe simplifiée : peu de pour caractériser subordonnées, phrases courtes, certains personnages. segmentées, mots supprimés (ne dans la négation). 6 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 16 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Remarques Les variations d’un registre de langue à l’autre touchent aussi bien le lexique que la syntaxe ou la prononciation. Le registre de langue d’un texte est l’un des facteurs de son unité (cf. chapitre V, 2.2). Un auteur narrateur peut mêler plusieurs registres de langue dans un texte, mais c’est toujours avec une intention, pour marquer un recul par rapport à ce qu’il dit : Exemple (Poil de Carotte, enfant mal aimé, a été blessé par un coup de pioche, mais c’est pour son frère Félix, évanoui à la vue du sang, que la famille s’inquiète.) « Mais voici que Grand frère Félix ouvre un œil, puis un autre ; il en est quitte pour la peur. Et comme son teint graduellement se colore, l’inquiétude, l’effroi se retirent des cœurs... » (J. Renard) Commentaire La dernière phrase est dans un registre de langue soutenu (lexique, adverbe placé avant le verbe). Le narrateur veut souligner l’excès de l’inquiétude pour Félix... et l’indifférence pour Poil de Carotte. On peut y voir, également, une intention ironique de la part du narrateur qui souligne ainsi le ridicule de la famille. 5. LE TON D’UN TEXTE Le ton d’un texterésulte d’un ensemble de procédés d’écriture - choix de vocabulaire, figures de style (cf. ch. XXXII), structure des phrases, rythme - visant à produire un certain effet sur le destinataire (lecteur, auditeur,...) : nostalgie, peur, pitié, colère FUD Il est intéressant de savoir caractériser le ton d’un texte car il est également révélateur des intentions de l’auteur. (cf. aussi ch. XXXI sur les champs lexicaux). Le ton peut être globalement appréciatif (laudatif ) ou dépréciatif (péjoratif ). Cf. également le chapitre II, 1 à propos du texte narratif. Définition Effets recherchés Ton appréciatif L’admirable paysage vallonné qui s’étendait sous nos yeux nous offrait la chaude palette des couleurs de l’automne. Les éléments sont présentés sous un Mise en valeur des côtés positifs, jour favorable. expression de l’admiration. Ton dépréciatif Les avenues détrempées par de continuelles averses d’automne s’allongeaient, couvertes d’un tapis épais de feuilles mortes, sous la maigreur grelottante des peupliers presque nus. (Guy de Maupassant) Les éléments sont présentés sous un Mise en valeur des côtés négatifs. jour défavorable. Expression du rejet, du dégoût. 7 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 17 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 La gamme des tons est très vaste. En voici quelques exemples parmi eux que vous pourrez rencontrer au cours de vos lectures. Exemple 1 Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges Jeter l’ancre un seul jour ? (A. de Lamartine, « Le Lac ») Exemple 2 (Hymne aux soldats de l’an deux) La liberté sublime emplissait leurs pensées. Flottes prises d’assaut, frontières effacées Sous leur pas souverain. Ô France, tous les jours, c’était quelque prodige Chocs, rencontres, combats... (V. Hugo, « À l’obéissance passive ») Le ton d’un texte peut être : lyrique s’il exprime des sentiments, s’il contient des confidences. Il est reconnaissable à l’emploi de la première personne, du champ lexical des émotions et des sensations (champ lexical, cf. ch. XXXI) ; il cherche à créer une communauté de sentiment avec le lecteur. Dans un poème, il utilisera en particulier tous les moyens de rendre le texte musical (cf. exemple n° 1) ; épique s’il met en scène de grandes forces collectives, de grands destins. On trouvera le champ lexical de la grandeur, un vocabulaire soutenu, des énumérations, un rythme ample) : (cf. exemple 2) ; comique (absurde, humoristique) quand il vise à provoquer le rire. Il utilise des jeux de mots, calembours, des situations inattendues, des décalages,... ironique (cf. ce terme ch. XXXIII) ; satirique (polémique, moqueur) s’il s’attaque aux ridicules des hommes, à certaines idées, sur le ton de la moquerie... 8 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 18 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Chapitre II Les différents types de textes ou formes de discours Reconnaître quel est le type d’un texte permet : de mieux analyser les textes (littéraires ou non) ; de mieux organiser ses propres productions écrites. 1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE On distingue principalement cinq types de textes, chacun avec sa propre finalité et sa propre organisation, que l’on peut reconnaître à des indices caractéristiques. Voici un schéma présentant les types de textes étudiés dans ce chapitre. Intention : FAIRE FAIRE Intention : CONVAINCRE → TEXTE INJONCTIF → TEXTE ARGUMENTATIF F D Intention : INFORMER EXPLIQUER Qui parle ? → TEXTE INFORMATIF De qui ? De quoi ? B → TEXTE EXPLICATIF Dans quel but ? E Intention : RACONTER Intention : DÉCRIRE → TEXTE NARRATIF → TEXTE DESCRIPTIF A C Remarques On rencontre souvent des textes mixtes, par exemple, dans le roman, des textes mêlant narration et description, information et description... ; on parle alors de textes à dominante narrative, à dominanteinformative, etc. Il ne faut pas confondre cette classification en types de textes avec celle en genres littéraires: roman (et les genres voisins - conte, nouvelle, roman par lettres), poésie, théâtre (tragédie, comédie, drame romantique FUD.) * Le romanest une œuvre d’imagination dont l’intérêt est dans la narration d’aventures, l’étude des mœurs ou des caractères, l’analyse des sentiments ou des passions (ex : Germinal d’Émile Zola, La Pested’Albert Camus...) * La nouvelleest un récit bref en prose.Elle se distingue du roman par sa brièveté et la simplicité du sujet (ex : les nouvelles de Guy de Maupassant). 9 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 19 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 * Le conte se rapproche de la nouvelle par sa brièveté. Merveilleux, fantastique ou philosophique, il s’éloigne du réalisme (ex : Perrault, Contes). * Le théâtre propose aussi une histoire, dans laquelle les personnages agissent et s’affrontent mais il ne la raconte pas, il la représente par l’entremise d’acteurs agissant et parlant sur scène devant le public. L’on a ainsi une double énonciation : la situation d’énonciation dans laquelle agissent les personnages à l’intérieur de la pièce, et la situation d’énonciation dans laquelle se trouve le public qui l’écoute. * La poésie se définit comme un art du langage visant à suggérer le message par le rythme, l’harmonie des sonorités, les images ou la disposition du texte sur la page. Entraînez-vous à identifier les divers types de textes Pour chacun des textes suivants, trouvez l’intention de l’auteuret rattachez chacun des textes à l’un des types de textes exposés dans le schéma en retrouvant la lettre (A, B, C, D, E, F) qui lui correspond. 1. Le 22 avril 1973, peu après trois heures de l’après midi, un architecte nommé Robert Maitland, âgé de trente-cinq ans, roulait vers la sortie de l’échangeur de l’ouest, à la périphérie de Londres […]. Alors que la jaguar avait dépassé la vitesse limitée à 110 km, le pneu de la roue droite éclata. Maitland crut que l’explosion, répercutée par le parapet de ciment, se produisait dans son crâne… (J.G. Balland,L’*le de Béton) 2. Le vieux pacte qui unissait l’homme à la nature a été brisé car l’homme croit maintenant posséder suffisamment de puissance pour s’affranchir du vaste complexe biologique qui fut le sien depuis qu’il est sur la Terre. Loin de nous l’idée de nier les progrès techniques ou de préconiser un retour en arrière au stade de la cueillette […]. Nous sommes néanmoins en droit de nous interroger sur la valeur universelle d’une civilisation technique appliquant aux esprits comme à la matière des lois dont le bien-fondé n’a été vérifié que dans des cas particuliers. (J. Dorst, Avant que nature ne meure, Delachaux, 1964) 3. C’était une voiture jaune, montée sur des roues jaunes aussi autrefois, mais rendues presque grises par l’accumulation des boues. Celles de devant étaient toutes petites, celles de derrière, hautes et frêles, portaient un coffre difforme et enflé comme un ventre de bête… (Guy de Maupassant, Contes et Nouvelles de Normandie, « La bête à Maît’Belhomme ») 10 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 20 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 4. La Jordanie est une des régions habitées les plus anciennes. Les fouilles et les recherches ont démontré que certaines de ses régions étaient habitées au VIe millénaire avant J.C. (Prospectus touristique) 5. TITRE II – TENUE ET DISCIPLINE 1° Respect des personnes et des matériels a) Les relations entre les membres de la communauté scolaire doivent toujours être inspirées par le respect mutuel. Les élèves ne doivent en aucune façon gêner par leur comportement le déroulement de la classe, le travail en permanence et, d’une façon générale, la vie normale de l’établissement. b) Le matériel de l’établissement est acheté, entretenu, renouvelé avec les crédits portés au budget. Dans l’intérêt général, il doit être respecté. Il est donc placé sous la sauvegarde de tous. Toutes les dégradations seront financièrement imputées à leur auteur. La dégradation volontaire sera sévèrement sanctionnée. Le respect et la propreté des locaux doivent être la préoccupation de tous. c) Par prudence il est déconseillé d’introduire dans l’établissement des objets et des vêtements de valeur. En cas de perte ou de disparition, la responsabilité de l’établissement ne saurait être mise en cause. d) Il est strictement interdit d’introduire dans l’établissement ou d’utiliser tout objet ou produit dangereux (objets tranchants, produits inflammables, etc.), d’introduire ou de consommer des boissons alcoolisées ou des substances toxiques interdites par la loi. e) En raison de l’atteinte insupportable à la dignité et à l’intégrité physique et morale des personnes qu’elles impliquent toujours, les brimades seront sévèrement sanctionnées. (Règlement de Lycée, 1995) 6. « Comment le sang circule-t-il ? » « Le ventricule droit envoie le sang aux poumons. Dans les poumons, le sang se débarrasse du gaz carbonique, qui est expiré, et se charge d’oxygène. Ce sang chargé d’oxygène revient dans le cœur par l’oreillette gauche. Le sang est envoyé dans le ventricule gauche qui, à son tour, l’envoie dans le reste du corps. En circulant dans le corps, le sang donne de l’oxygène aux cellules dont il reçoit en échange du gaz carbonique. Le sang pauvre en oxygène est conduit jusqu’au cœur où il entre dans l’oreillette droite. » Autocorrections : 1A–2D–3C–4B–5F–6E 11 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 21 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 2. LE TEXTE NARRATIF La notion de texte narratif est utile : pour analyser les textes littéraires ; pour améliorer sa propre production de textes narratifs en maîtrisant le déroulement d’une histoire alternant narration, dialogues et descriptions. La notion de schéma narratif est utile pour mieux structurer un résumé. Texte Le matin du 16 avril, le docteur Rieux sortit de son cabinet et buta sur un rat mort au milieu du palier. Sur le moment, il écarta la bête sans y prendre garde et descendit l’escalier. Mais, arrivé dans la rue, la pensée lui vint que ce rat n’était pas à sa place, et il retourna sur ses pas pour avertir le concierge... Le soir même, Bernard Rieux, dans le couloir de l’immeuble, cherchait sa clé [...] lorsqu’il vit surgir du fond du corridor un gros rat à la démarche incertaine... (A. Camus, début de La Peste) L’objectif du texte narratif est de raconter une histoireréelle ou imaginaire, avec des personnages, des événementsqui se déroulent dans le temps, et une dynamique d’action. Les romans, les contes, les récits autobiographiques, les récits historiques, les articles de faits divers dans les journaux... sont des textes narratifs.Les passages narratifs (récits) sont également assez fréquents au théâtre car ils permettent de rendre compte d’événements qui se sont passés en dehors de la scène. 2.1. À quels indices reconnaît-on un texte narratif ? 2.1.1. Le schéma narratif Dans un récit, les événements s’enchaînent selon un processus de transformation qui mène les personnages d’un état initial à un état final. Retrouver ce processus, c’est retrouver le schéma narratif du texte. Exemple : résumé de La Mare au Diable (G. Sand) Situation initiale Veuf avec trois enfants, Germain accepte, pour obéir à son beau- père, d’épouser une jeune veuve, fille d’un riche paysan. Processus de transformation Partant en visite chez sa promise, il emmène sur sa jument le petit Pierre, son fils aîné et Marie, la fille d’une voisine pauvre qui doit se placer comme bergère. Ils s’égarent dans les bois, passent la nuit à la belle étoile près de la Mare au Diable, parlant timidement de sentiment et de mariage. Situation finale Germain épousera Marie et non la veuve frivole. 12 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 22 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Processus de transformation Situation initiale péripéties Situation finale événement dénouement La présence de ces différents composants est caractéristique du texte narratif. Le texte narratif est souvent rédigé en système du récit (cf. ch. III) : pronom 3e personne, passé simple (actions de premier plan) et imparfait (arrière-plan descriptif ), verbes d’action. N.B. On peut également trouver des textes narratifs dans le système du discours (cf. ch. III). Les personnages jouent un rôle essentiel : ils sont engagés dans l’action, soit en l’accomplissant soit en la subissant. Ils se définissent par leurs caractéristiques particulières mais aussi par les relations qu’ils entretiennent avec les autres personnages. 2.1.2. L’organisation d’un récit est essentiellement temporelle Le lecteur peut suivre la succession des actions grâce à des indices temporels de nature variée : temps verbaux, indications données par le lexique, conjonctions, subordonnées de temps, adverbes... (en gras dans le texte d’introduction d’Albert Camus). 2.1.3. Remarques a. La durée de l’histoire et la durée de la narration Il ne faut pas les confondre : la durée de la narration, qui concerne les événements, se mesure en minutes, heures, années... ; la durée de l’histoire se mesure en nombre de lignes, de paragraphes, de pages consacrés à tel ou tel événement de l’histoire. - Bien des années passèrent et la maison ne se Le narrateur peut raconter plus ou moins vendait pas. rapidement, s’attarder longuement sur une - Puis les années s’écoulèrent, toutes pareilles et scène de quelques minutes, sauter plusieurs sans autres épisodes que les grandes fêtes : Pâques, années en quelques mots, ou sauter par dessus l’Assomption, la Toussaint. plusieurs années sans les raconter (blancs). (G. Flaubert, Un Cœur simple) On dit alors qu’il pratique une ellipse temporelle. 13 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 23 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 C’était un très grand et très fort garçon, vigoureux Le narrateur peut aussi jouer avec la longueur et et hardi nageur. Il se laissait flotter doucement, le rythme des phrases. l’âme tranquille, frôlé par les herbes et tout à coup, une main se posa sur son épaule, il se retourna et il aperçut un être effroyable qui le regardait avi- dement. (Maupassant, « La Peur », Contes Fantastiques) L’accélération de l’action est marquée par le changement de temps, l’accumulation des verbes, la brièveté des propositions juxtaposées. b. L’ordre de la narration (= l’ordre dans lequel les faits sont racontés) et l’ordre chronologique (= l’ordre dans lequel les faits se sont produits) Le Moulin de Pologne tomba entre les mains d’un La narration ne suit pas forcément l’ordre homme que tout le monde appelait M. Joseph [...]. chronologique. Elle peut faire des retours en Il était arrivé* un de ces soirs d’hiver, arrière (cf. le flash back au cinéma), commencer miséricordieux aux âmes sensibles. Il ne nous fit l’histoire par la fin ou par le milieu. pas de bonnes manières. Il fréquenta à peine. (J. Giono, Le Moulin de Pologne) * Le plus-que-parfait marque l’antériorité par rapport aux passés simples du texte. 2.2. Qui raconte ? Dans un texte narratif, il faut être attentif : - à l’histoire qui est racontée ; - mais aussi à la manière dont elle est racontée. 2.2.1. Auteur et narrateur Il ne faut pas confondre l’auteur, l’écrivain, personne réelle qui signe le texte, et le narrateur, personne fictive, simple voix qui raconte l’histoire et qui n’existe que par les traces plus ou moins nombreuses qu’il laisse dans le texte (cf. traces d’énonciation, chap. 1). Il y a souvent des ressemblances entre l’auteur et le narrateur mais, même dans ce cas- là, il faut les distinguer. 14 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 24 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 2.2.2. La position du narrateur par rapport à l’histoire Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, Il arrive que le narrateur participe à l’histoire, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux qu’il en soit l’un des personnages. montrer à mes semblables un homme dans toute sa C’est le cas, par exemple, dans les récits vérité de nature et cet homme ce sera moi. autobiographiques (où le narrateur se confond (J.J. Rousseau, Les Confessions) avec l’auteur). (Cf. texte de Rousseau.) Mais le narrateur peut être un personnage fictif. Il était une fois un vieil homme tout seul dans son Il arrive que le narrateur soit extérieur à bateau qui pêchait au milieu de l’océan. En quatre- l’histoire et s’efface totalement. vingt-trois jours, il n’avait pris aucun poisson. L’histoire semble s’écrire « toute seule ». Le (H. Hemingway, Le Vieil Homme et la mer) narrateur raconte alors d’une manière neutre. On considère alors le texte comme objectif. Eugène se trouva seul face à Vautrin [...] « Vous On peut trouver dans le texte des marques de la avez des dettes, je ne veux pas que ce soit la passion, présence et de l’opinion du narrateur (traces le désespoir, mais la raison qui vous détermine à d’énonciation). Cf. ch. I, 2 et 3. Même extérieur venir à moi. Peut-être vous faut-il un millier d’écus. à l’histoire, la narrateur peut laisser paraître un Les voulez-vous ? » jugement, émettre un avis sur l’histoire qu’il Ce démon prit dans sa poche un portefeuille et en raconte (mots valorisants ou dévalorisants, tira trois billets de banque qu’il fit papilloter devant [commentaires personnels...], comparaisons, les yeux de l’étudiant. métaphores). (Honoré de Balzac, Le Père Goriot) On parle alors de la présence du narrateur dans le texte. Le narrateur emploie « ce démon », un mot dévalorisant (cf. chapitre I, 5) pour désigner Vautrin. Ce mot laisse paraître un jugement sur le personnage. C’est une trace de la subjectivité du narrateur (cf. ch. V, 2). 15 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 25 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 2.3. Le point de vue du narrateur : qui voit ? Le narrateur peut adopter différentes perspectives dans sa narration. Il faut se demander à travers le regard de qui le narrateur raconte l’histoire. Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoile, d’une Il peut n’être que simple spectateur. obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme Il ne connaît alors des faits ou des personnages suivait seul la grande route de Marchienne à que ce qu’il peut en voir. Il ne rapporte que les Montsou, dix kilomètres de pavés coupant tout apparences extérieures. On dit qu’il adopte un droit à travers les champs de betteraves. point de vue externe. (É. Zola, début de Germinal) C’est par exemple le point de vue des reportages sportifs. Les romanciers l’utilisent souvent, aussi, au début des romans, pour créer un effet de suspense et éveiller la curiosité du lecteur. (Première rencontre de Madame de Rênal et de Le narrateur peut adopter la vision d’un Julien Sorel) personnage qui participe à l’histoire, la vit et Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient l’interprète à sa manière. Le texte ne révèle alors naturelles lorsqu’elle était loin du regard des qu’une vision limitée à ce que voit et ce que sent hommes, Madame de Rênal sortait par le jardin/, le personnage. quand elle aperçut près de la porte d’entrée un Le narrateur et donc le lecteur ne connaissent jeune paysan, presque encore un enfant, les pensées que de ce seul personnage. extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise blanche et avait sous le bras une On dit que le narrateur adopte un point de vue veste fort propre de ratine violette. Le teint de ce interne. petit paysan était si blanc et ses yeux si doux que On parle alors de description subjective. l’esprit romanesque de Madame de Rênal eut (cf. ch. I. 3. sur l’énonciation, et ch. II, 3). d’abord l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée qui venait demander quelque grâce à Monsieur le Maire*. (Stendhal, Le Rouge et le Noir) * Julien est décrit à travers les yeux de Madame de Rênal : la description est structurée par les détails (en gras) qui ont frappé Madame de Rênal. Les dernières lignes nous révèlent ses pensées et sa réaction à la vue de Julien. 16 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 26 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Madame de Clèves consentit volontiers à passer Le narrateur peut tout connaître des quelques jours chez elle pour ne point aller dans personnages et des événements (pensées, un lieu où Monsieur de Nemours ne devait pas sentiments, caractères, événements se déroulant paraître, et il partit sans avoir le plaisir de savoir en différents lieux). qu’elle n’irait pas. Il revint le lendemain du bal et sut qu’elle ne s’y était pas trouvée. Il était bien C’est le point de vue omniscient (= qui sait éloigné de croire qu’il fût assez heureux pour tout). l’avoir empêchée d’y aller. Ce point de vue est très fréquent dans les récits. (Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves) Il permet de fournir au lecteur le maximum Le narrateur nous fait connaître successivement d’informations et lui donne le sentiment de les sentiments de Madame de Clèves puis ceux dominer le roman. de Monsieur de Nemours. Remarque Les points de vue varient au cours d’un roman et même souvent à l’intérieur d’un passage. Il est parfois difficile de définir le point de vue, la voix du narrateur pouvant se mêler intimement à celle du personnage. (cf. ch. IV, 4. - Style indirect libre) 3. LE TEXTE DESCRIPTIF Cette notion est utile : pour analyser les textes littéraires et apprécier l’intérêt des descriptions ; pour disposer d’outils servant à maîtriser l’unité de vos propres énoncés et le choix du lexique en fonction de l’effet que vous voulez produire. L’objectif d’un texte descriptif (ou à dominante descriptive) est de décrire un lieu, un objet, un personnage dans l’espace et de le faire percevoir par l’imagination. Quand il s’agit d’un personnage, on parle de portrait. 3.1. À quels indices reconnaît-on un texte descriptif ? 17 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 27 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Observez la progression de la description du La description s’organise autour de repères jardin dans le texte ci-dessous : spatiaux. Le jardin, plus long que large, allait entre deux La description est le plus souvent à l’imparfait, murs de bauge, couverts d’abricots en espaliers dans les textes romanesques (elle peut être aussi jusqu’à une haie d’épines qui le séparait des au présent quand le narrateur intervient). champs. Il y avait, au milieu, un cadran solaire Dans le texte narratif au passé, elle introduit en ardoise... Tout au fond, sous les sapinettes, un donc une rupture de temps dans le récit : la curé de plâtre lisait son bréviaire. description à l’imparfait (arrière-plan) s’oppose (Stendhal, Le Rouge et le Noir) aux passages narratifs au passé simple (actions Cette description s’appuie systématiquement délimitées dans le temps constituant le premier sur les différents éléments du jardin (mots en plan du récit). (cf. chapitre III. 3.3.). gras). Tout l’espace est envisagé. Le jeune garçon enleva la vieille couverture Une description a une unité lexicale. militaire et la déposa par-dessus le dossier du Pour être cohérente, la description fait des choix fauteuil sur les épaules du vieux. C’étaient de et ne garde que les éléments significatifs par curieuses épaules, PUISSANTES en dépit de rapport à l’intention du narrateur. leur vieillesse. Le cou aussi conservait SA FORCE. Elle est donc structurée par des champs lexicaux (E. Hemingway, Le Vieil Homme et la Mer) qu’il faut reconnaître et interpréter car ils Trois champs lexicaux peuvent être repérés expriment les thèmes importants de la dans ce court portrait : description (lignes, volumes, formes, - celui du corps (en italique, en gras et mouvements, odeurs, sons FUD cf. ch.XXXI). souligné) ; - celui, dominant, de la vieillesse (mots en gras) associée à celui de LA FORCE (mots en capitales). Le portrait est centré sur ces éléments significatifs. 18 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 28 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 DÉCRIRE, c’est CHOISIR certains détails parmi tous les autres possibles en vue d’une impression générale à donner (cf. aussi ch. I.3, les marques de l’énonciation dans le texte). Remarque Le lexique de la description est caractéristique : beaucoup de noms, d’adjectifs pour caractériser l’objet décrit, verbes d’état (être, sembler, paraître...), des images (comparaisons, métaphores). Reportez-vous, par exemple, au texte de Maupassant (texte 3) proposé au début de ce chapitre. 3.2. Qui décrit ? (Cf. ch. II.2.2. à propos du texte narratif ). L’organisation du texte descriptif dépend, comme celle du texte narratif, de la position du narrateur par rapport au texte et du point de vue qu’il adopte. Il faut donc se demander devant un texte descriptif : qui décrit (un narrateur extérieur ? un témoin ? un personnage ?) ; de quel point de vue il décrit (externe ? interne ? omniscient ?). 3.3. Quel est le rôle de la description dans un texte narratif ? Dans le récit romanesque, la description est étroitement associée aux passages narratifs dans lesquels elle s’insère. Elle constitue souvent une pause dans l’action : elle sert par exemple à décrire le cadre dans lequel se déroule l’action, l’aspect physique ou psychologique des personnages. Mais elle n’en est pas moins utile au récit : la description d’une pièce, d’un paysage peuvent préparer certains événements, un portrait peut laisser présager certains comportements futurs du personnage. Exemple : La première rencontre de Julien Sorel et de Madame de Rênal (ch. II. 2.3.) : C’est une rencontre capitale pour la suite du roman. La description est faite par Madame de Rênal. La manière dont elle décrit Julien montre qu’elle est immédiatement touchée par sa jeunesse et sa fragilité. Cette première réaction rend vraisemblable, sinon probable, la naissance de son amour pour lui. La description est souvent introduite et justifiée dans le texte par le regard d’un personnage. Exemples : 1. Cf. la première rencontre de Madame de Rênal et de Julien Sorel, texte cité ci-dessus (ch. II.2.3.) Madame de Rênal sortait par le jardin quand elle aperçut près de la porte d’entrée, un jeune paysan... Il était en chemise blanche... 2. Elle a fini par ouvrir d’un seul coup, et je l’ai eue là devant moi, avec ses yeux chargés de sérosités roses.Mais son regard dansait... (Céline, Voyage au bout de la nuit) 19 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 29 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 3.4. Un cas particulier : le portrait (description d’un personnage) (Cf. également ch. II. 2.3. à propos du texte narratif.) Un personnage peut être décrit directement par l’exposé de ses traits physiques ou psychologiques. Exemple : De bonne taille, trapu, le visage long, avec un front haut et carré, la mâchoire énergique, il portait, malgré la saison qui s’avançait, une veste de coutil... (A. Camus, Le Premier homme) Il peut être décrit indirectement, à travers son environnement, son comportement, ses actions, un registre de langue (dans un dialogue) à partir desquels le lecteur peut déduire son caractère. Exemple : Certain jaloux ne dormant que d’un œil, Interdisait tout commerce* à sa femme. * contact social Dans le dessein de prévenir la dame, Il avait fait un fort ample recueil De tous les tours que le sexe sait faire. [...] Il captivait* sa femme cependant, * gardait prisonnière De ses cheveux voulait savoir le nombre, La faisait suivre à toute heure, en tous lieux, Par une vieille au corps rempli d’yeux Qui la quittait aussi peu que son ombre... (J. de la Fontaine) - Le mari jaloux est décrit essentiellement par ses actes. Il apparaît à travers eux méfiant et tyrannique. - La vieille est réduite à sa fonction : « surveiller » ; elle est seulement décrite par une métaphore (« au corps rempli d’yeux »). La description est une des composantes importantes du conte et de la fable.) 20 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 30 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 4. LE TEXTE INJONCTIF La notion de texte injonctif est utile : pour adapter les consignes au récepteur ; pour donner des consignes complètes et cohérentes (non contradictoires). RÈGLEMENT INTÉRIEUR FIXANT LES CONDITIONS DE TRAVAIL DES EMPLOYÉS DE BUREAU 1. Piété, propreté et ponctualité font la force d’une bonne affaire. 2. Notre firme ayant considérablement réduit les horaires de travail, les employés de bureau n’auront plus à être présents que de 7 h du matin à 6 h du soir et ce, les jours de semaine seulement. 3. Des prières seront dites chaque matin dans le grand bureau. Les employés de bureau y seront obligatoirement présents. 4. L’habillement doit être du type le plus sobre. Les employés de bureau ne se laisseront pas aller aux fantaisies des vêtements de couleurs vives. Ils ne porteront pas de bas non plus à moins que ceux-ci ne soient convenablement raccommodés. 5. Dans les bureaux, on ne portera ni manteau ni pardessus. Toutefois, lorsque le temps sera particulièrement rigoureux, les écharpes, cache-nez et calottes seront autorisés. 6. Notre firme met un poêle à la disposition des employés de bureau. Le charbon et le bois devront être enfermés dans le coffre destiné à cet effet. Afin qu’ils puissent se chauffer, il est recommandé à chacun des membres du personnel d’apporter chaque jour quatre livres de charbon pendant la saison froide... (Chaumont, 1850) Les textes injonctifs sont fréquents dans la vie quotidienne. On les trouve dans la rue, dans les slogans publicitaires, dans les journaux ; les textes injonctifs les plus fréquents sont les recettes de cuisine, les modes d’emploi, les consignes d’exercices, les circulaires administratives, les circulaires de services... L’objectif du texte injonctif est de faire faire (ou d’interdire) quelque chose. À quels indices reconnaît-on un texte injonctif ? Le texte injonctif utilise les formes du discours (cf. ch.III).Il est le plus souvent au présent de l’impératif(cf. ch.XXVI.5) ou à l’infinitifd’ordre(cf. ch.XXVII.1.2). Il peut employer aussi le présent et le futur de l’indicatif (cf. texte 5 au début du chapitre II et cf. ch. XXIV, 1.1 et 2). L’organisation du texte injonctif est souvent chronologique afin de guider le lecteur dans l’action qu’il entreprend. Le texte injonctif emploie fréquemment des phrases nominales(cf. ch.VIII, 1), des phrases courtes, juxtaposées pour la clarté du message. Le texte injonctif emploie souvent la forme négative(ex. Vous ne devez pas faire..., ne faites pas..., vous ne ferez pas...). Le texte injonctif emploie systématiquement des paragraphes et de fréquents retours à la ligne, des tirets FUD 21 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 31 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 5. LE TEXTE INFORMATIF-E TEXTE EXPLICATIF Les notions de texte informatif et de texte explicatif sont utiles pour : avoir une meilleure connaissance des caractéristiques linguistiques et des intentions de communication liées à chaque type de texte ; mieux adapter ses propres productions au public visé ; produire un exposé structuré et cohérent. Texte 1 Les langages secrets de la nature À un niveau supérieur d’organisation des êtres vivants, les insectes ont fait de nombreuses recherches portant sur leur régime alimentaire. Celles-ci ont notamment montré que l’insecte ou ses larves sont capables de procéder à de véritables choix. Ainsi, par exemple, des larves d’agria sont disposées sur une surface contenant quatre régimes alimentaires différents. Au bout de quelques jours, on peut contrôler qu’une grande majorité de ces larves se concentrent sur le régime qu’une expérimentation séparée à révélé être le plus favorable. J.M. Pelt, (Les Langages secrets de la Nature © Éditions Fayard, 1996) Ce texte est un texte informatif. Il a pour objectif d’informer le lecteur, c’est-à-dire de lui faire connaître quelque chose qu’il ignore, ici dans le domaine de la biologie animale. Ce texte est adapté à son public (grand public) : il emploie un lexique spécialisé (biologie animale) mais peu de termes savants. C’est un texte de vulgarisation. Texte 2 Pourquoi y a-t-il des volcans ? Il faut savoir d’abord que la terre n’est pas une grosse boule formée de pierres et de rochers entassés calmement les uns sur les autres. En fait, notre planète est enveloppée d’une croûte dure, mais mince et fragile. Sous cette croûte on trouve un univers totalement différent. En effet plus on s’enfonce et plus la chaleur augmente. La température est tellement élevée que les roches fondent et constituent le magma. Ce magma fait pression sur l’écorce terrestre. Parfois celle-ci ne peut résister : elle se brise. Et par ces fractures le magma remonte à la surface de la terre et sort à l’air libre. C’est de cette manière que se forment les volcans. On peut donc dire que les volcans servent à réguler les excès de chaleur et les mouvements qui perturbent la couche supérieure du magma. Ce texte est explicatif : son objectif est de faire comprendre le mécanisme de formation des volcans. Il part d’une question. Il réfute d’abord une idée fausse puis explique, étape par étape, le processus de formation. Chaque étape est clairement indiquée (mots en gras). Le texte se termine par une phrase de conclusion clairement articulée (conjonction de coordination donc). 22 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 32 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 L’objectif d’un texte informatif est de donner des informations sur un domaine précis de connaissance. L’objectif d’un texte explicatif est de faire comprendre une idée, un fait, au destinataire. NB : Un texte explicatif est aussi informatif, mais il se caractérise par une intention didactique très marquée (cf. texte 2). Dans ce type de textes, le plus important est le contenu. Les textes informatifs et explicatifs partent des connaissances du lecteur et lui apportent des connaissances nouvelles. On trouve ce type de texte dans des ouvrages portant sur un domaine particulier de connaissances (technique, historique, social...) : manuels scolaires, encyclopédies, notices, écrits documentaires... 5.1 À quels indices reconnaît-on un texte informatif ? (Cf. texte 4 au début de ce chapitre.) Le texte informatif ne comporte pas, en général, de marques de l’énonciateur*. Il présente les faits de façon neutre, l’effacement de l’énonciateur y est maximum. Il n’a pas pour objectif d’influencer le lecteur mais de l’informer. Le texte informatif utilise des structures syntaxiques « neutres » : constructions impersonnelles (cf. ch. VIII, 4.5.), nominalisations (cf. ch. XVII, 3) et un lexique précis, souvent technique. Le texte informatif utilise les temps du discours, le plus souvent le présent de vérité générale et presque exclusivement les pronoms personnels de la 3e personne. Le texte informatif a une organisation typographique particulière : - nombreux paragraphes et sous-titres (pour plus de clarté) ; - utilisation de parenthèses, d’astérisques (*) ; - utilisation de différents caractères typographiques ; - présence éventuelle de schémas, d’illustrations. Remarque : il arrive cependant que l’émetteur et le destinataire apparaissent de façon discrète dans le texte informatif. 5.2 Caractéristiques particulières du texte explicatif Le texte explicatif utilise plus fréquemment les pronoms personnels de la 2e personne. L’organisation du texte explicatif est différente de celle du texte informatif. Le schéma explicatif se présente de la manière suivante : - le texte part d’une question : pourquoi ? comment ? (cf. texte 6) ; - il apporte des éléments de réponse clairement annoncés, souvent reformulés ; - il aboutit à une conclusion. Il utilise des enchaînements logiques, il renvoie plus fréquemment à des schémas explicatifs. 23 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 33 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 6. LE TEXTE ARGUMENTATIF La notion d’argumentation est utile : pour analyserles textes argumentatifs ; pour rédiger un résumé; pour rendre l’argumentation de vos propres énoncés plus efficace(organisation des arguments pour soutenir une thèse, utilisation de mots et d’articulations logiques..., utilisation des différents moyens de convaincre...). Texte (1) Ah ! Vous protestez, je comprends cela. Vous portez en vous l’enthousiasme des Indes, des temples et des palmiers, de tout le romantisme d’un voyage de deux mois. Oui, ils sont enchanteurs, les tropiques, quand on les voit du chemin de fer, de l’auto ou de la riksha ; et moi je n’ai pas eu une autre impression la première fois, lorsque j’y vins il y a sept ans. Quels rêves alors n’ai-je pas faits ?... (2) Mais dans cette jungle étouffante, là-bas, qui échappe à la vue du voyageur, la force vous manque vite. La fièvre - on a beau avaler autant de quinine que l’on veut, on l’attrape quand même - la fièvre vous dévore le corps... On devient malade et paresseux. C’est ainsi que l’on reste et que l’on s’abrutit dans ces forêts chaudes et humides. Maudit le jour où je me suis rendu dans ce sale trou ! (S. Zweig, Amok, © éditions Stock, 1979) (1) Thèse refusée : l’Inde est un pays de rêve. (2) Thèse défendue : ce pays détruit l’homme. L’objectif d’un texte argumentatif est de convaincre (c’est-à-dire d’amener une personne à se rallier à l’opinion que l’on défend) en justifiant cette opinion à l’aide d’arguments souvent illustrés d’exemples. On le rencontre QBSFYFNQMFdans les essais, les critiques, les articles de journaux Quelques définitions Thèse (= opinion) : - que l’émetteur défend à l’aide d’arguments (thèse défendue ou proposée) ; - que l’émetteur rejette et qu’il peut réfuter (thèse rejetée, réfutée). Argument : affirmation destinée à prouver ou à réfuter une autre affirmation. Exemple : Ne va pas voir ce film ce soir : tu vas faire la queue trop longtemps. thèse défendue argument Argumenter : choisir et organiser des arguments pour défendre une idée, pour convaincre l’interlocuteur ou le lecteur. 24 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 34 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Réfuter : montrer ce que la thèse qu’on rejette a de faux ou de faible. Exemple : Dans le texte de S. Zweig, le personnage dit que l’Inde est un pays enchanteur quand on le voit du chemin de fer, de l’auto ou de la riksha, c’est-à-dire quand on ne le connaît pas. Concéder : admettre provisoirement un argument de la thèse rejetée, le plus souvent pour le réfuter ensuite. Cf. ch. XVI, 7. 4. Approfondissement. 6.1 L’énonciation dans le texte argumentatif Dans un texte argumentatif, l’émetteur cherche à modifier l’opinion du récepteur : on trouve donc souvent dans le texte des indices de subjectivité témoignant de sa présence, (cf. ch. I, marques de l’énonciation) : - pronoms de la 1re personne, parfois de la 2e personne ; - temps du discours ; - mots valorisants pour la thèse défendue, dévalorisants pour la thèse réfutée, ironie pour ridiculiser l’adversaire (cf. ch. I, 5). Exemple 1 : Dans le texte de S. Zweig ci-dessus, l’émetteur s’implique directement en disant « je ». Il s’adresse directement à son interlocuteur (« vous protestez »). Exemple 2 : Tant que nous resterons désarmés contre le cancer, [...] tant que nous n’aurons pas résolu les problèmes liés à la surpopulation [...], je penserai que tourner autour de la lune est un luxe qui pouvait attendre et que c’est là, pour parler comme Chamfort, avoir des dentelles avant d’avoir des chemises. (J. Rostand, extrait du Discours du 24 décembre 1968) J. Rostand s’implique dans ce texte : - il dit : « je » ; - il utilise une citation exprimant une métaphore (cf. ch. XXXIII) qui apporte une pointe d’humour séduisante pour l’auditeur. Le texte argumentatif peut aussi être écrit à la 3e personne : l’émetteur (l’auteur) choisit de ne pas se manifester ; mais même dans ce cas, on trouve souvent des indices de subjectivité plus ou moins discrets (cf. ch. II, 2.2.2). Les différents indices d’énonciation permettent de préciser la position de l’émetteur par rapport aux thèses en présence. 25 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 35 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 6.2 À quels indices reconnaît-on un texte argumentatif ? Le texte argumentatif utilise un raisonnement, c’est-à-dire des arguments organisés de façon logique. Plusieurs organisations sont possibles. On parle d’un circuit argumentatif ou schéma argumentatif qui donne au texte sa dynamique. Les étapes de l’argumentation sont généralement soulignées : - par le découpage du texte en paragraphes (attention, cependant, les paragraphes ne correspondent pas toujours à un argument !) ; - par des mots d’articulation logique (cf. ch. VII, 1 sur les connecteurs argumentatifs) : conjonctions ou locutions conjonctives de coordination, adverbes (cf. ch. XXII, les mots invariables). Le texte argumentatif utilise les différents moyens d’exprimer la cause, la conséquence, l’hypothèse, la concession(cf. ch.XVI). Les liens logiques peuvent être implicites (= non exprimés) (cf. ch.VII 3.1, autres manières d’exprimer des liens logiques) et ch. IX, 4, la juxtaposition. Exemple :Il m’a provoqué, je l’ai giflé.(= c’est pourquoije l’ai giflé) (conséquence) L’argumentation peut s’appuyer sur des comparaisons ou des métaphores (cf. ch. XXXIII), comme dans le texte de J. Rostand ci-dessus, sur des exemples qui viennent illustrer l’argument, sur des citations (recours à l’opinion d’une autre personne) utilisées comme soutien ou élément de réfutation. NB. Un exemple peut constituer un argument à lui seul ; il doit être pertinent pour être convaincant. Remarque importante : on retrouve souvent dans les champs lexicaux d’un texte argumentatif, l’opposition entre la thèse défendue et la thèse rejetée.Il est donc également important de les rechercher (champs lexicaux, cf. ch.XXXI). Exemple :Dans le texte de S.Zweig, le champ lexical du rêve(enthousiasme, temples, palmiers, romantisme, enchanteurs, rêves...) s’oppose à celui de la maladie, de la destruction (étouffante, manque, fièvre, dévore, malade...). EN BREF Analyser un texte argumentatif, c’est donc avant tout : déterminer la situation de communication, c’est-à-dire : - qui cherche à convaincre ; - qui on cherche à convaincre ; - de quoi on veut convaincre : thèse rejetée ? thèse défendue ? déterminer les moyens de l’argumentation (de quelle manière on s’y prend pour convaincre), c’est-à-dire : - trouver les différents arguments et la manière dont ils sont enchaînés (cf. ch. VII, sur les connecteurs ; ch. IX sur les phrases et les ch. XIV, XV et XVI sur les propositions subordonnées). - éventuellement les procédés de style (cf. chap. XXXIII). 26 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 36 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 6.3 Quelques stratégies d’argumentation Pour défendre efficacement une thèse, il faut choisir une stratégie d’argumentation. Le déroulement de l’argumentation (place de la thèse proposée, de la thèse refusée, arguments, exemples, conclusion) sera très différent selon la stratégie d’argumentation choisie. On peut, par exemple : critiquer la thèse adverse pour en venir ensuite à sa propre thèse. Le texte se présente alors comme une sorte de dialogue (cf. texte d'introduction) ; Exemple : Dans le texte d’introduction ci-dessus (S. Zweig, Amok), la thèse refusée est en tête et la thèse défendue à la fin (après « Mais »). L’auteur, dans un premier temps, donne raison à son interlocuteur, pour mieux rejeter son point de vue par la suite. ne pas mentionner la thèse refusée (qui demeure alors implicite). La thèse proposée est privilégiée. L’auteur développe sa propre pensée en ignorant celles qui pourraient être différentes. Le texte se présente alors comme une démonstration (cf. texte ci-dessous sur l’antithèse). Les arguments peuvent s’enchaîner par déduction (les connecteurs du raisonnement déductif sont en gras) : Exemple : La chanson à texte est menacée par le vidéo-clip. En effet, la chanson inspire le rêve, et permet à chacun de créer ses propres images à partir du texte. Or, le vidéo- clip fournit déjà les images. Il n’y a donc plus de rêve. Ou plutôt, c’est un rêve différent où les images entrent souvent en concurrence avec le texte. Dès lors, le vidéo-clip risque de faire basculer la chanson moderne dans un univers où le texte aura de moins en moins d’importance. Aujourd’hui déjà, la musique a tendance à prédominer partout sur le texte. Si le vidéo-clip ne fait qu’accentuer ce phénomène, ce sera la fin de la chanson à texte et c’est dommage. La démonstration peut se faire par accumulation des arguments (chacun d’eux est précédé d’un connecteur) : Exemple : L’antithèse est une précieuse tournure qui permet d’exprimer avec clarté et symétrie l'opposition entre deux idées. Son usage s’arrête là ; mais son abus permet bien d’autres feintes. D’abord, elle sert très souvent à faire croire à la justesse d’une opposition d’idées grâce à la seule symétrie du face à face des mots, comme si la beauté d’une formule suffisait à prouver la vérité d’une pensée. Par ailleurs, il y a un « frisson » de l’antithèse par lequel, en rapprochant des termes contraires, on « accroche » l’auditeur (Un petit clic vaut mieux qu’un grand choc.). Enfin, sous cette forme accrocheuse, l’antithèse sert souvent à relier les contraires, c’est-à-dire à donner un sentiment illusoire de maîtrise complète de la réalité : « La poussière en moins, le brillant en plus » (PLIZ) ; « MiniMir, miniprix, mais il fait le maximum » (MIR). Ainsi, au-delà de la dissonance de la contradiction, on croit posséder la totalité. (Francis Brune, Le bonheur conforme, © éditions Gallimard) 27 CNED GRAMMAIRE CAPLP- Lettres – Histoire-géographie 1-1067-TE-WB-01-18 37 CNED CONCOURS DE LETTRES 1-1067-TE-WB-01-19 Chapitre III Deux systèmes d’énonciation : le discours et le récit Les deux notions DISCOURS et RÉCIT sont deux outils permettant : de maîtriser votre choix du système d’énonciation ; d’analyser les textes littéraires et d’apprécier le choix et les intentions de l’auteur. 1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CARACTÉRISTIQUES DES DEUX SYSTÈMES - Argan : Regarde-moi un peu Toinette ! « Smith fut accosté dans une rue de Richmond par - Toinette : Eh bien je vous regarde ! (Molière) un homme qu’il ne connaissait pas. » (J. Verne) - Je te prête mon stylo. Il remplacera le tien. - « J’ai besoin de vous ; venez ici tout de suite s’il - « Le matin du 6 avril, le docteur Rieux vit les vous plaît » (conversation informelle) premiers rats. Il ne se doutait pas que pendant les - « Passe-moi cette chaise, oui, cell