Contexte de la transition énergétique et environnementale PDF

1 Contexte de la transition énergétique et environnementale  2 PLAN 1. Développement et environnement 2. Intégration des enjeux environnementaux 3. La spécificité de la notion de transition 4. Enjeux de l’organisation d...

1 Contexte de la transition énergétique et environnementale  2 PLAN 1. Développement et environnement 2. Intégration des enjeux environnementaux 3. La spécificité de la notion de transition 4. Enjeux de l’organisation de la transition énergétique et environnementale  3 1. Développement et environnement  4 Le développement conduit-il les sociétés à leur perte ? Dans l’histoire, des sociétés prospères ont disparu. L’Empire Romain a succombé aux invasions barbares en grande partie du fait de l’affaiblissement des valeurs civiques au sein de la société (Gibbon, 1872, Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain.) La corruption des élites La perte de sens dans l’intérêt commun de l’empire Les transformations des sociétés dans les différentes parties de l’empire Les richesses ont cessé d’affluer à Rome et ont conduit à l’effondrement de son unité.  5 Une capacité limitée à exploiter les ressources ? Les sociétés doivent faire face à la croissance des besoins et arriver à mobiliser efficacement les ressources disponibles. L’augmentation continue de la population consécutive à l’amélioration des conditions de vie se heurte à l’incapacité de faire progresser la productivité et conduit à des famines récurrentes (Malthus, 1798, Essai sur le principe de population) La période du moyen-âge est marquée par une alternance de phases de prospérité et de misère conduisant à des famines et des épidémies qui déciment les populations.  6 Y La malédiction Y = F(N,K0) Production Y1 de l’état Y0 Effet d’une augmentation de la population en âge de travailler stationnaire 0 N0 N1 N Travail Y/N Une économie reposant sur l’agriculture et le travail se heurte à la productivité décroissante des Y/N0 terres Production par tête Prospérité La société Maya dont la subsistance reposait sur la culture du maïs a vu sa population croître Y/N1 Ressources minimales de survie fortement jusqu’à un pic en 750. Mais la déforestation et l’érosion pour trouver de Famine nouvelles terres ont fait chuter la productivité. La malnutrition, les famines ont conduit à une 0 N0 N1 N instabilité sociale qui a conduit à l’effondrement Travail vers 820-822.  7 Les effets indirects des dégradations de l’environnement L’île de Pâques était occupée par une société avancée. Le développement de cette société a conduit à une surexploitation du bois pour les maisons, les pirogues et pour l’édification de grandes statues, les Moaïs. La déforestation a créé une érosion et une salinisation des sols en réduisant l’abri que procuraient les arbres. Le bois d’œuvre pour les pirogues est devenu plus rare et la productivité agricole a chutée (Brander et Talyor, 1998). La raréfaction des ressources vivrières aurait mené à des guerres et au cannibalisme qui auraient réduit fortement la population et changé la société. La découverte de l’île au 18ème aurait aussi emmené des maladies, l’esclavage et la déportation  8 La croissance du capital est-elle une solution ? La progression de l’intensité capitalistique se heurte aussi aux rendements marginaux décroissants Y=Y/L Accroître la dotation de capital par travailleur est un Y/L = F(1, K/L) bon moyen de faire croître la productivité du travail et le produit par tête. y1 L’industrialisation a été une période importante de PIB par travailleur croissance de la productivité. y0 Les machines doivent aussi être produites et Effet d’une augmentation consomment aussi des ressources de l’intensité capitalistique Il y a une limite à l’augmentation du nombre de machines mises à disposition des travailleurs sans leur permettre de mieux les utiliser. 0 k0 k1 K=K/L Capital physique par travailleur  Y/L = A1 F(1, K/L) 9 y1 Y/L = A0 F(1, K/L) Technologies, PIB réel par travailleur y’0 y0 Effet du Effet d’une augmentation changement technologique innovations et progrès technique de l’intensité capitalistique 0 k0 k1 Capital physique par travailleur y2 L’amélioration des technologies est un moyen de dépasser les rendements marginaux décroissants La progression et l’accumulation des connaissances scientifiques conduit à des inventions. PIB réel par travailleur y1 Le développement de ces inventions et leur intégration dans les produits et les process sont à l’origine d’innovations. y0 L’incorporation continue d’innovations conduit à augmentation régulière de la productivité moyenne : c’est le progrès technique Mais comment faire croître le progrès technique ? 0 k0 k1 k3 Capital physique par travailleur  10 Un progrès technique continu... Comment ce progrès peut-il être alimenté sans priver l’économie de ses revenus dédiés aux salaires et aux investissements La société doit accumuler et transformer les idées en bien économique par des ePorts de R&D et la promotion des innovations. Le caractère de bien public des idées (Arrow, 1962) conduit au développement d’externalités positives entre les entreprises et à la multiplication des innovations Le progrès technique qui en résulte alimente ainsi un processus de croissance endogène (Romer, 1986) et de destruction créatrice (Schumpeter, 1942) D’autres facteurs peuvent contribuer à la croissance endogène, le capital humain, le capital public, la gouvernance...  11 Une demande sociale paradoxale... L’intérêt privé à développer les innovations entre en conflit avec l’intérêt collectif L’intérêt privé est de financer le processus d’innovation et de s’approprier l’ensemble de ses bénéfices sociaux. Tendance à la monopolisation/privatisation des idées. L’intérêt public est de diMuser rapidement les innovations aux entreprises pour susciter la concurrence et transférer les bénéfices aux consommateurs. Tendance à la diMusion/collectivisation des idées.  12 Le caractère régulateur du marché est remis en cause Un régime de propriété intellectuelle doit permettre de résoudre ce dilemme L’efficacité statique conduit à la concurrence et à des profits nuls mais qui ne permettent pas de financer l’innovation L’efficacité dynamique conduit un certain pouvoir de marché et des profits temporaires et à une inefficacité de court terme pour inciter à l’innovation Mais quelle durée et quel niveau de protection? Le Jour du Dépassement est la comparaison entre 13 l’empreinte écologique (surfaces nécessaires pour renouveler les ressources consommées, exprimée en ha globaux) et la biocapacité (capacité physique des espaces à régénérer des ressources, exprimée en ha globaux). www.footprintcalculator.org. 1.B.1.3 Climate change including increases in frequency and intensity of extremes have reduced food and water security, hindering efforts to meet Sustainable Development Goals (high confidence) (IPPC, 2022)  14 Une croissance et un progrès infinis ? Une croissance endogène est-elle une promesse de croissance infinie ? Le manque de connaissances et des inefficacités peuvent conduire à choisir une trajectoire qui pourrait remettre en cause la capacité des générations futures à bénéficier de qualité de vie à laquelle nous nous sommes habitués L’innovation, le marché et les politiques publiques pourront-elles surmonter les différentes difficultés ? Ces enjeux sont-ils compatibles avec les modèles économiques existants?  15 Environnement et sécurité ? La dégradation de l’environnement peut être associée à la montée des risques et des conflits. Épuisement des ressources naturelles et violence sont liés (Dixon, 1999). L’apparition d’épisodes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses ou les cyclones font croître la probabilité de conflit de 3% à 6% (Hsiang et al., 2009) Les causes des conflits et des révoltes sociales ne viennent pas directement de la dégradation de While non-climatic factors are the dominant drivers of existing l’environnement mais plutôt de la pauvreté et de intrastate violent conflicts, in some assessed regions extreme périodes de hausse des prix des aliments liés à weather and climate events have had a small, adverse impact on des problèmes de production agricole, their length, severity or frequency, but the statistical association is d’insécurité alimentaire ou de difficultés d’accès weak (medium confidence) (IPPC, 2022) à l’eau.  16 2. Intégration des enjeux environnementaux  17 Une tragédie commune Le statut économique de l’environnement est imparfaitement défini et pris en considération Le caractère de bien public ou de ressource commune conduit à des niveaux d’exploitation qui ne sont pas efficaces L’environnement est souvent le lieu d’expression des externalités, d’effets économiques entre agents qui ne transitent pas par un marché. Ces externalités demandent à être identifiées et intégrées au système économique pour restaurer l’efficacité et la bonne exploitation des ressources.  18 Les propriétés Rivalité? des biens Oui Non Biens privés Monopoles Naturels Glaces Milice de quartier Oui Vêtements TV par câble Exclusion? Routes embouteillées Routes libres à à péage péage Les biens privés ne couvrent qu’une partie des biens disponibles Ressources communes Biens Publics Poissons dans l’océan Défense nationale Exclusion : Possibilité d’empêcher Non L’environnement Savoir certains agents économiques de Routes embouteillées Routes libres consommer le bien gratuites gratuites Rivalité : La consommation du bien par un agent économique réduit la quantité disponible ou la satisfaction retirée par un autre de la consommation du bien..  19 Le prix régule l’accès aux biens privés Le prix d’un bien privé permet aux agents qui le valorisent le plus de le consommer Le prix est un filtre qui régule l’offre et la demande effective Pour que le prix reflète la rareté relative d’un bien il faut établir a minima un droit de propriété ou une régulation d’accès Sinon personne ne voudra l’acheter (Free rider)  20 La tragédie des Prix du Poisson Coût de rarefaction de la ressource Coût Social Offre communs (Coût privé) Optimum social Equilibre L’accès non régulé à des ressources communes conduit à leur surexploitation Une demande non contrainte pour une ressource en quantité limitée va conduire à une réduction Demande (valeur privée) voire une disparition de celle-ci (Hardin, 1968). Le taux d’épuisement de la ressource et 0 Qoptimum QMarché Quantité l’effondrement de celle-ci dépendent : de poisson Du nombre d’utilisateurs La consommation induite par l’usage La résistance de la ressource C’est un cas d’externalité négative de production  21 Il n’y a pas de fatalité Prise en compte du coût social de la ressource dans le système et régulation de l’accès Pour restaurer une exploitation efficace tant au niveau individuel qu’au niveau collectif, il faut corriger la valeur perçue de la ressource Le coût social de la ressource doit être intégré par les acteurs ou internalisé Par des mécanismes de marché qui modifient le comportement (taxes, instauration de droits de propriété, contrats mutuels...) Par des dispositions organisationnelles (intégration de plusieurs activités, régulations et normes...) Par des dispositions institutionnelles (code moraux, sanctions sociales...) La mise en œuvre de ces dispositifs : Doit tenir compte de tous les coûts et bénéfices supportés par les autres acteurs Peut se révéler complexes selon les situations  22 L’État n’est pas le seul recours Les prud’homies sont des communautés de patrons pêcheurs qui sont nées en France au Moyen Âge et qui organisent les activités de pêche sur leur territoire Les prud’homies ont été consacrées par un décrit impérial du 19 novembre 1859 toujours en vigueur. Contrôlent l’effort de pêche afin de permettre à chacun de vivre de son travail Définissent collectivement les règles locales encadrant les moyens, le nombre de pécheurs et les zones autorisés Les réglementations locales se basent sur les savoirs vernaculaires et les connaissances empiriques issues de l’expérience Le prud’homme est élu et dispose d’une véritable autorité lui permettant de juger les différents entre pécheurs  23 Le Rendement Maximal Durable La plus grande quantité de biomasse que l’on peut extraire en moyenne et à long terme d’un stock halieutique dans les conditions environnementales existantes sans affecter le processus de reproduction L’effort de pêche et les modalités de capture doivent être ajustées pour continuer à exploiter le stock dans les mêmes conditions. Au-dessous de l’effort de pêche optimal T, la ressource n’est pas en danger, mais les rendements économiques peuvent être améliorés Au-dessus de l’effort de pêche optimal T, le rendement est plus grand à court terme, mais cela remet en cause le renouvellement du stock et fait chuter les futures captures L’effort de pêche doit être contrôlé : nombre de navires, puissances, engins, temps passé en pêche… Les modalités d’exploitation aussi : sélectivité des tailles et des âges  24 Quelles conséquences sur l’environnement ? Le capital naturel étant en quantité limitée, la capacité à La croissance s’appuie sur des facteurs maintenir la croissance dépend : immatériels et matériels De la capacité du capital technologique, du progrès Les facteurs productifs impliqués dans technique, du capital humain à proposer de nouvelles le processus de croissance manières de créer de la valeur Le progrès technique (A) Des pressions sur les ressources disponibles qui Le travail (L) peuvent en réduire les services Le capital technologique (K) Le capital humain (H) Le capital naturel (N) La progression de certains facteurs peut-elle compenser Y = A F(L, K, H, N) la régression d’autres ?  25 L’environnement est un actif L’environnement fournit un ensemble de services économiques dont certains nous permettent de vivre. Les services directs tels que l’eau potable, l’air ou les paysage contribuent à satisfaire nos besoins primaires Les services indirects sont créés par les matières premières et l’énergie qui permet leur transformation en biens d’équipement ou de consommation  26 Le système économie - environnement Un système fermé est un système dans lequel il n’y a ni intrants ni extrants d’énergie ou de matériaux Un système ouvert est un système où il y a des imports et des exports d’énergie ou de matières depuis l’extérieur La relation entre notre environnement terrestre et l’économie est un système qui est plutôt fermé coté matière mais ouvert coté énergie (soleil)  27 Quelle démarche économique adopter pour mieux utiliser les ressources de notre environnement ? Approche positive : Quels sont les impacts que nos activités ont sur l’environnement ? Approche normative : Certaines activités sont-elles souhaitables ou jusqu’où doivent-elles être menées? Quel contrôle doit-on avoir sur les GES? Quelles forêts doit-on protéger? Il faut définir ce qui est le meilleur choix, pour cela l’économie utilise le concept d’efficacité  28 L’environnement a-t-il une valeur ? Une démarche anthropocentrée Valeur instrumentale : l’environnement dépend de son utilité à satisfaire les besoins humains Économie de l’environnement : donner une valeur à l’environnement révèle sa richesse pour nos sociétés ce qui favorise sa préservation, plutôt que n’y accorder aucune valeur. Valeur intrinsèque : L’environnement a une valeur en soi qui ne dépend pas de son utilité Deep ecology : l’homme ne peut pas seul déterminer la valeur de l’environnement et des autres espèces. Seuls les besoins de survie de l’homme justifient des pressions sur l’environnement.  29 Quel est le consentement à payer pour des biens environnementaux? Le consentement total à payer est la somme de : Valeur d’usage : utilité positive ou négative directement procurée par le service lié à la ressource. Valeur d’option ou quasi-option: lié à l’utilité de la préservation de la ressource pour un usage futur ou pour permettre un éventuel usage futur. Valeur de non-usage : Valeur d’existence : Valeur attribuée à une ressource que l’on n’utilisera jamais. Valeur patrimoniale : disponibilité à payer pour préserver des ressources pour d’autres personnes ou les générations futures. 30  31 Consentement à payer et surplus du consommateur ? Consentement à payer et surplus : L’aire sous la fonction de demande mesure les bénéfices bruts (surplus brut) retirés par la société de la consommation d’un bien au niveau X* L’aire située entre le prix et la courbe de demande mesure les bénéfices nets liés à la consommation du bien (bénéfices bruts - dépenses) est appelée surplus du consommateur  32 La variation du surplus du consommateur est une bonne estimation de la disponibilité à payer ou à recevoir pour que le consommateur accepte d’être soumis à cette variation. Si un projet ou une politique crée une variation Variation du surplus du positive de surplus, celle-ci mesure le bénéfice du projet ou de la politique sur le consommateur consommateur  33 par un économiste par un comptable Quel est le coût ? Profit économique Profit comptable Coûts Le coût d’opportunité, est lié à la valeur dans le Recette implicites Recette meilleur usage alternatif Totale Coûts Totale d’opportunité Coût d’opportunité : ce que la société perd totaux Coûts lorsqu’une ressource est affectée à un usage Coûts explicites explicites plutôt qu’un autre. Valeur des services environnementaux perdus lors de la conversion des ressources à un usage marchand (forêts...) Le coût des ressources, des matériaux, des produits et services mobilisés par le projet ou la politique et non disponibles pour d’autres usages productifs  34 Coût et surplus: Coût d’opportunité et L’aire sous la courbe d’offre représente le coût variable total de production (coût marginal) L’aire entre la courbe d’offre et le prix, surplus du producteur ? représente les bénéfices nets des entreprises et par conséquent le surplus du producteur ou le profit de court terme  35 Surplus total Le bénéfice social net est maximisé lorsque le prix et la quantité se fixent à l’intersection des courbes de demande et d’offre. Cet équilibre est un optimum de Pareto. Il est possible d’utiliser cette méthode pour représenter l’opportunité de mener une politique ou d’un projet qui aurait un impact sur un marché.  36 Faut-il préserver 4, 5 ou 6 Km d’une rivière ? Coûts et bénéfices à la préservation MC, Coût de préservation par kilomètre : Ensemble des dépenses liées aux aménagement nécessaires. MB, Bénéfice par kilomètre préservé : Bénéfices retirés des activités récréatives et de l’augmentation de la biodiversité. Un bénéfice net positif (B-C>0) est un indicateur de la Protéger 4 km est intéressant : Le bénéfice net est positif est égal à l’aire [LMNK]. désirabilité d’un projet ou d’une politique Protéger 5 Km accroît le bénéfice net [KLR] : Le coût augmente mais les bénéfices sont supérieurs. Si plusieurs variantes d’un projet ou d’une politique Protéger 6 Km diminue le bénéfice net de [RTU] : Les sont considérées, celle avec le bénéfice net positif le coûts de protection deviennent supérieur aux bénéfices. plus grand devrait être choisie car elle augmente le Protéger 5 km est le meilleur choix, celui qui crée le surplus dans la société bénéfice net le plus grand  37 Toute intervention publique sur un marché parfaitement concurrentiel réduit le surplus social, crée une inefficacité, une perte de surplus total Taxe et perte de surplus Effet d’une taxe unitaire Soit un bien X dont le coût marginal constant de production est P* Soit un gouvernement qui fixe un droit d’accise d’un montant t = P2 – P* par unités consommées du bien X L’aire [P2ACP*] représente le produit de la taxe ou les recettes budgétaires Cette taxe est un transfert des consommateurs au gouvernement, car du point de vue de la société son impact net est nul, le montant collecté auprès des consommateurs est équivalent au montant des recettes du gouvernement L’aire du triangle [ABC] est aussi un coût associé à la taxe, mais celui-ci n’est pas compensé par une recette similaire pour d’autres agents dans la société. Cette perte nette de surplus est bien une perte sèche  38 Quel est l’intérêt de mettre en œuvre une politique de contrôle et d’abaissement de la pollution de l’air ?  39 Bénéfices et coûts d’une régulation environnementale La distance t entre les courbes de coût privé et de coûts sociaux mesure la disponibilité à payer des personnes exposées pour éviter l’externalité négative. L’aire [F+B+C] représente la perte de surplus des personnes tiers touchées par la surproduction [Q*- Q#]. Cette surproduction permet aux consommateurs et aux producteurs présents sur le marché de récupérer un surplus [B+F]. En définitive l’aire [C] mesure la perte sèche supportée par la société et associée à la surproduction La politique menée pour réduire la perte sèche consiste à appliquer une taxe t sur chaque unité vendue par les producteurs. La courbe d’oYre privée se confond alors avec la courbe de coût social et le prix payé par les consommateurs passe de P* à P#, le prix perçu par les entreprises se fixe à P# - t et les consommations diminuent de Q* à Q# Le surplus du consommateur diminue de l’aire [A+B], et le surplus des producteurs diminue de [E+F] du fait du prélèvement de la taxe et de la baisse de la consommation Les personnes exposées gagnent en surplus du fait de la baisse des quantités produites et du niveau d’externalité égal à [B+C+F ] Le surplus public s’accroît du montant des recettes fiscales [A+E] Les variations de surplus étant principalement des transferts, les bénéfices sociaux bruts sont égaux à la réduction de la perte sèche C La préservation d’une ressource ou la 40 surexploitation d’une ressource ont des conséquences sur le futur. Il faut calculer la valeur des conséquences d’une action, d’un projet ou d’une politique sur La dimension l’ensemble de la période où ses bénéfices et ses coûts se feront ressentir temporelle doit Il faut toutefois se fixer un horizon pour certains aussi être intégrée projets Valeurs actuelles des coûts et les bénéfices La décision se faisant aujourd’hui il est nécessaire de calculer les valeurs actuelles des bénéfices et des coûts VA (Bt) = Bt/(1+s)t , VA (B)=∑ VA(Bt) VA (Ct) = Ct/(1+s)t, VA(C)=∑ VA(Ct) VAN = VA(B) – VA(C)  41 Doit-on actualiser tous les coûts et les bénéfices ? La valeur des services rendus dans 50 ans par une ressource qui serait préservée est estimée à 10 M€ quelle est sa valeur présente si le taux d’actualisation social corrigé par l’inflation est de 7%  42 20 ans 2,58 M€ 50 ans 0,34 M€ Années 20 30 40 50 60 Valeur actuelle Rapport 2,58 3,87 1,31 7,61 0,67 14,97 0,34 29,46 0,17 57,95 10 M€ Perte en % 74,16% 86,86% 93,32% 96,61% 98,27%  43 3. La spécificité de la notion de transition Qu’est-ce qu’une transition? Passage d’un état à un autre Phase de l’évolution d’une société Evolution d’un mode de développement à un autre Changement de source majoritaire de carburant Consommation d’énergie primaire (USA, Cruz & Taylor 2012) Augmentation croissante de la demande d’énergie primaire Exploitation de nouvelles sources Les nouvelles sources ne remettent pas en cause l’usage des précédentes Parts d’usage des énergies (USA, Cruz & Taylor 2012) Emergence et déclin progressifs Phases d’usage majoritaire ] … ; 1885] Biomasse : pic 1845, déclin 100 ans ]1885 ; 1950] Charbon : émergence 40 ans, pic 1910, déclin 60 ans ]1950; …[ Fossiles : émergence 80 ans, pic 1970, déclin … Renouvelables  L’énergie est connectée au développement économique L’usage de l’énergie nécessite la production de biens intermédiaires (dispositifs techniques, infrastructures…) Système énergétique Facilitent le transfert de l’énergie brute en service La collecte Du transport énergétique final au travers De la conversion de : Les biens intermédiaires augmentent la performance Lieux de production de ces étapes ainsi que la Lieux de consommation connexion entre : Système énergétique mondial (WEO, 2010) Système énergétique mondial (WEO) Diagramme de Sankey sur les flux des systèmes énergétiques https://www.iea.org/sankey/#?c=World&s=Balance Réseau électrique Système énergétique Le progrès technique est un facteur puissant de création et d’amélioration de l’efficacité de ces biens intermédiaires Moteur à vapeur et développement de l’usage du charbon dans l’industrialisation des activités et des transports Moteur à combustion interne et développement de l’usage des hydrocarbures et du gaz dans les modes de transports et le chauffage individuel Moteur à induction et passage d’une consommation directe à un usage pour l’électrification permettant la généralisation des machines pour l’industrialisation et pour les ménages Système énergétique Ensemble d’interrelations économiques d’offre et de demande le long d’une chaîne de valeur L’existence de complémentarités entre ses différents éléments Renforce chaque élément Augmente la performance globale du système Limite les possibilités de changements brutaux Contenu et puissance énergétiques (US, Cruz & Taylor 2012) Le contenu énergétique consommé a été multiplié par 2,5 La densité énergétique consommée a été multipliée par 100 La part de la population urbaine a été multipliée par 8 Développement et énergie L’usage d’énergies plus denses a soutenu le développement des villes et la croissance en permettant de satisfaire un besoin croissant d’énergie sans faire accroître trop fortement les coûts de sa production et surtout de son transport. Dans l’ère préindustrielle les villes demandaient entre 10 et 30 Watts par m2 urbanisé (100 W/m2 aujourd’hui). Il aurait fallu collecter de la biomasse sur des surfaces de 50 à 150 fois plus importantes que celle de la ville pour subvenir à ces besoins avec des coûts de transport énormes (Smil, 2008). Développement et énergie La densification énergétique permet de faire croître l’offre plus que proportionnellement (relation cubique) Des marchés plus grands permettent le développement d’activités plus spécialisées et de systèmes énergétiques plus efficients. Cycle combiné énergie/croissance économique La croissance de la population urbaine augmente la demande … accroît la pression à la hausse du prix de l’énergie mais … permet simultanément d’abaisser les coûts de transport et de distribution ce qui contribue à … baisser le coût du Watt et le coût des services énergétiques aux consommateurs pendant un certain temps, … favorisant l’attractivité de la ville et une augmentation simultanée du niveau de consommation d’énergie par habitant et le nombre d’habitants des villes. Moteurs de la croissance Accroissement de l’intensité capitalistique et création d’économies d’échelle Effets d’agglomération et innovations Croissance de la création de valeur  57 4. Enjeux de l’organisation de la transition énergétique et environnementale  La transition vers un système énergétique avec plus d’énergie renouvelables a des implications non négligeables : Sur les coûts des énergies et leur transport Une Sur la redistribution géographique des activités La transition créera de nouveaux gagnants et transition ? de nouveaux perdants Destruction créatrice (J. Schumpeter) liée à une recomposition plus générale de l’organisation de la société et de l’innovation  La dynamique de croissance et d’innovation Marché important pour les contient un grand nombre de produits et de procédés produits du « système dépendant du système des fossile » énergies fossiles La demande ne privilégie pas les produits non- Marché faible pour les fossiles du fait de leur produits non-fossiles Le « Carbon désavantage en coût Lock In » L’innovation recherche la diZusion la plus grande et favorise les gros marchés Favorise l’avantage initial de coût relatif du système fossile  Le « Carbon Lock In » La direction du changement technique entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables dépend : de la taille des marchés et des effets prix L’importance relative de ces effets est elle- même dépendante de facteurs technico- économiques: Elasticité de substitution entre les sources d’énergies Le niveau relatif de développement des technologies L’utilisation de ressources non renouvelables par un secteur Le Laisser faire conduit à un désastre environnemental du fait de la non prise en compte des externalités Le « Carbon Lock In » Les politiques visant à éviter un tel désastre s’appuient sur une vision exogène des technologies proposent : Nordhaus : Des politiques graduées et limitées sont suffisantes et réduisent faiblement la croissance à long terme Stern et Al Gore : Interventions plus étendues, immédiates et s’inscrivent dans le long terme avec un effet dépressif sur la croissance. Green peace : Une décroissance généralisée La prise en compte d’une dynamique endogène change ces perceptions Une action immédiate est nécessaire car l’avantage initial et la taille du marché conduit fortement à privilégier les énergies fossiles. Nécessité d’un « Big Push » Plus le temps passe, plus les coûts globaux de changement augmentent Nécessité d’une intervention publique initiale forte Pour compenser les désavantages de coûts et orienter les investissements Pour limiter les incertitudes Un renversement de politique Nécessité de faire croître le marché pour les renouvelables par une réallocation des aides Les subventions aux énergies fossiles ont atteint 7000 Milliards $ en 2023 L’élimination des subventions aux combustibles fossiles préviendrait 1,6 Million de décès prématurés par an et créerait 4 400 Milliards de recettes publiques Favoriser l’industrialisation de la production et les apprentissages pour limiter les coûts en capital Donner un cadre de régulation stable à long terme limiter les primes de risque et les charges financières Eviter l’effet de « fuite en avant » les améliorations d’efficacité conduisent à une augmentation de l’intensité d’usage si le prix relatif des énergies fossiles n’augmente pas  Nécessité d’un ciblage Les politiques devant être mises en œuvre Des taxations des énergies polluantes (taxe carbone) n’ont pas un caractère permanent elles Des incitations au développement des peuvent mixer : renouvelables Mais une fois que le différentiel technologique est compensé, la dynamique Cela nécessite un. degré de substitution important endogène peut rediriger le progrès technique entre les secteurs vers le secteur le plus vertueux Coût en capital des sources d’électricité Les énergies renouvelables nécessitent de lourds investissements en capital mais les coûts de fonctionnement sont plus faibles Pour le gaz une large proportion du coût de la fourniture d’électricité provient du coût d’achat du gaz qui est étalé sur un temps d’exploitation long Impact défavorable sur la valeur présente des coûts du fait de l’actualisation des flux financiers Sensibilité accrue à la valeurs des taux d’intérêts et des risques qui accroît la charge de l’emprunt  Les énergies renouvelables deviennent compétitives Cette attractivité des énergies renouvelables se renforce en tenant compte des coûts externes Coûts de production de l’électricité en 2023 Internaliser les coûts sociaux Le prix de chaque énergie doit refléter ses coûts sociaux qui intègrent l’ensemble des impacts positifs et négatifs de l’usage de ces énergies sur la société Pollution Santé Réchauffement climatique … En intégrant les coûts sociaux les énergies renouvelables révèlent leurs avantages 5 000 Milliards de coûts environnementaux n’ont pas été répercutés dans les prix à la consommation des combustibles fossiles (IMF, 2023). Accélérer la transition La transition se fera lorsque le coût marginal de la production d’énergie à partir de renouvelables sera inférieur à celui des énergies fossiles Le temps nécessaire pour que les renouvelables s’améliorent suffisamment par rapport aux énergies fossiles est incertain L’épuisement des sources et l’augmentation tendancielle des prix n’est pas évidente Les améliorations technologiques des renouvelables sont progressives Politique en faveur de la transition Seule une politique publique est en mesure d’accélérer la transition en faisant : Converger le prix des énergies fossiles vers leur coût social (taxe carbone) En aidant le développement des énergies renouvelables (subvention) Problème L’augmentation généralisée des prix de l’énergie pénalisera la croissance et fera des dégâts Les économies liées à la diminution du soutien aux énergies fossiles peuvent être réorientées vers l’augmentation de la compétitivité des renouvelables Accélérer la transition c’est : Diminuer les coûts d’ajustement en ayant une allocation plus rapide des ressources qui sont guidées par l’évolution des prix relatifs Limiter les eZets négatifs sur la croissance  Des conflits d’intérêts économiques, sociaux et politiques Politique en L’accélération de la transition sera difficile du fait : Du « Green Paradox » (Hans-Werner Sinn, 2012): renchérissement des énergies fossiles demain conduirait à plus d’émissions et de production aujourd’hui faveur de la Favoriser l’efficacité énergétique et surtout transition la maîtrise de la demande d’énergie pour De l’incertitude et du manque d’engagement limiter l’impact global d’un retard (Bâtiment global et transports) Accélérer les progrès sur les réseaux de distribution et sur les énergies renouvelables diffuses (energy harvesting) pour déployer un système énergétique décentralisé