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This document outlines a course plan for a study on defense. Some chapters include the context for defense, threats, defense policy, and the organization of defense. It details the importance of national defense and strategies.

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Plan du Cours : Chapitre 1 : Contexte de la défense 1.1 Impératif de la défense 1.2 : La force morale : le cas de la crise morale de 1917, des guerres de décolonisation 1.3 : L'engagement des Français dans la défense Chapitre 2 : L’état du monde et les menaces 2.1 : L’état du monde 2.2 : Les menac...

Plan du Cours : Chapitre 1 : Contexte de la défense 1.1 Impératif de la défense 1.2 : La force morale : le cas de la crise morale de 1917, des guerres de décolonisation 1.3 : L'engagement des Français dans la défense Chapitre 2 : L’état du monde et les menaces 2.1 : L’état du monde 2.2 : Les menaces pour la France Chapitre 3 : Politique de défense et l’organisation de la défense 3.1 : Politique de défense 3.2 : Les enjeux/principes pour la défense 3.3 : Les missions des Armées 3.4 : Organisation de la Défense Chapitre 4 : La France et le monde 4.1 : La place de la France dans le monde 4.2 : La France et les organisations internationales 4.3 : Les alliés de la France à travers les traités et les accords Chapitre 5 : Le contrat opérationnel 5.1 : Les livres blancs et les revues stratégiques 5.2 : Les lois de programmation militaire (LPM) 5.3 : Les lois de finances annuelles Processus Décisionnel d’une Opération Militaire Fonctions Stratégiques de la Défense Française Chapitre 6 : l’outil opérationnel 6.1 : Opérations 6.2 : Bilan des Armées 6.3 : Organismes Chapitre 1 : Contexte de la défense 1.1 Impératif de la défense La nécessité de la défense Tout pays, pour assurer sa survie et sa souveraineté, doit être capable de se défendre. Un pays sans défense est vulnérable aux agressions, qu'elles viennent de rivaux géopolitiques ou de groupes terroristes. L’objectif de la défense n’est donc pas seulement de faire face à des ennemis déclarés, mais aussi de protéger les intérêts stratégiques et la population. Objectifs de la défense La défense a deux principaux objectifs : 1. Protéger les intérêts de la France : ces intérêts incluent la sécurité du territoire, l’indépendance nationale, et les ressources économiques stratégiques. 2. Protéger les citoyens : la défense s’assure que la population française est à l’abri de toute menace, qu'elle soit militaire, terroriste ou sanitaire (comme illustré par les propos d’Emmanuel Macron sur la "guerre" contre le Covid-19). Réflexion sur la légitimité de la défense Le coût élevé de la défense nationale et l'association avec la guerre peuvent rendre sa légitimité difficile à justifier auprès des citoyens. Après la guerre froide, on a cru à une période de paix durable, entraînant une réduction des budgets militaires. Cependant, les attaques terroristes de 2015 ont rappelé la nécessité d'une défense forte. La nature perpétuelle de la guerre Historiquement, la guerre est souvent perçue comme un état "naturel" dans les relations internationales. Des penseurs comme Platon, Sun Tzu et Clausewitz ont souligné l’importance de la guerre pour la survie des États. Sun Tzu, dans L'Art de la guerre, souligne que "la guerre est une question de vie ou de mort pour l'État" et qu'il est impératif de la préparer sérieusement. Clausewitz, dans De la guerre, décrit la guerre comme "la continuation de la politique par d’autres moyens", illustrant ainsi son rôle central dans la gestion des relations internationales. L’expression latine "Vae Victis" ("Malheur aux vaincus"), attribuée à Brennus, chef gaulois, symbolise l’idée que dans la guerre, les vaincus subissent des conséquences tragiques. La capacité à faire face à cette dure réalité est essentielle pour une nation. Préparation à la guerre en temps de paix L'adage "Si vis pacem, para bellum" (Si tu veux la paix, prépare la guerre) met en évidence que, même en temps de paix, une nation doit maintenir une capacité de dissuasion forte pour prévenir les agressions extérieures. L'unité nationale comme force La cohésion nationale est essentielle pour la défense. Des moments comme la bataille de Valmy (1792) ou l'engagement des colonies en 1914 montrent que la force d'une nation réside dans l'unité de son peuple et sa capacité à défendre un objectif commun. ○ Thucydid “la force de la cité n’est pas dans ses vaisseaux ni dans ses remparts mais dans le caractère de ses citoyens” Aujourd’hui, malgré les défis, la France reste une grande nation, avec des capacités militaires importantes, dont une force de dissuasion nucléaire, une armée capable de déploiements rapides à l'étranger, et des infrastructures diplomatiques et de renseignement parmi les plus développées du monde. Cela inclut la 2e plus grande Zone Économique Exclusive (ZEE), ce qui renforce l’influence française sur les mers. 1.2 : La force morale : le cas de la crise morale de 1917, des guerres de décolonisation Esprit de la défense : est la manifestation collective des citoyens de construire la cohésion de la Nation face aux risques et menaces de plus en plus polymorphes La crise morale de 1917 Pendant la Première Guerre mondiale, en 1917, les soldats français (les Poilus) ont subi un coup dur à cause des offensives mal préparées du général Nivelle. Le moral des troupes s'effondre. Le maréchal Pétain, appelé en renfort, souligne que le moral des troupes est aussi important que la menace militaire : "le danger de 65 000 Allemands est moins grave que la démoralisation de notre armée". Il met en place des mesures pour restaurer le moral, ce qui illustre que la victoire repose aussi sur la cohésion et la motivation des forces armées. Guerres de décolonisation Après la Seconde Guerre mondiale, la France se trouve engagée dans des conflits coloniaux, notamment en Indochine et en Algérie. Ces guerres asymétriques, marquées par des attentats et des guérillas, ont mis à l’épreuve la cohésion entre l'armée et le peuple, provoquant parfois des désunions, comme lors de la guerre d’Algérie, malgré les discours initiaux en faveur de son maintien dans la France. Valeurs du métier militaire Le métier militaire porte des valeurs qui peuvent sembler en décalage avec la société moderne, telles que l’honneur, la discipline, l’abnégation, le courage et l’esprit de cohorte. Ces valeurs demeurent cependant essentielles pour maintenir la cohésion et l’efficacité de l’armée dans ses missions. 1.3 : L'engagement des Français dans la défense Service National Universel (SNU) Il vise à impliquer la jeunesse française dans des missions de service civique et de défense. Cependant, sa mise en œuvre se heurte à des obstacles importants, notamment en raison de son coût financier. Il est destiné à renforcer l’esprit de défense chez les jeunes de 16 à 25 ans, mais ses résultats sont encore mitigés, comme l’a souligné la Cour des Comptes dans un rapport critique. Réserves citoyennes et opérationnelles La France dispose aussi de réserves citoyennes (6 000 postes) et de réserves opérationnelles (50 000 personnes), qui permettent à des retraités, des volontaires et des officiers de réserve de participer à la défense nationale, notamment en temps de crise. Service Militaire Adapté (SMA) Le SMA et les structures comme l'Établissement pour l'Insertion dans l'Emploi (EPIDE) visent à offrir une formation militaire et professionnelle à des jeunes en difficulté, contribuant ainsi à leur réinsertion sociale tout en renforçant le potentiel de défense. Conclusion La défense de la France repose sur un cadre juridique solide, comme le montre l’Ordonnance de 1959, qui définit les missions de défense de manière globale et permanente, couvrant toutes les formes d'agression et les alliances internationales. La défense n’est pas seulement militaire ; elle est également morale, sociale et politique, nécessitant l’implication de toute la nation dans un effort collectif pour la sécurité du pays. Chapitre 2 : L’état du monde et les menaces 2.1 : L’état du monde Le monde a traversé plusieurs phases depuis la Seconde Guerre mondiale, chacune marquée par des transformations géopolitiques et militaires : 1ère évolution (1945-1990) : La guerre froide et le système bipolaire Après 1945, le monde est entré dans une ère dominée par la confrontation entre deux superpuissances : les États-Unis et l’URSS. Le système bipolaire opposait l’idéologie capitaliste à l’idéologie marxiste. Cette période a vu de nombreuses crises (comme la crise des missiles de Cuba en 1962) où l'usage potentiel de l'arme nucléaire a poussé les États à la retenue, imposant des "lignes rouges". La décolonisation : Les anciennes colonies ont cherché l’indépendance, bouleversant la scène internationale, avec de nouveaux États émergeant sur la scène mondiale. L’arme nucléaire a transformé les relations entre États, car elle impose une logique de dissuasion mutuelle, où la destruction totale (Mutual Assured Destruction) limitait les conflits directs entre grandes puissances. 2ème évolution (1990-2015) : Dividendes de la paix et unipolarité Avec la chute de l'URSS en 1991, les États-Unis sont devenus la seule superpuissance mondiale, ce qui a conduit à un système unipolaire. Relâchement budgétaire de la défense : L’effondrement du bloc soviétique a donné l’impression que la guerre était devenue moins probable, entraînant une réduction des dépenses militaires dans de nombreux pays. Dividendes de la paix : Cette période est caractérisée par une baisse des tensions internationales, permettant aux États de se concentrer sur d’autres priorités (économie, réformes sociales, etc.). On a cru à une ère de paix mondiale, où les conflits de grande envergure semblaient appartenir au passé. Révision des relations avec l’Afrique : La France, sous Nicolas Sarkozy, a redéfini ses relations avec l’Afrique à travers de nouveaux accords bilatéraux, cherchant à se détacher de son passé colonial. 3ème évolution (2015-2024) : Retour des crises et des guerres en Europe Cette période marque le retour des conflits majeurs sur la scène internationale, avec des tensions accrues. Guerre en Ukraine (2022) : Ce conflit a radicalement changé les rapports de force en Europe, remettant en cause les idées de paix et de stabilité. Retour de la guerre : En 2015, François Hollande a déclaré la guerre au terrorisme après les attentats de Paris, suivi par Emmanuel Macron en 2020 lorsqu'il a qualifié la lutte contre la COVID-19 de "guerre". Un monde imprévisible : Le cours met en avant les événements majeurs que peu avaient anticipés, comme la chute du mur de Berlin (1989), la dissolution de l’URSS (1991), ou encore les attaques du 11 septembre 2001. Cela illustre la volatilité de la géopolitique mondiale. Six caractéristiques du monde actuel 1. Imprévisibilité : L'incapacité à prédire l'avenir, avec des événements majeurs survenant sans signes précurseurs clairs. a. Pierre de Villiers “nul ne peut dire précisément aujourd'hui comment la situation changera demain”. 2. Manque de vision politique : Les dirigeants sont souvent aveuglés par des préjugés et des idéologies qui les empêchent d’anticiper correctement les événements mondiaux. 3. Interdépendance des États : L'économie mondiale et la sécurité internationale lient de plus en plus les nations (accords économiques, organisations comme l'OTAN et l'UE). Cette interdépendance affaiblit la souveraineté des États. 4. Transmission rapide des informations : Les événements mondiaux se propagent instantanément, influençant les réponses et les perceptions des nations. 5. Irrationalité de certains actes : Les différences culturelles peuvent conduire à des décisions qui semblent irrationnelles pour certains (exemple : l'État islamique). 6. Cultures incompatibles : Certaines idéologies (comme l’application de la charia) sont perçues comme incompatibles avec les valeurs occidentales. Menaces mondiales Les menaces qui pèsent sur le monde d'aujourd'hui sont variées : États faillis : États incapables de contrôler leurs territoires, souvent sanctuaires de groupes terroristes. Espaces sans contrôle : Régions où le pouvoir est faible, créant des zones propices à l'instabilité. Terrorisme, trafics illicites, flux migratoires, pandémies : Des phénomènes qui affaiblissent la sécurité internationale. Environnement : Le changement climatique et la dégradation des ressources naturelles créent des tensions. Le Livre Blanc de la Défense de 2008 (sous Sarkozy) a introduit un concept de "continuum" entre les menaces intérieures et extérieures, faisant de la défense une question globale. Il a également insisté sur la nécessité d'une coopération entre les armées et les services civils comme les douanes, afin de mieux lutter contre les nouvelles formes de menaces (terrorisme, cyberattaques, etc.). Menace vs Risque Menace : Une intention hostile directe. Risque : Une probabilité qu'un événement se produise, mais sans intention hostile (exemple : accident industriel = Explosion de 2009 à toulouse dans l'usine de production d'engrais azotés AZF). 3 ordres de risques en France : 1. Sanitaire : L'épidémie a. Pour le covid-19, il n’a pas eu des pics se morts à cause de cette pandémie comme le montre l’INSEE b. La pandémie a été pris en compte à partir du livre blanc de 2013. 2. Sécuritaire : Problèmes de l’attentat et du terrorisme. Il faut que la France se dote d’une capacité à libérer les otages. 3. États faillis : un État qui ne contrôle plus ses frontières et il peut être le sanctuaire de l’État islmaique notamment au Sahel. 2.2 : Les menaces pour la France La France fait face à quatre types de menaces, deux visibles et deux invisibles : Menaces visibles 1. Retour de la guerre de haute intensité : L’ère du nucléaire a limité les guerres totales, mais la possibilité de conflits de haute intensité demeure, notamment avec l'anéantissement de l'ennemi (théorie de Clausewitz) ou la limitation des dégâts (théorie de Basil Henry Liddell Hart). ○ Les deux guerres mondiales ont montré que les civils sont devenus des cibles principales, faisant plus de victimes que les militaires. 2. L’islam conquérant : Des acteurs islamistes cherchent à déstabiliser les États par divers moyens, notamment l’immigration, des actes irréguliers (comme les prières de rue) et des soutiens extérieurs financiers. Menaces invisibles 1. Guerre psychologique : Négligée depuis la guerre d’Algérie, cette forme de guerre vise à manipuler et affaiblir l’adversaire par la propagande, la désinformation, et la subversion. La responsabilité de l’armée dans cette guerre psychologique est la maîtrise de l’information et il faut avoir des capacités de renseignements. 2. L’éclatement de la nation française : La France ne sera peut-être pas unie dans une guerre car il y a un fossé entre ceux qui gouvernent et le peuple (Ex : agriculture). => Depuis 2022, Macron a insisté sur l’esprit de défense, ce qui permet d’avoir une bonne force morale Guerre hybride : Mélange de guerre régulière et irrégulière, avec l’utilisation de moyens conventionnels et non conventionnels (cyberattaques, propagande, etc.). Elle combine hard power et soft power et illustre l'évolution moderne des conflits. Dans, Stratégie théorique 2, le général Lucien Poirier affirme que “sous la pression de l’arme nucléaire, les États font moins de guerre”. Exemple de l'hybridité : Hezbollah Conclusion Depuis 1990, la mondialisation a transformé les relations entre les États et a révélé de nouvelles vulnérabilités. Les décideurs doivent naviguer dans un monde incertain, prenant des décisions dans ce que Clausewitz appelle le "brouillard de la guerre". L'incertitude et l’adversité obligent à une adaptation constante pour maintenir la sécurité nationale. Chapitre 3 : Politique de défense et l’organisation de la défense 3.1 : Politique de défense L’évolution de l’armée française reflète une adaptation aux défis géopolitiques et aux transformations du monde. Cette évolution peut être divisée en plusieurs phases clés : Avant 1990 : La France dispose d’une armée destinée à la défense de la nation contre les menaces directes, notamment face au Pacte de Varsovie, un bloc militaire opposé à l’OTAN. L'armée repose sur la conscription. 1990-2008 : Après la Guerre froide, l’armée devient une armée professionnelle avec la suspension du service militaire en 1997. 2008-2022 : La priorité est donnée aux interventions extérieures et à la maîtrise de la violence plutôt qu’à la défense territoriale. L’armée se concentre sur des interventions à l’étranger, servant notamment à protéger la sécurité mondiale (ex. : opérations au Moyen-Orient, Afrique et évacuer des ressortissants à l’étranger). La notion de « guerre » s’éloigne de l’Europe. Depuis 2022 : La guerre redevient une réalité proche, avec la crise en Ukraine qui marque le retour du conflit en Europe. La France réoriente ses priorités militaires pour être prête à répondre à des menaces plus directes et plus intenses, notamment en Europe. Aujourd’hui, c’est une armée de combat et qui est prête à la guerre. Caractéristiques des capacités françaises Géographie et présence mondiale : La France dispose de la deuxième plus grande Zone Économique Exclusive (ZEE) du monde, lui permettant de projeter son influence à travers les océans et de protéger ses ressources maritimes. Capacités nucléaires et droit de veto : En tant que puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la France a un rôle central dans la sécurité mondiale. Alliances et influence : La France est membre de l’OTAN et de nombreuses autres alliances internationales, mais elle exerce également un soft power notable à travers la Francophonie et son réseau diplomatique. Cependant, l’influence de la France est en déclin, notamment en raison de la perte de crédibilité sur la scène internationale (ex. : rôle dans les accords de Minsk en 2014). La politique de défense de la France repose sur deux principes clés : souveraineté et indépendance. Selon l’article 5 de la Constitution, le Président est le chef des armées. Puissance d’équilibre : La France cherche à se positionner comme une puissance indépendante, capable de prendre des décisions stratégiques de manière autonome tout en manifestant une solidarité stratégique avec ses alliés, notamment au sein de l'OTAN. Doctrine gaullienne : Depuis de Gaulle, la France insiste sur la nécessité que la défense du pays soit autonome tout en maintenant des relations d’alliance avec les États-Unis et d'autres partenaires internationaux. Les intérêts stratégiques Il existe trois types d'intérêts définis par la politique de défense française : 1. Intérêts vitaux : Ceux qui touchent directement à la souveraineté et à l’indépendance du pays (ex. : dissuasion nucléaire). 2. Intérêts stratégiques : Ceux qui ont un impact indirect sur la sécurité nationale (ex. : accès aux ressources énergétiques comme le pétrole). 3. Intérêts d’influence : L'influence diplomatique, économique et culturelle de la France dans le monde à travers ses partenariats et coopérations. 3.2 : Les enjeux/principes pour la défense La défense française repose sur trois piliers essentiels : 1. La défense civile : Protection des populations face aux menaces (ex. : gestion des crises et catastrophes). 2. La défense économique : Assurer que les industries stratégiques soient capables de soutenir l'effort militaire. 3. La défense militaire : Les forces armées, en tant qu’élément central de la défense nationale. Lois et cadres juridiques La loi de 1938 et l’ordonnance de 1939 restent les bases de l’organisation de la défense en temps de guerre, bien qu’elles aient été modernisées à plusieurs reprises. La défense française est nationale/étatique/globale/permanente : Cela signifie que la défense est un projet de long terme, intégrée dans les institutions et la gestion continue de l'État. Selon le code de la défense, le président de la République, chef des armées, préside le Conseil de politique nucléaire et le Conseil de défense et de sécurité nationale. Le président a un cabinet de défense particulier, situé à l’Élysée (Article 16 de la Constitution). Depuis le 1er mai 2023, le chef de l'état-major est le général d'armée aérienne Fabien Mandon. Le premier ministre et le ministre de la défense ont aussi un cabinet de défense. Selon l’article 21, le Premier ministre est responsable de la défense nationale. 3.3 : Les missions des Armées 3.4 : Organisation de la Défense La défense en France est structurée selon une hiérarchie bien définie : Le Président de la République est le chef suprême des armées et préside les conseils de défense (notamment en matière nucléaire). Il est le décideur ultime des grandes orientations stratégiques. Le Premier ministre coordonne la politique de défense et est responsable de la mise en œuvre de la stratégie militaire. Le ministre des Armées est en charge de la préparation et de la mise en œuvre des moyens militaires. Il supervise la chaîne organique (administrative) et opérationnelle (commandement militaire direct). Il est aussi chargé de la prospective de défense (la loi de programmation militaire). Le ministre de la défense a 4 grandes subordonnés : ○ CEMA : Thierry Burkhard ○ Délégué Général pour l'Armement : Emmanuel Chiva ○ Secrétariat Général pour l’Administration : Christophe Mauriet ○ Contrôle Général des Armées : Sylvain MATTIUCCI Chaîne opérationnelle et chaîne organique Chaîne opérationnelle (CPCO) : Dirigée par le chef d’état-major des armées (CEMA), sous l’autorité directe du Président. Elle coordonne les opérations militaires sur le terrain et est divisée en plusieurs commandements (terrestre, maritime, aérien). Chaîne organique : Gérée par le ministre des Armées et le CEMA, elle s’occupe des aspects de soutien, d’entraînement, d’infrastructure et de logistique pour maintenir la capacité opérationnelle des forces armées. Le Chef d’état-major des armées (CEMA) est nommé par le Président de la République française sur proposition de la ministre des Armées. Il est membre permanent du Conseil de sécurité et de défense et du Conseil du nucléaire. Le CEMA a un rôle crucial, avec plusieurs missions et attributions : 1. Conseiller militaire du Président de la République et du gouvernement : Il participe aux conseils de défense pour aider à la prise de décisions majeures sur la politique de défense, les opérations militaires, et la protection des intérêts français 2. Responsable de la planification stratégique : Il élabore la stratégie militaire française en fonction des directives du gouvernement et des objectifs de défense nationale 3. Commandement opérationnel des forces armées : responsable de la mise en œuvre des opérations militaires, que ce soit pour la défense du territoire national, les missions de maintien de la paix, ou les interventions militaires à l’international 4. Organisation des capacités militaires : Il supervise le développement et la modernisation des capacités militaires (équipements, ressources humaines, formation) 5. Gestion des relations internationales militaires : Il entretient des relations avec ses homologues étrangers et participe aux coopérations militaires internationales 6. Assurer la cohérence et la coordination entre les différentes forces armées 7. Rendre des comptes au parlement 8. Mise en œuvre de la dissuasion nucléaire Le sous-chef opérations (SC-OPS) : Thierry GARRETA Subordonné du CEMA Responsable de la conduite et de la supervision des opérations militaires en France et à l’étranger Chargé de planifier les opérations militaires Veille à la bonne coordination entre les trois branches des forces armées Effectue des analyses des menaces et des situations de crise Joue un rôle de commandement direct et s’assure que les forces françaises respectent les directives du CEMA et du gouvernement CPCO (Le centre de planification et de conduite des opérations) : Stéphane Mille Il est au cœur du processus de gestion des crises en amont (veille stratégique, planification) et en aval (conduite) Il est divisé en 2 compétences : ○ Fonctionnel : (logistique, conduite, systèmes de communication, renseignement,…) sont fournies par les bureaux (appelés J pour « joint »). Cette structure en J est dérivée de la structure OTAN. Elle est complétée par des cellules d’expertises particulières et par des officiers de liaisons spécifiques (dont les officiers de liaisons étrangers). ○ Géostratégique : cellules regroupées par région et prépare des dossiers dans le cas où la France va intervenir. En lien direct avec le ministre des Affaires étrangères. Autres acteurs de la défense Délégué général pour l’armement (DGA) : Responsable de l'acquisition des équipements militaires et de la recherche et développement pour la défense, il coordonne l'innovation technologique et l'industrialisation des systèmes d'armement. supervise la conception, le développement, et l'acquisition de l’équipement militaire (véhicules, aéronefs, navires, systèmes d'armement, équipements électroniques). Il entretient des relations étroites avec les industriels du secteur de la défense (Dassault, Thales, Naval Group, Nexter, Airbus) Secrétariat général pour l'administration (SGA) : S’occupe des ressources humaines, des finances, et des infrastructures nécessaires au bon fonctionnement de l’armée. Il existe 6 directions (14 000 agents) sous Christophe Mauriet : ○ Direction des affaires financières ○ Direction de RH ○ Directions des affaires juridiques ○ Direction du patrimoine et des archives ○ Direction d’infrastructure et de défense ○ Direction du service nationale et de la jeunesse Contrôle général des armées (CGA) : est un organe d’audit, de contrôle et de conseil placé sous l’autorité du ministère des Armées en France. Ce service assure un contrôle sur les actions des armées, y compris dans les domaines financier et opérationnel. Forces de souveraineté et forces de présence Forces de souveraineté : Présentes dans les départements et territoires d'outre-mer, ces forces garantissent la protection des intérêts français. Forces de présence : Installées dans des bases étrangères grâce à des accords bilatéraux, elles permettent à la France de maintenir une influence stratégique dans certaines régions clés du monde. Conclusion La défense française s'appuie sur une vision globale qui intègre des enjeux internes et externes. L’organisation des forces armées est conçue pour garantir la souveraineté du pays tout en projetant une influence internationale, que ce soit à travers des opérations militaires ou diplomatiques. L’évolution récente montre un retour aux priorités de défense directe face aux menaces géopolitiques croissantes. Chapitre 4 : La France et le monde 4.1 : La place de la France dans le monde La singularité de la France dans le « grand jeu mondial » Selon l’ouvrage de l’armée de terre du lieutenant-colonel Jean Michelin, intitulé Ceux qui restent, paru en août 2022, la France cherche à maintenir une place unique dans l’arène internationale en se définissant comme une "puissance d’équilibre". Cette position signifie qu’elle souhaite agir comme un acteur impartial, visant à promouvoir la stabilité mondiale sans s’aligner strictement avec les grandes puissances comme les États-Unis ou la Russie. Cette spécificité de la France repose sur plusieurs atouts stratégiques et géographiques. Les atouts stratégiques de la France 1. Présence mondiale grâce à sa géographie La France est présente sur tous les océans et tous les continents grâce à ses territoires d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Polynésie française, La Réunion, etc.). Cette présence lui offre un réseau de bases militaires et de partenariats diplomatiques stratégiques à travers le globe. Elle lui permet aussi d’avoir un accès direct à des zones d’intérêt stratégique, renforçant ainsi son influence. 2. Puissance nucléaire indépendante La France est une puissance nucléaire indépendante, ce qui signifie qu’elle possède un arsenal de dissuasion nucléaire autonome, sans dépendre d'autres nations. La dissuasion nucléaire française repose sur la capacité de réponse rapide et est conçue pour protéger le territoire national contre toute menace existentielle. Cela contribue à sa position de puissance mondiale. 3. Statut de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU La France est l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, avec les États-Unis, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni. Ce statut lui confère un droit de veto et une responsabilité importante dans les décisions de sécurité internationale. Elle participe activement aux résolutions pour la paix et la sécurité dans le monde. 4. Armée opérationnelle et capacités autonomes La France dispose d’une armée moderne, capable d’intervenir rapidement et de manière autonome dans des opérations militaires, que ce soit en Europe ou ailleurs. Cet arsenal militaire lui permet de défendre sa souveraineté et d’assurer une liberté d’action sur la scène internationale. 5. Volonté de rester une puissance d’équilibre La France aspire à rester une puissance d’équilibre, c’est-à-dire une force neutre qui évite de se ranger systématiquement derrière d’autres puissances. En 2022, le président Emmanuel Macron a affirmé que son objectif pour 2030 était que la France soit "confortée dans son rôle de puissance d’équilibre", ce qui signifie qu’elle cherche à promouvoir la paix et la stabilité tout en gardant son indépendance stratégique. 6. Capacité d’influence mondiale Bien que son influence ait quelque peu diminué au cours des dernières décennies, la France conserve une capacité d’influence significative grâce à sa culture, son réseau diplomatique et ses alliances stratégiques. Elle continue d'exercer un soft power important via la langue française, la diplomatie culturelle et l’aide au développement. Concept de « puissance d’équilibre » selon Joseph Nye Théoricien des relations internationales, il définit la puissance d’un pays non seulement par sa force militaire, mais aussi par sa capacité à persuader d’autres pays d’adopter ses positions ou d’accepter son leadership. La France incarne cette idée en s’efforçant de jouer un rôle de médiateur et de stabilisateur, sans imposer directement son hégémonie militaire ou économique. La pertinence actuelle de la stratégie de puissance d’équilibre La notion de puissance d’équilibre de la France est encore d’actualité, bien qu’elle soit parfois remise en question par les évolutions géopolitiques et l'émergence de nouvelles puissances comme la Chine. Néanmoins, la France continue de promouvoir cette vision, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et dans la région Indo-Pacifique, où elle mène des actions militaires et diplomatiques dans le but de préserver la stabilité régionale. L’intervention militaire au service des intérêts nationaux Historiquement, la France a une longue tradition d’interventions militaires, qui fait partie de sa stratégie pour défendre ses intérêts et maintenir son influence. Depuis 1960, elle a mené plus de 280 opérations militaires à travers le monde, souvent dans le cadre de missions de maintien de la paix ou d’interventions pour protéger ses ressortissants et ses intérêts. La politique de défense de la France : les deux défis majeurs 1. S’opposer à toute stratégie indirecte (asymétrique) La France cherche à s’opposer aux menaces indirectes et asymétriques, comme le terrorisme, qui remettent en cause la sécurité nationale sans confrontation militaire traditionnelle. Elle développe des stratégies de contre-insurrection et de renseignement pour faire face à ces défis. 2. Capacité d’intervention rapide et crédibilité internationale La France a pour objectif de pouvoir intervenir rapidement et efficacement pour démontrer sa capacité de réponse et sa crédibilité sur la scène internationale, particulièrement en Europe et en Afrique. Cette capacité de projection est cruciale pour maintenir sa position et assurer la stabilité des régions sous tension. Les quatre enjeux stratégiques 1. Maintenir un rôle de premier plan à l’ONU et dans l’Union européenne (UE) La France veut continuer de jouer un rôle prépondérant au sein de l’ONU et de l’UE, contribuant activement aux décisions en matière de paix, de sécurité, et de développement international. 2. Renforcer ses capacités de « nation-cadre » En tant que nation-cadre, la France est capable de mener et de coordonner des coalitions militaires internationales. Cette position lui permet de jouer un rôle clé dans les interventions multilatérales. 3. Assumer un rôle majeur dans les opérations de coercition La France s'est illustrée dans des opérations de coercition, comme pendant la guerre du Golfe en 1991, où elle a joué un rôle actif dans une coalition internationale. Ce type d’engagement renforce son statut de puissance militaire et politique. 4. S’impliquer activement dans les organisations internationales La France valorise son rôle au sein des organisations internationales, telles que l’ONU, l’UE, l’OTAN, où elle s’engage en faveur de la sécurité collective, du développement, et de la gestion des crises internationales. 4.2 : La France et les organisations internationales 4.2.1 : ONU Création de l’ONU et rôle du Conseil de sécurité Suite à l’échec de la Société des Nations (SDN), fondée après la Première Guerre mondiale pour maintenir la paix, les Alliés, notamment les États-Unis, ont cherché à établir une organisation plus robuste pendant la Seconde Guerre mondiale : l’ONU. Sa Charte fut signée en 1945 sous l’égide des États-Unis et d’autres grandes puissances occidentales, afin de promouvoir la paix mondiale et la sécurité collective. Le Conseil de sécurité de l’ONU, l’organe le plus influent de l’organisation, est chargé du maintien de la paix internationale. Il comprend 15 membres, dont 5 permanents (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, et France), chacun possédant un droit de veto. Ce veto signifie qu’une résolution ne peut être adoptée si un des membres permanents s’y oppose. Article 24 de la Charte : Il confère au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix, et les États membres acceptent d’agir au nom de l’Organisation pour ce mandat. Article 26 de la Charte : Il charge le Conseil de sécurité d’établir des plans pour la réglementation des armements, afin de consacrer un minimum de ressources aux armements mondiaux, avec le soutien du Comité d’état-major (composé des chefs d’état-major des cinq membres permanents), qui conseille le Conseil de sécurité. Limitations de l’ONU L’ONU ne peut intervenir dans des affaires considérées comme relevant de la souveraineté nationale, sauf dans des situations menaçant la paix mondiale. Types d’interventions de l’ONU 1. Maintien de la paix (Article 33) : Intervention visant à prévenir les conflits ou à superviser un cessez-le-feu. 2. Rétablissement de la paix (autre article, en général lié à l'Article 42) : Action visant à rétablir la paix par l’usage de la force lorsque cela est jugé nécessaire. Phases d’intervention de l’ONU Les opérations de l’ONU comportent trois phases : Intervention : Usage de la force pour rétablir la paix. Stabilisation : Soutien au rétablissement de l’ordre et des institutions gouvernementales. Normalisation : Aide au rétablissement des institutions du pays. Forces et faiblesses de l’ONU Forces : ○ 193 pays membres. ○ Grande légitimité internationale pour l’usage de la force. ○ Cadre juridique et législatif clair pour les interventions. Faiblesses : ○ Dépendance au vote des membres, notamment des cinq membres permanents pour les interventions. ○ Faible force autonome, dépend des contributions des États membres pour les forces de maintien de la paix. ○ Financement principalement assuré par les contributions des membres, notamment des États-Unis (27 %) et de la Chine (15 %). 4.2.2 : OTAN Origines et objectifs de l’OTAN L’OTAN a été fondée en 1949 pour contrer la menace communiste soviétique, avec 12 membres fondateurs. Aujourd’hui, elle en compte 31. L’OTAN est une alliance militaire disposant de sa propre structure politique, alignée avec l’objectif de paix mondiale affirmé par la Charte de l’ONU. Organisation de l’OTAN Chaque pays membre a un ambassadeur et un chef militaire à l’OTAN, qui participent au Conseil de l'Atlantique Nord, organe décisionnel majeur similaire au Conseil de sécurité de l’ONU. Comité de planification : Responsable de la planification des opérations militaires. Groupe des plans nucléaires : Forum de discussion pour les pays dotés de l’arme nucléaire. Caractéristiques et capacités de l’OTAN Forces opérationnelles : Elle dispose d’une force de projection de 60 000 hommes et de capacités de renseignement. Types d’intervention : ○ Maintien de la paix (Article 5) : Défense collective en cas d’attaque contre un membre. ○ Rétablissement de la paix (Article 6) : Opérations hors territoire des membres pour restaurer la paix. Différences entre l’ONU et l’OTAN ONU : Organisation de sécurité collective sans force militaire propre ; elle requiert le consentement des membres pour les interventions et le financement. OTAN : Alliance militaire structurée, avec des forces de combat prêtes à intervenir rapidement. Débats sur l’avenir de l’OTAN Depuis la fin de la Guerre froide et la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991, l’OTAN fait face à des interrogations quant à sa mission. Deux courants de pensée émergent : 1. Dissolution : Certains considèrent que l’OTAN a perdu sa raison d’être initiale. 2. Maintien : D’autres veulent la préserver pour la sécurité de l’Europe, les États-Unis reprochant à l’Europe de ne pas assurer sa propre défense. 4.2.3 : Une défense européenne Contexte historique : Vers une défense européenne autonome L’idée d’une défense européenne prend racine au début des années 1990, suite aux guerres balkaniques, qui ont mis en lumière la dépendance de l’Europe à l'égard des États-Unis pour assurer sa sécurité. Cette situation a poussé l’Europe à envisager des moyens de se doter de capacités militaires autonomes. De 1992 à 2005, des progrès notables ont été faits pour construire une politique de défense européenne, mais cette ambition a ralenti en raison des crises économiques et des réticences de certains États membres. En 2022, le président français Emmanuel Macron a proposé une “boussole stratégique” pour relancer et renforcer la défense européenne. Toutefois, cette initiative rencontre des obstacles, car une grande partie des pays européens, à l'exception de la France, reste attachée à l’OTAN pour la défense collective, jugeant suffisante l’influence militaire de l'OTAN. Développement des capacités militaires européennes Brigade franco-allemande (1989) : Exemple de coopération militaire au niveau bilatéral. Nucléaire français : La France envisage de mettre sa capacité nucléaire au service de la défense européenne, bien que cela suscite des réticences, notamment de l’Allemagne. Les grandes périodes de la défense européenne L’Union européenne a connu trois phases distinctes dans la construction de sa défense commune : 1. 1992 - 2005 : Les premières avancées ○ 1999 - Sommet de Cologne : Le Conseil européen peut désormais prendre des décisions d’intervention pour le maintien ou le rétablissement de la paix, la protection humanitaire et l’évacuation. C’est la création de la Force de réaction rapide de l’UE, qui marque une avancée importante. ○ Traité de Nice (2000) : Ce traité établit un cadre institutionnel pour la défense, et l’UE développe ses capacités militaires à travers une coopération militaro-industrielle, notamment avec l’Agence Européenne de Défense. 2. 2005 - 2020 : Ralentissement et crise économique Les ambitions de défense européennes stagnent pendant cette période, en raison notamment des crises économiques. La dépendance vis-à-vis de l’OTAN reste forte, et l’Union n’a pas les ressources financières suffisantes pour soutenir une défense autonome. 3. 2020 - Présent : Tentative de relance avec la “Boussole stratégique” ○ Boussole stratégique (2022) : Cette initiative, portée par Emmanuel Macron, vise à redonner un élan à la défense européenne, en fixant comme objectif une force de réaction rapide de 5 000 soldats, destinée aux missions de gestion de crise. Néanmoins, cet effectif est limité et insuffisant pour répondre à de larges crises de sécurité. Institutions et Comités de la Défense Européenne L’UE a mis en place des structures institutionnelles pour coordonner sa politique de défense: Comité politique et de sécurité (CPS) : Ce comité est responsable de la gestion de crise au niveau stratégique. Il coordonne les efforts de l’UE en matière de sécurité et se réunit deux fois par an avec les chefs d’État. Comité militaire de l’Union européenne (CMUE) : Composé des chefs d’état-major des États membres, il supervise les missions militaires et conseille le CPS. Lorsqu’une crise est identifiée, le CPS en élabore les stratégies, puis le CMUE prend la relève pour la phase militaire. Agence Européenne de Défense (AED) : Cette agence coordonne le développement des capacités militaires et la coopération militaro-industrielle. Elle est structurée autour de plusieurs directions : ○ Direction des capacités de l’armement et de la planification : Planifie et développe les équipements militaires. ○ Direction technologique et innovation : Encourage le développement technologique dans la défense. ○ Direction synergétique et administrative : Gère la coordination entre les différents États et les questions administratives. Projets actuels et défis L’Europe cherche à se doter de nouvelles capacités, notamment à travers deux projets majeurs : Système de combat aérien du futur (SCAF) : Développement d’un avion de combat multirôle. Char du futur : Développement d’un blindé européen avancé. Cependant, des faiblesses structurelles demeurent : Absence d’une armée européenne : L’UE ne dispose pas d’une armée unifiée et dépend toujours des armées nationales. Difficultés de prise de décision : Les décisions nécessitent l’unanimité, rendant l’action commune lente et complexe. Absence d’un service de renseignement centralisé : L'UE n’a pas de service de renseignement militaire intégré. Dépendance à l’égard de l’OTAN : L’OTAN reste le garant de la sécurité collective des membres européens, surtout face à des menaces globales. Points forts et capacités opérationnelles Malgré ces faiblesses, l’UE a quelques atouts en matière de défense : Structures opérationnelles : Le CPS et le CMUE assurent une organisation coordonnée et prête à déployer des missions. Groupes de combat européens (EU Battlegroups) : Ces unités militaires multinationales sont prêtes pour des déploiements rapides dans des missions de gestion de crise. Conclusion : La France participe activement aux mécanismes de défense et de sécurité internationale via l’ONU, l’OTAN, et les projets européens. Elle tente de maintenir une influence équilibrée, en révisant également ses accords de défense avec les anciennes colonies africaines, sous quatre principes : 1. L’Afrique doit assumer sa sécurité. 2. Non-ingérence française (dernière intervention en Côte d’Ivoire en 2002). 3. Transparence des actions de la France en Afrique. 4. Fin des interventions unilatérales. Actuellement, la France a des accords de défense avec onze pays (dix en Afrique et un au Moyen-Orient), ce qui illustre l’engagement sécuritaire de la France dans certaines régions stratégiques. 4.3 : Les alliés de la France à travers les traités et les accords Chapitre 5 : Le contrat opérationnel La défense est régie par 4 textes : ○ Permanent : Constitution Code de la défense ○ Semi-permanent : Livre blanc LPM Le contrat opérationnel de la défense française repose sur des orientations précises, fixées à travers les livres blancs et les revues stratégiques. Ces documents sont essentiels pour adapter la défense nationale aux évolutions géopolitiques et aux nouvelles menaces. Ils définissent la vision à long terme des besoins militaires de la France et déterminent les capacités nécessaires pour garantir la sécurité nationale et internationale. 5.1 : Les livres blancs et les revues stratégiques Les Livres blancs de la défense Ce sont des documents de référence publiés périodiquement par le gouvernement pour définir la stratégie militaire du pays pour les années à venir. Leur rôle est de prévoir les menaces et de préparer les forces armées pour y répondre, en fournissant une vision globale de la stratégie de défense nationale. Les livres blancs se déclinent en cinq grandes parties principales : 1. Analyse géopolitique du monde : Une étude approfondie des rapports de force internationaux et des zones de tensions émergentes. 2. Détermination et évaluation des menaces : Identification des principaux risques pour la sécurité de la France, tels que les conflits interétatiques, le terrorisme, la cybermenace, et les crises humanitaires. 3. Définition des fonctions stratégiques : Identification des principales fonctions stratégiques (comme la dissuasion nucléaire, la protection, l’intervention, la connaissance et l’anticipation) qui guideront les investissements et l’organisation des forces armées. 4. Détermination des capacités opérationnelles : Évaluation des moyens militaires (effectifs, matériel, technologie) nécessaires pour contrer les menaces et exécuter les fonctions stratégiques. 5. Capacités opérationnel fixé aux armées : Définition des missions précises confiées aux forces armées, et des résultats attendus en termes de défense nationale et internationale. Voici les principaux livres blancs publiés en France depuis la guerre froide et leurs orientations stratégiques : Livre Blanc de 1972 : Publié dans un contexte de guerre froide, ce livre blanc reflète la décision de la France, sous Charles de Gaulle, de se retirer du commandement intégré de l’OTAN en 1966, dans le but de garantir son indépendance stratégique. La France met l’accent sur la dissuasion nucléaire, qui devient un pilier de sa défense nationale. Ce livre se concentre également sur la défense de l’Europe occidentale contre l’URSS, sans exclure les opérations extérieures. Livre Blanc de 1994 : Ce livre blanc répond à la disparition de la menace soviétique et à la fin de la guerre froide, marquant le passage d’une défense contre un ennemi clairement identifié (le bloc soviétique) à une sécurité plus imprévisible, dominée par des conflits régionaux et des crises intra-étatiques. La France anticipe une diminution des guerres de haute intensité en Europe et s’oriente vers une force plus adaptable, capable de gérer des opérations extérieures et de stabilisation dans un contexte de nouvel ordre mondial. Livre Blanc de 2008 : Après les attentats du 11 septembre 2001, la menace terroriste mondiale est devenue une priorité. La France adapte sa stratégie pour contrer non seulement le terrorisme, mais aussi l’émergence de nouvelles puissances militaires et économiques, comme la Chine, et la montée des conflits asymétriques. Ce contexte est accentué par la crise économique de 2008, qui contraint la France à revoir ses priorités pour allouer efficacement ses ressources limitées. La stratégie se concentre alors sur la sécurité intérieure et les interventions extérieures ciblées, notamment dans des zones où le terrorisme constitue un risque direct pour la France. Livre Blanc de 2013 : Sous la présidence de François Hollande, ce document répond à des défis multiples : la crise économique mondiale, qui limite le budget de la défense, et l’augmentation de la menace terroriste, particulièrement au Sahel et au Moyen-Orient. Le livre confirme les engagements militaires de la France dans ces régions et introduit des mesures de réduction des dépenses. Cette stratégie vise à maintenir un niveau opérationnel tout en réduisant le budget, et en renforçant les capacités de cyberdéfense et de renseignement. Les revues stratégiques (2017 et 2022) Les revues stratégiques de défense, plus récentes et complémentaires aux livres blancs, sont des évaluations périodiques permettant de vérifier si les orientations prises dans les livres blancs sont toujours adaptées au contexte géopolitique actuel. Elles assurent une mise à jour des priorités et des moyens militaires en fonction des changements rapides du contexte international. Voici les principaux points abordés dans les dernières revues stratégiques : Revue stratégique de 2017 : Dans un contexte de montée des tensions internationales et de la menace terroriste, la France renforce sa posture de défense pour répondre aux menaces hybrides et asymétriques, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Cette revue met également l’accent sur la protection des territoires nationaux et européens, et sur le renforcement des capacités de cyberdéfense. Revue stratégique de 2022 : Publiée sous la présidence d’Emmanuel Macron, cette revue répond aux nouvelles tensions avec la Russie, la montée en puissance de la Chine, et le développement des menaces cybernétiques. Elle réaffirme la nécessité pour la France de disposer d’une force de dissuasion nucléaire indépendante et insiste sur la coopération européenne en matière de défense. Elle souligne également la nécessité d’adapter les capacités militaires françaises face à des conflits potentiels de haute intensité, suite à la guerre en Ukraine. 5.2 : Les lois de programmation militaire : LPM Définition et rôle des LPM Ce sont des lois de finances qui s’étendent sur plusieurs années (normalement 6 ans) et fixent le budget de la défense et les grandes orientations des forces armées. C’est une anticipation budgétaire mais le budget est annuel. Elles mettent en pratique les objectifs du Livre blanc de la défense et de la revue stratégique en déterminant précisément les ressources et les équipements à financer pour répondre aux enjeux de sécurité. Les LPM permettent donc d’adapter les moyens militaires aux contextes géopolitiques changeants, tout en assurant une visibilité budgétaire à long terme. Chaque LPM passe par un processus rigoureux avant d'être promulguée : 1. Présentation au Conseil de défense : Les grandes lignes de la LPM sont discutées pour aligner les priorités militaires aux menaces actuelles et émergentes. 2. Présentation au Conseil des ministres : Après validation au Conseil de défense, elle est présentée au Conseil des ministres pour approbation. 3. Présentation au Parlement : Le projet de LPM est ensuite débattu et voté par le Parlement, où il peut être amendé. La LPM 2024-2030 : Contexte et caractéristiques La LPM 2024-2030 est la 14ème LPM en France et a été promulguée sous la présidence d'Emmanuel Macron. Elle succède à la LPM 2019-2025, mais dans un contexte mondial transformé par : La guerre en Ukraine, qui a rappelé l’importance des capacités de défense terrestre et des conflits de haute intensité. Les tensions croissantes avec la Chine, notamment en matière d'influence en Asie-Pacifique. Les menaces nouvelles dans les domaines cyber et spatial, qui nécessitent des capacités de défense spécifiques. Le budget est coupé en missions, ici c’est la défense (divisé en 4 programmes = environnement et prospectives de la politique de la défense, équipement des forces, préparation et emploi des forces, soutien de la politique de défense). La LPM 2024-2030 prévoit un budget total de 413 milliards d'euros sur 6 ans, soit environ 69 milliards d'euros par an. Elle vise à atteindre 2 % du PIB, conformément aux engagements de la France vis-à-vis de l'OTAN. Toutefois, malgré cette augmentation, les militaires estiment que les moyens alloués demeurent insuffisants pour combler certains retards technologiques et pour faire face aux menaces actuelles. Réformes financières et organisationnelles de la défense La gestion financière des armées repose sur des réformes visant à rationaliser et moderniser l’utilisation du budget, en renforçant la transparence et en optimisant les dépenses : 1. Loi organique relative aux lois de finances (LOLF, 2001) : Cette réforme a redéfini l’architecture budgétaire de l’État pour plus de clarté et de responsabilité. Désormais, les budgets sont structurés en fonction d’objectifs de performance, ce qui facilite le suivi et l’évaluation des dépenses. Désormais, les responsables sont CEMA, DGA et le secrétaire général de l'administration. 2. Réformes successives RGPP et MAP : ○ RGPP (2007) : La Révision générale des politiques publiques visait à rationaliser l'administration et à réduire le nombre de fonctionnaires pour optimiser les dépenses publiques. ○ MAP (2012) : La Modernisation de l’Action Publique poursuivait cet objectif en rendant l’action publique plus efficace et plus en phase avec les attentes des citoyens. Structure budgétaire des armées Le chef d’état-major des armées (CEMA) est aujourd'hui le principal responsable budgétaire, ce qui centralise la gestion et permet de coordonner les efforts de défense. Le budget militaire est divisé en plusieurs missions et programmes spécifiques : Missions principales : Défense, Anciens combattants et mémoire, Recherche et enseignement supérieur. Programmes militaires : ○ Organisation générale des armées ○ Choix capacitaires : décisions stratégiques sur l’équipement et les infrastructures nécessaires. ○ Préparation des forces : formation et conditionnement des troupes. ○ Emploi des forces : organisation des opérations militaires. Le Directeur général de l’armement (DGA) est quant à lui responsable du programme de recherche et de développement militaire, en collaboration avec le CEMA pour la politique industrielle. Le Secrétaire général de l’administration gère les aspects administratifs et financiers du ministère des Armées, tandis que le Ministre des Armées supervise l’ensemble du processus. Évolution du budget de la défense Le budget alloué à la défense a connu des fluctuations significatives au fil des décennies : 1960 : À la période des Trente Glorieuses et en pleine guerre froide, l’effort budgétaire atteignait 5,5 % du PIB pour permettre à la France d’assurer son indépendance stratégique. 2015 : Après une période de baisse progressive, l’effort est tombé à environ 1,5 % du PIB. 2024 : La LPM 2024-2030 prévoit de revenir à un effort de 2 % du PIB, soit environ 42 milliards d’euros, hors pensions. Conclusion sur les LPM La LPM 2024-2030 marque une étape importante dans la montée en puissance des capacités militaires de la France. Cependant, malgré un budget conséquent, certains observateurs et responsables militaires estiment qu'il subsiste des lacunes pour combler les besoins en matériels modernes et répondre aux défis stratégiques contemporains. La mise en place de ces lois permet ainsi à la France de maintenir une armée capable de répondre aux enjeux de sécurité actuels, tout en cherchant à améliorer l’efficacité budgétaire et la réactivité des forces armées. La LPM 2024-2030 traduit la volonté de la France de renforcer sa position en tant qu'acteur majeur de la sécurité européenne et internationale. 5.3 : Les lois de finances annuelles Les lois de finances annuelles sont les textes votés chaque année par le Parlement, qui établissent les ressources et les charges de l’État pour l’année suivante. Elles déterminent notamment les crédits alloués à chaque ministère, dont celui des Armées. Ces crédits servent à financer les dépenses de personnel, de fonctionnement, et d’investissement nécessaires pour la défense nationale. En 2024, le budget alloué au ministère des Armées en France s’élève à 47,3 milliards d’euros. Cette enveloppe vise à renforcer les capacités de défense du pays, avec un accent mis sur l’équipement et la modernisation des forces armées. Répartition du Budget de Défense pour 2024 Le budget de 47,3 milliards d’euros se divise en plusieurs catégories principales : 1. Projets d’équipement initialement prévus : ○ 13 avions de chasse Rafale : Ces appareils de fabrication française sont cruciaux pour renforcer l’aviation de combat. ○ Un sous-marin : Les sous-marins sont essentiels pour la dissuasion nucléaire et la projection de force en mer. ○ Une brigade : Les brigades constituent une unité de base de l’armée de terre. ○ Blindés et canons légers : Ces équipements permettent d’équiper les forces terrestres pour répondre à des besoins variés sur le terrain. 2. Répartition détaillée du budget de 47,3 milliards d’euros : ○ 13,5 milliards d’euros pour la rémunération des actifs (le personnel militaire et civil). ○ 28,3 milliards d’euros pour les équipements, couvrant les achats et la maintenance du matériel militaire (comme les Rafales, les sous-marins, et les blindés). ○ 5 milliards d’euros pour le fonctionnement des armées, incluant les dépenses quotidiennes des différentes branches des forces armées (logistique, maintenance, etc.). Effectifs et Organisation Humaine Le volet humain du budget se compose des effectifs des différentes branches des forces armées : Recrutements : Le ministère prévoit 28 000 nouveaux recrutements pour renforcer les effectifs. Répartition des effectifs par branche : ○ Armée de Terre : 105 000 personnes, représentant environ 39% des effectifs. ○ Marine : 35 000 personnes (15% des effectifs). ○ Armée de l’Air et de l’Espace : 30 000 personnes (15% des effectifs). ○ Santé des armées : 15 000 personnes (5% des effectifs), pour assurer le soutien médical des militaires. ○ Direction Générale de l'Armement (DGA) : Environ 4% des effectifs, responsables du développement et de l’acquisition des technologies de défense. ○ État-Major Général des Armées (EGA) : Environ 5% des effectifs, qui coordonnent les opérations militaires. ○ Services communs interarmées : 8% des effectifs, apportant un soutien logistique et technique. Au total, 3/4 des effectifs sont des militaires et 1/4 des civils. Réserves : 80 000 réservistes, pour soutenir les opérations en cas de besoin. Budget Alloué pour 2025 Pour 2025, le budget de la défense augmentera à 50,5 milliards d’euros, marquant une hausse de 3%. Cette augmentation vise à moderniser les capacités de défense et à anticiper les menaces futures. Les priorités incluent : Renouvellement de la dissuasion nucléaire : Environ 15% du budget sera consacré à maintenir et moderniser les moyens de dissuasion nucléaire. Renforcement des capacités opérationnelles : Ce volet couvre les équipements pour le renseignement, la capacité de projection, le combat et la gestion des stocks, essentiels pour une défense opérationnelle à long terme. Mécanismes de Financement et Programmes Le financement de la défense passe par deux principaux mécanismes : 1. Autorisation de paiement : Les fonds sont directement versés au ministère des Armées, permettant une disponibilité immédiate. 2. Crédit de paiement : Ce sont des fonds prévus dans le budget mais pas encore alloués, correspondant aux montants qui seront débloqués ultérieurement pour des dépenses futures. Le budget de la défense est structuré en quatre programmes principaux : 1. Environnement et prospective de la politique de défense : Pour analyser les menaces potentielles et anticiper les besoins futurs. 2. Équipement des forces : Pour l’achat, la modernisation et la maintenance des équipements militaires. 3. Préparation et emploi des forces : Pour la formation, l’entraînement et la disponibilité opérationnelle des forces armées. 4. Soutien de la politique de défense : Inclut le soutien logistique, la gestion des infrastructures, et les ressources humaines pour assurer le bon fonctionnement global. Conclusion Le budget de la défense en France pour 2024 et 2025 reflète une politique de modernisation continue et d’adaptation aux nouvelles menaces. L’accent est mis sur l’acquisition d’équipements modernes, le renforcement des effectifs et le maintien d’une capacité de dissuasion efficace, notamment nucléaire. Les lois de finances annuelles permettent ainsi de soutenir une défense solide, capable de répondre aux défis contemporains. Processus Décisionnel d’une Opération Militaire 1. Demande d'intervention : ○ Dans le cas de l’Opération Serval, l’intervention française a été lancée en réponse à une demande du gouvernement malien. Cette demande visait à rétablir la souveraineté et à repousser les groupes armés terroristes occupant le nord du Mali. 2. Définition de l'objectif stratégique : ○ Objectif final : rétablir la souveraineté malienne sur l’ensemble de son territoire. Cet objectif est donné au Chef d’État-Major des Armées (CEMA), responsable de la conduite de l'opération. 3. Centre de Planification et de Conduite des Opérations (CPCO) : ○ Le CPCO est l'organe de commandement stratégique qui définit les limites de l'opération et les options stratégiques. Il encadre ce que l’intervention doit accomplir tout en veillant à ne pas outrepasser les mandats définis, en respectant le droit international et les accords entre nations alliées. 4. État-Major de Force Interarmées (EMFIA) : ○ L’EMFIA (ou état-major opératif) se situe au niveau du théâtre des opérations et se distingue du niveau tactique (qui s’occupe de l’emploi direct des forces sur le terrain). ○ Il assure quatre missions principales : Planification : organisation et gestion de l’opération. Génération des forces : détermination des moyens matériels et humains nécessaires. Désignation du chef de l’opération : nommer le commandant sur le terrain. Élaboration de l’ordre d’opération : transmission des instructions pour exécuter la mission. 5. Objectifs de l’opération : ○ Les objectifs d'une opération incluent : Intervention : sécuriser la zone d’intervention immédiate. Stabilisation : stabiliser les institutions locales et soutenir l’État malien dans la reconquête de son territoire. Normalisation : restaurer des conditions normales de gouvernance et de sécurité. Fonctions Stratégiques de la Défense Française Les fonctions stratégiques françaises définissent la doctrine de défense globale de la France et les actions pour chaque contexte opérationnel. Elles incluent : 1. Prévention : ○ Maintien de la résilience nationale : capacité à garantir la continuité de l’État et à prévenir les crises. ○ Prépositionnement des forces : des troupes sont déployées dans des bases à l’étranger pour réagir rapidement en cas de crise. ○ Coopération interalliée : collaboration avec les alliés pour anticiper et prévenir les menaces. ○ Dispositifs d’alerte : détecter et répondre aux risques avant qu'ils ne deviennent des crises. 2. Protection : ○ Assurer la souveraineté nationale et la sécurité des citoyens et des intérêts vitaux. ○ Protéger les ressortissants français et évacuer les personnes en situation de risque. ○ Défendre les intérêts stratégiques (comme les ressources naturelles, zones économiques, etc.). 3. Intervention : ○ Objectifs : protéger les ressortissants, les intérêts nationaux, et les engagements de la France. ○ Capacités nécessaires : Capacité de projection : transporter rapidement les forces là où elles sont nécessaires. Capacité de planification : une chaîne de commandement qui coordonne efficacement les opérations. Capacité d’action rapide : avec l’Élément National d’Urgence (ENU), des troupes prêtes à être déployées instantanément. 4. Dissuasion nucléaire : ○ La dissuasion nucléaire repose sur l’idée que la possession de l’arme nucléaire dissuade les ennemis de toute agression directe contre la France. ○ Depuis 1964, la France dispose de cette arme, avec un premier test en 1960 dans le Sahara. ○ Composantes actuelles : la dissuasion française repose sur deux composantes : Composante aérienne : portée par l’Armée de l’Air et de l’Espace ainsi que l’aéronavale (le porte-avions Charles de Gaulle). Composante marine : avec quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) qui embarquent des missiles balistiques (actuellement M51). Un SNLE est toujours en patrouille pour garantir une dissuasion permanente. ○ Principes de la dissuasion nucléaire : Stricte suffisance : avoir le nombre minimum d'armes nécessaires pour dissuader une attaque. Crédibilité : la France doit être perçue comme réellement prête à utiliser cette capacité si nécessaire. Invulnérabilité : les systèmes doivent être protégés pour garantir une réponse même en cas de frappe ennemie. Permanence : maintenir une dissuasion active et continue. Flexibilité et réactivité : une capacité à avertir une dernière fois avant l’emploi de l’arme nucléaire. Complémentarité : combiner les forces conventionnelles et nucléaires pour une défense complète. Conclusion Le processus décisionnel militaire français est donc structuré, hiérarchisé et axé sur la coordination entre les niveaux stratégique, opératif et tactique. Les fonctions stratégiques assurent une réponse adaptée et cohérente aux menaces. La dissuasion nucléaire, un pilier de la défense, garantit une protection contre des agressions majeures. Chapitre 6 : l’outil opérationnel L'outil opérationnel des forces armées françaises repose sur une organisation complexe, qui regroupe des moyens humains et matériels pour mener des opérations de défense, de protection, et d'intervention, aussi bien sur le territoire national qu'à l’étranger. 6.1 : Opérations Le Centre de Planification et de Conduite des Opérations (CPCO) est l'entité qui dirige l’ensemble des opérations militaires françaises. Le CPCO, situé au sein de l'État-Major des Armées (EMA), planifie, coordonne, et supervise toutes les interventions militaires françaises, qu'elles soient intérieures ou extérieures. Les Opérations Extérieures (OPEX) incluent des interventions dans plusieurs zones géographiques pour répondre aux besoins de sécurité, de stabilisation, et d’appui aux alliés : Tchad : environ 1 000 soldats sont présents pour soutenir la stabilité régionale face aux menaces terroristes dans le Sahel. Irak : 600 soldats participent aux opérations de lutte contre le terrorisme, principalement contre les groupes extrémistes comme Daech. OTAN (Pays Baltes) : 2 000 soldats sont engagés dans le cadre de la présence renforcée de l'OTAN pour dissuader toute menace à l’est de l’Europe. Union Européenne (UE) : 600 soldats participent à des missions de coopération, de formation et de soutien, par exemple au Mali. Organisation des Nations Unies (ONU) : notamment au Sud-Liban, la France soutient les missions de maintien de la paix. Émirats Arabes Unis (UAE) : la France maintient une présence militaire pour renforcer la coopération avec les pays du Golfe. Opération Corymbe (Golfe de Guinée) : mission navale permanente pour lutter contre la piraterie, la pêche illégale, et soutenir les forces locales. Atlantique et Méditerranée orientale : surveillance maritime et dissuasion. 6.2 : Bilan des Armées La répartition des forces et des personnels entre les différentes armées (terre, marine, et air) est essentielle pour comprendre les spécificités de chaque corps : 1. Répartition des effectifs : ○ Armée de Terre : Elle représente environ 39% des effectifs militaires français, avec un noyau structuré autour des régiments, qui forment l'unité de base. ○ Marine : Les forces navales reposent principalement sur les bâtiments de guerre (navires) et sont déployées pour des missions de défense maritime et de dissuasion nucléaire. ○ Armée de l'Air et de l'Espace : Les opérations aériennes reposent sur les escadrilles (groupes de pilotes et avions) pour les missions de surveillance, d'interception, et de transport stratégique. 2. Composition des grades et rôles : ○ Catégorie A : Les officiers (environ 16% dans chaque armée) assurent des fonctions de commandement, de gestion des opérations, et d’organisation des unités. ○ Catégorie B : Les sous-officiers (différents pour chaque armée) sont chargés de la mise en œuvre opérationnelle : Armée de Terre : 34% de sous-officiers, formant un soutien crucial pour la logistique et les opérations terrestres. Marine : 67% de sous-officiers, nécessaires pour le fonctionnement technique et la navigation des navires. Armée de l'Air : 60% de sous-officiers, assurant la maintenance et la gestion opérationnelle des appareils. 3. Spécificités et noyaux de chaque armée : ○ Terre : Le régiment est le centre organisationnel, comprenant divers bataillons et compagnies spécialisées. ○ Marine : Le bâtiment (navire) est la structure de base, représentant l’unité autonome en mer. ○ Air : L'escadrille (équipe d’aéronefs) regroupe les appareils et les équipes de pilotage. 4. Renouvellement d’équipement : ○ Un programme de modernisation est en cours dans chaque branche militaire, incluant des avions de combat (Rafale), des frégates, et des blindés pour maintenir la capacité opérationnelle face aux menaces modernes. 6.3 : Organismes Les organismes interarmées regroupent les ressources et les forces des différentes armées sous un commandement commun. Organisme Interarmées sous la direction de l'État-Major des Armées (EMA) : Ces structures coordonnent les ressources des trois armées pour des opérations conjointes, telles que les interventions d'urgence, la logistique internationale, et le soutien aux opérations de maintien de la paix. Organismes à vocation interarmées : Ces structures spécifiques se consacrent à des missions nécessitant la participation conjointe des différentes branches militaires (ex. santé, infrastructures, renseignement). Conclusion : La défense nationale française repose sur quatre fonctions stratégiques qui déterminent sa conception et sa mise en œuvre : 1. Prévention : Anticiper les menaces par des missions de pré-positionnement, de coopération internationale, et de soutien aux alliés. 2. Protection : Assurer la sécurité du territoire national et la protection des citoyens. 3. Dissuasion : Par la dissuasion nucléaire, garantir une réponse crédible contre toute agression majeure. 4. Intervention : Mener des opérations à l’étranger pour protéger les intérêts nationaux et stabiliser des zones en crise. Les missions des forces armées s'inscrivent souvent dans le cadre d'accords internationaux, sous l'égide de l'ONU, de l’OTAN, ou de l’UE. Elles s’appuient sur des principes fondamentaux : la défense est nationale (elle vise d’abord à protéger la France), étatique (l’État en est le garant), globale (elle couvre tous les domaines, du territoire à la cybersécurité), et permanente (en place à tout moment). En somme, l'outil opérationnel français est conçu pour répondre à une diversité de menaces contemporaines, grâce à une structure interarmées bien coordonnée, une répartition efficace des ressources humaines, et un engagement actif dans les alliances internationales.

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