Politique Economique - Licence Economie-Gestion 3e Année PDF
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Université Savoie Mont Blanc
Jean-Louis PIN
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Ce document est un cours de politique économique pour la licence Economie-Gestion 3e année en France. Il couvre des sujets variés comme l'intervention de l'État, les débats théoriques sur le libéralisme et l'interventionnisme, ainsi que les fondements de la théorie keynésienne.
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POLITIQUE ECONOMIQUE Licence Economie-Gestion 3è Année Jean-Louis PIN CHAPITRE 1 : Introduction et rappels Section 1 : L’intervention de l’Etat : mesures et enjeux théoriques Section 2 : PIB potentiel, croissance potentielle et output gap Section 3 : Rappels sur...
POLITIQUE ECONOMIQUE Licence Economie-Gestion 3è Année Jean-Louis PIN CHAPITRE 1 : Introduction et rappels Section 1 : L’intervention de l’Etat : mesures et enjeux théoriques Section 2 : PIB potentiel, croissance potentielle et output gap Section 3 : Rappels sur l’économie ouverte et sur quelques tendances structurelles Jean-Louis PIN 2 CHAPITRE 1 : Introduction et rappels Section 1 : L’intervention de l’Etat : mesures et enjeux théoriques Jean-Louis PIN 3 CHAPITRE 1 Section 1 A/ L’intervention croissante de l’Etat dans l’économie 1/ Quelles mesures de cette intervention croissante ? 2/ Fonctions régaliennes et intervention dans l’économie B/ Les débats théoriques relatifs à l’intervention de l’Etat 1/ Libéralisme ou interventionnisme ? 2/ Les écoles et fondements du libéralisme économique 3/ Qu’est-ce qu’une politique économique libérale ? 4/ Les fondements et conclusions de la théorie keynésienne C/ Comment définir la politique économique ? 1/ L’importance des objectifs et des instruments 2/ Une illustration graphique célèbre : le carré magique 3/ Définir la politique économique Jean-Louis PIN 4 Quelles mesures de cette intervention croissante ? Jean-Louis PIN 5 Evolution du poids des prélèvements obligatoires en France Source : INSEE Jean-Louis PIN 6 Les prélèvements obligatoires en France Source : INSEE Jean-Louis PIN 7 Les principaux impôts en France Source : INSEE Jean-Louis PIN 8 Les prélèvements obligatoires en France Source : INSEE Jean-Louis PIN 9 L’évolution longue du ratio de dépenses publiques Les dépenses publiques en % du PNB Etats-Unis Royaume Uni Allemagne 1890 7,1 1890 8,9 1891 13,2 1913 8,5 1913 12,4 1913 14,8 1922 12,6 1923 24,2 1925 25,0 1927 11,7 1929 23,9 1929 30,6 1932 21,3 1932 28,6 1932 36,6 1940 22,2 1938 30,0 1948 23,0 1950 39,0 1950 40,8 Les dépenses publiques en % du PIB 1960 1970 1980 1990 1995 Etats-Unis 27,0 31,6 33,7 36,8 37,3 Japon 14,0 19,4 32,6 32,3 33,0 RFA 32,5 38,5 48,0 45,3 49,3 France 34,6 38,1 46,6 50,6 54,3 Royaume Uni 32,2 38,8 43,2 40,3 42,1 Italie 30,1 34,2 41,9 53,2 53,6 Source : Yves CROZET, Analyse Economique de l’Etat, Ed A Colin 1997, pp 46-47 Jean-Louis PIN 10 L’évolution longue du ratio de dépenses publiques (2) Les dépenses publiques en % du PIB 1913 1938 1950 1973 1999 France 8,9 23,2 27,6 38,8 52,4 Allemagne 17,7 42,4 30,4 42,0 47,6 Pays-Bas 8,2 21,7 26,8 45,5 43,8 Royaume-Uni 13,3 28,8 34,2 41,5 39,7 Moyenne Eur 12,0 29,0 29,8 42,0 45,9 Etats-Unis 8,0 19,8 21,4 31,1 30,1 Japon 14,2 30,3 19,8 22,9 38,1 Source : Angus MADDISON, L’économie mondiale, une perspective millénaire, OCDE 2001, p 143. NB : La moyenne des pays européens est une moyenne arithmétique. Jean-Louis PIN 11 Ratio de dépenses publiques (en % PIB nominal) Source : OCDE, Perspectives Economiques, n°115, mai 2024 Jean-Louis PIN 12 Source : Natixis, Flash Economie, 2020 n°1319, 19 novembre Jean-Louis PIN 13 Source : Natixis, Flash Economie, 2021 n°487, 01 juillet Jean-Louis PIN 14 L’efficacité des dépenses publiques dans les pays de l’OCDE Source : Natixis, Flash Economie, 2020 n°1319, 19 novembre Jean-Louis PIN 15 Fonctions régaliennes et intervention dans l’économie Jean-Louis PIN 16 Les fonctions régaliennes de l’Etat Ces quatre fonctions « souveraines » fondent l’existence même de l’Etat et ne font, en principe, l’objet d’aucune délégation : Assurer la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du territoire Assurer la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre public Définir le droit et rendre la justice Définir la souveraineté économique et financière, notamment en émettant de la monnaie Jean-Louis PIN 17 Les quatre cas néoclassiques d’intervention de l’Etat L’Etat peut intervenir en cas d’échec du marché : on dénombre quatre market failures. 1 Les économies d’échelle 2 Les biens collectifs 3 Les économies externes 4 Les asymétries d’information Jean-Louis PIN 18 Richard MUSGRAVE et l’intervention de l’Etat Richard MUSGRAVE (1959) souhaite construire une théorie normative de l’action de l’Etat par les dépenses et les recettes publiques. Pour cela, il identifie trois principales fonctions de l’Etat moderne. 1 Fonction d’allocation des ressources 2 Fonction de redistribution 3 Fonction de stabilisation Jean-Louis PIN 19 L’Etat en économie de marché selon Jean TIROLE En économie de marché, l’Etat intervient dans la vie économique. Jean TIROLE dénombrer six fonctions : 1 Acheteur 2 Législateur et pouvoir exécutif 3 Arbitre des marchés 4 Régulateur 5 Superviseur financier 6 Signataire de traités internationaux Jean-Louis PIN 20 Libéralisme ou interventionnisme ? Jean-Louis PIN 21 Libéralisme ou interventionnisme ? Le marché, laissé à lui-même, conduit-il spontanément à un équilibre économique ? Oui ? Il faut limiter le plus possible les politiques économiques. C’est la réponse libérale. Non ? L’intervention de l’Etat est nécessaire. C’est la réponse interventionniste. Jean-Louis PIN 22 Etre libéral ou dirigiste : comment savoir ? « Les éternels combats entre libéraux et dirigistes s’enlisent souvent dans des débats théologiques alors que, en pratique, la frontière est simple : - est libéral celui qui se borne à préciser ou modifier les règles du jeu, en laissant les acteurs s’y adapter - est dirigiste celui qui exige que les acteurs lui soumettent leurs décisions pour appréciation Jean-Louis PIN 23 Les écoles et fondements du libéralisme économique Jean-Louis PIN 24 Les principales écoles libérales Les Physiocrates : BOISGUILBERT, QUESNAY (17è-18è) Les Classiques : SMITH (1776), SAY (1803), RICARDO (1817), MILL (1848) Les Néo-classiques : WALRAS (1850), PARETO, MARSHALL (1870), PIGOU (1920…) Les Monétaristes : HAYEK, FRIEDMAN (1950…) La Nouvelle Macroéconomie Classique (NMC) : LUCAS, SARGENT, MUTH, BARRO, WALLACE (1970-1980…) Jean-Louis PIN 25 Les trois principes du libéralisme 1 Principe d’ordre 2 Principe d’autonomie 3 Principe de régulation par le marché Jean-Louis PIN 26 Les conclusions économiques libérales Les marchés tendent vers l’équilibre, si les prix sont flexibles. Le marché concurrentiel permet seul d’éliminer automatiquement tout déséquilibre. Une surproduction généralisée est impossible. Le plein emploi est assuré, si les salaires sont flexibles. L’inflation est un phénomène monétaire. L’équilibre extérieur automatique par la flexibilité des taux de change ou des prix. Jean-Louis PIN 27 Qu’est-ce qu’une politique économique libérale ? Jean-Louis PIN 28 Une politique libérale en France en cinq points 1/ N’intervenir qu’en cas de défaillance des marchés 2/ Le fonctionnement des marchés n’entraîne pas d’exclusion, d’inégalités excessives 3/ Une fiscalité qui ne crée pas de distorsions 4/ Rendre au secteur privé des fonctions 5/ Plus grande liberté de choix des individus Jean-Louis PIN 29 Les fondements et conclusions de la théorie keynésienne Jean-Louis PIN 30 Les fondements de la théorie keynésienne Pas d’équilibre automatique sur tous les marchés. A court terme, des prix et des salaires rigides. Ajustements par les quantités, et non par les prix. Pas d’équilibre permanent sur la plupart des marchés. L’équilibre de sous-emploi justifie l’intervention de l’Etat. Jean-Louis PIN 31 Les conclusions économiques keynésiennes Les marchés efficaces sont rares. La plupart des marchés sont imparfaits. L’ajustement des marchés s’opère par les quantités. Les débouchés ne sont pas garantis, d’où des déséquilibres durables. Le sous-emploi provient surtout d’une insuffisance de la demande de biens. Non neutralité de la monnaie : elle exerce des effets sur l’économie réelle. Jean-Louis PIN 32 La stabilité de l’économie selon MUSGRAVE « Si elle n’est soumise à aucun contrôle, une économie de marché a tendance à subir des fluctuations des prix et de l’emploi plus ou moins sévères. […] La politique de l’Etat doit remplir une fonction stabilisatrice pour maintenir dans des limites tolérables les baisses du niveau de l’emploi et la hausse des prix. […] Et, contrairement à ce que l’on pense actuellement, la tendance interne à l’instabilité pourrait augmenter et non décroître, au fur et à mesure que l’économie se développe et devient plus complexe. En même temps, le climat social tolère de moins en moins la précarité due au chômage, et une attitude similaire pourrait se dégager en ce qui concerne l’inflation. » Richard MUSGRAVE 1959 Jean-Louis PIN 33 La stabilité économique selon Axel LEIJONHUFVUD « Les forces de rappel d’une économie vers un équilibre de plein emploi peuvent fonctionner dans le sens souhaité, mais seulement à l’intérieur d’un corridor de confiance. Lorsque la croissance ralentit, on peut s’attendre, sous certaines conditions, à ce que les ménages tirent sur leur épargne pour maintenir leur consommation, que les entreprises profitent de la baisse des taux d’intérêt pour investir, et cetera. Mais, passé un certain seuil de crise, comme une voiture qui fait une sortie de route, l’économie ne revient plus vers son état ’’naturel’’. Elle dérape, et les forces qu’elle met en œuvre aggravent la crise. Face au ralentissement, les ménages épargnent au lieu de dépenser, les entreprises bloquent leurs investissements au lieu de les augmenter… La peur s’installe, les établissements financiers les plus vulnérables font faillite. Les lois de l’économie deviennent pathologiques. » Daniel COHEN, La prospérité du vice, Ed A Michel, 2009 Jean-Louis PIN 34 L’instabilité des économies de marché selon STIGLITZ « Les économies de marché ne sont pas capables de s’autoréguler. Elles sont soumises à des chocs qui échappent à leur contrôle. Il leur arrive de perdre la tête et de paniquer, de passer de l’exubérance au pessimisme irrationnels, de virer à l’escroquerie, de prendre des risques tels qu’ils relèvent presque du pari, et les coûts des erreurs et des méfaits sont très souvent supportés par l’ensemble de la société. Ces dernières années, en Amérique latine et en Asie, ces problèmes se sont manifestés par le biais des flux de capitaux à court terme, des hedge funds et de la spéculation, avec des effets flagrants à la Bourse et dans l’immobilier. Auparavant, ils le faisaient par d’autres mécanismes […]. Demain, n’en doutons pas, ils le feront encore sous de nouvelles formes. » Josef STIGLITZ 2003 Jean-Louis PIN 35 Les liens économie/politique Etat/marché Quelle doit être la « bonne » taille de l’Etat ? Ni fort, ni faible, selon Daniel COHEN en 2009 : « Economie et politique sont liées entre elles, mais par nécessité davantage que par une véritable harmonie. Une économie en déclin signe fatalement la décadence du régime politique qu’elle soutient, tout comme un Etat politiquement faible empêche le développement économique. De même, et en sens inverse, une économie en croissance aide l’Etat à accomplir ses projets, qu’il s’agisse de visées expansionnistes ou sociales, et un Etat fort, pourvu qu’il ne soit pas trop menaçant, est un facteur de croissance. » Jean-Louis PIN 36 Les liens économie/politique Etat/marché (3) « La croissance moderne a besoin de s’appuyer sur le cadre moderne des Etats-nations. Pour produire des richesses il faut, à peu près à part égale, du capital (les machines), du capital humain (éducation, santé publique) et des institutions efficaces (des marchés organisés et une justice impartiale…). Or deux sur trois de ces termes (le capital humain et les institutions) sont produits par l’Etat. Ils constituent ce que les économistes appellent les infrastructures sociales de la nation» Même constat pour Josef STIGLITZ en 2003 : « Le marché est au cœur de toute économie qui réussit, mais pour qu’une économie de marché réussisse il faut un équilibre entre l’Etat et le marché. » Jean-Louis PIN 37 Les liens économie/politique Etat/marché (4) « Si les économies peuvent souffrir d’un Etat trop envahissant, elles peuvent souffrir aussi d’un Etat qui ne fait pas le nécessaire – qui ne réglemente pas assez le secteur financier, ne veille pas à la concurrence, ne protège pas l’environnement, n’assure pas un filet de sécurité de base. » Jean-Louis PIN 38 Musgrave et la stabilisation par la demande MUSGRAVE établit trois règles permettant la stabilisation de l’économie par la demande. 1 Si la tendance est au chômage involontaire, il convient d’augmenter la demande. 2 Si la tendance est à l’inflation, il convient de réduire le niveau de la demande. 3 En situation de plein emploi, il suffit de maintenir le niveau des dépenses. Jean-Louis PIN 39 En 2021, on demande tout à l’Etat… Source : Natixis, Flash Economie, 2021 n°536, 23 juillet Jean-Louis PIN 40 L’importance des objectifs et des instruments Jean-Louis PIN 41 Les objectifs et instruments de la politique économique La politique économique conjoncturelle peut poursuivre plusieurs objectifs. Jan TINBERGEN (1952) en précise la liste : 1 La croissance de la production 2 Le plein emploi des facteurs de production (capital et travail) 3 La stabilité des prix 4 L’équilibre extérieur Une fois les objectifs définis, comment choisir les instruments ? C’est la règle de TINBERGEN : il faut disposer d’autant d’instruments que d’objectifs ; et chaque instrument doit être affecté à un objectif indépendant. Jean-Louis PIN 42 Les objectifs et instruments de la politique économique (2) Pour réduire le chômage et lutter contre l’inflation, on doit donc utiliser deux instruments : le déficit budgétaire (objectif de plein emploi) et le taux d’intérêt (objectif de stabilité des prix). Mais, les objectifs ne sont pas indépendants et les instruments peuvent agir sur plusieurs variables. Utiliser le déficit budgétaire pour stimuler la croissance et réduire le chômage peut aussi entraîner une accélération de l’inflation. Comment stimuler la demande, pour réduire le chômage, sans creuser le déficit extérieur ? L’instrument de politique économique donné doit chercher à atteindre l’objectif pour lequel il est le plus efficace. C’est la « règle de MUNDELL » : la politique monétaire pour l’équilibre extérieur et la politique budgétaire pour l’équilibre interne. Jean-Louis PIN 43 Une illustration graphique célèbre : le carré magique Jean-Louis PIN 44 Le carré magique de KALDOR Il est souvent difficile d’atteindre simultanément tous ces objectifs, KALDOR 1971. Il faudra donc choisir, quitte parfois à en sacrifier certains. A la suite de KALDOR, apparaît un « carré magique », un idéal presque inaccessible en même temps. L’objectif est alors d’obtenir un quadrilatère le plus proche possible du carré magique : plus on s’en approche, plus la situation macroéconomique est considérée comme favorable. Jean-Louis PIN 45 Le carré magique de la politique économique Taux de chômage Taux de croissance 3% 0% 0% 6% 0% +4% 4% Solde extérieur Taux d’inflation (en % du PIB) 2% 0% Jean-Louis PIN 46 Le carré magique de la France et de l’Allemagne en 2015 Taux de chômage Taux de croissance 3% 0% 0% 6% 0% +4% 4% Solde extérieur Taux d’inflation (en % du PIB) 2% 0% Jean-Louis PIN 47 Croissance du PIB (en volume) Jean-Louis PIN 48 Taux d’inflation Jean-Louis PIN 49 Taux de chômage (% population active) Jean-Louis PIN 50 Solde courant (en % PIB) Jean-Louis PIN 51 Définir la politique économique Jean-Louis PIN 52 Définir la politique économique Comment définir la politique économique ou la politique macroéconomique ? « l’ensemble des actions menées par un gouvernement pour orienter l’économie nationale afin de réaliser certains objectifs, économiques ou sociaux à plus ou moins long terme. » DROBINSKI, Introduction à l’économie, 2015 « l’ensemble des décisions des pouvoirs publics qui tendent à modifier le type d’équilibre global réalisé afin d’en atteindre un autre estimé préférable. » JALLADEAU, Introduction à la macroéconomie,1993 Jean-Louis PIN 53 Définir la politique économique (2) Ces actions/décisions supposent à la fois de définir des objectifs clairs à atteindre et d’identifier des moyens (des instruments) permettant d’y parvenir. C’est donc toujours une affaire de choix, d’arbitrages. Les politiques conjoncturelles sont centrées sur le court terme et la résolution des déséquilibres : - la politique budgétaire (budget de l’Etat, dépenses publiques, fiscalité, dette) - la politique monétaire (masse monétaire, taux d’intérêt) Les politiques structurelles sont plus centrées sur le long terme et cherchent à modifier les structures économiques, les comportements des agents ou les mécanismes : politiques industrielles, de revenus, d’aménagement du territoire, etc. Jean-Louis PIN 54