Thème 3 : Histoire et Mémoire (PDF)

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Ce document aborde le thème 3 d'histoire et mémoire. Il explore les relations entre les sociétés et leur passé, distinguant la mémoire individuelle de l'histoire. Il examine aussi la notion de crimes de masse et leur analyse historique.

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HGGSP *THÈME 3 : HISTOIRE ET MÉMOIRE* → Quels rapport les sociétés entretiennent-elles avec leurs passé ? Introduction : Histoire et mémoire, histoire te justice *A/ La différence entre histoire et mémoire* *1/La mémoire* ** ** Mémoire : aptitude à se souvenir d'un ensemble de souvenir, d'un r...

HGGSP *THÈME 3 : HISTOIRE ET MÉMOIRE* → Quels rapport les sociétés entretiennent-elles avec leurs passé ? Introduction : Histoire et mémoire, histoire te justice *A/ La différence entre histoire et mémoire* *1/La mémoire* ** ** Mémoire : aptitude à se souvenir d'un ensemble de souvenir, d'un récit, d'une représentation subjective du passé qui donne du sens au présent. La mémoire d'un évènement est toujours singulière et suggestive car elle dépend de l 'expérience vécu par une personne mais aussi des souvenirs que chacun conserve de cet évènement. C'est la raison pour laquelle on peut dire que la mémoire est personnel, sélective, partielle et évolutive et chargé d'affects. L'État, le gouvernement entretient le souvenir de héros d'évènements traumatique fondateurs (mémoriales) et ces états veillent aux « devoirs de mémoire » tout en laissant par ailleurs dans l'oubli des évènements ou des acteurs. Ils mènent à une politique mémorielles qui peuvent même se traduire par des lois dites mémorielles. *2/ L'histoire* L'Histoire : Science humaine qui vise à la compréhension d'évènements passés. L'historien écrivent l'histoire à partir de l'analyse des traces laissés par l'activité humaine : les sources. → sources archéologique → sources écrites → des témoignages contemporains d'évènements. Le travail des historiens est parallèle au travail de mémoire, il s'en nourrit et s'en distingue ; pour donner à comprendre son passé à une société, l'histoire interroge, remet en cause des mythes ou récits constitués. Elle privilégie le regard à distance, l'observation du passé dégagé autant que possible de l'emprise de la religion, de l'opinion ou du pouvoir. *3/ Les mémoires, objets d'étude pour l'historien.* L'historien Pierre Nora, conduit un travail fondateur : Dans *Les lieux de mémoires* ( 1984-1992), il identifie les fameux lieux de mémoires pour la France et les français. Dans les années 1980, Henry Rousseau reprend des concepts de la psychanalyse pour les appliquer à l'étude des mémoires. Il évoque la notion de régime mémoriel en montrant le « travail de mémoire », notamment pour les évènements traumatisants suit plusieurs phases : \- l'occultation, destinée à restaurer la paix civile aux sorties des conflits → phase d'oubli construite d'une mémoire héroïque, travail de deuil. \- l'émergence des mémoires enfouis qui s'affirment, le retour du refoulé. \- la perception par la société, parfois sources de conflits. \- l'acceptation. *B/ les notions de crimes contre l'humanité et de génocide.* Crime de masse : concept formé pour désigner la mise à mort massive d'une population décidé par les organisations gouvernementales ou liées à un État du fait de leurs origine ethnique, religieuse ou culturelles. *1/ Crimes contre l'humanité et génocide* Les crimes de masses sont une nouvelle catégorie de crimes sur laquelle se penche les juristes au lendemain de la 2nd guerre mondiale. Ils prennent alors une ampleur essentiel. La notion de crime contre l'humanité a évolué depuis le procès de Nuremberg. On le définit en 1945 par l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation et la persécution commis dans un contexte de guerre. La création des deux tribunaux pénaux internationaux en ex Yougoslavie en 1993 et pour le Rwanda en 1994 permet au Conseil de Sécurité des Nations Unies d'étoffer cette notion en y ajoutant la torture, le viol et les emprisonnements. De plus, la nécessité d'un lien entre crime contre l'humanité et l 'existence d'un conflit armé disparaît en 1994. Ces crimes étant reconnus comme imprescriptibles, peuvent être parfois jugés longtemps après les faits donc il est nécéssaire pour les juges de comprendre le contexte d'une époque. C'est pourquoi ils font appel à des historiens pour éclairer l'opinion publique te la justice tel que : -Robert.O. Paxton, historien américain spécialiste du régime de Vichy est appelé à témoigner en 1997 lors du procès de Maurice Papan, poursuivi par des crimes contre l'humanité en tant que haut fonctionnaire ayant collaboré avec le régime nazi. \- Henry Rousseau, historien français est appelé pour la défense de Maurice Papan, mais il a refusé pour éviter une manipulation de sa déposition. Lorsque l'historien apparaît en tant que témoins lors d'un procé, n'est pas celui qui a vécu/vu les évènements mais un témoin qui vient expliquer la réalité d'une époque dont il est spécialiste à partir de ses études scientifiques. *AXE 1 : HISTOIRE ET MÉMOIRE DES CONFLITS* → Comment les conflits s'inscrivent-ils dans l'histoire et les mémoires des population ? I/Les mémoires des conflits facteurs de division. A/ Des mémoires sources de rancœur. Les causes du déclenchement de la première guerre mondiales sont lointaines, économique, politiques, géopolitiques et immédiates : l'attitude de l'Autriche-hongrie face à la Serbie et celle de l'Allemagne face à la France. Cependant, le déclenchement de la guerre n'aurait pas été possible sans la montée du nationalisme facilitant l'adhésion des population à la guerre. Certains conflits trouvent leurs origines dans les mémoires de guerres anciennes qui ont laissé des cicatrices dans les sociétés:- 1ère guerre mondiale matrice de la seconde mondiales \- la guerre de l'ex-Yougoslavie en 1990. La fin des conflits ne constitue pas toujours à une paix durable. En effet,le Traité de Versailles, signé le 28 Juin 1919 crée un sentiment d'humiliation et d'injustice des allemands face à ce «  diktat ». Cela encourage alors leur adhésion au NSDAP qui permet de laver cet affront. L'expérience douloureuse des combats peut être un facteur aggravant. Goerge.L.Mousse, historien qui évoque la brutalité de la guerrière dans les société des États vaincu après la grande guerre. * Brutalisation *: concept forgé à la fin de XXème siècle pour expliquer comment la violence réelle et symbolique qu'avait subi les soldats et les civils pendant la guerre a eu des conséquences politique et sociales après la guerre, notamment à travers l'adhésion des population au régime autoritaire. *B/ Des mémoires en concurrence.* La perception des conflits est différentes chez les belligérants : - la guerre civile espagnole (1936-1939) → le points de vue des anciens républicains est différent de celui des ancien franquistes et de leurs descendants. \- la guerre d'Algérie (1954-1962) considérée comme glorieuse par les algériens car ils y gagnent leur indépendance, mais honteuse pour les français car c'est une défaite et une période qui révèle que l'État a agit en contradiction avec les idéaux républicains fondé sur les droits de l'homme. La mémoire de la guerre peut être instrumentalisé pour mobiliser les opinions publiques : la Parti nazi se présente comme l'héritier des combattants de la Grande Guerre, trahis par la Révolution de Novembre 1918 qui a mis fin à l'empire allemand pour instaurer la République de Weimar. *C/ L'historiographie, un rôle majeur.* Le travail des historien des conflits est très difficile. En effet, le chercheur a parfois était lui-même soldat et il peut être utilisé par les autorités pour défendre les positions de son pays : - en France, Pierre Rouvin, est sollicité par Clémaneceau pour démontrer la responsabilité de l'Allemagne mais dont le travail conduit à une responsabilité partagé entre les belligérants. \- en Allemagne, Fritz Fisher révèle la responsabilité de l'Allemagne dans la seconde guerre mondiale. Le travail de l'historien est ainsi primordiale pour présenter un conflit de manière objective. Enfin, il permet de mettre à jour des évènements ou des pratiques dont le souvenir est resté tabou : -Raphaëlle Branche, spécialiste de la guerre d'Algérie, démontre que le fait du recours à la torture par l'armée française n'a pas été marginale mais qu'inscrit dans une politique destinée à conserver l'Algérie à tout prix. Il faut attendre le début du Xxème siècle, soit plus de 4 décennies après la fin de la guerre, pour que ce plan de l'histoire émerge et soit révélé au grand publique. II/ Les mémoires des conflits facteurs de rapprochements, de réconciliation et d'unité. *A/La mémoire de conflits pour fonder la paix.* **La mémoire des souffrances endurées peut permettre de dépasser les haines ancestrales.** De 1919 à 1939, les rapprochements entre les peuples furent des tentatives isolées. Mais, après 1945, les opinions publiques et les gouvernements utilisent les symboles des destructions pour rétablir des relations apaisées. Ainsi, la France et l\'Allemagne recourent aux souvenirs anciens de la Grande Guerre pour sceller leur rapprochement. En 1962, c'est dans ce but que le Président de Gaulle rencontre le Chancelier Adenauer devant la cathédrale de Reims détruite par les Allemands pendant la 1ère GM.De même, lors de son voyage dans la Pologne communiste en 1970, le chancelier Willy Brandt s\'agenouille devant le mémorial du ghetto de Varsovie et contribue ainsi au rapprochement des deux pays. Les mémoires des conflits peuvent aussi conduire à des rapprochements institutionnels. En E destructions et les massacres de la 2nde Guerre mondiale conduisent à prendre conscience de la nécessité d\'une unité. Les dirigeant français Jean Monnet et Robert Schuman, mettent en œuvre le plan Schuman en 1950 créant la Communauté Européenne du Charbon et de l\'Acier. Le processus de construction européenne est enclenché. Il débouche sur la signature du Traité de Rome en 1957 qui donne naissance à la Communauté Economique Européenne qui sera renommée Union Européenne en 1993. Ainsi, la mémoire des deux conflits mondiaux contribue à apaiser les relations internationales à l\'échelle de l\'Europe occidentale, le « couple franco-allemand » jouant un rôle crucial dans ce processus. Lors d'une cérémonie officielles rendant hommage aux victimes de la bataille de Verdun, les deux chefs d'État, faisant face à l'ossuaire de Douamont se rapprochent dans une poignée de main scellant l'amitié franco-allemande. *B/LES MÉMOIRES FACTEURS D'UNITÉ NATIONALE.* Au lendemain de la 2nde Guerre mondiale, le **mythe résistancialiste** permet de restaurer l\'unité perdue en France. Les forces politiques dominantes à l\'issue du conflit, les Gaullistes et les communistes valorisent la résistance face aux nazis. Cette mémoire dominante veut faire oublier des événements douloureux - la guerre civile ayant opposé résistants et collaborateurs, la politique discriminatoire du gouvernement de Vichy à l'egard des juifs et des étarnger, son rôle dans la déportation des juifs français vers les camps de la mort- et réconcilier les Français dans un pays meurtri et affaibli. ***Résistancialisme :*** terme et notion utilisé par l'historien Henry Rousso pour désigner le myhte d'une France massivement résistante pendant la 2de GM La mémoire des conflits contribue, aussi, au fondement d\'Etats nouvellement indépendants. **En Algérie, par exemple, le Front de Libération Nationale occupe durablement le pouvoir et influence l\'écriture de l\'histoire nationale.** Les références à la guerre sont omniprésentes dans les discours, sur les monuments, lors des commémorations. Cependant, les opposants politiques dénoncent l'instrumentalisation de la mémoire de la guerre : ils affirment que le pouvoir a confisqué la mémoire de la guerre, en a donné une vision simplificatrice qui ne montre pas l\'existence de courants différents parmi les nationalistes. JALON 2- MEMOIRES ET HISTOIRE D'UN CONFLIT : LA GUERRE D'ALGERIE  Comment les mémoires et l'histoire de la guerre d'Algérie ont-elles évoluées de 1962 à nos jours ? *Partie 1- Déni en France, héroïsation en Algérie : l'histoire impossible* ? p. 212-213 → Faire activités 1 à 3 + Enjeux géopolitiques voire correction sur cahier *Partie 2- Le réveil des mémoires, l'histoire au travail* p.214-215 → Faire activités 1 à 3 + Enjeux géopolitiques voire correction sur cahier C/ LA CONNAISSANCE DES CONFLITS, UN FACTEUR D\'APAISEMENT. Les travaux des historiens permettent de comprendre le déroulement objectif des faits replacées dans leur contexte et de mettre en évidence des événements oubliés où cachés. Les spécialistes de l\'Algérie étudient par exemple la question des disparus, les formes de violence. En parallèle des commémorations, le travail des historiens permet donc de faire vivre une mémoire plus sereine **La culture a aussi un rôle essentiel dans la diffusion des différentes mémoires et dans la compréhension mutuelle.** L\'évolution du cinéma occidental en témoigne. On peut observer l'évolution de la représentation de la guerre d'Algérie dans le cinéma occidental à partir de trois films : \- Gilles PONTECORVO, *La Bataille d'Alger,* 1966. Ce film est censuré en France jusqu'en 2004 ce qui révèle que cette guerre reste un sujet sensible au moins dans les quatre décennies qui suivent sa fin. \- Florent Siri, *L'ennemi intime*, 2007. Donne une approche intéressante en plongeant le spectateur dans le vécu quotidien des soldats français moblisiés, parfois très jeunes, dans ce conflit. \- Rachid Bouchareb, *Hors-la-loi*, 2010. Film qui a suscité de vives polémiques à sa sortie. Très critiqué par les représentants de ceratins partis politiques et associations mémorielles mais aussi, par certains historiens tels que Guy Pervillé et Benjamin Stora. Les autres disciplines artistiques - chanson, littérature, arts plastiques- contribuent aussi, bien sûr, à façonner les mémoires de cette guerre. Parmi de nombreuses oeuvres on peut citer : \- Les chansons d'Enrico Macias, artiste très populaire chez les Pieds-Noirs, qui témoignent de ce qu'on appelle la «  nostalgérie » dans plusieurs titres dont le plus célèbre est « Adieu mon pays » \- le roman de Yasmina Khadra, *Ce que le jour doit à la nuit* (Julliard, 2009), qui fut adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2011. \- la BD de Jacques Ferrandez, *Carnets d'Orient,* Casterman, 1986-2009 - \- le travail de l'artiste urbain Ernest Pigon Ernest , *Parcours Maurice Audin, Alger,* 2003. JALON 2- MEMOIRES ET HISTOIRE D'UN CONFLIT : LA GUERRE D'ALGERIE → En quoi l'écriture de l'histoire de la guerre d'Algérie reste-t-elle un défi pour les historiens ? I. L'historien face au silence ou à l'instrumentalisation : la difficile construction d'une mémoire de la guerre d'Algérie (1954-1980). 1 ) En France : du déni à l'oubli officiel des « événements d'Algérie » 1954-1970. La négation de la guerre par les autorités françaises. Dès le début de l'insurrection lancée par le FLN en octobre 1954 (Toussaint rouge), l'Etat français tente de minimiser les violences, affirmant que les responsables de ces attentats ne sont qu'une minorité et de les stigmatiser en les faisant passer pour des terroristes. On réaffirme que l'Algérie appartient à la France et que, de ce fait, le territoire national ne peut être séparé des départements algériens. Le 12 Novembre, Pierre Mendès France, président du Conseil, lance à l\'Assemblée : \"On ne transige pas lorsqu\'il s\'agit de la paix intérieure de la nation et l\'intégrité de la République (...) Entre l\'Algérie et la France, il n\'y a pas de sécession concevable\". François Mitterrand, ministre de l\'Intérieur, renchérit : \"L\'Algérie c\'est la France. Des Flandres au Congo, il y a la loi, une seule nation, un seul parlement. C\'est la Constitution et c\'est notre volonté\". Les gouvernements successifs s'enlisent dans ce que l'on nomme « la crise algérienne » mais les autorités politiques refusent de considérer les revendications d'indépendance du FLN comme légitimes. b. Une mémoire de vaincus En acceptant l'indépendance des Algériens par les accords d'Evian signés en mars 1962, la France reconnaît, à l'issue d'une guerre longue et terrible, son impuissance à maintenir sa présence dans son ancienne colonie. Elle accepte sa défaite dans cette guerre de décolonisation et perd ainsi son prestige de grande puissance coloniale. Les appelés rentrent souvent traumatisés par l'expérience vécue et gardent le silence sur les violences subies ou exercées (massacres, torture etc.). Le récit d'un appelé du contingent. Ceux que l'on nomme les « rapatriés d'Algérie » vont, eux aussi, rester silencieux malgré le drame de l'exil précipité : \- les harkis installés en métropole souffrent d'une double peine : considérés comme des traitres dans leur propre pays, ils se sentent lâchés par la France \- les pied-noirs rentrés précipitamment par crainte d'exactions à leur encontre, ont abandonné leurs biens et une terre où certains étaient nés et qu'ils considéraient comme la leur. Une guerre ensevelie (Benjamin Stora).Cette guerre entache profondément l'image officielle de la France, pays des des droits de l'homme, et doit être oubliée. En 1962, les lois d'amnistie accordent l'impunité à tous les combattants. En Algérie : une mémoire officielle imposée par le FLN au pouvoir (1962-1980). A la sortie de la guerre, le FLN devient le parti unique et impose une vision du conflit qui correspond à ses intérêts. Certains héros de la guerre, opposés au nouveau pouvoir, sont écartés comme Ben Bella mis en prison en 1965. C'est une vision unique et unanimiste de l'histoire, anonyme et héroïque qui triomphe proclamant qu'il y a eu pendant la guerre « un seul héros, le peuple ». Le FLN et l'armée issue de l'ALN sont présentés comme la source unique du nationalisme algérien masquant la diversité des aspirations avant 1954 cf. le MNA de Messali Hadj La guerre dite « de libération ou « révolution » est le fondement de l'existence de la Nation algérienne, elle est donc mythifiée. Sa mémoire devient centrale notamment dans les arts. Dans les années 1970-1980, l 'Etat et les collectivités locales financent de très nombreux monuments commémoratifs pour honorer le souvenir des martyrs tandis que le statut de moudjahid est source de prestige. La mémoire du conflit est clairement instrumentalisée pour légitimer le pouvoir politique en place c'est à dire la puissance du FLN. En Algérie, l'histoire officielle. L'engagement des intellectuels et des artistes. La guerre d'Algérie divise profondément l'opinion publique française pendant son déroulement et au-delà. Artistes et intellectuels prennent position en fonction de leur sensibilité. Ainsi, Jean-Paul-Sartre s'insurge par exemple contre le colonialisme ; Albert Camus prend une position plus consensuelle. Henri Alleg publie La question(1958) après l'assassinat de son ami Maurice Audin par les autorités françaises. Les mémoires de la guerre d'Algérie sont aussi construites et entretenues à travers la chanson ou le cinéma. En 1966, La bataille d'Alger est le 1er film de fiction réalisé sur le thème de la guerre d'Algérie. Ce film connait un grand succès en Algérie alors qu'il provoque un scandale médiatique en France et doit être retiré des écrans en 1970. Cette œuvre est emblématique des enjeux de la mémoire de la guerre d'Algérie. Les œuvres plus contemporaines (telles que L'ennemi intime ou Hors la loi) témoignent d'une perception de la complexité que permet la distance croissante avec les événements. Elles illustrent aussi le passage d'une mémorialisation à une historicisation du conflit. II. L'historien face au réveil de mémoires multiples et concurrentes (1980-fin des années 1990) Des mémoires militantes s'opposent en France. Des groupes de pression communautaires se constituent et cherchent à faire entendre leur voix... c'est-à-dire leur vision de la guerre d'Algérie. Ils contribuent à l'élaboration d'une mémoire sélective des événements qui se sont produits pendant et après ce conflit. Les pieds-noirs entretiennent la mémoire du pays perdu et idéalisé. Ils se regroupent dans des associations pour défendre leurs intérêts et vivent dans la « nostalgérie ». Les enfants de harkis se mobilisent et alertent l'Etat sur les conditions de vie de leurs parents et leur absence de reconnaissance officielle. En 2001, Jacques Chirac reconnaît la « dette d'honneur » de la France envers eux et institue la « Journée nationale d'hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives », le 25 septembre de chaque année. Il faut attendre 2016 pour que François Hollande reconnaisse officiellement les « responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines de ceux transférés en France ». Des lieux de mémoire sont créés, une récolte de témoignages est coordonnée par l'Office national des anciens combattants. Dans les années 1980, les relations entre la France et l'Algérie se normalisent peu à peu. En Algérie, le récit officiel est remis en cause (1980-1992). Avril 1980 : les émeutes en Kabylie constituent un tournant dans le rapport des Algériens à leur histoire. Ce « printemps berbère » durement réprimé conteste la politique d'arabisation voulue par le FLN ; l'image d'un peuple algérien tout entier arabe et musulman s'effondre. Construction du monument aux martyrs de la guerre d\'indépendance à Alger en 1982 (doc.3 p. 215). Des débats s'ouvrent sur l'histoire du pays d'autant que les nouvelles générations qui n'ont pas connu la guerre aspirent à de meilleures conditions de vie. Octobre 1988 : les émeutes des jeunes obligent le FLN à accepter la création de partis politiques rivaux et l'organisation d'élections libres. \*Berbères : habitants de l'Afrique du Nord avant l'arrivée des Arabes au VIIe siècle. Les Kabyles sont le principal groupe berbère en Algérie. \* Arabisation : politique d'imposition de la langue arabe au détriment de la langue française et des langues berbères. 3) Une histoire difficile à écrire pour les universitaires algériens. A partir de 1992, l'Algérie entre dans une décennie noire c\'est-à-dire une période pendant laquelle des groupes islamistes multiplient les attentats sur le sol algérien après l'annulation par le gouvernement de la victoire du Front islamiste du salut (FIS) aux élections législatives de 1991 (150 000 morts).\* Le Président Bouteflika reprend et élargi les efforts pour réhabiliter l'ensemble des acteurs de la guerre. La libéralisation relative de l'édition et de la presse permet la diffusion de témoignages enfouis et des travaux des historiens étrangers. Malgré l'ouverture d'une première chaire d\'histoire contemporaine à l\'Université d\'Alger en 1992, les entraves au travail des historiens sont encore nombreuses : difficulté d\'accès aux archives, problèmes de financement, etc. III\. L'historien face au « besoin de vérité » : une historicisation complexe (depuis la fin des années 1990). *1) Un débat rouvert par les témoignages des acteurs du conflit* A partir des années 1990, la guerre d'Algérie envahit la scène médiatique sur un mode sensationnaliste... On s'intéresse à la pratique de la torture ou à la répression des manifestations parisiennes du 17 octobre 1961 ou du 8 février 1962 (8 morts au métro Charonne) En 2000, le général français Paul AUSSARESSES, publie un ouvrage qui ravive le traumatisme : son témoignage sur les méthodes utilisées par les services de renseignements en Algérie. Dans cet ouvrage, il assume et explique la pratique de la torture en Algérie  L'historien au travail : publication et documentaires se multiplient. Les ambiguïtés de la position officielle de l'Etat français. Dès 1975, les Etats français et algérien ont entrepris une réconciliation marquée par la rencontre de leurs chef-d'Etats. Ces efforts de rapprochement se poursuivent dans les décennies suivantes. L'Etat français multiplie, par ailleurs, les lois, les commémorations et gestes symboliques mais, il prend souvent des mesures contradictoires car elles visent à apaiser des communautés antagonistes (anciens combattants indépendantistes vs. pieds-noirs et harkis) Par exemple, en 1999 : loi de reconnaissance officielle de cette guerre par la France mais... en 2005, une loi sur les rapatriés et harkis affirme, dans son article 4, « les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif de la présence française outre-mer et en Afrique du Nord ». Cet article suscite une polémique et sera finalement abrogé face à la mobilisation des historiens qui affirment que cette loi tend à imposer une histoire officielle. Les historiens français et algériens collaborent de plus en plus pour écrire ensemble une histoire apaisée du conflit. C'est le cas de Mohammed Harbi et Benjamin Stora qui co-dirigent La guerre d'Algérie, publiée en 2010. Vingt-cinq historiens de toutes origines ont contribué à cet ouvrage pour faire le point sur la connaissance historique de ce conflit. L'actuel Président français, E. Macron, a été particulièrement impliqué, tout au long de son quinquennat, tant pour favoriser la recherche sur ce conflit que pour reconnaitre les torts de la France. Lois d'amnistie : Décision de justice qu annule des actes rérié par la loi. Mémorial internationale : lieux dans lequel on va inviter des gens à se recueillir à la mémoire des morts. *AXE 2 : HISTOIRE,MÉMOIRE ET JUSTICE* → Comment la justice peut-elle répondre aux défis des violences de masses, contribuer à l'apaisement des mémoires et à la construction de l'histoire ? I/Rendre la justice dans les sociétés meurtries par des crimes de masses *A/ Le nombre de victimes et de coupables très important.* Dans le cas du génocides des arméniens (1915), de celui des juifs et des tsiganes comme dans celui des toutsi et au Rwanda en 1944, le nombre de victimes est très élevées. De même, les coupables qui doivent rendre compte de leurs crimes peuvent être très nombreux dans la mesure où se sont des états qui ont organisé les génocides. *B/ Des état impliqués dans l'organisation des meurtres* La seconde difficulté de ces justices d'après conflit est liée à la nature des crimes qui sont commis car ils ont été ordonné par l'État lui-même. C'est le cas de l'Empire Ottoman en 1915 et en Europe soumise au 3ème Reich durant la seconde guerre mondiale et au Rwanda en 1994. Dans ces trois génocides perpétrés dans des contextes historiques très différents, on observe une même volonté politique d'attiser la haine contre une minorité(arménienne, juives, Tsiganes ou tutsi ) à travers une intense propagande qui précède les massacres. Lorsque la guerre est enclenché, l'implication de l'armée et des forces de l'ordre peut conduire de simple citoyens à transformer en bourreau sous l'effet de la contrainte et de la peur. *C/ Des accusés qui se déclarent irresponsables.* La plupart des accusés se déclarent non coupable ou utilisent l'argument de l'obligation qui leur fût faite d'obéir à des ordres qu'ils disent avoir personnellement réprouvés. Ainsi, l'ouverture du Tribunal de Nuremberg en Novembre 1945, les hauts criminel nazi qui comparaissent devant les juges plaides non coupable. On entend ces arguments dans tous les procès suivants. Lors du procès d'Adolf Eichman en 1961, alors qu'il est un des principaux acteurs du génocide des juifs. Dans les tribunaux Gacaca, ce sont les tribunaux qui vont juger les auteurs du génocide des Tutsi entre 2001 et 2012. Plus tard, à La Haye, en 2019, lorsque Radovan Karazic explique à ces juges qu'il n'a jamais donné d'ordres conduisant à la violence en Bosnie en 1994. De plus, ces crimes sont d'une telle violence qu'il est difficile de les comprendre. Ils révèlent une cruauté qui témoigne de la déshumanisation des victimes. Les discours de Haine ont toujours précédé les massacres dans toutes les régions du monde où les crimes de masse ont été commis. Plus un groupe, stigmatisé par ses origines ou par ses pratiques culturelles est présenté comme un danger, plus les violences qui se déchaîne ensuite sont inhumaine. II/ Mettre une place des tribunaux d'exception pour des crimes d'exception. *A/ Une justice classique inadapté.* Des magistrats spécialisé mènent des longues enquêtes pour recueillir des preuves, en particulier lorsque les corps des victimes ont été dissimuler par les bourreaux. Les enquêtes se font dans des Tribunaux d'exception. Il est long d'accumuler les preuves pour condamner les accusé. *B/ Juger les principaux responsables.* Parfois, les responsables des crimes de masse peuvent rester à la tête d'une administration et peuvent demeurer soutenue par une large partie de la population. Dans ce cas, rendre la justice est pratiquement impossible. C'est pourquoi le Tribunal pénal internationales pour l'ex-Yougoslavie s'est installé à Lahaye aux Pays-bas tandis que le Tribunal pénal internationale pour le Rwanda s'est installé à Arusha, en Tanzanie. Pour que cette justice puisse se tenir dans le pays même des crimes de masse, il faut que le gouvernement et l'administration soit parfaitement neutre. Au Cambodge, il a fallu attendre 20 ans après le génocide perpétré par les Khumers rouges ( 1975-1979) pour que le procès de responsables puissent avoir lieu avec l'aide de l'ONU. Depuis 2002 a été mis en place la cours pénale internationale qui siège de façon permanente. Elle est chargé de juger les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, les crimes d'agression responsable des génocides. Sa compétence est universelle. *C/ Juger les acteurs locaux.* La justice locale mise en place au Rwanda a soulevé des critiques, on craignait que les juges non professionnels subissent des pression. Malgré tout, ces cours de justice ont permis grâce à un cadre nationale bien définie, et à des procédures d'appels, de juger environ 900 000 personnes en quelques années seulement(2001-2012). Une fois la sentence prononcé, il n'est pas toujours facile des faire appliquer les peines. Par exemples, au Rwanda, ils ont été confronté au manque de prison pour accueillir tous les condamnés. Ils ont alors convertis les peines en travaux d'intérêt généraux. III/ Justice et mémoire dans les société marqués par des crimes de masse. ***Jalon 2 :*** La construction d'une justice pénale internationale face aux crimes de masse : le tribunal internationale de l'ex-Yougoslavie. Les républicains qui formaient cet état se séparent les uns des autres. C'est dans le contexte d'un état multiethnique et multiconfessionnel qu'une guerre civile éclate au sujet des tracés des frontières dans les différentes républiques. Le siège de Sarajevo marque le paroxysme de cette guerre. Cette guerre civile entraîne un « nettoyage ethnique ». Après la proclamation de l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, les forces serbes à majorité chrétiennement revendiquent les territoires de la Bosnie-Herzégovine et en Croatie. Les forces Serbes attaquent ces territoires et attaquent le communauté musulmanes qui y vivent, notamment dans la ville de Sebrenica : 8000 personnes de confessions musulmanes sont massacré par les forces de serbes dans un contexte de nettoyage ethnique. La cour internationale de justice a eu un rôle d'organe consultatif chargé de rendre un avis sur ces crimes. Elle fait autorité en la matière et contribue à l'écriture de l'histoire des massacres connus en Bosnie. De même, la communauté internationales, les juristes, les historiens... On tous débattus de la question de la qualification de ces crimes. La qualification de génocide est en effet une question sensible et de dimension internationale car elle repose sur des définitions de droits internationales et des conventions dont les enjeux sont primordiaux. *A/ La complémentarité des justices locales et* *internationales.* La rapidité de la justice est une condition de la pacification des sociétés marquées par la guerre civile ou les violences de masses. Justice internationale *B/ Des tribunaux qui permettent d'apaiser la mémoire.* Ces tribunaux essaient de rendre compréhensible des évènements qui sont pourtant impossible à concevoir et à accepter. Ils s'attachent à faire ressortir les responsabilités, et mettent en évidence le rôle de l'embrigadement, la manipulation des foules par les discours de haine et la diffusion de fausses informations tel que la radio. Les débats sont aussi l'occasion de redonner une légitimité et une dignité aux victimes, d'entendre leur douleur, leurs difficultés à vivre. La mémoire de ces différents groupes sociaux peut ainsi se construire et s'apaiser ce qui est indispensable à la pacification des relations sociales. *C/ Une justice qui permet de construire l'histoire.* La justice est utile à l'historien : des informations sur le déroulement des fait en écoutant les témoins qui dérivent ce qu'ils ont vécu ou en regroupant les informations issues des enquêtes. Les historiens sont aussi souvent convier comme témoins pour remplacer dans leur contexte des évènements anciens et complexes tels que Hélène Dumas, historienne spécialiste du génocide des tutsi qui est conviés dans les procès de génocidaires réfugiés en France.

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