Summary

This document is a study on the psychology of career guidance. It explores various theoretical models and approaches to career guidance, encompassing developmental, constructivist, and other perspectives. Additionally, the paper discusses the role of societal contexts in shaping these models, and the impact of social systems on individuals' life choices and career development.

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Emilie Le Psychologie de l’orientation L’orientation, en tant que processus continu, permet aux citoyens, à tout âge et tout au long de leur vie, de déterminer leurs capacités, leurs compétences et leurs intérêts, de prendre des décisions en matière d’éducati...

Emilie Le Psychologie de l’orientation L’orientation, en tant que processus continu, permet aux citoyens, à tout âge et tout au long de leur vie, de déterminer leurs capacités, leurs compétences et leurs intérêts, de prendre des décisions en matière d’éducation, de formation et d’emploi et de gérer leur parcours de vie personnelle dans l’éducation et la formation, au travail et dans d’autres cadres où il est possible d’acquérir et d’utiliser ces capacités et compétences. L’orientation comprend des activités individuelles ou collectives d’information, de conseil, de bilan de compétences, d’accompagnement ainsi que d’enseignement des compétences nécessaires à la prise de décision et à la gestion de carrière. Selon GUICHARD, l’orientation est un terme polysémique qui renvoie à des phénomènes différents. - L’orientation fait référence à l’ensemble des activités et des processus réflexifs d’un individu lui permettant de s’engager dans une formation ou dans une voie professionnelle. Cette approche est positive et évoque la liberté, les choix et les possibilités. - L’orientation désigne des dispositifs et pratiques d’aides aux individus visant à leur permettre de faire face le mieux possibles aux taches requises pour « s’orienter ». - L’orientation fait référence à un ensemble de processus – notamment d’ordre institutionnel – aboutissant à la répartition des jeunes dans les différences voies de formation ou d’apprentissage d’un dispositif de formation. L’expression « orientation scolaire » renvoie fondamentalement à cette 3e définition. La distinction entre l’orientation, avec ses connotations positives, et la sélection, généralement connoté négativement, est toute relative. Il y a plusieurs terrains au niveau de la psychologie de l’orientation : - Le terrain de l’école par exemple, qu’est ce qui est proposé aux jeunes au niveau de l’orientation ? - Le lieu de travail (qu’est ce qui fait qu’on choisit un travail, qu’on se réoriente, …) - Les autres lieux de vie Il est important de rappeler que les modèles en orientation se développement dans des contextes évolutifs, différents et que, dès lors, les pratiques en orientation constituent des réponses aux questions sociales déterminées par l’organisation sociale et de la production. → ce dont la société a besoin et ce qu’elle recherche va impacter le développement des cadres idéologiques. Dans cette optique, chaque « système de travail » a impacté le mode d’organisation du travail et le principe de qualification au 20e siècle, on retient de leurs interactions : - Le système professionnel : Un mode d’organisation proche de l’artisanat, c’est-à-dire que la qualification est définie comme un capital de savoirs et savoir-faire détenu par le travailleur. La formation de cette qualification suppose un long apprentissage qui prépare le futur professionnel à une activité qu’iel devrait exercer tout au long de la vie ou, au moins, pendant de nombreuses années. - L’organisation fordiste/taylorisée : Dans ce second mode d’organisation de la production, le travail est décomposé en étapes simples à la chaîne. La qualification n’est plus référée aux travailleurs mais Année 2024-2025 1 au poste de travail : celui-ci est d’autant plus qualifié qu'il comporte des tâches complexes ou nombreuses ou qu'il exige des habiletés particulières. - Le système technique : Avec le développement de l’informatique, l’activité se transforme en la maîtrise des événements au sein des situations productives. Cette maîtrise s’effectue de manière collective et la qualification est vue comme un ensemble de compétences différenciées à l’intérieur d’un réseau de travail. La question de l'orientation professionnelle devient celle du développement d'une carrière tout au long de vie. En même temps, l’orientation ne se limite plus uniquement à la vie professionnelle : elle s’inscrit au centre de l’ensemble des domaines de la vie de l’individu. Les compétences s’étendent à toutes les sphères de vie en vue de définir les projets personnels et professionnels futurs. Dans notre monde actuel, la construction de soi est un élément fondamental de l’orientation. De nombreux chercheurs considèrent notre époque comme séparable des autres et des notions comme « post-moderne » ou « modernité tardive » la définissent. Par cela, on entend que nos sociétés sont marquées par deux choses : le développement des TIC (technologies) et des phénomènes migratoires importants (de nombreuses cultures vivent ensemble avec des références culturelles différentes). Ces deux facteurs vont donc impacter la société : sa représentation normée devient floue au milieu d’un milliers de représentations. C’est pourquoi notre construction de soi devient l’élément central de l’orientation. Pour le reformuler plus proprement, on peut dire que dans nos sociétés individualistes, les problèmes d’orientation des individus dépassent le domaine scolaire/professionnel pour s’orienter sur une réflexion de soi en vue de l’existence. Il s’agit bien d’une réflexion individuelle sur soi mais les enjeux en sont fondamentalement sociaux et humains dans la mesure où cette réflexion conduit l’individu à affirmer certains principes, certaines valeurs et à s’interroger sur leur validité et leur universalité. PARTIE 1 : les différences perspectives théoriques de l’orientation : modèles & approches : Historiquement, les pratiques en orientation ont toujours été influencées à la fois par les cadres théoriques mais par les contextes sociaux – ce dont la société a besoin et ce qu’elle recherche va impacter le développement des cadres idéologiques. Les pratiques qui en découlent sont donc une sorte de réponse aux questions sociales. Contexte : les pratiques en orientation sont influencées par les cadres idéologiques et les contextes sociaux. Ces pratiques constituent des réponses à des questions sociales elles-mêmes déterminées par l’état de l’organisation sociale, de l’organisation de la production et du système de formation. Notion de paradigme (KUHN, 1996) : modèle conceptuel qui définit une discipline scientifique et structure une vue prévalente des meilleures pratiques dans une communauté de chercheurs durant une période particulière. Il y a trois grands cadres théoriques dans la psychologie de l’orientation : La 1ère est l’adéquationniste, pionnière de la psychologie de l’orientation dès les années 1900 et jusqu’en 1970. Celle-ci a comme objet l’appariement de l’humain avec son travail – on rend compte des aptitudes et intérêts du travailleur, et on lui cherche un métier qui correspond à ceux-ci. La perspective adéquationniste est basée sur la psychotechnique. Elle caractérise les individus par des aptitudes, et secondairement par des intérêts, stables et postule qu’une bonne correspondance entre ces aptitudes et les exigences des diverses professions permettra la réussite et la satisfaction individuelles, avec pour corollaires la stabilité dans la profession et le bien commun. Année 2024-2025 2 Par la suite, entre les années 1980 et 2000, la perspective développementale devient majeure. Celle-ci s’appuie sur le développement de soi en stades de la vie tel que l’a évoqué E. ERIKSON ; la personnalité d’un individu est à prendre en compte dans le choix du travail. À partir des années 2000, la perspective constructiviste se développe, et la construction de soi prend de l’ampleur. Cette approche par de l’idée du sens que l’on recherche alors que tant de crises se passent autour de nous. Les processus de construction de sens, de réinterprétation, de symbolisation, de détermination de conceptions individuelles du soi sont importantes. On observe également que la psychologie positive émerge, celle-ci proposant qu’il faille étudier, pour une même condition de vie, les individus qui n’ont pas développé de troubles dans des conditions de vie pourtant négatives. Alors que la psychologie de l’orientation vise plutôt l’orientation professionnelle de l’individu, les pratiques du développement personnel désignent un ensemble d’activités destinées à favoriser la croissance personnelle et l’épanouissement individuel, sans se limiter au travail ou à l’école. Le but de ces pratiques dépend de l’individu ou du praticien. Le danger de cette approche est l’impression (qui peut être trompeuse) d’être entièrement maître de sa vie, d’autant plus que le nombre de gens qui se disent experts (à tort) dans la filière augmente. La psychologie de l’orientation a donc deux finalités claires – l’utilitarisme et l’émancipation. Comment comprendre ces deux postures ? - Elles peuvent s’articuler – ce n’est pas parce qu’on veut se faire de l’argent (utilitaire) que l’on ne peut pas s’émanciper tout autant - Elles peuvent être opposées – soit on est heureux, soit on est bien, mais rarement les deux Selon la question étudiée, on va observer des réponses différentes selon si le répondeur est plus conservateur et voit la psychologie de l’orientation comme un choix utilitaire, ou s’il est plus progressiste et aborde la psychologie de l’orientation sous son angle émancipateur. Dès le début des années 1900, les finalités des interventions d’accompagnement en orientation sont discutées sous plusieurs axes. L’un d’entre eux est le poids qu’il faut accorder à l’individu ou au travail lorsqu’on aide à orienter. D’un point de vue conservateur, dans le monde des affaires, le but ultime du conseil en orientation est de fournir aux entreprises la main d’œuvre nécessitée. Le conseil en orientation est donc purement un mécanisme de préparation à la sélection professionnelle, il met les intérêts du marché au-delà des intérêts de l’individu. On vise la reproduction d’une société telle qu’elle l’est – les filles et les garçons adoptent une position homologue à celle de leurs mères et pères. Contrairement, les individus progressistes et leur Mouvement du Progrès considéraient que le but majeur de l’accompagnement en orientation était de permettre à chacun de développer ses capacités personnelles fondamentales. Cette approche postule un besoin de réformer l’école et l’organisation du travail pour permettre non pas un développement économique mais un développement personnel. Ces réformes visent donc à restructurer la société, qui deviendrait plus juste et plus équitable. On est donc centré individu. Le débat entre les conservateurs et les progressistes constitue un enjeu majeur puisque selon la perspective adoptée majoritairement au niveau social ou politique, on aura tantôt une approche traditionnelle du devenir social, tantôt une approche progressiste où l’idéal est de s’épanouir. Processus de répartition : Notre système scolaire actuel est un levier important du processus de répartition, sans pour autant se baser sur le mérite. Souvent, la part explicative des facteurs qui ne devraient pas compter est bien trop importante Année 2024-2025 3 ; en Belgique, les parcours sont fort différenciés en fonction du niveau socioéconomique et en fonction du sexe. Quels en sont les caractéristiques de notre système scolaire ? - C’est un système à orientation précoce - Il est fortement hiérarchisé entre écoles, entre filières, entre options - Il observe un haut taux de redoublement - Il reproduit les inégalités scolaires - Il reproduit les normes et rôles de genre L’orientation scolaire est un ensemble de processus psychologiques et sociaux qui font que les jeunes scolarisés sont affectés à une certaine filière plutôt qu’à une autre. L’orientation a des connotations positives, de choix et de liberté ; la sélection est plutôt centrée sur la contrainte. BOURDIEU & PASSERON montrent dans leurs travaux que l’héritage culturel impacte énormément la réussite scolaire. L’école véhicule une culture spécifique, découpée de toute la culture existante, selon des choix ancrés dans le contexte. Selon qu’on soit plus ou moins familiers avec la culture légitime de l’école, la culture d’art et d’auteurs connus, que les vacances sont imbibées de voyages cultures, on réussira plus ou moins bien. On appelle cela le capital culturel hérité ; plus il est important, plus les chances de réussir sont grandes. De la même façon, la manière d’être influence également la réussite. Selon notre comportement, un professeur pourra plus facilement juger un élève tantôt comme compétant, tantôt comme insuffisant. Il faut apprendre par imitation, ce qui rend la transmission difficile. Ainsi, si la manière d’être (l’ethos, comme dirait Bourdieu) est différent de celui que l’école véhicule, l’élève sera désavantagé. La dernière différence entre élèves sera celle de la typologie des écoliers : les différents milieux sociaux transmettent des rapports à l’école différents. Les classes favorisées ont un rapport très à l’aise avec l’école. De la même manière, être dans une famille qui pousse ses enfants à réussir parce que l’école y est vue comme légitime avantage l’enfant énormément – c’est typiquement ce qu’on retrouve dans les milieux sociaux moyens, qui n’ont pas le capital culturel nécessaire, mais qui savent que l’avoir est un grand atout. Au contraire, les milieux sociaux défavorisés où les parents ont eu un rapport difficile à l’école peuvent transmettre un rejet de l’école, ce qui défavorise évidemment les enfants de cette catégorie. La Belgique est certainement dans un système non-inclusif de la variabilité des élèves. Les élèves sont hétérogènes et ne se plient pas tous à la manière d’être communiquée de l’école. À partir de 14 ans, on observe que la moitié des élèves dans les écoles ont été mis dans d’autres voies. Ceci souligne donc qu’en Belgique, nous sommes largement trop loin du choix, et bien plus proches de la sélection. À ce stade, notre système scolaire conduit à la formation d’une élite scolaire d’un excellent niveau, puisée dans les milieux socioéconomiques aisés pour créer une élite sociale. Il apparait comme une sorte de transposition de l’espace social dans l’espace scolaire. Ceci est également vrai pour les inégalités de genre – l’orientation scolaire professionnelle prend le sens d’une orientation dans l’espace des position sociales. On observe que les genres sont répartis inégalement entre les filières, filières dont la fréquentation amène des bénéfices qui ne sont pas distribués équitablement non plus. Plus clairement, les filières menant aux métiers d’avenirs (informatique, ingénieurerie) sont encore aujourd’hui grandement fréquentées par les garçons et bien moins par les filles. Insertion socioprofessionnelle : Le taux d’employabilité est dépendant des caractéristiques socioéconomiques de l’individu – un homme blanc belgo-français bien scolarisé et d’âge de 25 à 50 ans aura bien plus facile à trouver un emploi que les autres individus. Les organismes d’insertion socioprofessionnelle (OISP) sont aux services des chercheurs Année 2024-2025 4 d’emploi peu qualifiés. Pour offrir des solutions aux individus défavorisés dans la recherche d’emploi se sont créé des OISP différents. La perspective adéquationniste (1890-1925) : La perspective adéquationniste se base sur la psychotechnique. Celle-ci caractérise les individus par des aptitudes et, secondairement, par des intérêts. Elle postule qu’une bonne correspondance entre les aptitudes et les exigences permettront une réussite et satisfaction individuelle accrue ainsi qu’une stabilité professionnelle et du bien commun. Elle ne constitue pas une théorie psychologique cependant, il s’agit simplement d’un ensemble de tests. Celle-ci est née dans la période de l’industrialisation lors de l’exode immense vers les usines pour trouver du travail. Le public ciblé était les garçons jeunes sortant de l’école élémentaire. Ceux-ci étaient mesurés sur base d’aptitudes physiques et d’attitudes au travail (soumission, obéissance…) via des tests divers d’aptitude et de « moralité ». La première institution d’orientation pour ces garçons apparait en 1908 avec Frank PARSONS. Il ouvre Choosing a Vocation où il énonce les principes qu’il estime fondamentaux pour l’orientation des jeunes : - Une compréhension de ses aptitudes, capacités, intérêts ambitions, atouts et limites. - Une connaissance des exigences et conditions de succès ainsi que des avantages et inconvénients des différents types d’activités - Un raisonnement juste sur les relations entre ces deux groupes de faits Sa démarche s’inscrit bien dans l’approche adéquationniste : des questionnaires et entretiens directifs, des épreuves et tests standardisés portant sur la mémoire, la rapidité et les capacités sensorielles. Chaque épreuve est une indication pour une profession. Sur base des résultats, une discussion sur les résultats des tests était entretenue, pour discuter les professions possibles. AVANTAGES INCONVÉNIENTS - C’est une approche exclusivement cognitive – les - La comparaison est possible – on facteurs affectifs ou motivationnels ne sont pas compare la réussite, la stabilité, la pris en compte satisfaction des enfants qui ont suivi - Elle sous-entend une prédisposition à une les conseils et de ceux qui n’ont pas profession, étouffant ainsi le libre arbitre suivi les conseils. - Elle surestime la rationalité de l’acteur – l’individu - L’utilisation est pragmatique ne prend pas des choix robotiques - C’est une approche transparente, - Elle n’est pas ouverte au changement de l’individu, logique et presque séduisante le développement parait impossible - Elle n’est pas ouverte aux processus psychologiques de l’individu - Approche où il y a une grande passivité du sujet La psychotechnique part de postulats assez simples – l’individu et sa personnalité est stable. De plus, l’individu est capable de prendre des décisions rationnelles. Ainsi, si un individu est rationnel et qu’il ne change pas, s’il y a un bon appariement entre l’individu et la profession, l’individu connaitra de la stabilité, de la réussite et de la satisfaction. Ce sont des techniques athéoriques qui vont rationnaliser les procédures d’affection sociale. Année 2024-2025 5 Les intérêts sont des préférences pour des classes d’activités diverses évoquant des professions ou des groupes de professions. STRONG est le premier à avoir créé un questionnaire d’intérêts en 1927 ; il imagine de nombreux items illustrant des activités professionnelles ou scolaires ainsi que des qualités sociales, et compare la population générale à la population caractérisée par la profession exercée. Les items pour lesquels il y a une différence notable entre contrôle et les professionnels d’un métier sont ainsi considérés comme caractéristiques de la profession. Vu que ces tests ont été lourdement répliqués et utilisés, la valeur de ces tests est puissante. Le questionnaire de KUDER présente les choses un peu différemment : il ne fait pas des échelles mais regroupes les intérêts sous un ensemble de 10 dimensions (intérêts pour le plein-air, mécaniques, numériques, scientifiques, commerciaux, artistiques littéraires, musicaux, sociaux, pour le travail de bureau). D’autres chercheurs prendront cette voie et le nombre de catégories peut varier d’un test à un autre mais l’idée reste la même : rassembler plusieurs activités sous un même « chapeau » qui compose une dimension. Ainsi, selon ces auteurs, les choix d’orientation sont une manifestation de notre personnalité et de nos intérêts. Les intérêts prennent essor au travers de expériences que l’enfant cumule dans ses diverses interactions avec l’environnement. Ces principes de base se retrouvent dans la théorie des personnalités de John HOLLAND – le RIASEC (Réaliste, Investigateur, Artiste, Social, Entreprenant, Conventionnel). Ce modèle structural a été utilisé pratiquement comme un business de la personnalité, puisqu’il est visuel, il est pratique, il est universel et facile à appliquer. Son approche est très populaire chez les praticiens et chercheurs, et est souvent utilisée dans l’orientation de carrière. Les 6 dimensions ne sont pas indépendantes les unes des autres. Dans son test, certains items sont très pratiques et manuels (travailler avec une scie ; faire de la pêche) et d’autres sont fort intellectuels et abstraits (apprendre la physique). Ainsi, une limite de ce test est la désirabilité sociale ; les gens savent qu’ils passent ce test pour trouver un emploi, et ils voudront avoir l’emploi le mieux placé d’un point de vue socioéconomique. De plus, sa structure est biaisée autant en genre qu’en capital éducationnel ou social. Ces deux limites sociologiques ont été ignorées par Holland. De plus, pour chacun des traits du RIASEC, Holland a établi des stéréotypes. Pour Investigateur, par exemple, il y a des phrases tel que préfère les contextes qui sollicitent son intelligence et exigent ses réponses ou fuit toute activité à caractère répétitif. De plus, des inférences sont faites – des préférences vocationnelles, les valeurs, la perception de choix et les objectifs de vie sont émises sur base des traits ! Le problème de cette approche est évident – tout comme l’effet Barnum de l’horoscope, ce n’est pas parce qu’on a l’impression que ça nous ressemble que c’est réellement nous. En effet, ses résultats proposaient des phrases vagues mais peu informationnelles dans lesquelles tout le monde pouvait se retrouver à un certain degré. Holland adapte son modèle pour proposer des indices du degré de structuration, trois autres mesures qui montrent si le test est pertinent ou non : Le premier indice est le degré de cohérence, qui est en réalité la consistance interne – c’est la cohérence lorsque les deux points les plus élevés du profil correspondent à des lettres consécutives dans la série RIASEC. Autrement dit, le profil est cohérent s’il est réaliste et investigateur, sera peu cohérent si l’individu est à la fois réaliste et social. Selon Holland, si les types sont éloignés, il y a inconsistance et le teste n’est pas valide. Le second indice est le degré de différenciation, qui se définit par le degré de distinction entre les traits – il faut avoir des types dominants, traduits par des niveaux très hauts (par exemple, quelqu’un ayant des hauts scores pour investigateur et social, mais tous les autres scores bas). Au contraire, un individu ayant un profil indifférencié aura un niveau similaire pour chaque type. Année 2024-2025 6 Le troisième indice est l’identité, que Holland décrit comme la conscience que le sujet a de ses intérêts, de ses caractéristiques, de ses atouts et ses buts, et par sa capacité à les spécifier. Une échelle supplémentaire particulière dans le questionnaire mesure cela. Une identité bien définie permet de cibler des objectifs professionnels clairs et d’intégrer plus facilement les méthodes de fonctionnement d’un environnement de travail. À ce niveau, la critique la plus importante émise vers Holland est de ne jamais interroger les sources des intérêts des individus. En effet, de nombreux facteurs jouent sur ce qu’on dit avoir comme intérêts – il n’a jamais questionné cela. La description des environnements : En plus des profils, Holland a également listé un ensemble d’environnements professionnels, qu’il a lié à certains profils individuels. Il a déterminé les caractéristiques de l’environnement non pas sur base de l’étude de l’environnement directement, mais sur base des caractéristiques des personnes qui le composent – il décrit l’environnement des infirmiers en décrivant les infirmiers qui le composent. Il définit ainsi un environnement pour chaque type RIASEC qui reprennent chacun les caractéristiques du profil associé. Ceci a un caractère assez magique ; pour quelqu’un de très perdu, s’il est qualifié de social, et qu’on lui lit la description de l’environnement social, il se sentira parfaitement à sa place. La correspondance n’a cependant rien de surprenant… L’environnement lui aussi reprend les indices de cohérence, différenciation et identification : L’environnement est cohérent s’il a des caractéristiques dominantes correspondantes au modèle hexagonal – un environnement réaliste et investigateur est plus cohérent qu’un environnement réaliste et social L’environnement est différencié lorsqu’un type psychologique est fréquent chez les personnes qui le constituent L’environnement présente une forte identité dès lors que les situations professionnelles et objectifs poursuivis par ses membres sont homogènes – tout le monde fait et veut la même chose Holland se base sur deux hypothèses principales pour sa théorie des environnements : - La première est que l’individu recherche un milieu congruent à son type de personnalité. Mais, cela ne prouve rien, car les milieux sont des descriptions transposées de ses profils… - La seconde est que la congruence est source de satisfaction, d’efficience et de stabilité. Cependant, au niveau d’études longitudinales, rien ne le prouve : il y a une faible association de l’environnement avec satisfaction, encore plus faible avec la stabilité et pratiquement nulle avec la réussite. RIASEC continue cependant de grandir, mais même dans les dernières versions, il reste imprégné de désirabilité sociale. On continue à voir des phrases comme présider une réunion à côté de faire de la musculation dans la proposition des intérêts... Quand on cherche à s’orienter dans la vie, il est évident que le premier prime et le second pas. En fin de carrière (1994), Holland propose alors un outil un peu plus complexe pour répondre aux critiques. Son test inclue maintenant : - Les rêves professionnels – les professions que l’on aimerait exercer dans l’avenir. Ce ne sont pas des cases à cocher ici, l’individu doit juste mentionner ce qu’il veut faire - Les activités – une liste d’activités que l’on aimerait réaliser Année 2024-2025 7 - Les compétences – une liste d’activités que l’on estime être ou ne pas être en mesure de bien savoir réaliser - Les professions – une liste de professions que l’on aimerait ou non exercer - Des auto-estimations – une évaluation de ses propres capacités pour chaque activité en se comparant avec les autres individus de notre âge Pour chacune de ces rubriques, l’individu obtient trois lettres du RIASEC qui sont à considérées ensemble. L’outil a plusieurs limites dont on a déjà parlé : - On se catégorise en fonction d’un modèle, les tâches sont demandées sur base d’une typologie qui existe dans le modèle, il y a donc un certain encadrement qui entrave la réelle liberté de dire ce que l’on souhaite. - Il n’y a pas d’étalonnage, de normes ou de groupes de référence - Les compétences tiennent une place équivalente aux intérêts - Il n’y a pas de perspective développementale des intérêts que les gens ont, tout est vu comme fixe - Il n’y a pas d’analyse des processus en jeu – il ne considère pas les forces externes qui impactent, comme la corrélation entre les intérêts que les gens disent avoir et les activités dans lesquelles ils sont compétents - Il y a une coupure totale entre les recherches sur la motivation et les travaux sur les intérêts professionnels L’équidistance des profils constitue aussi une limite de ce modèle – bien qu’il soit pertinent de classer les intérêts selon les 6 catégories RIASEC, la relation esthétique de l’hexagone est non-justifiée. La distance entre certains profils peut être différente que celle-ci – ce pourrait être un pentagone, un cercle, une sphère… Le niveau de qualification et de prestige social sont également oubliés, ainsi que le caractère sexué des profils. La source des intérêts est également omise par Holland, comme on l’a discuté. Selon Holland, les conduites sont déterminées par des dispositions stables internes, innées ou acquises. Il va donc considérer les intérêts comme génétiques ou personnel tout au plus, et ne pas s’intéresser du tout aux influences externes. Le glissement des intérêts avec les valeurs et les compétences n’est pas pris en compte non plus ; avec les années, les intérêts d’un individu pourraient se rapprocher plus des valeurs et compétences qu’il a – on préfère faire ce qu’on sait bien faire. Il devient donc incrémentalement plus compliqué de déterminer les réels intérêts purs qu’un individu peut avoir. Le principe de réalité est omis également ; la notion de compromis est peu étudiée, ni la façon dont les personnes négocient lorsqu’ils ne savent pas. En effet, une personne peut ne pas savoir exprimer ses intérêts – le RIASEC ne cherche pas à aider l’individu à chercher la cause du blocage, mais va simplement lui imposer des intérêts soi-disant mesurés. Les adéquationniste ont une réponse à tout et prennent une position de puissance ; je vais vous dire ce que vous aimez et ce que vous devez faire dans votre futur. Succès de la théorie de Holland : - Sa théorie a été et reste considérable. - La production de nombreux écrits – une même théorie a été développée pendant 40 ans - Le caractère opératoire de la théorie - La position intermédiaire entre les conceptions diagnostiques et les conceptions éducatives de l’orientation. Année 2024-2025 8 Son modèle a commencé à décliner lorsque les questionnaires d’intérêts ont perdu leur caractère diagnostic pour devenir des outils de connaissance de soi. A sa base, le questionnaire avait pour intérêt l’élaboration d’un conseil sur base des résultats. On accompagne donc le sujet, qui découvre ce qui lui convient le mieux, pour qu’il prenne une décision. Cependant, cette décision est très influencée ; à ce stade et dans la société contemporaine à l’utilisation de cet outil, il était difficile de nier les résultats pour faire autre chose, alors qu’il était valorisé de vite trouver un emploi afin de produire de l’argent. Aujourd’hui, les outils ont plus une visée de support à la discussion. On interroge la raison des intérêts, ses déterminants, la motivation de l’individu pour déterminer si elle est intrinsèque ou extrinsèque, on contraste les résultats avec d’autres encore… La perspective développementale : À la suite de la théorie adéquationniste, la perspective développementale naît. À sa source, Donald SUPER reprend les écrits de PIAGET et d’ERIKSON pour transposer l’idée de stades à l’orientation. Il propose également qu’en se développant, on démultiplie nos rôles de vie, ce qui amène des compromis entre nos aspirations en tant que professionnel et nos rôles familiaux, amicaux, sociaux. La psychologie du développement est la discipline scientifique qui s’occupe des changements et des processus de transformation dans le fonctionnement psychologique de l’individu. Le développement de soi dure toute la vie. Il continuera de développer en ajoutant une place importante aux facteurs psychosociaux et aux déterminants sociologiques/culturels dans l’approche de la construction des projets de vie et du déroulement de carrière. L’approche développementale reconnait l’importance de la variabilité individuelle, et vise à enrichir l’approche adéquationniste en considérant ces différences, à savoir les dimensions développementales, adaptatives, contextuelles, le concept de soi… Pour ce faire, elle compte investiguer les changements dynamiques chez l’individu en relation avec son environnement. Donald Super est donc un fondateur de ce paradigme. Sa théorie connaît trois grandes phases importantes : - Dans la première phase (1932-1949), il construit sa théorie en réponse à la théorie adéquationniste inadaptée en accordant une place non-négligeable aux facteurs psychosociaux et sociologiques - Dans la deuxième phase (1950-1975), il mène des réflexions sur les pratiques, et pousse son approche vers une approche de counseling de carrière plus que de l’adéquationniste - Dans la troisième phase (1976-1992), il axe sa théorie sur l’importance de l’intégration des rôles de la vie Sa théorie souligne l’importance de la compréhension de soi, des expériences de vie et des interactions sociales dans le développement de carrière. Les apports principaux de Donald Super sont les suivants : - Les cycles de vie – maxi-cycle, 1950 et mini-cycle, 1970 - L’identité vocationnelle - Les concepts de soi - La maturité vocationnelle (déjà présent chez Holland) - Rôles de vie, 1980 Selon Super, quand on oriente quelqu’un, on ne peut pas l’interroger sur sa carrière professionnelle seulement. Il faut considérer la vie personnelle, les valeurs, les conflits, les limites socioéconomiques… Il amène donc un élargissement de la question à une carrière de vie plus que la profession seulement. Année 2024-2025 9 (1) Les cycles de vie Super se base sur Piaget et Erikson pour cette partie de sa théorie. Selon PIAGET, chaque stade du développement intellectuel est à la fois nouveau par rapport au stade précédent, et déterminé par ce dernier. La connaissance d’un individu émerge donc dans l’interaction du sujet avec son environnement, et cette connaissance est unique à la façon dont l’individu a interagit. Selon ERIKSON, il y aurait huit étapes du développement humain, chacune centrée sur la résolution d’un conflit spécifique avant de passer à l’étape suivante. Si un conflit n’est pas résolu, il faudra y retourner pour le résoudre afin de vivre une vie harmonieuse. Ces moments conflictuels façonnent la personnalité de l’individu, selon la façon dont il réagit et dont il s’adapte à ces défis. Ce sont donc des phases critiques qui fondent la réalité à la fois selon des aspects biologiques, psychologiques, sociaux et culturels. Ces étapes sont les suivantes : 1. Le sentiment de confiance ou défiance, au stade oral 2. Le sentiment d’autonomie ou de honte et doute, au stade anal 3. L’initiative ou la culpabilité, au stade phallique 4. La compétence ou l’infériorité, au stade latent 5. L’identité ou la confusion d’identité, à l’adolescence – rencontre une crise identitaire 6. L’intimité ou l’isolement, chez le jeune adulte – s’oppose à l’isolement 7. La générativité ou la stagnation, chez l’adulte mature – transmettre à autrui ses connaissances 8. L’intégrité ou le désespoir, chez l’adulte âgé – fascination de son existence Super reprend ces idées, et envisage la carrière dans une perspective développementale trouvant son origine dès l’enfance. Selon lui, le développement vocationnel se fait selon 5 étapes, chacune associée à une tranche d’âge et un objectif : 1. Le stade de la croissance, de 4 à 13 ans 2. Le stade de l’exploration, de 14 à 24 ans 3. Le stade de l’établissement, de 25 à 44 ans 4. Le stade du maintien, de 44 à 64 ans 5. Le stade du désengagement, après 65 ans Chaque stade serait composé de trois tâches développementales (sauf pour le premier stade), imposées par les impératifs individuels et sociaux, pour lesquels on peut accompagner l’individu, qui sont vécues par les personnes comme des préoccupations de carrière : 1. Stade de la croissance – 4 à 13 ans A ce stade, l’enfant s’éveille au monde du travail, commence à se projeter dans l’avenir. Il acquiert une relative emprise sur sa vie et développe ses attitudes personnelles face à l’école et au travail. Il développe une image de soi et intègre le travail comme une partie de son moi idéal. L’enfant va généralement construire son identité en suivant des actions directrices : - S’interroger schématiquement sur son avenir - Apprendre à diriger sa vie - Se convaincre de l’importance de la réussite scolaire et professionnelle - Acquérir de bonnes attitudes et habitudes de travail Année 2024-2025 10 2. Stade de l’exploration – 14 à 24 ans – les tâches tournent autour de la recherche d’information : A ce stade, l’individu recherche des informations sur le soi et sur le monde du travail afin d’amorcer sa carrière ou d’explorer de nouveaux domaines du travail. Ceci se concrétise par l’intermédiaire de trois tâches : La cristallisation consiste à la formulation d’idées quant aux champs professionnels et niveau d’activité professionnels qui lui conviendraient. La spécification consiste en l’identification d’une préférence spécifique pour une formation ou pour un emploi dans un domaine donné. L’actualisation consiste en la réalisation de sa préférence spécifiée ; il va actualiser sa préférence en entrant dans un programme de formation, ou en postulant pour un emploi. On distingue aujourd’hui des écoles ou universités qui insèrent l’orientation dans leur projet éducatif afin d’accompagner les élèves dans la construction de leur propre projet professionnel. Les élèves de l’école orientant sont amenés à développer des compétences orientationnelles qu’ils pourront utiliser dans la suite de leurs études et dans le milieu professionnel. UMons figure parmi ces universités. 3. Stade de l’établissement – 25 à 44 ans – les tâches tournent permettent de se faire une place : A ce stade, l’individu tente de se faire une place dans le monde du travail en s’établissant dans un domaine, en y progressant, ou en réévaluant ses objectifs. La première tâche ici est celle de la stabilisation, qui consiste à faire sa place dans une organisation en assimilant sa culture et en effectuant son travail de façon satisfaisante. La consolidation amène l’individu à consolider sa position, en manifestant des attitudes positives, de l’efficacité ou en établissant des relations positives avec les collègues. L’avancement est la dernière étape, qui va simplement inviter l’individu à progresser dans son domaine, potentiellement pour atteindre de nouvelles responsabilités. À ce stade, un coach de carrière ou les ressources humaines peuvent faciliter la progression et l’épanouissement professionnel de l’individu. On observe ce type de services dans les grosses entreprises, généralement avec les individus repérés comme compétents. Ces acteurs peuvent contribuer de diverses façons : - Diagnostic et évaluation – comprendre les aspirations, compétences et besoins de l’individu - Clarification et objectifs – l’aider à se fixer des objectifs réalisables - Identification des forces et faiblesses - Planification des stratégies pour atteindre les objectifs - Gestion des transitions de carrière, aide à la réorientation - Développement des compétences – identifier les compétences manquantes et fournir des conseils pour les acquérir - Soutien et motivation – encourager et soutenir l’individu au long de son parcours - Équilibre travail/vie personnelle – aider l’individu à trouver cet équilibre 4. Stade du maintien – 44 à 64 ans – les tâches poussent l’individu à se questionner : À ce stade, l’individu cherche à conserver sa position actuelle en se mettant à jour, en innovant, ou encore en effectuant du surplace dans son travail. C’est le sens du travail et de la vie qui est central – la réorientation ou la reconversion professionnelle, partielle ou radicale, sont des possibilités à envisager avec un coach. Année 2024-2025 11 Ici, la première tâche, garder sa position, le pousse à se questionner sur sa motivation à continuer dans sa fonction actuelle. Si c’est le cas, la mise à jour l’invite à se tenir au courant des nouveaux développements dans son domaine afin de travailler avec des connaissances modernes. Enfin, l’innovation est la tâche qui le pousse à innover lorsqu’il éprouve le besoin de faire les choses autrement. 5. Stade du désengagement – après 65 ans – les tâches poussent l’individu à penser le départ : À ce stade, l’individu songe à se retirer du monde du travail, ou à effectuer un changement dans sa carrière. Par la tâche de ralentissement, il va tout simplement ralentir son rythme de travail. La planification de la retraite fait exactement ce qu’elle dit faire ; enfin, vivre sa retraite l’invite à faire les choses qu’il voulait faire depuis longtemps. A ce stade, il est donc question de la vie après le travail, d’une restructuration énorme de son rythme de vie, du sens de sa vie et de la vie sans activités professionnelles. Maxicycle et minicycle : Ces étapes que l’on vient de distinguer constituent le maxicycle – c’est une hyperstructure relativement stable. Il y a des transitions, des évènements de vie qui empiètent (deuil, chômage, divorce), des moteurs externes (pandémie)… Les changements et transitions de ce genre composent le minicycle ; les minicycles comprennent des phases de désengagement d’un stade, pour repasser dans la croissance personnelle, l’exploration de nos intérêts, et l’établissement dans une nouvelle position trouvée. (2) L’identité vocationnelle C’est en réalité HOLLAND qui décrit l’identité vocationnelle en premier lieu. Celle-ci correspond à une différenciation croissance des préférences quant aux activités, intérêts, compétences et valeurs. Selon lui toujours, par cette différenciation individuelle, un type de personnalité ce dégage. L’identité vocationnelle renvoie à la clarté des objectifs professionnels d’une personne et sa perception de soi. C’est le soi comme objet pour autrui, le soi objectif, celui qui serait révélé par les mesures de tests psychométriques. Vu claire et stable de ses buts, intérêts, talents et valeurs. Pour Super, les valeurs sont primordiales, elles sont plus fondamentales que les intérêts car elles indiquent la qualité recherchée ou les buts alors que les intérêts dénotent des activités ou des objets dans lesquels les valeurs sont recherchées. (3) Le concept de soi Selon Super, il y a une pluralité des concepts de soi. Il explique cette pluralité comme un portrait de soi dans un certain rôle, une certaine situation ou position, exécutant un ensemble de fonctions ou impliqué dans un réseau de relations. Ils se définissent par 4 dimensions qui correspondent au contenu : - Clarté - Stabilité - Abstraction - Estime de soi Il existe aussi des méta-dimensions qui correspondent aux processus du choix. On aurait ainsi des significations privées, qui divergent de la vision objective de l’identité. De la même manière, on aurait également un concept de soi professionnel, composé d’une constellation des attributs de Année 2024-2025 12 soi qu’un individu considère comme pertinent en matière de choix professionnel, qu’ils soient ou non traduits en un choix professionnel. Si on y ajoute le soi objectif, voilà trois concepts de soi différents. Le concept de soi est l’ensemble des connaissances qu’un individu possède à propos de lui-même (l’image de soi) et les émotions qui l’accompagnent (l’estime de soi). La structure de soi se forme comme un modèle conceptuel organisé, les concepts de soi, dans l’interaction évaluative avec les autres et avec l’environnement (la dimension sociale du soi). Un concept de soi peut être interprété comme une façon de se voir et se concevoir, résultant des expériences quotidiennes et des comparaisons que l’on fait de nous-mêmes avec les autres. Les jugements explicites des autres, ainsi que notre perception des jugements des autres sur soi-même vont influencer la formation du concept de soi. La représentation que l’on a de soi-même est un jugement subjectif ; c’est une image mentale mais concrète de soi, qui va impacter l’estime de soi. L’estime de soi est mesurable. Avant Super, ROGERS parlait des concepts de soi qu’il divise en trois aspects : - Le vrai moi – celui qu’on est vraiment, le moi objectif - Le moi idéal – ce qu’on cherche être, une version de nous qui comprend les attentes internet et externes - L’image de soi – la manière dont on se perçoit, la distance entre le vrai moi et le moi idéal Dans l’approche de Rogers, l’objectif est d’atteindre la congruence entre les aspects. Lorsqu’il y a congruence, lorsque les trois se rejoignent, la situation optimale est atteinte. Le psychologue peut ainsi changer le moi idéal ou l’image de soi d’un patient. Le concept de soi commence par la simple conscience de soi, qui apparait progressivement au travers des stades lorsque l’individu acquiert sur soi des connaissances le rendant de plus en plus conscient de sa réalité individuelle. Ces connaissances proviennent des interactions quotidiennes avec l’environnement mais aussi des perceptions que l’individu a sur lui-même et sur les autres. La notion plurielle du concept de soi a émergé en réponse à la notion unitaire du soi qui était trop réductionniste ; avoir un seul concept de soi ne reflète pas les multiples jugements que l’individu porte sur lui-même. Selon la situation et l’activité, on aura un regard différent sur nous-mêmes. On aura ainsi des perceptions situationnelles, que sont une série de percepts de soi, décrits par Super comme un matériel perceptuel brut. Prenons l’exemple d’un enfant qui éprouve de la difficulté à résoudre un problème mathématique, et qui voit un copain réussir facilement. Il reçoit une information qui lui donne de la situation une perception de soi. En répétant cette situation et d’autres situations similaires, il regroupe des percepts différents qu’il va organiser sous un principe unifié – cela, SUPER appelle le matériel perceptuel organisé. C’est le matériel brut qu’on va lier avec d’autres informations. Ainsi, chaque individu aura un concept de soi scolaire, sportif, artistique… Ces concepts s’intègrent dans un système hiérarchique, plus ou moins organisé. La cohérence et l’unité de ce système composent le premier niveau de consistance interne. Ensuite, l’estime de soi qui découle de ce système compose le deuxième niveau de consistance interne. Comme on l’a mentionné plus haut, le concept de soi peut être influencé par divers facteurs, et ce depuis l’enfance : Année 2024-2025 13 - La famille - Les facteurs économiques - Les rôles de vie joués – étudiant, employé, membre d’une équipe ou d’un groupe, parent… Ces influences façonnent la perception de la personne dans ses différents rôles de vie en termes d’intérêts, compétences et valeurs. En somme, le concept de soi est une série de portraits qui : - A des origines multiples – nous-même, mais aussi notre milieu, nos expériences, les autres - A des caractères multiples – nos différents rôles de vie - A des dimensions multiples – nos intérêts, nos valeurs, nos compétences - A des métadimensions multiples – certains portraits sont plus claires et d’autres flous, certains sont stables et d’autres moins, certains sont concrets et d’autres abstraits - A une organisation systémique – c’est une constellation flexible ayant une étendue variable, avec quelques concepts de soi ou vraiment beaucoup, certains en harmonie et d’autres en opposition - A la capacité de s’actualiser – le concept de soi n’est pas figé, selon le contexte et les expériences il peut changer (4) La maturité vocationnelle La maturité vocationnelle désigne la capacité d’un individu à répondre simultanément, à un moment donné, aux exigences de son environnement et à ses attentes professionnelles. C’est un processus dynamique de synthèse et compromis, entre facteurs individuels et sociaux, entre les différents concepts de soi et la réalité. Pour avoir une maturité vocationnelle, il est nécessaire de se connaitre, de comprendre son environnement, et d’être familier avec les conditions du marché du travail. La maturité vocationnelle se base sur plusieurs composantes : - Modification des attitudes – réduction des éléments imaginaires et l’accroissement du réalisme dans la prise de décision - Acquisition des compétences – anticipation de l’avenir et utilisation logique et cohérente de l’information sur ses intérêts, valeurs et compétences - Rationalité dans la prise de décision – différenciation : percevoir des différences entre les éléments et intégration : réorganisation des éléments différenciés en un tout complet - Acceptation positive de l’incertitude – reconnaissance de l’incertitude croissante face à l’avenir et acceptation positive de cette incertitude La maturité vocationnelle, c’est donc avoir du réalisme et de l’agentivité dans ses choix, la connaissance des intérêts, la capacité à compromettre, la connaissance du milieu du travail, la possibilité de fonctionner avec l’incertitude. A l’inverse, on constate l’indécision vocationnelle, qu’est donc la difficulté à faire un choix pour une activité spécifique malgré les incitations – on ne sait pas ce qu’on veut faire. C’est le contraire de la maturité vocationnelle. Il y a deux formes d’indécision vocationnelle : l’indécision professionnelle, portant sur le choix d’un métier et l’indécision scolaire, pourtant sur le choix d’une formation La source de l’indécision peut être diverse – un manque de développement, de connaissance de soi, d’information sur le monde vocationnel, de méthode décisionnelle, de positivisme… Les théories développementales de Super proposent ainsi que les décisions d’orientation se prennent à l’issue d’un long processus de prise d’information, de connaissance de soi, de formation à la décision, d’obstacles… Année 2024-2025 14 (5) Les rôles de vie 1962 – On introduit le système fiscal du « cumul des époux » qui a pour conséquence de décourager le travail rémunéré des femmes en pénalisant fortement les couples à deux revenus. 1970 – La loi instaure l’égalité parentale en supprimant la notion de « puissance paternelle ». 1976 – La loi proclame l’égalité totale des époux ; la femme ne doit plus obéissance à son mari ; ils fixent de commun accord la résidence conjugale. Elle peut ouvrir un compte en banque sans l’autorisation du mari. Cette zone dans lesquels les rôles s’articulent s’appelle l’espace de vie. Celui-ci contiendrait les 6 rôles sociaux, à savoir enfant, étudiant, personne de loisir, travailleur, citoyen et parent. Ces rôles peuvent être complémentaires ou en conflit. Super ne donne pas une structure liée à l’âge pour ces rôles (on peut être concentré sur sa carrière professionnelle à tout âge entre 18 ans et la mort). Cependant, chaque âge se caractérise par un poids plus ou moins important associé à chaque rôle. Les différents rôles sont mouvants. C’est la notion de structure de vie – tantôt un rôle sera dominant dans notre vie et les autres périphériques, tantôt un autre dominera. Une femme qui devient maman donnera sans doute la priorité à sa famille, par exemple, et mettra son rôle professionnel de côté. Une fois les enfants adultes, elle va peut-être redonner priorité à son rôle professionnel. Un autre apport important de sa théorie est l’influence des environnements. Ces leviers sont des forces qui jouent de façon importante sur l’orientation de la personne, et Super considère ces influences comme des variantes explicatrices d’un choix. Ainsi, la culture, les économies et le type social de la famille va directement impacter l’enfant via des discussions sur l’avenir. Pour Super, la question de la congruence subjective entre objectifs de l’individu et ses possibilités effectives est essentielle. Par opposition, la congruence objective est celle entre le concept du soi et les résultats aux mesures. Lorsque la représentation subjective est proche de la description objective, il parle de réalisme, et parallèlement, d’exactitude de l’évaluation de soi lorsque les résultats à des tests sont cohérents. La méthode de Super se base sur divers moments cliniques : L’entretien préliminaire – l’analyse de la demande du consultant Cette étape est basique mais importante ; elle permet de placer le cadre, d’analyser la demande, de construire un rapport avec l’individu Les espaces de vie – déterminer les différents rôles de vie du consultant À cette étape, la dynamique des rôles de vie est discutée. Le but est de saisir le sens accordé au travail par rapport aux autres sphères de la vie de l’individu. La valorisation et l’engagement de l’individu dans chaque rôle, une fois déterminés, permettent de comprendre l’importance d’une profession enrichissante pour le consultant. Il existe à cet égard des inventaires de pertinence, avec des phrases telles que le travail me donne plus de satisfaction que n’importe quoi d’autre, par rapport auxquelles l’individu doit se positionner. Les temps de vie – détermination où le consultant se situe dans sa carrière, et des tâches qu’il a à effectuer et de ses préoccupations Cette étape permet de déterminer où le consultant se situe dans sa carrière et dans ses tâches. On détermine l’étape du maxi-cycle dans laquelle l’individu se trouve. On lui fait passer un inventaire de préoccupations de carrière dans lequel les tâches sont représentées par 5 énoncés, ceux-ci décrivant des attitudes et comportements liés au développement de carrière et pour lesquels le sujet répond sur une échelle de Linkert en 5 cases. Chaque préoccupation requiert une approche spécifique et unique. Année 2024-2025 15 L’identité vocationnelle – portrait objectif que l’individu à de lui en termes d’intérêts, capacités et valeur Concept apporté par Holland, le but de cette étape est de dessiner un portrait objectif du consultant en termes de ses intérêts, capacités et valeurs. L’inventaire des valeurs au travail de NEVILL et SUPER peut être utile à ce niveau. Super accorde donc une place privilégiée aux valeurs. Il dira que les valeurs sont plus fondamentales que les intérêts, parce que ces premières indiquent les qualités recherchées ou les buts que l’on a ; les intérêts dénotent des activités dans lesquelles ces valeurs sont recherchées. Mesurer les valeurs permet donc de déterminer ce que l’individu a comme intérêts, et comment il peut explorer ces intérêts via des activités. Il a construit un questionnaire des valeurs professionnelles où il mesure les valeurs intrinsèques et extrinsèques au travail. Le sujet répond à 45 items en donnant son avis sur une échelle de Linkert. Les concepts de soi – rendre compte des identités les plus centrales chez lui Ce sont les représentations subjectives du consultant qu’il a de lui-même qui sont mises à l’avant plan dans cette étape. Via des méthodes qualitatives (vu que c’est subjectif) mais aussi via des questionnaires (l’analyse des construits personnels de KELLY), il serait possible de déterminer les caractéristiques que l’individu s’attribue, ce qui est très important parce que la perception que l’individu se fait de ses expériences se base sur ces caractéristiques. L’individu interprète et anticipe sur base de sa perception de lui-même. Les résultats sont généralement présentés sous forme d’un récit rapportant l’histoire de la vie du consultant, en mettant en lien les différents éléments qui ont émergé dans les phases du processus. Super proposera trois scénarios de vie possible : - Un où il se tient à la situation actuelle et dans lequel aucune décision n’est prise - Une où des décisions sont prises selon le schéma décisionnel du passé de l’individu - Un où le développement de soi du consultant est au centre, où il manifeste de nouvelles attitudes et adopte de nouvelles croyances Cette mise en perspective de trois futurs possibles permet à l’individu de réaliser les blocages qu’il aurait eu dans les phases du maxicycle, et lui permettraient de travailler dessus. La perspective constructiviste La perspective constructiviste est la perspective de la construction de soi et du sens de la vie. Selon la théorie, différentes versions de nous-même se construisent dans nos expériences de vie, et nous interprétons ces expériences d’une certaine façon. Cette théorie apparait dans un contexte de crise, d’incertitude et de chaos, ce qui explique son centrage sur le concept du sens. Les autres perspectives partent du principe que le soi existe déjà, et il faut accompagner les personnes pour qu’elles prennent conscience de leur soi, on n’actualise pas le soi, on construit le soi. Nos sociétés seraient pourtant caractérisées par 3 grands traits majeurs : 1. Des sociétés d’individus jugés responsables de ce qu’ils font dans leur vie. Nos sociétés sont différentes d’autres, plus collectivistes, puisque nous individualisons et autonomisons les individus, les portant ainsi comme responsables de leur vie. 2. Un effacement des éthos familiers d’action et une perception de l’avenir comme incertain. Nos sociétés sont caractérisées par une constante évolution très rapide des économies et cultures qui les empêchent de cristalliser des réflexes stables sur lesquelles les individus peuvent se reposer pour réfléchir au sens et la direction qu’ils veulent donner à leur vie. Ils mènent alors des projets à court terme, redéfinissant constamment leurs stratégies en coûts- bénéfices dans un contexte d’incertitude généralisée. 3. Finalités de l’accompagnement : Année 2024-2025 16 Le primat de la vie active dans nos sociétés occidentales se manifeste par une valorisation de l’emploi et du travail rémunéré comme étant la principale source d’accomplissement personnel et de réussite sociale. En psychologie, PIAGET propose que l’apprenant construise son savoir en le mettant en perspective avec son vécu et ses interprétations. L’apprenant acquiert des connaissances en partant de ses propres perceptions de la réalité et l’apprentissage se fait par la construction de nos perceptions pour les adapter à notre contexte. En Sociologie, BERER & LUCKMANN sont pionniers du constructivisme. Selon eux, la réalité est une construction sociale ; elle est appréhendée et comprise d’un point de vue subjectif plutôt qu’objectif. Le monde est perçu comme étant « déjà là ». Or c’est dans l’interaction et l’échange que les structures sociocognitives se construisent. Par exemple, le verbe migrer renvoie à effectuer une migration, se déplacer vers un autre lieu. Par contre, le terme de migrant, qui est supposé être un terme aussi neutre que le verbe, est définit comme une personne qui s’expatrie pour des raisons économiques ; le terme n’est donc pas innocent, il amène avec lui une réalité socialement partagée. Certaines significations, à priori subjectives (la migration qui doit être économique ; la femme voilée qui doit être musulmane), semblent donc devenir objectifs dans un certain contexte. Psychologie discursive : La psychologie discursive soutient que la façon dont on utilise les mots et les phrases a un pouvoir actif dans notre socité. Les mots prennent une connotation/signification, qui rappelle un certain phénomène social. Le discours est considéré comme l’un des principaux moyens de construction sociable du monde. L’analyse du discours est une méthode d’analyse de données qualitatives qui exige de suspendre sa conception de sens commun du langage de le penser différemment. L’analyse de discours politiques est au centre de cette approche. Ce que la psychologie discursive pose est qu’à partir du moment où une réalité est construite, il est possible de la déconstruire, de l’adapter. CONSTRUCTIVISME CONSTRUCTIONNSIME Soutient que les individus construisent leur propre Les connaissances sont socialement construites à compréhension du monde à travers leurs travers les interactions entre les individus et leur expériences. environnement. Dans la perspective constructiviste, les conduites humaines sont moins vues comme déterminées par les expériences passées. Au contraire, la construction de sens et la réinterprétation est possible, les rapports à soi peuvent changer, les conceptions individuelles et conduites peuvent être adaptées. Par rapport à la perspective développementale de Super, cette théorie apparait dans la crise, dans l’incertitude ; celle-ci s’observe à plusieurs niveaux : - La récurrence de crises climatiques migratoires, sanitaires - La mondialisation de l’économie - Le capitalisme profond - Les progrès rapides des technologies de l’information - Les formes d’organisation du travail devenant très flexibles - Les ressources naturelles sont surexploitées - L’individualisation des parcours augmente Année 2024-2025 17 - L’happycratie – on est toujours amenés à être heureux, on se montre sur les réseaux comme heureux, tout va bien pour les autres Dans son développement, elle conserve certains concepts qui sont apparus avec Super : - L’idée que les identités professionnelles sont des configuration changeantes issues de la vie de la personne - Le besoin de prendre la personne dans son ensemble, non pas avec le travail seulement - La co-construction – les conseillers sont des agents de changements et non pas des agents de diagnostic ou de prédiction exacte Certains concepts viennent néanmoins compléter ces derniers : Les questionnements sur les finalités de l’orientation Le questionnement sur les finalités à deux objectifs possibles – une fin émancipatrice ou une fin utilitariste, à savoir, trouver un boulot ou trouver sa place dans sa propre vie. Le constructivisme a un nouvel objectif – aider les demandeurs à trouver leurs réponses à la question générique d’orientation. Les individus sont assistés dans la construction de normes de vie et de perspectives vocationnelles, en tenant compte du monde du travail d’aujourd’hui. En bref, ici, on aide les individus à mener une vie qu’ils jugent bonnes. Cette approche se construit sur une proposition théorique double : - Vers quel nouveau monde tendons-nous ? - Qu’attendons-nous de ce nouveau monde ? Un paradoxe apparait cependant dès lors que la demande du bénéficiaire est moi je veux simplement trouver un emploi. En effet, dans le constructivisme, les conseillers passent du simple conseil relatif à l’orientation, à une position d’experts dans la construction holistique dans la vie de l’individu. Ainsi, si un demandeur vient demander de l’orientation pour simplement trouver un job, est-ce que le conseiller lui explique que c’est une mauvaise demande et qu’il doit se développer personnellement ? Changement du monde du travail – construire sa vie au XXIe siècle Un second point amené dans cette perspective est le changement du monde du travail. Avec tous ces changements arrive également un changement dans la conceptualisation du travail – le marché de travail est plus incertain mais aussi plus ouvert, plus mobile. Les modèles linéaires et séquentiels sont ainsi changés par des modèles dynamiques, qui ne sont plus universels mais singuliers, variant d’un individu à l’autre. Le nouveau concept de carrière sans frontière est considéré par certains auteurs comme plus représentatifs des carrières d’aujourd’hui. Celles-ci sont décrites comme des parcours moins structuré, plus versatiles, plus incertains, plus flexibles, plus mobiles. Dans une vision de psychologie discursive, l’idée même de faire carrière a donc changé ; alors qu’avant, c’était une idée de gravir des échelons dans une même entreprise, aujourd’hui, faire carrière renvoie au caractère provisoire d’un boulot, a la possibilité de changer d’organisations de nombreuses fois. Dans ce courant, l’individu est considéré comme acteur et gestionnaire de sa carrière – il doit agir de façon cohérente et stratégique, il ne peut plus simplement attendre qu’il évolue. Aujourd’hui, on s’intéresse à la vie entière de l’individu : - Qui es-tu ? Qu’est-ce qui te rend particulier ? Quelles sont tes forces et tes envies ? - Que veux-tu ? Quelle direction prends-tu ? Quel est ton objectif ? Année 2024-2025 18 - Que fais-tu ? Quelle entreprise veux-tu créer ? Quel projet entreprends-tu ? - Comment le fais-tu ? Comment vas-tu réaliser ton projet ? Selon des auteurs inscrits dans cette approche, il y a trois types de compétences que le consultant peut avoir ou pourra développer : - Le savoir pourquoi, renvoyant à la motivation de l’individu, ses valeurs, son identité et sa conscience de soi - Le savoir comment, renvoyant à l’employabilité de l’individu, ses connaissances, ses compétences et son expérience - Le savoir qui, renvoyant à son réseau social et se compétences sociales (accès au travail, mobilité, promotions) Critiques à l’égard des modèles de la carrière sans frontière : La majorité des recherches sur les nouvelles carrières ont été effectuées aux USA, où les carrières sont plus versatiles qu’en Europe : - La dualité entre carrière linéaire et carrière sans frontière est un peu simpliste ; les carrières sont bien plus diversifiées que cela - Il y a une sous-estimation des contraintes environnementales – le développement de carrière dépend aussi des liens familiaux, affectifs, économiques… - Le parcours de carrière est idéalisé. Les individus sont moins proactifs dans leurs carrières que ce que cette approche propose, les changements d’emploi semblent davantage s’expliquer par les besoins de l’organisation que par ceux de l’individu - Il manque des données empiriques Le courant des nouvelles carrières ne considère réellement qu’une minorité de travailleurs, notamment les populations très employables ayant un rapport particulier au travail – informatique, sciences, ingénierie… Ce ne serait pas un modèle représentatif de la majorité des carrières contemporaines. Nouvelles carrières : le travail précaire : Les nouvelles carrières sont aussi partiellement apparues avec le travail précaire. La précarité au sens large concerne les conditions d’existence. Le travail précaire concerne les conditions d’emploi et de travail – le travail est instable, temporaire, occasionnel, dans des formes contractuelles atypiques ou sans contrat, avec des salaires peu élevés ou incertains. Le travail précaire est caractérisé par trois dimensions : - L’emploi est peu sûr, temporaire, et un autre emploi risque d’être difficile à trouver - Le revenu est insuffisant, le salaire ne le permet pas d’assurer les bonnes conditions de vie - Le travail est sans perspective de carrière, le développement n’y est pas possible, il n’y a pas de formations proposées, il n’y a pas de latitude de travail Le constructivisme et la narrativité Le constructivisme repose sur l’idée que le langage n’est pas simplement un moyen de transmettre des informations, mais que les discours et les narrations que nous utilisons influent sur la manière dont nous comprenons notre identité et notre environnement. Les récits jouent un rôle central, ils permettent aux individus de donner du sens à leurs expériences et les situer dans un contexte plus large. Notre compréhension de nous-mêmes est influencée par les récits que nous partageons avec les autres. Un échec par exemple peut être vu comme une perte, ou comme une opportunité pour se relever. Année 2024-2025 19 Le savoir et l’identité d’un individu sont le produit de processus sociocognitifs qui se déroulent dans un contexte d’interactions et de négociations entre individus. Le sens qu’un individu donne à la réalité est coconstruit dans un contexte social, historique et culturel, par la médiation de discours et dialogues par lesquels nous nous relions à autrui. Le constructivisme accepte donc qu’on se construit dans un cadre social qui joue beaucoup. Ce sont les interprétations personnelles des expériences et non les expériences elles- mêmes qui constituent la réalité. Dans cette vision, le rôle du conseiller est alors d’aider le demandeur à formuler son identité avec ses propres mots, afin qu’il parvienne à cartographier son système de formes identitaires subjectives, puis à réfléchir à la centralité de l’une ou l’autre identité. La différence par rapport à l’idée de SUPER est qu’ici, on part du principe que la réalité est une illusion commune, et dans cette illusion, on peut changer notre réalité personnelle, en interprétant le monde différemment. Ainsi, le soi fait référence au signifiant stable, et l’identité traduit la malléabilité adaptative du soi. Notions clés : Dans un premier temps, dans le constructivisme, on ne parle plus de client mais de bénéficiaire ; le client renvoie à celui sous protection qui demande des services rémunérés. On est client d’avocat, d’expert… Le bénéficiaire va profiter du cadre proposé, mais l’expertise et le changement réside chez l’individu. Il y a également un changement dans l’activité – alors que dans le modèle traditionnel, le conseiller jouait un rôle actif, dans la construction de vie (Life Design), le conseiller va apporter de l’information utilisable, un cadre pour la réflexion, que l’individu utilise pour construire sa vie. L’idée ici est celle de réflexion – on ne se précipite plus vers un travail ou une carrière, mais on réfléchit à où on veut aller, ce qu’on veut devenir… Le concept des formes identitaires subjectives désigne la manière dont un individu donné se représente dans un contexte particulier se rapportant aux autres. En fonction du contexte, une forme identitaire subjective différente apparait. On définit ainsi l’identité d’un individu comme le système dynamique des formes identitaires subjectives dans lequel il se construit. Pour se construire une identité, on doit donc s’approprier une catégorie, et l’utiliser comme point de repère pour interpréter les expériences futures. Trois processus jouent un rôle essentiel dans l’appropriation d’une catégorie et dans la construction d’une identité : Les transactions biographiques Les transactions biographiques font référence aux évènements de vie des individus. Les évènements peuvent être positifs ou négatifs, et l’interprétation qui en sort est déterminante dans la construction de l’identité individuelle. Pour reprendre l’exemple brièvement évoqué de l’échec, un échec, a priori négatif, peut être interprété de diverses façons : un obstacle à surmonter, challenge, une preuve de ses limites ou un signal d’abandon Évidemment, selon notre vision de la chose, l’impact identitaire sera différent. Les transactions relationnelles Les transactions relationnelles font références aux interactions sociales, cruciales pour la construction de l’identité individuelle. Les individus sont constamment en contact avec leur environnement social – la famille, les amis, les collègues, la communauté… En interagissant, on a la possibilité de se définir par rapport aux autres, par rapport aux normes et attentes. Selon la position que l’on occupe par rapport à ces attentes et normes, une image de soi se construit. Année 2024-2025 20 Le récit relatif à son parcours de vie Ce récit fait référence au processus de création de l’histoire qui donne sens à la vie de l’individu. Le parcours de vie est constamment adapté et articulé selon les appartenances sociales dans une histoire personnelle ; on met de l’ordre dans notre vie en créant un schéma de parcours. En faisant cela, on donne un sens à notre parcours dans une trajectoire cohérente. Évidemment, l’interprétation de son passé, de son histoire, influencera la manière dont l’individu se définit, se voit, et les choix qu’il fera. Approches et interventions en life design Ces trois approches partagent évidemment la préoccupation du sens et de la narrativité. L’accompagnement offert vise à soutenir les individus dans la résolution du problème fondamental vocationnel – quelle direction donner à sa vie ? (1) Le carrer intervention – SAVICKAS L’accompagnement sert ici à développer les intentions et les actions de l’individu par la médiation du récit et la construction d’une histoire. Elle se passe en 5 étapes qui se développent en 3 séances : Construction Dans un premier temps, le bénéficiaire et le conseiller établissent le problème et identifient les attentes du bénéficiaire. L’objectif est défini et noté, et un climat de confiance est établit. On répond grossièrement à une question du conseiller – en quoi puis-je vous être utile ? Il s’agit d’entendre la demande, les besoins, les états émotionnels, la nature du problème… L’entretien se déroule par la mise en récit du client durant laquelle l’individu cristallise sa vision d’elle-même, en composant des histoires existentielles. Des micro-récits de l’individu sont entamés, parlant de l’identité, la vie professionnelle, l’enfance, les modèles de l’individu… ce faisant, la personne pourrait parler avec plus de facilité que si elle devait répondre directement à qui êtes-vous ? Déconstruction Certains aspects de l’histoire peuvent être inadéquats – ils peuvent bloquer l’individu, empêcher la nouveauté, l’imagination, ou les solutions. Savickas parle de freins narratifs. L’objectif ici est de déconstruire les interprétations qui en sont faites – la raison pour laquelle un frein est un frein. Par exemple, si un individu parle d’autrui comme son modèle mais dira mais moi je ne peux pas faire ça, on interroge pourquoi. Reconstruction Sur base des micro-récits, le conseiller cherche à rassembler les fils significatifs pour constituer une histoire individuelle. On passe de micro-récits en un macro-récit identitaire, qui explique le passé, l’aide à s’adapter du présent, et se guider dans le futur. Créer une histoire cohérente donne déjà un peu de sens à l’individu. Co-construction Une fois le macro-récit récité, la personne est sollicitée à faire ses révisions. Elle rectifie les erreurs, elle enrichit, elle réoriente, elle s’oppose. Le portrait devient plus clair, et les contributions viennent des deux individus. Action L’histoire de vie étant construite, le conseiller revient sur les objectifs initiaux. Ici, Savickas joue sur l’étymologie des mots tension, attention, intention et extension, en disant cela : Année 2024-2025 21 En sollicitant le conseiller et en s’engageant dans la relation d’aide, la personne a amené quelque chose à prendre en charge qui est de l’ordre de la tension. Ensemble, ils y ont porté attention, en travaillant l’histoire du parcours professionnel et le récit identitaire. Ils ont ensuite reconstruit cette tension dans une intention. À la suite de cette démarche, la personne peut étendre son soi dans une extension, une action visant à réaliser l’intention, qui finalement va résoudre la tension initiale. L’individu passe de la tension à l’intention, en mobilisant l’attention du conseiller, ce qui aboutit en une action, qu’est l’extension. (2) Dialogues de conseil en life design – GUICHARD Avec lui, la posture du conseiller est celle du questionnement. L’alliance de travail L’objectif premier est de construire une alliance de travail, permettant à l’individu de formuler et clarifier les questions l’amenant chez le conseiller. L’importance de la réflexion personnelle entre les séances est également soulignée par Guichard. Un accord sur les moyens mis en œuvre pour atteindre l’objectif est contractualisé – il définit carrément où ils vont arriver ensemble. Exploration du système des formes identitaires subjectives L’objectif ici est d’aider le demandeur à explorer son système de formes identitaires subjectives afin de déterminer les principales attentes qui donnent sens à sa vie. Quelques questions structurant le dialogue : - Quelles sont les activités actuelles qui sont importantes pour vous ? - Qu’y faites-vous - Il y a-t-il des expériences passées qui continuent à vous marquer ? Des personnes importantes ? - Avez-vous des désirs ou espoirs pour l’avenir ? Ce temps se conclue par un accord sur les sphères d’activité et les identités les plus prégnantes chez l’individu, qui seront reprises et feront l’objet d’une analyse plus approfondie à l’étape suivante. Analyse À cette étape, le conseiller aide à analyser les expériences de vie importantes et les relations entre elles afin de repérer les attentes fondamentales pour l’avenir. L’analyse vise à faire émerger divers détails. L’individu parle librement, c’est à lui de décider comment il se définit, quels évènements sont saillants. Mise en œuvre du projet À ce stade, les projets actuels sont discutés et le lieu où l’individu aimerait agir est déterminé. On vérifie également que l’objectif initial est bien atteint. (3) Design de vie – BURNETT & EVANS Le design de vie propose que, comme l’ingénieur qui construit un objet, quand on veut designer sa vie, on part d’une idée simple et progressivement on construit. Tableau de bord initial Une condition essentielle pour savoir où aller est déjà de savoir où on se trouve actuellement. L’individu est invité à lister les activités qu’il fait, pour savoir où il est bien, et où il ne l’est pas. Boussole pour la vie Une fois qu’on sait où l’on est, on utilise nos valeurs de la vie comme boussole pour s’orienter. Année 2024-2025 22 Rester sur le bon chemin Sur une période donnée, un journal d’activités est ensuite proposé, dans lequel l’individu y fait figurer les niveaux d’engagement et d’énergie liée à chacune. Imaginer les vies de vos rêves Le principe au centre du design est qu’il n’y a pas qu’une seule idée. Ainsi, à cette étape, l’individu est amené à envisager trois scénarios de vie différents à 5 ans de distance. Les niveaux de satisfaction doivent y figurer, comme la confiance en la réalisation, la cohérence… Les raisons pour lesquelles ce métier est le métier de ses rêves sont également à inclure. Prototyper vos alternatives Il faudra concrétiser cela dans un projet qui sera le plus possible à l’image du besoin du demandeur. Les prototypes sont un excellent moyen d’entamer un dialogue et, assez souvent, une chose en amène une autre. Les aprioris sont révélés, les hypothèses cachées sont soulevées… L’important est cependant d’opérationnaliser, d’expérimenter, sans rester dans l’hypothétique. Apprendre à bien choisir L’individu doit ici lâcher prise vis-à-vis de ce qui le bloque, et avancer en embrassant pleinement son choix pour en tirer le meilleur – on ne relance pas le questionnement, on lâche prise et on avance par l’essai. En (très) résumé : En psychologie différentielle (Holland) – Comment trouver un environnement professionnel où je puisse m’insérer ? —> On explore la personnalité professionnelle, définie en termes de traits stables, que l’on fait correspondre avec un environnement de travail En psychologie développementale (Super) – Où en suis-je dans mon développement de carrière, et comment me décider pour un type d’activité en accord avec mes autres rôles de vie ? —> On évalue l’état de développement de l’individu et on l’oriente vers des tâches de développement En life design (Savickas et Guichard) – Par quelle vie active puis-je donner du sens et une perspective à mon existence ? —> On construit avec l’individu un récit identitaire dans lequel prendra sens l’activité du travail. Selon Guichard, il y a trois formes du moi, chacune liée à une approche : - Le moi – le soi est un acteur. L’individu y est passif dans l’entretien d’orientation directive. Dans cette idée, tout le savoir est du côté du psychologue de l’orientation, l’individu n’a pas de contrôle. - Le moi sujet – le soi est un agent. L’individu est actif, peut agir. Il agit pour s’adapter à sa vie ; ses actes ont des conséquences et il en est responsable et conscient. C’est lui l’expert de son histoire. - Le moi constructeur – le soi est un auteur. L’individu coconstruit son avenir, il est l’auteur du projet. Il définit son projet sur base d’une interprétation de ses récits de vie. En identifiant des thèmes récurrents, il établit un fil rouge cohérent pour lui. Le sens de la vie : Cette question ne se posait tout simplement pas il y a quelques décennies ; les questions de trajectoires ne se posaient pas parce que les rôles étaient assignés. Le sens de la vie se décline sur deux dimensions : - Une dimension individuelle, à savoir l’idée que l’orientation doit s’inscrire dans une réflexion plus large de Comment je peux me réaliser pleinement. Cette réflexion rejoint l’essence de la psychologie positive et du fonctionnement optimal. Année 2024-2025 23 - Une dimension collective, à savoir l’idée que l’orientation s’inscrit dans une réflexion plus large de Comment faire face aux problèmes mondiaux majeurs qui apparaissent, et qui risquent de s’aggraver si aucune mesure n’est prise. Cette réflexion rejoint l’essence des philosophes et psychologues humanistes. ADLER, élève de Freud, est en désaccord avec la notion de pulsion et d’instincts comme régisseurs du comportement humain. Il fonda à son opposé l’association pour la psychologie individuelle. Il propose que l’individu soit immergé dans le social, et qu’il a un sentiment social inné, qui favorise la vie communautaire et qui permet de vivre en harmonie avec les autres. Chez Adler, l’engagement social est une compensation du sentiment d’infériorité que l’on aurait tous. Être social, c’est soigner son sentiment d’infériorité. FRANKL fonda également son école, la logothérapie, par laquelle il remet en évidence que les personnes apparaissant comme les plus fragiles mais disposant d’une vie intérieure riche avaient une tendance à survivre plus souvent que les autres. Ceux qui ont l’air les plus forts ou massifs, meurent avant. Il défend que trois expériences donnent cette richesse intérieure, et donc ce sens à la vie : - La réalisation d’une action ou d’une chose externe quelconque - La confrontation à la souffrance - La relation à quelqu’un avec amour et humour Selon Frankl, chaque sujet doit trouver et se donner une raison d’exister, une raison qui sera unique et singulière. Cette raison comble l’exigence existentielle. Sans ce sens, l’individu n’a pas de motivation suffisante pour vivre, et il aura un vide existentiel. ADLER V. FRANKL Sentiment d’infériorité et volonté de Recherche de sens (volonté de sens). compensation. L’individu est motivé par le besoin L’individu doit trouver un sens Conception d’appartenance sociale et de personnel, même dans la souffrance. surmonter l’infériorité. Souffrance liée aux échecs de Souffrance inévitable, mais peut être Relation à la souffrance surmonter les sentiments transcendée par la recherche de d’infériorité. sens. Contribuer à la société et établir des Trouver un sens à la vie, y compris But ultime relations sociales harmonieuses. dans des conditions difficiles. Aide à comprendre et à échanger les Utilise la logothérapie pour aider à Thérapie croyances erronées. trouver un sens dans la souffrance BERNAUD : présentation d’un dispositif collectif. Ce dispositif encourage à une réflexion sur les choix passés et futurs de l’individu, afin de faciliter l’appropriation du sens de la vie et du travail pour construire l’avenir personnel et professionnel. L’idée est d’analyser les trajectoires et scénarios de vie signifiants en se penchant sur les dimensions rétrospectives et prospectives des valeurs existentielles. L’approche est en collectif, se basant la force du groupe pour atteindre l’objectif. Bernaud met en évidence certaines caractéristiques de cette force du collectif : - Le sentiment d’appartenance, de validation ou de soutien Année 2024-2025 24 - La diversité des perspectives – la diversité stimule la réflexion et offre des perspectives variées sur les défis et les opportunités - La stimulation cognitive et créative – l’interaction avec autrui encourage la réflexion et la génération d’idées - La responsabilité sociale et la redevabilité – être membre du groupe motiverait les individus à honorer les engagements pris envers soi-même et envers les autres - La réduction de l’isolement et de la solitude Le dispositif collectif de Bernaud se présente en modules : Module 1 Dans un premier temps dans cette rencontre du groupe, l’objectif est d’établir les bases de confiance et de favoriser une atmosphère propice à l’interaction. Le non-jugement est mis en avance, l’intérêt commun du groupe l’est aussi. Les individus sont amenés à parler sans directivité. Les animateurs ne mènent pas la conversation, ils ne font que la faciliter. Module 2 L’objectif de ce second module est d’analyser les valeurs principales de l’existence pour définir les priorités de vie. Les raisons d’être ; les objectifs de sa vie avec des questionnaires ou simplement par restitution verbale. En déterminant les valeurs et d’où elles viennent, il est possible de révéler ce que l’individu veut vraiment et quelles sont ses valeurs, et de les opposer à ce que l’individu pense vouloir par pression ou transmission sociale. A ce niveau, les valeurs sont classées par SCHNELL en 4 catégories : - La transcendance de soi – religiosité, spiritualité, union avec la nature, engagement social, serviabilité - La réalisation de soi – individualisme, challenge, pouvoir, développement personnel, réussite, liberté, connaissance de soi - L’ordre – rationalité, valeurs morales, maintien des traditions, pragmatisme - Le bien-être et communauté – l’humour, l’hédonisme, l’écoute des autres, l’amour, le contact social Module 3 Dans le troisième module, le but est d’analyser les supports artistiques pour engager une réflexion sur l’histoire de vie et les conceptions de la vie, ainsi que de se décentrer du soi pour enrichir ses représentations. Module 4 Le but est d’intégrer la place et la signification du travail dans la dynamique de vie. Ici, le sens et les valeurs du travail sont soulignés, et sa place dans les domaines de la vie est mis en avant. Par un questionnaire suivi d’une discussion guidée où des points de vue sont mis en avant, les compromis opérants au sein du travail sont révélés, ainsi que le niveau de satisfaction (ou d’insatisfaction) et la cause de ce niveau. Module 5 À ce niveau, la scénarisation de parcours futurs est faite. Les individus sont poussés à faire une autobiographie de leur carrière future en intégrant les aspects personnels et extraprofessionnels dans la vision de leur vie, et en intégrant les valeurs mises en lumière précédemment. Ils sont amenés à élaborer deux scénarios, en tenant compte des opportunités de vie possible (positifs ou négatifs) susceptibles d’influencer les trajectoires. Année 2024-2025 25 Module 6 Ce module explore la thématique de l’art de vivre, à la fois sur le plan personnel et professionnel. Des idées et des actions visant à tendre vers une vie épanouissante sont générées en choisissant deux thèmes d’intérêt, et en imaginant des actions concrètes pour être en phase avec les thèmes. Module 7 En dernier lieu, les individus réalisent une synthèse individuelle du dispositif, en y figurant des apports personnels et des perspectives à venir. Chacun est encouragé à réfléchir sur le sens de la vie, et de le formaliser dans un écrit ou un film. Le film est ensuite présenté au groupe, avec des moments d’échange, de questionnement, de suggestions… Cela favorise une vision différenciée de soi et une reconnaissance de son identité et de ses aspirations par le collectif. Le sens du travail Le travail est sacralisé dans notre société. Il est fortement lié à notre identité et devient un lieu d’épanouissement personnel. L’emploi, c’est le travail considéré comme structure sociale, c’est-à-dire comme ensemble articulé des places auxquelles sont attachées des avantages et comme grille de distribution des revenus. C’’est le travail salarié dans lequel le salaire n’est plus seulement la stricte contrepartie de la prestation de travail, mais aussi le canal par lequel les salariés accèdent à la formation, à la protection, aux bien sociaux. L’essentiel est que chacun ait son emploi. De nombreuses études qui ont interrogé des individus hétéroclites montrent que le travail a une place de choix dans la sphère identitaire et dans le champ des valeurs personnelles. Comme disait JAHODA et FREUD avant elle, le travail est le lien le plus fort entre l’homme et la réalité. Le travail a donc eu une importance majeure à l’ère industrielle ; les évolutions les plus importantes, qu’elles soient sociales (par exemple les femmes qui militent pour le droit du travail) ou technologiques, mènent toutes au travail. Cependant, avec le temps, et encore aujourd’hui, on observe des décalages majeurs – les pays valorisent les diplômes et la technique ; les scandales financiers rendent le travail précaire et rare ; certaines formes de travail sont délocalisées dans des pays plus exploitables… Selon MÉDA, le travail aujourd’hui n’est plus aussi bienveillant qu’il ne l’était dans les années 80. On observe des travailleurs pauvres, des travails en intérim, des scandales financiers et sociaux à la chaîne, des taux de chômage extraordinaires… Avec le mal lié au travail, la valeur du travail dans la vie est questionnée ; vaut-il moins ou plus ? - La conjoncture socio-économique renforcerait le moins - La construction des identités sociales plaide pour le plus Le travaille donne sens à la vie. C’est une activité par laquelle une personne s’insère dans le monde, exerce ses talents, actualise son potentiel, crée de la valeur et un sentiment d’accomplissement/efficacité personnelle. La simplicité volontaire (sobriété heureuse) Ce courant propose d’adopter un mode de vie nouveau et de réduire sa consommation et ses impacts en vue de mener une existence davantage centrée sur des valeurs définies comme essentielles. Ces valeurs sont évidemment autres que le travail et la consommation. Ils prônent une attitude réfléchie dans les achats, à savoir : Année 2024-2025 26 - Une diminution de la consommation - Une attitude d’autosuffisance - Une attitude contre-matérialiste - Une attention particulière envers la protection de l’environnement Selon MORIN, il y a des variables conditionnelles au travail : - Des variables personnelles et familiales – la personnalité, le niveau de scolarité, les formations professionnelles… - Des variables sur l’emploi actuel et historique – l’occupation principale, la responsabilité d’encadrement, l’expérience de chômage, le prestige… Au-delà des variables personnelles et sociales, trois composantes du sens du travail sont à notées : - La signification – la définition du travail et la centralité (relative ou absolue) du travail dans notre vie - L’orientation – les fonctions du travail (ex : travail par obligation ou par droit) - La cohérence – le degré de consistance entre le soi et le travail Selon ces trois composantes, le travail aura un sens ou un non-sens. Ce (non-)sens aura un effet sur diverses choses ; la satisfaction au travail ; la motivation au travail ; l’engagement au travail ; la santé mentale ; le climat organisationnel… Ces attitudes modulent nos comportements – notre performance, notre absentéisme, les comportements déviants… Renvoie à l’importance +/- centrale du travail dans la vie par rapport aux autres sphères de la vie. SIGNIFICATION Centralité absolue : que faire si on a le choix de travailler ? Centralit

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