Synthèse 1 (1) PDF - Introduction aux médias et à l'information
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2019
Ivanna Da Silva Afonso
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This document is a lecture summary for a course on media and information. It covers the history of information and media, and discusses theoretical and practical concepts related to media. The document also discusses the etymology of informational terms including media and mass media.
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Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Introduction aux médias et à l'information Cours du 24/09/2019 Informations pratiques - Premières quinzaines de minutes de chaque cours : séance Q&A avec assistante - Examen à QCM...
Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Introduction aux médias et à l'information Cours du 24/09/2019 Informations pratiques - Premières quinzaines de minutes de chaque cours : séance Q&A avec assistante - Examen à QCM - Lecture obligatoire → pages dites aux cours ; chapitres à lire au fur et à mesure : 1, 2 (pas obligé, mais quelques pages sur télégraphe et mutation de la perception du temps et espace), 3 (objet de toute une leçon), 5, 6, 12 (commenté par Caroline Duschenne) Introduction - Notion d’information = notion faussement simple (pas seulement en rapport avec le journalisme) - Confessions sur le temps de Saint Augustin → tout sur le temps nous paraît à priori clair, mais si on cherche à le définir, le chercher, on n’a pas de réponse. (Même réflexion pour la notion du présent) - « L’information est le plus vicieux des caméléons intellectuels. » - Heinz von Foerster ➔ S’intéresse à la relation entre biologie et technologie ➔ Phrase : L’information n’est pas une chose, c’est un concept. (Notion d’« intellectuels ») ➔ L’information varie selon les domaines etc. (notion de « caméléon ») → domaine de la cybernétique s’est intéressé à l’information (lui apporte une « coloration » particulière) → spécialistes de télégraphes et téléphones → penser l’information comme un concept mathématique qui pourra être formalisée par une équation (cf. Roman Jakobson) ; variation aussi à travers de l’histoire ! ➔ Notion de « vicieux » : information est tj un peu insaisissable, demande de l’effort de l’esprit pour la saisir ➔ Information = concept variable, nomade (SDF) Livres passionnants : - 1719 : Daniel Defoe, Robinson Crusoé → notion d’« information » lorsque Robinson aperçoit des empreintes de pas humaines = information → qqch qui a un impact (angoisse, fureur de Robinson), peut prendre des formes extrêmement diverses ; élément symbolique - 1846 (?) : Alexandre Dumas, Le comte de Montecristo → va utiliser contre ses ennemis les pouvoirs de l’information (fait circuler et reçoit de l’information rapidement) ; va provoquer le processus de la faillite de l’entreprise de son ennemi par le télégraphe (fake news) ; notion de « codage » et « digitalisation » sous une forme fictive 1 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Plan du cours - Introduction : étymologie des mots « information », « médias », « mass-médias » - Première partie : brève histoire de ‘information et des médias - Deuxième partie : Conceptualisations théoriques de l’information - Troisième partie : Conceptualisations pratiques de l’information - Conclusion : information ou communication ? - Principe général du cours : articuler théories, pratiques et institutions relatives à l’information et aux médias dans le cadre d’une histoire et d’une sociologie de la communication - Livre : Médiamorphoses de Pascal Durand (+/- 5 chapitres pour cette année) ; NE PAS LE VENDRE PAR APRÈS !!! Introduction : étymologie des mots « information », « médias », « mass-médias » - Etymologie du verbe informer : Etymon latin : informare (« façonner », « donner une forme » et, au sens figuré, « se représenter dans l’esprit », « se faire une idée de ») ; XIIe siècle : enformer ; XIVe siècle : réfection d’après le latin : informer - Evolution sémantique 1. Informer : faire savoir quelque chose à quelqu’un (XIVe siècle : « infourmier que ») ; 2. Fixation et spécialisation du mot dans la langue judiciaire à partir du XVIe siècle : « conduire une instruction en matière criminelle » (synonyme d’instruire une enquête) ; 3. Au XVIe siècle, le mot reprend aussi le sens latin de « donner une forme » ; il est employé dans la langue philosophique. Informer : donner une forme sensible, en parlant de l’âme ou d’un principe spirituel ; 4. Au XXe siècle, le sens du mot s’enrichit sous l’influence du mot information. - INFORMATION : XIIIe siècle : sens judiciaire (« conduire une instruction ») ; XVIe siècle : prend également le sens de « renseignement que l’on obtient de quelqu’un » ; XVIe siècle : le mot d’informations au pluriel peut aussi désigner l’ensemble des connaissances sur un sujet donné (emploi rare dans ce sens jusqu’au XXe siècle) ; Seconde moitié du XIXe siècle : « action de prendre des renseignements » ; Après 1870 : « nouvelle » au sens journalistique, événement porté à la connaissance du public par voie de presse ; XXe siècle : « ensemble des nouvelles » et « action d’informer » (au sens journalistique) Années 1940 : apparition du sens scientifique, mathématique ; l’information est une grandeur dont l’unité de mesure sera le Bit. Sens consolidé par l’essor des technologies informatiques. A partir des années 1970, le mot informations au pluriel, et son abréviation familière, les « infos », désigne le « bulletin d’information », le « journal parlé ou télévisé », NB : Le mot informatique est forgé en 1962 par Philippe Dreyfus sur le modèle de mathématique ou d’électronique pour désigner la science (…cf. PP) - Nouvelles – News - Données – Data 2 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - Connaissances – Knowledge - Media et mass-medias Media: “1920s: short for mass media. […] A collective term for newspapers, broadcasting, and other vehicles of mass communication.” Au pluriel, media désigne “the form of communication, such as the presse, television, or radio, used to carry advertising, news and other information to large people; mass media”; … cf. PP - Différentes définitions cf. PP → media pour véhiculer des pubs - Mot media va s’éloigner de la notion de publicité pour s’approcher de la notion d’évacuation d’information ➔ cf. Marshall McLuhan, Understanding Media – The Extensions of Man: ➔ notion de “global village” Cours du 01/10/2019 Première partie - Brève histoire de ‘information et des médias Chapitre I.1 Aux origines de l’information - Nécessités vitales/phénomènes fondamentaux/archaïques pour une société : ➔ Savoir s’installer ➔ Se prolonger dans l’Histoire ➔ Besoin de décrire le monde et de le maîtriser → descriptions et récits peuvent devenir une sorte de science-fiction Claude LÉVI-STRAUSS (1908-2009) - Communication et information sont des éléments fondamentaux pour une culture ➔ Transmission d’infos - 3 besoins fondamentaux pour la société humaine : ➔ Survivre : assurer survie d’espèces, maintenir une organisation sociale p.ex. pour les mariages, tabou d’inceste (Les structures de la parenté, Claude Lévi-Strauss, 1949) ➔ Subsister : assurer l’alimentation d’un groupe → travail* ➔ Transmettre des messages : débouchent des institutions, les grands récits et mythes se transmettant de génération en génération → peuvent être confiés à une grande variété de support de média (papiers, paroles, arbres, murs, corps etc.) → quelques-uns sont durables, lourds : pyramides et autres monuments, murs etc. censés traverser le temps → peuvent être néanmoins fragiles : papyrus, tablette de cire, papier, parchemin → se répandent facilement, traversent l’espace → média qui traversent le temps, d’autres l’espace Histoire de l’écriture (pas besoin d’apprendre !) - 3300 : Tablettes sumériennes en écriture pictographique à Uruk (basse Mésopotamie) : le plus ancien témoignage d’écriture connu. - 3200 : Hiéroglyphes égyptiens. - 2800 : L’écriture pictographique sumérienne devient cunéiforme. → Exemple : dessin de poisson devient quelque chose de plus abstrait 3 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - 1300 : Alphabet phénicien (~ Liban) de 22 lettres-consonnes. - « 0 » : invention du papier en Chine Les premiers journaux - Rome, à la fin de la République (509-27 ACN) et sous l’Empire (1er siècle ACN – Ve siècle PCN) - Deux types de publications, recopiées à la main et écoulées dans tout l’Empire : ➔ ACTA PUBLICA (faits du public → sérieuse, politique) ➔ ACTA DIURNA (faits du jour → divertissement, profane, actualité au quotidien) - Journalistes à Rome : DIURNARII ou ACTUARII - Premier rédacteur en chef connu, protégé de Jules César (100-44 ACN) : Caius Salluste, directeur du Commentarius Rerum Novarum (Chronique des choses nouvelles/ de l’actualité) - Rome invente d’un côté le journalisme/presse, d’un autre la censure (cf. Auguste) - A la fin du Moyen-Âge : Facteurs politiques : communication organisée pour qu’ordre d’administration soit maintenu ; France, dès 1464 : première institution des relais de poste par Louis XI ; idée de tarifer le transport de ces messages (jusqu’au XVIIe : destinataire payait le tarif ; or beaucoup l’ont refusé ; puis, Velayer a eu l’idée de faire payer l’expéditeur) (*mot mail (anglais) renvoie au mot malle en français → malle de post) ; En Angleterre : 1er timbre- poste par le Ministre anglais Sir Rowland Hill Facteurs économiques : Grands banquiers, échanges commerciaux ➔ Une des grandes familles de banquiers : Les banquiers Függer ont mis en place un système d’information pour connaître l’évolution des régions avec lesquelles ils faisaient du commerce Facteurs technologiques : invention de l’imprimerie par Johannes Gutenberg → va révolutionner la production de l’écrit ➔ Avant : copies manuscrits (à la main) → lentes, extrêmement coûteuses (surtout si colories/calligraphies) ➔ Autour de 1450 : Gutenberg s’associe avec un banquier et un maître du métal et mettent au point des caractères mobiles en métal permettant la production d’ouvrages imprimés à l’aide de ces caractères mobiles agencés ➔ Invention du livre est déjà un facteur technologique (permet p.ex. des séries) → un des premiers livres/chef d’œuvres imprimé = Bible → élégance de la page, régularité, précision des traits ; les premiers livres ont la particularité d’imiter les manuscrits → Encore de nos jours, le média qui apparaît tend à imiter le média à remplacer. ➔ Répercussions : esthétiques, apparition de l’objet typographique (imprimé), culturelles (moins coûteux, plus facile à se procurer, plus accessibles à un nombre plus grand de lecteurs → l’écrit se répand, s’impose comme un vecteur essentiel du savoir, rapprochement du lecteur au livre → conséquences dans les études, l’humanisme vecteur = livre imprimé) et spirituelles [au début du 16e siècle : apparition de la prédication luthérienne = protestantisme, en faveur au retour à une foi purifiée → livre va être le vecteur privilégié → protestants prescrivent la méditation individuelle en lisant les textes 4 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 bibliques → doivent être accessibles à tous → violence entre directions que prenait la chrétienté, car demande de traduire la Bible, p.ex. en Allemand, Anglais, Français sans passer par le Latin → vulgaire pour les Catholiques ; de plus, Bible doit être accessible à tous (encore aujourd’hui, dans les hôtels protestants, dans les tables de chevet se trouve une Bible)] ➔ 1470 : installation des premières presses d’imprimerie à Paris ➔ Dès 1725 : distribution/vente par le colporteur de ▪ Occasionnels (brochures) : presse sérieuse (latin : relationnes) (Allemand : Zeitungen) (Avisi) (Gazzettas → en français, donnera gazette) ▪ Canards : presse plus populaire, lié à l’extraordinaire de la vie quotidienne ▪ Libelles : à caractère polémique ; conflits politiques (monarchie absolue et ses institutions) → naissance de la presse d’opinion, polémique, militante ▪ Colporteur : ne pouvait vendre que ce qu’il était capable de porter sur son dos ; limite du contenu vendu (pas contre le régime p.ex.) ; vendait des petits livres et des occasionnels/canards/libelles - Pour qu’un journal existe, il faut : ➔ Matière ➔ Matériel : feuille, papier etc. ➔ Principe de périodisme : doit revenir avec une échéance régulière Cours du 08/10/2019 Chapitre I.2 Emergence du journalisme moderne - Ce qui manquait : la périodicité : parution à échéance régulière, prévisible, selon un rythme de plus en plus rapide 1. La conquête de la périodicité - Le 1er imprimé à caractère périodique : l’ALMANACH → publication périodique annuelle, à partir de 1486 ; nombreuses formes, dans le monde entier, jusqu’à nos jours ; un des plus célèbres rédigé par Michel Nostradamus ; « calendrier » ALMANACH VERMOT, à partir de 1886 - But : permettre et soutenir la lecture de beaucoup de populations 5 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - Autre périodique : Mercurius Gallo Belgicus → parution annuelle (en latin) ; très large diffusion européenne (Mercure/Hermès : Dieu de la communication, carrefours etc.) - Premier mensuel à Augsbourg, 1597 - En 1605 : lancement d’un bimensuel : Nieuwe Tijdinghen/ Les Nouvelles d’Anvers - Premier numéro de la Gazette de Renaudot, hebdomadaire, considéré comme le premier journal quotidien par Théophraste Renaudot (1586- 1653) en France → phénomène de journal d’actualité et de concurrence entre les différents journaux - Prix Renaudot : prix littéraire - Théophraste Renaudot : né à Loudun, médecin, puis journaliste ; protégé de la dame de Medici ; en 1618, long voyage aux Pays-Bas → va ramener l’exemple du « journalisme » en France ; va ouvrir un dispensaire gratuit pour soigner les plus pauvres ; en 1628, institue un bureau d’adresse : petites annonces, services, vente et offre d’emplois ; en 1632, ce bureau publiera une feuille du bureau « Journal gratuit » qui recueille toutes sortes d’annonces ➔ Gazette étroitement liée au pouvoir (régime de Richelieu, ministre 1624-1642 ; Louis XIII 1617- 1643), or, Renaudot étant également protégé de Richelieu, aura le privilège de pouvoir publier son journal et cela exclusivement à toute autre personne → concurrence et une première pour la France, car journal va devenir comme une espèce d’« organe » pour le pouvoir politique ➔ Gazette telle qu’elle apparaît au premier temps est imprimé sur une colonne et sur 4 pages (entre 1000 et 1300 exemplaires) → que du texte, belle typographie, pas de titres → petites marges à côté : titraille et date ➔ Dès la fin de 1831, va passer à 8 pages ➔ Nouvelles sont imprimées à mesure qu’elles arrivent à la rédaction → tête du journal = informations les plus anciennes → pas encore un journal moderne, car non pas les nouvelles les plus récentes ➔ Forme va changer : s’imprime à la fin du 18e siècle sur 2 colonnes, entre les colonnes : filet ; provenance et date de l’information au- dessus de chaque article → rythme hebdomadaire devient quotidien ; proche de la cour sous la monarchie, sous Napoléon etc. → se donne des airs d’impartialité, mais soutient les souverains - Le journal des sçavans, Paris 1665, lancé par Denis de Sallo 6 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 ➔ Diffusion et divulgation du savoir - Première press people/populaire : Le Mercure Galant, Paris, 1672 → appelés les « nouvellistes » ➔ Objet du côté des « gens sérieux » de mépris - Jean Loret : produit de l’information, mais journal totalement écrit en vers et rimes : La Muze historique - Il faut s’imposer au rythme quotidien et à un intérêt à cette quotidienneté - Tout premier quotidien d’informations politiques et économiques en Europe est publié en Angleterre : The Daily Courant en 1702 (Londres) - A Paris, le premier quotidien politique Journal de Paris en 1777-1840, formé sur l’exemple anglais ➔ Page un peu plus structurée ➔ Quotidien ➔ Le premier dans l’histoire de la presse française à faire apparaître des rubriques - « Le quatrième pouvoir », par Edmund Burke (1729-1797) ➔ 4e pouvoir de la presse ➔ Expression lancée par Burke en 1787 7 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - La Révolution Française ➔ Non limité à 1789, mais est toute une période ➔ Au moins 5 étapes s’étendant de 1789 jusqu’à la fin de l’empire de Napoléon (Waterloo) ➔ Journaux se multiplient → choc diversifié, militant ➔ Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : un des articles : « La libre communication de la pensée et de l’opinion et un des droits fondamentaux de l’homme. » ➔ Journal de Marat : L’Ami du Peuple ➔ Jacques René Hébert : Le père Duchesne → radical et violent, même dans le vocabulaire ➔ 3 grandes catégories de journaux sous l’époque de révolution : Politique, économique, proche du pouvoir : Gazette nationale de France, Gazette de Paris, Journal des Débats et des Décrets, Le Moniteur Universel Les feuilles d’opinions révolutionnaires : Le vieux Cordelier, L’Ami du Peuple, Le père Duchesne Presse contre-révolutionnaire : Le Journal Politique, L’Ami du Roi ➔ Mettre en lien avec l’instauration d’un espace public, on fait usage public d’opinions, d’argumentation et de débats (cafés, salons, places publiques et journaux → vecteur en forme papier) (publié en 1962 par Jürgen Habermas, 18 juin 1929, Düsseldorf) ➔ Terreur lors du régime de Robespierre : feuilles d’opinions sont supprimés (donc contre- révolutionnaire aussi), seule subsiste la presse proche du pouvoir ➔ Le Moniteur Universel → Napoléon Bonaparte (1769-1821) → droit de timbre (fiscal) (→ notion de censure) → presse = instrument de pouvoir et de contrôle de la population Chapitre II : La « civilisation du journal » - Presse écrite = puissance considérable, car présence parmi le public, conquiert des électorats de plus en plus vastes, devient un univers professionnel en soi avec ses techniques/méthodes, collecte d’informations, ses styles → espace professionnel où on peut faire carrière de plus en plus ; tout cela se produit graduellement - Durant les 40 premières années du 19e siècle : processus de mécanisation et d’industrialisation → passe par un graduel abaissement du prix de vente de la presse, favorisé par les technologies (vente d’exemplaires de plus en plus nombreux) → révolution quantitative - Connexion étroite avec démocratisation → forme « papier » de l’avis démocratique - Retournement de situations politiques → époque contemporaine est turbulente, instable (1804 : institution de l’empire Napoléon I ; 1830 : rapides révolutions à Paris : Les Trois Glorieuses → Louis- Philippe d’Orléans prend le pouvoir → « monarchie de juillet ») - Villes comme Marseille, Londres, Paris, New York → mouvements d’urbanisation = facteur favorable au monde de la presse - Denis Diderot supervise la rédaction d'un des ouvrages les plus marquants de son siècle, la célèbre Encyclopédie - A l’époque : papier rare → invention d’une machine à chiffon → papier pas feuille par feuille, mais par bande → fabrication de papier à partir de chiffon → résistant dans le temps 8 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - Plus tard, fabrication de papier à partir du bois (pas résistant Figure 1 machine de Friedrich Gottlob Keller dans le temps comparé au papier de chiffon)→ machine inventée par Friedrich Gottlob Keller en 1840, perfectionnée par Henri Voelter en 1846 - En 1818, une encre d’imprimerie spécialement conçue pour les presses rapides - 1795, Presse métallique Stanhope → permet impression plus rapide - 1814, Presse à vapeur de Koenig → mécanisation de simples feuilles imprimées Figure 2 machine de Henri Voelter - 1860-70, presse mécanique de l’Américain Robert Hoe - 1883, Presse rotative d’Hippolyte Marinoni (4 poulies rotatives) - 1885, Linotype d’Ottmar Mergenthaler - Révolution de la presse passe par la révolution des transports → diffusion et distribution → invention du chemin de fer Figure 3 Presse à vapeur - Claude Chappe → invention du télégraphe → révolution du rapport du temps à l’espace ; invention se fait en 2 temps : ➔ 1er temps : sous Figure 5 Chappe et son télégraphe optique la révolution, Chappe propose un système de télégraphe optique → sur tours des collines, chapelles etc. → acheminement rapide de courts Figure 4 Linotype messages d’une tour à l’autre sous forme de « réseau » ➔ 2e temps : système de codage d’information → bras articulés vont composer des signes (92 signes) ➔ Plusieurs lignes à travers la France et ailleurs → « réseau » pour transmettre un message rapidement (Toulon – Paris → ~20min) ➔ Modifie le rapport du sujet à l’espace → perception de l’espace est modifiée, ainsi que celle du temps → accélération du temps (encore aujourd’hui, rapidité de la circulation d’information dans les réseaux sociaux) ➔ Nouvelle forme de « communauté sociale » → contact à distance entre télégraphistes → première « communauté virtuelle » ➔ Assurer le secret absolu de la communication (92 positions du télégraphe) par la possession exclusive des codes que pour les télégraphistes ➔ D’abord accessible à la communication privée (banques p.ex.), plus tard, accessible au public - Samuel F.B. Morse invention du télégraphe électrique en 1837 → fonctionnement par ouverture/fermeture d’un circuit électrique → code Morse - Dès 1903 : 1er message faisant le tour du monde en 9min 9 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - Style télégraphique développé et va se répandre dans la presse - Information dans une nouvelle dimension grâce aux télégraphes Agences de presse - Charles Louis Havas (1783-1858) fonde la première agence en France, Agence « Havas » en 1822 - En 1833 → informations sous la forme dépêches pour des journaux - « Critique » de Balzac sur l’agence Havas : « Le public peut croire qu'il existe plusieurs journaux, mais il n'y a en définitif, qu'un seul journal. Il existe à Paris, rue Jean-Jacques Rousseau, un bureau dirigé par M. Havas, ex-banquier, ex-copropriétaire de la Gazette de France, ex-coassocié d'une entreprise pour des licences accordées par Napoléon pendant le blocus continental. M. Havas a vu beaucoup de gouvernements, il vénère le Fait, et professe peu d'admiration pour le Principe ; aussi a-t-il servi toutes les administrations avec une égale fidélité. (...) M. Havas a des correspondants dans le monde entier, il reçoit tous les journaux de tous les pays (...) il donne à son lever au président du Conseil un petit bulletin universel parfaitement rédigé. (...)les journaux à leur insu, n'ont que ce que le premier ministre leur laisse publier. Puis M. Havas les traite selon la quotité d’bonnement. Il reçoit du ministère quatre mille francs pour un singulier service (..) M. Havas est le prête-nom du ministère (...) -Nous expliquerons plus tard quels sont les cuisiniers chargés d'épicer les plats, et vous verrez que le peuple que l'on dit le plus spirituel du monde est celui qu'on dupe avec le plus de grossièreté. » - Revue Parisienne, 14 août 1840 Cours du 22/10/2019 Chapitre 2 – La révolution « Girardin » - Emile Girardin a révolutionné la presse du 19e siècle → invention attachée à son nom - L’« Actualité » selon Balzac : Un des « mots à la mode » en 1830 : Examinons certains mots nouveaux, et prouvons… - Charles Philipon → caricatures (cf. Charlie Hebdo) exemple : « Les Poires » - Révolution « Girardin » : ➔ Emile Girardin c’est « fait un peu tout seul » ➔ Né en 1806 ➔ Commence sa carrière par un roman largement autobiographique (pas très frappant) « Emile » ; surtout par son engagement dans la presse qu’il sera continue ➔ Dès 1828 lance un journal hebdomadaire « Le Voleur » → publie articles parus dans d’autres journaux (d’où son nom) ➔ 1829 : très inventif, lance un journal « La Mode » (article de Balzac) → premier magazine de mode de l’histoire → ascension sociale et fortune d’Emile Girardin ➔ Se lance dans la carrière politique → élu député en 1834 10 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 ➔ Nouveau quotidien, 1er juillet 1836, Gerardin, ayant conçu la formule de ce journal avec ami Armand Dutacq (après concurrent), sort à Paris un quotidien appelé « LA PRESSE » → caractéristiques : pariant sur le bon marché (abonnement diminué de moitié (40 francs) par rapport aux autres journaux) ; atteindre un public plus large ; « La Presse » ne se vend pas au numéro, mais à l’abonnement ; idée de Gerardin pour baisser le prix, il faut trouver une compension → ouvrir le journal d’avantage à la publicité → journal = produit vendu 2 fois : une fois pour ceux qui veulent publier leurs publicités, une autre pour ses abonnés (19e siècle : publicités se concentrent à la 4e page du journal) → logique intéressante, car le journal est aussi un produit qui permet de vendre des lecteurs à des annonceurs → élargir lectorat → 2e idée forte mise en place : Il faut que le journal intéresse à un nombre beaucoup plus varié de lecteurs, journal plus transcende → idéal = journalisme d’informations, relativement impartial, relativement factuel → se donne comme enjeu de « pratiquer non pas la polémique des idées, mais la publicité des faits », or il ne va pas de soi qu’en 1836 le public ne veuille pas consommer une lecture politique → 3e idée : produit d’appel = roman feuilleton → au rez-de-chaussée du journal (bas de la 1ère page), il va proposé des fictions/romans découpés en épisodes palpitants, stimulant le désir du lecteur à connaître la suite et capter l’intérêt du public et de fidéliser ce public (Cf. Chapitre 6 de Médiamorphoses), en 1836, premier feuilleton roman La vieille fille → idée va être recopiée par beaucoup d’autres journaux → prix baissés → grandes carrières vont se développer, p.ex. celle de Eugène Sue et les Mystères de Paris, Le Juif Errant, Les Mystères du Peuple, porté par une certaine volonté de critique sociale ; Alexandre Dumas, Paul Féval → feuilletonistes deviennent incroyablement populaires et batissent des fortunes à travers ces romans → culture médiatique naissante caractérisée par un phénomène d’hybridation : journal + roman → journal produit des effets sur le roman, logique commerciale, car auteurs payés à la ligne ; ces journalistes-écrivains produisent des œuvres dont le suspens est lié à la parution du journal ; hybridation entre le régime de l’écrit → romanciers doivent écrire avec une telle vitesse, parfois avec des équipes d’écrivains collaborant, qu’on n’est pas loin d’une écriture automatique ; une sorte de rapport très étroit entre le producteur-romancier et le lectorat → travaille sous la pression d’un lecteur qui, s’il se désintéresse, change de récit ou la direction du récit → rétroaction extrêmement forte entre écrivain et lecteur ➔ Est-ce qu’il est déjà question de culture de masse ? Pas vraiment, car le public visé est surtout la bourgeoisie e - 2 temps de cette révolution : ➔ Feuilletons auraient influencé le sentiment de révolution du peuple ➔ Juillet 1850 : Amendement Riancey (taxe imposée aux journaux publiant des feuilletons, un centime par feuilleton) ➔ Février 1852 (quelques mois après le coup d’Etat du 2 décembre (Napoléon III)) : loi de suppression de la presse d’opinion (déjà sous Napoléon Ier) → essor subséquent de la presse d’évasion et de la petite presse 11 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Chapitre 3 La montée en puissance de la presse populaire - Hippolyte de Villemessant (1812-1879), directeur du Figaro → journal fondé en 1826, avant, journal satirique, plus tard, relancé par de Villemessant comme une presse bourgeoise ➔ Inventeur du genre « La brève » → ne pas faire des articles longs, mais des articles brefs pour une lecture rapide et ne pas lasser le lecteur - Moïse Polydore Millaud (1813-1871), banquier, fondateur du Petit Journal (1863) → passage de la presse à un régime industriel extrêmement développé et en régime culturel/culture de masse ➔ Particularités : Petit Journal, sous le titre → ligne rédactionnelle ; quotidien non politique, car beaucoup plus de chance d’un public élargi ; format raisonnable (45cm x 30cm) ; également petit par le prix → vendu au numéro Figure 3 Hippolyte de (kiosque, rue etc.) à un prix incroyablement bas (5 centimes) → met ce Villemessant journal à la portée à l’ensemble du lectorat → public visé non pas la bourgeoisie, mais le peuple, les classes populaires nouvellement alphabétisées ➔ Première matière = informations centrées sur la chronique judiciaire (grandes affaires, crimes etc.), d’autre part, le fait divers = petits faits qui dramatisent le quotidien du lecteur ➔ Deuxième matière = chroniques « bon-enfant » (bavardages etc.) assurées par un journaliste célèbre : Timotée Trimm ➔ Troisième élément : nombre d’exemplaires ➔ Grand succès = Début de l’Affaire Trottmann : massacre d’une famille entière Figure 4 Moïse Polydore ➔ Roman-feuilleton → auteurs : Millaud Pierre Alexis Ponson du Terrail (1829-1871) écrit Rocambole (1857-1870) (22 volumes) → favorable à l’ordre public, justice, police → Expression « rocambolesque » = histoire incroyable Emile Gaboriau (1832-1873) → considéré comme celui qui publie les premiers romans judiciaires (policiers) en France ➔ Autre caractéristique du Petit Journal : multiplie les publicités ➔ Vendu au numéro, part quotidiennement à la conquête de lecteur → « crieur de journaux » → propre publicité de son succès → effet de vitrine : passe également par photographies ➔ A partir de 1890 : régime plus fort → devient plus visuel → capacité d’impression extrêmement important, car images dessinées et coloriées → lors d’un accident ferroviaire p.ex. la photographie ne peut représenter que ce qui est arrivé avant ou après le dessin peut représenter l’accident, car le dessinateur peut le dessiner 12 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Emile ZOLA - « Le Lecteur du Petit Journal » en 1865 : va donner la parole au léctorat, image cynique du journal : « Je suis un bon enfant, une nature simple et droite, je veux être récréé honnêtement. Comme j’ai en moi tous les sentiments de l’humanité, je désire qu’aucun de ces sentiments ne soit blessé, comme je représente une société entière, je tiens à ce qu’aucun membre de cette société ne soit attaqué. »1 - Petit Journal va pratiquer le petit journalisme : recueil des petits faits divers des rues, tribunaux, du quotidien → fait divers = grande variété d’objets, qui tend à échapper aux grandes informations → résidu de l’information ; fait qui, le plus souvent intensément dramatisé, peut nous arriver à chacun de nous, nous intéresse, car peut nous arriver à nous (définition de Pascal Durand), semble tendre un miroir à la banalité du quotidien et au lecteur même ➔ Zola symbolise ce lecteur du journal Cours du 29/10/2019 Chapitre 4 « Âge d’or » de la presse et essor du journalisme d’information - Presse = puissance considérable - Public absolument phénoménal - 1880 : en France, ~ 3000 périodiques enregistrés → 1890 → 6000 périodiques vendus en kiosque, à la criée → Paris : 36 quotidiens en 1870 → 1890 : 152 quotidiens ; Tirages explosent : pour Paris → en 1800 : 36.000 exemplaires → 1870 : 1M → 1900 : 2M → 1914 : 5.500.000 - Taux d’alphabétisation se renverse à la fin du 19e siècle - Causes : ➔ Mécanisation de la production (impression, tirage à très grande vitesse, papier plus facile d’accès etc.) ➔ Puissance/développement du public → alphabétisation ➔ Suffrage universel (masculine) → intérêt pour la chose publique ➔ Loi : en 28 juillet 1880, loi de liberté de la presse (ne suppose pas qu’il n’y ait plus de délit de presse → poursuite en cas de diffamation, commentaires contre le pouvoir etc.) - Evolution en terme quantitatif et qualitatif → on voit l’information s’imposer (avec toutes les valeurs qui s’attachent) comme le critère définitoire du métier → journalistes vont tendre à se définir comme spécialistes de l’information 1 https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/27881/1/Le%20Lecteur%20du%20Petit%20Journal.pdf 13 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 (Cf. Chapitre 3 Médiamorphoses) Jules VERNES - Écrivain populaire - Ecrit l’épopée romanesque des ingénieurs - Michel Strogoff (1876) - Apparition dans ce roman d’un nouveau héros : le reporter ➔ Caractérisé par une passion et un sens subtil pour l’information : « Possédaient-ils un sens supplémentaire, qui leur permettait de voir au-delà de cet horizon limité auquel est borné tout regard humain ? Avaient-ils un flair particulier pour dépister les nouvelles les plus secrètes ? Grâce à cette habitude, devenue chez eux une seconde nature, de vivre l’information et par l’information, leur nature s’était-elle donc transformée ? […] L’Anglo-Normand, compassé, froid, flegmatique, économe de mouvements et de paroles, semblait ne parler ou gesticuler que sous la détente d’un ressort qui opérait à intervalles réguliers. […] si le Français était « tout yeux », l’Anglais était « tout oreilles ». En effet, l’appareil optique de l’un avait été singulièrement perfectionné par l’usage. […] L’Anglais, au contraire, paraissait spécialement organisé pour écouter et pour entendre. Lorsque son appareil auditif avait été frappé du son d’une voix, il ne pouvait plus l’oublier, et dans dix ans, dans vingt ans, il l’eût reconnu entre mille. » o Anglais = phonographe (or, inventé 2-3 ans après ce texte → Jules Verne = visionnaire ?) o Français = photographe o En 1876, Jules Verne fait, certes, du reporter un héros, mais les reporters sont encore moqués → assez peu digne du journalisme - Pierre Larousse sur le reporter : « Individu qui recueille des renseignements pour les communiquer aux journaux. […] raccoleur de nouvelles. La France doit à l’Angleterre ce type de journalistes à qui les jambes sont plus indispensables que le style. Ecrivains subalternes […] On peut dire que, chez nous, le « reporter » est un produit du Second Empire. Dans les dernières années de cet odieux régime, […], les « reporters » furent élevés à la hauteur d’une institution par les industriels de la presse à scandale. […] Le « reporter » est, en général, assez mal vu du public sérieux qui regrette de voir la nouvelle prendre une importance exagérée, et chasser du journal l’article sérieux, historique et critique. […] Le « reporter » est-il utile ? Oui, à notre sens. […] il faut un élément d’attraction qui rattache au journal, déjà si pâle, la partie indifférente du public. Cet élément d’attraction, c’est le « reporter » qui le fournit et, s’il reste dans de justes limites, il peut rendre de vrais services […] » Pierre GIFFARD - Reporter au Galois, au Petit Parisien, au Figaro, puis au Petit Journal - Fondateur de journaux sur le Vélo et l’Automobile - Publie en 1880 toutes sortes de romans : ➔ Le Sieur de Va-Partout, souvenirs d’un reporter → défense du personnage du reporter, rapport à la réalité, rapidité - Accueillit par des salves de protestations des presses sérieuses 14 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - Emile Zola : « Les journaux à informations sont des agents de perversion littéraire. […] contagion […] l’ennemi est dans la place » → valeur indigne des journaux d’informations ; vocabulaire de l’épidémie/ du mal (« contagion ») ; le petit reportage, l’information peu littéraire est entrain de se développer dans la presse ➔ Premier lieu commun : le reportage comme vecteur de contagion de la presse sérieuse par la presse populaire - Edouard Lockroy : « L’information, la nouvelle exacte ou inexacte, prend une place de plus en plus considérable dans les colonnes des journaux et le style télégraphique tend de plus en plus à remplacer celui des maîtres… Nous nous « américanisons » tous les jours… » ➔ Deuxième lieu commun : le reportage comme soumission de la presse française à un journalisme à l’américaine - Léon-Bernard Derosne : « L’intéressant, c’est la nouvelle, l’information, le télégramme, expédiés sur l’heure, et avec le mépris le plus parfait possible de la langue. » ➔ Troisième lieu commun : le reportage comme déclin de l’exigence littéraire et stylistique du journalisme français - Alfred Edwards et Sam Chamberlain lancent le quotidien Le Matin : « journal d’informations télégraphiques, universelles et vraies », qui deviendra à la fin du siècle l’un des plus gros tirages de la presse française ➔ Aspect avec symboles de télégraphe ➔ Articles politiques seront attribués à des journalistes différents ➔ Immense débat à l’époque, regardé avec beaucoup de méfiance → image même de l’ « américanisation » - Gustave Le Bon : « Quant à la presse autrefois directrice de l’opinion, elle a dû, comme les gouvernements, s’effacer devant le pouvoir des foules. […] Devenue simple agence d’information, elle renonce à imposer aucune idée, aucune doctrine. […] Les vieux organes solennels et influents d’autrefois, dont la précédente génération écoutait pieusement les oracles, ont disparu ou sont devenus feuilles d’informations encadrées de chroniques amusantes, de cancans mondains et de réclames financières. » ➔ Reportage est d’abord perçu en France comme une menace, puis, peu à peu, transformation vers une valeur → transformation en plusieurs temps : 1. Du « petit reportage » au « grand reportage » : Pierre Giffard : « Le grand reportage a son ombre, le petit reportage. Il a fallu commencer évidemment par l’un pour arriver àse rendre indiscutable dans l’autre […] [Les reporters américains] n’ont aucun sens artistique. Ce sont des machines à noter. Il s ne sont d’ailleurs ni écrivains, ni artistes, ni critiques. Il faut que nous autres, en France, nous soyons tout cela. » 2. La relève littéraire du reportage : Fernand Xau (reporter contemporain de Giffard) : « L’information […] doit certainement être la base du journalisme moderne mais en France, il nous faut quelque chose de plus. […] De là, deux nécessités : relever le reportage, en le confiant à des reporters de talent, et, en second lieu, faire une large place à la partie proprement littéraire. On en arrive ainsi à réunir deux journaux en un seul, puisqu’on a tout à la fois le journal d’information et le journal littéraire. » Hugues Le Roux : « L’ancien chroniqueur, l’homme d’esprit, de bons mots et de propos à bâtons rompus est détrôné par un écrivain moins soucieux de briller mais mieux informé des sujets qu’il traite : le reporter. […] La volonté du lecteur qui, depuis le mouvement naturaliste, professe pour le 15 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 document « vraiment vrai » un goût très vif, a tiré l’homme de cette obscurité où il végétait, sans lettres et accessoirement sans orthographe, le reportage remonte des bas-fonds du journal à la surface. » 3. Des « journaux à informations » à « l’Information » : Emile Zola : « L’Information […] la presse […] apporte autre chose, elle répand la lecture, appelle le plus grand nombre à l’intelligence de l’art. A quelle formule aboutira-t-elle ? Je l’ignore. On peut constater simplement que si nous assistons à l’agonie de la littérature d’une élite, c’est que la littérature de nos démocraties modernes va naître. » (1888) « la presse d’information » (1900) ➔ Restructuration de la presse : presse populaire et presse bourgeoise/de référence → plus tard : rupture de la digue produit par l’intrusion du reportage → presse va devoir se métamorphoser → à la fin du 19e siècle, presse d’opinion et presse d’information (d’un côté une presse politique, de l’autre une presse qui tend à informer, livrer des faits) MAIS l’information va traverser l’ensemble du champ → information = objet central du journalisme qui le distingue de l’écrivain p.ex. Jules HURET (1863-1915) - Reporter - Ensemble de reportages - Se rend auprès des principaux écrivains de son époque et recueille leur avis sur l’évolution de la littérature → Huret invente ainsi l’entretien/l’interview → il initie un genre spécifique du journalisme → journalisme a ses propres codes - Quatre grandes figures du grand reportage (entre littérature et enquête sociale) : Fernand Xau, Gaston Leroux (écrit un roman sur un reporter appelé Rouletabille), Albert Londres, Joseph Kessel Conditions sociales - Journalistes composent une sorte de petit monde avec des valeurs/codes du métier - Journalisme qui se développe voit une évolution de la figure du professionnel → à la fin du 19e siècle, on se lance dans le journalisme pour y faire carrière (avant : activité secondaire) ➔ Développement d’associations professionnelles → vont faire de plus en plus de distinction entre rédacteurs, typographes et journalistes (d’un côté les « ouvriers » /manuels, de l’autre les « intellectuels » qui cherchent les informations) - Communauté de journalistes devient de plus en plus nombreuse → tenter de définir les conditions d’entrée dans le métier → on va tenter de définir ce qu’est un journaliste entant que professionnel → débouche aux cartes de presse : être journaliste, ce n’est pas seulement écrire, publier, mais c’est également en tirer la majeure partie de vos revenus de vos activités professionnels Résumé - Le Temps (1861-1942) (héritier : Le Monde) fondé par Auguste Nefftzer, puis dirigé par Adrien Hébrard - Le Matin (1884-1994) fondé par Alfred Edwards 16 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - Le Journal ➔ Presses sérieuses (supprimées après la libération) - Apparition d’une mise en scène de l’information de type typographique → titre, texte en colonnes → objet visuel devient objet singulier (ne peut être confondu avec un magazine p.ex.) ➔ Grand exemple : L’Aurore – J’accuse… ! d’Emile Zola publié le 13 janvier 1898 sur l’affaire Dreyfus (1894-1906) → Alfred Dreyfus, accusé comme juif d’avoir transféré des informations des Français aux Allemands → Zola (et autres) s’engage pour Dreyfus, condamnant l’antisémitisme et l’injustice Cours du 05/11/2019 Conclusion 1. Grande presse d’infos repose sur un modèle économique mise au point par Emile de Girardin vendu aux annonceurs de publicité, puis aux lecteurs → accumuler succès économique et commercial → plus tard : concurrence des télévisions, réseaux sociaux etc. 2. La Grande Presse va reposer sur un objet/denrée/domaine = information → va être vécue, éprouvée, ressentie comme l’essence même du journalisme → élément/cœur même de la profession 3. Journalisme spécialisée autour de la notion d’information, va reposer su run idéal, une éthique, système de valeurs → idéal, principe de viser l’objectivité, l’impartialité du discours est donnée pour l’idéal du traitement de l’information → Distinction entre ordre des faits (news) et ordre du commentaire → commentaire doit être caractérisé comme tel (p.ex. par une rubrique exclusive, typographie particulière) 4. Méthodologie : les faits demandent à être recherchés, recueillis, collectés et surtout à être vérifiés, resourcés, recoupés → vérification au cœur du métier de journaliste 5. Va reposer sur des technologies : journaux, télégraphes, agences de presse 6. Journalisme va reposer aussi sur une esthétique, écriture, stylistique particulière → agencement typographique tend de plus en plus à distinguer la une de presse/journal à un livre (rez-de- chaussée, colonnes de texte etc.) → va aussi passer par la mise en place de genres particuliers (créés par et pour la presse) : le grand reportage international, politique, économique etc. ; enquête/investigation ; interview ; l’article de presse va reposer sur une construction journalistique du récit distingué de la construction littéraire du récit (histoire : la fin de l’histoire est à la fin journal : l’information la plus importante est dans les premières lignes → selon une « pyramide inversée » (essentiel du message est directement évacué, détails plus loin)) ; rhétorique particulière, ornementation du langage : (dans poésie, littérature : métaphore p.ex.) dans journalisme : formules ramassées (p.ex. « Washington » ou « l’Elysée » au lieu de « président ») 7. Ensemble de figures héroïques, visions mythologiques → p.ex. grande figure héroïque du reporter → grande valeur mythologique = idéal de la profession → pas seulement dans presse, mais aussi 17 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 dans littérature, bandes-dessinées (Tintin p.ex.) etc. ; journaliste = « homme du 4e pouvoir » → idéal qui structure l’imaginaire de la profession Deuxième partie - Théories de l’information Chapitre 1 – Trois concepts : « foule », « public », « masse » (Médiamorphoses Chapitre 1, p. 36-41) - Foule est un concept qui coule à travers tout le discours du 19 e siècle (cf. Emile Zola commentant le lectorat du Petit Journal) ➔ Conditions de la vie sociale s’en trouvent bouleversées - Au 19e siècle : intérêt de découvrir des lois de fonctionnement de la vie sociale (cf. chercheurs s’intéressant au 1er vers du poème Une passante de Baudelaire) ➔ Siècle de naissance d’une discipline nouvelle (1830) : Sociologie → va déboucher à la fin du siècle à des règles de sociologie introduites par Durkheim (« étudier le social par le social » - Merci M. Pirotte) Scipio SIGHELE - Italien - Initiateur de cette psychologie des foules - Publie La Foule criminelle (1891) → essai de psychologie collective → décrire des comportements de foules qui sont en fait des comportements criminels (insurrections, violence, révolutions etc.) → siècle de révolutions ➔ Traduit la peur de la bourgeoisie qui peut menacer de révolution à tout moment - Clé d’analyse = phénomène de suggestion : foules sont gouvernées par une espace de contagion des affectes, sous un pouvoir de meneur qui échauffe les esprits → promiscuité des corps qui avec le contrôle d’un meneur peut conduire à ces comportements criminels - Va étendre cette problématique à la presse : journaliste peut être vu comme un meneur pour son lectorat, sa « foule » - Va faire débat auprès d’un psychologue, Gustave Le Bon Gustave LE BON et concept de « foule » - Ses travaux portent d’abord sur la psychologie des peuples, pour lui, il y a une âme des peuples, âme des « races » → convient de les protéger de tout mélange → conception très fixiste → selon lui, il y aura une hiérarchie des races (d’abord : homme blanc, puis femme et enfant) - Plus tard, publie Psychologie du socialisme - A côté de cela, il est théoricien et apporte un élément de base pour la psychologie sociale : Psychologie des foules (1895) → relais en France de l’ouvrage de Sighele La foule criminelle ➔ Découvrir le phénomène de foule ➔ Extraits : « Âme collective […] Elle forme un seul être et se trouve soumise à la « loi de l’unité mentale des foules ». » → Sens psychologique du mot « foule » → a sa vie propre et exerce ses influences propres « Diverses causes déterminent l’apparition de ces caractères spéciaux aux foules, et que les individus isolés ne possèdent pas. La première est que l’individu en foule acquiert, par le fait seul du nombre, un sentiment de puissance invincible […] le sentiment de la responsabilité, qui retient toujours les individus, disparaît entièrement. Une seconde cause, la contagion, intervient […] Dans une foule, tout sentiment, tout acte est contagieux, et contagieux à ce point que l’individu sacrifie très facilement son 18 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 intérêt personnel à l’intérêt collectif. […] Une troisième cause […] la suggestibilité » → « suggestibilité » → meneur qui a une certaine emprise sur le reste de la foule « [Les] observations les plus attentives paraissent prouver que l’individu plongé depuis quelque temps au sein d’une foule agissante, se trouve bientôt placé – par suite des effluves qui s’en dégagent, ou pour toute autre cause que nous ne connaissons pas – dans un état particulier, qui se rapproche beaucoup de l’état de fascination où se trouve l’hypnotisé dans les mains de son hypnotiseur. […] Donc, évanouissement de la personnalité consciente, prédominance de la personnalité… (cf. dia) Gabriel TARDE et concept de « public » - Magistrat, criminologue - En 1890, publie Les lois de l’imitation : pour lui, un groupe social d’individus est un groupe pour autant qu’ils sont en train de s’imiter ( idée de Durkheim) → psychologie sociale plutôt que sociologie - L’opinion et la foule publié en 1901 ➔ Extrait : « La foule est le groupe social du passé […] Elle est, sous toutes ses formes, debout ou assise, immobile ou en marche, incapable de s’étendre au-delà d’un faible rayon […] le public est indéfiniment extensible, et comme, à mesure qu’il s’étend, sa vie particulière devient plus intense, on ne peut nier qu’il ne soit le groupe social de l’avenir. Ainsi s’est formée, par un faisceau de trois inventions mutuellement auxiliaires… (cf. dia) ➔ Selon Le Bon, la foule est actuelle (à son époque) Tarde : « La foule est le groupe social du passé » ➔ Pour Tarde, le « public » est une sorte de foule virtuelle, communique une pensée de grands nombres, mais sans forcément être ensembles, en contact ➔ Va définir ce qu’est « l’actualité » → une sensation, un sentiment → ce à quoi s’intéresse un plus grand nombre de monde ➔ Extrait : « analysons bien cette « sensation de l’actualité » qui est si étrange et dont la passion croissante est une des caractéristiques les plus nettes de la vie civilisée. Ce qui est réputé « d’actualité », est-ce seulement ce qui vient d’avoir lieu ? Non, c’est tout ce qui inspire actuellement un intérêt général, alors même que ce serait un fait ancien. […] En somme, la passion pour l’actualité progresse avec la sociabilité dont elle n’est qu’une des manifestations les plus frappantes » ➔ Pour Tarde, le développement du public est un facteur de rationalisation de la vie sociale, apaisement, sociabilité de plus en plus large et virtuelle Serge TCHAKHOTINE (1883-1973) - Biologiste allemand, d’origine russe, disciple de Pavlov (auquel est dédié l’ouvrage) - Publie La viol des foules par la propagande politique → effets très puissants de la propagande sur la « masse » ➔ Censuré 2x : 1. Par le ministre français craignant que cela ne nuise à la relation France- Allemagne, 2. Destruction de l’ouvrage ➔ Extrait : « Le Bon, dont les idées ont fait école dans la sociologie moderne, a tendance à attribuer aux foules tous les maux dont nous souffrons, et à faire retomber sur elles toute la responsabilité des déboires de la vie politique et sociale de notre époque, qu’il nomme « l’ère des foules ». […] on n’est guère persuadé que l’opinion de Le Bon ne lui ait été dictée par un parti pris et par une exagération de l’influence réelle que l’activité des foules peut avoir sur la 19 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 vie des Etats. […] Ce qui caractérise, en vérité, l’époque où nous vivons, est plutôt une décroissance de l’influence réelle des collectivités sur la vie publique… (cf. dia) ➔ Il faut distinguer entre une masse et une foule → une foule est tj une foule, mais une masse n’est pas tj une foule, car elle n’est pas tj rassemblée → Extrait : « Une foule est toujours une masse, tandis qu’une masse d’individus n’est pas nécessairement une foule. La « masse » est généralement « dispersée topographiquement », les individus qui la forment n’ont pas de contact immédiat, corporel, et ce fait, du point de vue psychologie, la distingue sensiblement de la foule. » ➔ Selon Pascal Durand, la « masse » est définie par : Nombre considérable de spectateurs, lecteurs etc. Nombre considérable de média de masse/mass media (cinéma, tv, radio, téléphone etc.) Public qui, d’une certaine manière, transcende les différentes classes (d’âge, de sexe, sociale, nationalité, professionnel etc.) → traverse les cloisons sociales, va au-delà des intérêts de scolarité, sociaux etc. (Cf. Médiamorphoses : métaphore de l’HLM → finalement, mauvaise métaphore, car loyers différents → meilleure métaphore de « l’embouteillage » : tout le monde est bloqué, tout le monde cohabite dans le même événement (« la Porsche cohabite avec la petite Twingo ») Cours du 12/11/2019 - CBS 30 octobre 1938 → adaptation radiophonique du roman de Herbert Georges Wells, War of the Worlds1 - Orson Wells adapte cette guerre comme s’il s’agissait d’un bulletin spécial d’émission → illusion d’un reportage en direct sur les lieux de l’invasion extraterrestre - Emission va faire rapidement le standard de relais - 31 octobre 1938 : La Une des The New York Times → décrit des scènes de panique - 4 novembre 1938, Paris-Soir parle d’un speaker américain affolant des milliers d’auditeurs - Au niveau universitaire : The Invasion from Mars, a study in the psychology of panic, de Hadley Cantril (assistance par Hazel Gaudet et Herta Herzog) → émane d’une équipe de recherche dans le monde de l’université et de la radio → projet de recherche basé à Princeton, Princeton Radio Research Project (1937) → va accréditer scientifiquement l’idée qu’une panique considérable a été causée auprès de milliers d’auditeurs ➔ Doutes : Orson Wells adapte le roman dans une série journalière → une fois par semaine, un extrait dans la radio → 17e épisode (avait déjà adapté d’autres romans comme Dracula, Oliver Twist etc.) → Comment les gens ont pu croire, après tout cela, que ce serait réel ? Emission commence par un générique annonçant l’adaptation du roman → revendiqué en disant que « les gens avaient zappé » lors d’une interruption publicitaire ; seraient tombés au milieu de l’action → assez douteux, car aucun témoignage de la panique n’existe, même si quelques auditeurs auraient téléphoné pour savoir si c’était réalité ou illusion Image d’un public irrationnel, émotionnel, incapable de distinguer la réalité de l’illusion - A la fin des années 1930 : question de l’effet des mass média 1 https://www.youtube.com/watch?v=Xs0K4ApWl4g 20 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 ➔ Facteur technique : entre-deux-guerres : technologie explose, une masse plus considérable est touchée ➔ Facteur historique/politique : période (en Europe) où s’installent des régimes tyranniques → montée de la propagande → utilisation forte des moyens de communication de masses ; mode de propagande lors de l’entre-deux-guerres → pas de notion négative, mais neutre (peut être mise au profit des valeurs démocratiques) ➔ En particulier aux USA : deux demandes contradictoires du côté industriel/politique et intellectuel : 1. Vérifier l’efficacité des campagnes (réelle influence sur les électeurs et consommateurs) 2. Emane d’un certain nombre d’intellectuels, s’intéressent au phénomène de propagande et s’inquiètent de leur efficacité → risque de limiter la liberté, déposséder de la volonté individuelle et du libre arbitre ➔ Facteur scientifique : lié au développement et au succès de 2 modèles psychologiques : 1. Réflexe conditionné/conditionnel, d’un médecin russe, Ivan Petrovitch Pavlov → travaux sur le conditionnement (en particulier d’un chien de laboratoire) → si on associe une idée (nourriture) à un son, à un moment donné, le chien commencera à baver non plus qu’en voyant la nourriture, mais on entendant le son ; 2. Psychologie behavioriste, lancé par John Broadus Watson, va redéfinir la psychologie comme une « science du comportement observable, sans se préoccuper de ses contenus de conscience, de ses processus mentaux, de ses motivations, idées etc. » → Tout comportement, produit par un « apprentissage » et donc d’un « conditionnement » peut être décrit comme un réflexe répondant à un stimulus. Harold Dwight LASSWELL (1902-1978) - Propaganda Technique in World War (1927) (sur la Première Guerre mondiale) - Politics : Who Gets What, When, How (1936) - En 1948, article, “Structure et fonction de la communication dans la société » ➔ Synthèse de ses travaux ➔ Décrire l’acte de communication : Action, processus, pouvant se définir par 5 questions : 1. Who ? 2. Says what? 2. In what channel? 4. To whom? 5. With what effect? → Pense la communication essentiellement comme une action à visé persuasive, avec effet sur le public, l’ensemble des récepteurs ; à chacune des questions correspond un objet d’étude particulier et peut-être une démarche scientifique, analyses ➔ Fonctions de la communication selon Lasswell : 1. Surveillance de l’environnement de l’Etat ; 2. Coordination des différentes parties de la société dans leur réponse aux variations de l’environnement ; 3. Transmission de l’héritage social d’une génération à l’autre 21 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 ➔ Modèle repose sur une représentation des mass media = organisme capable de bombarder d’informations un public extrêmement vaste → public : individus juxtaposés, influencés → modèle hypodermique, comme si communication = injection dans l’esprit du plus grand monde ; mass media = armes d’information massive ; vision d’une communication linéaire → d’un émetteur à un récepteur (ligne unidirectionnelles) ; communication = instrument, porté par un but = contrôler l’opinion → nécessité (non négative) pour une société démocratique/non-démocratique - Années 40, quelques années après la guerre → nombreuses recherches sur la communication (conduites pendant la guerre de manière secrète) émergent (cybernétique ; théorie mathématique de la communication etc.) Carl Iver HOVLAND - Expérience pendant la 2e Guerre mondiale où il expose de nombreux soldats américains à des films de propagande et les interrogent sur leurs valeurs avant et après l’exposition → croyait que ces films intensément projetés produiraient des effets sur leurs valeurs/détermination/morale, et finit par remarquer l’inverse → peut-être que la communication de masse n’a pas tellement de pouvoir Paul Felix LAZARSFELD - Sociologue autrichien très connu - Immigre aux USA, New-York - En 1938, va être associé à Frank Stanton : chercheur travaillant au sein de la radio CBS, chargé de mener des recherches sur les auditeurs et leur satisfaction → programme de recherche sur la radio (Princeton) → Lazarsfeld à la direction de ce projet, va mettre au point une machine avec Stanton → L’analyseur Stanton-Lazarsfeld, en appuyant sur une manette, dire sa satisfaction ou non d’une émission → rapport d’intérêt que l’auditeur entretient avec le programme - Lazarsfeld à l’université de Colombia, devient titulaire d’une charge à cette université → y fonde un institut de recherche sociale appliquée, commanditée par l’Etat ou autres financements extérieurs → sondages, enquêtes, statistiques etc. ➔ Une des premières enquêtes importantes, sur une élection présidentielle : Franklin Roosevelt Wendell Willkie → étude des campagnes électorales, si les mass media ont contribué à porter le choix des électeurs → mise en évidence : messages n’exerceraient que des effets minimaux, opinions plus influencées selon les groupes sociaux p.ex. → Théorie des effets minimaux : nos opinions dont nous héritons p.ex. par notre famille, voisinage, éducation l’emportent sur les effets des mass media ➔ The People’s Choice: How the Voter Makes Up his Mind in a Presidential Campaign (1944) ➔ Tendance à la stabilité des valeurs/opinions → on se sent plus stable avec des opinions qui nous réconfortent Bernard BERELSON (1912-1979) - Travaille aux côtés de Lazarsfeld - Analyse du contenu : technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste de la communication ; s’oppose à une analyse littéraire et psychanalytique (cf. Freud) → Content Analysis in Communication Research (1952) → méthode toujours utilisée de nos jours 22 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Elihu KATZ (1926) - Lazarsfeld va mener une enquête dans la petite ville de Decatur avec 800 femmes de foyer interrogées sur leur consommation (produits choisis dans leurs courses p.ex.), mode, fréquentation des cinémas/choix des films, intérêt pour les affaires politiques → vérifier que les gens, dans leurs choix, semblaient d’avantage être influencées par leur environnement plutôt que par des mass media → vont demander à qui elles s’étaient référées pour ces choix → leaders/influenceurs d’opinion = canaux indirects des effets ➔ Civilisation moderne, qu’on croyait caractérisée par une masse, est encore constituée de petits groupes guidés par un leader d’opinion, et non pas des individus juxtaposés (comme l’affirmait Maxwell) ➔ Communication : modèle en deux étapes, Two-step flow model : communication/information se diffuse en e2 étapes : 1. Processus vertical, information émise par les mass media vers les leaders d’opinion, ceux-ci redistribuent le contenu dans leurs zones d’influence, par leurs réseaux individuels→ processus non plus vertical ; schéma a l’air de l’héritier de la théorie tardienne → accent sur l’interaction interpersonnelle, microsociale, pourtant contrebalancé par une notion de Le Bon : leader lié à la psychologie des foules (« il y a des meneurs, il y a des menés ») ➔ Ouvrage, Personal influence (1955), n’a été traduit en français qu’en 2008, titre français : « Influence personnelle » ➔ Masse est malléable, influençable Cours du 19/11/2019 Chapitre 3 Le modèle cybernétique - Modèle théorique né dans le domaine des technologies d’intelligence (intelligence artificielle) - La Tour cybernétique de Nicolas Schöffer (Liège, Parc de la Boverie, 1961 ; réinaugurée 2016) ➔ Conçue comme une sculpture, associée à une sorte de cerveau électronique/ordinateur, en contact avec la ville avec différents capteurs (température, courant du vent, de la Meuse) et les infos revenant pour modifier l’aspect de la tour → émettait des sons particuliers, prenait une certaine conformation ➔ Objet dont l’action est déterminée par un environnement et sollicite donc des actions de cet environnement ➔ Cybernétique a intéressé des artistes (bien au-delà des scientifiques/ingénieurs) Norbert WIENER (1894-1964) - Institution de Boston, MIT, Massachussetts Institute of Technology - Norbert Wiener y est professeur - Surdoué - Carrière scientifique → se rend en Europe pour achever ses études - Balistique = science des trajectoires - Fondation MACY va réunir des savants autour de la cybernétique - En charge d’un projet = élément déclencheur de ce nouveau modèle théorique ➔ Contrat pour l’armée américaine pour étudier les procédés susceptibles de rendre plus efficace les tires des FSA (missiles) → avion se déplace → visée ne peut pas être faite à un moment 23 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 donné, car cible se déplace → capable d’anticiper la position ; à bord de l’avion : intelligence humaine (pilote) ➔ Wiener et Julian Bigelow mettent au point un appareil nommé predictor, relié à un calculateur → machine enregistre les déplacements de l’avion, les mouvements de réorientation causés par les tires → prédire avec une grande probabilité le moment adéquat pour viser et tirer → adapter en fonction des tires antérieurs ➔ Ont doté une machine d’une intelligence → n’apparaît plus comme le seul attribut d’un animal ou être humain, mais également d’une machine ➔ Phénomène d’autocorrection → machine dotée du feedback (=rétroaction) ➔ Wiener a observé que sa machine est quelques fois prise de secousses → quand on essaie de les supprimer, elles s’amplifient → machine tombe en panne ➔ Arturo Rosenblueth affirme que ce phénomène existe également chez les êtres humains = purpose tremor (tremblement intentionnel) → machine peut être atteinte de défaillances/troubles analogiques à des troubles neurologiques ➔ Les trois hommes publient un article : « Behavior, Purpose and Teleology » dans Philosophy of Science (1943) ◼ Behavior = comportement (cf. behaviorisme) ◼ Purpose = but ◼ Teleology = finalité ◼ Objet de thèse a 2 buts : expliquer behaviorisme des objets, organismes, quel que soit leur nature ; expliquer concept de finalité o Comportement téléologique = gouverné par feedback o Feedback permet de réaliser la finalité de l’objet/organisme → dimension circulaire du modèle (exemple du thermostat et de la chaudière) o Feedback positif : continue la stimulation (p.ex. dispute : colère de l’un alimente la colère de l’autre) o Feedback négatif : arrête la stimulation (dispute : un des deux baisse le ton pour arrêter la discussion) o → Système s’autocorrige - Étendre concepts dans d’autres milieux → publication article - Fondation MACY : Gregory Bateson, Paul Lazarsfeld, Warren McCulloch, Margaret Mead, John von Neumann, Norbert Wiener et autres 24 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Alan TÜRING & John VON NEUMANN - Neumann : Physicien d’origine européenne vivant aux USA → enseigne dans l’université de Princeton ; participe au projet « Manhattan » : projet secret pour produire la bombe atomique ; schéma de base des ordinateurs modernes - Türing : savant britannique ; travaille dans le décryptage de messages → machine de Türing → calculateurs/ordinateurs (ENIAC) Figure ENIAC (Electronic Numerical Integrator Analyser and Computer) - Grey Walter a mis au point une machine = « la tortue de Grey Walter » → naissance des « robots » - En 1948 : publication de Cybernetics or Control and Communication in the Animal and the Machine, Norbert Wiener - Les choses sont rationnelles et relationnelles : se définissent par des relations et interactions - Cybernétique va se répandre et faire l’objet d’une médiatisation ➔ Dominique Dubarle (1907-1987), théologien, mathématicien, sera présent à la conférence MACY et sera le premier à rendre compte de l’ouvrage de Norbert Wiener → publiera un article 25 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 de vulgarisation : « Une nouvelle science : la cybernétique. Vers la machine à gouverner ? » dans Le Monde, 28.12.1948 → - 1950 : Wiener publie The Human use of human beings – Cybernetics and Society ➔ Texte d’un côté extrêmement pessimiste : révélation du système concentrationnaire du régime nazi (camps, génocide) = catastrophe, barbarie s’emparant de la rationalité → s’inquiéter de l’usage fou, criminel à l’échelle de l’humanité ; écrit son texte suite aux bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki (avait refusé de participer au projet « Manhattan ») → « Nous sommes, nous espèces humaines, sur une planète comme un naufragé sur un radeau. » → Tous les systèmes sont mortels, avancent vers la désorganisation = entropie ➔ Dimension d’optimisme technologique/utopie → cybernétique propose un modèle de communication capable de différer la finalité catastrophique ➔ Cybernétique est une espèce de matrice théorique, fondé sur une sorte d’utopie tendant vers le désordre = entropie (« Tout va finir par rentrer dans le désordre. ») - Ludwig von Bertalanffy va développer la théorie générale des systèmes ➔ Comment définir un système ? → L’antonyme du système c’est le « tas de choses », l’agrégat = désordre des choses → système additionne les choses dont il est composé, entretient ces choses → interactions/relations entre ces éléments, tel que chaque élément est défini par ce qu’il est et par le rapport qu’il entretient avec les autres → si on modifie un élément du système, le reste se modifiera également ➔ 2 types de systèmes : ◼ Ouvert : système qui échange des informations avec son environnement/autres systèmes et est capable de s’adapter à cet environnement/autres systèmes ◼ Fermé : système clos sur lui-même, n’échange pas d’infos avec son environnement → tend peu à peu à l’entropie ➔ Propriétés d’un système/systémie : ◼ Totalité structurale ◼ Celle-ci repose sur l’interdépendance des éléments ◼ Hiérarchisé (système et sous-système) ◼ Si ouvert, soumis à un principe d’autorégulation → échange avec son environnement ◼ Vise à l’équilibre/homéostasie, ouvert → capable de s’adapter ◼ Systémique : approche fondamentalement interactionnelle Cours du 03/12/2019 Chapitre 4 Théorie mathématique de l’information - Publiée la première fois en 1948, parallèlement à la cybernétique (modèle circulaire de l’information, retourne à sa source + feedback) - Théorie mathématique, sans être totalement séparée de la cybernétique, va proposer un modèle essentiellement linéaire, télégraphique, et va déterminer toutes sortes d’influences au sein du secteur (inspirera certains linguistes). Claude ELWOOD SHANNON (1916-2001) - Chercheur au Laboratoire Bell (1941-1972) et professeur au MIT (1958-1978), associé à Norbert Wiener 26 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - Travaille comme télégraphistes, durant la guerre sur la cryptographie (messages cryptés, codes secrets) - Dans le cadre de ses recherches (Labo Bell et MIT), va être saisi d’une problématique très technique : Calculer la capacité d’un canal d’information et de travailler à rendre la transmission efficace de signaux avec le moins de pertes possible. ➔ Résultat publié en 1948 sous forme d’un article intitulé Mathematical Theory of Communication, dans un journal associé au Labo Bell - Dès 1949, en cosignature avec Warren Weaver, l’article va prendre forme d’un livre → très largement diffusé - 1948, également l’année où apparaît l’œuvre sur la cybernétique ➔ Coïncidence témoigne de la question de la communication comme phare de nombreux domaines de la science ; le lendemain de la guerre, recherches conduites pendant la guerre viennent au jour ; compétition entre chercheurs - The Shannon-Weaver Mathematical Model (1949) ➔ Source d’information (=destinateur) confie un message à un système d’encodage/de transmission qui transforme le message en signal/signaux, puis à travers un canal, vers le décodeur/receveur → signal redevenu message atteint le destinataire ➔ 6e instance = source de bruit : lors de la transmission des signaux entre transmetteur et récepteur et pendant l’acheminement des signaux, des perturbations peuvent se produire ; Bruit technologique ; Bruit sémantique → éléments ne sont pas compris d’un pôle à l’autre (p.ex. utilisant un mot que le destinataire ne connaît) ➔ Que faire contre les phénomènes de bruit ? → Toute communication suppose, pour lutter contre ce phénomène, qu’un peu de redondance soit présente → soit en permanence dans les échanges de discours (même si un mot n’est pas entendu, celui qui écoute est capable de le rétablir selon le contexte p.ex.) → récurrence de mots et récurrence de la sémantique → exemple : « Le chat miaule. » → Redondance sémantique dans le verbe → contenu du sens comporte le contexte d’un félin, d’un chat → moins redondant si « Le chat crie. » ; redondance du singulier (verbe, article et nom) ; redondance sémantique, car sens d’animal dans le mot « chat » et « miaule » ➔ Mesure de la complexité d’un texte → Test de closerie : élimination de certains mots dans un texte, puis question : Quel mot s’y trouvait ? → Selon la facilité de trouver les mots manquants, le texte est plus ou moins complexe ➔ Capacité de canal : Le volume de l’information susceptible d’être transmis par un canal considéré → L’information est qqch qui doit pouvoir se mesurer/calculer pour Shannon ! et qui peut donc faire l’objet d’une évaluation en termes de capacité, d’accumulation de signaux Plus un événement/signal est prédictible, moins il contient de l’information. – Moins un événement/signal est prédictible/prévisible, plus il contient de l’information. Exemple : « La porte était hermétiquement … » → « fermée » → moins redondant, donc 27 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 moins d’information. « La porte est … » → plusieurs mots possibles, donc plus redondant, donc plus d’information. Plus l’apparition d’un signal est improbable, plus ce signal sera porteur d’information. Information appelée la mesure du degré d’imprévisibilité d’apparition d’un signal dans une suite de signaux. Exemples : en 2016, aux USA, élections présidentielles de Donald Trump → information de très grande puissance, car très imprévue ; imaginons que dans quelques mois, Macron annonce qu’il est candidat à sa réélection → information très probable, donc non puissante, s’il démissionne → très imprévue, donc information de grande puissance (Journalistes : « Un chien qui mord un homme n’est pas une information. Un homme qui mord un chien est une information. ») - Théorie mathématique de l’information : Soit une bibliothèque comportant un très grand nombre de livres de différentes couleurs. Si l’on cherche un livre en sachant qu’il est de couleur bleue, cette donnée réduit considérablement le temps de recherche du volume considéré. Et cette réduction du temps est d’autant plus considérable que le nombre de livres bleus est faible. Autrement dit, l’information… (cf. dia) Quantité d’information = I = log2N/n ou I=log21/p (p : probabilité d’apparition de l’événement informatif) → unité de mesure = BiT = Binary Digit (≠ Byte = 8 BiTs) → forme binaire = circuit fermé ou ouvert → Shannon entant qu’ingénieur de la télécommunication a dû penser ainsi Chapitre 5 Sémiologie de la communication - Ferdinand de Saussure (1857-1913) enseigne à l’université le cours de « Linguistique générale » = théorie fondamentale de la langue → cours sera édité en posthume par les étudiants pour réunir le contenu de pensées et publié sous le titre Cours de linguistique générale ➔ Dans ce cours, envisage une science nouvelle appelée la sémiologie : « On peut […] concevoir « une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale » ; elle formerait une partie de la psychologie sociale, et par conséquent de la psychologie générale ; nous la nommerons « sémiologie » (du grec « semeîon », « signe ») Elle nous apprendrait en quoi consistent les signes, quelles lois les régissent. Puisqu’elle n’existe pas encore, on ne peut dire ce qu’elle sera ; mais elle a droit à l’existence, sa place est déterminée d’avance. La linguistique n’est qu’une partie de cette science générale, les lois que découvrira la sémiologie seront applicables à la linguistique, et celle-ci se trouvera rattachée à un domaine bien défini dans l’ensemble des faits humains. » - Objet de la linguistique pour Saussure, c’est la langue qu’il distingue de la parole ; la langue = code, lexique, grammaire, syntaxe, vocabulaire et des lois → la langue codifie l’expression et est supérieure à l’individu, car est une institution sociale (individu ne peut modifier la langue, mais peut commettre des fautes) ; la parole = message → réalisation en discours d’un certain nombre de lois fixées dans la langue → parole n’est pas du ressort de la linguistique (parole fera l’objet de travaux très importants, entre autres, la pragmatique) ; Opposition entre phonologie et phonétique (dimension sonore) : phonétique s’intéresse à la prononciation, tonalité, accent etc. ; la phonologie s’intéresse à la tonalité de la langue, exemple : différence entre câble, table, sable → différents phonèmes ; 28 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Notion de signe : Aliquid per aliquo. → Une chose prise pour une autre. (Essentiellement les mots) → Le signe renvoie à une chose. → Séparation entre les deux, car la chose fait partie du monde du référent et du réel → le signe renvoie vers quelque chose de réel, la chose est donc le référent → Le rapport entre signifiant et signifié, cette association est dit « arbitraire » selon Saussure → il y a une décision, convention qui décide des noms → la chose « pipe » ne donne rien de part sa nature qui dit qu’on devrait la désigner comme tel. → Mot « cheval » a une forme acoustique et une forme graphique. → « Cheval » est donc à la fois un concept/idée est une forme associée à cette idée. ➔ Signe = Signifiant/Signifié Signifié = image mentale/concept du cheval ; or, tout concept est supporté par un matériel réel Signe est à la fois matériel et conceptuel, signifiant et signifié ➔ Signifiant implique un signifié et vice-versa (il n’y a pas de pensée sans des mots) ➔ Signifié : concept qu’on a dans la tête ; signifiant : l’objet matériel référant au signifié Charles SANDERS PEIRCE (1839-1914) - Met en place une autre théorie du signe, se basant sur une triade de concepts → Interprétant renvoie à un objet, un signe ; un signe renvoie à tous les autres signes de la langue 29 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 Charles MORRIS - Il faut qu’il y ait un signe, un mot renvoyé, mais également un code pour ce signe, ce mot → appareil de perception = interprétant ➔ Il n’y a de signe que pour quelqu’un. → Geste qu’on effectue par habitude et qu’on interprète d’une certaine manière, est interprété différemment par un autre individu Cours du 10/12/2019 ➔ Il n’y de signe que s’il rapporte à autre chose. → « Aliquid per aliquo. » ➔ Il n’y a de signe que lorsqu’il est perçu. → Pour être perçu, l’individu a besoin du code pour le percevoir - Onomatopée (« le coq fait cocorico ») → les onomatopées changent selon la langue (pistolet : français fait « bam », anglais fait « bang », italien fait « boum » dans bandes-dessinées) - Interjections changent également → « aï » en français devient « ouch » en anglais et « aua » en allemand 3 types de signe selon PEIRCE - Les symboles : renvoient à une chose en vertu à une convention pour lui-même - Les icônes : au sens d’image ; ressemble à ce qu’il désigne → rapport de ressemblance/imitation entre le signe et l’objet désigné (peuvent passer de l’abstrait à l’hyperréalisme) Exemple : → icône=signe renvoie vers le référant=homme/humain - Les indices : relève de la trace ; est un signe qui renvoie à l’objet en étant produit/ayant été produit par cet objet → rapport signe-objet désigné (fumée renvoie au feu → signe du feu) → Pour distinguer icône et indice : icône un peu plus arbitraire ➔ Si on dessine quelqu’un de manière très réaliste → icône, car dessin ; si on prend la photo de quelqu’un → indice, car photo → mécanisme de « réflexion » → signe produit par le référant/humain → indice Roman JAKOBSON (1896-1982) - Un des plus grands linguistes du 20e siècle - Né à Moscou et très jeune, se mêle au milieu de l’avant-garde 30 Ivanna DA SILVA AFONSO 2019-2020 - En 1915, fonde un cercle de réflexion = Le Cercle Linguistique de Moscou → réflexion très forte sur des œuvres d’art, plus spécialement des œuvres de littérature → Formalistes russes : Essence de l’œuvre littéraire c’est l’usage que cet œuvre fait du langage → exemple : Un rêve familier de Verlaine → contenu banal, mais langage particulier → côté forme est fort - En 1920, part en Tchécoslovaquie et fonde un autre cercle = Le Cercle Linguistique de Prague - En 1930, soutient sa thèse de doctorat - En 1939, il est exilé, car juif ; en 1941, immigre aux USA → va e