Science forensique générale: méthodologie PDF

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Université de Lausanne

2024

SA

C. Weyermann

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forensic science investigative methods trace analysis

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This document is a course support on forensic science methodology, created in 2024 by C. Weyermann. It covers topics such as trace analysis, detection, and investigation, focusing on forensic science methods.

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Science forensique générale: SA-2024 méthodologie SCIENCE FORENSIQUE GÉNÉRALE: MÉTHODOLOGIE La trace: Détecti...

Science forensique générale: SA-2024 méthodologie SCIENCE FORENSIQUE GÉNÉRALE: MÉTHODOLOGIE La trace: Détection et investigation C.Weyermann 1 Rappel: Je vous remercie de respecter la confidentialité et le copyright du matériel de cours. C.Weyermann 1 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie PRODUCTION DES TRACES https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0379073822000123 (principe 1 de la SD) 2 Rappel principe 1 : une activité et une présence produisent des traces qui constituent des vecteurs fondamentaux d’information. Source de l’image: Ribaux (2023) De la police scientifique à la trace – chapitre 4 (page 226) C.Weyermann 2 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie DÉCOUVERTES DES TRACES L’investigation de la scène de crime est une activité de diagnostic exigeant une expertise scientifique. Traduction proposée par Olivier Ribaux en page 252 de son livre (EPFL Press, 2023) https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0379073822000123 (principe 2 de la SD) 3 Le principe 2 de la déclaration Sydney traite de la découverte des traces au travers de l’investigation de la scène. Bien qu’on parle dans le langage courant de scène «de crime», l’investigation d’un décès peut également aboutir à la conclusion d’un accident. C’est pourquoi, on tend à éviter l’usage du mot «crime» lorsque l’on parle de l’investigation de la scène. Un cours dédié aux méthodes d’investigation sur les lieux est dispensé en fin de cursus. Seuls certains concepts clé, ainsi que les bases des raisonnements utilisés, seront abordés ici. Source de l’image: Ribaux (2023) De la police scientifique à la trace – chapitre 4 (page 226) C.Weyermann 3 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie DÉCOUVERTES DES TRACES Trace Signe Indice Roux et al. (2021) Shifting forensic science focus from means to purpose (…) Science & Justice 61 (6): 678-686. 4 Les traces sont recherchées, détectées puis collectées. Elles deviennent alors des signes puis des indices: Signe: La trace devient signe lorsqu’elle est reconnue comme tel et corrélée à une histoire, un contenu ou une expression. Le signe est une information jugée pertinente, mais sa signification peut encore être obscure. Par exemple, la trace de doigt sur une porte (elle peut appartenir à l’auteur ou à un habitant, elle peut être exploitable ou non, une empreinte de comparaison peut ou non se trouver dans une banque de données). Indice: Ce signe devient indice lorsqu’il apporte une signification, un élément de connaissance explicatif de l’histoire (avec un certain degré de force). Par exemple, le dessin d’une semelle de chaussure reconnue par l’investigateur comme étant similaire à des traces déjà détectées sur d’autres cambriolages. La trace devient alors un indice de lien potentiel entre plusieurs cas. P. Margot (2014) Traçologie: la trace, vecteur fondamental de la police scientifique. RIPCTS, Vol. 1: p.76. C.Weyermann 4 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie INACCESSIBILITÉ DE LA VÉRITÉ FACTUELLE La science forensique consiste à interpréter les traces qui ont été découvertes, observées et mesurées dans les conditions de l’asymétrie du temps. Traduction proposée par Olivier Ribaux en page 253 de son livre (EPFL Press, 2023) https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0379073822000123 (principe 4 de la SD) 5 Le principe 4 de la déclaration de Sydney traite de l’inaccessibilité de la vérité factuelle. Le passé est inatteignable et ne peut qu’être imaginé, c’est-à-dire reconstruit sous la forme d’une représentation de cette réalité inaccessible. Une fois que la survenance de l’événement inhabituel (par ex. un décès) est découverte, l’investigation de la scène débute. Il faut alors bien faire la distinction entre ce qui s’est passé (monde réel) et les raisonnements cognitifs qui visent à reconstruire ce qui s’est passé. L’événement ayant eu lieu dans le passé (asymétrie temporelle, t2 +Dt), il s’agit de le reconstruire à partir des traces détectées. Ce principe rappelle que le processus d’investigation comporte une part d’incertitudes non négligeable dont il faut tenir compte (les incertitudes sont mentionnées plus précisément dans le principe 5 de la déclaration). Source de l’image: Ribaux (2023) De la police scientifique à la trace – chapitre 4 (page 226) C.Weyermann 5 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie DETECTION Thinking is allowed! Comment repérer la trace pertinente? Comment la différencier du bruit de fond? https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0379073822000123 (principe 2 de la SD) 6 La détection, notamment durant l’investigation de la scène de crime, est l’une des étapes fondamentales de l’investigation. Elle nécessite une reconnaissance de la trace pertinente. Keith Inman et Nora Rudin rappellent que les scientifiques forensiques sont fortement encouragé.es à raisonner («thinking is allowed»). Le raisonnement critique est identifié comme l’une des compétences essentielles de l’investigation. Inman et Rudin (2001) Principles and practice of Criminalistics. CRC Press, page V. C.Weyermann 6 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie DETECTION Thinking is allowed! Comment repérer la trace pertinente? Comment la différencier du bruit de fond? https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0379073822000123 (principe 2 et 3 de la SD) 7 La formulation d’hypothèses sur ce qui s’est passé (contexte du cas) oriente la recherche de la trace pertinente. Nous approfondirons les formes de raisonnement qui alimentent le processus de reconstruction dans un second temps (en intégrant notamment le 3ème principe de la déclaration de Sydney). C.Weyermann 7 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie LA TRACE PERTINENTE La trace est pertinente si elle apporte une information utile dans un contexte donné. Notion de source -> association entre une trace et la personne ou l’objet à la source de cette trace, association entre traces Notion d’activité -> reconstruction de ce qui s’est passé Les deux notions sont liées et ne peuvent pas être entièrement dissociées durant l’investigation. Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat ESC Il est nécessaire de replacer la trace dans un contexte (hypothèses et questions de l’investigation) pour pouvoir la détecter. En effet selon le contexte spécifique, ce ne sont pas forcément les mêmes traces qui seront pertinentes. La notion de source est associée aux questions qui? quoi? La notion d’activité est associée aux questions où? quand? comment? avec quoi? avec qui? EXEMPLES: - Source: une trace papillaire permet potentiellement d’inférer l’identité de la personne qui l’a laissée - Activité: des traces de semelle permettent potentiellement de reconstruire un cheminement C.Weyermann Science forensique générale: SA-2024 méthodologie LA TRACE PERTINENTE Justice Preuve Signe Indice utilité large Trace (pertinence) (information) Investigation Renseignement Action de sécurité Roux et al. (2021) Shifting forensic science focus from means to purpose (…) Science & Justice 61 (6): 678-686. P. Margot (2014) Traçologie: la trace, vecteur fondamental de la police scientifique. RIPCTS, Vol. 1: p.76. 9 Extrait de Margot (2014) Traçologie (page 76): https://aiclf.net/revues/articles « La production de traces lors d'évènements constitue la forme la plus élémentaire de production de signes, mais la trace n'est pas un signe en soi. Elle ne devient signe que lorsqu'elle est reconnue ou admise comme telle et corrélée à une histoire, un contenu ou une expression. Le signe est une information jugée pertinente, mais sa signification peut encore être obscure. Ce signe ne devient indice que lorsqu'il apporte une signification, un élément de connaissance explicatif de l'histoire avec un certain degré de force (donc avec une relation probable entre l'effet observé et sa cause). La transformation de la trace en indice indique la reconnaissance de la pertinence de la trace pour, finalement, contribuer à expliquer un cas particulier. L'importance de la démarche indiciaire ne devrait pas se focaliser sur la seule preuve (un concept juridique), mais sur la collecte de l'information, la création du renseignement lorsque les crimes participent à des phénomènes sériels, organisés afin de les comprendre et de prendre des mesures d'organisation pour les résoudre. Cette dimension montre tout un pan d'exploitation qui, pour l'instant, demeure peu exploitée et incomprise au profit d'une dimension essentiellement probatoire. » L’indice peut servir des objectifs multiples (principe 7 de la déclaration). Il devient une preuve si il est utilisé dans une procédure judiciaire (il s’agit d’un concept juridique) ou renseignement si il est utilisé dans l’action de sécurité. C.Weyermann 9 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie TRACE → SIGNE → INDICE La trace, le signe et l’indice constituent des états distincts d’un même objet dont le facteur de distinction est la reconnaissance et la symbolisation (signification) de l’information véhiculée dans un contexte donné. Signification du signe? WC Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.206. Lorsque l’on se trouve dans un supermarché, une gare ou un aéroport, on recherche ce type de signe pour repérer les toilettes. Parfois un ascenseur peut aussi être indiqué de cette manière. Ce signe peut donc avoir plusieurs significations (selon le contexte dans lequel il est utilisé). Il peut aussi évoluer dans le temps (par ex. en lien avec un changement du contexte culturel). C.Weyermann 10 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie TRACE → SIGNE → INDICE La trace, le signe et l’indice constituent des états distincts d’un même objet dont le facteur de distinction est la reconnaissance et la symbolisation (signification) de l’information véhiculée dans un contexte donné. Signification du signe? Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.206. On utilise une jupe sur un pictogramme de personnage pour indiquer une femme. Bien que les femmes ne portent pas forcément de jupes ou robes, la signification de ce pictogramme est largement (re)connue. C.Weyermann 11 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie TRACE → SIGNE → INDICE La trace, le signe et l’indice constituent des états distincts d’un même objet dont le facteur de distinction est la reconnaissance et la symbolisation (signification) de l’information véhiculée dans un contexte donné. Hergé Signification du signe? © Martin Meissner / keystone-sda.ch Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.206. Mais il faut garder à l’esprit qu’une jupe ne signifie pas forcément qu’il s’agit d’une femme, d’où l’importance du contexte et du raisonnement. En science forensique, il faut toujours garder un esprit ouvert et éviter de donner trop de valeur à nos a priori (ou biais). C.Weyermann 12 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie CONCEPTS DE PERTINENCE ET D’UTILITE «Comment l’investigateur fait-il pour déterminer s’il a détecté une trace pertinente ? » le lien entre la trace et le cas est reconnu dans le contexte donné (la trace devient un signe). Le signe devient un indice lorsqu’il apporte une signification (avec un certain degré de force). Une/des informations sont extraites de la trace. Un indice peut apporter une information utile dans divers processus et objectifs (par ex. le jugement ou l’action de sécurité). Il peut alors devenir une preuve ou un renseignement. Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat ESC Extraits de la thèse de doctorat de Hazard (2014) La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique: https://www.unil.ch/esc/home/menuinst/recherche/theses.html - La pertinence est une connexion logique et adaptée entre l’élément, qu’elle qualifie, et une question d’intérêt dans un contexte donné. - La pertinence n’est donc pas absolue. Elle est temporelle et contextuelle, c’est une dimension conventionnelle relative et interprétée qui se doit d’être discutée. Hazard différence la pertinence factuelle (utilité absolue) de la pertinence appropriée (utilité relative). La seconde notion prend notamment en compte la relation «bénéfices- coûts». Certaines méthodes permettant l’exploitation du contenu d’information d’une trace sont en effet très coûteuses, et leurs utilisations ne se justifient donc que rarement (voire jamais). C.Weyermann Science forensique générale: SA-2024 méthodologie CONCEPTS DE PERTINENCE ET D’UTILITE Action Trace Trace liée au crime/délit (signe) Bitzer S. et al. (2015) Utility of the clue. Science & Justice. On-line. Lorsque le lien entre la trace et le cas est reconnu dans le contexte donné, la trace devient un signe. A ce stade, on ne sait pas encore si la trace apportera réellement une information utile et si l’investissement à fournir (ressources) se justifiera pour le bénéfice attendu (information). C.Weyermann Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EXEMPLE Pertinent ! ! !! ! ? ??? ! ! ! ? ? ?? ! 1010001 ? 0011010 0000100 Signification? Utilité de l’indice Mesurer la performance de la science forensique dans l’enquête Bitzer S. et al. (2015) Utility of the clue. Science & Justice. 15 Exemple de fraude informatique: Dans les cas impliquant l’usage d’un ordinateur, l’investigateur reconnaîtra que celui-ci pourrait contenir des informations utiles (il reconnaît l’ordinateur comme un support de traces pertinentes), mais ne sera pas forcément compétent pour en extraire l’information utile (par exemple les méta-données des fichiers). Ainsi l’investigation de scène de crime nécessite des connaissances de généralistes (reconnaissance de tout type de traces). Elle peut être effectuée en équipe pour les cas plus importants. Dans un second temps, l’extraction de l’information utile pourra être effectuée avec un spécialiste si nécessaire. Source des images: icônes ppt et collection personnelle C.Weyermann 15 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie CONCEPTS DE PERTINENCE ET D’UTILITE Action Trace Trace liée au crime/délit (signe) Extraction du contenu d’information Trace pertinente (indice) Bitzer S. et al. (2015) Utility of the clue. Science & Justice. On-line. L’analyse de la trace permet d’en extraire une information qui pourra potentiellement nourrir les processus d’investigation, de jugement ou l’action de sécurité (principe 6 de la déclaration de Sydney). La trace devient alors un indice. La trace et son potentiel informatif sont compris par l’utilisateur (par ex. l’investigateur), mais son utilité peut être limitée. C’est le concept de pertinence factuelle d’une trace. C.Weyermann Science forensique générale: SA-2024 méthodologie CONCEPTS DE PERTINENCE ET D’UTILITE Action Trace Trace liée au crime/délit (signe) Extraction du contenu d’information Trace pertinente (indice) Valeur ajoutée dans le cas particulier Trace utilisée (indice) Bitzer S. et al. (2015) Utility of the clue. Science & Justice. On-line. La trace est utile pour répondre à une question du cas (sans être redondante), ce qui justifie l’investissement à fournir dans sa collecte et son exploitation. C’est le concept de pertinence appropriée. En effet, plusieurs traces peuvent amener une information similaire, ainsi l’utilisateur choisira normalement la trace qui apporte rapidement l’information la plus fiable (et à moindre coût). Certaines traces qui pourraient apporter une information nouvelle, mais dont l’analyse demande un investissement considérable (temps, coût, expertise), ne seront pas collectées/analysées dans des cas de moindre gravité. C.Weyermann Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EXEMPLE trace de semelle sur le rebord de la fenêtre forcée qualité et position information apportée 1) Trace en lien avec le cas? 2) Contenu d’information? 3) Utilité de la trace? Bitzer S. et al. (2015) Utility of the clue. Science & Justice. 18 Exemple d’un vol par effraction (cambriolage): - Une trace est rapidement détectée sur le rebord de la fenêtre. Est-ce une trace de semelle? Peut-elle appartenir à l’auteur du vol par effraction? Quelle est son orientation (voie d’entrée ou de sortie)? - La trace est-elle exploitable (visibilité du dessin général, taille, position, orientation …)? Apporte-elle une information utile (par ex. reconstruction de l’action, identification de la chaussure à la source de la trace, lien entre cas)? - Si des images de surveillance vidéo et/ou un profil ADN sont aussi disponibles, le potentiel de cette trace diminue. Elle n’apporte plus forcément de valeur ajoutée (par ex. reconstruction de l’activité par les images, identification d’un auteur potentiel par le profil ADN). - La trace reste potentiellement à d’autres fins (lien entre cas, plusieurs auteurs). Ainsi, il n’est pas toujours possible ni souhaitable d’effectuer une sélection basée uniquement sur le concept d’utilité sur la scène (par ex. on ne sait pas encore si il y a des images de surveillance, ce qu’on voit sur ces images, si on a bien collecté une trace ADN exploitable et si celle-ci est pertinente). On prélève normalement toutes les traces jugées pertinentes dans le cas en question (signes) et c’est par la suite qu’une deuxième sélection sera effectuée. Par exemple, la décision d’analyser ou non une trace peut être prise au fur et à mesure que des informations utiles sont obtenues. C.Weyermann Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EXEMPLE gants Pertinent ? Utilité de l’indice Mesurer la performance de la science forensique dans l’enquête Bitzer S. et al. (2015) Utility of the clue. Science & Justice. 19 Exemple d’un vol dans un magasin: - Si l’argent est volé dans une caisse, on va logiquement rechercher des traces sur cette caisse (par exemple, des traces de doigts et/ou d’ADN). - Si on sait que l’auteur portait des gants, alors on ne retrouvera pas de traces papillaires, mais potentiellement des traces de gants et/ou d’ADN (trace de transpiration sur les gants). - S’il s’agit d’un brigandage (hold-up) et que c’est le caissier du magasin qui a manipulé la caisse sur demande de l’auteur, les traces sur la caisse pourraient être celles du caissier et des utilisateurs habituels de la caisse. Source des images: icônes ppt et collection ESC© (trace papillaire) C.Weyermann 19 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EXEMPLE Pertinent Pertinent Utile Identification (Utile) Utile Lien Utile Implication Utile Utile Utilité de l’indice Mesurer la performance de la science forensique dans l’enquête Bitzer S. et al. (2015) Utility of the clue. Science & Justice. 20 Exemple brigandage: Dans le cas où une trace papillaire a déjà permis d’identifier un suspect, il ne sera pas forcément utile d’analyser l’ADN prélevé sur les lieux (et inversement). Il faut savoir que l’analyse d’une trace ADN est généralement plus longue et plus coûteuse que celle d’une trace papillaire. La trace ADN est en revanche plus utile pour faire des liens entre différents cas (détection de séries), car une personne n’a en général qu’un seul profil ADN, alors qu’elle peut avoir dix doigts différents qui laissent des traces. Si l'on ignore le nombre d'auteurs ou si l'on suspecte l'intervention de plusieurs personnes, alors les deux traces (si elles ont été laissées par des personnes différentes) pourraient s'avérer utiles à des fins d'identification. Ces deux traces pourraient également être utiles pour reconstruire ce qui s’est passé (et inférer qui a fait quoi) ou pour établir des liens avec d’autres cas. Source des images: icônes ppt et collection ESC© (trace papillaire) C.Weyermann 20 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie QUEL EST L’INFORMATION UTILE? Indiquer un suspect (à la source de la trace) Indiquer une activité (ayant produit la trace) Exclure un suspect (qui ne peut être à la source de la trace ou de l’activité) Mettre en relation des évènements Désigner des lieux d’intérêts Reconstruire une chronologie … Ribaux O., De la police scientifique à la traçologie, EPFL Press, 2023 (chapitre 5) 21 Il faut avoir une idée du potentiel d’information de la trace pour être à même de reconnaître la pertinence. Ces fonctions élémentaires ont notamment été décrites par le Professeur Ribaux (2023) dans son livre sur la traçologie (chapitre 5, page 261 et suivantes) et sont discutées dans le cours «typologie» du Professeur Bécue. Il faut reconnaître ici que certaines traces sont très utiles pour confirmer l’identité d’un auteur une fois celui-ci appréhendé (par ex. l’ADN), alors que d’autres sont plus utiles pour trouver un auteur inconnu des services de police (par ex. une trace de semelle ou des images de vidéo surveillance). C.Weyermann 21 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie UTILITÉ DE LA TRACE https://www.youtube.com/watch?v=bsLbDzkIy3A (dernier accès Octobre 2023) 22 Exemple – Perspective investigative de l’utilité des traces de semelle et de pneu: En 2010, une femme est portée disparue au Canada. Les investigateurs trouvent rapidement des traces de pneus et une trace de semelle devant sa maison. Ces traces permettent d’identifier un suspect potentiel, le Colonel Russel Williams, arrêté lors d’un contrôle de police peu après les faits. Il conduit un véhicule dont les pneus présentent le même dessin. A ce stade l’ADN et les autres traces retrouvées sur les lieux ne permettent pas d’identifier un suspect qui serait connu des services de police (la comparaison avec les profils contenus dans les banques de données n’a donné aucun résultat). Russel Williams est interrogé par la police. Au cours de l'interrogatoire, on présente au suspect une trace de semelle provenant de la scène de crime. L’enquêteur lui montre également une empreinte des semelles de ses chaussures (celles que Russel Williams porte lors de l’entretien). Cette information, à ce stade préliminaire, a joué un rôle clé pour identifier un suspect potentiel, puis durant l’interrogatoire pour amener le suspect à indiquer où se trouvait le corps de la victime. Dès qu’un suspect est identifié, un profil ADN de comparaison, ainsi que des traces numériques (messages, photographies), peuvent être collectées et utilisées dans les processus d’identification et de reconstruction. L’interrogation de William Russel a été filmée et est disponible sur youtube: https://www.youtube.com/watch?v=bsLbDzkIy3A (information sur la trace de semelle à env. 35 min., dernier accès: Octobre 2023) C.Weyermann 22 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EN RÉSUMÉ Pour qu’un indice soit considéré pertinent et utile, l’information extraite de la trace remplit 3 conditions: 1) le lien entre la trace et le cas est reconnu. 2) la trace et son potentiel informatif sont compris par l’utilisateur. 3) la trace est utile pour répondre à une question du cas (sans être redondante), ce qui justifie l’investissement à fournir dans sa collecte et son exploitation. Bitzer S. et al. (2015) Utility of the clue. Science & Justice. On-line. 23 C.Weyermann Science forensique générale: SA-2024 méthodologie QUELLES SONT LES TRACES PERTINENTES? Trois images de cas vous seront présentées. Veuillez choisir 3 types de traces que vous rechercheriez plus particulièrement dans le cas en question (selon l’information que vous aimeriez obtenir). Observez bien les images avant de répondre. Source des images: Collection ESC – Le Théâtre du crime (Rodolphe A. Reiss) 24 Ces images prises par Reiss sont issues de cas réels: - Un cycliste renversé par une voiture. - Un cambriolage dans un magasin. - Une femme retrouvée sans vie dans sa maison. C.Weyermann 24 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie wooclap https://tagul.com/ 25 C.Weyermann 25 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie RECONNAITRE LA TRACE PERTINENTE Unité de lieu Unité de temps Unité d’action TRACES 26 Le concept d’unité de temps, de lieu et d’action guide la recherche de trace (détection) - Lieux, personnes et objets impliqués dans l’événement investigué - Moment du transfert - Action qui a provoqué le transfert C.Weyermann 26 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie LA TRACE DANS L’ACTION Renseignements qui indiquent un modus operandi (mode opératoire ou MO) Définition et hypothèses du crime Témoignage de ce qui n'est pas « à sa place » Points de contact 27 Exemples: - La victime d’un cambriolage indique ne pas boire de coca cola alors qu’une bouteille vide est retrouvée sur le comptoir de la cuisine. Cette bouteille pourrait avoir été laissée par l’auteur du vol par effraction. - La qualification d’un crime est réglementée par la loi. Par exemple, la différence entre un meurtre (art. 111) et un assassinat (art. 112) est précisée dans le code pénal suisse (https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/54/757_781_799/fr) Source de l’image: https://www.lenouvelliste.ch/articles/suisse/meurtre-pas-assassinat- selon-la-defense-534171 (dernier accès octobre 2021) C.Weyermann 27 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie LA TRACE DANS L’ESPACE Voie d'accès Voie de fuite Lieu(x) de commission Cheminement … Il faut également considérer l’environnement numérique. 28 Exemple: - Le corps sans vie d’une femme portée disparue est retrouvé trois mois plus tard dans une forêt. On pense qu’elle a été tuée dans son appartement, et qu’elle a été transportée dans une voiture. On va donc rechercher des traces dans la forêt, sur le corps de la victime, dans son environnement numérique, sur le trajet entre l’appartement et la forêt, … - Lors d’attentats, les lieux où les explosions ont lieu ne sont pas les seules scènes investiguées. Il faut notamment penser aux lieux où les explosifs ont été préparés. L’environnement numérique, y compris les images produites par des caméras de surveillance, est rapidement analysé pour localiser d’éventuels suspects. C.Weyermann 28 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie LA TRACE DANS LE TEMPS avant? pendant le crime? après? Asymétrie du temps TRACE PERTINENTE? préparation dissimulation gains 29 Exemple: - Un homicide a été commis avec un couteau. Le suspect confirme avoir utilisé le couteau, mais pas pour commettre le crime. Il dit avoir coupé du pain quelques jours auparavant alors qu’il rendait visite à la victime. Cette hypothèse explique la présence de son ADN sur le manche du couteau. C.Weyermann 29 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie LA TRACE DANS LE TEMPS Confusion des traces, persistance limitée Influence du temps et des activités ? Kind. The Scientific Investigation of Crime. 1987. page 55 30 Situer des traces dans le temps (dater) est souvent plus difficile qu’on ne peut le penser. Weyermann et Ribaux (2012) Situating traces in time. Science & Justice. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1355030611001031 C.Weyermann 30 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie TRACES NON PERTINENTES « Traces non pertinentes qui découlent d’autres activités que celle qui fait l’objet d’une recherche » Contamination: Ensemble des traces non pertinentes présentes sur un champ d’investigation. Bruit de fonds: Traces non pertinentes déjà présentes sur les lieux avant ou transférées après l’événement investigué. Pollution: Effacement/confusion des traces provoqués par l’investigation après le déroulement des faits. P. Margot (2014) Traçologie: la trace, vecteur fondamental de la police scientifique. RIPCTS, Vol. 1: p.77. 31 Les pollutions sont des contaminations qui peuvent être minimisées puisqu’elles sont provoquées par l’investigation. Ce concept est lié au contrôle négatif (voir support de cours 4). Exemples: - Protection de l’accès à la scène de crime pour éviter que des intervenants ne créent des nouvelles traces (notamment de semelles). - Port de gants, combinaisons et masques permettant de limiter les contaminations (notamment d’ADN). Le bruit de fonds ne peut pas être minimisé, mais peut être mesuré. Ce concept est lié au blanc de contexte (voir support de cours 4) Exemples: - Si un corps est exhumé pour déterminer si une personne a pu être empoisonnée à l’arsenic, il faut aussi mesurer la teneur en arsenic de la terre environnante (voir affaire Lafarge en 1840). - Les billets de banque en circulation sont généralement contaminés par une certaine quantité de cocaïne même s’ils n’ont pas été utilisés par des trafiquants ou des consommateurs. C.Weyermann 31 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie TRACES NON PERTINENTES Utilisateurs habituels Vie courante sur les lieux avant et potentiellement après l’évènement Visiteurs ou utilisateurs occasionnels Généralement avant l’événement Premiers intervenants Les policiers, secouristes, pompiers qui interviennent après l’évènement P. Margot (2014) Traçologie: la trace, vecteur fondamental de la police scientifique. RIPCTS, Vol. 1: p.75. 32 Les utilisateurs habituels peuvent témoigner d’un état « normal » ou habituel. Du matériel de comparaison des utilisateurs habituels et des premiers intervenants peut être collectés (par exemple des photographies des dessins de semelle de leurs chaussures). C.Weyermann 32 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie LIMITER LE RISQUE DE POLLUTIONS © Cyril Zingaro - KEYSTONE CRIME SCENE DO NOT CROSS 33 Il est très difficile de ne pas laisser ses propres traces sur la scène lors d’une investigation. Il s’agit donc de prendre les mesures nécessaires pour «fixer» l’état des lieux tel que découvert en début d’investigation et de limiter l'altération de la scène, y compris numérique. Exemples: - Des gants permettent d’éviter le transfert des sécrétions papillaires (y compris ADN) - Une combinaison permet de limiter le transfert de traces (par exemple des fibres), mais peut provoquer de la transpiration (gouttes de sueur contenant de l’ADN). C.Weyermann 33 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie FIXATION DE L’ÉTAT DES LIEUX Protection des lieux Enregistrement photographique Notes Croquis Emplacement des objets, personnes et traces … 34 La fixation de l’état des lieux regroupe l’ensemble des opérations permettant de conserver l'image du champ d’investigation tel qu’il est apparu aux investigateurs avant le début, puis durant, leur intervention. Le suivi de toutes les opérations effectuées sur les lieux, les objets saisis et les traces (emplacement, prélèvement, analyses, …) est documenté de manière systématique. Attention, l’investigateur de scène de crime est rarement le premier sur les lieux. Il est donc nécessaire de sensibiliser les premiers intervenants (gendarmes, pompiers, policiers, …) à la protection des lieux et la préservation des traces (mesures conservatoires, gel du site). L’investigation de scène n’est pas une suite d’opérations et de techniques qui peuvent être appliquées de manière identique sur chaque cas. Elle nécessite, avant tout, un raisonnement et une expertise scientifique s’apparentant à une activité de diagnostic. C.Weyermann 34 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie 35 Des croquis permettent de situer les objets, les traces ou les prises de vue photographiques effectuées sur les lieux. Ces informations sont particulièrement utiles pour garantir le suivi de « la preuve » et raisonner à posteriori sur la pertinence des traces collectées (notamment lorsque les personnes qui collectent les traces ne sont pas celles qui les analysent ensuite). C.Weyermann 35 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie COLLECTE DES TRACES Trace = spécimen 2 = collecte, prélèvement 1 ≠ échantillonnage image Margot (2014) Traçologie: la trace, vecteur fondamental de la police scientifique. RICPTS 67(1):72-97 36 On n’échantillonne pas la scène de crime, on collecte, saisit ou prélève les traces (au Québec, on les cueille). Une sélection est effectuée dans certains cas, lorsqu’une grande quantité de traces est retrouvée (par exemple, du sang ou des stupéfiants). C. Weyermann 36 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie LIMITER LE RISQUE DE POLLUTIONS Source de l’image: © Dom Smaz / Hans Lucas pour Le Temps (23 juin 2023) 37 Exemples: - Consulter des messages ou des images altère la «scène» numérique. On travaille généralement sur la copie d’un support numérique. - Des cages de Faraday sont utilisées pour éviter qu’un appareil saisi ne puisse être accédé à distance. C.Weyermann 37 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie PERTINENCE DES MOYENS Différents outils / technologie sont utilisés pour La fixation de l’état des lieux La recherche de traces Risque principal: raisonnement supplanté par les aspects technologiques. www.spheron.com 38 Il s’agit de respecter quelques principes de base dans le choix des méthodes qui sont appliquées (voir notamment le support de cours 4) et de ne pas oublier de raisonner dans le contexte du cas spécifique. C.Weyermann 38 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie DU NON-DESTRUCTIF AU DESTRUCTIF unitednuclear.com Révélation de traces latentes 39 On utilise dans un premier temps des méthodes optiques (non-destructives), puis dans un deuxième temps si nécessaire des méthodes destructives (par ex. chimiques.) Exemple: Lorsqu’on utilise un pinceau et de la poudre pour révéler une trace digitale, il faut se poser la question des risques de pollution. En effet, la poudre peut empêcher l’analyse de l’ADN, ou l’ADN d’une première trace révélée pourrait se transférer sur la poudre ou le pinceau, et contaminer ensuite une seconde trace révélée avec le même pinceau. C.Weyermann 39 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie DU GÉNÉRAL AU PARTICULIER Première étape: prendre un peu de recul et raisonner! 40 Une approche du général au particulier est essentielle dans l’investigation. Il s’agit d’avoir une vue d’ensemble avant d’entrer dans le détail (qui peut être mal compris ou inutile dans le contexte plus général). Lorsqu’une investigation piétine, il peut être utile de changer d’angle vue, de revenir au général, afin de considérer de nouvelles pistes (hypothèses et traces auxquelles on n’avait pas pensé jusque-là). C.Weyermann 40 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie QUE VOYEZ-VOUS? 41 Une ligne encrée? C.Weyermann 41 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie QUE VOYEZ-VOUS? 42 Une empreinte de pneu? C.Weyermann 42 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie QUE VOYEZ-VOUS? Girod et al. Traces de souliers. PPUR 2008 (p. 185) 43 Il s’agissait d’une empreinte de semelle encrée. Il faut replacer la trace dans son contexte pour être à même de la détecter et d’en extraire de l’information utile. La taille de la trace était ici cruciale pour l’évaluation de sa signification, c’est pourquoi il faut toujours placer une réglette et indiquer le grossissement d’une prise de vue ou d’un croquis. C.Weyermann 43 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie PERTINENCE DES MOYENS Ion Scan Chien Informations échangées avec le Prof. Esseiva Quel outil pour quel objectif? Exemple de recherches de traces de stupéfiants invisible à l’œil nu: - Le chien permet de scanner de très larges surfaces, mais ne parle pas – il n’y a donc pas d’information réelle sur ce qu’il a réellement senti. - L’appareil «ion scan» donne une indication de la substance détectée et de sa quantité, mais est généralement moins sensible et moins rapide. Nous discuterons des critères importants pour sélectionner des méthodes adéquates dans un prochain cours (voir support de cours 4). C.Weyermann 44 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie RECONNAÎTRE LA TRACE PERTINENTE wooclap https://tagul.com/ 45 Information pour accéder au wooclap (lien également sur moodle) C.Weyermann 45 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EST-CE UNE TRACE D'INTÉRÊT ? 46 C.Weyermann 46 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie QUE VOYEZ-VOUS? https://www.johannesstoetterart.com/ 47 C.Weyermann 47 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie DETECTER LA TRACE PERTINENTE Observer ≠ voir analyse du contenu et reconnaissance de l’information 48 Vous avez observé l’image, mais vous n’avez pas vu la trace représentée (par analogie, la signification de la trace) Voir = analyse du contenu et reconnaissance de l'information véhiculée par la trace. La différence entre observer et voir est basée sur le contexte particulier de la scène de crime et de l’investigation. C.Weyermann 48 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie QU'EST-CE ? 49 C.Weyermann 49 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie QU'EST-CE ? Comment avez-vous su ce que c’était? "L’œil ne voit dans les choses que ce qu’il y regarde Et il ne regarde que ce qui est déjà dans l’esprit" 50 Citation du Dr. Paul Richter dans le livre de Bertillon (1983) Identification anthropométrique - instructions signalétiques. 1893, Melun: Imprimerie administrative. C.Weyermann 50 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie OBSERVATION ET THÉORIE 1) La théorie nous permet d’observer des distinctions ou des trames (patterns) que l’on ne pourrait pas observer si l’on n’avait pas appris la théorie. 2) La théorie influence l’observation au sens où des adhérents à des théories contradictoires ne sont pas capables d’observer les mêmes choses. Esfeld, M. Philosophie des siences – une introduction. PPUR 2009 (p. 35). 51 L’observation est influencée par la théorie selon Hanson (Pattern of discovery, 1958). C.Weyermann 51 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie THÉORIE Il est nécessaire d'apprendre à voir le cube à trois dimensions dans le dessin à deux dimensions. Une fois que l'on a acquis cette capacité, on voit au sens propre du mot «voir» un cube à trois dimensions, bien que le dessin n’ait que deux dimensions. Esfeld, M. Philosophie des siences – une introduction. PPUR 2009 (p. 34). 52 Reconnaissance de la signification du signe (pattern) C.Weyermann 52 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EXPÉRIENCE Esfeld, M. Philosophie des siences – une introduction. PPUR 2009 (p. 35). 53 Extrait du livre d’Esfeld (2009) Philosophie des siences – une introduction. PPUR (p. 35). Dans cet exemple, on voit toujours l‘une ou l'autre des deux possibilités. On ne voit jamais d'abord des lignes, que l'on considère ensuite comme représentant soit une vieille femme, soit une jeune femme C.Weyermann 53 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie CONTEXTE Bruner & Minturn, 1955 http://figuresambigues.free.fr 54 La forme centrale est-elle un B ou un 13? Il peut être difficile de l’interpréter sans contexte, et le contexte donné modifiera bien entendu votre interprétation. C.Weyermann 54 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie FACTEURS INFLUENÇANT LA DÉTECTION Savoir Modèle SFE: Deux investigateurs Matrice de connaissance différents ne reconnaissent pas forcément les mêmes traces comme étant pertinentes. Pertinence Formation Expérience Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.206. Extrait de Hazard (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.206. Schéma illustrant la problématique liée à l’évaluation du concept de pertinence de la trace en science forensique par des personnes différentes. Celle-ci serait conditionnée par trois paramètres (le savoir, la formation et l’expérience) de telle sorte que deux spécialistes sur les lieux avec des bagages distincts SFE ne reconnaîtraient, ne détecteraient et ne prélèveraient pas les mêmes traces «pertinentes». Les trois paramètres ne sont pas considérés comme étant indépendants les uns des autres, ils se complètent et interagissent pour former une matrice de la connaissance et de la culture forensique. Le fait que des personnes différentes détectent des traces différentes démontre l’importance de la collaboration et l’échange d’informations pour retrouver un maximum de traces pertinentes dans un cas donné. C.Weyermann 55 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie CONTEXTE DU CAS Modèle SFE: SAVOIR → Disparités entre spécialistes ayant des savoirs/informations différents Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.206. Savoir: Toute information, liée au cas de près ou de loin, permettant d’appréhender le contexte du cas, susceptible d’être fournie à l’intervenant au moment de l’investigation des lieux. Constat: Les informations contextuelles sont importantes et peuvent modifier notre perception de ce qui est pertinent. Voir notamment à ce sujet le 7ème principe de la déclaration de Sydney et la notion de biais cognitif. Sources des images: icône personnelle C.Weyermann 56 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie THÉORIE Modèle SFE: FORMATION 1010001 0011010 0000100 → Disparités (complémentarité) entre spécialistes de formations différentes Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.206. Formation: Cursus initial en science forensique suivi par l’investigateur (par ex. police ou université) Spécialités de l’investigateur (par ex. chimie, informatique, menuiserie, …) Formation continue Constat: Des personnes de formations différentes apportent des connaissances complémentaires utiles à la reconnaissance de la pertinence. Sources des images: icônes personnelles et ppt C.Weyermann 57 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie PRATIQUE Modèle SFE: EXPÉRIENCE 10010001010 11100101011 01101011010 11100101000 → Disparités (complémentarité) entre spécialistes ayant une expérience différente Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.206. Expérience: années de pratique en tant qu’intervenant sur les lieux d’investigation nombre et type de cas investigués expérience sur des cas extraordinaires transfert de connaissances accumulées dans la pratique service(s) dans lequel la personne a travaillé Constat: une personne plus expérimentée serait à même de détecter plus de traces pertinentes, mais une personne non formatée par l’expérience de la routine pourrait également détecter des traces différentes (par ex. nouvelles ou originales). Sources des images: icônes personnelles C.Weyermann 58 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EXEMPLE ESC (exp.moy.= 7ans) Police (exp.moy.= 5 ans) Police (exp.moy.= 25 ans) Trace de semelle (TSE) Trace papillaire (TPA) Trace de gants (TGA) Trace autre (TAU) Trace biologique (TBI) Trace d’outils (TOU) Trace d’oreille (TOR) Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.145ss. Traces collectées sur les cas de cambriolages investigués entre 2006 et 2010 dans le canton de Vaud (données extraites de la thèse de D. Hazard): La majorité des traces retrouvées sont des traces de semelles, pour tous les groupes, suivies de près par les traces biologiques et papillaires. En résumé, les pourcentages au sein d’un même service sont assez similaires. Cependant, ceux qui en collectent le moins sont les plus expérimentés (deux hypothèses sont possibles : ils se lassent ou ils détectent mieux les traces pertinentes / utiles). Les diplômés de l'ESC détectent également moins de traces que les policiers moins experimentés, ce qui soutiendrait l'hypothèse d'une meilleure sélection des traces pertinentes / utiles basée sur l'expérience ou la formation des investigateurs de scène de crime.. C.Weyermann 59 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie UTILISATION Collecte: Résultats (identification / lien): # moyen traces = 1209 # moyen traces = 147 (12%) TPA TSE TSE TPA TBI TBI Données collectées pour un groupe ayant suivi un cursus ESC (exp. moy = 7 ans) Hazard, D. (2014). La pertinence en science forensique: une (en)quête épistémologique et empirique. Thèse de doctorat, ESC, UNIL, p.145ss. Traces collectées sur les cas de cambriolages investigués entre 2006 et 2010 dans le canton de Vaud (données extraites de la thèse de D. Hazard): - sur 1209 traces collectées, 147 traces collectées ont été utilisées pour inférer une identification ou un lien (groupe ESC) = 12% des traces collectées Les pourcentages sont similaires pour les autres formations et expériences: - 13% pour les policiers (5 ans) = 198 traces - 12% pour les policiers (25 ans) = 117 traces Cela montre que seul un pourcentage des traces collectées (donc jugées pertinentes en tant que signe) est ensuite réellement utilisé en tant qu’indice. L’utilité ne peut pas toujours être déterminée à priori sur les lieux, elle doit être évaluée au fur et à mesure de l’investigation. C.Weyermann 60 Science forensique générale: SA-2024 méthodologie EN RÉSUMÉ La détection est une étape fondamentale La trace pertinente est trouvée (signe) Par le raisonnement En considérant l’unité de temps, de lieu et d’action Il faut la différencier des traces non-pertinentes Contaminations Bruit de fonds Pollutions Le contexte du cas, la formation (théorie) et l’expérience (pratique) influencent le processus de détection (reconnaissance de la pertinence). 61 Les différentes formes de raisonnement seront présentées plus loin dans le cours (inférences et triangle de Peirce). C.Weyermann 61

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