Summary

Ce document est un texte sur les rapports sociaux, plus précisément sur les rapports sociaux de sexe et d'âge, comme le mettent en avant le titre et l'introduction. Il discute de la représentation de la vieillesse, de l'âgisme, des inégalités sociales et des rapports entre les sexes sous un angle sociologique.

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Rapports sociaux de sexe et d'âge qui marquent les étapes de la vie Vieillesses et âgisme : ======================= Mettre en perspective sociologique des savoirs du sens commun, du bon sens et des théories plus scientifiques Questionner les représentations médicales, dédilitaires, et réductrices...

Rapports sociaux de sexe et d'âge qui marquent les étapes de la vie Vieillesses et âgisme : ======================= Mettre en perspective sociologique des savoirs du sens commun, du bon sens et des théories plus scientifiques Questionner les représentations médicales, dédilitaires, et réductrices de la vieillesse Analyser comment l'âgisme marque le quotidien des vieilles et des vieux Une vieillesse qui se modifie au fil du temps --------------------------------------------- D'une vieillesse travailleuse, à incompétente, à une bonne vieillesse ? La vieillesse et sa représentation sociale « comme deux précieux révélateurs du statut moderne du corps » (Le Breton, 1998 :145) « Dans la relégation sociale plus ou moins feutrée qui distingue la vieillesse et la met à l'égard de la sociabilité ordinaire, on discerne en effet le travail d'une marque. La personne âgée porte parfois son corps à la manière d'un stigmate dont la résonnance est plus ou moins vive selon la classe sociale à laquelle elle appartient et selon la qualité d'accueil de l'entourage familier. » (Le Breton, 1998 :145) Modification physique permet de se rendre moins vieux (coloration, chirurgie, etc....) On ne se rend pas compte quand ont vieilli au quotidien naturellement Les étapes de vie changent notre point de vue sur la vie (ex : devenir grand parent) Vieillir la belle AFFAIRE ! --------------------------- « Le vieillissement est un processus insensible, infiniment lent qui échappe à la conscience parce qu'en lui aucun contraste ne se fait jour ; l'homme glisse souplement d'un jour à l'autre, d'une semaine à l'autre, d'une année à l'autre, ce sont les événements de sa vie quotidienne qui scandent l'écoulement du jour et non la conscience du temps. Avec une lenteur qui échappe à l'entendement, la durée s'agrège sur le visage, pénètre les tissus, affaiblit les muscles, amenuise l'énergie, mais sans traumatisme, sans rupture brutale. » (Le Breton, 1998 :149) Définition en gérontologie sociale ---------------------------------- « La vieillesse est le résultat d'un parcours de vie, une construction sociale, bien plus qu'un état pathologique déficitaire, voire une maladie, selon un paradigme biomédical souvent réducteur » (Ennuyer, cité dans Bonicel, 2014 :202) Mais la vieillesse, comme la jeunesse sont aussi des rapports sociaux La définition peut être impacter selon le propre vécu des gens La VIEILLESSE : un fait social ou un problème de SOCIETE ? ---------------------------------------------------------- - - Une vision partiale et partielle : les activités de la vie quotidienne servent à déterminer le degré de vieillesse, paradigme et définition médicale - Des problèmes qui relèvent de la division sexuelle du travail : peu de politique vieillesse fédérale ; à part l'AVS : une large part de subsidiarité Division sexuelle : le travail n'est pas le même selon les stéréotypes (femme, caissière, homme : maçon) - - Pas de vision globale, des organisations cantonales diverses - Des institutions d'aide éclatées : privées, publiques mixtes EMS : privé, mixte, publique - Des difficultés au quotidien, des discriminations et des stéréotypes Pas juste les vieux mais aussi son entourage ( effet de ricochet) COMBIEN ? --------- - - Combien en Valais en 2021: 71'665 pour la classe d'âge des 65 ans et plus, dont la grande partie entre 65 et 79 ans: 52'844 et 95 et plus 627 ( stat pop 2010-21 valaisanne) - 20 à 39 ans à la même date: 90'337 - 0 à 4 ans 16'575 (ibidem) - 90 à 94 2'597 Quand on fait la même catégorie des vieux qui on 66 ans et 90 ans c'est faux, ils ne sont pas dans la même tranche d'age et non pas la même importance dans la société Âgismes... ---------- « Ces difficultés, dont la probabilité d'apparition croît avec l'âge, tiennent à la fois à la possible fragilisation physique des personnes, à l'effritement de leurs ressources sociales et à l'attitude de dépréciation et d'inattention de notre société à l'égard des plus âgés (ce que l'on appelle l'âgisme). Constitutives de l'épreuve du grand âge, ces difficultés conduisent à des changements progressifs dans le rapport à soi et au monde, qui s'opèrent dans plusieurs registres, chacun de ces registres ouvrant sur un enjeu du vieillissement au grand âge.» (Caradec, 2018 : 144) Plus on est victime d'âgisme plus on vieillit Changer le regard implique la prise en compte de nouvelles catégories --------------------------------------------------------------------- De nouveaux paradigmes : ce n'est pas forcément l'âge qui détermine la vieillesse Des différences entre les pays : l'espérance de vie est nettement moindre dans les pays moins développés Des différences entre les classes : les classes populaires, ouvrières vieillissent beaucoup « plus mal » que les classes dirigeantes - Les plus riche peuvent avoir moins de problèmes de santé lien a leurs carrière professionnel (les pauvres ont plus de chance d'avoir des problèmes) Des différences entre les sexes : des femmes qui deviennent plus âgées mais l'écart s'amenuise Des différences entre les trajectoires : différents facteurs doivent être pris en compte : le lieu d'habitation, l'entourage, la présence des Les lieux de la VIEILLESSE : regard sociologique et anthropologique ------------------------------------------------------------------- - Vieillir ici ou ailleurs : dans certains pays (Afrique ou Inde, sud de l'Europe), la vieillesse n'a pas le même sens - Vieillir chez soi : 85 % des personnes vieillissent chez elles jusqu'au dernier moment, mais on meurt à l'hôpital - Vieillir en institution : la conception de l'EMS a changé depuis une vingtaine d'année : vers une institution plus « vivante » - Vieillir en colocation : des projets divers pour contrer la possible solitude (avoir des petits enfants par exemple) - Ne marche pas très bien en suisse ; car les privé ne veulent pas changer d'appartement sans compensation financière Les espaces du vieillir en citoyen·ne·s --------------------------------------- Citoyenneté : implique l'autodétermination, l'égalité de traitement, la participation à la société civile et aux débats de société, etc. - Combattre la vieillesse en les reconnaissant comme des citoyens Participation : elle peut être évaluée au travers d'activités quotidiennes ou épisodiques, comme aller au repas des aîné·e·s, assurer des services, participer à des sociétés, bénéficier de ressources financières, de prestations de la part d'associations etc. - Repas des années, participer a des groupe ( cœur mixtes) Activités : elles sont souvent l'étalon pour mesurer le degré de vieillesse, AVQ, AIVQ Des inégalités sociales qui désenchantent la vieillesse ------------------------------------------------------- - - En Valais, 7,7 % des rentiers et rentières AVS touchent des prestations complémentaires et une bonne part ne les demandent pas ! - En Suisse, en 2015, 14,7 % des femmes au bénéfice d'une rente touchent des PC, 9, 6% des hommes, 25,4 % des étrangers et 11 % des Suisses - Environ 24 % devraient demander des prestations complémentaires - Les femmes touchent une rente de la prévoyance professionnelle de 37 % inférieure aux hommes - En Suisse en 2021, 25% des vieilles et des vieux sont pauvres ou à risques de pauvreté relative et absolue Une vision catastrophiste qui n'est pas toujours de mise (OFS, Enquête suisse sur la santé, 2014) et qui contribue à entretenir l'âgisme ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - - Seuls 10 % de la population la plus âgée souffre de troubles démentiels ou cognitifs - 95% des personnes de plus de 65 ans sans incapacité fonctionnelle trouvent leur qualité de vie bonne ou très bonne - 78% lorsqu'elles ont des limitations fonctionnelles - Les hommes de 75 ans et plus ne sont que 7,2% à dire que leur santé est mauvaise à très mauvaise, 8,2% pour les femmes - L'allongement de la vie sans incapacité a été augmenté de 3,1 ans pour les hommes et 3,7 ans pour les femmes entre 1982 et 2002. - L'espérance de vie sans incapacité sévère a aussi augmenté de 6 ans en 2007 à 7 ans en 2017 (Seematter-Bagnoud et al. 2021) Rente maximale est de 1\'930\~ très peux Risque de pauvreté absolue : ne peux pas se payer le minimum Les vieux sont à risque de pauvreté absolue Personnes âgées sont très actives dans la société (garde d'enfants, bénévolat) Bénévolat formelle (comptable pour un club) Informel : garder les petits enfants Des vieilles et des vieux isolé·e·s, mal vu·e·s, discriminé·e·s? ---------------------------------------------------------------- « Des seniors à la pelle : 81 centenaires en Valais en 2013 contre 43 en 2000» Les hommes de plus de 75 ans ont fait 12,2 heures mensuelles de travail bénévole formel ou institutionnalisé, les femmes en ont 10,6 heures ce qui représente la même proportion que d'autres catégories plus jeunes Les hommes de plus de 75 ans ont fait 13, 7 heures mensuelles de travail bénévole informel et les femmes en ont fait 16,1 heures Environ 18% des personnes de plus de 75 ans ou plus fournissent de l'aide régulière 43,1% des femmes et 28,3% des hommes la fournissent au moins une fois par semaine Et pourtant elles et ils en font autant voire plus que les autres... (Anchisi et Hugentobler, novembre 2016, OFS 2015) ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Un quart de la garde des jeunes enfants est assurée en Suisse par les grands-parents, et dans les cantons ruraux, donc le Valais elle se monte à 30 % C'est une aide massive, indispensable et extensive ! Pourtant peu reconnue et peu valorisée ! Une vraie valeur économique --------------------------- Et encore : producteurs et productrices d'emploi, contribuables, aides financières aux générations suivantes, consommateurs et consommatrices, etc. Elles et ils font partie d'associations diverses et participent régulièrement à la vie de la cité Elles et ils font du sport ou de l'activité physique même assez âgé·e·s et diminuent leur consommation d'alcool, de médicament, de tabac et de psychotropes (Addiction info, rapport 2011) et donc qui prennent soin de leur santé. Etre vieille... --------------- La représentation des vieilles est moins tolérante : elles sont facilement vues comme pénibles, plus exigeantes, jalouses. Une vieillesse paradoxale pour les femmes : plus vieilles mais plus malades et moins aidées Généralement les femmes reçoivent moins d'aide matérielle et morale Elles sont encore largement pénalisées financièrement et matériellement par la division sexuelle du travail antérieure Elles doivent souvent choisir entre vieillir active et abandonner son conjoint (Volery, 2013) Etre vieux... --------------   Généralement les vieux sont mieux considérés, ainsi un vieux peut être «beau», «sympathique» mais aussi «lubriques», «vicieux» Ils reçoivent plus facilement de l'aide, pour les repas, les papiers, les rendez-vous Ils bénéficient de plus d'argent et de plus de patrimoine, conduisent plus longtemps Les lieux du vieillir: à domicile ou en EMS ------------------------------------------- A domicile, un mouvement très fort et difficile à remettre en cause qui reçoit les faveurs des personnes elles-mêmes et du champ politique : creuse les inégalités de genre A l'EMS, des raisons qui ne sont pas forcément légitimes ou qui sont économiquement surdéterminées Dans les régions rurales ou en ville ? Des pratiques résidentielles riches et diverses (Caradec et Vannienwenhove, 2016) Dans tous les cas l'organisation actuelle du *care* marquée les divisions sexuelles, raciales, de classe et internationales impactent la vieillesse Ailleurs à rendre visibles et possibles ou à inventer... Maintien à domicile au quotidien avec les moyens du bord, coûte que COUTE ? --------------------------------------------------------------------------- Les conjoint·e·s sont les principales aides, puis à mesure que les difficultés s'accroissent : les filles et les belles filles s'impliquent plus avec des tâches spécifiques: tâches quotidiennes, ménages et toilettes. Les fils et les beaux-fils : tâches administratives et d'extérieur (Bonnet et al., 2013) Risques pour leur santé : 12 % ont renoncé à des soins alors qu'elles en avaient besoin et risques économiques: une grande part diminue leur investissement professionnel, 2 % quittent leur emploi (Bonnet et al., 2013) Naturalisation, invisibilité et banalisation de l'aide des proches (Pennec, 2002; Anchisi, 2008; Rosset et Anchisi, 2011; Foley et al, 2013) Peu d'interventions pour les aider (Levasseur et al., 2012) Avantages, risques, difficultés, ressources se retrouvent dans les deux lieux... -------------------------------------------------------------------------------- «Aider son ou sa conjoint/e âgé/e et dépendant/e peut correspondre à un travail à temps plein, qui se déploie 24 h sur 24, 7 jours sur 7, fût-il soutenu par les professionnels de l'aide et des soins à domicile.» (Rosset et Anchisi, 2011) Qui va en EMS en SUISSE ? ------------------------- - - Plutôt les personnes bénéficiant d'un faible revenu et d'un faible niveau d'éducation - Seulement 6 % de la population, 1 % chez les 65-74 ans, 28 % dès 85 ans et plus - Mais seulement 46% des plus de 95 ans - 75 % sont des résidentes - On y rentre en moyenne à 81,6 ans, un quart après 87,1 ans; les femmes plus tard que les hommes (82, 2 ans contre 79, 8) - On y vit en moyenne 2,7 ans (Planification des soins, Valais 2015; Obsan, 2015; OFS, 2011) Entre EMS et domicile quelle qualité de vie? -------------------------------------------- La participation, le soutien social et la santé sont des éléments déterminants pour la qualité de vie (Zimmerman-Sloutskis et al., 2012 ) En institution: se disent plus souvent en mauvaise santé et se trouvent plus limitées dans les activités de la vie quotidienne Niveau de satisfaction à domicile: 8,2 sur 10, en institution: 6,5 sur 10, la mauvaise santé est associée à une moindre qualité de vie Ce qui est intéressant c'est que ce n'est pas aussi flagrant que ce que l'on aurait pu imaginer, le soutien social et émotionnel offert par l'institution compense en quelque sorte l'institutionnalisation. Aménager le domicile ou l'EMS... -------------------------------- Des solutions à inventer afin de rendre la participation plus effective et la citoyenneté plus active «Les nouveaux Conseils de la Vie Sociale comportent des lacunes, mais aussi des avancées vers une conception où la personne aidée peut participer à la vie de la structure qui l'aide, influer sur ses orientations comme sur ses modalités de fonctionnement.» ( Hervy, 2007:132) Réfléchir sur l'habitat au sens large ------------------------------------- L'habitat doit permettre l'accessibilité: comme règlement légal et comme « outil thérapeutique, et comme outil favorisant le lien » (Eynard, 2006: 140) que l'on peut s'approprier (en prendre possession et s'y habituer ou le rendre propre à son usage) que ce soit à l'intérieur, ou dans l'espace public A la campagne ou en ville Nouveaux enjeux --------------- L'allongement de la vie amène de nouvelles façons de vivre sa vieillesse, de nouvelles opportunités mais également de nouveaux enjeux en termes de régulation et de cohésion (gestion d'un processus de fragilisation potentiel, réorganisation des activités, etc.) L'augmentation du nombre de personnes âgées implique des réflexions sur les âges et l'âgisme Le nombre de couples âgés en contact avec divers professionnel·le·s augmente et continuera d'augmenter au vu des évolutions démographiques. Cette transformation récente implique que les professionnel·le·s prennent en considération la variable couple. Des discours stéréotypés sur les patient·e·s, Des hommes libérés, des femmes chargées ------------------------------------------------------------------------------------- - - Les femmes savent soigner - Les hommes n'aiment pas être malades - Un âgisme latent Un médicament qui envahit la maison ----------------------------------- Omniprésence du médicament de chimiothérapie. Sous les yeux des usagères et usagers toute la journée. Ils sont posés dans des coupelles, des récipients ou des boîtes sorties à cet effet, sur les buffets, les tables de cuisine ou de salon. Il arrive que les usagers et usagères les déplacent en fonction d'où ils se trouvent. Ils les mettent sur la table de nuit le soir et les reprennent à la cuisine quand ils se lèvent. Des patient·e·s qui portent la charge mentale --------------------------------------------- Pour une partie des hommes, c'est l'épouse qui assure la préparation du médicament, le contrôle de la prise, le rangement Des femmes qui sont présentes durant l'entretien, qui datent, précisent, rectifient Des femmes en charge du care et du cure --------------------------------------- *« En fait c'est ma femme qui me prescrit les pilules, je ne connais même pas les noms, c'est elle qui a le mode d'emploi et alors le matin, le soir elle me prépare mes pilules, je ne sais même pas ce que j'avale (rires) et puis voilà et bien ça prend quelques instants »* P13H Des stratégies d'éloignement de la maladie ------------------------------------------ *« Le lendemain qu'on m'a découvert ça, et bien, on a fait justement une fête des contemporains, des 80 ans. C'est moi qui m'en occupais, je leur ai annoncé ça comme j'aurais dit bon appétit ! Santé ! Moi j'ai ci, j'ai ça, je dois faire ci, je dois faire ça, je n'étais pas ému, rien du tout, j'ai bien passé,... »* P14 H Des patient·e·s prises dans un double système de domination ----------------------------------------------------------- Age: représentations sociales sur la vieillesse et son cortège de défaillances, contrecarrent l'accès aux soins Maladie: le cancer fait toujours peur, est toujours vu par les profanes comme une maladie forcément mortelle, difficulté de penser pour les patient·e·s âgé·e·s la chronicisation Des traitements sur demande ou en option? ----------------------------------------- *« Moi, j'ai toujours pensé bon je suis un peu âgée, ils s'en fichent un peu (...) déjà la question que m'a posée mon médecin : voulez-vous vous soigner ? Euh je me suis dit, mais pourquoi il me pose cette question ?... »* P10F *« Mais ici on ne sait pas ce qu'il faut faire, j'ai été 2 à 3 fois, mais il* (l'oncologue) *me disait..., j'ai dit : mais écoutez, vous avez peut-être 40 ans, le même âge que mon fils, vous avez un papa et vous feriez quoi pour lui ? Ah, on ferait des rayons, et puis pour moi, vous ne faites pas ? »* P9H Redéfinition des espaces ------------------------ - - Prise du médicament à domicile et « assignation » des femmes au *care* et au *cure* - Individualisation et dépolitisation du cancer - Renvoi au privé, retrait de tous les supports de la société civile (par ex. ass de bénévoles) - Evacuation de la maladie - Minimisation du coût pour les patient·e·s et leurs conjoint·e·s Quelques résultats du projet:Vieillir en montagne ------------------------------------------------- - - Enjeux territoriaux: des ressources inégalement disponibles et mobilisées, un territoire qui se mérite, des intégrations différenciées - Des solidarités familiales : qui restent fortes et qui sont exagérément valorisées par les acteurs et actrices du territoire - Des améliorations ponctuelles : en matière d'accessibilité et d'intégration - Une citoyenneté de «seconde zone»: cumul des vulnérabilités, discriminations multiples, des rapports sociaux de sexe qui perdurent Habiter l'espace public aussi ----------------------------- - - Créer des lieux pour se réunir et pour s'exprimer - Apparaitre dans l'espace public (par exemple les publicités, les médias), exister comme catégorie et comme individu·e et non seulement sur les dimensions du stigmate et de l'indifférence - Participer aux décisions concernant la façon et les modes d'habiter - Avoir le choix et une certaine liberté - Privilégier certaines pistes en faveur d'habitats capacitants (facilitation des transports, marchabilité, installation de bancs), donner une vraie voix aux personnes âgées - Faire du vieillir un projet politique qui vise le gouvernement de la cité et de la société que l'on souhaite avoir. Aménagement urbain: un enjeu d'accessibilité matérielle et sociale? ------------------------------------------------------------------- Améliorer l'éclairage, élargir les trottoirs, proposer des passages piétons, développer les zones urbaines Certains obstacles peuvent devenir une vraie contrainte et créer un sentiment d'insécurité dans la conquête par les vieux et vieilles des espaces urbains Pour le confort: installer du mobilier urbain accueillant, garantir une certaine esthétique Un territoire qui compte ------------------------ Qu'on aime «quand on est bien \[on ne compte pas\], j'ai trouvé du bonheur à la campagne après la nature m'a beaucoup aidée dans mon épanouissement, ça m'a beaucoup apporté, j'ai pris plaisir, alors j'ai dit quand on aime on y va, pour moi ce n'est pas dur (rires)... (Madame Pittet, 84 ans) » Où il y a des solidarités liées au travail de la terre, familiales, communautaires ou de voisinage «Oui, alors mon voisin s'en occupe, il laboure, alors il prend la moitié du jardin, il m'en laisse un petit bout, quand c'est labouré je suis encore capable de semer, de planter, et puis j'adore aller au jardin gratouiller, regarder, ce n'est pas par intérêt parce que j'y gagne d'aller acheter mes légumes, mais c'est le côté tellement sympathique de remuer ma terre et puis de continuer de faire ce qu'on a fait» (Mme Oberson, 92 ans) Se sentir du coin c'est une ressource: être attaché·e à la terre, à la nature et à l'environnement -------------------------------------------------------------------------------------------------- Un rapport à la nature différent entre les femmes et les hommes Une nature qui est une ressource pour la plupart des personnes interviewées et qui marque l'attachement au territoire Maintenir la tradition paysanne et l'ancrage dans des formes de matrimoines « Alors on rentre pendant qu'il fait beau, fin septembre-début octobre on rentre les jardins, les poireaux, les carottes, les carottes, toutes les petites, parce qu'ici elles ne deviennent pas grandes, alors des fois j'en ai des petites, comme ça je les mets toutes dans des bocaux, je les stérilise et puis je fais des bocaux» (Mme Marin, 83 ans) Un rapport différent à la nature entre les femmes et les hommes --------------------------------------------------------------- Une vision de conquête pour les hommes « Je ne peux plus marcher où j'allais en montagne, je faisais beaucoup de montagne, je chassais en haute montagne, je n'aimais pas chasser en forêt, j'aimais monter en haute montagne, maintenant je ne peux plus » (Mr Frachin, 89 ans). Une vision d'affection pour les femmes « c'est mes petites marches dans les mayens, presque au quotidien quand il fait beau, j'entretiens entre guillemets l'oratoire au-dessus de Sarigna, alors j'y vais très souvent, non seulement parce qu'il y a des petites fleurs qui ont poussé et puis que je change un tout petit peu, mais parce que j'y suis bien, parce que c'est dans la nature, il y a des mélèzes qui se balancent, la commune a mis des bancs, on y est très très bien » (Mme Theytaz, 81 ans) Des adaptations obligées liées à l'isolement territorial et au grand âge? ------------------------------------------------------------------------- «...j'ai voulu prendre la hache pour faire du petit bois, et ben oui c'est la première année je me suis « non, stop », parce que ce n'est pas difficile j'ai des bois comme ça, donc je coupe mon bois quoi, mais là non je n'ai plus assez...et puis d'abord la hache elle est trop fixée dans le tronc, je n'arrive pas » (Mme Balet, 81 ans) «  le jardin, je fais un peu mais tout de suite je suis essoufflée, je dois m'arrêter, et puis je prends mon temps, je m'arrête et puis je me repose une demi-heure et puis après je reprends, mais je ne fais pas beaucoup, pas beaucoup à la fois... l'autre jour, j'ai peut-être travaillé un peu trop, j'ai désherbé, alors avec ma raclette  » (Mme Fontannaz, 98 ans) Être propriétaire est à la fois une sécurité et une contrainte Indicateurs de crise pour les personnes âgées --------------------------------------------- Des formes d'enfermement au domicile en raison du climat «mais l'hiver alors je ne sors pas, et puis comme il fait tellement froid ces temps, je ne suis pas sortie, j'attends le beau temps, et puis après quand il fera beau» (Mme Moillen, 94 ans) Des précarités latentes liées aux conditions financières particulièrement pour les femmes «Alors oui le dîner, c'est les gens qui demandent qui paient le dîner, oui je trouve ça ça devrait être à la commune de faire.» (Mme Heymoz, 83 ans) A la mobilité «Oui, mon mari ne conduit plus, ça n'a plus été son permis, enfin c'est-à-dire que le médecin m'a donné le permis pour 2 ans, je n'avais pas réussi et puis il m'a donné quand même le permis pour 2 ans...Oui, je ne pensais pas que c'était des questions comme ça, je croyais que ça serait des questions faciles, non c'était très dur, mais je n'ai pas su répondre» (Mme Jaquier, 85 ans) Indicateurs de crise pour les personnes âgées --------------------------------------------- Intégration sous conditions pour les vieux et les vieilles « pas d'ici » « Oui, budgétaire aussi, oui, c'est drôle de venir du canton et d'aller ailleurs et puis venir ici, on ne connaît personne, quand on est venus ici on ne connaissait personne.» (Mme Jaquier, 85 ans) Un avenir qui est incertain «Ben des fois je me pose des questions, oui, parce qu'on ne sait pas, pour le moment ben on est autonomes les deux, j'arrive à faire la cuisine et puis nettoyer, oui des fois je me pose un peu la question, une fois on avait eu une discussion avec ça je crois, avec un de mes enfants, et puis après c'est resté en suspens, les enfants sont contents qu'on soit encore autonomes d'après notre âge.» (Mme Jaquier, 85 ans) Des facteurs de risque de solitude et d'isolement : «Il faudrait qu'on soit malade, mais bon je me suis faite mal là, une dame est venue voir si ça allait « oh vous pouvez bouger votre bras ben ça va aller », la main qu'elle m'a dit, mais après elle n'est jamais revenue, juste comme ça, il faut vraiment, vraiment, qu'il y ait quelque chose» (Mme Jaquier, 85 ans) Des choses dont les femmes ne discutent pas avec leur mari «Non, mais ça je pense que c'est des choses qu'il faudrait quand même discuter, parce que le jour où on viendra quand même autrement» (Mme Jaquier, 85 ans) « Avoir sa tête » et « avoir son permis de conduire» comme conditions *sine qua non* Méconnaissance des prestations et auto-exclusion ------------------------------------------------ «Il n'y a pas beaucoup d'activité pour les personnes âgées. Il y une soirée où j'ai jamais été mais c'est la rencontre des ainés qu'ils appellent, organisée par un bénévole qui est super sympa, des lotos par exemple ça n'existe pas ici. Qu'est-ce que vous souhaiteriez? Un club de lecture par exemple mais je ne sais pas si la mentalité du village est prête à ça, je ne suis pas sûre. Les jeunes font beaucoup, les jeunes font énormément, mais à partir de 70 ans, il n'y a plus rien » (Mme Oreiller, 81 ans) Demander de l'aide: une démarche difficile, la question du non-recours: entre refus, méconnaissance, concurrence entre les services, non légitimité, lié à une forme d'éthos paysan, à l'hétérogénéité du territoire et à la multiplicité des intervenant·es Pour dépasser le dilemme: se confronter ou être avec ---------------------------------------------------- - - Se confronter voire affronter les autres identifié·e·s comme différent·e·s et effrayant·e·s pour faire encore partie du monde (Pennec, 2002; Pennec, ) - Rester dans l'entre-soi rassurant et fuir la confrontation - «...importance du réseau social dans les pratiques des personnes âgées en ville.» (Bigo et Depeau, 2014:14): conjoint·e·s, enfants, voisin·e·s, services socio-sanitaires - Dynamiser les relations intergénérationnelles Homophobies, hétérosexisme et hétéronormativité =============================================== Penser c'est aussi utiliser des catégories... chargées parfois de violence et toujours, d'une certaine manière, de violence symbolique et c'est s'inscrire dans des rapports sociaux ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ - Féminin/masculin - Virilité/Masculinité - Féminité/féminitude - Masculinité hégémonique - Intersectionnalité - Sexisme - Hétérosexisme, hétéronormativité - Homophobie, lesbophobie, biphobie, transphobie, Violence symbolique Une définition du genre ----------------------- « Le genre, tel que nous l'entendons ici, constitue une classification sociale assurant la hiérarchisation des catégories de sexe : aux individus classés dans la catégorie hommes est assigné le genre masculin, aux individus classés dans la catégorie femmes est assigné le genre féminin. » (Chamberland et Lebreton, 2012 : 27) L'apport du genre : dénaturaliser les catégories ------------------------------------------------ La doxa comme pouvoir de renaturalisassions des normes (Bertini, 2009:67) Le genre à la fois objet d'interprétation et interprétation lui-même « Ces travaux (sur le genre) mettent en évidence les lacunes et les insuffisances des modèles dominants et nous obligent à penser à nouveaux frais les divisions et les classifications économiques, sociales et politiques, mais aussi psychologiques, anthropologiques, éthiques et juridiques sur lesquelles s'appuient nos visions du monde. » (Bertini, 2009: 83) C'est dans cette perspective que nous aborderons les questions de l'homosexualité Sexisme ------- Le sexisme est une catégorisation, donc une émanation de l'esprit ET une construction de la réalité. Il est discriminatoire parce qu'il enferme les individu·e·s en leur attribuant des traits de caractères et des comportements spécifiques, ainsi que des capacités intellectuelles, professionnelles ou morales qui construisent et stigmatisent certaines différences Masculinité hégémonique un concept qui aide à penser les marges --------------------------------------------------------------- Concept théorisé par Connell, repris et développé par la suite «Affirmation de sa force, performance, goût pour la compétition, négation du sentiment censure de ses émotions et autres manifestations affectives, mépris de la douleur physique ou d'autres signes de faiblesse corporelle, etc.» (Guionnet, 2012:11) Agit comme «modèle» Fonction du concept de masculinité hégémonique ---------------------------------------------- «...renvoyer au-delà des incarnations plurielles de la masculinité et de la virilité, à l'idée de normes qui s'imposent à tous sous la forme d'injonctions comportementales et morales: «une norme qui alors, même qu'elle peut n'être assumée subjectivement que par un nombre restreint d'hommes, n'en constitue pas moins un idéal objectif de référence»» (Guionnet, 2012:13) De multiples acceptions qui sont utilisées et qui rendent compte d'univers spatiaux, temporels, ou conceptuels différents ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Concepts de virilités, la virilité au cœur d'une dynamique de classe (Rivoal, 2017) «La virilité est alors quelque chose que l'on possède, comme un attribut. On « en a » plus ou moins. Associée aux figures du sportif, du criminel, du fasciste, du militaire, de l'aventurier, de l'ouvrier, la virilité s'incarnerait dans la mise en scène d'une masculinité visible, exacerbée et corporelle.» (Rivoal, 2017: 146) Masculinité créatrice virilité défensive (Molinier, 2000) Des identités plurielles, processuelles, relationnelles et dans tous les cas sexuées : donc marquées au sceau du système de genre pour tous et toutes ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- «L'identité masculine n'est guère plus essentialiste que l'identité féminine et admettre que le masculin est pluriel conduit souvent à questionner le modèle général de l'homme viril, hétérosexuel, fort et dominant.» (Guionnet, 2012: 13) Chaque personne a plusieurs identités L'hétérosexualité n'est devenue une norme que récemment ------------------------------------------------------- Elle devient une «norme identitaire et répond à une mutation historique des rapports de pouvoir entre les sexes» (Chauvin et Lerch, 2021) L'hétérosexualité en devenant normale a renvoyé l'homosexualité aux marges L'identité sexuelle n'est pas l'orientation sexuelle Des structures qui oppressent, des mécanismes oppresseurs --------------------------------------------------------- « ...il existe un système de pouvoir spécifique et particulier (l'hétéropatriarcat) qui oppresse plus les femmes que les hommes et plus les personnes homosexuelles que les personnes hétérosexuelles, ce qui n'exclut toutefois pas la prise en considération d'autres systèmes de domination. » (Baril, 2007: 80) «L'androcentrisme est lié à toute forme d'organisation sociale où les femmes sont «le deuxième sexe», ce qui n'empêche pas, bien au contraire, leur survalorisation sexuelle ou affective. La femme signe et valeur (pour les hommes).» (Gestin et Mathieu, 2010: 75) Des oppressions aux oppresseurs multiples ----------------------------------------- La médecine, la psychiatrie, la psychanalyse, la psychologie, la sexologie et le travail social ont été les artisan-es ou les vecteurs de théories qui pathologisent et problématisent les minorités sexuelles, en plus d'avoir concouru à leur répression par le biais de l'institutionnalisation et de la thérapie « réparatrice » (Borillo, 2000; Brown, 1996; Fish, 2006; Isay, 1996; O'Connor et Ryan,1993; Peers et Demczuk, 1998). (Bastien Charlebois, 2011: 113) Homophobie: un concept trompeur mais qui peut-être utilisé dans un souci de simplification ------------------------------------------------------------------------------------------ « L'homophobie, que l'on peut définir comme « la discrimination envers les personnes qui montrent, ou à qui l'on prête, certaines qualités (ou défauts) attribués à l'autre genre » est une forme de contrôle social qui s'exerce sur tous les hommes, et ce, dès les premiers pas de l'éducation masculine. Homophobie et domination des femmes sont les composantes de la virilité. (Welzer-Lang et al., 1994) » (Dictionnaire critique du féminisme, 2000: 72) Et une définition plus récente et opérationnelle ------------------------------------------------ L'homophobie «peut être définie comme l'hostilité générale, psychologique et sociale, à l'égard de celles et ceux supposés désirer des individus de leur propre sexe ou avoir des pratiques sexuelles avec eux. Forme spécifique du sexisme, l'homophobie rejette également tous ceux qui ne se conforment pas au rôle prédéterminé par leur sexe biologique.» \[4\] (Borrillo, cité dans Dayer 2012: 556) Un concept largement utilisé mais qui ne rend pas compte complètement de la réalité: critiquable par son acception psychologique et la relative absence de réflexion sur les rapports sociaux de sexe et leurs imbrications avec le concept (Chamberland et Lebreton, 2010) «Homophobie de masse» --------------------- «Comment ne pas voir que la construction d'un stade de foot, qui rassemblera deux ou trois fois par semaine 60 000 hommes survoltés invectivant l'équipe adverse par des « pédé ! » « enculé ! », coûtera des millions d'euros au contribuable alors que les associations lesbiennes, gays, bi, trans (LGBT) qui s'efforcent de faire de la prévention et de l'information reçoivent quelques centaines d'euros de subvention par an ? Peut-on penser que l'expression de cette homophobie de masse n'est qu'un épiphénomène d'une action publique globalement positive (l'encouragement à faire du sport, la canalisation de la violence dans des activités organisées) ?» (Alessandrin et Raibaud, 2013: 24) Origine et justifications de la critique du terme: lesbophobie -------------------------------------------------------------- « Pour les femmes, l'homophobie, moins étudiée, assure pourtant les mêmes fonctions: la production et la reproduction des frontières de genre qui réifient la domination masculine et la vision bicatégorisée du genre. Sous prétexte de féminité, les femmes doivent choisir un paraître qui signe leur intériorisation des codes esthétiques pensés par les hommes et adopter vis-à-vis d'eux une attitude soumise et non concurrentielle quant au pouvoir. La «lesbophobie» désigne la stigmatisation des sexualités entre femmes qui échappent au contrôle masculin. » (Dictionnaire critique du féminisme, 2000: 73) Critiques de l'homophobie: comme concept réducteur -------------------------------------------------- Individualisation et dépolitisation, renvoyer l'homophobie à un pathologie psychique personnelle, androcentrisme (Bastien Charlebois, 2011) De plus, situer le problème dans la peur nourrit l'idée déterministe selon laquelle des mécanismes psychiques homophobes sommeilleraient au coeur de toute personne avant même qu'elle ne soit socialisée (Neisen, 1990). (Bastien Charlebois, 2011 : 121) Caractériser les gestes qui peuvent être qualifiés d'homophobes est une façon de montrer les aspects sociaux: «Dans sa forme la plus violente, l'homophobie s'exprime par des violences physiques et peut dégénérer, de la bousculade, du passage au tabac, jusqu'au viol et même au meurtre. Dans une forme plus quotidienne, elle se traduit par des réactions, avouées ou non, de rejet, d'exclusion : injures verbales ou écrites, moqueries, humiliations, harcèlements, refus de service, dégradations de biens et discriminations. Elle se manifeste dans tous les domaines de la vie : famille, amis, entourage, voisinage, travail, collège, services, administrations, lieux publics.»(Rapport sur l'homophobie, cité in Bastien Charlebois, 2011 : 121) 5 raisons qui penchent en faveur d'un changement de terminologie ---------------------------------------------------------------- 1. 2. « La phobie est caractérisée par la peur, alors que l'homophobie est caractérisée par la haine ; 3. Les phobies sont reconnues par leurs possesseurs comme excessives et irrationnelles, alors que l'homophobie peut être considérée comme raisonnable et justifiée ; 4. Les phobies incitent à l'évitement, alors que l'homophobie incite au châtiment ; 5. La phobie n'a pas d'extension politique, alors que l'homophobie en présente une ; 6. Les gens qui possèdent une phobie reconnaissent qu'elle leur est une source de tort et se montrent plus motivés au changement que les personnes qui se révèlent homophobes. » (Bastien Charlebois, 2011 : 123) Penser l'hétérosexisme en complétant les définitions précédentes... -------------------------------------------------------------------- Le stigma sexuel et le préjugé sexuel (Bastien Charlebois, 2011 : 119) «La faveur que remporte l'homophobie n'est pas étrangère à la popularité et à l'omniprésence des explications individualistes et psychologisantes des problèmes sociaux au sein de nos sociétés libérales.\[...\] Le recours conscient ou inconscient à des explications déterministes n'est pas sans effet. Outre qu'il fait en sorte qu'on laisse intactes les structures et les idéologies légitimant l'infériorisation des sexualités non hétérosexuelles, il donne prise à la légitimation des comportements d'agression et nourrit la complaisance à leur endroit, laissant entendre que ces personnes n'agissent qu'en fonction de ressorts internes sur lesquels elles n'auraient que peu d'emprise.»(Bastien Charlebois, 2011 : 122) Hétérosexisme: quelques éléments à prendre en considération ----------------------------------------------------------- « Croyance en la supériorité intrinsèque d'une forme d'amour et ainsi en son droit à dominer » (Lorde citée in Bastien Charlebois, 2011 : 125) Constitution d'un «ordre naturel» Infériorisation dans de multiples domaines Préjugés et pouvoir qui s'exerce dans différentes sphères par l'Etat (criminalisation, non reconnaissance des mêmes droits, répression policière etc.) Dans le monde des sciences et de l'éducation (production de discours infériorisants, contrôle des corps, recours à la chirurgie, stage de conversion, diffusion de modèles univoques, représentations stéréotypées,etc.) Hétérosexisme et patriarcat sont liés, met en évidence que ce sont les structures qui génèrent et encouragent les attitudes discriminatoires. Processus et gestes qui rendent l'hétéronormativité et hétérosexisme opérants ----------------------------------------------------------------------------- Le privilège hétérosexuel (invisibilité) La présomption d'hétérosexualité (hétérosexualité expérience universelle) La division entre public et privé (ne pas s'afficher en public, considérer que les gestes d'amour en public sont superflus) L'injonction au silence (réprobation face au dévoilement) L'appel à l'assimilation (homosexualité apparait comme un déficit) La prétention à la discrimination inverse (les dominant-e-s qui seraient dominé-e-s) Le langage infériorisant (normalité vs anormalité, ami-e-s à la place de compagne ou compagnon Le *backlash* moral Des biais que peuvent rencontrer les intervenant∙e∙s sociales et sanitaires --------------------------------------------------------------------------- Hétérosexisme libéral ou bien intentionné: pas de préjugé hostile est suffisant, pas de nécessité de suivre une formation, pas de conscience du privilège hétérosexuel, forme de neutralité qui invisibilise Ecueils liés à la non-sensibilisation à l'hétérosexisme dans la formation: passivité devant les théories qui présentent l'homosexualité comme un problème, faisant ainsi perdurer leur influence négative, pas de nécessité de formation, car pas le public auquel on se destine Dans l'intervention individuelle: 3 éléments marquants: présomption d'hétérosexualité, présomption de l'identité des besoins, présomption d'infériorité (malaise face aux manifestations amoureuses, minimisation des effets de l'hétérosexisme et du cumul des oppressions vécues) (Bastien Charlebois, 2011) Sexisme, homophobies et hétérosexisme et hétéronormativité... ------------------------------------------------------------- Des liens très profonds (Chamberland et Théroux Séguin, 2014) Une homophobie quasiment universelle, soutenue par les grandes religions monothéistes, qui peut être héritée de la colonisation (Larouche, 2010; Cretton, 2015) Des catégories issues de la pensée et de l'esprit qui ont des conséquences sociales importantes en termes de santé, d'isolement ou de soutien, elles marquent les corps et les conduites, le rapport à soi et au monde (Dayer, 2012; 2016; Voirol, 2018) «...nous concevons l'hétéronormativité comme un modèle productif hiérarchisant qui permet au genre binaire -- mâle-homme-masculin et femelle-femme-féminine -- de trouver tout son accomplissement et sa reproductibilité infinie : à travers des mécanismes multiples, il produit un résultat constant, soit la binarité de genre.» (Chamberland et Théroux-Séguin, 2014: 91) Conséquences de l'hétérosexisme et de l'hétéronormativité --------------------------------------------------------- Les jeunes homosexuel∙le∙s et en questionnement ont entre 5 et 10 fois plus de risques de faire une tentative de suicide que les hétérosexuel∙le∙s (Chollet, 2015) Parmi les jeunes accueilli-e-s au Refuge (80 % d'hommes et 20% de femmes), elles et ils ont tous et toutes été victimes de maltraitance (physiques, psychologiques et parfois sexuelles) L'exclusion de leur famille et de leur milieu de vie est d'une rare violence et engendre une grande souffrance (prise de risque, non-respect de soi-même, mise en danger). Importance de la religion et du clan dans le rejet Quelques résultats de l'enquête de Chollet (2015) ------------------------------------------------- Elles et ils découvrent leur homosexualité plus tôt (15 ans contre 17 en 1984), mais font leurs *coming out* plus tard (20-22ans contre 18-19 en 1984) Elles et ils peuvent s'attendre à des réactions violentes de leur entourage ou être très désagréablement surpris des réactions Dans l'enquête, 30 % des personnes interviewées ont fait une tentative de suicide La plupart ont vu un thérapeute (psychologue, psychiatre), certain∙e∙s ont eu affaire à des thérapeutes homophobes Les problèmes soulevés : le manque d'estime de soi, la honte, la culpabilité, l'isolement, la peur du rejet ou de l'agression De l'ordre hétérosexuel (Clair, 2012) ------------------------------------- «Non seulement l'hétéronormativité façonne le rapport différencié de toutes les filles et de tous les garçons à la sexualité, mais elle constitue aussi un ensemble de normes en fonction desquelles se construisent leurs identités sexuées et sexuelles pour l'ensemble de leur vie.» (Clair, 2012: 68) L'ordre hétérosexuel, caractérisé entres autres par l'hétéronormativité, la ségrégation et la hiérarchisation des groupes féminin et masculin, il organise la vie des garçons et des filles, qu'elle que soit leur orientation sexuelle, et organise aussi leurs relations. Il se marque à travers deux figures: la pute (à qui on prête une sexualité sans entrave) et le pédé (à qui on assigne des caractéristiques non viriles), Ces 2 figures agissent comme des stigmates et sont des figures repoussoir (sanctions: ostracisme, insultes, harcèlement, violences physiques, etc.) Des garçons qui sont contraints à la virilité --------------------------------------------- «Les mots doivent être prononcés avec la plus grande désinvolture, ils sont l'occasion pour les pairs de rappeler leur surveillance et pour chacun de faire la démonstration de sa respectabilité. La répétition et l'accumulation de ces saynètes dans la vie quotidienne des garçons constituent un espace de socialisation fort, fait de souvenirs humiliants ou victorieux, façonnant leur façon de dire et de montrer leur identité de genre, délimitant enfin leur place au sein de leur groupe de sexe dont l'exclusion symbolique est un risque (presque) toujours possible.» (Clair, 2012: 71) Des filles qui sont doublement contraintes ------------------------------------------ «Les filles notamment font l'objet d'un regard réprobateur *a priori* constant, leur sexualité constituant une clé de voûte de l'ordre social. Et les garçons sont obligés par l'ensemble des garçons et par l'ensemble des filles d'exercer ce regard réprobateur, la sexualité des filles étant pour eux un enjeu d'affirmation de leur virilité. La démonstration de virilité de l'un (et donc une part importante de sa force sociale) reposant sur la vertu de l'autre et réciproquement.(...) La dépendance fonctionne dans les deux sens : la vertu des filles confirme la virilité des garçons ; en miroir, la virilité des garçons offre une garantie de bonne image sexuelle aux filles, qu'elles soient instituées « filles bien » par des grands frères respectés pour leur virilité, ou par des partenaires formant avec elles des couples connus qui rendent possible leur sexualité en même temps qu'ils la délimitent.» (Clair, 2012: 71-72)

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