Programme national de santé publique 2015-2025 PDF
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Ce document est le Programme national de santé publique 2015-2025 pour le Québec. Il détaille les stratégies et les axes d'intervention pour améliorer la santé de la population, en abordant des thématiques comme le développement global des enfants et des jeunes, l'adoption de modes de vie sains, la prévention des maladies infectieuses et la gestion des risques pour la santé.
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PROGRAMME N AT I O N A L DE SANTÉ P U B L I Q U E 20 15-2025 POUR AMÉLIORER L A SANTÉ DE LA POPULATION DU QUÉBEC PROGRAMME N AT I O N A L DE SANTÉ P U B L I Q U E 20 15-2025 POUR AMÉLIORER L A SANTÉ DE LA POPULATION DU QUÉBEC ÉDITION La Direction des communications du ministère de...
PROGRAMME N AT I O N A L DE SANTÉ P U B L I Q U E 20 15-2025 POUR AMÉLIORER L A SANTÉ DE LA POPULATION DU QUÉBEC PROGRAMME N AT I O N A L DE SANTÉ P U B L I Q U E 20 15-2025 POUR AMÉLIORER L A SANTÉ DE LA POPULATION DU QUÉBEC ÉDITION La Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux Le présent document a été publié en quantité limitée et n’est maintenant disponible qu’en version électronique à l’adresse : www.msss.gouv.qc.ca, section Documentation, rubrique Publications. Le genre masculin utilisé dans le document désigne aussi bien les femmes que les hommes. Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2015 Bibliothèque et Archives Canada, 2015 ISBN : 978-2-550-74037-7 (version imprimée) ISBN : 978-2-550-73813-8 (version pdf) Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction, par quelque procédé que ce soit, la traduction ou la diffusion de ce document, même partielles, sont interdites sans l’autorisation préalable des Publications du Québec. Cependant, la reproduction de ce document ou son utilisation à des fins personnelles, d’étude privée ou de recherche scientifique, mais non commerciales, sont permises à condition d’en mentionner la source. © Gouvernement du Québec, 2015 MOT CONJOINT DU MINISTRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX ET DE LA MINISTRE DÉLÉGUÉE À LA RÉADAPTATION, À LA PROTECTION DE LA JEUNESSE ET À LA SANTÉ PUBLIQUE La santé est essentielle au développement et à l’épanouissement des personnes, de même qu’à la prospérité de notre société. C’est pourquoi le ministère de la Santé et des Services sociaux et son réseau sont pleine- ment engagés à maintenir et à améliorer la santé ainsi que le bien-être de la population en rendant accessible un ensemble de services intégrés de qualité, allant de la prévention à la réadaptation. Au cours des trente dernières années, le taux de décès évitables associés à des maladies et à des blessures a diminué de près de la moitié au Québec. Il s’agit d’un pas énorme franchi grâce à un ensemble de facteurs, dont des mesures de prévention qui permettent d’éviter que des personnes ne tombent malades, qu’elles développent des problèmes psychosociaux ou qu’elles s ubissent des blessures. Par contre, des gains de santé sont encore possibles sur plusieurs plans. Les écarts de santé entre les moins et les mieux nantis de notre société constituent un enjeu de la plus haute importance, notamment en matière de développement global des enfants et des jeunes, d’habitudes de vie et de maladies chroniques. Il importe donc d’agir dès maintenant, et ce, le plus en amont possible des problèmes, pour améliorer la qualité de vie des per- sonnes de tous les âges et de tous les milieux. Par ailleurs, la prévention représente un réel investissement pour notre société puisqu’elle contribue à diminuer les dépenses en soins de santé et en services sociaux. Le Programme national de santé publique propose des pistes d’action pour agir efficacement sur les déterminants de la santé et pour créer des envi- ronnements sains et sécuritaires. Le Programme vise aussi à renforcer les capacités des personnes et des communautés à prendre soin de leur santé et de celle de leurs proches. Outre ses avenues en matière de promotion et de prévention, le nouveau Programme réaffirme l’importance des fonct ions de surveillance et de protection de la santé de la population. L’objectif est de garder la population québécoise en meilleure santé, pour le bien des générations actuelles et futures. Gaétan Barrette Lucie Charlebois PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 3 MOT DU DIRECTEUR NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE ET SOUS-MINISTRE ADJOINT Le Programme national de santé publique (PNSP) se veut porteur d’un enga- gement renouvelé pour maintenir et améliorer la santé de la population du Québec, ainsi que pour réduire les inégalités sociales de santé. Il présente une vision actualisée de l’action de santé publique, incarnée dans une offre de services équitable en réponse aux problèmes de santé évitables prioritaires : les problèmes d’adaptation sociale et de santé mentale, les maladies chro- niques et les traumatismes non intentionnels, les maladies infectieuses et les menaces pour la santé de la population. L’offre de services de santé publique vise les personnes et leurs milieux de vie, en portant une attention particulière aux plus vulnérables de notre société. Elle s’articule autour de cinq axes : →→ A xe transversal – La surveillance continue de l’état de santé de la population et de ses déterminants →→ A xe d’intervention 1 – Le développement global des enfants et des jeunes →→ A xe d’intervention 2 – L’adoption de modes de vie et la création d’environnements sains et sécuritaires →→ Axe d’intervention 3 – La prévention des maladies infectieuses →→ A xe d’intervention 4 – La gestion des risques et des menaces pour la santé et la préparation aux urgences sanitaires Le PNSP détermine un ensemble d’interventions se rapportant à l’exercice des quatre fonctions essentielles de santé publique, soit la surveillance, la promotion, la prévention et la protection de la santé de la population. Ces interventions s’inscrivent en cohérence et en complémentarité avec les autres services offerts par le réseau de la santé et des services sociaux. Le nouveau PNSP est tout à fait en continuité avec la première édition qui remonte à 2003, puis avec sa mise à jour en 2008. Fort de son bilan, il mise sur les composantes qui ont permis de réaliser des avancées importantes, autant sur le plan de la santé de la population qu’au regard de la place qu’oc- cupe la prévention dans l’offre de services du réseau de la santé et des services sociaux. Au cours des dernières années, les acteurs de santé publique ont été à même d’aider la population à maintenir ou à améliorer sa santé et à mobiliser en ce sens un vaste réseau de partenaires provenant du secteur de la santé et des services sociaux et d’autres secteurs d’activité. L’intention est maintenant de faire du PNSP un outil signifiant pour la pour- suite de ces efforts, et ce, tant pour les acteurs de santé publique que pour leurs partenaires et la population québécoise. Il s’agit d’un appel à travailler ensemble, plus étroitement et en complémentarité, afin d’agir avec vigueur sur les facteurs qui influent sur la santé et permettre ainsi à chacun de réali- ser son plein potentiel. PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 5 Je remercie sincèrement les nombreuses personnes qui ont participé de près ou de loin à l’élaboration du PNSP. Leur contribution a permis de développer un programme à l’image des préoccupations actuelles et de l’évolution des pratiques en santé publique, tout en considérant à juste titre les défis asso- ciés à sa mise en œuvre. À cet égard, la prise en compte des inégalités sociales de santé et l’adaptation des services aux réalités des territoires, notamment par l’intermédiaire des plans d’action thématiques et des plans d’action régio- naux, s’annoncent fondamentales pour répondre aux besoins diversifiés de la population québécoise d’aujourd’hui et de demain. Horacio Arruda 6 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 TABLE DES MATIÈRES LISTE DES SIGLES ET DES ACRONYMES 8 INTRODUCTION 9 PARTIE 1 – LES FONDEMENTS DU PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 11 1.1 La finalité du Programme 11 1.2 L’état de santé de la population québécoise 12 1.2.1 Les problèmes chez les enfants et les jeunes qui risquent de marquer leurs parcours de vie 15 1.2.2 Les multiples visages des problèmes d’adaptation sociale 16 1.2.3 La santé mentale : une perception positive, mais des fragilités certaines 17 1.2.4 Les problèmes de santé associés au travail 17 1.2.5 Les problèmes de santé préoccupants liés à l’environnement 18 1.2.6 Le fardeau croissant des maladies chroniques 19 1.2.7 Les habitudes de vie des Québécois : des progrès, mais des avancées toujours possibles 21 1.2.8 Les traumatismes non intentionnels en diminution constante 22 1.2.9 Les maladies infectieuses : des gains et des reculs 23 1.2.10 La réalité différente des populations autochtones 25 1.2.11 Les inégalités sociales de santé : un enjeu fondamental en santé publique 27 1.2.12 En bref : les problèmes de santé évitables prioritaires 28 1.3 Pour agir sur les problèmes de santé évitables prioritaires 28 PARTIE 2 – LE CADRE D’ACTION EN SANTÉ PUBLIQUE 31 2.1 Un cadre légal habilitant les acteurs de santé publique 31 2.2 Les fonctions de santé publique : au cœur de l’action 33 2.3 Des services de santé publique diversifiés 35 PARTIE 3 – L’OFFRE DE SERVICES DE SANTÉ PUBLIQUE 37 3.1 La structure de l’offre de services 37 3.2 Les axes de l’offre de services 38 Axe transversal – La surveillance continue de l’état de santé de la population et de ses déterminants 38 Axe d’intervention 1 – Le développement global des enfants et des jeunes 40 Axe d’intervention 2 – L’adoption de modes de vie et la création d’environnements sains et sécuritaires 43 Axe d’intervention 3 – La prévention des maladies infectieuses 49 Axe d’intervention 4 – La gestion des risques et des menaces pour la santé et la préparation aux urgences sanitaires 53 PARTIE 4 – LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE ET SON ÉVALUATION 57 4.1 Les principes directeurs pour guider l’action 57 4.2 Une stratégie dynamique et mobilisatrice pour soutenir la mise en œuvre du Programme 60 4.3 Une stratégie d’évaluation pour favoriser l’amélioration continue 62 CONCLUSION 65 ANNEXE 1 : LISTE DES COLLABORATRICES ET COLLABORATEURS 67 ANNEXE 2 : RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 71 ANNEXE 3 : RÉFÉRENCES SPÉCIFIQUES À LA SECTION SUR L’ÉTAT DE SANTÉ 77 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 7 LISTE DES SIGLES ET DES ACRONYMES CISSS : Centre intégré de santé et de services sociaux CIUSSS : Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux CSST : Commission de la santé et de la sécurité du travail GMF : Groupe de médecine de famille INESSS : Institut national d’excellence en santé et en services sociaux INSPQ : Institut national de santé publique du Québec ITSS : Infection transmissible sexuellement et par le sang LSP : Loi sur la santé publique LSSSS : Loi sur les services de santé et les services sociaux LSST : Loi sur la santé et la sécurité du travail MSSS : Ministère de la Santé et des Services sociaux OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques OMS : Organisation mondiale de la santé PNSP : Programme national de santé publique VIH : Virus de l’immunodéficience humaine 8 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 INTRODUCTION La santé fait partie du quotidien, de la vie des personnes et de leurs proches. Elle permet à chacun de s’accomplir et d’agir dans son milieu, représentant par le fait même un capital essentiel au dynamisme et à la prospérité de la société. Il importe donc d’agir tôt ou promptement pour éviter l’apparition de problèmes de santé lorsque cela est possible, de même que pour maintenir et améliorer la santé, et ce, de manière à ce que tous puissent bénéficier d’une qualité de vie appréciable et participer à l’essor de la société. Le Programme national de santé publique (PNSP) constitue le principal cadre d’action du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et de son réseau pour agir sur les déterminants – ou facteurs – qui influencent la santé de la population. Plus précisément, le PNSP définit l’offre de services de santé publique et oriente son déploiement aux différents paliers d’intervention du réseau. Ces services permettent d’actualiser les fonctions essentielles de santé publique que sont la surveillance continue de l’état de santé de la popu- lation et de ses déterminants, la promotion de la santé, la prévention des maladies, des problèmes psychosociaux et des traumatismes, ainsi que la protection de la santé de la population. L’action de santé publique a grandement évolué au cours des dernières décen- nies, au fil des transformations structurelles et organisationnelles qu’a connues le réseau de la santé et des services sociaux québécois et des changements survenus dans le contexte global, notamment sur les plans politique et législa- tif. Son champ d’intervention s’est graduellement élargi, passant de « l’hygiène publique », avec les unités sanitaires et les services municipaux de santé, à une intégration progressive de la prévention dans les pratiques de soins, à partir du début des années 1970. La santé communautaire, comme on la désignait à l’époque, a alors été introduite comme composante du réseau, aux paliers national, régional et local. Le champ de la santé publique a par la suite été marqué, dans les années 1980, par l’émergence d’une conception globale de la santé qui reconnaissait un rôle fondamental aux déterminants de celle-ci. Ce changement a entre autres été alimenté par la Charte d’Ottawa (1986) promulguée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a lancé un mouvement international pour la promotion de la santé. L’importance d’agir à l’extérieur du système de soins pour améliorer la santé de la population était un élément phare de ce mouvement, qui a inspiré quelques années plus tard la Politique de la santé et du bien-être (1992-2002) au Québec. Cette politique retenait diverses stratégies à déployer au sein du réseau québécois afin de réduire les problèmes de santé et les problèmes sociaux qui touchent le plus la population. Elle interpellait également d’autres secteurs d’activité pour agir davantage en amont des problèmes, sur les milieux, les environnements et les conditions de vie. Dans la foulée de cette politique, le MSSS a établi des Priorités nationales de santé publique (1997-2002) afin d’harmoniser les pratiques de santé publique entre les régions sociosanitaires. En 2001, l’adoption de la Loi sur la santé publique (LSP) a permis de légitimer et d’encadrer l’action de santé publique, non seulement au sein du réseau de la santé et des services sociaux, mais également auprès d’autres secteurs d’activité dont les politiques publiques ont un effet sur la santé de la population. De plus, cette loi a institutionnalisé le PNSP et confirmé les quatre fonctions essentielles de santé publique. Le PNSP 2003-2012, incluant sa mise à jour de 2008, a permis de poursuivre le renforcement de l’action de santé publique, en particulier par le déploiement d’une première offre de services commune à l’ensemble des régions sociosanitaires, la valorisation d’une pratique fondée sur des données probantes, la clarification des rôles et des responsabilités des acteurs de santé publique, ainsi que la légitimation d’un périmètre financier consacré à la santé publique. PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 9 Un certain nombre d’enjeux ont toutefois été soulevés dans le cadre du bilan de plus d’une décennie d’implantation du PNSP, notamment sur le plan de la com- préhension de son contenu, de son caractère opérationnel, ainsi que de son ancrage et de sa portée dans le réseau de la santé et des services sociaux et auprès des partenaires d’autres secteurs d’activité. Ces enjeux concernent non seulement les attributs du PNSP, mais également les processus relatifs à sa mise en œuvre et à l’environnement dans lequel il se déploie. Ainsi, la conso- lidation de l’offre de services de santé publique dans le réseau et le renforcement des collaborations intersectorielles pour agir sur les déterminants de la santé demeurent des défis incontournables pour les prochaines années. Afin de sur- monter ces défis, il importe entre autres de communiquer plus clairement ce en quoi consiste l’action de santé publique, de simplifier la structure du PNSP et de resserrer son contenu. Les services doivent également s’inscrire en cohérence avec, d’une part, les capacités d’intervention des acteurs de santé publique et, d’autre part, les responsabilités des différents acteurs dont les actions ont un impact sur la santé de la population. Une mise en œuvre bien orchestrée du PNSP s’avère aussi essentielle, et une évaluation rigoureuse de ses résultats dans une perspective d’amélioration continue l’est tout autant. Les travaux de révision du PNSP ont donc été globalement orientés dans ce sens. D’autres éléments ont aussi été pris en compte pour l’élaboration du nouveau PNSP, dont l’évolution de l’état de santé de la population québécoise des der- nières années, de même qu’une compréhension plus fine de l’impact des déterminants sur la santé et de leur influence mutuelle. Les connaissances portant sur les services reconnus efficaces, sur les approches d’intervention et sur les leviers d’action probants se sont également approfondies. Plus large- ment, on constate que l’action de santé publique a favorisé l’implication d’acteurs de différents secteurs d’activité de la société dans la réalisation d’interventions bénéfiques pour la santé de la population. Les communautés se montrent aussi sensibles à l’impact de leurs environnements physique, socio- culturel, économique et politique sur la santé et la qualité de vie, et elles cherchent à avoir une meilleure emprise sur ceux-ci. Enfin, le PNSP s’inscrit dans le cadre de la nouvelle gouvernance et de la réorganisation du réseau de la santé et des services sociaux mises en vigueur en avril 2015. Ces changements impliquent l’abolition des agences régionales de la santé et des services sociaux et l’intégration au sein d’un même établissement des services de santé publique qui étaient auparavant offerts distinctement par les paliers régional et local. Le premier chapitre du PNSP expose ses fondements, à commencer par une brève description de sa finalité, suivie d’une synthèse de l’état de santé de la population et d’une courte présentation du cadre conceptuel sur lequel il repose. Un deuxième chapitre fait un survol du cadre d’action en santé publique, incluant une explication des principales responsabilités reconnues par le cadre légal, des fonctions de santé publique et des types de services offerts. Le cha- pitre suivant présente l’offre de services de santé publique à déployer aux différents paliers, plus précisément les objectifs et les services qui s’articulent autour d’un axe transversal et de quatre axes d’intervention. →→ A xe transversal : La surveillance continue de l’état de santé de la population et de ses déterminants →→ Axe d’intervention 1 : Le développement global des enfants et des jeunes →→ A xe d’intervention 2 : L’adoption de modes de vie et la création d’environnements sains et sécuritaires →→ Axe d’intervention 3 : La prévention des maladies infectieuses →→ A xe d’intervention 4 : La gestion des risques et des menaces pour la santé et la préparation aux urgences sanitaires Enfin, le dernier chapitre énonce les principes directeurs qui doivent guider l’action de santé publique. Il décrit ensuite les principales composantes de la stratégie de mise en œuvre du PNSP, notamment les outils complémentaires qui viendront préciser certains volets et soutenir l’opérationnalisation, ainsi que de sa stratégie d’évaluation. 10 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 PARTIE 1 LES FONDEMENTS DU PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 1.1 LA FINALITÉ DU PROGRAMME Le PNSP définit l’offre de services de santé publique qui est déployée par le La finalité du PNSP est réseau de la santé et des services sociaux, afin de maintenir et d’améliorer la de contribuer à maintenir santé de la population. Pour atteindre sa finalité, le PNSP doit donner lieu à une et à améliorer la santé de la action de santé publique forte, cohérente, accessible, efficace, efficiente et innovante, qui génère des gains de santé appréciables dans la population et en population ainsi qu’à réduire particulier chez les populations en situation de vulnérabilité. Le PNSP contribue les inégalités sociales de santé par le fait même à réduire les inégalités sociales de santé, c’est-à-dire les diffé- en offrant un cadre structurant rences systématiques qui existent au sein de la population au regard de pour une action performante différents aspects de la santé, et ce, par une surveillance continue des écarts dans ce domaine, des actions adaptées aux populations vulnérables et un sur les déterminants de la santé. soutien au développement de politiques publiques favorables à la santé. Le PNSP repose également sur une connaissance juste de l’état de santé de la population et des différences entre les divers états de santé chez les groupes qui la composent. Les services qui en découlent sont offerts en temps opportun, en fonction des besoins de la population et des réalités du terrain, avec le souci d’atteindre les plus hauts standards de qualité. Ils sont également déployés soit en amont des problèmes de santé évitables, des problèmes psychosociaux et des traumatismes, soit en réaction à des risques QU’EST-CE QUE ou à des menaces pour la santé d’une population. Qu’ils soient individuels ou LA SANTÉ ? collectifs, ces services doivent impérativement être offerts au bénéfice de la Au Québec, il est d’usage de population ou d’un groupe de personnes particulier. définir la santé comme étant « […] la capacité physique, Par ailleurs, les services de santé publique s’inscrivent en cohérence et en psychique et sociale des complémentarité avec les autres services de santé et services sociaux personnes d’agir dans leur milieu offerts par le réseau. De plus, les acteurs de santé publique sont amenés et d’accomplir les rôles qu’elles à mobiliser un ensemble d’acteurs provenant de divers secteurs d’activité, à entendent assumer d’une les soutenir et à travailler en collaboration avec eux, afin de contribuer à la manière accept able pour prise de décision et à la réalisation d’actions rendant les milieux de vie et elles-mêmes et pour les groupes les environnements plus favorables à la santé de la population. En somme, dont elles font partie ». (Loi sur le PNSP concourt à actualiser la responsabilité populationnelle1, un principe les services de santé et les partagé par l’ensemble des acteurs du réseau de la santé et des services services sociaux, article 1) sociaux de chaque territoire sociosanitaire. Cette conception dynamique et positive de la santé englobe Enfin, l’action de santé publique contribue à la vitalité des milieux de vie et des trois dimensions indissociables : communautés. Par son approche collaborative et son ancrage sur le terrain, la santé physique, la santé elle soutient la participation des citoyens et l’engagement de divers parte- mentale et la santé psychosociale. naires dans la réalisation d’actions et de projets qui ont le potentiel d’améliorer Elle inclut également la notion la santé de la population et, plus largement, de favoriser le renforcement de de bien-être de la personne. sa capacité d’agir afin d’influencer les conditions et la qualité de vie. 1 La responsabilité populationnelle est un principe fondamental du système de santé et de services sociaux québécois, selon lequel les intervenants qui offrent des services à la population d’un terri- toire partagent une responsabilité collective à l’égard de celle-ci. Ils rendent accessible un ensemble de services, le plus complet possible, en tenant compte des besoins diversifiés de la population, qu’ils soient exprimés ou non, et assurent la prise en charge et l’accompagnement des personnes dans le système, tout en favorisant la convergence des efforts pour maintenir et a méliorer la santé et le bien-être de la population. (MSSS, 2011) PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 11 Le terme « acteurs de santé publique » fait référence aux décideurs, gestion- QU’ENTEND-ON naires, professionnels et intervenants du MSSS et de son réseau dont les PAR POPULATIONS activités professionnelles sont principalement vouées à l’offre de services de VULNÉRABLES santé publique. Cela inclut les autorités de santé publique que sont le ministre OU EN SITUATION de la Santé et des Services sociaux et le directeur national de santé publique DE VULNÉRABILITÉ ? et sous-ministre adjoint, ainsi que les directeurs de santé publique des diffé- Cette notion renvoie aux rentes régions sociosanitaires du Québec. personnes qui, en raison de leurs Il importe de souligner l’apport considérable de l’Institut national de santé caractéristiques communes publique du Québec (INSPQ) dont la mission consiste à soutenir le ministre et selon les contextes, ont une de la Santé et des Services sociaux, les autorités régionales de santé probabilité plus élevée de voir se publique et les établissements du réseau dans l’exercice de leurs responsa- développer des problèmes de santé ou des problèmes psychosociaux bilités, en rendant disponibles son expertise et ses services spécialisés de ou de subir des traumatismes. laboratoire et de dépistage. Un ensemble de partenaires provenant du secteur de la santé et des services sociaux et d’autres secteurs d’activité Cette vulnérabilité est le jouent aussi un rôle déterminant en santé publique, conformément à leurs résultat d’un ensemble de missions et aux responsabilités qui leur sont attribuées, sans être directe- facteurs, incluant des conditions ment responsables au regard du déploiement de services spécifiques de ou des circonstances sociales et économiques (p. ex. : accès à santé publique. À titre illustratif, ces partenaires ont des responsabilités des ressources et à des services), particulières en matière de prévention clinique2, de santé animale, d’inspec- ainsi que des caractéristiques tion des aliments, de sécurité publique, de sécurité routière, d’éducation et individuelles particulières de protection de l’environnement. Les organismes communautaires, par les (p. ex. : âge, sexe, genre, origines services qu’ils offrent et le soutien qu’ils apportent aux personnes et à dif- ethnoculturelles, conditions de férents groupes de la population, contribuent également au mieux-être et santé préexistantes, conditions au développement social des communautés. Ainsi, la collaboration de tous de vie, statut socioéconomique, ces partenaires s’avère essentielle pour mettre à profit un ensemble de scolarité). Selon la problématique leviers afin de maintenir et d’améliorer la santé de la population. considérée, ces populations peuvent être de nature différente. En outre, une même personne 1.2 L’ÉTAT DE SANTÉ DE LA POPULATION peut cumuler plusieurs facteurs de vulnérabilité. QUÉBÉCOISE Le contexte global dans lequel évolue la société québécoise exerce une influence déterminante sur la santé de sa population. Parmi les grands enjeux à considérer, le contexte démographique et les changements climatiques retiennent particulièrement l’attention en raison du caractère durable de leurs effets pour les générations actuelles et à venir. Au chapitre de la démographie, les projections indiquent que la population du Québec, estimée à 8 239 910 personnes au 1er janvier 2015i, continuera de croître au cours des prochaines années, pour atteindre près de 9 millions de personnes en 2025 et un peu plus de 10 millions en 2061ii. Cette croissance, dont le rythme ralentira considérablement au cours de cette période, sera principalement attribuable à l’immigration plutôt qu’à l’accroissement naturel, c’est-à-dire l’excédent des naissances sur les décès. L’immigration internationale se concentre avant tout dans les régions urbaines, particulièrement celles de Montréal et de Laval. Au cours des prochaines années, l’effet combiné de l’immigration et des mouvements migratoires entre les régions du Québec se traduira par l’augmentation de la population des grands centres urbains et de leurs régions périphériques, au détriment des régions plus éloignéesiii. L’ensemble de ces changements démographiques commande une adaptation conséquente de la prestation de services de santé et de services sociaux pour tenir compte à la fois des variations de la population et des besoins de certains groupes particuliers, comme les nouveaux arrivants. 2 La notion de prévention clinique renvoie à un ensemble d’interventions (counseling, dépistage, immunisation et chimioprophylaxie) réalisées par un professionnel de la santé – ou clinicien – auprès d’un patient et visant à promouvoir la santé et à prévenir les maladies évitables, les problèmes psychosociaux et les blessures. 12 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 En dépit des mesures favorisant l’immigration et de l’augmentation du taux de natalité amorcée à la fin des années 2000, le vieillissement de la population québécoise se poursuivra, à mesure que les cohortes du baby-boom (per- sonnes nées de 1946 à 1966 inclusivement) avanceront en âge et que les cohortes plus jeunes seront composées d’un moins grand nombre de per- sonnes. Ce phénomène, lié à une diminution de la natalité et à l’augmentation de l’espérance de vie, n’est pas exclusif au Québec puisqu’il touche l’ensemble des pays occidentaux de manière plus ou moins importante ou rapide. À ce titre, on estime que le Québec devrait enregistrer au cours des prochaines années l’un des taux d’accroissement du nombre d’aînés les plus élevés parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les projections montrent que la proportion des personnes aînées passera d’environ 18 % en 2015, à 23 % en 2025 et à plus de 28 % en 2061iv. Par conséquent, ce phénomène demeure préoccupant, et ses implications socioéconomiques méritent que l’on y accorde une attention particulière (p. ex. : baisse de la productivité, augmentation des dépenses publiques en soins de santé, adaptation des infrastructures et des services qui ont un impact sur la qualité de vie des aînés dans les communautés, comme le logement, les transports, les loisirs et l’accès aux bâtiments). Sur un autre plan, l’environnement naturel et les écosystèmes subiront des transformations au cours de la prochaine décennie et des suivantes, du fait des changements climatiques qui entraînent une augmentation moyenne des températures à l’échelle planétaire. Au Québecv, les impacts des change- ments climatiques se manifesteront par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques et climatiques extrêmes. Ces phénomènes variés regroupent autant les vagues de froid que les redoux, les périodes de canicule et les sécheresses, les tempêtes accompa- gnées de pluies violentes et d’inondations ou la fluctuation des niveaux d’eau relatifs aux crues ou à l’érosion des côtesvi. Les conséquencesvii de ces phénomènes sur la santé de la population et sur la qualité de vie peuvent être directes, entraînant des urgences sanitaires, ou indirectes, par l’intermédiaire des modifications qu’elles provoquent sur les écosystèmes. Ainsi, l’évolution des précipitations et de la température sur certaines portions du territoire québécois a pour effet d’accroître les risques liés aux inondations et aux pluies abondantes, pouvant occasionner des impacts sur la santé humaine tels que des blessures ou des décès, de même que des maladies liées à la contamination de l’eau. De plus, la tendance au réchauffement des températures contribue à augmenter les risques de feux de forêt et possiblement les pics de smog en milieu urbain, de même que les concentrations de pollens allergènes. Ces divers polluants, associés à la présence des îlots de chaleur urbains et à une augmentation des vagues de chaleur, occasionnent des problèmes respiratoires et cardiovasculaires ayant des conséquences négatives sur la mortalité et la morbiditéviii. On prévoit une accentuation de ces divers phénomènes dans l’avenir, en raison de leur évolution récente. Par conséquent, les effets sur la santé de la population se feront sentir. À titre d’exemple, les personnes âgées de 65 ans et plus, en particulier celles souffrant de problèmes de santé chroniques, de même que les bébés et les enfants de moins de 5 ans sont parmi les plus vulnérables durant une vague de chaleur ix. De même, les personnes plus défavorisées sur le plan socioéconomique ne disposent souvent pas des moyens ou du soutien social nécessaires pour se protéger des épisodes de chaleur accablante ou de froid extrême. Or, ces personnes affichent également les moins bons états de santé, ce qui les place en situation de plus grande vulnérabilité. En outre, dans le sud du Québec, ces conditions climatiques favoriseront la propagation de certaines maladiesx transmissibles par les animaux, incluant les insectes et les tiques. Des maladies déjà présentes sur le territoire devien- dront plus fréquentes alors que d’autres pourraient faire leur apparition. Le PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 13 Nord québécois ne sera pas épargné, les changements climatiques touchant de façon particulière les communautés autochtones qui habitent cette partie du territoire, notamment en raison de la fonte du pergélisol et de l’accès à la nourriture traditionnelle (chasse, pêche et piégeage) qui pourrait devenir plus difficilexi. Les impacts de ces grands enjeux transversaux se manifestent déjà au sein de la population par leurs répercussions directes et indirectes sur le plan sociosanitaire. Il importe donc de s’adapter aux transformations afin de contrer leurs effets négatifs potentiels et de maintenir les gains de santé acquis au cours des dernières décennies. En effet, l’état de santé de la popu- lation québécoise n’a cessé de s’améliorer dans son ensemble. L’espérance de vie a augmenté de façon presque continue, en grande partie grâce à la baisse de la mortalité observée pour plusieurs causes de décès évitables, dont cer- taines maladies chroniques et infectieuses, ainsi que les traumatismes non intentionnels. Un ensemble de facteurs explique cette progression, dont l’amélioration générale des conditions de vie, la diminution du tabagisme, les progrès de la science et des mesures de prévention efficaces telles que la vaccination et la sécurité routière. D’ailleurs, la mortalité prématurée, qui est un indicateur global de la santé d’une population, rend compte des décès survenus avant l’âge de 75 ans pouvant être évités par des actions en amont (voir la figure 1). Au cours des deux dernières décennies, le Québec est l’une des provinces canadiennes qui ont enregistré le plus de gains de ce point de vue. En 2011, le Québec affiche le plus faible taux de mortalité prématurée de toutes les provinces cana- diennes. À l’échelle internationale, il figure parmi les meilleurs, en se situant au sixième rang. Les comparaisons internationales révèlent des écarts quant aux causes de mortalité évitables. Le Québec présente une position plus favorable pour certaines maladies cardiovasculaires (particulièrement les maladies FIGURE 1 MORTALITÉ PRÉMATURÉE, PROVINCES, TERRITOIRES ET PAYS COMPARABLES AU CANADA, 2011 Suisse 2 400 Suède 2 420 Pays-Bas 2 687 Norvège 2 760 Australie 2 764 Québec 2 774 Japon 2 779 Ontario 2 790 Irlande 2 862 Colombie-Britanique 2 907 Canada 3 007 Autriche 3 068 Allemagne 3 070 Danemark 3 102 Île-du-Prince-Édouard 3 111 Royaume-Uni 3 195 Nouveau-Brunswick 3 214 Alberta 3 260 France 3 338 Belgique 3 374 Finlande 3 395 Terre-Neuve-et-Labrador 3 396 Nouvelle-Écosse 3 466 Yukon 3 586 Manitoba 4 042 Saskatchewan 4 464 États-Unis 4 569 Territoires du Nord-Ouest 5 300 Nunavut 9 014 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000 Nombre d'années de vie potentielles perdues par tranche de 100 000 habitants Source : Ministère de la Santé et des Services sociaux, Service de la surveillance de l’état de santé, graphique fait à partir des données du Conference Board du Canada. Mortalité prématurée, [En ligne], 2011, mis à jour en février 2015. [www.conferenceboard.ca/hcp/provincial-fr/health-fr/premature-fr. aspx] (Consulté le 10 juillet 2015). 14 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 cérébrovasculaires, les maladies de l’appareil circulatoire, les cardiopathies ischémiques), ainsi que pour le cancer de la prostate. En contrepartie, il occupe une position moins avantageuse pour les maladies chroniques des voies respiratoires inférieures, les tumeurs, le cancer colorectal, le cancer du poumon, le suicide et la maladie d’Alzheimer xii. Malgré les améliorations, certaines problématiques évitables demeurent tou- jours préoccupantes. Un survol de l’état de santé de la population et des principales tendances permet de dégager de grands constats sur différents aspects de la santé. 1.2.1 LES PROBLÈMES CHEZ LES ENFANTS ET LES JEUNES QUI RISQUENT DE MARQUER LEURS PARCOURS DE VIE La période allant de la conception jusqu’à l’entrée à l’école constitue la phase du développement humain la plus marquée. Les expériences vécues et l’envi- ronnement dans lequel les enfants évoluent durant cette période peuvent être déterminants et influencer grandement la santé, l’acquisition de compé- tences personnelles et sociales, l’éducation, de même que les perspectives socioéconomiques de toute une vie. De nombreux indicateurs sociosanitaires permettent de suivre l’évolution Les mères de moins de 20 ans, du développement global des enfants et des jeunes au Québec. Certaines de 35 ans et plus et celles conditions présentes à la naissance, telles que la prématurité ou le faible poids pour l’âge gestationnel, augmentent les risques pour les bébés d’avoir vivant dans des conditions des problèmes de santé, d’être hospitalisés à plusieurs reprises et même de défavorables sur le plan décéder pendant leur première année de vie. La proportion des naissances socioéconomique sont plus prématurées, qui était en hausse au Québec depuis les années 1980, a légè- susceptibles de donner rement diminué au cours de la dernière décenniexiii. La proportion des naissance à un bébé prématuré naissances vivantes de faible poids pour l’âge gestationnel a, quant à elle, augmenté durant les 10 dernières années après avoir diminué de façon sou- ou de faible poids pour son âge tenue au cours des décennies précédentes. Néanmoins, en 2011, le Québec gestationnel. Les habitudes se démarque avantageusement par rapport aux quatre provinces les plus de vie des mères, notamment populeuses et pour l’ensemble du Canada, avec un taux de mortalité infan- le tabagisme, ont aussi une tile et une proportion de naissances de faible poids parmi les plus basses, influence à cet égard. ainsi que par une fécondité parmi les plus élevées. Le taux de grossesse chez les adolescentes âgées de 14 à 17 ans diminue de façon constante depuis les années 1990xiv. La proportion des mères faible- ment scolarisées, c’est-à-dire ayant cumulé moins de 11 années de scolarité, a également connu une diminution. L’allaitement maternel offre de nombreux bienfaits tant pour les bébés que pour les mères. Au cours de la dernière décennie, des progrès ont d’ailleurs été réalisés à ce chapitre : les taux d’initiation et d’allaitement à la sortie de l’hôpital suivent une tendance à la hausse, tout comme la durée de l’allaite- ment pendant les premiers mois de vie de l’enfant. Le Québec accuse toutefois un retard par rapport aux autres provinces canadiennes en matière d’allaite- ment exclusif pour au moins six moisxv. Le développement global des enfants de même que leur réussite éducative constituent des déterminants importants de la santé. En 2012xvi, le quart des élèves québécois de niveau maternelle âgés de 5 ou 6 ans sont considérés comme vulnérables dans au moins un des cinq domaines de leur développe- ment global (santé physique et bien-être, compétences sociales, maturité affective, développement cognitif et langagier, habiletés de communication et connaissances générales). Les garçons sont proportionnellement plus nombreux à être vulnérables dans chacun de ces cinq domaines. Les enfants vulnérables sont aussi plus susceptibles de présenter des difficultés liées à l’apprentissage scolaire. Le niveau de scolarité exerce une influence majeure sur la santé et sur d’autres déterminants, et ce, tout au long de la vie des personnes. La diminution – légère, PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 15 mais constante – du taux de décrochage scolaire depuis le début des années 2000 est encourageante ; il se situe à 15 % en 2012-2013xvii. Le phénomène du décrochage scolaire concerne plus les garçons que les filles. 1.2.2 LES MULTIPLES VISAGES DES PROBLÈMES D’ADAPTATION SOCIALE Bien qu’on observe depuis le milieu des années 2000 une faible diminution QU’EST-CE QU’UN des conduites parentales à caractère violent envers les enfants et les ado- PROBLÈME D’ADAPTATION lescents, les données à cet égard demeurent préoccupantes. Dans le cadre SOCIALE ? d’une enquête menée en 2012xviii, près de la moitié des mères ont rapporté Les problèmes d’adaptation une agression psychologique répétée à l’endroit de leur enfant, le tiers a sociale consistent en des déclaré de la violence physique mineure, et 5 % ont mentionné de la violence altérations importantes du physique sévère au moins une fois durant l’année. Par ailleurs, plus du quart fonctionnement social, qui des enfants ont été exposés à des conduites violentes entre conjoints (de prennent source soit dans la nature verbale, psychologique ou physique) au sein du ménage. personne elle-même, soit dans son environnement social. Malgré la baisse continue du taux d’infractions contre la personne depuis une dizaine d’années, celles commises dans un contexte conjugal demeurent (MSSS, 2008a) les plus fréquentes. À elles seules, elles représentent près du quart de l’en- semble des infractions contre la personnexix. Cette situation n’est pas sans répercussions néfastes sur l’ensemble des membres de la famille, particu- lièrement chez les enfants. Par ailleurs, chez les jeunes qui ont eu au moins une relation amoureuse dans les 12 derniers mois, près du tiers ont subi au moins une forme de violence (psychologique, physique, sexuelle) de la part de leur partenaire, et le quart d’entre eux en ont infligéxx. En 2013xxi, le nombre d’infractions sexuelles 3 a atteint son plus haut niveau depuis 2006, avec 5 526 infractions. Parmi celles-ci, les agressions sexuelles présentent des taux qui varient de façon importante au fil des ans. On note néanmoins une diminution moyenne de ces taux d’environ 1,5 % par année depuis 10 ans. Par ailleurs, une hausse constante moyenne de 5 % par année du nombre des autres infractions d’ordre sexuel est remarquée au cours de la même période, ce qui contribue à l’augmentation du nombre total d’infrac- tions sexuelles. En 2013, les femmes demeurent les principales victimes dans une proportion de plus de 80 %, dont les deux tiers sont âgées de 18 ans et moins. Les liens que les personnes Depuis 2003xxii, la proportion de jeunes de 12 à 17 ans qui contreviennent au entretiennent dans leurs milieux Code criminel et aux lois est en diminution. Certains problèmes n’en demeurent pas moins préoccupants : en 2010-2011xxiii, plus du tiers des élèves du secon- de vie, de même que leur daire ont été victimes de violence à l’école ou sur le chemin de l’école, et sentiment de sécurité et 5 % ont subi de la cyberintimidation, une problématique en émergence. de bien-être, exercent une Les substances psychoactives désignent les substances psychotropes influence sur leurs comportements, naturelles ou synthétiques qui, en agissant sur le système nerveux central, leur intégration à la société, altèrent le fonctionnement psychique des individus et affectent donc leur de même que sur leur capacité comportement. Leur consommation demeure préoccupante au Québec. à s’adapter à de nouvelles D’abord, la consommation excessive d’alcool, soit le fait de boire 5 consom- mations ou plus en une même occasion au moins 12 fois au cours d’une situations, à traverser certaines période de 12 mois, a progressé globalement d’environ 10 % entre 2000 et périodes de leur vie ou à 2012 chez les personnes âgées de 12 à 35 ansxxiv. Bien qu’un léger recul soit surmonter des difficultés. observé chez les élèves du secondaire, la consommation élevée d’alcool sur une base régulière ou en une même occasion reste relativement répandue chez les jeunesxxv. La croissance est la plus forte chez la cohorte des jeunes adultes de 22 à 27 ans, avec 22 % d’augmentation. Ce phénomène, qui demeure préoccupant, concerne plus les hommes que les femmes, et ce, peu importe l’âge. 3 Les infractions sexuelles sont composées des agressions sexuelles (voies de fait intentionnelles employant la force et commises dans des circonstances de nature sexuelle) et des autres infrac- tions d’ordre sexuel, incluant les cas de violence sexuelle envers les enfants (p. ex. : contacts sexuels, leurre d’enfant au moyen d’un ordinateur, inceste). 16 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 En 2008xxvi, un peu plus d’une personne de 15 ans et plus sur 10 a fait l’usage de drogues au cours des 12 derniers mois. Le cannabis était la plus consom- mée. Chez les jeunes du secondaire, bien qu’une diminution de la consommation de cannabis ait été observée durant les années 2000, on note une hausse de la prise de médicaments vendus sans ordonnance ou d’autres drogues depuis 2008xxvii. Par ailleurs, une diminution importante du mode de consommation par injection a été constatée. En 2012 xxviii, environ les deux tiers des adultes québécois avaient participé à des jeux de hasard et d’argent au cours des 12 derniers mois. Bien que la pratique de ces jeux soit souvent considérée comme une forme de loisir, elle peut parfois engendrer des conséquences graves. Le risque d’être aux prises avec des problèmes de jeu s’avère plus important chez les hommes et les personnes venant de milieux défavorisés. Chez les élèves du secondaire, la participation aux jeux de hasard et d’argent est en diminution, mais elle demeure à surveiller xxix. Les problèmes liés à la consommation de substances psychoactives et à la pratique de jeux de hasard et d’argent peuvent avoir un impact important sur la santé physique et mentale des individus, de même que sur leur milieu familial et leur vie sociale. 1.2.3 LA SANTÉ MENTALE : UNE PERCEPTION POSITIVE, MAIS DES FRAGILITÉS CERTAINES À l’échelle canadiennexxx, c’est au Québec que la perception positive de sa propre santé mentale est la plus répandue. Malgré cela, plus du quart de la QU’EST-CE QUE LA SANTÉ population de 15 ans et plus affirme vivre un stress quotidien élevé, et les MENTALE ? personnes de 25 à 44 ans sont particulièrement touchées. La détresse psy- Elle se définit comme un état de chologique, que l’on perçoit notamment dans le fait de se sentir nerveux, bien-être et d’équilibre, qui permet désespéré, agité, déprimé ou épuisé, est plus répandue, à un niveau élevé, à chacun de réaliser son potentiel, chez les femmes que chez les hommes, ainsi que chez les 15 à 24 ansxxxi. de s’adapter aux difficultés En ce qui concerne les troubles mentaux xxxii, un peu plus d’une personne sur normales de la vie, de travailler 10, en moyenne, reçoit ce diagnostic annuellement depuis le début des années avec succès et de manière 2000. Les troubles anxiodépressifs sont de loin les plus fréquents. Ils repré- productive. Elle n’est pas décrite sentent les deux tiers de l’ensemble des troubles mentaux, et les femmes en fonction de la présence sont plus touchées que les hommes. Chez les moins de 20 ans, la prévalence ou de l’absence de maladie. des troubles mentaux a presque doublé au cours des 10 dernières années. On estime qu’une personne sur Cela s’expliquerait notamment par l’augmentation du nombre de diagnostics quatre vivra un ou plusieurs du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. problèmes de santé mentale au cours de sa vie. Depuis plus de 20 ans, on observe une tendance à la baisse du taux de sui- (OMS, 2013a) cidexxxiii, en particulier chez les jeunes de 15 à 19 ans. Néanmoins, avec un peu plus de 1 000 décès chaque année, le Québec figure toujours parmi les provinces qui présentent les taux de suicide les plus élevés au Canada. Celui des hommes y est 3,5 fois supérieur à celui des femmes. De plus, les hommes âgés de 35 à 64 ans constituent le groupe le plus à risque en matière de suicide. 1.2.4 LES PROBLÈMES DE SANTÉ ASSOCIÉS AU TRAVAIL Le travail représente un milieu de vie signifiant, dont les diverses compo santes et caractéristiques peuvent exercer une influence sur la santé, notamment quant à l’apparition de maladies chroniques, de problèmes de santé mentale, de surdité et de traumatismes non-intentionnels. La littéra- ture scientifique récente montre la présence d’inégalités de santé chez les travailleurs selon le statut socioéconomique, le sexe et le statut ethnocultu- rel. Les contraintes du travail de nature physique, organisationnelle et psychosociale peuvent expliquer une proportion importante de ces inégalités de santé. Ainsi, les lésions et maladies professionnelles s’inscrivent dans les grandes catégories de problèmes de santé prioritaires qui peuvent être évités par des actions préventives. PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 17 Depuis les années 2000xxxiv, une diminution constante des traumatismes et des problèmes de santé acceptés par la Commission de la santé et de la sécurité du travail4 (CSST) a été observée. Certaines problématiques restent toutefois prépondérantes, surtout en considérant que les données de décla- ration et d’indemnisation peuvent offrir un portrait qui sous-estime le nombre de cas réel. Pour l’ensemble des lésions, les hommes sont plus touchés que les femmes, et ce, dans des proportions de deux tiers, un tiersxxxv. En 2013xxxvi, les maladies professionnelles ont été la cause d’un peu plus de 120 décès, surpassant ainsi de près du double le nombre de décès causés par des accidents du travail. Les principales maladies reliées à l’amiante (p. ex. : mésothéliome, amiantose, cancer pulmonaire) sont la pre- mière cause de décès parmi les maladies indemnisées par la CSST. Les travailleurs exposés à des contraintes organisationnelles et psycho sociales présentent un risque deux fois plus élevé de détresse psychologiquexxxvii, et plus du tiers indiquent vivre un stress quotidien élevé au travail. Selon les dernières données disponiblesxxxviii, les problèmes attri- buables au stress en milieu de travail affichent un léger recul entre 2010 et 2013. Le choc nerveux (stress post-traumatique) constitue le plus important type de lésions lié à des contraintes organisationnelles avec une proportion de près des deux tiers des cas. En 2013, pour près du tiers de l’ensemble des cas, la durée d’indemnisation excédait 180 jours. Les contraintes physiques contribuent aussi à l’apparition de problèmes de santé. Les troubles musculosquelettiques sont les plus fréquents et repré- sentent environ un tiers des lésions indemnisées par la CSSTxxxix. Près de 40 % des travailleurs ont à poser des gestes répétitifs des mains et des bras dans le cadre de leur travail, ce qui les rend plus à risque de souffrir de pro- blèmes d’ordre musculosquelettique non traumatiques liés au travailxl. Dans le contexte du La surdité professionnelle est le deuxième problème de santé le plus fréquent après les troubles musculosquelettiques. Entre 2003 et 2013xli, le nombre de vieillissement de la population, nouveaux cas acceptés par la CSST a plus que doublé. La hausse de surdité l’augmentation prévisible professionnelle progressive est particulièrement marquée chez les travail- du nombre de travailleurs leurs âgés de 55 ans et plus. vieillissants et l’allongement Les cancers d’origine professionnelle résultent de l’exposition, en milieu de de leur durée de maintien en travail, à des agents biologiques, chimiques ou physiques cancérogènes ou emploi influeront certainement encore de conditions inhérentes à une activité de travail. Ils ne se seraient sur les actions de santé probablement pas produits si les personnes qui en sont atteintes n’avaient pas exercé ce travail. De 3 à 10 % de tous les nouveaux diagnosticsxlii de publique en vue de créer cancers seraient liés, en totalité ou partiellement, à des agents cancérogènes et de maintenir des milieux présents dans les milieux de travail. Les cancers du poumon, de la vessie et de de travail sains et sécuritaires. la peau demeurent les plus fréquents. 1.2.5 LES PROBLÈMES DE SANTÉ PRÉOCCUPANTS LIÉS À L’ENVIRONNEMENT L’influence de l’environnement physique sur l’état de santé de la population se manifeste notamment par l’exposition à des contaminants présents dans l’air, l’eau et le sol, par la qualité de l’aménagement des territoires urbains et ruraux, par la mixité des usages du territoire, ainsi que par l’emplacement et l’état des bâtiments, en particulier les habitations. De plus, comme mentionné plus tôt, les changements climatiques s’avèrent un enjeu fondamental en raison de leurs répercussions grandissantes sur l’environnement naturel et les écosystèmes et, conséquemment, sur la santé. 4 En vertu de la Loi regroupant la Commission de l’équité salariale, la Commission des normes du travail et la Commission de la santé et de la sécurité du travail et instituant le Tribunal administratif du travail, le nom de la CSST sera modifié au 1er janvier 2016 pour Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). 18 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 La mauvaise qualité de l’air intérieur ainsi que les problèmes de salubrité dans certains bâtiments peuvent être à l’origine de l’augmentation de la prévalence ou de l’aggravation de maladies cardiorespiratoires, de manifestations aller- giques et irritatives, d’intoxications aiguës et chroniques, de même que de certains cancersxliii. La présence d’autres contaminants dans les domiciles et les bâtiments peut engendrer des problèmes de santé. Parmi ceux-ci, le radon constitue la deuxième cause de cancer du poumon, après le tabagismexliv. Par ailleurs, depuis le renforcement, en 2006, de la Loi sur le tabac, comprenant l’interdic- tion de fumer dans les lieux publics fermés, des gains appréciables ont été enregistrés en matière d’exposition à la fumée secondaire. On observe une diminution de la proportion de non-fumeurs de 12 ans et plus exposés à la fumée secondaire dans un lieu public, passant de 23 % en 2005 à 12 % en 2014xlv. L’exposition à la fumée secondaire à la maison est aussi à la baisse, passant de 13 à 6 % pour la même période. La qualité de l’air extérieur joue également un rôle important dans l’appari- tion ou l’aggravation de maladies respiratoires et cardiovasculaires. Les personnes âgées, les enfants et les personnes ayant des problèmes respi- ratoires sont plus à risque d’être affectés par les différents polluants atmosphériques. De façon spécifique, les pollens figurent parmi les princi- pales causes de la rhinite allergique et sont associés à l’aggravation de l’asthme. Le pollen de l’herbe à poux contribue à lui seul pour 50 à 90 % des cas d’allergies saisonnièresxlvi. En 2008xlvii, plus d’un million de Québécois ont présenté des symptômes de rhinite allergique au cours de l’année. Ce pro- blème de santé est en progression constante depuis plusieurs décennies. Certaines installations industrielles comportent aussi des risques pour la santé des populations qui sont exposées de manière chronique aux conta- minantsxlviii qu’elles relâchent dans l’environnement dans le cadre de leurs activités courantes. Omniprésent et de sources nombreuses, le bruit environnemental peut engen- drer des problèmes de santé sur les plans physique et psychosocial. Près d’un Québécois sur 10 âgé de 15 ans et plus se trouve exposé à des niveaux de bruit nuisibles, susceptibles de causer un fort dérangement, à l’extérieur du travailxlix. Les quartiers défavorisés sur le plan socioéconomique sont plus bruyants que les secteurs plus favorisésl. Les eaux de consommation et récréative sont susceptibles d’être contami- nées par des agents biologiques, chimiques ou physiques pouvant entraîner des effets négatifs sur la santé des personnes. Sont plus particulièrement vulnérables aux maladies hydriques (p. ex. : dermatites, gastroentérites, infections aux yeux, aux oreilles et à la gorge) les jeunes enfants, les p ersonnes âgées, ainsi que les personnes atteintes de maladies chroniquesli. Enfin, les sinistres d’origine naturelle (p. ex. : séisme et inondation) et anthro- pique (p. ex. : incendie, déversement de produits chimiques) peuvent engendrer des conséquences importantes pour la santé physique, mentale et psychosociale des personnes affectéeslii. 1.2.6 LE FARDEAU CROISSANT DES MALADIES CHRONIQUES La lutte contre le cancer constitue un enjeu d’importance dans notre société. QU’EST-CE QU’UNE Le cancer représente d’ailleurs la première cause de mortalité au Canadaliii. Le MALADIE CHRONIQUE ? Québec obtient l’un des taux de mortalité par tumeurs malignes les plus Il s’agit d’un problème de santé non élevés au pays, en particulier en ce qui a trait au cancer du poumon. De plus, transmissible, ayant une évolution les taux enregistrés au Québec pour l’ensemble des cancers sont parmi les souvent lente et irréversible. Les plus élevés des pays de l’OCDEliv. Alors que le taux d’incidence du cancerlv a causes des maladies chroniques suivi une légère baisse chez les hommes du milieu des années 1980 jusqu’au sont multiples et complexes. tournant des années 2010, il a subi une faible hausse chez les femmes au (OMS, 2011a) cours de la même période. Ces 20 dernières années, le taux de mortalité par PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 19 cancer a continuellement baissé et semblerait poursuivre cette tendance d’ici 2025, tant chez les hommes que les femmes. La mortalité liée aux maladies cardiovasculaires a diminué au cours des dernières annéeslvi. Pour l’hypertension artérielle et les cardiopathies isché- miques (troubles dus à l’insuffisance des apports d’oxygène au muscle cardiaque ou myocarde) en particulier, la prévalence a augmenté autant chez les hommes que chez les femmes jusqu’au milieu des années 2000 pour ensuite se stabiliser et diminuer légèrement dans les dernières annéeslvii. Cette tendance est attribuable en partie au recul du tabagisme, à une détection plus précoce de ces maladies, de même qu’à une prise en charge et à des traitements plus efficaces. Le diabète connaît une progression préoccupante au Québec : la propor- tion de diabétiques a augmenté de moitié au cours de la dernière décennie. En 2012-2013lviii, chez les 20 ans et plus, près d’une personne sur 10 vit avec le diabète, la proportion d’hommes diabétiques étant supérieure à celle des femmes. À l’échelle canadienne, le Québec affiche toutefois l’une des prévalences les plus faibles, aux côtés de l’Alberta et de la Colombie- Britanniquelix. La sédentarité trop répandue, combinée à de mauvaises habitudes alimentaires, est en grande partie responsable de la progression de cette maladie. La prévalence des maladies pulmonaires obstructives chroniqueslx (MPOC) (p. ex. : bronchite chronique, emphysème) a augmenté depuis 2001. En 2011, un peu moins d’une personne sur 10, âgée de 35 ans et plus, en souffre, et ces maladies sont plus fréquentes chez les femmes. Depuis 2001, la prévalence de l’asthmelxi a fortement augmenté. En 2009, elle atteignait 8 % de la population de 20 ans et plus. Par ailleurs, pour la même période, les taux de mortalité et d’hospitalisations n’ont cessé de diminuer pour ces deux maladies respiratoireslxii lxiii. La figure 2 présente des données sur la prévalence des principaux problèmes de santé chroniques au Québec, pour 2011-2012. FIGURE 2 PRÉVALENCE1 DES PRINCIPAUX PROBLÈMES DE SANTÉ CHRONIQUES, ENSEMBLE 2 DU QUÉBEC, 2011-2012 18 Prévalence (%) 15,9 16 15,4 14 12,4 12 10 8,9 8 6,1 6 5,6 4,9 5,0 4,3 4 2,1 2 0 Maladies pulmonaires obstructives chroniques Cancer Trouble de l’humeur Maladies cardiaques Diabète Trouble d'anxiété Asthme Arthrite ou arthrose Hypertension artérielle Maux de dos 1 Proportion ajustée selon la structure par âge (12 à 24, 25 à 44, 45 à 64, 65 à 74, 75 ans et plus), sexes réunis, de la population corrigée de l’ensemble du Québec en 2001. 2 Les données des régions Nord-du-Québec, Nunavik et Teres-Cries-de-la-Baie-James ne sont pas incluses. Source : Fichier de microdonnées à grande diffusion de 2011-2012 de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), Statistique Canada. Rapport de l’onglet Plan commun de surveil- lance, produit par l’Infocentre de santé publique à l’Institut national de santé publique du Québec, le 14 juillet 2015. Mise à jour de l’indicateur le 26 septembre 2014. 20 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 Selon l’OMSlxiv, les problèmes liés au poids constituent un enjeu majeur de santé publique puisqu’ils ont pris des proportions épidémiques dans le monde. L’obésité a de nombreux impacts négatifs sur la santé, et elle augmente considérablement les risques de maladie chronique. Or, l’obésité effectue une progression alarmante chez les Québécois depuis plusieurs années, touchant environ un adulte sur six. Bien que cette proportion soit l’une des plus faibles du Canada, après celle de la Colombie-Britannique, elle est supérieure à celles enregistrées dans la majorité des pays de l’OCDElxv. Des analyses de projec- tion laissent également présager que la prévalence de l’obésité continuera d’augmenter au cours des 15 prochaines annéeslxvi. La situation est préoccu- pante chez les jeunes, puisqu’en 2010-2011, 7 % des élèves du secondaire sont obèseslxvii. La majorité des personnes âgées sont sensibilisées à la prévention et se L’effet combiné du sentent responsables de leur santé. Elles sont autonomes, ont une vie sociale vieillissement de la population active et souhaitent demeurer dans leur milieu de vie naturel le plus long- temps possiblelxviii. En dépit de cette réalité, en 2013lxix, 80 % des personnes et des facteurs de risque de 65 ans et plus prenaient régulièrement ou de façon continue au moins un (mauvaise alimentation, médicament prescrit. Les problèmes de santé et les incapacités deviennent sédentarité, tabagisme, etc.) plus fréquents à mesure que l’âge avance, et, dans certains cas, ils nuisent explique l’augmentation sérieusement à la qualité de vie des individus. Les maladies chroniques et les du fardeau des maladies troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer, freinent les aînés dans leurs activités quotidiennes. En 2012lxx , près de 14 % des personnes âgées de chroniques au Québec, 65 ans et plus vivent avec une incapacité modérée, sévère ou très sévère, comme dans les autres les incapacités liées à la mobilité, à la douleur et à la flexibilité étant les plus sociétés occidentales. Avec répandues. Ainsi, une gamme diversifiée de soins et de services s’avère l’augmentation de l’espérance nécessaire pour répondre à leurs besoins spécifiques et pour favoriser un vieillissement en santé. de vie, les Québécois vivront plus longtemps atteints d’une ou de plusieurs maladies 1.2.7 LES HABITUDES DE VIE DES QUÉBÉCOIS : DES PROGRÈS, MAIS DES AVANCÉES TOUJOURS POSSIBLES chroniques et souffriront davantage d’incapacités. Les Québécois semblent de plus en plus conscients du lien qui existe entre leur santé et leur mode de vie. Des gains ont d’ailleurs été enregistrés, en particulier en ce qui a trait à l’usage du tabac. En effet, le taux de tabagisme a considérablement diminué depuis les années 1980, pour toutefois atteindre un certain plateau depuis le milieu des années 2000. Malgré les progrès, un Québécois âgé de 12 ans et plus sur cinq fume, et cette propor- tion est plus élevée chez les personnes qui ont de faibles revenuslxxi. Chez les jeunes, la situation s’est grandement améliorée puisque la proportion d’élèves du secondaire ayant fait l’usage de cigarettes ou de cigarillos est Dès l’enfance, la présence passée de 22 % en 2008 à 12 % en 2013. Au cours des prochaines années, d’habiletés motrices est l’utilisation de la cigarette électronique sera à surveiller. En 2013, plus du associée à la pratique d’activités quart des élèves du secondaire affirme en avoir déjà fait l’usagelxxii. physiques. Selon plusieurs Les bienfaits d’une alimentation riche en fruits et légumes sont reconnus et études, les habiletés motrices bien documentés. En 2010-2011, la proportion de la population qui consomme dont fait preuve l’enfant durant la au moins cinq portions de fruits et de légumes par jour a diminué et s’est période de 0 à 9 ans constituent stabilisée par la suite. En 2014, moins de la moitié des Québécois atteignait ce un déterminant important d’un seuil. Toutefois, parmi les provinces canadiennes, c’est au Québec que l’on en consomme le pluslxxiii. Par ailleurs, la qualité de l’alimentation demeure un enjeu mode de vie physiquement actif majeur, notamment la surconsommation de gras, de sel et de sucres. Un peu à l’adolescence et à l’âge adulte. plus du quart des élèves du secondaire consomment au moins une boisson Le manque d’habiletés est sucrée quotidiennement. En ce qui concerne les boissons énergisantes, 30 % d’ailleurs maintes fois reconnu, des jeunes disent en avoir déjà bulxxiv. à l’adolescence, comme un Sur le plan de l’activité physique, une proportion importante des adultes qué- facteur d’abandon de la pratique bécois n’atteint pas le nombre minimal d’heures d’activité physique d’activités physiques. recommandé. Selon les données de 2011-2012, quatre adultes sur 10 sont actifs et la proportion est moins élevée chez les personnes dont la situation (Comité scientifique de Kino-Québec, socioéconomique est plus précaire. Un constat semblable s’observe chez les 2011) PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 21 enfants et les jeunes. Quatre adolescents sur 10 âgés de 12 à 17 ans sont actifs ; les jeunes filles sont moins actives que les garçonslxxv. En comparaison avec les autres provinces, les jeunes Québécois sont parmi les moins actifslxxvi. En 2011, le Québec affiche une position défavorable parmi les provinces canadiennes en ce qui concerne les habitudes de vie, avec des proportions plus élevées du nombre de fumeurs et de consommation d’alcool par habitant. À l’échelle internationale, le Québec est désavantagé par rapport à des pays comparables en regard de la proportion de personnes obèseslxxvii. La santé buccodentaire est fortement influencée par les habitudes de vie, y compris l’hygiène dentaire, ainsi que par l’utilisation des services den- taires et l’accès à une eau potable fluorée. Dans ce domaine, peu de données sont disponibles pour l’ensemble de la population. Néanmoins, on observe depuis la fin des années 1990 une grande amélioration de la santé des dents permanentes des élèves de la sixième année du primaire, alors que celle des dents temporaires des élèves de la deuxième année du pri- maire ne s’est pas améliorée de façon significative. Par ailleurs, les inégalités sociales liées à cette maladie persistent. En effet, près du quart des élèves de la deuxième année du primaire cumulent les trois quarts de la carie irréversible en dentition temporaire. On observe une tendance encore plus marquée chez les élèves de la sixième année, alors qu’une minorité d’entre eux cumule une part importante de la carie dentaire irréversible en dentition permanente. Comme d’autres problèmes de santé, la carie irréversible se rencontre plus fréquemment chez les groupes moins favorisés sur le plan socioéconomique lxxviii. Le maintien d’une bonne santé buccodentaire est essentiel à tous les âges de la vie, mais reste mésestimé chez les aînés. Pourtant, les phénomènes asso- ciés au vieillissement (maladies chroniques, effets secondaires de la prise de médicaments, perte d’autonomie, etc.) ont non seulement des effets impor- tants sur la santé buccodentaire des personnes âgées de 65 ans et plus, mais ils ont aussi des répercussions néfastes sur leur état de santé général. Chez les aînés, on observe généralement une prévalence plus élevée de problèmes buccodentaires cumulatifs et évolutifs tels que la carie de la racine, la gingi- vite, la parodontite et le cancer de la bouche. De plus, les personnes édentées sont plus nombreuses dans ce groupe d’âge, ce qui les rend plus à risque de développer des problèmes de nutritionlxxix. En matière de santé sexuelle, certaines habitudes de vie et certains com QU’EST-CE QUE LA SANTÉ portements des adolescents et des jeunes adultes peuvent engendrer des SEXUELLE ? conséquences néfastes sur leur santé, même dans leur vie adulte. Les princi- Il s’agit d’un « état de bien-être pales problématiques liées à la santé sexuelle sont les infections transmissibles physique, mental et social dans sexuellement et par le sang (ITSS), les grossesses non planifiées, la violence le domaine de la sexualité. Elle dans les relations intimes, ainsi que les agressions sexuelles, et ce, particuliè- requiert une approche positive rement auprès des populations vulnérables. Les jeunes Québécois ont par et respectueuse de la sexualité ailleurs une sexualité active. En 2009-2010, les trois quarts des Québécois et des relations sexuelles, ainsi âgés de 15 à 24 ans rapportaient avoir eu au moins une relation sexuelle au que la possibilité d’avoir des cours de leur vie. Sur le plan de la planification des naissances, on note qu’une expériences sexuelles qui soient forte proportion (90 %) des jeunes âgés de 15 à 24 ans sexuellement actifs sources de plaisir et sans risque, utilise habituellement une méthode de contraceptionlxxx. Depuis les années libres de toute coercition, 2000, on remarque aussi une baisse du taux d’interruption volontaire de discrimination ou violence ». grossesses chez les adolescentes et les jeunes adulteslxxxi. (OMS, 2015) 1.2.8 LES TRAUMATISMES NON INTENTIONNELS EN DIMINUTION CONSTANTE Bien que les traumatismes non intentionnels ne soient responsables que d’environ 4 % des décès chaque année, ils représentent de loin la prin- cipale cause de mortalité prématurée chez les jeunes âgés de 15 à 24 anslxxxii. 22 PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE 2015-2025 Toujours dans ce groupe d’âge, les accidents de véhicule à moteur consti- tuent le traumatisme non intentionnel le plus meurtrier lxxxiii. Les jeunes, plus QU’EST-CE QUE LES que les autres groupes d’âge, sont également plus à risque de subir des TRAUMATISMES blessures et des traumatismes d’origine récréative et sportivelxxxiv. NON INTENTIONNELS ? Ils regroupent l’ensemble Le bilan routier s’est considérablement amélioré au cours des dernières des blessures et des décennieslxxxv. Une tendance à la baisse de la mortalité sur les routes est empoisonnements qui observée depuis la fin des années 1970. Bien que l’on pu