Notes de cours économie combinés PDF
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Université de Montréal
Chiheb Charchour
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These notes cover economic principles, focusing on concepts like the production possibilities frontier (PPF), absolute and comparative advantage, and the effects of protectionism. The document details various economic models and theories.
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Faculté des arts et des sciences Département de sciences économiques ECN 1000 PRINCIPES D’ÉCONOMIE MODULE 4 Les échanges commerciaux...
Faculté des arts et des sciences Département de sciences économiques ECN 1000 PRINCIPES D’ÉCONOMIE MODULE 4 Les échanges commerciaux par Chiheb Charchour Ce quatrième module résume les concepts clés du chapitre 8 du livre de référence1. Il sera consacré à l’étude du modèle ricardien des avantages comparatifs2 et à la présentation des principaux concepts économiques qui se trouvent à la base de ce modèle. Il expliquera également les raisons pour lesquelles il existe, sur le plan pratique, tant d’obstacles au commerce international. Finalement, il analysera à l’aide de l’approche des surplus, les effets allocatifs d’un tarif douanier et d’un quota à l’importation. Le 4è Module s’articule autour des cinq axes suivants : 1– La courbe des possibilités de production (CPP) 2– Le coût d'opportunité 3– Les avantages absolus et les avantages comparatifs 4– La théorie des avantages comparatifs 5– Les arguments contre le libre échange 6– Les effets allocatifs du protectionnisme 1 Manuel de Acemoglu, Laibson & List : Microéconomie, ERPI, 2016 (ISBN 978-2-7613-6087-6). 2 dit également avantages comparés ou encore avantages relatifs. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 1 de 16 Séance de cours 7 : 1 – La courbe des possibilités de production (CPP) La production est un processus qui consiste à transformer les ressources disponibles en biens et services (B&S). Cependant, la capacité de ce processus, au sein d'un système économique donné, reste limitée par : La disponibilité des ressources Le savoir technologique Ces deux limites peuvent être décrites à l'aide d'un outil appelé : La courbe des possibilités de production (CPP). Cette courbe représente, en quelque sorte, une frontière entre les niveaux de production réalisables et ceux qui ne le sont pas. Pour mieux comprendre le concept des possibilités de production, nous allons prendre un exemple simple en supposant un système économique qui ne produit que deux biens : la nourriture, que nous désignerons par la lettre X, et les vêtements, que nous désignerons par la lettre Y. Ces deux biens sont produits à l'aide des deux ressources disponibles au sein du système économique : le capital, que nous désignerons par la lettre K, et la force du travail, que nous désignerons par la lettre L. Les possibilités de production de ce système économique sont représentées dans le tableau fictif suivant : Tableau 1 : Les possibilités de production d’une économie fictive Vêtements (Y) Nourriture (X) En millions d’unités En millions de tonnes E1 2003 0 E2 160 20 E3 120 40 E4 80 60 E5 40 80 E6 0 100 3 Si toutes les ressources disponibles sont utilisées dans la production des vêtements (Y), on aura X = 0 et Y = 200. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 2 de 16 Le tableau 1 nous permet de représenter graphiquement la frontière des possibilités de production de l'économie fictive considérée. En faisant l'illustration graphique d'une telle frontière, on obtient la CPP. Graphique 1 : Frontière des possibilités de production Il est clair que toutes les combinaisons de production présentées dans le tableau 1 se trouvent sur la CPP du graphique 1. Cependant, qu'en est-il de la combinaison X = 40 et Y = 80 (que nous nommerons A)? ou encore de la combinaison B donnée par X = 60 et Y = 120? En ajoutant ces deux nouvelles combinaisons (les points A et B) sur le graphique 2, on peut voir si elles constituent des choix réalisables ou non. Graphique 2 : Choix non efficace ou irréalisable Remarques importantes : - Le point A se trouve à l’intérieur de la CPP. Il reste donc un choix réalisable. Mais est-il possible de produire plus avec les mêmes ressources disponibles? Oui et ce en passant de vers un point qui se trouve sur la CPP. - Le point B se trouve à l’extérieur de la CPP. Il reste donc un choix irréalisable. Mais est-il possible de l’atteindre un jour? Oui si les ressources deviennent plus abondantes. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 3 de 16 Les leçons à tirer sont les suivantes : 1. Toutes les combinaisons situées le long de la CPP sont possibles et représentent des choix efficaces: il n'y a pas de gaspillage des ressources. 2. Toutes les combinaisons situées à l'intérieur de la CPP sont possibles aussi, mais représentent des choix inefficaces : il y a gaspillage des ressources. 3. Toutes les combinaisons situées à l'extérieur de la CPP sont impossibles : les ressources disponibles et le savoir technologique actuel ne permettent pas de les atteindre. 2 – Le coût d’opportunité Que représente la pente de la CPP (représentée par ΔY/ΔX)? C'est le taux selon lequel, techniquement, le système économique doit renoncer à une certaine quantité de vêtements pour obtenir une unité additionnelle de nourriture. C'est le coût d'opportunité de la nourriture. En effet, pour produire une unité supplémentaire de nourriture, le système économique considéré doit renoncer à la production de 2 unités de vêtements. Il suffit d’appliquer la formule ΔY/ΔX aux différentes combinaisons du tableau 1 pour obtenir le coût d’opportunité de la nourriture. Tableau 2 : Le coût d’opportunité de la nourriture Vêtements (Y) Nourriture (X) Coût d’opportunité de En millions d’unités En millions de tonnes la nourriture (ΔY/ΔX) E1 200 0 - E2 160 20 -40/20 = -2 E3 120 40 -40/20 = -2 E4 80 60 -40/20 = -2 E5 40 80 -40/20 = -2 E6 0 100 -40/20 = -2 Mais quel est le coût d'opportunité des vêtements? Il est l'inverse de celui de la nourriture. En effet, pour produire une unité supplémentaire de vêtement, le système économique doit sacrifier la production de 0,5 (= 1/-2) unité de nourriture. En somme, le coût d'opportunité d'un bien se mesure par le niveau de sacrifice dans la production d'un autre bien. C’est précisément le coût marginal (Cm) présenté dans le module 3. Est-il raisonnable de considérer ce coût comme constant? La réponse est non, car, pour un niveau donné de ressources et de savoir technologique, chaque unité supplémentaire produite laisse moins de ressources pour la production de l'unité suivante, de sorte que celle-ci sera plus coûteuse que la précédente (en raison ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 4 de 16 de la loi des rendements décroissants). C'est pour cela que la CPP a l'aspect suivant (n’est pas à pente constante) : Graphique 3 : La véritable allure de la CPP Reprenons l'exemple précédent en tenant compte de nouvelles possibilités de production fictives : Tableau 3 : Nouvelles possibilités de production fictives Vêtements (Y) Nourriture (X) Coût d’opportunité de En millions d’unités En millions de tonnes la nourriture X (ΔY/ΔX) E1 100 0 - E2 96 20 -04/20 = - 0,2 E3 84 40 -12/20 = - 0,6 E4 75 50 -09/10 = - 0,9 E5 63 62 -12/12 = - 1 E6 50 74 -13/12 = -1,08 E7 40 82 -10/08 = -1,25 E8 20 96 -20/14 = -1,42 E9 0 100 -20/04 = -5 ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 5 de 16 La représentation graphique de toutes les combinaisons E1 à E9 donne la courbe de possibilité de production du graphique 4.a: Graphique 4.a : Frontière des possibilités de production avec coût d’opportunité non constant Remarques importantes : - Pour produire les 20 premières unités de X, il faut, par exemple, sacrifier 4 unités de Y. Le coût d’opportunité entre E1 et E2 =- 4/20= -0,2. - Pour produire les 20 unités suivantes de X, il faut, cette fois-ci, sacrifier plus de 4 unités disons 12 unités de Y. Le coût d’opportunité devient alors (entre E2 et E3) = - 12/20= -0,6 Comme le coût d'opportunité d'un bien s'exprime toujours en termes de sacrifice d'un autre bien ΔY/ΔX, il représente techniquement un ratio. Ainsi, le coût d'opportunité de la nourriture s'exprime par la quantité de vêtements à laquelle le système économique doit renoncer pour chaque unité supplémentaire de nourriture produite et réciproquement. En somme, la pente de la CPP en un point mesure la quantité de vêtements que le système économique doit sacrifier pour produire exactement une unité supplémentaire de nourriture. Plus on descend le long de la CPP, plus le nombre d'unités de vêtements que le système économique doit sacrifier augmente pour produire une unité supplémentaire de nourriture : le coût d'opportunité de la nourriture est donc croissant! ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 6 de 16 Par ailleurs, et comme établi plus haut, les capacités productives d’un système économique dépendent de ses ressources disponibles et de son savoir technologique. Un changement dans l’une et/ou l’autre de ces deux variables affecte donc ses possibilités de production et se traduit par un déplacement de sa courbe des possibilités de production (graphique 4.b). Graphique 4.b : Effet d’un progrès technologique dans le processus de production du bien X Remarques importantes : - Un progrès technologique dans le processus de production du bien X fait pivoter la courbe des possibilités de production vers l’extérieur (au niveau de la production du bien X). - Le coût d’opportunité du bien X, dont le secteur d’activité a enregistré le progrès technologique, diminue (le bien X est devenu relativement plus abondant que le bien Y) alors que celui de Y augmente. - Un progrès technologique qui affecte au même temps et au même taux le processus de production des biens X et Y fait déplacer la courbe des possibilités de production vers l’extérieur d’une façon parallèle. Les coûts d’opportunité des biens X et Y restent donc constants car la rareté relative du bien X par rapport à celle du bien Y reste la même et réciproquement. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 7 de 16 3 – Les avantages absolus et les avantages comparatifs Sur le plan théorique, on a longtemps pensé que les pays devaient se spécialiser dans la production des biens ou services pour lesquels ils étaient meilleurs que les autres. Ce raisonnement s’appuie sur la théorie des avantages absolus développée par Adam Smith (dans son essai Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations; 1776) qui a eu le mérite de démontrer comment le commerce international pouvait améliorer la production mondiale et le bien-être général. Malgré sa logique apparente, cette théorie ne permet pas de déterminer comment les pays doivent se spécialiser. Portrait d’Adam Smith (1723-1790) Afin de déterminer le domaine de spécialisation d’un pays, David Ricardo (dans Des principes de l’économie politique et de l’impôt; 1817) démontre que les bénéfices du commerce pouvaient aussi être obtenus en l’absence d’un avantage absolu, pourvu qu’il existe au moins un avantage comparatif1. Ricardo développe et généralise ainsi la théorie de Smith comme c’est souvent le cas dans le domaine des sciences économiques. Portrait de David Ricardo (1772-1823 4 – La théorie des avantages comparatifs Les notions de courbe de possibilités de production et de coût d’opportunité sont suffisantes pour nous permettre de déterminer comment les pays doivent se spécialiser afin d’échanger leurs biens et améliorer leur bien-être. Supposons deux systèmes économiques qui produisent les mêmes biens. Nous les appellerons le système A et le système B. Système économique A : o ses ressources: terre, travail et temps o sa production: maïs et blé Système économique B : o ses ressources: terre, travail et temps o sa production: maïs et blé Les possibilités de production (fictives) des deux systèmes considérés sont les suivantes (pour des fins de simplification, nous avons retenu l’hypothèse où les rendements marginaux sont constants donc un coût d’opportunité constant): ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 8 de 16 Tableau 4 : Les possibilités de production (fictives) des deux systèmes économiques4 Système économique A Système économique B Blé (Y) 180 100 Maïs (X) 60 50 Il est clair que le système économique A possède un avantage absolu dans la production des deux biens considérés. Dans de telles circonstances, les deux systèmes (A et B) ont-ils intérêt à faire des échanges? Pour répondre, il faut calculer le coût d’opportunité de chaque bien produit et ce dans chacun des deux systèmes économiques considérés. Dans le système A, le coût d’opportunité d’une unité de maïs est de 3 unités de blé. En effet, il faut renoncer à ΔY/ΔX = -180/60 = -3 unités de blé par unité de maïs. Quant au coût d’opportunité d’une unité de blé, il est de 1/3 (ou 0,33) unité de maïs. En effet, il faut renoncer à ΔX/ΔY = - 60/180 = -1/3 unités de maïs par unité de blé. En somme, le prix relatif du maïs est 3 alors que celui du blé est 1/3. Tableau 5 : Les couts d’opportunité des biens dans les deux systèmes économiques Système économique A Système économique B Prix relatif du Blé (Y) 1/3 = 033 ½ = 0,5 Prix relatif du Maïs (X) 3 2 Comme le système économique A peut produire le blé à un coût moindre que le système B (0,33 < 0,5), on dira qu’il a un avantage comparatif dans la production du blé. Quant au système économique B, il a un avantage comparatif dans la production du maïs. 4.1 – Les CPP des deux systèmes économiques (A et B) Les CPP des deux systèmes considérés peuvent être représentées comme suit (pour fins de simplification, nous supposons que leur pente est constante reflétant ainsi un coût d’opportunité constant): 4 Ou comparés ou encre relatifs. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 9 de 16 Graphique 5 : CPP des deux systèmes économiques considérés Supposons que le système A se situe initialement au point E0 (maïs = 20; blé = 120) et que le système B se situe au point E0 (20;60) (graphique 6). Pour produire 10 unités supplémentaires de maïs, le système A doit renoncer à 30 unités de blé et passera du point E0 (20;120) au point E1 (30;90). Cependant, le système B peut produire ces 10 unités supplémentaires de maïs à un coût de seulement 20 unités de blé et passera du point E0 (20;60) au point E1 (30;40). Graphique 6 : Coût d’opportunité de 10 unités de maïs des deux systèmes économiques considérés ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 10 de 16 Nous pouvons donc imaginer le scénario suivant profitable aux 2 systèmes économiques: Le système B produit les 10 unités de maïs et les échange, par exemple, avec 255 unités de blé provenant du système A. Dans un tel cas, le système A obtient du maïs à un coût plus faible que s’il le produisait lui-même (25 au lieu de 30). Graphique 7 : Coût d’opportunité de 10 unités de maïs et possibilité d’échange Ainsi, avec l’ouverture de l’économie, les deux systèmes économiques seront gagnants. En effet, le système économique B aura avantage à exporter une partie de son maïs au système économique A et ce dernier aura à son tour avantage à exporter une partie de son blé au système économique B. Les deux systèmes économiques gagnent donc à l’échange et la production mondiale augmente. 4.2 – Les prix dans une économie ouverte Dans une économie fermée, le prix domestique d’un bien est déterminé par le coût de production locale et par la vigueur de la demande intérieure. Si l’économie devient ouverte alors le prix domestique (PD) s’ajustera sur le prix international ou mondial (PM): Si PD < PM alors les entreprises locales ne sont plus intéressées à vendre sur le marché local et vont écouler leur marchandise sur le marché mondial (cas du système économique B pour le maïs). Si PD > PM alors les entreprises locales doivent baisser leur prix pour ne pas perdre leur part de marché (cas du système économique B pour le blé). 5 On aurait pu retenir 26 ou 27 ou 28 pour un maximum de 30. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 11 de 16 Graphique 8a : Ouverture du système économique B sur le reste du monde (cas du maïs) Remarques importantes : - L’ouverture de l’économie B fait augmenter le prix domestique du maïs au niveau du prix mondial. - La consommation locale diminue à QDL et la production locale augmente à QOL. - Les exportations deviennent QOL – QDL. Graphique 8b : Ouverture du système économique B sur le reste du monde (cas du blé) Remarques importantes : - L’ouverture de l’économie B fait diminuer le prix domestique du blé au niveau du prix mondial. - La consommation locale augmente à QDL et la production locale diminue à QOL. - Les importations deviennent QDL – QOL. - En somme, la théorie des avantages comparatifs stipule qu’il est profitable pour un pays de s’ouvrir sur le reste du monde et de faire des échanges commerciaux. Ceci lui permet d’améliorer ses possibilités de production et son bien-être collectif. Mais comment expliquer, sur le plan pratique, l’existence de tant d’obstacles au commerce international? Comment donc justifier leur existence? Le prochain axe analysera les principaux arguments contre le libre-échange, donc les arguments en faveur du protectionnisme. Il analysera également les effets allocatifs d’un tarif douanier. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 12 de 16 Séance de cours 8 : 5 – Les arguments contre le libre échange Le protectionnisme consiste à protéger la production nationale de toute concurrence étrangère et ce, à l’aide de différentes mesures aussi bien quantitatives que qualitatives. Ses défendeurs invoquent essentiellement les trois arguments suivants : 1. L’argument de la sécurité nationale et de la protection de la culture nationale Le premier argument défend essentiellement l’idée de la nécessité pour un pays de produire les biens qui lui permettent de subsister en cas de conflit et de sauvegarder les activités vitales pour la défense en cas de guerre. Mais comment définir la frontière entre ce qui relève de la sécurité nationale de ce qui n’en relève pas? De nos jours, les besoins militaires sont si importants et si variés que pratiquement tous les secteurs de l’économie participent à la sécurité nationale. La logique de ce premier argument conduirait certainement à un protectionnisme total! 2. L’argument de la protection des industries naissantes, de l’environnement et des ressources Le deuxième argument défend essentiellement l’idée selon laquelle, pour un pays donné, les avantages comparatifs ne sont pas donnés une fois pour toutes et ne sont donc pas définitifs. Il faut ainsi les acquérir grâce à des politiques gouvernementales appropriées. Même si l’application de cette approche a donné des résultats probants pour certains pays (Taiwan, Corée du Sud et Brésil) elle reste loin d’être une référence. Souvent les activités protégées ne deviennent jamais solides et réclament une protection de plus en plus accrue. L’avantage comparatif convoité ne se matérialise donc jamais. 3. L’argument de la relance de la production et de la protection de l’emploi et des salaires Le troisième et dernier argument défend essentiellement l’idée selon laquelle le protectionnisme accroît la production locale et, par conséquent, crée des emplois. Il faut être très prudent avec un tel argument car les importations d’un pays constituent les exportations des autres. Un tarif douanier, par exemple, qui limite les importations pourrait également limiter les exportations et, par conséquent, être source de chômage en raison des représailles des autres pays. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 13 de 16 6 – Les effets allocatifs du protectionnisme Dans les faits, le protectionnisme consiste à mettre en place deux grandes catégories de mesure: les barrières tarifaires (taris douaniers) ; les barrières non tarifaires (quotas et autres). Les barrières tarifaires, particulièrement les droits de douane, agissent principalement sur les prix, alors que les barrières non tarifaires, comme les quotas, agissent sur les quantités. 6.1 – Les effets allocatifs d’un tarif douanier L’imposition d’un tarif douanier produit un certain nombre d’effets, particulièrement sur les producteurs, les consommateurs et sur le gouvernement lui-même. Ces effets peuvent être analysés grâce aux courbes de l’offre et de la demande. En fait, un tarif douanier est une taxe sur un produit importé. Il augmente donc le prix domestique et le rend plus élevé que le prix mondial. Comme le bien importé se vend maintenant à un prix plus élevé sur le marché local, les producteurs domestiques peuvent vendre leur production à un prix accru. Ceci permet aux producteurs marginaux de couvrir leurs coûts de production élevés. La consommation du produit importé diminue au profit des substituts domestiques et il en résulte une création d’emplois dans le secteur protégé. La consommation totale du bien est réduite puisque le bien se vend plus cher et ce, qu’il soit importé ou produit localement. En somme, le consommateur doit payer plus cher pour le bien, les producteurs locaux font plus de profits et les emplois sont protégés. Pour sa part, le gouvernement récupère sous forme de tarifs douaniers une partie des sommes additionnelles dépensées par le consommateur. Cependant, les pertes du consommateur sont plus élevées que le total des tarifs perçus par le gouvernement et des gains réalisés par les producteurs. Il s’ensuit une perte du bien-être collectif. Graphique 9 : Les effets allocatifs d’un tarif douanier Remarques importantes : - En situation de libre-échange, le pays fait face au prix mondial Pm: il produit Q1, consomme Q2 et importe la différence Q2 - Q1. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 14 de 16 - Le tarif augmente le prix des biens importés et permet aux producteurs domestiques de vendre plus cher. La production domestique augmente à Q3 et les producteurs gagnent b. Les consommateurs réduisent leurs achats à Q4 et perdent un surplus de b+c+d+e. - Les importations sont réduites à Q4 - Q3 et le gouvernement obtient des recettes fiscales égales à d. Au total, la société perd c et e. Graphique 10 : Les effets allocatifs d’un tarif douanier (une approche plus détaillée) Remarques importantes : - Le surplus des consommateurs avant le tarif douanier est la surface: a+b +c +d+e+f - Le surplus des consommateurs après le tarif douanier est la surface : a+f - Le perte du surplus pour les consommateurs est la surface : b+c+d+e - Le surplus des producteurs avant le tarif douanier est la surface: g - Le surplus des producteurs après le tarif douanier est la surface: b+g - Le gain du surplus pour les producteurs est la surface : b - Le gouvernement gagne des recettes fiscales qui sont la surface : d - Globalement, il y a des gagnants (qui sont les producteurs et le gouvernement) et des perdants (qui sont les consommateurs) mais le gain des gagnants (b + d) est plus faible que la perte des perdants (b+c+d+e) d’où une perte sèche pour la société de d c’est-à-dire (b + c + d + e) – (b + d) = c + e. Tableau 6 : Les effets d’un tarif douanier Sans tarif Avec tarif Perte ou gain douanier douanier Surplus du consommateur a+b+c+d+e+f a+f - (b+c+d+e) Surplus du producteur g b+g +b Recettes gouvernementales - d +d Perte sèche ou gain net - - - (c+e) ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 15 de 16 6.2 – Les effets allocatifs d’un quota à l’importation Un quota ou un contingent à l’importation est une limite imposée à la quantité d’un produit qui peut être importée. En limitant les importations, le gouvernement restreint la concurrence étrangère à laquelle les producteurs domestiques sont exposés. Les producteurs locaux sont alors en mesure d’écouler une quantité accrue de biens à un prix plus élevé que le prix mondial. À cause du quota, le consommateur est contraint de s’approvisionner auprès des producteurs domestiques et de payer plus cher pour le bien. Les effets du contingent sont similaires à ceux d’un tarif et ce à une exception importante: Le montant qu’empocherait le gouvernement avec un tarif douanier aboutit, avec un quota, dans les poches des importateurs qui détiennent les quotas à l’importation. Ironiquement, un quota peut profiter aux producteurs étrangers. Quand un gouvernement négocie des « restrictions volontaires » sur les importations d’un produit, les quotas sont attribués au gouvernement étranger qui les répartit entre ses exportateurs locaux. Graphique 11 : Les effets allocatifs d’un quota à l’importation P1 Remarques importantes : - En situation de libre-échange, le pays fait face au prix mondial Pm: il produit Q1, consomme Q2 et importe la différence Q2 - Q1. - Le quota limite les importations à la quantité Q4 - Q3 et crée une rareté relative du bien. Il en résulte une hausse de prix à P1. Ceci encourage la production domestique inefficace et les producteurs gagnent b). Ceci restreint inutilement la consommation et les importations et les consommateurs perdent b+c+d+e). - La surface d est accaparée par les détenteurs des quotas qui vendent Q4 - Q3 au prix P1 alors qu’ils les ont achetées à Pm. - Comme dans le cas du tarif, la société perd c + e. Cela termine ce quatrième module. Je vous propose maintenant de visionner, pour une seconde fois, la vidéo qui s’y rattache et de résoudre tous les exercices du cas d'application 4 disponible dans l'espace Studium du cours. Ces exercices seront corrigés par votre auxiliaire d’enseignement durant les séances de travaux pratiques. Soyez à jour dans votre processus d'apprentissage. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 4 - Page 16 de 16 Faculté des arts et des sciences Département de sciences économiques ECN 1000 PRINCIPES D’ÉCONOMIE MODULE 5 Les externalités et les biens publics par Chiheb Charchour Ce cinquième module résume les concepts clés du chapitre 9 du livre de référence1. Il présente certains échecs du marché et démontre que, dans certains cas, le mécanisme de prix n’alloue pas efficacement les ressources disponibles vers les utilisations les plus valorisées et ne permet donc pas d’atteindre l’optimum d’échange. Une intervention gouvernementale pourrait être nécessaire pour corriger cette lacune. C’est précisément le cas quand le processus de production d’un bien génère des externalités ou encore que le bien convoité (demandé) soit un bien public. Le 5è Module s’articule autour des deux axes suivants : 1 – Les externalités 2 – Les biens publics 1 Manuel de Acemoglu, Laibson & List : Microéconomie, ERPI, 2016 (ISBN 978-2-7613-6087-6). ECN 1000 – Principes d’économie – Module 5 - Page 1 de 7 Séance de cours 9 : 1 – Les externalités Dans un marché parfaitement concurrentiel, il est possible que lors d’une transaction, certains coûts et avantages associés au bien échangé ne soient pas pris en considération. Ces coûts ou avantages omis par les transactions marchandes sont appelés externalités. Elles peuvent être positives ou négatives. Positives, si les individus bénéficient d’avantages qu’ils n’ont pas eus à payer. Négatives, si les individus subissent des coûts qu’ils n’ont pas volontairement acceptés d’assumer. En fait, en présence d’externalités, l’équilibre concurrentiel n’est plus optimal car certains droits de propriétés sont mal définis. En effet, à qui appartiennent les ondes qui peuvent propager un bruit dérangeant ou un son agréable ? Les biens dotés d’externalités positives sont offerts en quantité insuffisante alors que ceux générateurs d’externalités négatives sont surproduits. Quand les négociations privées ne peuvent pas régler les problèmes d’externalités, l’intervention gouvernementale devient nécessaire pour mener les intervenants vers l’optimum d’échange c'est-à- dire vers le véritable équilibre du marché 1.1 – Le vrai coût de production d’un bien Le processus de production d’un bien peut générer, en plus du coût privé, un coût externe. En effet, ce processus de production peut conduire une entreprise à déverser des polluants dans l’environnement de façon à faire subir un coût supplémentaire à la collectivité. Ce coût supplémentaire s’appelle le coût externe. Le coût privé, rappelons-le, représente le coût que l’entreprise encourt pour acquérir les ressources nécessaires à la production de chaque unité de bien (travail, matières premières…). Il a été présenté au module 3. La somme des deux coûts considérés (coût privé + coût externe) représente le vrai coût de production d’un bien. C’est son coût social. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 5 - Page 2 de 7 Graphique 1 : Le coût total externe d’un bien Graphique 2 : Le coût total privé d’un bien Graphique 3 : Le vrai coût de production d’un bien ECN 1000 – Principes d’économie – Module 5 - Page 3 de 7 La pollution ne constitue pas le seul exemple d’effets externes. Le conducteur ivre qui prend le volant d’une voiture met en danger la vie des autres. Le porteur d’une maladie contagieuse expose à la maladie les personnes avec lesquelles il entre en contact. En revanche, la personne qui se fait vacciner procure un avantage à ceux qu’elle rencontre en réduisant le risque de contamination. Le vaccin engendre donc un bénéfice externe et non pas un coût externe. Le dépistage des maladies graves et contagieuses engendre aussi une économie externe. Il réduit le risque de propagation. Les étudiants qui posent des questions judicieuses au professeur sur les forums de ce cours aident certainement leurs collègues à mieux comprendre la matière. Ceci caractérise également un bénéfice externe. Il est clair qu’en présence d’externalités, l’équilibre du marché n’est plus optimal. En effet, un tel équilibre se limite aux coûts de productions privés. Il ignore donc les coûts et/ou les bénéfices externes que le processus de production génère. Dans le cas d’une externalité négative, on assistera à une production excessive alors que dans le cas d’une externalité positive la production sera insuffisante. En présence d’externalités l’équilibre du marché n’est plus optimal Graphique 4 : Cas d’une externalité négative où la production est excessive Remarques importantes : - À l’équilibre du marché, (production Q0), la valeur est égale au CmP (point A0); - Or n présence d’externalités négatives, la valeur doit être égale au CmS et non pas au CmP. (point A*); - Si on n’internalise pas l’externalité et on continue à produire Q0 au lieu de Q∗ on fera subir à la collectivité une perte sociale nette de A0 A1 A* ECN 1000 – Principes d’économie – Module 5 - Page 4 de 7 Graphique 4 : Cas d’une externalité positive où la production est insuffisante Remarques importantes : - À l’équilibre du marché, (production Q0), la valeur est égale au CmP (point A0); - Or n présence d’externalités positives, la valeur doit être égale au CmS et non pas au CmP. (point A*); - Si on n’internalise pas l’externalité et on continue à produire Q0 au lieu de Q∗ on fera subir à la collectivité une perte sociale nette de A0 A1 A* Dans l’une ou l’autre de ces situations, une intervention gouvernementale est nécessaire pour atteindre une allocation optimale des ressources. 1.2 – L’intervention gouvernementale En présence d’externalités, l’intervention gouvernementale est justifiée quand les négociations privées n’arrivent pas à régler les problèmes d’externalités. Toutefois, l’intervention gouvernementale doit corriger la lacune du marché au moindre coût possible. Elle peut prendre différentes formes : une réglementation; une taxe ou subvention; un permis ou un droit de pollution etc. Une taxe sur les rejets, par exemple, force les entreprises à tenir compte des vrais coûts de production. Le mécanisme de prix transmettra ainsi la bonne information sur la rareté des ressources. Les droits de pollution peuvent donner le même résultat et permettre ainsi de minimiser le coût d’épuration. Ils doivent être échangeables sur le marché. Pour sa part, la réglementation n’est pas un instrument souple. Elle impose généralement des règles uniformes non optimales. Toutefois, quand le contaminant est trop puissant et qu’il ne faut pas du tout le déverser dans l’environnement et pour éviter les comportements peu scrupuleux, le gouvernement peut subventionner les pollueurs qui respectent la réglementation et ce en achetant les déchets toxiques. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 5 - Page 5 de 7 Séance de cours 10 : 2 – Les biens publics La théorie des biens publics permet d’expliquer des phénomènes en apparence très disparates. Elle constitue une autre justification de l’intervention gouvernementale dans l’activité économique parce qu’elle conduit à la conclusion que, dans certains cas, le marché est inapte à fournir certains biens ou services en dépit du fait qu’ils soient convoités (donc demandés) par la collectivité. Pour bien saisir les caractéristiques d’un bien public pur, il serait judicieux de les confronter à celles d’un bien privé. 2.1 – Les caractéristiques d’un bien public Un bien privé est habituellement consommé par une seule personne. Une automobile est utilisée uniquement par son propriétaire ou par une personne à qui il a donné l’autorisation de le faire. Elle ne peut pas servir à transporter simultanément deux personnes qui se rendent à deux endroits différents. La sécurité routière est, toutefois, un service totalement différent : tous les automobilistes en bénéficient conjointement au même titre que l’air épuré par la réglementation qui peut être respiré par tous les résidents. Un bien privé ne peut donc pas être consommé conjointement alors que le bien public le peut. Les biens privés peuvent donner lieu à l’exclusion. En effet, une entreprise peut empêcher des individus d’utiliser les automobiles qu’elle produit s’ils ne paient pas le prix demandé. Il est impossible pour un gouvernement d’empêcher un quelconque automobiliste de bénéficier de la sécurité routière. Dans ce cas, l’exclusion est impossible. Un bien privé se prête à l’exclusion, un bien public ne s’y apprête pas. Le principe de non-exclusion implique que, pour un bien public, la consommation est uniforme c’est à dire qu’il est consommé par tous dans les mêmes proportions. Les résidents d’une ville obtiennent exactement le même service d’épuration d’air, alors qu’ils ne consomment pas tous la même quantité de lait ou de viandes. Outre le fait que nous consommons tous un bien public dans les mêmes proportions, ce dernier reste bien non rival, c'est-à-dire un bien dont la quantité disponible ne diminue pas quand une personne le consomme. La défense nationale dont disposent les résidents d’un pays ne diminue pas du fait de l’entrée au pays de nombreux touristes. En fait, les caractéristiques des biens publics purs, particulièrement la non-exclusion, pousse chacun d’entre nous à se comporter en resquilleur (passager clandestin). Chacun essaye d’obtenir le bien sans payer sa part des coûts. Dès lors, on comprend la nécessité de recourir à une forme d’impôt pour financer les biens publics. L’intervention gouvernementale dans ce dossier devient nécessaire. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 5 - Page 6 de 7 2.2 – Biens communs ou biens clubs Notons, toutefois, que la non-rivalité et la non-exclusion comportent souvent des degrés. Elles sont intégrales dans le cas de biens publics purs, comme la défense nationale, mais le deviennent de moins en moins avec les biens consommés en groupe auquel cas les biens publics ne sont plus purs et seront qualifiés de biens communs ou de biens de clubs. Pour les biens communs, la consommation peut devenir rivale alors que l’exclusion reste toujours impossible. C’est le cas d’un parc naturel (accès non payant) où l’arrivée de visiteurs supplémentaires encombre graduellement le parc tout en réduisant l’espace disponible affectant du même coup la qualité de la visite. Quand le parc est surchargé, la visite devient un bien rival. Pour les biens de club, la consommation reste non rivale mais l’exclusion peut devenir possible. C’est le cas de Netflix. Le fait de visionner une émission sur Netflix ne diminue en rien la capacité des autres abonnés à visionner cette même émission. La consommation reste non rivale. Toutefois, ceux et celles qui n’ont pas payé l’abonnement sont exclus du visionnement de l’émission. Un bon nombre de services gouvernementaux sont présentés comme étant des biens publics, alors qu’ils n’en possèdent pas les caractéristiques essentielles. C’est précisément le cas pour les soins de santé au Québec qui donnent lieu à l’exclusion. Il suffit d’instaurer un ticket modérateur! En somme, pour vendre un bien ou un service, on doit avoir les moyens techniques d’en priver ceux et celles qui refusent de payer. Or, cela est impossible dans le cas des biens publics purs car l’exclusion est impossible. C’est pourquoi ils ne sont pas fournis alors qu’ils sont demandés par la collectivité (la demande existe mais pas l’offre). Ceci représente un autre échec du marché qui nécessite une intervention gouvernementale. Elle peut se matérialiser par un financement obligatoire au moyen des impôts. Cela termine ce cinquième module. Je vous propose maintenant de visionner, pour une seconde fois, la vidéo qui s’y rattache et de résoudre tous les exercices du cas d'application 5 disponible dans l'espace Studium du cours. Ces exercices seront corrigés par votre auxiliaire d’enseignement durant les séances de travaux pratiques. Soyez à jour dans votre processus d'apprentissage. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 5 - Page 7 de 7 Faculté des arts et des sciences Département de sciences économiques ECN 1000 PRINCIPES D’ÉCONOMIE MODULE 6 Les interventions de l’État dans l’économie par Chiheb Charchour Ce sixième module résume les concepts clés du chapitre 10 du livre de référence1. Il montre que la manipulation des prix par les gouvernements, en vue d'assurer une meilleure distribution des revenus, n’atteint pas nécessairement l’objectif convoité et se traduit par des distorsions sérieuses dans l'allocation des ressources particulièrement quand les marchés ne sont pas défaillants c'est à dire qu'ils ne sont pas en échec. Le 6è Module s’articule autour des quatre axes suivants : 1– La taxe de vente 2– La subvention à la production 3– Le contrôle des prix (ou le prix plafond) 4– Le soutien des prix (ou le prix plancher) 1 Manuel de Acemoglu, Laibson & List : Microéconomie, ERPI, 2016 (ISBN 978-2-7613-6087-6). ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 1 de 9 Séance de cours 11 : 1 – La taxe de vente La taxe de vente instaurée sur un bien ou service fausse l'information véhiculée par le prix sur la rareté relative des biens ou des services. Elle augmente artificiellement les coûts de production et incite à la sous-consommation. Elle se traduit graphiquement par une diminution de l'offre à chaque niveau de prix donc par son déplacement vers le haut et la gauche et occasionne une perte sèche de bien-être. Graphique 1 : L’effet d’une taxe Graphique 2 : Taxe et efficacité économique ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 2 de 9 Tableau 1 : Taxe et efficacité économique Mais qui supporte réellement le fardeau de la taxe? le consommateur? le vendeur? ou les deux à la fois? Tout va dépendre de la réaction de chacun des deux agents face à la modification du prix. Celle-ci peut être repérée à l’aide des élasticités-prix de l’offre et de la demande. Supposons un cas extrême où la demande est parfaitement inélastique (Ep = 0). Dans ce cas, le fardeau de la taxe sera supporté intégralement par le consommateur : Graphique 3 : L‘effet d’une taxe dans le cas d’une demande parfaitement inélastique Remarques importantes : - En l’absence de taxe le prix est P*et la quantité demandée fixe à Q*. - L’instauration d’une taxe T fait diminuer l’offre qui de déplace vers le haut et la gauche. Cette taxe majore le prix sans affecter la quantité demandée. La taxe est donc absorbée à 100% par le consommateur dont la demande est parfaitement inélastique. En revanche, si la demande est parfaitement élastique (|Ep| = ∞), le fardeau de la taxe sera supporté intégralement par le vendeur : ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 3 de 9 Graphique 4 : L‘effet d’une taxe dans le cas d’une demande parfaitement élastique Remarques importantes : - En l’absence de taxe le prix est P*et la quantité demandée fixe à Q*. - L’instauration d’une taxe T fait diminuer l’offre qui de déplace vers le haut et la gauche. Cette taxe diminue la quantité demandée sans modifier le prix qui incorpore maintenant la taxe. La taxe est donc absorbée à 100% par le producteur car la demande est parfaitement élastique. En somme, le fardeau de la taxe pour le consommateur est d’autant plus élevé que sa demande est plus inélastique. Dans le cas extrême où elle est parfaitement inélastique, le fardeau de la taxe sera supporté intégralement par lui. Dans le même ordre d’idée, le fardeau de la taxe sera supporté intégralement par le vendeur si son offre est parfaitement inélastique. Graphique 5 : L‘effet d’une taxe dans le cas d’une offre parfaitement inélastique Remarques importantes : - En l’absence de taxe le prix est P*et la quantité demandée fixe à Q*. - L’instauration d’une taxe T réduit le prix reçu par le vendeur sans modifier le prix payé par les acheteurs. La taxe est absorbée à 100% par le producteur (dont l’offre est parfaitement inélastique. N.B. La taxe ne déplace jamais une offre parfaitement inélastique. Pour des fins graphiques nous pouvons exceptionnellement déplacer la demande vers le bas mais ce n’est pas obligatoire. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 4 de 9 En revanche, si l’offre est parfaitement élastique (|Ep| = ∞), le fardeau de la taxe sera supporté intégralement par le consommateur. Graphique 6 : L‘effet d’une taxe dans le cas d’une offre parfaitement élastique Remarques importantes : - En l’absence de taxe le prix est P*et la quantité demandée fixe à Q*. L’instauration d’une taxe fait diminuer l’offre en diminuant la quantité demandée tout en augmentant le prix. La taxe est absorbée à 100% par le consommateur (car l’offre est parfaitement élastique). Le fardeau de la taxe pour le vendeur est d’autant plus élevé que son offre est plus inélastique. Dans le cas extrême où elle est parfaitement inélastique, le fardeau de la taxe sera supporté intégralement par lui. 2 – La subvention à la production Au même titre que la taxe de vente, la subvention à la production fausse l'information véhiculée par le prix sur la rareté relative des biens ou des services. Toutefois, elle diminue artificiellement les coûts de production et incite à la surconsommation. Elle se traduit graphiquement par une augmentation de l’offre à chaque niveau de prix donc par son déplacement vers le bas et la droite et occasionne une perte sèche de bien-être. Graphique 7 : L’effet d’une subvention ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 5 de 9 Graphique 8 : Subvention et efficacité économique Tableau 2 : Subvention et efficacité économique En somme et en l’absence d’externalités, l’instauration d’une taxe ou d’une subvention fausse l’information véhiculée par le prix sur la rareté relative des biens et incite les intervenants à modifier, sans raison économique valable, leurs comportements de consommation. On assistera, selon le cas, à une consommation excessive ou insuffisante. 3 – Le contrôle des prix (ou le prix plafond) Le contrôle des prix empêche le mécanisme du prix de jouer son rôle d'allocateur des ressources vers les utilisations les plus valorisées. Q Il ne déplace pas les courbes d'offre ou de demande, mais agit plutôt sur les quantités offertes et demandées tout en créant une pénurie (demande excédentaire). Graphiquement, nous aurons la situation suivante : ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 6 de 9 Graphique 9 : Le contrôle du prix (prix plafond) Le contrôle des prix fait émerger une rente qui est théoriquement destinée au consommateur. Graphique 10 : Rente associée au contrôle de prix (prix plafond) Cependant, dans les faits, cette rente va se dissiper dans la mesure où certains modes de rationnement vont émerger naturellement et feront subir des coûts aux différents agents économiques. Modes de rationnement possibles : file ou liste d'attente; marché noir; ajustement de la qualité; etc. Coûts possibles pouvant faire dissiper la rente : coût du temps perdu se rattachant à la file d'attente; coûts de camouflage se rattachant aux activités sur le marché noir; coûts se rattachant à la modification de la technique de production dans le cas d'un ajustement de la qualité; etc. En l'absence de contrôle de prix, tous ces modes de rationnement et tous ces coûts seront évités par la libre interaction de l'offre et de la demande. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 7 de 9 4 – Le soutien des prix (ou le prix plafond) Au même titre que le contrôle des prix, le soutien des prix empêche le mécanisme du prix de jouer son rôle d'allocateur des ressources vers les utilisations les plus valorisées. Il ne déplace pas les courbes d'offre ou de demande, mais agit plutôt sur les quantités offertes et demandées tout en créant un surplus (offre excédentaire). Graphiquement, nous aurons la situation suivante : Graphique 11 : Le soutien du prix (prix plancher) Cependant, quelle est la forme que prendra ce surplus? Tout va dépendre de l'activité réglementée: L'agriculture L'industrie du taxi dans certains pays La construction Le marché du travail etc. Le point commun c'est la mauvaise allocation des ressources. Dans le secteur agricole, par exemple, le soutien des prix qui incite à augmenter la production et à décourager la consommation nécessite des mesures supplémentaires pour gérer les surplus obtenus: Engagement du gouvernement pour les acheter; Payer les agriculteurs pour qu'ils laissent en friche certaines surfaces cultivables; Rationner les fertilisants; Contrôler l'entrée dans l'activité et limiter la production à l'aide de quotas de production; etc. Il est clair que toutes ces mesures supplémentaires génèrent de nouveaux coûts économiques. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 8 de 9 Même si le quota de production prévient les surplus en égalisant la quantité offerte à la quantité demandée au prix de soutien, il va finir par avoir une valeur marchande très élevée. En effet, la rente générée par le soutien des prix sera capitalisée dans le prix des quotas. Graphique 12 : Le soutien du prix (prix plancher) avec quota de production Cependant, quel est l'effet de cette capitalisation sur les coûts de production de long terme? Elle les fait augmenter, car les nouveaux producteurs qui désirent entrer dans l'activité ne peuvent plus avoir des quotas gratuits comme leurs prédécesseurs, mais doivent plutôt les acheter à un prix très élevé auprès de ces derniers. Ils ne bénéficient donc plus de la rente. En conclusion, la manipulation des prix par la taxe, par la subvention, par le contrôle ou par le soutien ne règle pas nécessairement le problème distributif et reste très coûteuse sur le plan de l'allocation des ressources. Cela termine ce sixième module. Je vous propose maintenant de visionner, pour une seconde fois, la vidéo qui s’y rattache et de résoudre tous les exercices du cas d'application 6 disponible dans l'espace Studium du cours. Ces exercices seront corrigés par votre auxiliaire d’enseignement durant les séances de travaux pratiques. Soyez à jour dans votre processus d'apprentissage. ECN 1000 – Principes d’économie – Module 6 - Page 9 de 9