Méthodologie de la profession (MPRO) 2024-2025 PDF

Summary

This document provides an overview of the methodology of the profession of specialized educators. It covers the history of specialized education in France since the 19th century, focusing on key moments and important developments in the field. It emphasizes the role of educators in supporting individuals, highlighting the importance of a strong theoretical understanding and practical skills.

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Méthodologie de la profession MPRO 1ère Educateur.rice spécialisé.e 2024-2025 (Q1 & Q2) Catherine Cuche –– Nicolas Lasseel – Céline Lorant – Sabrina Pierucci Le métier d’éducateur spécialisé et d’éducatrice spécialisé...

Méthodologie de la profession MPRO 1ère Educateur.rice spécialisé.e 2024-2025 (Q1 & Q2) Catherine Cuche –– Nicolas Lasseel – Céline Lorant – Sabrina Pierucci Le métier d’éducateur spécialisé et d’éducatrice spécialisée I. En guise d’introduction « Savoir d’où l’on vient, par où l’on est passé, et comment les initiatives se sont développées peut être très instructif, tant pour le présent que l’avenir » (in « Les carnets de l’éducateur », p9) Depuis (semble-t-il) toujours la solidarité existe et structure la manière dont les Humains organisent l’entraide. Si dans un premier temps, l’entraide était essentiellement liée à la religion présente et au bon-vouloir, la Révolution française à permis l’avènement de le « Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen » et par là à une nouvelle manière d’organiser la solidarité. Ecoutez attentivement pour répondre aux deux questions: - Quel moment historique vous a marqué, pourquoi? - Quel moment clef est selon vous important pour le métier d’éducateur.ices, pourquoi? II. Quelques moments clés Avant la seconde guerre mondiale, si l’aide publique se développe pendant la révolution industrielle (19ème siècle) et si de nouveaux dispositifs sont créés pour apporter une aide aux enfants qu’il faut protéger ou aux enfants délinquants, on ne parle pas d’éducateurs. – Le personnel des orphelinats et des quelques écoles pour enfants handicapés est constitué essentiellement de religieux – Dans les « maisons de correction », le personnel est composé essentiellement de surveillants et d’instituteurs – Dans les asiles et maisons d’accueil, ce sont souvent des religieux ou des bénévoles, voire d’anciens pensionnaires qui assurent la direction, l’accueil et la gestion quotidienne – Personnel éducatif est composé de personne avec peu ou pas du tout de qualifications spécifique, et qui doit surtout montrer de la « bonne volonté », un intérêt pour les enfants, le sens de la « bonne éducation », une disponibilité et un dévouement à toute épreuve. II. Quelques moments clés – 1877 : création de la première école pour enfants handicapés (sourds et aveugles) à Gand par les Frères de la Charité – 1912 : La première loi de la protection de la jeunesse. La notion de « mineur en danger » apparait avec tout un réseau pédagogique (Création des tribunaux pour enfants et des juges des enfants, instauration des Délégués à la protection de l’enfance) – 1914 : vote de la loi sur l’obligation scolaire primaire – 1919 : Après la première guerre mondiale création de l’Œuvre nationale de l’enfance – 1938 : Création à la demande de l’Episcopat et de l’UCL de la première école d’éducatrices dirigée par les Sœurs de la Charité Parnasse (Ixelles) II. Quelques moments clés Saint-Hubert Ardennes belge II. Quelques moments clés Il faut néanmoins attendre la fin des années 40 et surtout 50 pour voir un véritable dispositif de formation se mettre en place. L’élément déclencheur qui va précipiter la prise de conscience de la nécessité d’une formation solide pour les éducateurs est lié au scandale de Saint-Hubert (1956). Cette institution qui sera qualifiée de « bagne pour enfants ». Des actes de violence et de maltraitance sont perpétrés par des membres du personnel et ces pratiques seront vigoureusement dénoncées. Plus tard d’autres scandales mettront en évidence l’importance de former le personnel des institutions pour enfants. (…) les mêmes accusations reviennent sans cesse : « les coups pleuvent », « encore des coups », « le martyr d’un enfant », « la matraque, la tondeuse, la courroie, le bâton », « l’acharnement des éducateurs sur les enfants », « la chaise électrique » (l’élève est ligoté sur une chaise et frappé avec des fils électriques tressés), « coups de poing, coups de pied, coups de tisonnier », « sévices graves », « les élèves tortionnaires ». C’est peut-être cette dernière pratique « des caïds » qui a le plus choqué : les éducateurs utilisent des élèves comme hommes de main, moyennant récompense, pour donner les coups à leur place. Certains témoignages sont significatifs des méthodes « éducatives » utilisées. (https://journals.openedition.org/rhei/3232) II. Quelques moments clés En 1958, la formation en enseignement supérieur constitue le début explicite de la professionnalisation de l’éducateur. Les années 60 voient un déploiement important de mesures en faveur des personnes handicapées et des malades mentaux, tant sur le plan de leur protection que de leur prise en charge médicale, sociale ou psychologique. – Dans le secteur de la jeunesse, une nouvelle loi vient modifier profondément celle de 1912 et met également l’accent sur le principe de protection des enfants et des jeunes – Du côté des éducateurs: développement des écoles qui répondent à la demande croissante en nombre et en qualité II. Quelques moments clés Années 70 : floraison de services d’hébergement, particulièrement dans le secteur des personnes handicapées. C’est « l’âge d’or » des constructions d’IMP (internats et semi-internats) qui suivent d’abord le développement de l’enseignement spécialisé – Les éducateurs plus nombreux et mieux formés s’organisent et revendiquent ce qui aboutit à la création de la Commission paritaire des Maisons d’éducation et d’hébergement. – Premiers projets de loi sur le statut de l’éducateur sont déposés. – En 1976 création de l’APDES (Association professionnelle des éducateurs sociaux) : espace de représentation des éducateurs spécialisés qui souhaite baliser une formation et une profession en lui assurant une juste reconnaissance II. Quelques moments clés Années 80 : développement du « milieu ouvert » qui a la cote et les restrictions financières, qui touchent déjà les autres secteurs d’activités, atteignent maintenant le champ socio-éducatif. – De leur côté, les éducateurs continuent à revendiquer un statut professionnel d’une part et l’harmonisation des programmes d’études dans l’enseignement supérieur d’autre part. – Les besoins sociaux augmentent et se modifient. Les éducateurs élargissent leurs lieux d’intervention : centres pour toxicomanes, alphabétisation, écoles de devoirs, maisons de quartier… – Dépôt d’un 4ème projet de loi sur le statut de l’éducateur – 1989 : Signature de la Convention internationale des Droits de l’enfant II. Quelques moments clés Années 90 : De nouvelles modifications législatives influencent les pratiques du secteur – la majorité civile à 18 ans – le décret de l’aide à la jeunesse – le passage du « Fonds 81 » aux Régions wallonne et bruxelloise – la création de l’AWIPH (Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées) Les années 90 marquent la concrétisation des efforts déployés par les associations pour la reconnaissance de la profession avec le vote en 1994 du projet de loi sur le statut de l’éducateur (publié au Moniteur en 1996) Remarque : les arrêtés d’application de cette loi n’ont jamais vu le jour ! ✔ Nul ne peut porter le titre d’éducateur spécialisé s’il n’est pas titulaire du diplôme délivré à cet effet soit par un enseignement supérieur de type court, soit via la promotion sociale ✔ A défaut du diplôme, un autre titre relevant de l’enseignement supérieur social ou pédagogique pourra y être assimilé moyennant un complément de formation spécifique ou une expérience d’au moins 5 ans II. Quelques moments clés L’absence de reconnaissance d’un statut spécifique du métier d’éducateur spécialisé n’est pas sans conséquence, l’absence de statut est un frein : – A la reconnaissance sociale de la profession, même si en parallèle le service que rendent les éducateurs spécialisés est reconnu comme socialement utile – A la reconnaissance de la qualité spécifique d’un métier qui rassemble des caractéristiques professionnelles avec des gestes professionnels spécifiques, une formation, des garanties quant à sa qualité… – A la reconnaissance légale qui permet de déterminer les personnes qui peuvent prétendre au titre d’éducateur spécialisé. Cette non-spécialisation de l’accès à la fonction est source de confusion, ainsi si les éducateurs spécialisés de formation sont les seuls à pouvoir porter directement ce titre, d’autres diplômes ont le droit d’exercer la fonction d’éducateur – A la reconnaissance pécuniaire qui place en concurrence dans plusieurs secteurs des professionnels avec des formations différentes (éducateur « A1 » ou éducateur « A2 »), ou qui place dans une situation moins favorable que d’autres collègues avec des formations de même niveau. - Les éducateurs spécialisés ont encore à travailler à l’explicitation de leur métier et sa spécificité propre. Vos réponses - Quel moment historique vous a marqué, pourquoi? - Quel moment clef est selon vous important pour le métier d’éducateur.ices, pourquoi? Ligne du temps LA PROFESSION AUJOURD’HUI… III. La profession aujourd’hui « L’éducateur spécialisé est la personne qui favorise par la mise en œuvre de méthodes et de techniques spécifiques, le développement personnel, la maturation sociale et l’autonomie des personnes qu’il accompagne. Il exerce sa profession soit au sein d’établissement ou d’un service, soit dans le cadre de vie habituel des personnes concernées. » (Loi du 29.04.1994 publiée en 1996) Il s’agit d’un métier au croisement du social, du psychologique, du pédagogique, du médical, du culturel et du juridique. L’enjeu est de distinguer ce métier d’autres intervenants du champ social. III. La profession aujourd’hui L’éducateur.rice spécialisé.e travaille et accompagne différents publics – Aide à la jeunesse – Petite enfance – Aide aux personnes handicapées – Adultes en difficulté psychosociale – La santé mentale – L’aide aux personnes âgées – Éducateur en milieu scolaire – Secteurs socio-culturel et insertion socioprofessionnelle (Cf deuxième carnet de l’éducateur) Une rencontre singulière : « Qu'on les étiquette un peu vite comme délinquants, cas sociaux, malades mentaux ou handicapés, peu importe, les éducateurs vont à la rencontre d'autres hommes. » (J. Rouzel, L’acte éducatif, 1998) III. La profession aujourd’hui Missions – L’éducateur intervient le plus souvent là où il y a souffrance et marginalité – Il favorise le développement optimal de toutes les potentialités des personnes – Il reconnait ces personnes comme sujets singuliers – Il confronte la personne à la loi, l’accompagne à faire des choix en lui permettant de mieux se situer vis-à-vis d’elle-même et de son environnement – Il vise l’inscription sociale d’un sujet dont il recherche l’émancipation et l’autonomisation – Il s’engage dans un processus articulant action et réflexion pour favoriser la qualité de vie et le développement personnel dans sa relation à soi et aux autres – Il dénonce les inégalités et rappelle que tout un chacun fait partie de notre société III. La profession aujourd’hui Caractéristiques du métier – L’éducateur intervient au quotidien ; c’est là que prend forme le sens des gestes professionnels. – Il accueille l’individu dans sa globalité. – Il va à la rencontre de la complexité des situations humaines. – Il travaille avec un groupe où chaque relation individuelle compte. Il travaille en équipe et en partenariat. – Il mène des actions éducatives qui se comprennent et s’inscrivent dans un projet. – Il exerce un métier pluriel de par la diversité des personnes, des lieux, des situations, des méthodes de travail, des conditions matérielles, des conditions de travail,... qu’il rencontre. III. La profession aujourd’hui Rôles L’éducateur assure diverses fonctions d’accompagnement et d’éducation, de reliance et d’interface, d’acteur social et politique. (Cf Premier carnet de l’éducateur et Comment définir le métier d’éducateur spécialisé d’aujourd’hui, In L’observatoire n°63/2009, pp14-15) III. La profession aujourd’hui La fonction d’accompagnement et d’éducation : Par l’observation et l’écoute actives, l’éducateur participe à l’identification des potentialités, des freins / obstacles pour promouvoir un projet de vie qui tient compte de la réalité de l’individu. L’éducateur est aux côtés de la personne pour la soutenir, la guider, l’aider à prendre conscience de ce qu’elle veut faire de sa vie, l’accompagner à changer ce qu’elle a décidé de changer. Il crée avant tout une relation éducative, voire une relation de confiance, par des actes de la vie quotidienne. Le tout en respectant la personne (culture, famille, désirs, capacités d’agir, pouvoir de décision,…). L’éducateur analyse seul et en équipe les situations d’accompagnement et leurs enjeux. Il veille à réajuster son intervention (remise en question, prise de recul, observer encore et encore). La fonction de reliance et d’interface : L’éducateur spécialisé travaille en équipe (pluridisciplinaire) et en réseau pour comprendre le sens des situations et comportements observés, pour coordonner ses actions et pour assurer une cohérence dans le travail d’accompagnement de la personne. Il tend à créer et/ou recréer du lien (famille, entourage, social,...). Il valorise les compétences et suscite le désir de la personne (il pense compétences et capacités avant difficultés). La fonction d’acteur social et politique : L’éducateur spécialisé s’informe des réalités sociales et de leurs évolutions. Il interpelle les services adéquats par rapport au projet institutionnel, au mandat,... Il s’informe des organes de représentation, participe à la concertation sur l’élaboration des politiques liées au secteur. Il situe son action par rapport au système politique, économique, social, culturel,… Il interpelle les pouvoirs subsidiants, dénonce les situations d’injustice,... IV. En guise de conclusion Selon Tremblay, « la relation d’aide est un processus par lequel on amène une personne à faire de nouveaux apprentissages, à poser de nouveaux gestes pour arriver à satisfaire ses besoins ou à résoudre ses difficultés. » 🡪 Amener une personne à … La notion d’accompagnement prend toute son importance dans cette définition : comme intervenants, les éducateurs sont aux côtés de la personne pour la soutenir, la guider, l’aider à prendre conscience de ce qu’elle veut faire de sa vie et à changer ce qu’elle a décidé de changer. « Amener à » écarte la notion de « Prise en charge » ou d’agissement à la place de l’autre. Voilà une orientation qui doit teinter l’ensemble du processus d’aide. « La relation n’est pas un processus de réparation ou de normalisation mais qu’elle est un temps et un espace à la fois instables et sécurisés […] (P. Gaberan, La relation éducative, Eres, 2003) « Nous ne sommes pas dans ’’je t’apporte ce que tu n’as pas ’’.» (F. Hébert, Chemins de l’éducatif, 2012) Le projet est l'émergence de la personne accompagnée, car on ne fait jamais de projet pour l'autre... Bibliographie DAVAGLE M. et al., Les Carnets de l’Educateur 2018, Exploration de la profession, éd. asbl Rhizome de Halleux, M."Le métier d'éducateur : trajectoires sociales et construction identitaire« , 2007 Daspremont, E., "Comment le besoin de reconnaissance est devenu un enjeu majeur dans l'identité professionnelle de l'éducateur spécialisé ? Comparaison dans les secteurs de l'Aide à la Jeunesse (Belgique) et l'Aide sociale à l'Enfance (France). » , mémoire UCL, 2022 HEBERT F., Les chemins de l’éducatif, éd. Dunod, 2014 ROUZEL J., L’acte éducatif, éd. Erès, 2010 TREMBLAY M., La relation d’aide, Développer des compétences pour mieux aider, éd. Chronique sociale, Thèse UCL, 2002 VAN HOYE P., Comment définir le métier d’éducateur spécialisé aujourd’hui, in Revue L’Observatoire, n°63, 2009

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